Étiquette : presse

  • Maroc : Pourquoi il faut libérer Soulaimane Raissouni

    Selon sa famille, les dernières nouvelles sur la santé du journaliste marocain Soulaimane Raissouni sont alarmantes. Cela fait 44 jours qu’il est en grève de la faim. Il serait paralysé d’une jambe et pendant la dernière séance de son procès, le 18 mai, il était tellement faible qu’il ne pouvait pas répondre aux questions du juge. Une possible issue tragique est dans tous les esprits. Mais Soulaimane, en détention préventive depuis presque un an, refuse d’écouter les innombrables appels à s’alimenter. Il ne le fera, dit-il, que s’il est libéré.

    Pendant ce temps, ces sites web qui parlent pour les autorités (et Dieu sait quels services de sécurité) continuent de prétendre que libérer Soulaimane, c’est attenter aux droits de sa victime alléguée. Rien n’est plus faux ! Adam Mohammed a droit à tout notre respect – d’autant plus qu’il ne s’oppose pas, lui-même, à la liberté provisoire de son agresseur allégué. Il a aussi le droit, évidemment et tout autant que son adversaire, d’obtenir justice. Personne, en tout cas aucun défenseur des Droits Humains qui se respecte, ne réclame qu’Adam retire sa plainte, ou que le procès soit abandonné. Tous ces gens dont j’ai l’honneur de faire partie (et j’assume mes responsabilités, en tant que porte-parole d’une des plus grandes ONG des Droits Humains dans le monde) ne réclament qu’une seule chose : que Soulaimane bénéficie de son droit à un procès équitable.

    Ce droit consiste aujourd’hui à lui accorder la liberté provisoire. En l’en privant, les autorités violent une norme fondamentale du droit international : personne ne peut être détenu sans que la justice fournisse une justification précise, argumentée, et sujette à révision périodique par une cour indépendante, sur la base de laquelle il devrait être privé de sa liberté avant la fin de son procès. Or, une telle justification n’a jamais été fournie pour Soulaimane. Ni par le juge d’instruction qui a ordonné sa détention il y a un an, ni par le juge qui a rejeté ses demandes de liberté depuis (au total, 5 fois !) Ce faisant, la présomption d’innocence à laquelle Soulaimane a droit (autant qu’Adam a le droit d’être écouté) a été violée. Ce procès n’est pas équitable, et les autorités marocaines en portent l’entière responsabilité.
    Ps : Grève de la faim mise à part, tout ce qui précède est également valable pour Omar Radi.

    Source : Ahmed Benchemsi, 21 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Omar Radi, Soulaiman Raïssouni, presse, journalistes, répression,

  • Le roi, la religion, le Sahara : les trois lignes rouges de la presse marocaine

    Les médias citoyens figurent parmi les outils par lesquels les mobilisations sociales et politiques du soulèvement démocratique ont commencé en 2011. La réponse de l’État a évolué au travers de nouvelles formes de censure et de surveillance. Alors que les ONG internationales dénoncent la censure de la presse, les institutions marocaines tentent d’afficher par contraste l’image d’une presse libre, qui accepte la critique du pouvoir. Une image que les chancelleries occidentales, en bons termes avec le Maroc, n’ont pas peu fait pour diffuser. Pourtant, trois lignes rouges restreignent la liberté de parole des journalistes : le roi, l’Islam et le Sahara demeurent trois sujets qu’il est impossible de critiquer sans encourir une sanctions ou pressions.

    L’histoire du contrôle des médias au Maroc a commence avec celle de l’indépendance de 1956. Cette période se caractérisait par un examen en amont des publications et une répression violente, dont le visage fut Driss Basri, l’exécutant des basses œuvres de Hassan II. Le journalisme était alors synonyme d’engagement politique, et les seuls journaux privés qui existaient possédaient des liens étroits avec les mouvements de gauche radicale, comme Anwal (journal du mouvement du 23 mars : organisation marxiste-léniniste) ou Al Moharir-l’émancipateur (journal de l’UNFP).

    Par la suite, le paysage médiatique s’est ouvert à deux occasions : pendant les premières années du gouvernement d’alternance1, puis à partir des années 2000, avec l’émergence de sites d’information en ligne. Quelques réformes ont contribué à élargir l’espace disponible pour une expression critique sans nécessairement garantir l’impunité de celui qui l’exprimait. Ce que l’on appelle communément dans le Royaume les « lignes rouges » – c’est à dire le Roi, le Sahara et l’Islam – limitent, encore aujourd’hui, la liberté de parole des journalistes marocains.

    COMMENT L’ÉTAT MAROCAIN CONTRÔLE LA PRESSE

    L’une des « compétences » des journalistes critiques du pouvoir consiste à savoir jouer avec les lignes rouges. Il existe une importante autocensure, visant à éviter des sanctions telles que l’amende, le retrait de la carte de journaliste, l’emprisonnement – ou l’exil à l’étranger, pour y échapper.

    “La monarchie marocaine ne peut faire l’objet d’un débat, même à travers un sondage.”

    Le crime de lèse-majesté constitue la première de ces lignes rouges. Il est monnaie courante au Maroc : il s’est manifesté en 2009 lors de l’interdiction des hebdomadaires francophones et arabophones Telquel et Nichane, fondés par Ahmed Reda Benchemsi. Cette interdiction est intervenue après la publication d’un sondage sur le règne de Mohammed VI, réalisé conjointement avec le quotidien français Le Monde. Le ministre de la Communication de l’époque, Khalid Naciri, avait expliqué à l’AFP que « la monarchie marocaine ne peut faire l’objet d’un débat, même à travers un sondage»2. Quelques jours après, la police a détruit 50 000 exemplaires de chaque journal sur ordre du ministre de l’Intérieur. Le même Ahmed Reda Benchemsi, directeur de Telquel et Nichane, fut accusé en 2007 d’ « atteinte à la sacralité de la personne du Roi »3 pour avoir écrit un éditorial critique sur un discours du Roi, paru sous le titre de « Où nous emmènes-tu, mon frère ? » (« Fin ghadi bia khouya ? » en arabe).

