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  • Algérie. Presse : un secteur gangrené

    Algérie. Presse : un secteur gangrené

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    S’il y a un dossier qui ne veut pas curieusement voir le bout du tunnel, c’est bien celui des médias. Que de conférences, que de regroupements, que de groupes de travail, que de promesses n’a-t-on pas vu autour de ce dossier qui ne veut toujours pas évoluer dans le bon sens et qui continue encore à être soumis à toutes sortes de triturations sans raisons convaincantes.

    Il y a, à tout considérer, des parties occultes que l’assainissement de ce secteur semble grandement déranger et qui veulent à tout prix maintenir le statu quo. La manne publicitaire et l’off-shore audiovisuel qui profitent depuis des années à certains ne sont pas étrangers à cet état de fait. Des parties nourries jusqu’à la moelle par la publicité étatique font tout pour faire saborder les réformes promises et engagées par le Président Tebboune.

    L’argent sale et le gain facile qui ont gangrené depuis des années le milieu de la presse est, semble-t-il, toujours en action ! Sinon comment expliquer ces multiples ajournements pour la promulgation de la nouvelle loi organique relative à l’information et la dotation de la profession de journaliste d’un statut particulier qui définit les conditions d’exercice de la profession et les droits et devoirs y afférents ? Il y a à n’en pas douter des forces qui bloquent toute velléité de réformes du secteur ! Depuis des lustres, on parlait d’opérer un coup de balai pour écarter du secteur les parasites et les forces externes à l’information, on clamait que les jours des chaînes de télévision offshore sont comptés, on promettait de mettre fin à ceux qui tirent les ficelles dans la distribution de la publicité publique, on jurait de promouvoir la liberté de presse et la dignité professionnelle…mais à ce jour c’est toujours le statu quo.

    Rien ne semble vouloir changer et en toute apparence ce n’est pas pour demain que cela se fera. Les forces qui bloquent les réformes du président Tebboune et se complaisent de cette situation sont tellement puissantes qu’elles empêcheront toute avancée dans l’assainissement du secteur. Le code de l’investissement avec toute sa complexité a fini par être adopté, mais pas le code sur l’information. C’est à croire que son élaboration ressemble à un voyage sur Mars.

    Le statut quo que veulent maintenir des « réseaux d’influence et d’allégeance » ne peut s’expliquer que par la volonté de brasser encore et encore l’argent de la manne publicitaire. Le fait que le président de la république ait ordonné lors du dernier Conseil des ministres de domicilier les chaînes de télévision à contenu algérien avant la fin de l’année en cours afin de lutter contre le transfert illicite de devises de manière déguisée, en dit long sur les forces qui profitent du statu quo et c’est l’image de la République qui en prend un autre coup.

    « La seule chose qui permet au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien », disait Edmund Burke. Malheureusement chez nous les hommes de bien sont sanctionnés. Le manque de visibilité et l’injustice dans le secteur des médias sont tels que la moindre action de bien est systématiquement brisée.

    L’Express, 01/09/2022

    #Algérie #Presse #Journaux #Médias

  • Algérie: Les derniers jours d’un canard condamné à mort

    Algérie: Les derniers jours d’un canard condamné à mort

    Algérie, Le Quotidien d’Oran, presse, journaux, Oranie,

    C’est du journal Le Quotidien d’Oran que je veux parler.

    Pendant 28 années, ce journal né dans la douleur des années folles, fut le sérieux rival des grands quotidiens nationaux, la belle vitrine de l’Oranie, le meilleur espace d’échange et d’information de l’ouest, l’agora qui réunissait les meilleurs plumes qui s’expriment en français- et, je le redis à mes risques et périls: dans ce pays, c’est en français que s’expriment les meilleures idées, les idées les plus modernes, les plus révoltées- Il fut la chance pour certains d’exprimer à grande échelle ce qu’il pensent, et pour d’autres une vraie rampe de lancement. Je lui dois, quant à moi, l’honneur de m’avoir reçu et ouvert ses pages à maintes reprises pour exprimer et partager quelques modestes pensées.

    Tout bouge à la vitesse de l’intelligence artificielle. L’ancien temps passe, le nouveau temps s’installe. Notre grand journal se meurt.

    Il ne peut pas échapper à ce qui devient une fatalité, à la maladie du siècle qui frappe partout le papier et qui est en train d’exterminer tout les canards qui ne sont pas soutenus par des états totalitaires ou par des capitaux à la Vincent Boloré: manipulateurs des consommateurs et faiseurs d’opinions.

    Après la mort des autres grands, il tente comme il peut de glaner quelques mois ou quelques semaines. Il vit chichement. Il perd du poids. Il se réduit comme une peau de chagrin. Il maigrit comme un cancéreux. Son corps chétif n’est constitué que de 16 pages d’un papier de mauvaise qualité, de feuilles presque mortes, minces comme du papier à tabac.

    Le Quotidien d’Oran est une société commerciale. Une SPA. Au-delà d’informer, sa raison d’être c’est faire des bénéfices. Il ne peut pas vivre autrement. C’est de ces bénéfices qu’il se nourrit et c’est eux qu’attendent les actionnaires.

    D’où proviennent donc ses ressources ?

    En général les ressources d’un journal proviennent de la publicité et de l’abonnement quand il est vertueux, et du chantage quand il est vicieux ( oui ils existent des journaux qui font du chantage, je viens de le lire sous la plume de Marcel Pagnol dans Topaze). Ce chantage pouvant être payé en espèces comme pouvant être payé en nature, par voie d’attribution d’annonces publicitaires surfacturées.

    Feuilletez l’édition d’aujourd’hui ou consultez-la en ligne. Vous serez étonnés de constater que mêmes les morts l’ont déserté (plus d’espace nécrologique) et que ce grand journal n’a bénéficié que d’un petit encart publicitaire, provenant d’un commissaire priseur annonçant une saisie-exécution, inséré en bas de la mi-page réservée aux annonces classées, qui, tous réunis, n’assurent qu’une pitance de misère. Pas de quoi nourrir le gros ventre d’une SPA.

    Ce matin, au tour d’un café avec un ami journaliste, chacun son journal à la main, on a parlé du sujet et on a comparé nos deux journaux. Le sien était gros et plus gras et le mien cadavérique. Pourtant, de journal il n’a que le titre son canard boiteux, très boiteux.

    Pour sa défense, l’ami journaliste tenait à préciser qu’en raison de la récession économique qui frappe le pays et de la faillite subséquente de presque toutes les entreprises qui pèsent, le marché publicitaire qui faisait la fortune de la presse est devenu presque nul, et donc insuffisant pour satisfaire un grand nombre de Gargantua, et que dans ces conditions, pour survivre disait-il d’une façon narquoise, il faut s’adapter, c’est-à-dire ou tu marches à plat ventre tu crèves debout. Le Quotidien, comme les autres quotidiens dignes, crève debout.

    À sa logique imparable, je n’ai rien trouvé à redire. Sauf conclure qu’en ses temps tristes, quand on croit s’habiller de vertu, c’est en réalité de linceul qu’on s’entoure.

