Étiquette : presse

  • The Washington Post : Les journalistes emprisonnés au Maroc méritent l’attention de l’administration Biden

    Opinion de la rédaction

    L’un des problèmes de politique étrangère les plus délicats dont a hérité l’administration Biden est la reconnaissance irréfléchie par le président Donald Trump, en décembre, de la revendication du Maroc sur le territoire contesté du Sahara occidental. Cette décision a inversé la politique américaine de longue date et a placé Washington en désaccord avec les alliés européens, les nations africaines et les résolutions de l’ONU. M. Trump a agi non pas sur la base des mérites de la question, mais dans le cadre d’un accord visant à inciter le Maroc à améliorer ses relations avec Israël. Il s’agissait d’une récompense injuste et inutile pour un régime qui, sous le règne du roi Mohammed VI, est devenu de plus en plus autocratique.

    Avec de nombreux défis étrangers à relever, la nouvelle administration a, sans surprise, tardé à préciser si elle allait confirmer la position de M. Trump ou l’infirmer, comme l’y invitent 25 sénateurs. Avant de prendre une décision, elle devrait discuter avec le régime de son bilan en matière de droits de l’homme et, en particulier, de son attaque contre la liberté d’expression. Un certain nombre de journalistes et de militants des droits de l’homme marocains ont été poursuivis pour avoir critiqué le roi ou dénoncé la corruption, et deux journalistes particulièrement éminents ont entamé depuis plus de trois semaines une grève de la faim qui pourrait avoir des conséquences tragiques.

    Soulaiman Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Youm, et Omar Radi, journaliste d’investigation primé, sont tous deux emprisonnés sans procès depuis l’année dernière. M. Raissouni, connu pour ses critiques de la corruption du gouvernement et son plaidoyer en faveur de la réforme politique, a été arrêté le 22 mai 2020 ; M. Radi, qui a également écrit sur la corruption et a été correspondant pour des médias internationaux, a été détenu le 29 juillet. M. Radi a d’abord été accusé d’espionnage, en raison de ses contacts avec des diplomates occidentaux et de son travail pour une société de conseil britannique. Selon une enquête de Human Rights Watch, il n’y a « aucune preuve que M. Radi ait fait quoi que ce soit d’autre que d’effectuer un travail ordinaire de journalisme ou de diligence raisonnable pour une entreprise et de maintenir le contact avec des diplomates, comme le font régulièrement de nombreux journalistes et chercheurs. »

    Il est frappant de constater que M. Raissouni et M. Radi sont tous deux accusés de crimes sexuels. Les autorités accusent M. Raissouni d’ »attentat à la pudeur » sur un homosexuel, tandis qu’un collègue de travail de M. Radi l’accuse de viol. Les allégations d’agression sexuelle doivent être prises au sérieux, mais les autorités marocaines ont l’habitude de porter de telles affaires contre des journalistes. Le prédécesseur de M. Raissouni en tant que rédacteur en chef d’Akhbar Al-Youm purge une peine de prison pour agression sexuelle, tandis que sa nièce Hajar Raissouni, une autre journaliste en croisade, a été condamnée à un an de prison pour avoir eu des relations sexuelles hors mariage. Un rapport publié en mars par le Comité pour la protection des journalistes a conclu que « les accusations de crimes sexuels sont devenues un autre outil des autorités pour punir les journalistes », tout en affirmant qu’elles respectent une loi de 2016 interdisant les peines de prison pour les travailleurs des médias.

    Les deux hommes ont entamé leur grève de la faim les 8 et 9 avril après que leurs demandes de libération sous caution ont été rejetées à plusieurs reprises et que leurs procès ont été reportés à plusieurs reprises. M. Raissouni aurait même refusé de consommer des liquides ; sa femme a déclaré dans un post Facebook que le résultat serait « la liberté, la justice ou la mort. » Selon Reporters sans frontières, M. Radi a perdu plus de cinq kilos et souffre de vomissements et de diarrhée. Vendredi, son père a indiqué qu’il avait suspendu « temporairement » sa grève en raison de la détérioration de son état de santé. Des coalitions de groupes internationaux de défense des droits de l’homme et d’intellectuels se sont jointes à plus de 150 journalistes marocains pour demander leur libération. Ils doivent être libérés avant que le régime n’obtienne d’autres faveurs politiques des États-Unis.

    The Washington Post, 30 avril 2021

    Etiquettes : Maroc, Presse, journalistes, Omar Radi, Souleymane Raïssouni, Taoufik Bouachrine,

  • Maroc: le journaliste Omar Radi suspend sa grève de la faim

    Le journaliste marocain engagé dans la défense des droits humains Omar Radi, en détention préventive depuis neuf mois, a suspendu vendredi sa grève de la faim entamée il y a 21 jours pour des raisons de santé, a annoncé sa famille.