    En septembre 2013, le rédacteur en chef de la version arabe du site d’information Lakome, Ali Anouzla, fut arrêté pour avoir simplement posté un lien vers le blog d’un journaliste du quotidien espagnol El País. Ce dernier contenait à son tour un lien vers une vidéo dans laquelle Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) menaçait le Maroc. Un mois plus tôt, Anouzla avait révélé la libération par une « grâce royale » d’un pédophile espagnol, ce qui avait déclenché un mouvement de colère très important dans le pays4. Amnesty International, Reporters sans Frontières et Human Rights Watch dénoncèrent cette arrestation motivée par des raisons qui ont principalement à voir avec la ligne éditoriale indépendante de Lakome. Ali Anouzla et Aboubakr Jamai ont également réalisé en 2010 une série d’articles et d’enquêtes qui ont exposé la corruption au sein de l’État marocain et critiqué le pouvoir en place ainsi que la façon dont il a traité les grandes questions depuis la fondation de leur site d’information.

    La deuxième ligne rouge est liée à la première. Elle se réfère à l’Islam, la religion dominante du Maroc, incarnée par le roi en tant que « commandeur des croyants » et descendant du prophète. C’est aussi l’image du Maroc dans le monde musulman qui doit être préservée. Le cas le plus symbolique est « l’affaire Nichane »5. En 2006, l’hebdomadaire, seul à être publié en arabe dialectal marocain (Darija), a produit une enquête intitulée : « Comment les Marocains se moquent de la religion, du sexe et de la politique ? ». Ce document a valu à deux journalistes d’être condamné à 3 ans de prison avec sursis et à une amende commune de 80 000 dirhams (environ 7 220 euros) par le tribunal correctionnel de Casablanca.

    La troisième ligne rouge concerne l’intégrité territoriale, principalement la défense du Sahara (sur laquelle il existe au Maroc un vrai consensus nationale sur sa marocanité). En 2000, le magazine d’information francophone Le Journal, qui était alors imprimé en France pour garantir la qualité de l’impression, fut saisi à l’aéroport de Marrakech pour avoir publié une interview de l’ancien chef du Front séparatiste du Polisario, Mohammed Abdelaziz6. En 2010, le régime a provoqué la liquidation judiciaire du périodique. Des huissiers de justice ont mis sous scellés les locaux en réclamant 4,5 millions de dirhams (environ 450 000 euros) au titre de créances dues en particulier à la Caisse de sécurité sociale pour la période 1997-2003.

    LE « MAKHZEN ÉCONOMIQUE » : LE SUJET LE PLUS TABOU AU MAROC
    Ndlr : par Makhzen, la population marocaine désigne l’État et ses agents.

    En vérité, le journal n’a pas été censuré pour l’interview avec l’ancien chef du Polisario : l’hebdomadaire fut victime de sa marque de fabrique qui est l’économie politique. Celle-ci a scellé le destin du journal et prononcé le divorce du journal avec le pouvoir. L’hebdomadaire « pointe les dérives de la gouvernance économique du nouveau pouvoir », exposant des affaires bancaires et financières, concernant des entreprises dans lesquelles le roi est actionnaire. Il souligne au passage divers dysfonctionnements (délits d’initié ou conflits d’intérêt par exemple). En somme, le journal pointait du doigt les magouilles de conseillers économiques chargés de gérer la fortune royale, notamment le secrétaire particulier chargé des affaires du roi, Mounir Majidi, qui est directement visé par les enquêtes de l’hebdomadaire. Des Unes aussi fortes que « Monarchie et affaires : dangereux mariage », « L’alaouisation de l’économie », « Très riche roi des pauvres » ont fini par agacer le Roi et ses conseillers.

    Selon un rapport de diplomates américains ayant fait l’objet d’une fuite, publié par Wikileaks en 2010, l’ambassade des États-Unis à Rabat a signalé à Washington, dans un câble diplomatique confidentiel, que « la corruption est répandue à tous les niveaux de la société marocaine ». Le même rapport souligne que l’ONA-SNI (aujourd’hui Al Mada) – entreprise appartenant à la famille royale – utilise les institutions de l’État pour « contraindre et solliciter des pots-de-vin » dans plusieurs secteurs économiques du pays7.

    Bien que le régime de Rabat soit souvent critiqué par des ONG internationales sur ses violations des droits de l’homme, il profite de rapports privilégiés avec la majorité des pays de l’Union européenne et avec les États Unis

    L’implication du roi dans les affaires est un sujet brûlant au Maroc, mais les discussions publiques à ce sujet sont sensibles. Le 22 juin, Amnesty International a publié un rapport affirmant que les autorités avaient utilisé le logiciel espion NSO pour cibler le téléphone du journaliste Omar Radi de janvier 2019 à janvier 20208. Ce dernier est un journaliste qui s’intéresse à l’économie politique et mène des enquêtes sur l’économie de rente, la corruption, la spoliation des terres ou la proximité entre le Palais et les affairistes. À partir du 26 juin, la police judiciaire, la gendarmerie et les procureurs ont convoqué M. Radi pour 12 séances d’interrogatoire de six à neuf heures chacune concernant de multiples accusations, notamment l’apport de services d’espionnage à des entreprises, organisations et gouvernements étrangers.