    Mekideche A.
    Bel-Abbès Info, 16 August 2022

    #Algérie #Quotidien_d_Oran #Presse #Oranie #Journaux

  • Maroc. Chut ! Le roi Mohamed VI est-il malade ?

    Maroc. Chut ! Le roi Mohamed VI est-il malade ?

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    Au Maroc, la santé du roi est l’ultime tabou. En parler, un blasphème. Mais depuis quelques temps, ses apparitions à la télévision suscitent des inquiétudes et quelques discrets commentaires

    Tout le monde en parle au Maroc, mais toujours mezzo voce. Les plus téméraires murmurent que le roi a pris du poids, beaucoup de poids, et que les soucis des affaires l’éloignent malheureusement des sports qu’il affectionne, dont celui de chevaucher des scooters de mer, hobby qui lui a valu au début se son règne le sobriquet de «Sa Majetski» par l’humoriste Bziz.

    Son apparition dans la province de Nador où il inaugurait des installations sportives a créé le buzz sur les réseaux sociaux et dans la presse éléctronique indépendante. «L’image est déroutante pour un roi qui n’a pas 50 ans» note un facebooker : on le voit marcher s’aidant d’une béquille.

    «Auparavant, nous avions peur du roi, aujourd’hui nous avons peur pour lui», l’expression qui avait fleuri lors de son accession au trône en 1999 pour expliquer l’affection d’un peuple pour un jeune monarque que l’on disait humaniste et fragile à contrario de son père Hassan II, un dictateur aussi fascinant que craint, est subitement revenue aux devants de la scène commente la presse locale qui a publié la photo du roi éclopé.

    Il y a quelques mois, après son discours du Trône, sur une terrasse de café à Rabat deux journalistes évoquaient le même sujet à bâtons rompus:

    -«Tu as suivi le discours de roi?»

    -«Oui, mais c’est son état physique qui a retenu le plus mon attention. Il a l’air malade, tu ne trouves pas?»

    -«Chut! Ne dis pas ça. Sa Majesté n’est pas malade, il est en petite forme, c’est tout».

    «Il a l’air bizarre… »

    Sur les forums des réseaux sociaux, même discrétion quand la question est abordée. Et il faut dire que malgré son caractère sensationnel, elle n’attire pas les foules. Sur celui de Bladi, le débat reste confiné à des souhaits de prompt rétablissement au monarque.

    Un internaute se risque à faire son propre diagnostic : «Il à l’air bizarre, de petits yeux mi-clos, le visage bouffi et ce rictus si visible doublé d’une respiration haletante…».

    D’autres comparent son image cathodique avec la sveltesse qu’il affichait lors de son intronisation en juillet 1999.

    Mais treize années ont passé et beaucoup l’oublient tant la communication du régime, surtout à l’adresse des médias étrangers, insiste encore et toujours sur le « nouveau règne ».

    En 2008, le journaliste espagnol Pedro Canales ouvrait le bal des supputations en affirmant dans les colonnes d’El Imparcial que Mohamed VI avait subi une opération chirurgicale en France, une allégation jamais confirmée et surtout vivement démentie par la presse officielle qui y voyait «une tentative de destabilisation orchestrée de l’étranger».

    En juillet 2009, pour le dixième anniversaire de son accession au trône, le roi démentait une quelconque faiblesse physique et affichait encore les traits juvéniles de ses débuts de règne.

    Le roi Mohammed VI en juillet 2009


    Mais en novembre de la même année, le changement devient, pour nombre d’observateurs, subitement palpable.

    Le roi Mohammed VI en novembre 2009


    Que s’est-il passé entre les deux images?

    «Quelques médias français m’ont informé que Mohamed VI souffre d’une insuffisance rénale ou une maladie de foie qui l’oblige à se déplacer régulièrement en France» affirmait, encore lui, le journaliste d’El Imparcial, évoquant même une maladie incurable. Mais là encore, il était bien seul à affirmer de telles assertions.

    Mohammed VI en 2021


    Pedro Canales réagissait à un communiqué de la Maison royale qui annonçait fin août 2009 que le monarque, 46 ans à l’époque, avait été placé en convalescence de cinq jours pour une «infection» qui ne présente «aucune inquiétude sur sa santé».

    «Sa Majesté le roi Mohamed VI […] présente une infection à rotavirus avec signes digestifs et déshydratation aiguë nécessitant une convalescence de cinq jours», avait indiqué le communiqué signé par le Pr. Abdelaziz Maaouni, médecin personnel du roi et directeur de la clinique du Palais royal.

    «La maladie annoncée dans la déclaration est simplement le résultat d’une maladie chronique» renchérissait El Imparcial qui dans un article alarmant faisant état d’une vive inquiétude des milieux diplomatiques et pronostiquait même une régence imminente. L’article, comme celui de 2008 avait provoqué une levée de boucliers contre son auteur.

    «Des problèmes pulmonaires»

    «Au Maroc, on ne communique pas sur l’état de santé du roi Mohammed VI. Ses visites répétées en France dont beaucoup soufflaient le but chirurgical? De simples « vacances » avaient rectifié les autorités marocaines. Le souverain souffrirait de problèmes pulmonaires» écrivait L’Express en 2010 dans un diaporama consacré à «ces dirigeants rongés par la maladie»

    «Son père, le roi Hassan II, souffrait de la maladie de Crohn, une inflammation de l’intestin grêle. Ses malaises intestinaux, soignés par des médecins américains, étaient dissimulés sous le terme de « bronchites ». Il meurt en 1999, après 38 ans de règne» ajoutait L’Express dans le même dossier.

    Une presse échaudée par la censure

    Le bulletin de santé du roi annonçant son «infection à rotavirus», une première au Maroc, a eu des incidences bien plus dommageables sur la presse locale qui, profitant de cette transparence inédite a tricoté sur l’information, oubliant que parler de la santé du roi peut nuire gravement.

    Le lendemain de la diffusion du communiqué de la Maison royale, le quotidien casablancais Al Jarida Al Oula, aujourd’hui disparu, citant une source «médicale anonyme», proposait une version sensiblement différente et affirmait que «l’origine du rotavirus contracté par le roi serait dû à l’utilisation de corticoïdes contre l’asthme et qui sont responsables du gonflement du corps et de la diminution de l’immunité». La presse marocaine, dans son ensemble avait largement commenté ce qui allait devenir «l’affaire rotavirus».

    En une semaine, dix journalistes de trois publications ont été entendus par la police, tous accusés de «publication malintentionnée d’une fausse information» et «allégations et faits non véridiques».. Cinq d’entre eux seront inculpés dont trois seront condamnés à une peine privative de liberté.

    Peu de temps plus tard, lorsque la presse française annonçait que le prince Moulay Rachid, frère cadet du roi, avait été «hospitalisé à Paris dans un état sérieux», leurs confrères marocains ont, dans leur grande majorité, préféré regarder ailleurs.

    Avec l’émergence des médias électroniques qui échappent tant bien que mal à la censure, l’évocation de la santé du roi revient parfois aux devants de la scène, comme l’a fait Demain online en commentant la génuflexion pénible de Mohamed VI durant sa prière.