    Ce journaliste de 34 ans est poursuivi pour avoir reçu des « financements étrangers », « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » et « viol » pour deux affaires différentes. Son procès a été renvoyé à deux reprises, la prochaine audience est prévue le 18 mai.

    Omar Radi « a décidé de suspendre temporairement sa grève de la faim », à cause de « la détérioration significative de sa santé au cours des deux derniers jours », a écrit vendredi son père Driss Radi sur sa page Facebook.

    Le militant avait entamé son mouvement dans l’espoir d’obtenir sa remise en liberté provisoire, après plusieurs refus de la justice marocaine.

    Malgré la suspension de sa grève de la faim, Omar Radi « continue de défendre son droit constitutionnel à un procès équitable et à des poursuites en état de liberté », a souligné son père.

    Un autre journaliste, Soulaimane Raissouni, en détention depuis onze mois et en grève de la faim depuis 23 jours, avec les mêmes revendications que M. Radi, poursuit pour sa part son mouvement.

    Ce rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Yaoum –qui a cessé de paraître mi-mars pour des raisons financières– est poursuivi pour « attentat à la pudeur avec violence » et « séquestration », après une plainte déposée par un militant de la cause LGBT.

    La prochaine audience de son procès, déjà renvoyé trois fois, est également fixée au 18 mai.

    La justice marocaine a refusé à plusieurs reprises la liberté provisoire des deux journalistes, poursuivis dans des affaires distinctes mais toutes deux liées, selon leurs soutiens, à leurs publications critiques.

    Les deux journalistes ont toujours nié les faits reprochés et leurs soutiens affirment qu’il s’agit d’un « procès politique ».

    Les deux plaignants à l’origine des poursuites pour agression sexuelle les visant nient toute « instrumentalisation ». Les autorités marocaines, elles, mettent toujours en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures.

    France24, 30 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Omar Radi, presse, journalistes, répression, Soulaimane Raissouni, Taoufik Bouachrine, grève de la faim,

  • Un journaliste français dénonce le silence des médias sur les souffrances des Palestiniens

    – Au moins 130 Palestiniens ont été blessés et plus de 100 Palestiniens ont été placés en garde à vue suite à l’intervention de la police israélienne

    Dominique Vidal, un journaliste français, a réagi contre le silence des médias internationaux face à l’intervention de la police israélienne contre les Palestiniens à Jérusalem-Est.

    « Pourquoi le fait d’être israélien permet-il de commettre des crimes qui ne sont pas punissables et qui sont « oubliés » par les principaux médias ? Étant journaliste français et juif, j’ai honte. », a-t-il assuré.

    Dans un article qu’il a écrit sur Mediapart, un journal d’information en ligne, Vidal a noté qu’il suit la question israélo-palestinienne depuis un demi-siècle en tant que journaliste et historien.

    Par ailleurs, Vidal a souligné que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou est prêt à entamer une guerre avec l’Iran pour sauver son trône et empêcher un accord entre Washington et Téhéran.

    « J’ai aussi été témoin d’événements terribles comme vous, mais je n’avais jamais vu de massacre à Jérusalem. Et vous ? Avez-vous vu des juifs, qui ont été aidés par des centaines de policiers auparavant, infliger des violences aux Arabes à Jérusalem-Est ? », a-t-il ajouté.

    En outre, Vidal a réagi contre le silence des médias internationaux face à l’intervention de la police israélienne contre les Palestiniens à Jérusalem-Est, en posant la question suivante aux journalistes : « Pourquoi les grands médias avec lesquels vous travaillez ne rapportent-ils pas, ou si peu, ces graves événements en raison du danger qu’ils représentent pour le Moyen-Orient et pour les droits de l’Homme ».

    Dominique Vidal a affirmé que le silence des médias favorise l’antisémitisme et que les « lobby » peuvent être puissants pour que les médias restent silencieux.

    Au début du mois du Ramadan, la police israélienne avait bloqué les sièges devant la porte de Damas de la vieille ville de Jérusalem-Est.

    Depuis le premier jour du Ramadan, les Palestiniens se rassemblaient devant la porte de Damas après la prière du « tarawih », où la police israélienne intervient.

    Jusqu’à présent, au moins 130 Palestiniens ont été blessés et plus de 100 Palestiniens ont été placés en garde à vue suite à l’intervention de la police israélienne auprès des Palestiniens après la prière du « tarawih » à Jérusalem-Est.

    Agence Anadolou, 26 avr 2021

    Etiquettes : Israël, Palestine, France, presse, violences, répression,

  • Sonia Mabrouk, (sauve) l’honneur de sa profession

    Il a passé un sale quart d’heure*, Thierry Breton, le chef de la Task Force Vaccin de l’Union européenne (UE), à répondre aux excellentes questions de Sonia Mabrouk, l’intervieweuse sans complaisance d’Europe 1 et de C News.