    Le 29 juillet, la police a arrêté M. Radi pour « attentat à la pudeur avec violence, viol, réception de fonds étrangers dans le but de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État et établissement de contacts avec des agents de pays étrangers pour nuire à la situation diplomatique du pays » 12 . Selon HRW13, pas moins de 136 articles attaquant Omar Radi, sa famille et ses défenseurs ont été diffusés sur les sites d’information marocains Chouf TV, Barlamane et Le360, réputés proches des services de renseignements marocains, dans leurs versions arabe et française. L’association dénonce des « poursuites apparemment truquées » contre le journaliste, notamment celle d’agression sexuelle. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé 14 « l’instrumentalisation de la justice en vue de faire une nouvelle fois les voix qui dérangent », en constatant que « l’unique témoin de l’affaire de viol présumée intentée contre Omar Radi est maintenant accusé de participation à l’attentat à la pudeur d’une femme avec violence et de participation au viol ».

    De nombreuses associations de droits humains marocains et de féministes dont l’association marocaine des droits humains (AMDH) et Khmissa11 condamnent également l’instrumentalisation d’affaires de mœurs afin de réduire au silence les voix critiques en se fondant sur la répétition d’affaires similaires. Ces cinq dernières années, au moins trois autres journalistes indépendants ont été condamnés pour des affaires de mœurs en plus de Souleïmane Raïssouni et Hajar Raïssouni, du quotidien arabophone Akhbar El Youm.

    LES CAUSES DE CETTE OFFENSIVE

    Dans un entretien avec l’ex-directeur du Journal Hebdomadaire et de Lakome Aboubakr Jamai, celui-ci nous confie : « le régime marocain a failli dans ses politiques sociales, désormais sa pérennité tient seulement à sa capacité à réduire et faire taire les contestations sociales. Le chômage des jeunes en milieu urbain n’a cessé d’empirer au Maroc, or ce dernier est un paramètre clé dans les pays arabo-musulmans qui ont connu les vagues de protestations du printemps arabe, ce qu’il veut dire qu’il y aurait certainement d’autres vagues de contestation. Le régime le sait et ne veut pas payer le prix politique pour développer ses institutions sous-développées et au lieu de s’attaquer à la cause des contestations, il préfère s’attaquer à ceux qui peuvent mener cette contestation, autrement à la jonction entre le peuple et son élite par un effet de démonstration en sur-réprimant les voix critiques ». La cour d’appel de Casablanca avait condamné Nasser Zefzafi et les leaders du Hirak du Rif à 20 ans de prison.

    Bien que le régime de Rabat soit souvent critiqué par des ONG internationales sur ses violations des droits de l’homme, il profite de rapports privilégiés avec la majorité des pays de l’Union européenne et avec les États Unis d’Amérique car « le Maroc se prévaut de son excellence dans la lutte anti-terroriste et fait de la coopération sécuritaire le nerf de sa diplomatie. Par conséquent, ses alliés font une analyse coût bénéfice et se montrent peu regardant sur la question des droits humains ce qui met le régime marocain dans une situation de confort en rendant un service tellement important à ses partenaires européens et américains qui préfèrent ne pas l’aliéner. Sans oublier que le Maroc a réussi à obtenir un autre totem d’immunité auprès des élites américaines après la normalisation des relations avec Israël car l’éthique de la politique américaine a un angle mort : Israël » a déclaré Aboubakr Jamai dans un entretien.

    “Le Maroc a réussi à obtenir un autre totem d’immunité auprès des élites américaines après la normalisation des relations avec Israël car l’éthique de la politique américaine a un angle mort : Israël.”

    Les relations entre Israël et le Maroc influencent beaucoup la position des États Unis d’Amérique quant aux violations de droits humains commises par le Maroc. Plus généralement, les pays de la région du MENA qui ont accepté d’être les amis d’Israël en adhérant aux accords d’Abraham ont obtenu des avantages diplomatiques. Le Maroc a ainsi obtenu la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Et même si le président Biden et M. Blinken désapprouvent la diplomatie transactionnelle de M. Trump, ils se méfieront également de tout recul par rapport à Israël. Ce dernier est en effet le plus solide allié des États-Unis au Moyen-Orient et exerce une influence politique considérable sur les électeurs évangéliques et juifs américains. Danny Danon, ex-ambassadeur d’Israël aux Nations unies a déclaré : « le président élu Biden essaiera de poursuivre sur sa lancée qui est bénéfique pour les États-Unis, pour les alliés des États-Unis. Je pense que c’est la bonne chose à faire ».

    Pendant près de 60 ans Maroc et Israël ont collaboré étroitement sur des questions militaires et de renseignement, pour des assassinats d’opposants10. En 1965, Hassan II autorise le Mossad à placer des micros dans les salles de réunion du sommet de la ligue arabe, ce qui a permis à Israël de vaincre les armées de la Jordanie, de l’Égypte et de la Syrie lors de la guerre des Six-jours en 1967. Selon Ronen Bergman, journaliste d’investigation et analyste militaire pour le Yedioth Ahronoth, deux mois plus tard, le Maroc exigea qu’Israël lui rende la pareille en l’aidant à enlever et assassiner Mehdi Ben Barka, le leader socialiste et tiersmondiste en exil à Paris. À ce jour, l’affaire Ben Barka n’a toujours pas été résolue et les assassins demeurent inconnus. En 2020, selon Amnesty International, le puissant logiciel d’espionnage Pegasus développé par la société israélienne de cybersécurité NSO Group a été utilisé par le gouvernement marocain pour espionner le journaliste Omar Radi.

    Il n’y a pas que les relations avec Israël. Le Center for Responsive Politics (CRP), un centre d’étude et organisme à but non lucratif basé à Washington qui retrace l’utilisation de l’argent en politique, indique que le Maroc a dépensé près de 15 millions de dollars de 2015 à 20209 en lobbying. Selon Howard Marlowe, président de la Ligue américaine des lobbyistes, le Maroc a dépensé ces millions de dollars afin d’obtenir plusieurs faveurs politico-diplomatiques.