    Mais pour la plupart des journalistes, «la petite forme» du roi, avérée ou pas, se résume à quelques chuchottements dans les cafés.

    Pourtant, quand on scrute cette dernière vidéo, on a le droit de se poser de sérieuses questions.

    Demain online via OIPID

    #Maroc #Mohammed_VI #Maladie_du_roi #Santé_du_roi

  • Maroc: Comment le régime a tué le journalisme indépendant

    Maroc: Comment le régime a tué le journalisme indépendant

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    Sale tours : comment le système de répression bien huilé du Maroc opère pour écraser le journalisme indépendant

    Abdellatif El Hamamouchi

    États du journalisme : les dirigeants répressifs du Maroc emploient des tactiques sournoises dans leur désir d’éliminer toute dissidence ou critique dans le royaume et de combattre le journalisme indépendant et l’activisme des droits de l’homme, explique Abdellatif El Hamamouchi.

    Le 28 juillet 2022, Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport accablant documentant les méthodes trompeuses et tordues par lesquelles le régime marocain réduit au silence et incarcère les militants des droits humains et les journalistes indépendants qu’il considère comme des opposants. Le rapport de 99 pages explique en détail la méthodologie utilisée par les autorités marocaines pour écraser leurs détracteurs.

    L’un des principaux piliers de ce système repose sur la fabrication d’accusations criminelles contre des militants dissidents et des journalistes critiques afin de leur infliger de longues peines de prison. Ces condamnations seront prononcées à l’issue de procès inéquitables qui n’ont pas respecté les normes fondamentales qui doivent être respectées conformément aux lois et à la constitution du Maroc.

    Les nombreuses faiblesses procédurales – selon le rapport – comprenaient la détention provisoire prolongée sans justification ; empêcher les accusés d’accéder à leurs dossiers pendant de longues périodes ; refusant les demandes de la défense d’entendre et d’interroger des témoins ; et prononcer des peines aux accusés emprisonnés en leur absence après que la police ne les a pas amenés au tribunal pour assister à leurs propres procès.

    « Le 28 juillet 2022, Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport accablant documentant les méthodes trompeuses et tordues par lesquelles le régime marocain réduit au silence et incarcère les militants des droits humains et les journalistes indépendants qu’il considère comme des opposants »

    Le 31 août 2019, six policiers en civil ont arrêté Hajar Raissouni, journaliste du journal Akhbar al-Youm, dans une rue de Rabat, quelques minutes seulement après avoir quitté un rendez-vous dans une clinique d’obstétrique-gynécologie. La police a renvoyé Hajar à la clinique et l’a accusée d’avoir subi un avortement illégal, ce qu’elle a nié.

    Hajar a ensuite été emmenée à l’hôpital Ibn Sina de Rabat, où elle a été soumise à un examen gynécologique forcé sans son consentement, équivalant à des violences sexuelles et à des traitements cruels, inhumains et dégradants au regard des normes internationales relatives aux droits humains, comme le précise HRW.

    Le tribunal a accusé Hajar d’avortement et de relations sexuelles hors mariage et l’a condamnée, ainsi que son fiancé, à un an de prison. Le médecin responsable de la clinique a été condamné à deux ans. En raison de l’énorme tollé que ce verdict a provoqué tant au Maroc qu’à l’étranger, le 16 octobre 2019, elle, son fiancé et le médecin ont tous reçu une grâce royale du roi.

    Selon Hajar, la plupart des questions que lui ont posées les policiers lors de son arrestation n’avaient aucun rapport avec les accusations portées contre elle. Au lieu de cela, ils se sont principalement concentrés sur ses oncles – le savant religieux Ahmed Raissouni et le journaliste Sulaimane Raissouni : tous deux critiques connus de la monarchie. Ce dernier, ancien rédacteur en chef d’Akhbar Al-Youm, a également été arrêté après avoir été accusé d’ »agressions sexuelles » à la suite d’une campagne médiatique de diffamation à son encontre, et a été condamné à cinq ans de prison.

    En fait, il a passé huit mois en prison sans qu’aucune accusation ne soit portée contre lui, et il n’a été autorisé à voir l’accusation formelle que 11 mois après son emprisonnement. La plupart des organisations de défense des droits humains demandent sa libération et l’ouverture d’une enquête sur les violations de la loi qui se sont produites dans son cas.

    En enquêtant sur plusieurs exemples et en examinant 12 affaires judiciaires, le rapport de HRW montre qu’il y a eu un changement radical dans le type d’accusations portées contre les détracteurs du régime. Dans le passé, les autorités accusaient les militants dissidents d’ »insulter les symboles du royaume » et de « porter atteinte à la sécurité de l’État ». Aujourd’hui, la plupart des accusations portent sur des « relations sexuelles consensuelles », ou des accusations fabriquées de toutes pièces de viol, de traite des êtres humains, d’agression sexuelle et de blanchiment d’argent.

    « Par le passé, les procès politiques » donnaient un statut accru aux dissidents marocains, les transformaient en héros et mobilisaient l’opinion publique autour d’eux. S’ils sont considérés comme des traîtres, des voleurs et des violeurs, c’est une meilleure façon de les faire taire »

    Il est convenu à l’unanimité par de nombreuses grandes organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, Reporters sans frontières et le Comité pour la protection des journalistes, que ces accusations sont fabriquées de toutes pièces et visent principalement à diffamer la cible : la discréditer et l’isoler de support public.

    Dans cette veine, l’historienne et journaliste Maati Monjib estime que par le passé, les procès politiques « ont valorisé les dissidents marocains, les ont transformés en héros et ont mobilisé l’opinion publique autour d’eux. S’ils sont considérés comme des traîtres, des voleurs et des violeurs, c’est un meilleur moyen de les faire taire ».

    Dans sa guerre contre la liberté de la presse, d’expression et d’opinion, le régime marocain s’appuie également sur la « militarisation » des médias. Les journaux et les médias pro-régime lancent des campagnes de diffamation concertées contre des journalistes et des militants ciblés, les accusant d’être des « traîtres à la patrie », de « chercher à déstabiliser le pays » et de « communiquer avec des États étrangers ».

    Souvent, la « presse diffamatoire », comme l’ont surnommée les militants marocains, tentera de faire chanter des cibles en menaçant de publier des images et des vidéos sexuellement compromettantes d’elles, qui sont souvent fabriquées.

    En décembre 2020, le site Internet de Chouf TV (une chaîne qui se vante de ses liens étroits avec le régime) a publié des photos et des vidéos sexuellement explicites de Mohamed Ziane (79 ans) – ancien ministre marocain des droits de l’homme et chef du barreau de Rabat, dans l’entreprise de l’ancien policier Ouahiba Khourchech. Khourchech était connue pour avoir critiqué les services de sécurité, après avoir été victime d’intimidations répétées après avoir protesté contre le harcèlement de son patron au travail. Ziane a déclaré que la vidéo était truquée et que son objectif principal semblait être de faire pression sur lui et Khourchech pour qu’ils cessent de critiquer le régime.