    C’est qu’elle est comme ça, Sonia Mabrouk. Pas du genre à se laisser impressionner par les titres et les fonctions. Elle, c’est plutôt le fond des choses et la vérité qui l’intéressent. Alors les bureaucrates venus débiter des stères de langue de bois, elle les hache menus. Le commissaire européen était venu exposer le nouveau narratif de l’UE destiné à masquer l’échec de la vaccination. En substance : « on a été très bon avec les vaccins. Si on n’en avait pas pour nous, c’est parce qu’on est généreux et solidaire avec les autres, nous ! Pas comme les Américains ! ». Il s’est heurté à ce qui fait la beauté de la profession : la maîtrise (du dossier) et le cran. Lorsqu’il promet la vaccination de 70% des Européens pour le 14 juillet, elle lui demande « de quelle année ? » tout en rappelant de manière documentée les promesses non tenues jusque-là. Elle l’interpelle aussi sur ce qui justifie son « mépris » du vaccin Spoutnik, « c’est parce qu’il est russe ? ».

    Personnalité atypique

    D’une beauté qui n’a d’égales que son élégance et sa pertinence, Sonia Mabrouk mène ses entretiens avec un calme immuable et une courtoisie sans faille. Des armes imparables dans le monde d’apparences de la politique et des médias. Des armes de velours qu’elle acquiert sans doute très tôt lorsque les grandes figures de la politique tunisienne, dont le président Bourguiba lui-même, défilent dans sa maison à Tunis. Sa famille, passionnée de politique, fournira deux ministres à Bourguiba et… la plus brillante de ses journalistes à la France dont elle acquiert la nationalité en 2010.

    Mais si elle sort du lot médiatique actuel, c’est sans doute aussi grâce à sa formation. Dans son cursus, pas de sciences-po, ni de sociologie, creusets habituels du journalisme académisé. Sonia Mabrouk est diplômée d’une haute école de… commerce, celle de Carthage et de l’Université Panthéon – Sorbonne. Au royaume de la monoculture intellectuelle, plutôt de gauche et anti-économie, la voici donc d’emblée en position singulière. C’est Jean-Pierre Elkabbach qui lui met le pied à l’étrier en faisant d’elle la première Tunisienne à présenter un journal télévisé français (Public Sénat). Ce sera ensuite Europe 1 et CNews avec des interviews politiques qui donnent des sueurs froides aux spins doctors hexagonaux.

    La sémantique du K.O.

    Le pauvre Thierry Breton n’est pas le seul à être tombé. Jack Lang, en stabulation libre dans l’expression fleurie de son dégoût pour Trump, se fait cueillir par un premier crochet : « Vous gardez intacte votre capacité à vous indigner. Que pensez-vous alors de l’affaire Olivier Duhamel** ? ». Sourire jaune du Pape de la gauche caviar qui ne voit pas arriver l’uppercut : « cette affaire éclabousse une certaine gauche soixante-huitarde, un certain milieu intellectuel. Là, je n’ai pas vu d’indignation de votre part… ». Enfin, K.O. final sur la tribune que l’ancien ministre de la culture a signé il y a 40 ans pour décriminaliser les rapports sexuels avec les enfants : « Jack Lang, vous savez ce qu’on dit : la vérité, cette rumeur qui se promène comme un mensonge… Il peut y avoir aussi des rumeurs sur beaucoup de personnes, il y en a également sur vous. Comment vous réagissez ? » Comme le dit un commentateur, Sonia Mabrouk est le Mike Tyson de l’interview : 12 minutes et K.O.

    C’est grâce à sa persévérance aussi que l’on en sait un peu plus sur la vraie nature de la pensée dominante dans le syndicat d’étudiants français (UNEF). Sa Présidente, Mélanie Luce, autoproclamée « racisée » (non-blanche) s’est elle aussi liquéfiée au fil de ses délires, joliment démasqués les uns après les autres, sur les « races sociales », les réunions en « non-mixité raciales » (où les Blancs ne sont pas admis) et la mise en joue de professeurs au nom d’une prétendue islamophobie.