    Désormais, le Palais dicte la démarche à suivre dans le pays sans opposition réelle. En outre, l’expérience de l’alternance menée par le socialiste Al Youssoufi qui a permis l’association d’une partie de la gauche à la gestion des affaires gouvernementales, a porté un coup fatal à l’ensemble des formations de la gauche marocaine. Celles qui refusaient de participer au gouvernement en 1997 à savoir l’OADP (aujourd’hui PSU) et le PADS n’ont pas été épargnées. Elles forment aujourd’hui la fédération de la gauche démocratique.

    Le recours à la stratégie du « pluralisme contrôlé » et au « contrôle électoral », ont également fourni au régime un antidote contre toute influence significative de l’opposition sur la scène électorale. Tout en maintenant les structures partisanes établies durant l’époque coloniale, le Makhzen a su mettre en place les conditions propices à la création de formations politiques loyalistes. Cela a favorisé les divergences entre les différentes composantes de l’opposition – notamment la gauche militante marocaine. Les difficultés à surmonter ces ruptures continuent d’accentuer les divisions au sein des rangs de la gauche militante et contribuent au repli de l’opposition marocaine.

    Sources :

    1. Par l’alternance, il faut entendre le gouvernement d’alternance consensuelle dirigé par Abderrahmane Youssoufi. Cet avocat, militant des droits de l’homme, dirigeant alors de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), ancien opposant au roi Hassan II a été appelé par le palais pour mener, un an avant la mort du roi le 23 juillet 1999, les réformes politiques, économiques et sociales nécessaires à la « démocratisation » du royaume d’une part, et pour permettre d’autre part une autre alternance, royale cette fois avec la montée sur le trône du prince héritier.

    2. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2009/08/03/maroc-le-sondage-interdit_1225217_3212.html

    3.https://rsf.org/fr/actualites/le-proces-dahmed-reda-benchemsi-reporte-sine-die-par-la-justice-marocaine

    4.https://www.courrierinternational.com/article/2013/09/23/ali-anouzla-un-journaliste-trop-libre-toujours-en-prison

    5.https://www.liberation.fr/planete/2007/01/16/maroc-on-peut-se-moquer-de-l-islam_82016/

    6.https://www.liberation.fr/planete/2000/04/18/maroc-un-avertissement-a-la-presse-rabat-a-interdit-le-journal-au-pretexte-qu-il-ferait-le-jeu-du-po_322270/

    7.https://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/12/10/wikileaks-au-maroc-la-corruption-s-institutionnalise-et-n-epargne-pas-le-palais-royal_1451996_1446239.html

    8.https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/06/nso-spyware-used-against-moroccan-journalist/

    9.https://www.opensecrets.org/fara/countries/93?cycle=2016

    10.https://www.haaretz.com/israel-news/.premium.HIGHLIGHT-assassination-bribes-smuggling-jews-inside-mossad-s-secret-alliance-with-morocco-1.9372580

    11.https://www.hrw.org/fr/news/2021/04/06/liberez-omar-radi-et-garantissez-un-proces-equitable

    12.https://www.hrw.org/fr/news/2020/09/21/maroc-un-journaliste-critique-poursuivi-pour-espionnage

    13.https://www.hrw.org/sites/default/files/report_pdf/morocco0517_web.pdf

    14.https://rsf.org/fr/actualites/maroc-les-chiffres-qui-prouvent-le-harcelement-judiciaire-contre-omar-radi

    LVSL.FR, 14 mai 2021

    Etiquettes: Maroc, Makhzen, lignes rouges, Mohammed VI, presse, répression, droits de l »homme,

  • Soutien aux deux journalistes marocains Omar Radi, et Soulaiman Raïssouni

    Les syndicats du Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes (RSISL) expriment leur soutien aux deux journalistes marocains Omar Radi, et Soulaiman Raïssouni, en détention provisoire depuis de longs mois, en isolement, et dans un état de santé très critique en raison de leur grève de la faim entamée depuis début avril. Aucun d’eux n’est hospitalisé et ne bénéficie de soins médicaux adaptés. Nous exigeons leur libération immédiate.

    Nous dénonçons les conditions de musellement et l’acharnement répressif que vivent aujourd’hui les journalistes au Maroc, que ce soit leur surveillance quotidienne, les intimidations, les menaces physiques, les diffamations dans les médias du pouvoir, ainsi que les poursuites judiciaires, et l’instrumentalisation des questions de mœurs ou sexuelles à des fins politiques pour décrédibiliser leur personne. Comme ont été accusés Radi et Raïssouni. Ils travaillaient sur des sujets très sensibles au Maroc, la corruption du régime, et la dépossession des terres collectives.

    Nous exprimons toute notre solidarité aux combats des journalistes indépendants pour être libres de s’exprimer au Maroc : ils sont poursuivis, condamnés, enfermés, voire exilés en raison de leur travail.

    Nous nous alarmons en particulier de la situation du rédacteur en chef du journal Al-Khabar Elyoum, Soulaiman Raïssouni en grève de la faim depuis le 8 avril dernier, plus de 30 jours, en isolement depuis un an et qui demande sa liberté provisoire dans l’attente toujours de son procès. Son état de santé est très critique, et il a perdu plus de 25kg.

    Omar Radi était en grève de la faim depuis le 9 avril dernier, grève suspendue temporairement le 30 avril dernier à son 22ème jour, pour des raisons graves de santé. En isolement depuis neuf mois, il demande aussi sa liberté provisoire dans l’attente de son procès.
    Les deux journalistes ont leur audience prévue le 18 mai prochain.

    Les arrestations concernent aussi désormais les personnes qui osent simplement publier sur réseaux sociaux leur avis sur la situation au Maroc, à l’image du youtubeur Chafik Omerani, arrêté en février 2021, et libéré le 6 mai après une longue grève de la faim (près de 90 jours) qui l’a laissé dans un état critique.