    En février 2020, un inconnu a envoyé six courtes vidéos via Whatsapp à plusieurs proches de Fouad Abdelmoumni, le militant pour la démocratie et ancien chef de la branche marocaine de Transparency International (connu pour ses critiques du palais royal). Ces vidéos comprenaient des scènes intimes entre Abdelmoumni et sa fiancée. Abdelmoumni a déclaré que les caméras qui avaient enregistré les vidéos avaient été placées à l’intérieur des unités de climatisation de la chambre et du salon de son appartement.

    La diffamation dans les médias accroît l’autocensure chez de nombreux journalistes et écrivains et sème la peur parmi la communauté des défenseurs des droits humains, qui la considère comme un avertissement. La cible a deux options face à une campagne de diffamation. Ils peuvent continuer à critiquer le régime et écrire librement, augmentant ainsi le risque d’arrestation sur de fausses accusations, une intensification de la campagne de diffamation et des violations flagrantes de leur droit à la vie privée ; ou ils peuvent cesser d’exprimer leurs opinions de manière permanente, en compromettant leurs positions pour s’aligner sur ce qui est jugé acceptable par le régime au pouvoir afin d’éviter toute action pouvant conduire à l’emprisonnement ou à l’atteinte à la réputation.

    « Le régime répressif du Maroc ne se limite plus aux outils classiques de répression dans sa guerre contre les journalistes indépendants et les militants de l’opposition. Au lieu de cela, il a adopté des méthodes similaires à celles utilisées par l’ancien dictateur tunisien Zine El-Abidine Ben Ali – basées sur la fabrication de produits sexuels et charges financières et salir des individus en utilisant sa presse diffamatoire pro-régime »

    Le gouvernement autoritaire du Maroc utilise également la surveillance numérique pour pirater les téléphones des journalistes et des militants, et le logiciel espion Pegasus (produit par le groupe israélien NSO) en est un exemple. Le cyberware peut écouter les appels, obtenir des mots de passe, lire des messages texte et des e-mails, ainsi que pirater des caméras, des microphones et suivre des emplacements.

    Selon les enquêtes d’Amnesty International, Forbidden Stories et les recherches du Citizen Lab de l’Université de Toronto, le Maroc a utilisé Pegasus pour espionner des dizaines de journalistes et de militants de la société civile ; les plus éminents d’entre eux Hajar Raissouni, Fouad Abdelmoumni, Sulaimane Raissouni, Omar Radi, Taoufik Bouachrine, Abou-Bakr Jamai, Maati Monjib, Hassan Benajeh et l’auteur de cet article.

    En résumé, le rapport souligne comment le régime répressif du Maroc ne se limite plus aux outils classiques de répression dans sa guerre contre les journalistes indépendants et les militants de l’opposition. Au lieu de cela, il a adopté des méthodes similaires à celles utilisées par l’ancien dictateur tunisien Zine El-Abidine Ben Ali – basées sur la fabrication d’accusations sexuelles et financières et la diffamation d’individus en utilisant sa presse de diffamation pro-régime, afin de répandre une peur débilitante du régime parmi les des voix prestigieuses et indépendantes.

    The new arab, 10/08/2022

    #Maroc #Presse #Journalisme_indépendant

  • Maroc. La liberté de la presse, dans son pire moment

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    Le 30 juillet, le Maroc a célébré le 23e anniversaire de l’accession au trône de son monarque, Mohammed VI, lors d’un événement connu sous le nom de « fête du trône ». Reporters sans frontières (RSF) dénonce que la situation des médias dans le pays est la pire depuis que le mandataire est devenu roi en 1999. L’organisation demande aux autorités de libérer les journalistes emprisonnés et d’abandonner toutes les poursuites judiciaires en cours contre eux.

    « Le retour aux pratiques des années les plus sombres du Maroc est inquiétant et inacceptable « , déclare Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord. « Cela contredit l’image respectable que le gouvernement se plaît à donner au monde et, surtout, cela va à l’encontre des aspirations légitimes des Marocains à exercer efficacement leurs libertés, y compris celle de la presse . Nous exigeons des autorités qu’elles libèrent les journalistes emprisonnés, annulent leurs condamnations, notamment celles de Souleiman Raissouni et d’Omar Radi, et abandonnent toutes poursuites judiciaires en cours . »

    La liberté de la presse est plus précaire aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été depuis l’époque la plus oppressive du roi Hassan II. Trois journalistes ( Taoufik Bouachrine , Souleiman Raissouni et Omar Radi ) sont actuellement en prison. Officiellement, ils ont été emprisonnés pour des crimes non politiques, mais la réalité est qu’ils ont été persécutés pour leur travail de journalistes, car le ton indépendant et critique de leur journalisme déplaît aux autorités.

    Le rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Yaoum , désormais fermé , Bouachrine , purge une peine de 15 ans de prison (confirmée par la Cour de cassation en septembre 2021) pour traite des êtres humains, abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de râpé. Il a toujours nié ces accusations, que sa défense a qualifiées de nouvelle tentative de pression sur son journal. Bouachrine avait déjà été poursuivi en 2009 pour une caricature jugée irrespectueuse envers la famille royale et le drapeau marocain ; en 2015 pour un article portant atteinte à « la réputation du Maroc » ; et en 2018 pour « diffamation » de deux ministres.

    Journalistes soutenus par RSF et des ONG de défense des droits humains

    Les cas de Raissouni et de Radi sont les plus emblématiques de la situation dramatique dans laquelle se trouvent les journalistes indépendants au Maroc. Raissouni a été condamné à 5 ans de prison par un tribunal de Casablanca, en juillet 2021, à l’issue d’un procès marqué par des irrégularités flagrantes. Sa condamnation (basée sur une accusation manifestement fausse d’agression sexuelle qu’il a toujours niée) a été confirmée en appel en février 2022. Assisté de RSF et d’autres organisations de défense des droits de l’homme, il attend la décision de son appel devant la Cour de justice.

    Lorsque Raissouni a été soudainement transféré à la prison d’Ain Borja en mai, les gardiens ont déchiré nombre de ses notes et de ses livres et, à son arrivée dans la nouvelle prison, il a été placé à l’isolement. RSF a réagi en condamnant les méthodes qui avaient une nouvelle fois violé les droits d’un journaliste emprisonné.

    Journaliste d’investigation et défenseur des droits humains bien connu qui a déjà purgé deux ans de détention, Radi purge une peine de six ans pour des accusations de viol et d’espionnage qui ont été confirmées en appel le 4 mars. Son collègue, Imad Stitou , a été condamné à 12 mois de prison (dont 6 n’ont pas entraîné son entrée en prison) dans le cadre de l’affaire de viol, mais il a évité la peine en fuyant le Maroc 4 mois avant que la peine ne soit confirmée. Stitou est convaincu que la seule raison pour laquelle il a été condamné est son refus de céder aux pressions policières pour témoigner contre Radi.

    Accaparement des terres et corruption

    Emprisonné une première fois en décembre 2019 pour avoir critiqué la décision d’un juge d’emprisonner des participants aux manifestations dites du « Hirak » dans la région du Rif (nord du Maroc) en 2016 et 2017, Radi est dans le collimateur de la monarchie depuis des années. Selon sa famille et ses collègues, les autorités ne lui ont jamais pardonné ses opinions exposées dans les médias et les réseaux sociaux durant les deux années précédant son arrestation.