    Un appel à l’opposition

    Il est vrai que la question de l’intégrisme est sensible pour Sonia Mabrouk : « Je suis Française et Tunisienne avant d’être musulmane. J’ai grandi dans une famille qui m’a toujours appris le respect des autres, de leurs différences, notamment religieuses. Je n’admets pas qu’une minorité en France cherche à parler plus fort que la majorité silencieuse des musulmans qui vivent dans le respect des règles de la République et de l’amour de leur religion. Ce qui est parfaitement compatible. »

    C’est cette tentation de dictature des minorités qui l’incite dans son dernier livre, Insoumission française***, à mettre en lumière les principales dérives de l’époque. Les « décoloniaux » (déboulonneurs de statues et autres censeurs de tout discours qui leur déplaît), les féministes primaires, les écologistes radicaux et punitifs, les fous du genrisme et les « islamo-compatibles » sont des groupes minoritaires qui sont autant de dangers pour la société, dénonce-t-elle avec courage. En étendant de manière tentaculaire leur influence à tous les niveaux de la société, les réseaux sociaux, les médias, les universités, les églises et aussi, en partie désormais, les entreprises, ces minorités amenuisent le débat démocratique sans que personne ne s’y oppose véritablement, fut-ce au nom du bon sens et des faits. A l’exception peut-être de quelques intellectuels, pas encore « annulés » tels Steven Pinker, mais ses jours sont comptés. Pour la plupart, ces mouvements a priori hétéroclites plongent leurs racines idéologiques dans la pensée d’extrême-gauche où l’on maîtrise depuis bien longtemps la notion de convergence des luttes. Les gardiens de la révolution culturelle d’aujourd’hui appellent ça l’intersectionnalité. De son côté, la bonne vieille lutte des classes est aujourd’hui réorganisée en groupes de victimes (genre, race, génération, faune, flore, religion, etc.) mais le but est le même : imposer à tous la loi de minorités dont le combat s’appuie sur une idéologie qui a laissé de sales traces dans l’histoire. Sonia Mabrouk en appelle donc justement et courageusement à l’opposition.

    Exemplaire

    Au moment où la morale tend à se substituer à la volonté de vérité, l’intransigeance et l’honnêteté intellectuelle qui inspirent le travail de Sonia Mabrouk sont essentielles et devraient servir d’exemples à ses confrères et soeurs. Comme déjà exposé dans ces chroniques, les médias ne sont pas épargnés par ce phénomène. Bon nombre de journalistes ont docilement et volontairement renoncé à la recherche de la vérité pour celle du Bien et soumettent trop volontiers la réalité à l’idéologie, plutôt que l’inverse, sans y voir un danger pour la liberté d’expression qui fonde pourtant leur core-business. On pense à ces chefs de presse, si prompts à s’excuser lorsqu’ils se font dépasser – ce qui paraissait pourtant bien improbable jusqu’alors – sur leur gauche.

    * 16 avril 2021, Europe 1, à 8h15

    ** Politologue français accusé d’agressions sexuelles sur mineur dans « La Familia grande » de Camille Kouchner, sa belle-fille.

    *** Insoumission française. Editions de l’Observatoire, avril 2021

    Le Temps, 25 avr 2021

    Etiquettes : Sonia Mabrouk, Europe1, CNews, Thierry Breton, Task Force Vaccin de l’Union européenne, UE, coronavirus, covid 19, presse, journalisme, professionnalisme, élégance, pertinence,

  • Les procureurs italiens ont secrètement enregistré des avocats des droits humains | Italie

    Les procureurs italiens ont secrètement enregistré des centaines de conversations entre des avocats des droits de l’homme et leurs clients dans des affaires liées à des allégations selon lesquelles des ONG exploitant des bateaux de sauvetage qui ont sauvé des milliers de personnes de la noyade en Méditerranée étaient complices de trafic de personnes.

    Dans une enquête conjointe avec le radiodiffuseur public italien Rai News et le journal Domani, le Guardian a vu des documents de procureurs de Trapani, en Sicile, détaillant des conversations privées entre des avocats des droits de l’homme et leurs clients, y compris un prêtre, et avec des journalistes dans lesquels des informations confidentielles a été discuté des procès en cours, des sources privées et des stratégies de défense juridique lors des prochaines audiences.

    Des sauveteurs d’organisations caritatives telles que Save the Children et Médecins Sans Frontières ont été inculpés le mois dernier par les procureurs de Trapani après une enquête de quatre ans sur des allégations de complicité avec des passeurs en Libye, qui en 2017 avait conduit à la saisie de l’Iuventa, un ancien pêcheur. navire géré par l’ONG allemande Jugend Rettet (Youth Rescue).

    L’enquête a été vivement critiquée par les groupes de défense des droits humains, mais saluée par les populistes d’extrême droite italiens, qui ont fait rage contre les bateaux de sauvetage des ONG en tant que «taxis de mer».

    Le cas le plus grave semble être celui du père Mussie Zerai, un prêtre érythréen à Rome qui dirige l’organisation de défense des droits des réfugiés Habeshia et qui a été officiellement mis en examen par les procureurs de Trapani en novembre 2016 pour avoir encouragé l’immigration illégale.