    Nous dénonçons également la répression qui s’accentue depuis plus d’une décennie et qui vise toute contestation, luttes et mouvements sociaux au Maroc faisant plusieurs centaines de prisonnier.e.s politiques pour qui nous demandons la libération immédiate !
    Nous appelons à rejoindre toutes les actions de solidarité qui seront menées.
    Liberté pour tous-tes les prisonnier-ère-s politiques au Maroc !
    #FreeKoulchi

    Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes, 11 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, presse, journalites, Omar Radim Souleiman Raïssouni, Taoufik Bouachrine,

  • L’état de santé des journalistes emprisonnés au Maroc, Soulaiman Raissouni et Omar Radi inspire la plus grande inquiétude

    A plus d’un mois du début de la grève de la faim lancée par Soulaiman Raissouni et Omar Radi, les 8 et 9 avril dernier, toutes leurs demandes de mise en liberté provisoire continuent à être rejetées et leur état de santé est alarmant.

    Un réveil brutal de la maladie de Crohn a obligé Omar Radi, suite au bilan alarmant dressé par le médecin de la prison, à suspendre provisoirement sa grève de la faim, le 30 avril dernier. Il est très affaibli, a perdu 20 kilos et souffre depuis d’hémorragies intestinales qui ont justifié son transfert à l’hôpital, les conditions de la prison et les soins qui lui sont apportés là n’ayant pas permis une amélioration de son état de santé qui au contraire continue de se dégrader.

    Mais hélas, le comportement des 5 policiers l’accompagnant, qui ont refusé de lui ôter les menottes et de quitter la salle d’examen, a conduit Omar Radi à refuser d’être ausculté dans ces conditions, incompatibles avec un exercice indépendant de la médecine, violant le secret médical et les droits du malade au respect de sa personne et de sa dignité. Le Collectif #FreeKoulchi Paris a saisi à ce sujet l’Ordre des médecins marocains afin qu’il saisisse à son tour les autorités compétentes pour que le code de déontologie médicale soit respecté (lettre jointe au présent communiqué).

    En ce qui concerne Soulaiman Raissouni, il a lui perdu 22 kilos, souffre d’une carence en potassium et en calcium et d’une forte augmentation de la pression sanguine ainsi que d’un début de paralyse de l’une de ses jambes.

    L’acharnement des pouvoirs publics sur ces deux prisonniers, encore confirmée par un message diffamatoire et au ton vengeur de Mohamed Saleh Tamek, le directeur de l’administration pénitentiaire au Maroc, s’exprimant « à titre personnel », frôle aujourd’hui la non assistance à personne en danger, voire la torture.

    Leurs revendications ne sont pourtant pas démesurées. Ils demandent que soit mis fin à l’isolement total dans lequel ils sont confinés depuis leur arrestation, il y a maintenant presque un an et qu’ils soient mis en liberté provisoire en l’attente du dénouement de leurs procès. Et ce alors qu’ils ont déjà manifesté toute leur coopération dans l’ensemble des procédures judiciaires qui ont été prises à leur encontre et que la détention préventive devrait être l’exception dans ce genre de procédures.

    Le Collectif #FreeKoulchi Paris

    Assure Omar Radi et Soulaiman Raissouni de sa solidarité sans faille et de sa vigilance de tous les instants jusqu’à ce qu’ils puissent sortir la tête haute de la dure épreuve qu’ils sont en train de vivre.
    Partage l’angoisse des familles des deux prisonniers et les assure de leur soutien indéfectible.
    Exhorte l’Ordre des médecins du Maroc à tout mettre en œuvre pour que le droit à la santé des détenus, dont Omar Radi et Soulaiman Raissouni, soit respecté sous toutes ses acceptions.
    Insiste sur la responsabilité de l’État marocain, qui doit être garant de la santé physique et morale des personnes qu’il place en détention.
    Exige la libération immédiate de Soulaiman Raissouni et Omar Radi et de tous les prisonniers politiques condamnés et poursuivis par le régime marocain.
    Paris, le 11 mai 2021

    #FreeKoulchi Paris

    COMITE POUR L’ABOLITION DES DETTES ILLÉGITIMES,12 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Omar Radi, Souleyman Raïssouni, presse, journalistes, Taoufik Bouachrine,

  • Maroc : les journalistes Omar Radi et Slimane Raissouni doivent être libérés ! (SNJ – SNJ-CGT – CFDT-JOURNALISTES – FIJ)

    Omar Radi, journaliste connu pour ses engagements pour les droits humains, a publié de nombreuses enquêtes, portant notamment sur la corruption au Maroc, les spoliations de terres et les mouvements sociaux dont le Hirak du Rif. Il est poursuivi dans une double affaire « d’attentat à la pudeur avec violences et viol » et pour « espionnage ». Il est incarcéré depuis le 29 juillet 2020 et encourt jusqu’à dix ans de prison. Il est soumis au régime de l’isolement. Il a entamé une grève de la faim le 9 avril dernier, suspendue le 1er mai en raison de son état de santé (hémorragie intestinale, diarrhées) et de l’aggravation de la maladie de Crohn.

    Slimane Raissouni, rédacteur en chef du journal marocain Akhbar Al-Yaoum – qui a cessé de paraître mi-mars pour des raisons financières – est poursuivi pour « attentat à la pudeur avec violence » et « séquestration ». Il a publié des enquêtes sur les cercles du pouvoir et les services de renseignement. Il risque jusqu’à dix ans de réclusion criminelle, selon les dispositions de l’article 485 du Code pénal. Il est en détention depuis le 22 mai 2020. Soumis au régime de l’isolement, il a entamé une grève de la faim le 8 avril dernier afin d’obtenir sa mise en liberté provisoire.

    Le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes apportent tout leur soutien à ces deux confrères et rappellent que nombre de journalistes ont été poursuivis, harcelés et traînés en justice, parfois condamnés à des peines de prison, ces dernières années au Maroc. Nos organisations dénoncent les accusations fallacieuses et l’acharnement répressif visant nos confrères, alors qu’ils n’exerçaient que leur mission d’informer.