    Il a également réalisé des rapports d’enquête sur la confiscation de terrains publics par des spéculateurs et mis au jour le scandale de corruption des soi-disant « serviteurs de l’État » dans lequel une centaine de personnes étaient impliquées, dont des hauts fonctionnaires.

    En décembre 2019, il est libéré quelques jours après avoir été arrêté grâce aux pressions de RSF et de nombreuses autres organisations, et est finalement condamné à 4 mois de prison, ce qui n’entraîne cependant pas son incarcération. Cependant, la persécution ne s’est pas arrêtée. En juin 2020, Amnesty International a signalé que les autorités marocaines avaient utilisé Pegasus, le logiciel espion commercialisé par la société israélienne NSO Group, pour pirater le mobile de Radi et surveiller ses activités. Le mois suivant, le journaliste est allé en prison pour la deuxième fois.

    Une campagne est menée tant au Maroc qu’à l’étranger pour obtenir la libération de Raissouni et Radi , qui ont toujours insisté sur le fait qu’ils étaient persécutés pour leurs opinions et la pratique du journalisme, y compris la couverture des troubles sociaux et de la corruption dans le pays. Dans le cas de Raissouni, il semble que ce soit sa critique de la domination de la monarchie dans l’économie qui ait le plus offensé les autorités.

    D’autres journalistes marocains ont fait preuve d’un grand courage face à un régime qui ne tolère aucun média indépendant. Le dernier bel exemple en date est celui de Hanane Bakour , qui est dans le collimateur du gouvernement depuis un certain temps et qui a reçu une convocation au tribunal le 27 juin, juste après que le parti du Premier ministre Aziz Akhannouch, le RNI, ait porté plainte contre elle pour un post sur Facebook. . La journaliste utilise régulièrement ses réseaux sociaux pour critiquer les décisions économiques du Gouvernement et. à l’aide de hashtags, qualifier d’antisociales les mesures du Premier ministre. RSF a qualifié cette convocation d’intimidation judiciaire inacceptable.

    Processus sans fin

    Deux autres journalistes, Ali Anouzla et Maati Monjib , ont fait l’objet de longues poursuites judiciaires, bien qu’aucun des deux ne soit actuellement en détention. Anouzla est harcelée pour avoir enquêté sur le budget de la monarchie et les dépenses de la famille royale. A la suite de ses posts sur ce sujet tabou, des accusations absurdes de soutien à des « mouvements terroristes » ont été portées contre lui . RSF suit son dossier de près depuis que ses démêlés avec la justice ont repris en 2017 .

    Fondatrice du site d’information Lakome.com, Anouzla a défrayé la chronique en septembre 2013 après avoir mis la monarchie dans l’embarras en révélant que Daniel Galván, un citoyen espagnol condamné et incarcéré au Maroc pour viols d’enfants, avait été libéré au moyen d’une grâce royale. Après le refus initial de connaître la gravité des accusations portées contre Galván, le roi a reculé et a annulé la grâce. Peu de temps après, Anouzla a été arrêtée pour une fausse accusation de terrorisme et a passé cinq semaines en prison.

    En tant que l’un des principaux défenseurs des droits humains au Maroc et chroniqueur respecté, Monjib a également payé cher son rôle dans la défense des droits humains et de la liberté de la presse. En octobre 2015, il a entamé une grève de la faim de 21 jours pour protester contre une interdiction de voyager à l’étranger qui l’empêchait d’assister à des conférences internationales (une restriction imposée parce qu’il était accusé de mettre en danger la sécurité de l’État).

    Après avoir été incarcéré le 20 décembre 2020, Monjib a été condamné à un an de prison et à une amende de 15000 dirhams (1400 €) par un tribunal de Rabat en janvier 2021, pour des accusations non fondées de « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État » . Ses avocats et son comité de soutien ont dénoncé non seulement la peine elle-même, mais aussi le fait qu’elle ait été prononcée lors d’une audience tenue en l’absence de Monjib et que ses avocats n’aient même pas été prévenus que l’audience avait lieu ou n’aient été invités à y assister.

    « Cette condamnation est doublement injuste car ni mes coaccusés ni moi n’avons jamais menacé la ‘sécurité intérieure de l’État’ et n’avons commis aucun autre crime autre que l’exercice de notre droit à la liberté d’expression et d’association », déclare Monjib à RSF.

    Monjib a entamé une grève de la faim pour protester contre la condamnation du 4 mars 2021 et a finalement obtenu une libération provisoire après s’être abstenu de manger pendant 20 jours.

    Le Maroc est classé 135e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF .

    RSF, 02/08/2022

    #Maroc #Presse #Journalistes

  • Maroc: HRW dénonce les techniques sournoises du Makhzen

    Maroc, HRW, Human Rights Watch, répression, presse, journalistes,

    Les autorités marocaines emploient tout un manuel de techniques sournoises pour réprimer les défenseurs des droits humains et les réduire au silence, a dénoncé, jeudi dernier, l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans son nouveau rapport, appelant la communauté internationale à condamner ces pratiques et à exiger du Maroc qu’il cesse cette politique.

    «Ces techniques, lorsqu’elles sont employées en combinaison, forment un écosystème de répression visant non seulement à museler les voix critiques, mais aussi à effrayer tous les détracteurs potentiels de l’Etat», a, en outre, dénoncé l’ONG dans son rapport, soulignant que «la communauté internationale devrait ouvrir les yeux, voir la répression pour ce qu’elle est, et exiger qu’elle cesse».

    Selon le rapport de 143 pages de l’ONG tristement intitulé, «’’D’une manière ou d’une autre, ils t’auront’’ : Manuel des techniques de répression au Maroc», entre autres techniques auxquelles recourent les services du régime du Makhzen, figurent notamment «des procès inéquitables soldés par de longues peines de prison pour des accusations criminelles sans rapport avec le travail ou les positions politiques des individus ciblés, des campagnes de harcèlement et de diffamation dans des médias alignés sur l’Etat, le ciblage de membres des familles des opposants, mise sous surveillance vidéo et numérique, intimidations physiques et d’agressions».

    L’ONG a précisé, dans son rapport, qu’elle a documenté pour les besoins de son enquête «la répression multiforme de huit personnes et deux institutions médiatiques, impliquant 12 procès et le ciblage de multiples individus connexes qui ont nécessité des entretiens avec 89 personnes à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc, dont des personnes victimes de harcèlement policier ou judiciaire, des membres de leurs familles et des amis proches, des défenseurs des droits humains, des activistes sociaux et politiques, des avocats, des journalistes et des témoins de procès».

    «Elle a également assisté à 19 audiences de procès de divers opposants à Casablanca et Rabat et examiné des centaines de pages de dossiers judiciaires et d’autres documents officiels, et a attentivement suivi les médias alignés sur l’Etat pendant plus de deux ans», note le rapport.

    Rappelant que HRW a documenté des dizaines de condamnations de journalistes et d’activistes pour des accusations liées à leurs positions publiques depuis 1999, le rapport a fait remarquer que «les autorités ont développé une approche différente pour les opposants connus, les poursuivant pour des crimes sans rapport avec leurs positions publiques tels que le blanchiment d’argent, l’espionnage, le viol et les agressions sexuelles, et même la traite d’êtres humains».