    Zerai, candidat au prix Nobel de la paix en 2015, a été acquitté des accusations, mais au cours de l’enquête, des dizaines de conversations avec son avocat pour discuter de l’affaire ont été enregistrées. La loi italienne interdit l’interception des conversations faisant l’objet d’une enquête et de leurs avocats, dont la relation est régie par le secret professionnel de l’avocat.

    Le dossier de 30000 pages vu par le Guardian révèle que Zerai a été enregistré en août 2017 demandant à son avocat d’organiser une réunion avec le procureur principal de Trapani pour expliquer son innocence et affirmant qu’il pensait que certains médias tentaient de discréditer le travail des ONG en Méditerranée. . Il a également été enregistré demandant à un sénateur, Luigi Marconi, de l’aider à aider des centaines d’Érythréens expulsés d’un immeuble à Rome.

    «Si j’ai été mis sur écoute en parlant à mon avocat, cela signifie que j’ai également été mis sur écoute en train de parler avec des évêques, des cardinaux, des employés du Saint-Siège et des ambassadeurs», a déclaré Zerai. «Où est l’état de droit ici? Et cela s’est produit alors que les gens continuaient de se noyer dans la mer.

    Des sauveteurs de Save the Children transfèrent des migrants d’Iuventa à leur propre navire lors d’une opération au large des côtes libyennes en septembre 2016
    Des sauveteurs de Save the Children transfèrent des migrants de l’Iuventa à leur propre navire lors d’une opération au large des côtes libyennes en septembre 2016. Photographie: Reuters / Alamy
    Le ministère italien de la Justice a annoncé cette semaine qu’il allait «mener d’urgence les enquêtes préliminaires nécessaires» sur les procureurs de Trapani à la suite d’informations selon lesquelles des journalistes couvrant la migration en Méditerranée avaient été enregistrés lors de conversations avec des sauveteurs et des sources confidentielles.

    Des groupes de journalistes ont décrit cette décision comme l’une des attaques les plus graves contre la presse de l’histoire italienne.

    L’une de ces journalistes, Nancy Porsia, a été enregistrée en conversation avec son avocate, Alessandra Ballerini, qui agit également pour la famille du doctorant de Cambridge, Giulio Regeni, qui a été enlevé et assassiné au Caire en 2016.

    Porsia a fait mettre son téléphone sur écoute pendant plus de cinq mois en 2017 par les procureurs de Trapani. Les enquêteurs ont également suivi ses mouvements à l’aide des données de géolocalisation de son téléphone portable.

    Ses conversations avec Ballerini qui sont transcrites dans les fichiers vus par le Guardian incluent l’avocat révélant des informations confidentielles sur un voyage au Caire dans lequel elle craignait pour sa sécurité, et Porsia disant à Ballerini qu’elle avait du mal à obtenir un visa pour la Libye en raison, elle a cru, à ses enquêtes sur le célèbre trafiquant d’êtres humains présumé et commandant des garde-côtes libyens Abd al-Rahman Milad, connu sous le nom de Bija.

    Porsia a également exprimé sa crainte d’être sous enquête après que la police l’ait convoquée à une réunion à Rome, mais Ballerini est entendue la rassurer, expliquant qu’ils ne l’auraient pas convoquée si tel avait été le cas. Elle lui dit de ne pas s’inquiéter car leur conversation téléphonique est couverte par le privilège du client.

    Les enquêteurs ont également secrètement enregistré les conversations du journaliste avec deux autres avocats, révélant leurs stratégies de défense dans deux autres procès en cours. Michele Calantropo, avocate de Medhanie Tesfamariam Berhe, réfugiée accusée dans une affaire d’identité erronée d’être l’un des trafiquants d’êtres humains les plus recherchés au monde, Medhanie Yehdego Mered, a été enregistrée demandant à Porsia de fournir des preuves en tant que témoin expert sur la dynamique. de trafic de personnes en Afrique du Nord.

    Des documents datés du 16 novembre 2017 montrent des procureurs enregistrant un appel téléphonique entre Porsia et l’avocate Serena Romano. À l’époque, Romano participait à un procès contre des conducteurs présumés de bateaux de migrants, dans lequel Porsia a été appelée à comparaître en tant que conseiller pour décrire le trafic de migrants. Les enquêteurs de Trapani écoutaient la stratégie de défense prévue entre l’avocat et Porsia et ont déposé la transcription.

    «Ces écoutes ont dû être arrêtées», a déclaré Calantropo au Guardian. «Ils n’ont aucune pertinence dans leur enquête, sans parler du fait qu’ils sont totalement interdits et violent la convention européenne des droits de l’homme.»

    Le procureur en chef par intérim de Trapani, Maurizio Agnello, a déclaré dans un communiqué: «En prévision de la conclusion des enquêtes ordonnées par le parquet général de Palerme et par l’inspecteur général du ministère de la Justice, à qui j’ai envoyé un rapport détaillé sur cette affaire. , Je pense qu’il est très opportun et responsable pour moi de ne pas participer à d’autres discussions sur cette question. »

    FR24News, 10 avr 2021

    Etiquettes : Italie, magistrats, journalistes, presse,

  • Les protestations se multiplient en Italie contre des écoutes des journalistes

    ROME (AP) – Des journalistes et des législateurs italiens ont protesté vendredi contre les écoutes téléphoniques de journalistes dans le cadre d’enquêtes sur le trafic de migrants et les groupes de secours humanitaire basés en Libye.

    Selon le quotidien italien Domani, parmi les conversations interceptées par les enquêteurs il y a quelques années figuraient des journalistes de médias italiens laïcs et catholiques et de la télévision d’Etat RAI.

    Primo Di Nicola, un sénateur du Mouvement 5 étoiles populiste qui fait partie d’une commission parlementaire de surveillance de la RAI, a déclaré qu’il avait proposé un projet de loi visant à protéger les journalistes contre les écoutes téléphoniques de leurs sources.

    Les enquêtes remontent à quelques années, à l’époque où d’anciens responsables du gouvernement italien sévissaient contre les navires humanitaires qui secouraient les migrants en Méditerranée centrale sur les bateaux en mauvais état des trafiquants.

    La Fédération nationale de la presse italienne, un syndicat de journalistes, a dénoncé les écoutes. Elle a exigé de savoir qui l’a autorisée et a déclaré que si l’objectif était de découvrir les sources des reporters, alors les droits professionnels des journalistes étaient violés.

    « Il serait très grave, si (les écoutes) étaient un moyen de révéler leurs sources. La protection des sources est à la base du travail des journalistes », a déclaré M. Di Nicola.

    Domani a déclaré que des centaines de pages de transcriptions de conversations téléphoniques font partie d’une enquête menée par les procureurs de Trapani, en Sicile, sur les activités des groupes de secours humanitaires. Les transcriptions, a-t-il dit, contiennent les noms des sources et des contacts.

    Il n’y a pas eu de commentaire immédiat de la part des procureurs italiens, qui ne parlent généralement pas des enquêtes en cours.

    Parmi les appels interceptés figure celui d’un journaliste du quotidien catholique italien Avvenire qui demandait à une source comment obtenir une vidéo montrant des violences à l’encontre de migrants en Libye, une base essentielle pour les passeurs qui lancent des bateaux bondés de migrants vers les côtes européennes.

    Nombre des canots pneumatiques ou des bateaux de pêche délabrés des trafiquants sombrent ou chavirent en mer. Au cours des dernières années, des navires de sauvetage opérés par des groupes humanitaires ont sauvé des milliers de migrants de la noyade.

    WBOC, 2 avr 2021

    Etiquettes : Italie, journalistes, presse, écoutes téléphoniques,

  • Chine: Déclaration du porte-parole sur le départ du correspondant de la BBC en Chine et la présence de journalistes étrangers dans le pays

    John Sudworth, correspondant de la BBC en Chine, a quitté le pays, ainsi que sa femme, Yvonne Murray, correspondante de RTE en Chine, et leur famille. Ce départ intervient après une longue période de harcèlement de la part des autorités à l’encontre de M. Sudworth et de ses collègues de la BBC, comprenant la surveillance, les menaces de poursuites judiciaires, l’obstruction, l’intimidation et la mise en ligne par les médias officiels de vidéos le désignant personnellement et utilisant des séquences vidéo de la police.

    Il s’agit du dernier cas en date de correspondants étrangers chassés de Chine en raison du harcèlement et des entraves constants à leur travail, qui s’ajoute à l’expulsion d’au moins 18 correspondants l’année dernière.

    L’UE a fait part à plusieurs reprises aux autorités chinoises de ses préoccupations concernant les restrictions de travail excessives imposées aux journalistes étrangers et le harcèlement dont ils feraient l’objet. Le professionnalisme et l’objectivité des correspondants étrangers sont de plus en plus remis en question.

    Les correspondants étrangers jouent un rôle important dans la transmission d’informations par-delà les frontières et contribuent à renforcer la compréhension mutuelle entre l’UE et la Chine.

    L’Union européenne continuera à défendre le rôle des médias indépendants et fiables dans le monde entier. L’UE est déterminée, dans le respect du droit international des droits de l’homme, à préserver la liberté et le pluralisme des médias, ainsi qu’à protéger le droit à la liberté d’expression en ligne et hors ligne, y compris la liberté d’opinion et la liberté de recevoir et de communiquer des informations sans interférence.

    L’UE demande à la Chine de respecter les obligations qui lui incombent en vertu du droit national et international et de garantir la liberté d’expression et de la presse, telle qu’elle est inscrite dans la constitution de la RPC et dans la déclaration universelle des droits de l’homme.

    EEAS, 2 avr 2021

    Etiquettes : Correspondant de la BBC, Chine,  John Sudworth, presse, harcèlement,

  • Maroc : Sit-in à Casablanca pour dénoncer l’arrestation du journaliste Soulaïman Raïssouni

    CASABLANCA – Le Comité de solidarité avec le journaliste marocain, Soulaïman Raïssouni, a organisé mardi un sit-in devant la Cour d’appel de Casablanca au Maroc, pour dénoncer son arrestation arbitraire depuis plus de dix mois dans une présumée affaire de « viol ».

    Le sit-in a été organisé devant la Cour d’appel de Casablanca où devait se tenir mardi le procès de Soulaïman Raïssouni, rédacteur en chef du quotidien indépendant, « Akhbar Al Youm », selon le Comité. Le procès a été reporté au 15 avril.

    Le journaliste est le troisième membre de l’équipe de ce journal à se faire appréhender de manière spectaculaire par la police, après Taoufik Bouachrine, le fondateur du quotidien, qui purge actuellement une peine de quinze ans de prison, et sa nièce et consœur Hajar Raissouni, arrêtée en août 2019, condamnée dans une présumée affaire d’avortement illégal et finalement graciée.

     » Tous les journalistes d’Akhbar al-Yaoum qui ont été arrêtés ces derniers temps l’ont été pour des affaires dites de  » mœurs « : Taoufik Bouachrine l’a été pour viol et trafic d’êtres humains , Hajar Raissouni pour avortement illégal et Soulaiman Raissouni pour attentat à la pudeur, avec violence et séquestration », a constaté l’ancien diplomate Ali Lmrabet, relevant que  » le régime de Mohammed VI a commencé à faire preuve ces dernières années d’une audacieuse métamorphose en matière de méthodologie pour faire taire les dernières voix qui osent le questionner ».

    Mercredi, des journalistes d’Akhbar Al Yaoum, ont organisé un sit-in devant le siège du quotidien à Casablanca pour dénoncer sa fermeture.

    Le journal qui a fait face à un boycott publicitaire a du fermer, privé des aides à la presse débloquées par le gouvernement pendant la crise sanitaire.

    Des ONG comme Amnesty International dénoncent régulièrement la « répression des voix critiques » au Maroc, citant notamment les cas de Soulaiman Raissouni et Omar Radi.

    Etiquettes : Maroc, Sit-in, Souleymane Raïssouni, Casablanca, presse, journalistes,

  • Maâti Monjib accuse la « police politique » marocaine d’avoir « fabriqué » des accusations contre lui

    RABAT – « Les accusations portées contre moi sont fabriquées par la police politique », a déclaré l’historien et défenseur des droits de l’Homme marocain Maâti Monjib à sa sortie de prison après avoir bénéficié d’une mise en liberté provisoire.

    « La raison directe de mon arrestation est un article intitulé +Une structure secrète menace la sécurité des Marocains+ », a affirmé l’intellectuel emprisonné en décembre dernier pour « fraude » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ».

    La « structure secrète » dont il est question, a-t-il expliqué, est formée « d’officiers de la sécurité, d’hommes politiques, de quelques membres du système judiciaire auquel ils sont étrangers, à l’origine, ainsi que des journalistes. Ils coordonnent leurs efforts pour terroriser la classe politique et la société civile marocaine ».

    Maâti Monjib a promis, en outre, de profiter de la période de sa mise en liberté provisoire pour « militer en vue de la libération des autres détenus d’opinion », citant les noms d’intellectuels emprisonnés récemment mais également ceux de militants du Hirak marocain.

    L’historien marocain a été jugé et condamné en même temps que six militants et journalistes. Le 4 mars courant, il avait entamé une grève de la faim exigeant sa mise en liberté, ce qui a fortement fragilisé son état de santé.

    En janvier dernier, un comité de soutien créé pour défendre Maâti Monjib avait entamé des démarches pour recruter une équipe internationale d’avocats pour appuyer la défense de l’intellectuel au Maroc, engager des procédures en France et au niveau international.

    Il y a quelques jours, Maâti Monjib qui détient également la nationalité française, avait fait déposer une plainte à Paris contre les autorités marocaines. Celles-ci sont accusées de « harcèlement moral », de « mise en danger de la vie d’autrui » et « d’atteinte à la liberté individuelle par des personnes exerçant une fonction publique ».

    L’intérieur sous la coupe de la DST et la DGED

    Les propos tenus par l’historien, à sa sortie de prison, ont fait réagir le ministère de l’Intérieur marocain qui a critiqué « les déclarations irresponsables » du dénommé Maati Monjib.

    Dans un communiqué rendu public le lendemain de la libération de Monjib, le ministère de l’Intérieur a nié catégoriquement l’existence « d’une structure secrète menaçant la sécurité des Marocains ». Le ministère s’est évertué à critiquer le militant des droits de l’Homme qu’elle a accusé de vouloir ternir l’image du Maroc au niveau international.

    De son côté, l’opposant marocain, Ali Lmrabet a vertement critiqué le communiqué du ministère de l’Intérieur aussi bien sur la forme que sur le fond.

    « Le ministère de l’Intérieur s’en prend au « dénommé » Maâti Monjib, l’accuse « d’irresponsabilité » et de porter atteinte à « l’image » du Maroc.

    Pourtant, s’il y a un « dénommé », c’est bien ce ministère qui est sous la coupe de la police politique (DST et DGED) », a-t-il affirmé jeudi dans un tweet.

    « Pourquoi la police politique s’est fâchée et a « télécommandé » le ministère de l’Intérieur? Parce que Monjib a parlé d’une structure secrète formée de flics, de juges et de journalistes qui élaborent des dossiers et des persécutions contre les dissidents », a-t-il ajouté.

    Interpellé le 29 décembre 2020 dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « blanchiment de capitaux », l’intellectuel a parallèlement été condamné à un an de prison le 27 janvier pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’Etat » au terme d’un procès ouvert en 2015.

    En janvier dernier, l’ONG de défense des droits de l’Homme, Amnesty international avait appelé , à la libération « sans condition » de l’historien.

    « Les autorités marocaines doivent libérer immédiatement et sans condition le défenseur des droits humains Maâti Monjib et abandonner toutes les accusations portées contre lui, y compris celles qui découlent d’un précédent procès en cours depuis 2015, en relation avec son travail sur la liberté d’expression », avait indiqué l’ONG dans un communiqué.

    Amnesty International avait affirmé aussi que « les accusations portées contre lui sont liées à des activités protégées par le droit à la liberté d’association qui ne justifient ni poursuites ni placement en détention ».

    Maâti Monjib a également bénéficié du soutien d’une vingtaine d’ONG tunisiennes des droits de l’Homme et auxquelles il a rendu hommage à sa sortie de prison.

    Tags : Maroc, Maati Monjib, répression, presse, journalistes, Makhzen, DST, DGED, services secrets,

  • Le Maroc estime que l’historien Maati Monjib «porte atteinte à l’image du royaume»

    Le ministère marocain de l’Intérieur a accusé, mercredi 24 mars dans la soirée, l’historien franco-marocain Maati Monjib de «porter atteinte à l’image du royaume en matière des droits de l’Homme» avec des «déclarations irresponsables» faites à sa sortie de prison.

    «Ces manœuvres abjectes ne sauront dissuader les institutions de l’État de poursuivre l’application correcte et ferme des dispositions juridiques à l’encontre de tous ceux qui croient bénéficier de l’immunité juridique pour le simple fait qu’ils détiennent la double nationalité», a averti le ministère dans un communiqué.

    Incarcéré depuis trois mois pour des accusations de fraude, le défenseur des droits humains a été remis en liberté provisoire mardi 23 mars sur décision du juge d’instruction, après 19 jours de grève de la faim. À sa sortie de prison, l’intellectuel connu pour ses critiques ouvertes contre le pouvoir a affirmé que son arrestation était liée à un article récent intitulé «l’infrastructure secrète qui menace la sécurité des Marocains» dans lequel il évoquait notamment «l’État parallèle» qui «cible» les militants au Maroc.

    «Les accusations contre moi sont fabriquées par la police politique maintenant que je jouis de la liberté provisoire, je vais militer pour la libération des autres détenus» d’opinion, a déclaré le sexagénaire, visiblement amaigri mais toujours combatif. Le ministère de l’Intérieur a «réfuté catégoriquement» ces «allégations tendancieuses» dans son communiqué. Monjib «a porté atteinte aux institutions de l’État», en évoquant «de mauvaise foi et loin de la réalité des concepts comme la « police politique », la « sécurité politique » et « l’existence d’une structure secrète menaçant la sécurité des Marocains »», dit ce texte.

    Les propos de l’historien ont été largement partagés sur les réseaux sociaux et sa libération a été saluée par ses soutiens au Maroc et à l’étranger : l’ONG Human Rights Watch a notamment appelé à «rester vigilants, car ce n’est pas fini», tandis que RSF demandait «l’abandon de toutes les poursuites iniques lancées contre des journalistes au Maroc». Monjib, 60 ans, avait été interpellé fin décembre dans le cadre d’une enquête préliminaire pour «blanchiment de capitaux», une arrestation «abusive», selon lui.

    Le Figaro, 285 mars 2021

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