    Leur procès doit s’ouvrir ce mardi 18 mai.

    La Fédération internationale des Journalistes (FIJ), la plus grande instance de représentation des journalistes dans le monde avec quelques 600 000 adhérents dans 150 pays, et ses affiliés en France, le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes, demandent instamment leur libération et que justice leur soit rendue.

    Dans un communiqué, l’affilié de la FIJ au Maroc, le SNPM (Syndicat national de la presse marocaine), a déclaré : « Nous réitérons notre position depuis l’annonce de la poursuite de ces deux collègues : nous demandons qu’ils soient libérés immédiatement et qu’ils bénéficient d’un procès équitable. »

    Le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes se joindront à la conférence de presse prévue le 18 mai à l’initiative du Syndicat de la Presse, des Médias, de la Culture et du Spectacle (SIPMCS-CNT).

    Paris le 14 Mai 2021

    Source : SNJ, 14 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, presse, journalistes, Omar Radi, Souleymane Raïssouni, Taoufik Bouachrine,

  • Washington Post: Les journalistes emprisonnés au Maroc méritent l’attention de l’administration Biden

    WASHINGTON – Les journalistes emprisonnés au Maroc, Soulaiman Raissouni et Omar Radi, notamment, méritent l’attention de la nouvelle administration des Etats-Unis « qui devrait discuter avec le régime marocain de son bilan en matière de droits de l’Homme », écrit The Washington Post dans son éditorial de vendredi.

    Le quotidien américain relève que « l’un des problèmes de politique étrangère les plus délicats hérités par l’administration Biden est la reconnaissance imprudente par l’ex-président Donald Trump en décembre de la (prétendue) souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental » occupé.

    Il s’agit, selon le journal, d’ »une décision qui a renversé la politique américaine de longue date et mis Washington en désaccord avec les alliés européens, les nations africaines et les résolutions de l’ONU ».

    « M. Trump n’a pas agi sur le fond de la question, mais dans le cadre d’un accord visant à inciter le Maroc à améliorer ses relations avec l’entité sioniste », poursuit le Washington Post qualifiant cette démarche de « récompense injuste et inutile pour un régime qui, sous le roi Mohammed VI, est devenu de plus en plus autocratique ».

    Et la nouvelle administration américaine « a sans surprise été lente à préciser si elle confirmera la position de Trump ou l’inversera, comme l’ont exhorté 25 sénateurs », écrit encore le journal.

    Mais « avant de prendre une décision, elle devrait discuter avec le régime marocain de son bilan en matière des droits de l’homme – et, en particulier, de ses atteintes à la liberté d’expression ».

    Le quotidien américain rappelle dans ce contexte qu’un certain nombre de journalistes marocains et de militants des droits humains ont été poursuivis pour avoir critiqué le roi ou dénoncé la corruption, et deux journalistes particulièrement éminents sont depuis plus de trois semaines en grève de la faim qui pourraient avoir des résultats tragiques en raison de la dégradation de leur état de santé..

    Il s’agit de Soulaiman Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Youm, et Omar Radi, journaliste d’investigation. Ils sont tous deux emprisonnés sans procès depuis l’année dernière.

    M. Raissouni, connu pour ses critiques de la corruption gouvernementale dans le Royaume et son plaidoyer en faveur d’une réforme politique, a été arrêté le 22 mai 2020, tandis que M. Radi, correspondant pour les médias internationaux, a été arrêté le 29 juillet de la même année, rappelle également le média.

    M. Radi a d’abord été inculpé d’espionnage, en raison de ses contacts avec des diplomates occidentaux et de son travail pour un cabinet de conseil britannique. Mais, selon une enquête menée par Human Rights Watch (HRW), il n’y a « aucune preuve que Radi ait fait autre chose que mener son travail journalistique habituel.

    De plus, MM. Raissouni et Radi sont tous deux accusés de crimes sexuels. Rappelant les conclusions du Comité pour la protection des journalistes dans son rapport de mars dernier, le quotidien relève que « les accusations de crimes sexuels sont devenues un autre instrument des autorités marocaines pour punir les journalistes ».

    Pour rappel, des coalitions de groupes internationaux de défense des droits humains et d’intellectuels se sont joints à plus de 150 journalistes marocains pour demander la libération des deux journalistes. « Ils devraient être libérés avant que le régime n’obtienne plus de faveurs politiques de la part des Etats-Unis », conclut le quotidien américain.

    APS

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  • Washington invite le Maroc à réaffirmer son engagement pour la protection des droits de l’homme

    WASHINGTON – Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a invité vendredi les autorités marocaines à réaffirmer leur engagement en faveur de la protection et de la promotion des droits de l’homme, au moment où le Maroc et le Sahara occidental occupé connaissent une escalade dans la répression.

    « Le secrétaire d’Etat a encouragé le Maroc (…) à réaffirmer son engagement à protéger et à promouvoir les droits de l’homme et les libertés fondamentales », a indiqué le département d’Etat américain dans un communiqué, à l’issue de l’entretien d’Antony Blinken avec son homologue marocain, Nasser Bourita.

    L’appel du secrétaire d’Etat américain intervient au moment où des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour dénoncer le régime autoritaire de la monarchie et sa répression contre toute voix critique.

    Vendredi, le quotidien américain, The Washington Post, affirme dans son éditorial que les journalistes emprisonnées au Maroc, en particulier Soulaiman Raissouni et Omar Radi, méritent l’attention de l’administration Biden « qui devrait discuter avec le régime marocain de son bilan en matière de droits de l’Homme ».

    Radi et Raissouni  » devraient être libérés avant que le régime marocain n’obtienne plus de faveurs politiques de la part des Etats-Unis », soutient le quotidien américain.