    #Maroc #HRW #presse #journalistes



  • Maroc: Derrière la Fête du Trône, la répression des journalistes

    Maroc, Fête du Trône, journalistes, presse, répression, Omar Radi, Souleïman Raïssouni, Taoufik Bouachine,

    Ce samedi 30 juillet, le Maroc s’apprête à célébrer sans faste l’accession au pouvoir, il y a 23 ans, du roi Mohamed VI. Cette “Fête du Trône” coïncide avec la pire situation pour la presse et les journalistes depuis son intronisation. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités marocaines à libérer les journalistes emprisonnés comme Omar Radi et Souleiman Raissouni et à abandonner toutes les charges judiciaires qui pèsent sur eux.

    “Le retour aux pratiques des années de plomb au Maroc est inquiétant et inacceptable, estime Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord. Il va à l’encontre de l’image de respectabilité que veut se donner le régime à l’étranger. Il est surtout en contradiction avec les aspirations légitimes des Marocains à exercer leurs libertés, dont celle de la presse, de manière effective. RSF appelle les autorités marocaines à libérer les journalistes emprisonnés et à abandonner toutes les charges judiciaires à leur encontre, en particulier celles qui pèsent sur Omar Radi et Souleiman Raissouni.

    Jamais, depuis le règne de Hassan II, la situation de la liberté de la presse n’a été aussi précaire au Maroc. Trois journalistes sont actuellement en détention, officiellement pour des faits de droit commun. Ils subissent en réalité une répression caractérisée en raison de leur travail de journalistes, dont la tonalité indépendante et critique déplaît aux autorités. Il s’agit de Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Souleiman Raissouni.

    Dans le cas de Taoufik Bouachrine, la Cour de cassation a confirmé, en septembre 2021, la peine de 15 ans de prison infligée au directeur du journal Akhbar Al-Yaoum pour « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles et « viol et tentative de viol ». Des accusations que le journaliste a toujours niées. Sa défense a notamment mis en avant les pressions subies par son journal aujourd’hui disparu. Taoufik Bouachrine avait déjà fait l’objet de poursuites en 2009 pour une caricature jugée irrespectueuse de la famille royale et du drapeau marocain, en 2015 pour un article attentatoire “à la réputation du Maroc”, et début 2018, pour “diffamation” envers deux ministres.

    Des journalistes soutenus par RSF et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme

    Les cas de Omar Radi et Souleiman Raissouni sont encore plus emblématiques de la situation dramatique des journalistes indépendants au Maroc. En détention depuis deux ans, Souleiman Raissouni a été condamné le 24 février par la cour d’appel de Casablanca à cinq ans de prison, à la suite d’un procès pour agression sexuelle entâché d’irrégularités. Une accusation que le journaliste a constamment niée. Soutenu par RSF et plusieurs autres organisations de défense des droits de l’Homme, il attend dorénavant le résultat de son pourvoi en cassation. En mai, Souleiman Raissouni a été transféré à la prison de Ain Borja. Un transfert au cours duquel ses documents et livres ont été déchirés et après lequel il a été placé à l’isolement. Reporters sans frontières a alors dénoncé le recours à des méthodes qui violent, une fois de plus, les droits d’un journaliste en détention.

    En détention depuis deux ans jour pour jour, le journaliste et défenseur des droits humains Omar Radi, a lui été condamné, en appel, à six ans de prison ferme le 4 mars dans une double affaire d’espionnage et de viol. Cité dans la même affaire, son confrère Imad Stitou n’a pas été incarcéré mais n’a pas non plus échappé aux foudres de la justice marocaine. Il a été condamné à un an de prison, dont six mois ferme. Quatre mois avant cette énième condamnation, Imad Stitou a décidé de quitter le Maroc. Le journaliste est persuadé que l’origine de ses ennuis judiciaires est sa décision de ne pas témoigner contre Omar Radi pour l’accabler, comme le lui avaient demandé les gendarmes.

    Accaparement des terres publiques et affaires de corruption

    Emprisonné une première fois en décembre 2019 pour avoir critiqué une décision de justice contre des manifestants du Rif (mouvement contestataire dans le nord du Maroc commencé en octobre 2016), Omar Radi est en fait depuis de nombreuses années dans le viseur du Palais. D’après sa famille et son entourage proche, les autorités ne lui ont jamais pardonné ses avis exprimés sur les réseaux sociaux et dans les médias durant les deux dernières années précédant son arrestation.

    Plus encore, Omar Radi, journaliste d’investigation réputé et respecté, a publié ces dernières années des articles sur l’accaparement de terres publiques par des spéculateurs. Il est aussi à l’origine de l’éclatement du scandale de corruption dit des « serviteurs de l’État » qui a éclaboussé une centaine de personnes, notamment des officiels de haut rang dans le royaume.

    Le journaliste avait finalement été libéré quelques jours après sa première arrestation en décembre 2019 grâce à une pression exercée par RSF et de nombreuses organisations. Il avait finalement écopé d’une peine de quatre mois de prison avec sursis. Mais l’acharnement n’allait pas s’arrêter là. Un rapport publié par Amnesty International révèle quelques jours plus tard que le téléphone du journaliste avait été espionné par le Maroc à l’aide du logiciel Pegasus de l’entreprise israélienne NSO.

    Soutenus par une campagne de solidarité au Maroc et à l’étranger qui demande leur libération, Omar Radi et Souleiman Raissouni ont toujours affirmé être poursuivis en raison de leurs écrits et de leur travail journalistique, notamment en faveur des mouvements sociaux et contre la corruption. Pour Souleiman Raissouni, ce sont ses critiques envers la prédominance de la place de la monarchie dans l’économie du pays qui lui sont implicitement reprochées.

    D’autres journalistes au Maroc se font remarquer pour leur courage face à une politique répressive qui ne tolère aucun média libre et indépendant. Hanane Bakour en est l’exemple le plus parlant. Déjà dans le collimateur des autorités, la journaliste a été convoquée au tribunal, le 27 juin, après que le RNI (Rassemblement national des Indépendants), parti du Premier ministre Aziz Akhannouch, a porté plainte contre elle pour un post sur Facebook. La journaliste utilise en effet les réseaux sociaux pour dénoncer régulièrement les décisions économiques prises par le gouvernement marocain, et multiplie les hashtags à l’encontre de l’actuel Premier ministre qu’elle accuse de prendre des mesures antisociales. RSF avait réagi en dénonçant un cas inacceptable d’intimidation judiciaire par le gouvernement contre une journaliste.

    Des poursuites judiciaires sans fin

    Ali Anouzla et Maati Monjib n’en ont pas fini, eux aussi, avec les méandres de la justice au Maroc. Les deux journalistes sont en liberté, mais sont toujours sous le coup de poursuites. Ali Anouzla s’est attiré les foudres de la justice pour avoir enquêté sur le budget de la monarchie et les dépenses de la famille royale. Ses éditoriaux sur cette question tabou au Maroc lui ont valu des accusations saugrenues de soutien à des “mouvements terroristes”. Depuis le début de ses ennuis judiciaires en 2017, RSF s’est toujours tenu à ses côtés.