    M. Raissouni, connu pour ses critiques de la corruption gouvernementale et son plaidoyer en faveur d’une réforme politique, a été arrêté le 22 mai 2020, tandis qu’Omar Radi, correspondant pour des médias internationaux, a été arrêté le 29 juillet de la même année.

    Dans une communication conjointe adressée au gouvernement marocain, des experts des droits humains de l’ONU ont confirmé  » les violations systématiques et généralisées perpétrées par le régime marocain au Sahara Occidental occupé, pointant un « environnement hostile » au travail de défense des droits de l’homme dans ce territoire non autonome.

    Les victimes mentionnées dans la communication conjointe sont des activistes sahraouis bien connus du territoire occupé qui ont soumis des plaintes de droits de l’homme à l’ONU. Il s’agit, entre autres, de Naziha El Khalidi, Aminatou Haidar, Mahfouda Bamba Lafgir et Yahya Mohamed Elhafed Iaazza.

    Les experts se sont dit préoccupés « par ce qui semble attester d’un manque de sécurité et d’un environnement hostile envers défenseurs et défenseuse des droits de l’homme au Maroc et au Sahara occidental », citant d’autres formes de répression, notamment les actes de torture, les poursuites judiciaires, les menaces et la surveillance constante.

    APS

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  • Maroc : Liberté pour Soulaiman Raissouni et Omar Radi!

    À l’initiative du comité américain pour la défense des détenus politiques au Maroc, des intellectuels lancent un appel pour la libération des deux journalistes marocains incarcérés. « Nous demandons au gouvernement du Royaume du Maroc d’accorder à Soulaiman Raissouni et Omar Radi leur droit à la liberté et à un procès équitable, et de les libérer immédiatement de prison. »

    À l’initiative du comité américain pour la défense des détenus politiques au Maroc, des intellectuels lancent un appel pour la libération des deux journalistes Soulaiman Raissouni et Omar Radi incarcérés. Il est signé, entre autres, par les deux universitaires Waterbury John, auteur de l’ouvrage de référence « Le Commandeur des croyants : la monarchie marocaine et son élite », et Abdellah Hammoudi, professeur émérite d’anthropologie à l’Université de Princeton. Pour rappel, les deux journalistes mènent une grève ouverte de la faim depuis une vingtaine de jours (21 pour Omar et 22 pour Soulaiman).

    Nous, soussignés, demandons au gouvernement du Royaume du Maroc de respecter les droits fondamentaux des journalistes marocains, Soulaiman Raissouni et Omar Radi, actuellement incarcérés à la prison d’Okacha à Casablanca.

    Soulaiman Raissouni, un journaliste très respecté et très lu qui écrit en arabe, est connu pour son professionnalisme et sa ligne éditoriale indépendante. Il a écrit sur la réforme politique, l’abus de pouvoir, la corruption, le « capitalisme des copains », la pauvreté, entre autres sujets. Au moment de son arrestation, il était rédacteur en chef du quotidien indépendant Akhbar Alyaoum.

    Raissouni a été arrêté le 22 mai 2020 et accusé « d’attentat à la pudeur avec violence et séquestration » d’un homme en 2018. Le procureur a fondé cette accusation sur une publication anonyme sur Facebook.

    Omar Radi est un journaliste d’investigation indépendant et reconnu. Il a écrit sur les accaparements de terres collectives, la corruption des hauts fonctionnaires, la surveillance policière et les violations des droits humains.

    Radi a été arrêté le 29 juillet 2020. Il a été accusé d’espionnage et d’atteinte à la sécurité de l’État ; il a également été accusé de viol.

    Raissouni et Radi nient tous les deux ces accusations. Leurs procès se sont ouverts plusieurs mois après leurs arrestations, mais les procédures ont été reportées à plusieurs reprises. Non seulement ils sont restés en détention pendant tout ce temps, mais ils sont maintenus en isolement et ont des contacts limités avec leurs familles.

    Raissouni et Radi se voient refuser le droit fondamental de rester en liberté pendant la durée du procès, un droit consacré par le droit marocain. En raison du déni de leur droit de rester en liberté, combiné à une période d’incarcération exceptionnellement longue avant le procès, ils ont décidé d’entamer une grève de la faim pour protester contre les violations de leurs droits fondamentaux.

    Raissouni a entamé sa grève de la faim le 8 avril 2021 et Radi le 9 avril.

    Les deux hommes souffrent de maladies chroniques. Selon Reporters Sans Frontières, Raissouni souffre d’hypertension et Radi, d’asthme et de la maladie de Crohn. Depuis leur incarcération, Raissouni a perdu plus de 15 kilos et Radi, 10 kilos. Il se pourrait bien qu’à l’heure actuelle, ces deux hommes jeunes et talentueux soient au seuil d’une mort lente.

    Nous demandons au gouvernement du Royaume du Maroc d’accorder à Soulaiman Raissouni et Omar Radi leur droit à la liberté et à un procès équitable, et de les libérer immédiatement de prison.

    Signatures

    Abdellah Hammoudi, Université de Princeton

    John Waterbury, Université de Princeton

    Jonathan Wyrtzen, Université de Yale

    Fiona McLaughlin, Université de Floride

    Leah Reade Rosenberg, Université de Floride

    Richard Greeman

    Sam Freedman

    Kevin Anderson, Université de Californie, Santa Barbara

    Nancy Gallagher, Université de Californie, Santa Barbara

    Le Comité américain pour la défense des droits humains au Maroc

    Médiapart, 29 avr 2021

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  • Maroc : Une hémorragie contraint Omar Radi à suspendre sa grève de la faim

    Après 21 jours de grève de la faim, le journaliste Omar Radi a dû mettre fin à son mouvement à cause d’une grave hémorragie rectale qu’il a eu vendredi (30 avril 2021), a-t-on appris de sources concordantes.

    Omar Radi « a décidé de suspendre temporairement sa grève de la faim, à cause de la détérioration significative de sa santé au cours des deux derniers jours », a annoncé Driss Radi, vendredi via Facebook sans donner plus de détails sur cette détérioration ni sur les véritables « raisons de santé » ayant motivé la décision de son fils.

    Cette annonce porteuse de soulagement pour les soutiens du journaliste, en détention préventive depuis neuf mois, n’a pas manqué de susciter moult interrogations.

    Pourquoi une suspension temporaire? Que s’est-il passé avec Omar pour qu’il prenne une telle décision?

    Autant d’interrogations auxquelles va nous répondre Khouloud Mokhtari, l’épouse de l’autre journaliste en détention provisoire Soulaimane Raissouni et en grève de la faim depuis 23 jours.

    Mokhtari: « Il faut appeler les choses par leur nom »
    « Dans son annonce, M. Driss Radi n’a pas évoqué les véritables raisons pour respecter le souhait de Omar de ne pas effrayer sa mère », nous a-t-elle précisé.

    Mais, affirme-t-elle, « il ne faut pas cacher ce qui se passe à l’opinion publique ».

    « Omar a eu une hémorragie rectale (une rectorragie), il a des exsudations anales et autres… Il a des saignements rectaux causés par le fait qu’il prend des antibiotiques dans le cadre du traitement de sa maladie chronique qui touche son intestin (Omar Radi est atteint de la maladie de Crohn NDLR) sans manger », a-t-elle confié à Femina News.

    « Il a des saignements rectaux qui ne s’arrêtent pas depuis mardi. Je sais que c’est grave, mais ce n’est plus le moment d’avoir peur de heurter quelqu’un. Il faut appeler les choses par leur nom », a-t-elle soutenu.

    « Les séquelles de la grève de la faim conjuguées à sa maladie chronique ont commencé à apparaître. Ce jeune est dans un état on ne peut plus grave et l’opinion publique doit être au courant de la gravité de son état », nous a déclaré, vendredi soir, l’épouse du détenu politique Soulaimane Raissouni.

    Driss Radi confirme timidement

    Face à des propos d’une telle gravité, Femina News a attendu la confirmation de la part de M. Driss Radi.

    Joint dans les premières heures de ce samedi premier mai, ce dernier a confirmé à demi-mot : « Oui, effectivement il saigne ».

    « La maladie de Crohn (une maladie inflammatoire chronique du système digestif qui touche le gros intestin NDLR) dont souffre Omar a évolué à cause d’un ensemble de facteurs, particulièrement alimentaires et hygiéniques », a-t-il ajouté.

    Interrogé par Femina News sur le suivi médical et la prise en charge dont devrait bénéficier Omar Radi comme tout autre gréviste de la faim, M. Radi nous a précisé que son fils a reçu il y a quelques jours quatre membres du CNDH (Conseil national des droits de l’Homme) accompagné d’un médecin.

    « Normalement, il doit revoir son médecin au CHU (Ibn Rochd) pour être examiné après ce qui s’est passé avec lui hier. A ce moment, on va se prononcer sur son état », a-t-il poursuivi.

    Il est à noter que peu importe l’origine des saignements annaux dont souffre Omar Radi, que ce soit une hémorragie digestive ou une aggravation des symptômes de sa maladie chronique, ce genre d’hémorragie nécessite un traitement d’urgence et de préférence dans un milieu hospitalier.

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    Le journaliste Aboubakr Jamai, fondateur du « Le Journal hebdomadaire », a considéré que l’Etat marocain traite les deux journalistes d’une manière « vindicative voire rancunière ».

    Par ailleurs, le prestigieux quotidien américains Washington Post a appelé l’administration Biden à conditionner l’appui de la position du Maroc sur la question du Sahara par le respect des droits de l’homme et la libération des deux journalistes.

    Femina, 01 mai 2021

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  • Le Washington Post dézingue le Maroc avec de nouvelles révélations

    Le quotidien américain « The Washington Post » a fait de nouvelles révélations sur le Maroc et sa politique d’acharnement contre les journalistes marocains.

    En effet, la journaliste marocaine en exil, Afaf Bernani, a mis le lumière sur « l’avenir troublent » de le liberté d’expression au Maroc.

    « La violence à caractère sexuel reste une triste réalité au Maroc. pourtant, en ciblent de manière sélective les journalistes indépendants, le régime marocain envoie un message inquiétant aux victimes, selon lequel, les seules accusations qu’il souhaite prendre en compte son – simplement – celles visant les opposants au régime en place. non seulement celle banalise la violence sexuelle, mais celle annonce un avenir troublent pour le liberté de le presse au Maroc », a témoigné la journaliste.


    « Bien que les agressions et abus de toute nature soient odieux et méritent toujours une enquête sérieuse, il y a de bonnes raisons de croire que de telles allégations sont exploitées à des fins politiques », a-t-elle estimé.

    La journaliste raconte que sa vie a été bouleversée le 24 février 2018, en dénonçant une torture psychologique de la part des autorités marocaines.

    « Tout au long de ce processus, qui a abouti à le condamnation de Bouachrine à la peine de 15 ans de prison, j’ai enduré de multiples formes de harcèlement et de torture psychologique. « Je me suis retrouvée plongée dans un processus juridique douteux qui m’a privé de mon libre arbitre et de ma dignité », a-t-elle dit.

    « C’est dans ces circonstances que j’ai fini par décider de fuir mon pays d’origine, loin de ma famille et de mes proches », a-t-elle ajouté.

    Pour rappel, le Maroc a mené ces derniers temps une campagne calomnieuse contre l’ONG Amnesty International pour la discréditer suite à des révélations sur l’affaire des journalistes marocains condamnés arbitrairement.

    Algérie 360, 28 avr 2021

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