    Fondateur du site internet Lakome.com, Ali Anouzla a défrayé la chronique en septembre 2013, en révélant la libération par grâce royale de Daniel Galvan, un ressortissant espagnol condamné et emprisonné au Maroc pour pédophilie. Coup de théâtre dans tout le pays et rétropédalage au palais, où le roi Mohamed VI décide finalement d’annuler sa grâce. Peu de temps après, Ali Anouzla est arrêté et emprisonné.

    Figure du combat pour les droits de l’homme au Maroc, son confrère Maatii Monjib, a aussi payé cher ses activités en faveur de la liberté de la presse au Maroc et des droits de l’homme. En octobre 2015, Maâti Monjib avait déjà observé une grève de la faim de 21 jours pour protester contre son interdiction de quitter le territoire pour se rendre à des colloques internationaux. Il reste encore aujourd’hui sous le coup de poursuites judiciaires.

    Maati Monjib avait été condamné “in absentia” le 27 janvier 2021 à un an de prison ferme et à une amende de quinze mille dirhams (1 400 euros). Ses avocats et son comité de soutien avaient dénoncé ce jugement rendu par le tribunal de première instance de Rabat en son absence, et sans que ses avocats n’aient été ni convoqués, ni même prévenus. “Cette condamnation est doublement injuste car ni mes co-accusés, ni moi même avions jamais menacé ‘la sécurité intérieure de l’État’, ni aucun autre crime, si ce n’est l’exercice de notre droit à la liberté d’expression et d’association” avait à l’époque expliqué à RSF le journaliste. C’est pour dénoncer cette condamnation que Maati Monjib avait cessé de s’alimenter le 4 mars 2021 et avait observé 20 jours de grève de la faim.

    RSF, 29.07.2022

    #Maroc #Presse #Journalistes #MohammedVI #Fete_du_trone

  • Maroc. Joyeux anniversaire, Omar Radi

    Maroc, Omar Radi, Répression, presse, journalistes,

    Je ne connaissais d’OmarRADI que le journaliste. Je voulais l’interviewer pour l’affaire Pegasus. La veille de son arrestation. Il était très occupé, appelé par tout le monde, mais a quand meme pris un moment pour répondre à mes questions. Il était 00:30.

    Je voulais qu’il me parle de lui, de son affaire. Il a préféré parler des injustices.

    Aujourd’hui, 18 juillet, Omar Radi fête son anniversaire derrière les barreaux, parce qu’il a parlé.

    Je pense à lui, ses parents, ses ami·e·s.

    Joyeux anniversaire Omar.

    Source : Twitter, 18/07/2022

  • Du CC et des nominations de la HACA

    Maroc, CC, HACA, presse, médias, audiovisuel,


    D’abord, le sujet de l’audio-visuel dépasse les enjeux politiques, las aspects économiques et financières …etc. l’enjeu est beaucoup plus dangereux que cela, il s’agit plutôt du « projet de société » que l’audio-visuel construit et du modèle de société qu’il véhicule. D’où on peut expliquer l’ingérence étrangère sur ce sujet, consciente de la taille des enjeux.

    En effet, l’idée qu’on peut se faire du Maroc diffère entre un rabati, un citoyen de Zhilika ou de la montagne de l’Oukayemden, qui ne se sont jamais rencontrés et dont le seul vecteur d’unification linguistique, culturelle, sociale, gestuelle, comportementale voire de certaines composentes identitaires reste la télévision.

    Bref la télévision vous construit une Nation (la Oumma)

    D’abord résoudre la question fondamentale de la langue pour toute Nation sans la télévision reste de la pure théorie utopique.

    De même pour tout ce qui est de la culture, de l’éducation, des valeurs …etc . Bref, tout ce qui peut construire une Nation.

    Il est donc tout à fait normal qu’un projet politique, se basant sur une vision d’un projet de société, utilise la programmation des moyens audio-visuels publics dans ce sens.

    Détruisons certains paradigmes !…, il n y a pas de honte non plus à ce que les marocains qui se sont identifiés à une ligne politique en majorité, puisse avoir une télévision à leur image et à l’image du projet de société de la ligne politique qu’ils ont choisie.

    Ce qui est à condamner c’est plutôt l’utilisation des moyens de l’audio-visuel public pour la propagande partisane, qui reste par ailleurs un thème bien encadrée par la loi, toute phobie sur ce sujet est tout simplement injustifiée.

    D’autres parts, les moyens de l’audio visuel ont été utilisés et ce depuis presque 30 ans en totale opposition et en contradiction avec le gout dominant des marocains en matière de langue, de culture, d’art,…et autres. Faisant prévaloir le gout d’une infime minorité détenant le pouvoir audio-visuel et voulant l’imposer de faite comme valeurs et modèle d’uniformisation de la société marocaine. Cette démarche contre nature a causé une tension sans précédent au sein de la société marocaine, dilapidant et sapant à l’usure tous les germes d’éventuelles valeurs communes ou identitaires minimes. La résultante fait qu’on se trouve à s’inquiéter de crise ou déficit identitaire sans précédent, ou de problématiques dangereuses telles que la cohésion sociale. Tel est le vrais sens de « la stabilité de l’Etat » qui se trouverait menacée.

    La bataille de l’audio visuel est difficile, longue et compliquée et ne fait que commencer. Surtout quand des forces extérieures plus puissantes s’en mêlent. Mais l’enjeu en vaut la chandelle.

    Revenant à un détail de cette bataille, celui des CC.

    1/ Tout le monde s’étonne du tsunami dans un verre d’eau qu’à soulevé le CC. Les plus naïfs pensent qu’il s’agit vraiment du CC., alors qu’il s’agit de faire regretter toute personne qui ose s’approcher de la petite porte ou même de la fenêtre étroite de cette propriété. La preuve en est les WMD (armes de destruction massive) utilisées et les armes de dissuasion brandies.

    2/ ceux qui sont, soit de bonne foi soit de mauvaise, qui pensent qu’une erreur juridique ou administrative ou d’une quelconque nature a été commise sur ce dossier, se trompent complètement. En effet, j’ai pu voir une dizaine de cahier de charges dans ma vie, sauf omission de ma part aucun n’est passé par le Conseil du Gvt. En plus, ce gouvernement lui-même a délégué cette tache par écrit au ministère de tutelle. De quoi se mêle-t-on alors ?. En plus, c’est une pratique assez répondue dans les pays les plus démocratiques…

    3/ Il est facile de constater, après avoir vu la solution de l’exercice, qu’il était préférable de faire valider le CC par le conseil du Gvt pour lui donner plus de poids. Mais d’ici à accuser des membres du Gvt de manquer de flair politique serait trop prétentieux. Il fallait plutôt consulter « madame soleil » dans ce cas, pour tirer la bonne boule dans un environnement de réactions complètement imprévisibles, contradictoires et aléatoires.

    4/ Je tiens à saluer, pour l’occasion la performance de l’équipe qui a travaillé avec pragmatisme et acharnement à l’américaine et qui a pu produire un cahier de charges à moindre coût, en deux mois, avec des réunions marathoniennes … une performance jamais égalée auparavant autours d’un cahier de charges dans une administration marocaine … Je leur dit donc rester sur cette voie de travailleur et de producteur, et ne céder pas à l’ambiance d’auto-flagellation, et rappeler vous que vous êtes à peine au début de la bataille et que ce sont les rats qui abandonnent le navire les premiers… !

    5/ S’agissant des nominations de la HACA, une autre gifle affligée au Gvt après une série de gifle, le texte des établissements stratégiques (1ere gifle), loi 1/12 (2eme gifle), la polémique du CC (3eme gifle),la liste des gouverneurs (4eme gifle). Le plus important c’est la mise en scène publique de certaines gifles d’où le sens des messages adressés à travers… La réponse du chef du gvt hier au parlement était le refus d’endosser la responsabilité entière sur l’application de la constitution.

    Pourquoi la constitution ? car la nomination par Amir Almouminine d’une PPS féministe égalitaire dans l’héritage à l’extrême opposé par rapport au chef du gvt ainsi qu’un Directeur de tendance PAM pourrait relever d’une ère d’avant la constitution et d’avant Février.

    Ajoutons à cela que le texte de la constitution, ainsi que celui d’application en cours de sortie actuellement, pencherait plutôt du coté d’une interprétation au sens d’une attribution du chef du Gov.

    Il en résulte aussi par perception qu’il devient risqué et dangereux pour un responsable de l’administration, un homme d’affaires marocain, ou un investisseur étranger de coopérer dans le futur avec l’actuel Gvt…

    6/ d’où vient la source des problèmes : elle vient à l’origine du mode de management adopté par le chef du gvt.

    En effet, le mode de management pratiqué est celui hérité de longues années d’expériences réussies dans la da3wa, ou il s’agit plutôt de donner avant de récolter. So7ba (gagner la confiance) et da3wa … Ce mode n’est pas du tout compatible avec la gestion des affaires surtout quant il s’agit d’enjeux politiques et de pouvoir.

    Un manager peut se voir tolérer de changer sa secrétaire ou son chauffeur pendant le 1er mois à son arrivé. Dépassé ce délai les choses deviennent plus compliquées.

    En management, il y a toujours un délai de grâce au départ, qui reste une occasion pour prendre les décisions méchantes de réformes ou changer des responsables. Il revient au manager de juger des plus prioritaires parmi les plus impopulaires. Car, passé ce délai cela devient beaucoup plus compliqué.

    Rajoy en Espagne a fait passer ses décisions les plus méchantes pendant les 2 premiers mois, chose qu’il n’arrive plus à faire actuellement.

    Notre chef de gov était tellement gentil et sympathique dés le départ, au point même de laisser certains membres du cabinet de l’ancienne équipe avec lui, et allant jusqu’à tolérer l’abandon de certains de ces bureaux au profit d’un autre ministère. Telle a été la ligne de conduite, plus au moins en général, des autres ministres issus de la même mouvance.

    7/ Alors que proposez vous ?

    Par mon approche pragmatique, je ne conçois pas la réforme de l’Etat comme des bases, des textes et des concepts à préparer, tel qu’il a été le cas lors des reformes des mouvements islamiques bien réussis dans les années 80s et 90s à travers la pose de démarches des fondamentaux (Ta2ssil) …etc. Car le milieu, l’environnement, ainsi que les objectifs diffèrent de beaucoup. La réforme de l’Etat dans le cas du Maroc est plutôt une question d’homme avant toute chose. Je redis ce que j’avais déjà dit en décembre.

    Réformer l’Etat au Maroc revient en termes simples à pouvoir changer chaque année 10% des responsables les plus mauvais , faire bouger un autre 10% au minimum, et faire promouvoir 20%…

    En conclusion

    Sans faire fonctionner pleinement le pouvoir de nomination en sanction et en promotion, il n’y a point de réforme de l’Etat. Toute l’énergie du chef du Gov doit s’orienter sur ce sujet pour y réaliser le maximum possible pour y créer l’événement avant de le subir, et avant qu’il ne soit trop tard.

    Lah Lmou3ine -)

    #Maroc #CC #HACA

  • Omar Radi : La révolte comme ligne éditoriale*

    Omar Radi : La révolte comme ligne éditoriale*

    Maroc, Omar Radi, presse, journalistes, répression,

    Sur le plan professionnel, Omar a toujours été présent, a toujours compté pour moi. Même si nous avions emprunté des chemins différents et des choix, parfois, opposés.
    Dans l’exercice du métier de journaliste, il avait l’entraide comme devise. La révolte comme ligne de conduite. Le respect mutuel comme déontologie personnelle et professionnelle.

    L’entraide, c’était le jour où il m’envoie une base de contacts précieuse avec des centaines de page de téléphones. C’était un outil inestimable pour le jeune journaliste que j’étais en 2009.

    L’acte qu’il a posé est juste impossible dans un métier où les contacts sont la denrée rare, que chaque journaliste cultive secrètement.

    Pour Omar, c’était un acte normal. Cette base de données récupérée chez un ancien employeur devait servir aussi à d’autres journalistes. C’était la générosité en acte.

    La révolte, c’était le jour où il démissionne de chez Med Radio et refuse la censure imposée par le patron de cette radio privée. A l’époque, nous avions le même employeur, je travaillais à L’Observateur du Maroc qui appartenait au même groupe.

    Omar m’appelle pour me dire qu’il a quitté et que l’ambiance du travail n’était pas correcte et qu’il a signifié ça au patron. Omar posait ces actes de révolte dans un milieu conformiste comme celui du journalisme au Maroc. Une révolte qui lui vaudrait d’être persona non grata chez bcp de médias dits indépendants de la place.

    Honte à eux, honneur à Omar qui n’a jamais trahi ses principes.

    Je peux écrire encore des pages et des pages sur Omar et sa générosité en actes, son dangereux humanisme. Mais Omar est encore là. Omar retrouvera sa liberté, grâce à nos luttes.

    Omar retrouvera sa liberté, grâce à nos luttes. Mais j’ai un regret, comme peut-être beaucoup de ses ami-e-s.

    Durant les dernières années, nous avons laissé à des rapaces, des chiens, des profiteurs, le loisir d’accaparer toute cette générosité, cette bonté, ce don de soi qu’a Omar. Ce dernier était certainement bien conscient de ces stratagèmes malveillants, mais nous avions aussi la responsabilité de le soutirer entre les mains et les griffes d’une bande de chiens. Je n’oserais pas faire à Omar un reproche, lui qui est privé de liberté. Mais je me fais un reproche, comme je blâme tous ses ami-e-s et camarades d’avoir laissé Omar au sein d’un milieu toxique qui a profité de son talent et sa générosité, pour aujourd’hui disparaître ou même devenir une pièce maîtresse dans l’appareil d’inquisition contre lui.

    Mais Omar n’a pas dit son dernier mot. Omar sera de retour parmi nous, libre, indépendant et brillant.

    *Témoignane d’un ami à Omar Radi

    Source : Twitter

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes