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  • Algérie. Même Dar Khali Moh, faut tousser avant d’entrer !

    Algérie. Même Dar Khali Moh, faut tousser avant d’entrer !

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    Même Dar Khali Moh, faut tousser avant d’entrer !

    Argent détourné par la Içaba. Les autorités sont formelles : tout récupérer avant le 31 octobre.

    De l’hégire ou du calendrier Maya ?

    Non, mais essaie une seconde, une seconde Bark d’atterrir à l’aéroport JFK de New York ou sur le tarmac du londonien Heathrow ou sur l’une des deux pistes de l’aérodrome de Sao Tomé-et-Principe, d’y déclarer à la police des frontières que t’es journaliste, et que tu viens couvrir les Jeux olympiques, la Coupe du monde de Badminton ou le championnat inter-archipels de couture en trois points, sans dés ! On te dira partout, dans tous ces endroits cités et ailleurs «Bienvenue Madame, Monsieur, votre accréditation, s’il vous plaît !». Tu l’as cette accréditation, Allah Ouma Barek, tu passes, Marhaban. Tu ne l’as pas, tu reprends l’avion vers chez toi et s’il est déjà parti, sans toi, t’attends le prochain dans l’aérogare, comme Tom Hanks, la classe et le cachet de la Paramount en moins ! Citez-moi un pays qui accepterait sur son sol une femme ou un homme ou les deux, déboulant, sourire Colgate au coin de la bouche, affirmant qu’il est journaliste, sans pouvoir le prouver, sans avoir formulé ce que formulent tous les journalistes du monde, déjà chez eux, avant de boucler leur valise : une demande d’accréditation.

    Et chez nous, parce que des «confrères» marocains ont ramené leur fraise mentholée à l’aéroport d’Oran en parfaits «sans papiers», il faudrait que la Dézédie les accepte, leur offre le cocktail de bienvenue, leur embrasse la main en signe de «fraternité-khawa-khawa», sinon, nous serions une dictature pire que la Corée du Nord ? Yaw ? Y’a écrit quoi sur le fronton de l’aérodrome d’Oran ? Dar Khali Moh ? Maiiiis ! Même chez Khali Moh, tu tousses à l’entrée, tu déclines ton pédigrée, tu montres patte blanche avant d’en franchir le seuil, Si Mohamed ! Mais bon ! On l’aura compris, il fallait trouver le nonos à ronger.

    Comme ça n’a pas « marché » avec la délégation officielle marocaine, athlètes, entraîneurs et dirigeants accueillis avec Zorna, embrassades et youyous, il fallait en dénicher un de nonos, farfouiller dans quelque poubelle pour l’en extirper, le montrer à tout le monde comme du pur gigot de bœuf bio et frétiller de la queue devant Momo 6, la conscience d’avoir bien fait son boulot de fouilleur de poubelles et de touilleur de merde, Hachakoum !

    C’est dans l’exacte lignée et dans la dimension jumelle que celle d’envoyer, en escadrons, des migrants s’écraser contre les barbelés de Ceuta et Melilla. Ou de les écraser soi-même ! Ça porte un nom en diplomatie : la politique du pire ! Et très franchement, à voir l’ambiance tellement bon enfant qui règne à Oran, malgré la frayeur due à la secousse tellurique, la politique du pire du Makhzen, les taupes à plumes, on s’en tape un peu, beaucoup, passionnément, un chouia, totalement ! Et nous fumons du thé pour rester éveillés à ce cauchemar voisin qui continue.

    H. L.
    LSA, 28 juin 2022

    #Algérie #Maroc #JeuxMéditerranéens #Oran #JournalistesMarocains

  • France: La presse ignore les Jeux Méditerranéens d’Oran

    France: La presse ignore les Jeux Méditerranéens d’Oran

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    Silence assourdissant !

    Tiens, bizarrement les chaines de télé françaises d’habitude si prolixes quand il s’agit de descendre en flamme l’Algérie restent muettes sur les JM 2022 d’Oran !

    Aucune information sur l’évènement sportif, pourtant planétaire, walou, nada, pas un traitre mot ! Pas même notre chère France 24 qui, d’habitude, est si prompte à déverser son « fiel » quand il s’agit d’Algérie. Mais bon, ils doivent avoir bien assez à faire chez eux sans gouvernement et menacé par Melenchon, Marine et la crise économique !

    Mais vous, vous allez sûrement me dire « on s’en fiche comme en 14 de la France et de sa presse Zelenskyenne». Je vous dirais « et moi donc ! » Je me contrefiche de Bolloré, Lagardère, Bouygues et même de Dassault. Je me contrefiche de Melilla envahie par des migrants « lâchés » par les sbires de M6 faisant un pied de nez au Sanchez qui goutte enfin à l’amertume de la trahison, Echeh !

    Pour ma part, je suis fier de voir notre Président Tebboune intervenant lors de la réunion du BRICS et être écouté par les plus grands de ce monde. Cela me suffit amplement, nous avions été longtemps aphones. Et tant pis (pour eux) si les médias de l’Hexagone passent sous silence les réalisations de l’Algérie, on s’en portera beaucoup mieux car, comme l’avait toujours répété le défunt Boumediene : « il faut se méfier quand la France vous félicite ». Nous les attendrons l’hiver venu, comme cette cigale !

    La Sentinelle, 26 juin 2022

    #France #Algérie #Presse #Journalisme #JeuxMéditerranéens

  • Maroc : Omar Radi, un tisseur de liens -témoignage-

    Maroc : Omar Radi, un tisseur de liens -témoignage-

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    Omar Radi a été au carrefour de plusieurs de mes rencontres militantes, professionnelles et personnelles. Quand je jette un coup d’œil sur le rétroviseur de ces 16 dernières années, je me rends compte qu’Omar a toujours été là pour aider, guider ou proposer. En fait, Omar est un tisseur de liens.

    Dans un monde militant inhumain ou dans un milieu journalistique égoïste et égocentriste, Omar était une exception.

    Il sortait du carcan militant et « journaleux ». Il pensait et agissait hors des sentiers battus. Il est un électron libre. Il est un danger pour tous ces milieux. Il était surtout un danger pour le système.

    Le danger d’Omar était son éternel sourire, sa générosité et sa capacité à rassembler là où le système fait tout pour diviser. Omar était un humain librement dangereux.

    L’adhésion à Attac: ce « rasta » qui tisse des liens.

    J’ai rencontré Omar pour la 1ère fois en mars 2006. J’avais trouvé son numéro sur le site d’ATTAC Maroc. Je souhaitais rejoindre cette association. J’y allais avec appréhension car j’avais essayé d’avoir un rendez-vous avec un membre quelques mois auparavant, mais il ne s’est jamais présenté. En revanche, Omar s’est présenté à l’heure ce samedi après-midi.

    On avait pris un café au cinéma ABC.On avait discuté une demi-heure. Il a dû partir car il était pressé et il avait un autre rendez-vous. Il m’avait laissé une bonne impression. J’avais une crainte de rejoindre une association « gauchiste » avec leurs vieux réflexes, or je retrouvais dans Omar, un représentant d’une association jeune, ouverte sur le monde internationaliste. Nous étions sur la même longueur d’onde. La question n’était pas idéologique mais dans l’état d’esprit.

    Quelques jours après, je parle de cette rencontre à Majdouline, et de ce café avec ce jeune Rasta cultivé. Et le monde est petit. Omar était un gd ami de classe de Majdouline durant toute la période du lycée. Cette connaissance commune a joué certainement dans notre adhésion à ATTAC. Majdouline et moi, qui avions une allergie à adhérer face aux organisations, nous avions trouvé en Omar un gage de confiance et d’ouverture d’esprit. Omar est ce jeune homme qui tisse des liens.

    Omar, ce miracle politique :

    Omar était ce jeune militant qui ne connaissait pas l’impossible. Parmi les nombreuses actions qu’Omar a mené durant cette période de militantisme à ATTAC, je pourrais citer la constitution du club conscience estudiantine à la faculté d’économie de la Route d’El Jadida.

    Moi, qui ne connaissais rien à l’histoire et à la réalité de la scène militante au sein des universités marocaines, je peux dire auj que ce club était un miracle politique. Je pèse mes mots. Seul un militant comme Omar peut rassembler autour de lui, négocier avec finesse dans un environnement extrêmement hostile quadrillé par le makhzen et par les islamistes.

    Ce club a été le lieu d’éclosion et d’expression de nombreux militant-e-s. C’était un rêveur qui avait les pieds sur terre.

    Omar est aussi un militant et un citoyen qui rassemble des univers différents. Des milieux qui ne pouvaient pas se fréquenter, où que l’Etat ne veut pas qu’ils se rencontrent. C’est grâce à l’ouverture d’esprit et l’aisance d’Omar, qu’ATTAC a pu prendre part au Boulevard. ATTAC y prendra part à deux reprises avec un stand en 2007 et 2008.

    C’était encore une fois une prouesse. Qd Omar propose l’idée lors d’une réunion de la section de Casablanca, tenue au siège de l’association Tamaynout, certains ont fait la moue. D’autres, comme moi, ne pensaient pas que ça serait possible. Omar était convaincu de la faisabilité de cette idée.

    Et que c’était notre droit d’y être. Omar est parti voir les organisateurs, négocier avec eux, sybir qqs fois leurs commentaires moqueurs du type :  » Des anti- mondialisation participeraient à un .événement financé par des sponsors privés ».

    Omar encaissait des coups mais savait aussi en donner. Il était fair-play et jovial. On obtient finalement notre stand, grâce au franc-parler et à la pugnacité d’Omar. C’était une superbe expérience. C’était l’époque du boulevard avec des grandes scènes au COC et au RUC. Un monde fou y assistait. La jeunesse venait découvrir ses musiciens préférés, et jeter un coup d’oeil curieux sur cette bande de militants avec leur brochure anti-privatisation. L’engouement était là, grâce à Omar.

    Que ce fait d’armes fait d’Omar un Marocain dangereux pour le  » système ». Depuis notre 1er stand, l’AMDH, des associations féministes et plusieurs ONG ont commencé à pendre part au Boulevard. On ne remerciera jamais assez Omar pour cette action.

    (suivra)

    Source : Twitter

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalisme

  • Les services secrets infiltrent les médias et les journalistes

    Les services secrets infiltrent les médias et les journalistes

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    Par Nydia Egremy/Mejico Global

    Que ce soit par la corruption ou le harcèlement, les journalistes qui collaborent avec les agences de renseignement diffusent ou taisent des contenus afin de cacher la vérité. Dans ce sale jeu, les communicateurs sans scrupules ne remplissent pas leur fonction sociale de porte-parole du pouvoir : ils ne confirment pas la véracité des faits et détruisent les réputations tout en disqualifiant les gouvernements légitimes. Cette symbiose séculaire vise le contrôle social et ternit le travail des journalistes engagés et critiques qui exposent leur vie en couvrant fidèlement les conflits et les crises.

    Cacher la vérité et entraver l’exercice du droit à l’information, voilà ce qui se cache derrière l’utilisation des journalistes et des médias par les services de renseignement du monde entier pour désorienter, attiser les divergences et déformer les faits. On ne sait pas combien de journalistes sont employés par ces services, quels pays sont les plus pénétrés et quels services ils fournissent aux pouvoirs en place. Ce qui est confirmé, c’est que ce lien s’exprime par des textes et des images trompeurs et biaisés, basés sur des sources douteuses, des chiffres peu fiables et des euphémismes qui déforment la réalité.

    Bien que les gouvernements et les agences nient qu’ils emploient des journalistes et des médias à leur service, il est courant qu’ils versent des pots-de-vin pour diffuser des informations qui leur conviennent. L’opération Mockingbird, par exemple, a été conçue au milieu du siècle dernier par la Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis pour infiltrer la presse écrite et électronique, les journalistes et les écrivains de même sensibilité en échange de pots-de-vin.

    Avant de diriger la CIA, Richard Helms a travaillé comme journaliste à l’United Press International (UPI) et a agi comme agent de renseignement. Grâce à ces réalisations, Zenzontle était si efficace que le copropriétaire du Washington Post, Phillip Graham, a déclaré : « On peut toujours trouver un journaliste moins cher qu’une prostituée de luxe.

    C’est encore vrai aujourd’hui. L’analyste Jason Simpkins rappelle que l’administration de George W. Bush, dans sa guerre contre le terrorisme, a falsifié des données sur le succès supposé de la guerre en Irak et les a diffusées sur 77 chaînes de télévision. C’est un fait qu’au moins 20 agences fédérales, dont le département d’État, produisent et distribuent des informations manipulées aux médias. C’est le triomphe de la propagande sur l’information légitime, conclut Simpkins.

    Journalisme dirigé

    Cette complicité perverse a été analysée par le lauréat du prix Pulitzer Carl Bernstein dans son texte The CIA and the Media, publié en octobre 1977. Dans le sous-titre, Bernstein décrit comment les médias américains les plus puissants ont travaillé, gants en main, avec cette agence et que la mission des journalistes cooptés était de servir d’yeux et d’oreilles à la CIA ; de rapporter ce qu’ils avaient vu ou entendu dans une usine d’Europe de l’Est, lors d’une réception diplomatique à Bonn ou dans le périmètre d’une base militaire au Portugal.

    En d’autres occasions, leur mission était plus complexe : ils semaient subtilement des éléments de désinformation fabriqués par les services secrets, réunissaient des espions étrangers avec des agents américains ou organisaient des déjeuners ou des dîners au cours desquels les journalistes étrangers étaient informés de la propagande qu’ils devaient répéter. Il était également courant de leur fournir des hôtels et des bureaux pour obtenir des informations sensibles, a déclaré Bernstein.

    Alors que cette complicité néfaste semblait appartenir au passé, en novembre 2014, les souvenirs de l’opération Mockingbird ont refait surface, lorsqu’un rapport du Sénat américain a révélé que la CIA avait donné aux médias et aux journalistes des informations manipulées sur les mérites supposés de ses techniques d’interrogatoire sur les suspects de terrorisme pour produire des articles, des livres et des émissions. Ce faisant, l’agence a cherché à détourner les critiques publiques concernant l’échec de son programme de détention et d’interrogatoire, que beaucoup ont qualifié de torture pure et simple.

    Le rapport ajoute que depuis 2005, des journalistes et des médias ont accepté de promouvoir la fausse version de la CIA sur l’efficacité de la torture ; l’un d’entre eux était le journaliste Douglas Jehl du New York Times (NYT). En juin de la même année, et grâce au témoignage d’anciens agents, le réseau NBC maintient la fausseté de la version de Jehl ; ce faisant, le réseau ne cherche pas l’intérêt public mais à sauver son image face au rejet croissant du rôle des médias par la société.

    Le rapport ajoute que fin 2002, le vice-président de l’époque, Richard Cheney, et d’autres responsables de la CIA ont convaincu le NYT de censurer dans un article le nom d’un pays (la Thaïlande) qui avait accepté d’accueillir une prison secrète de la CIA. Ces informations ont été révélées grâce au travail de journalistes attachés à la vérité.

    Lire aussi : Maroc, des journalistes français sous influence

    Une confession surprenante

    Le quotidien allemand Frankfurter Allgemaine Zeitug (FAZ) a la plus grande diffusion à l’étranger (148 pays) et sa ligne éditoriale de centre-droit ou libérale-conservatrice est définie par une coopérative de cinq rédacteurs. L’un d’entre eux était Udo Ulfkotte. En octobre dernier, M. Ulfkotte a admis qu’en échange de pots-de-vin, il avait publié des articles rédigés par la CIA et d’autres services de renseignement, notamment allemands, ainsi que ceux de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

    Dans sa confession inédite, Ulfkotte déclare : « J’ai menti, j’ai désinformé, j’ai manipulé la vérité en échange d’argent. L’ancien conseiller du gouvernement allemand explique qu’il l’a fait parce qu’il a été élevé pour mentir, trahir et ne pas dire la vérité au public ; il admet qu’il en a eu assez d’être pro-américain et que l’Allemagne soit une colonie américaine. Et il avoue que la couverture actuelle de la crise ukrainienne par la presse occidentale – et la FAZ – est, en plus d’être biaisée, un « exemple clair de manipulation de l’opinion publique ».

    Il semble que les rédacteurs et les journalistes aient mis des casques insonorisés virtuels pour publier que la Russie préparait une guerre imminente, souligne M. Ulfkotte. Dans son livre Journalistes achetés, il note que, comme lui, de nombreux collègues désinforment sur ordre des agences de renseignement et affirme que le magazine allemand Der Spiegel a publié que le Boeing malaisien abattu au-dessus de l’Ukraine (juillet 2014) l’a été par un missile russe. Une telle affirmation, admet-il, était sous la dictée des services secrets car il n’y avait aucune preuve.

    Avant la confession d’Ulfkotte, les documents divulgués par Edward Snowden en juillet 2013 ont révélé les relations étroites entre la presse d’entreprise et les agences de renseignement. Cependant, dans les trois mois qui ont suivi cette révélation, Robert Vargas, du Telegraph, a demandé : « Pourquoi les médias ignorent-ils la relation entre la National Security Agency (NSA) et les services de renseignement allemands ? Contrairement à l’hypothèse selon laquelle ils seraient désireux d’aborder la question, M. Vargas a souligné que les médias américains, britanniques et allemands n’avaient rien publié.

    Calomnie par slogan

    Depuis le triomphe de la révolution cubaine, les agences de renseignement américaines ont monté des campagnes de distorsion massives contre l’île. À cette offensive systématique des médias américains s’ajoute la récente fuite d’un rapport de cinq pages du Federal Bureau of Investigation (FBI) sur l’ingérence présumée de la Direction cubaine du renseignement (DI) dans le milieu universitaire américain.

    Dans son article Jugando a la noria. Journalismo recalentado y refritos del FBI, le journaliste Miguel Fernández Díaz expliquait en septembre dernier que le chroniqueur de sécurité nationale du Washington Post, Bill Gertz, s’est empressé de le commenter sans en vérifier la véracité et que Fox News a immédiatement reproduit le document, ce qui a exacerbé l’opposition cubaine.

    Le plus grand cas de manipulation des médias par le gouvernement et les agences américaines s’est produit entre 1999 et 2001, lorsque la presse américaine s’est jointe à la campagne acharnée contre les cinq antiterroristes cubains injustement poursuivis pour espionnage. Des documents officiels obtenus par le mécanisme de transparence américain (FOIA) confirment que des journalistes et des médias ont reçu d’importantes sommes d’argent pour influencer le jury et l’opinion publique.

    Parmi ceux qui ont écrit pour le compte de tiers, citons Oficina de Transmisiones Cuba – qui exploite Radio et TV Martí – en échange de 37 millions de dollars par an ; Ariel Remos du Diario Las Américas (qui a reçu quelque 25 000 dollars) ; le journaliste du Miami Herald Wilfredi Cancio Isla (22 000 dollars) ; le rédacteur en chef du Diario Las Américas Herren Fele (5 800 dollars) et l’animateur de Radio Mambí Enrique Espinosa (10 000 dollars).

    Carlos Alberto Montaner a reçu plus de 40 000 dollars pour avoir attaqué les Cinq dans sa colonne du Miami Herald et le journaliste du Nuevo Herald, Pablo Alfonso, a reçu des paiements totalisant 252 325 000 dollars. Tous ont glissé de faux liens entre les accusés et l’espionnage, fait allusion à des preuves fallacieuses, omis des preuves en leur faveur et déformé les faits.

    D’autres cas de médias et de cadres payés par des services de renseignement ont été révélés dans le monde entier. Un câble de WikiLeaks a révélé que le directeur d’Al Jazeera, Wadah Khanfar, a manipulé des informations pour satisfaire l’agence de renseignement de la défense américaine (DIA) et a été contraint de démissionner. Lorsque l’agence a protesté contre la couverture négative de la chaîne, Khanfar a modifié l’information.

    Le hacker Chris Coleman a affirmé que la Direction générale des études et de la documentation (le service de renseignement extérieur du Maroc) payait des journalistes étrangers pour leurs articles et reportages liant le Front Polisario de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) au terrorisme djihadiste. C’est ce que révèle l’article WikiLeaks del maizen : les graves secrets du régime marocain exposés, par le professeur espagnol Carlos Ruiz Miguel.

    Dans son blog Desde el Atlántico, Ruiz cite Coleman qui affirme que l’agence a payé des journalistes tels que Richard Miniter (NYT, The Washington Post et Forbes), ainsi que le journaliste Joseph Braude, qui ont véhiculé dans leurs bureaux la fausse impression que les Sahraouis du Front Polisario étaient liés au terrorisme djihadiste.

    Le journalisme infiltré

    L’avocate Eva Golinger a dénoncé le financement par le département d’État de la presse et des journalistes de l’opposition au Venezuela et a prévenu que des programmes similaires existent dans d’autres pays d’Amérique latine. De son côté, le journaliste américain Jeremy Bigwood affirme que des agences américaines, telles que le très controversé Broadcasting Board of Governors, financent secrètement des médias et des journalistes sous prétexte de soutenir le développement des médias dans plus de 70 pays.

    Entre 1993 et 2005, les services secrets allemands (BND) ont recruté des journalistes pour surveiller leurs collègues : les sujets sur lesquels ils enquêtaient, leurs sources et leur vie privée. Selon l’ancien espion Wilhelm Dielt, qui a travaillé pour le magazine Focus en échange de 380 000 dollars sous le nom de code Dali, d’autres rédactions ont été infiltrées, notamment Der Spiegel, Stern, Berliner Zeitung et Süddeutsche Zeitung.

    En 2012, le journaliste du NYT Mark Mazzett a envoyé une copie d’un article de sa collègue chroniqueuse Maureen Dowd à la porte-parole de la CIA Marie Harf. L’article de M. Dowd portait sur une fuite de l’agence à Hollywood concernant le film Zero Dart Thirty (sur Oussama Ben Laden).

    En août 2013, le rédacteur et éditeur Wayne Madsen a cité le fait que les agents de renseignement opérant sous couvert de la presse prennent des rôles différents et travaillent pour les services de renseignement. Les médias infiltrés comprennent Radio Free Europe, Radio Free Liberty, Radio Free Asia, Alhurra, Radio Sawa, Radio et TV Marti, ainsi que Voice of America. D’autres médias signalés comme étant des façades de la CIA sont le Kyuv Oistm Cambodia Daily et Lidove Noviny à Prague.

    Il existe de nombreux journalistes qui, sous couvert d’être « indépendants », obtiennent des financements et des autorisations pour accompagner l’armée et la marine américaines dans leurs opérations, en échange d’articles bienveillants. Pour Martin Edmonds, analyste britannique au Centre for Defence and Security Studies, cette subordination est inacceptable, car elle affecte leur rôle dans la démocratie et ils perdent toute crédibilité et indépendance, dit-il.

    Correspondants, journalistes indépendants, rédacteurs, directeurs de l’information, chroniqueurs et commentateurs sont désormais dans le collimateur des services de renseignement. Les documents de Snowden confirment que le Centre de communication du gouvernement (GCHQ), l’une des trois principales agences de renseignement britanniques, classe les journalistes d’investigation comme une menace similaire aux terroristes, aux pirates informatiques et aux criminels. En outre, elle et d’autres agences envoient des messages de spam, surveillent les médias sociaux et utilisent des outils sophistiqués pour manipuler les sondages, les statistiques et les chiffres en ligne.

    En conclusion, il convient de souligner que cette relation trouble accroît la méfiance du public à l’égard des médias et que personne n’est tenu pour responsable.

    Miradas encontradas, 25 mars 2015

    LIRE AUSSI : Marocleaks et les journalistes français à la solde du Maroc

    #ServicesSecrets #Rensignement #Presse #Journalistes #Médias #Espionnage #HackerChrisColeman #Maroc #SaharaOccidental #JournalistesFrançais

  • Maroc. Ephémérides : Décès du journaliste Khalid Jamaï

    Maroc. Ephémérides : Décès du journaliste Khalid Jamaï

    Maroc, Khalid Jamaï, journalisme, presse,

    Il y a un an, Khalid Jamaï nous quittait. Depuis leurs cellumes, les journalistes emprisonnés par le régime Omar Radi et Soulaïmane Raïssouni lui ont rendu hoçmmage et adressé leurs condoléances. Les commentaires à son égard sont éloquents:

    -« Un monument du journalisme marocain nous a quittés aujourd’hui. Khalid Jamai était sans aucun doute le meilleur analyste politique marocain, avec un courage et une intégrité à toute épreuve ».

    -« Khalid Jamai, c’était une référence, un monument national, un intellectuel courageux, le monde du journalisme et de la politique perd l’un de ses plus ardents défenseurs..
    Nul n’oubliera ta liberté de parole, ta pensée, tes prises de positions..
    Que ton âme repose en paix… »

    -« Le regretté Khalid Jamaï, pour ceux qui ne le savent pas, avait défié le tout puissant ministre de l’intérieur Driss Basri, sans que ça lui vaille un procès
    C’est vous dire si on est tombés bien bas »

    -« Patriote, homme de principes et de convictions, il a accompagné et formé plusieurs générations de journalistes ».

    -« Aujourd’hui marque le premier anniversaire du décès du journaliste,de l’activiste,du penseur,de l’intrépide impavide regretté Professeur Khalid Jamai.

    Que son âme repose en paix et qu’Allah le couvre de bénédictions et lui accorde les plus hauts niveaux du paradis ».

    -« C’est lui qui a dit : « L’abus de pouvoir se nourrit de notre peur, de notre lâcheté et de notre résignation quotidiennes ».

    #Maroc #KhalidJamaï #Journalisme #Presse

  • Maroc: Souleiman Raissouni, le courage face à l’acharnement

    Maroc: Souleiman Raissouni, le courage face à l’acharnement

    Maroc, Soulaïmane Raïssouni, presse, journalistes, répression,

    Le journaliste marocain en détention depuis deux ans, et en attente d’une réponse sur son pourvoi en cassation, a été transféré vers une autre prison. Un transfert surprise, durant lequel ses documents et livres ont été déchirés, et après lequel il a été placé à l’isolement. RSF dénonce des méthodes qui consistent une nouvelle fois à violer les droits d’un journaliste en détention.

    Ce mercredi 25 mai, la famille et les proches du journaliste marocain Souleiman Raissouni, en détention depuis deux ans, ont appris avec stupéfaction que celui-ci avait été transféré deux jours auparavant vers la prison de Ain Borja.

    Si le transfert est permis par la loi marocaine après une condamnation en appel – soit la situation dans laquelle se trouve Souleiman Raissouni – les conditions de ce transfert et les actes qui l’ont accompagné, violant les droits du journaliste emprisonné, suscitent l’incompréhension et le désarroi.

    En effet, la loi marocaine conditionne le transfert des détenus au maintien d’une proximité avec la famille, condition qui était remplie par la prison d’Oukacha à Casablanca, dans laquelle était incarcéré Souleiman depuis mai 2020.

    De plus, les autorités judiciaires marocaines ont procédé à ce transfert de manière inattendue. Il a eu lieu le 23 mai, dans la foulée de la rencontre du journaliste avec sa famille au parloir, sans qu’aucun d’eux n’ait été prévenu, laissant la famille repartir apaisée par cette visite. Les autorités marocaines ont attendu deux jours avant d’annoncer le transfert de Souleiman Raissouni à son épouse.

    Durant le transfert, des gardiens de prison ont, en outre, saisi de nombreux documents préparatoires du futur roman qu’écrivait Souleiman Raissouni et ont déchiré plusieurs de ses livres et notes.

    Enfin, Souleiman Raissouni a été placé à l’isolement dès son arrivée sur son nouveau lieu de détention. Alors que la santé physique du journaliste a été entamée par plusieurs grèves de la faim observées entre avril et août 2021, ce placement à l’isolement, que rien ne saurait justifier, constitue une nouvelle atteinte à son état moral.

    RSF dénonce ces méthodes qui consistent une nouvelle fois à violer les droits d’un journaliste en détention. En effet, la loi marocaine offre plusieurs garanties aux détenus : une incarcération à proximité de leur famille, la limitation des placements à l’isolement aux seuls cas qui les justifient, ainsi que le droit de conserver leurs documents en prison.

    Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord, a déclaré : “J’appelle les autorités marocaines à revenir à la raison. Il faut que cesse l’acharnement contre Souleiman Raissouni qui, tout comme Omar Radi, est en prison pour avoir fait son travail de journaliste en toute indépendance. »

    Le journaliste marocain Souleiman Raissouni a été condamné le 24 février dernier par la Cour d’appel de Casablanca à cinq ans de prison à la suite d’un procès entâché d’irrégularités pour agression sexuelle, une accusation que le journaliste a constamment niée. Soutenu par RSF et plusieurs autres organisations de défense des droits de l’Homme, il attend dorénavant le résultat de son pourvoi en cassation.

    RSF, 26 mai 2022

    #Maroc #SoulaimaneRaissouni #Journalistes #Presse #Répression

  • Maroc: Soulaimane Raissouni est en prison depuis 2 ans

    Maroc: Soulaimane Raissouni est en prison depuis 2 ans

    Maroc, Soulaïmane Raïssouni, presse, journalistes, répression, Omar Radi, Tawfiq Bouachrine,

    C’est un bien triste anniversaire que l’on a fêté hier. Cela fait maintenant deux années que Soulaimane Raissouni est en prison. Une opportunité pour revenir sur les circonstances qui m’ont amené à le connaitre, le respecter et l’admirer.

    “Je souhaiterais réaliser un entretien sur l’histoire du Journal Hebdomadaire” C’est par cette requête que j’ai connu Soulaimane Raissouni. Il était encore à Al Massae. J’ai commencé par refuser. Je ne le connaissais pas vraiment, mais son journal, oui. J’avais du mal avec cette presse qui usait de pugnacité avec tout le monde sauf avec ceux qui la méritaient le plus -le complexe de rentiers et de sécuritaires qui tient le pays. Je doutais de sa promesse de publier mes réponses fidèlement. Pour me convaincre de son intérêt, il offrait de se déplacer en Tunisie où je me trouvais pour une conférence.

    Comme souvent dans ces circonstances, je recourt à mon père. Son nez pour le makhzénisé ou, plus utile encore, le makzanizable, lui faisait rarement défaut. Je n’ai pas pu finir ma question qu’il me disait d’y aller les yeux fermés. Selon Si Khalid, Soulaimane était un “vrai”.

    Mon admiration pour sa probité et son courage n’ont cessé de grandir depuis. J’en suis venu à le considérer comme le meilleur éditorialiste marocain de ces dernières années. Son travail de militant des droits de l’homme et son expérience de journaliste lui ont forgé la capacité d’analyse et l’intelligence nécessaire pour écrire comme les marocains ont besoin qu’on leur écrive. Avec une plume courageuse et respectueuse de leur intelligence. C’est, je crois, la raison de ces malheurs.

    Contre vents et marées, il a cru qu’une presse indépendante était possible au Maroc. Quand on lance un nouveau média, comme il l’a fait à un moment, et qu’on a les engagements éditoriaux sans compromis comme les siens, c’est qu’on a la foi. Il a été jusqu’au bout de ses convictions. Certains diraient son engagement déraisonnable. Critiquer les puissants lorsque ceux-ci ne rechignent devant rien ou presque pour vous faire taire, n’est ce pas là le signe de l’inconscience ? Peut être. Mais rien n’a jamais changé sans cette inconscience là.

    Soulaimane est-il innocent des crimes dont l’accuse l’Etat? J’en suis persuadé. Mais ma conviction n’a aucune importance. Ce qui en a, c’est le comportement du complexe Judiciaro-Policier à son égard. En l’occurrence, La vindicte de l’Etat n’est pas seulement évidente, elle est ostentatoire.

    Les tenants de notre ordre policier et judiciaire veulent que vous le sachiez : Les principes élémentaires du droit ne vous protégent pas lorsque vous les fâchez. l’injustice décomplexée de l’Etat n’est pas seulement un moyen pour condamner les critiques du régime. Elle en est aussi une fin.

    Le traitement inique des affaires Soulaimane Raissouni, Omar Radi, Nacer Zefzafi est un message en soi.

    S’élever contre le sort fait à ces éclaireurs de la liberté signifie notre rejet de ce message. Notre refus que la Loi soit un outil de répression aux bénéfices des puissants plutôt qu’un instrument de Justice équitable.

    Aboubakr Jamaï

    Source : Facebook, 23 mai 2022

    #Maroc #Presse #Journalistes #Soulaimane_Raissouni

  • Escalade de la répression au Maroc

    Escalade de la répression au Maroc

    Escalade de la répression au Maroc – Omar Radi, Taoufik Bouachrine, Souleiman Raïssouni, presse, journalistes,

    ABDELLATIF EL HAMAMOUCHI
    Suite à la répression de la presse indépendante au Maroc, les militants des droits humains sont confrontés à une répression accrue et à des peines de prison prolongées.

    Le 23 mars 2022, les autorités marocaines ont arrêté la blogueuse et défenseuse des droits humains Saida al-Alami pour avoir critiqué sur les réseaux sociaux le gouvernement marocain et les services de sécurité. Al-Alami, une militante bien connue et vocale, a constamment exprimé sa critique des autorités, ainsi que sa solidarité avec les journalistes connus pour leurs opinions critiques, sur Facebook. Le procureur général a accusé Al-Alami d’un certain nombre de violations graves, notamment « d’insulte à un organe réglementé par la loi », « d’insultes à des agents publics dans l’exercice de leurs fonctions », « d’outrage aux décisions judiciaires » et « diffusion et distribution de fausses allégations sans consentement ». .” Finalement, le tribunal de première instance de Casablanca a condamné Al-Alami àdeux ans de prison .

    Quelques jours après l’arrestation d’Al-Alami, le tribunal de première instance d’Al Hoceima (nord) a prononcé une peine de quatre ans de prison contre le blogueur et ancien militant du mouvement Hirak Rif, Rabih al-Ablaq , à la suite de vidéos qu’il a publiées . à Facebook et Youtube qui ont critiqué le roi Mohammed VI et le Premier ministre Aziz Akhenoush et remis en question la source de leur richesse. Le procès d’Al-Ablaq devant le tribunal d’Al Hoceima a débuté le 11 avril et le procureur du roi (le procureur général) l’a accusé d’avoir « violé publiquement le devoir de révérence et de respect de la personne du roi ».

    Cette répression des militants et des blogueurs a mis en lumière l’intolérance croissante des autorités marocaines à l’égard de la presse indépendante, qui devient un « lointain souvenir » selon Eric Goldstein , directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch. Pour mener à bien cette répression, les autorités ont utilisé le modèle qui prévalait sous l’ancien dictateur tunisien Zine El Abidine Ben Ali. Cette stratégie éprouvée vise à faire taire les voix dissidentes en utilisant des allégations d’agression sexuelle et de comportement immoral garantissant la destruction de la réputation de l’accusé.

    Tawfiq Bouachrine , directeur et fondateur du journal le plus indépendant du Maroc, mais aujourd’hui abandonné, Akhbar al-Youm , a été arrêté et condamné à 15 ans de prison pour « traite des êtres humains ». Par la suite, l’ avocat de Bouachrine , Mohamed Zayan, ancien ministre marocain des droits de l’homme, a également été condamné à trois ans de prison à la suite d’une plainte déposée contre lui par le ministère de l’Intérieur . Soulaiman Raissouni , le remplaçant de Bouachrine comme rédacteur en chef d’Akhbar al-Youm, a ensuite été arrêté et inculpé pour agression sexuelle sur un autre homme. Hajar Raissouni , la nièce de Soulaiman, a ensuite été arrêtée pour « relations sexuelles extraconjugales et avortement ». De même, l’année dernière, Omar Radi, un journaliste bien connu, a été accusé « d’espionnage et de viol ». Il a été reconnu coupable et condamné à six ans de prison en mars dernier.

    En fin de compte, en harcelant, intimidant et arrêtant des journalistes indépendants, des militants et des blogueurs influents sur les réseaux sociaux, les autorités marocaines visent à créer une atmosphère de terreur parmi les personnalités éminentes des réseaux sociaux et au sein de la communauté des militants des droits humains. Simultanément, les faiblesses et la fragmentation croissante de l’opposition démocratique – qui semble incapable de surmonter ses conflits idéologiques et sa polarisation intellectuelle – aggravent encore la situation. Leur division sert en fin de compte l’aile autoritaire au sein du régime et lui permet de contrôler davantage la situation.

    L’autoritarisme marocain utilise non seulement le système judiciaire et pénal pour intimider l’opposition et freiner le journalisme indépendant, mais il « arme » également avec succès la diffamation publique par le biais de journaux et de médias ouvertement fidèles au régime. Cette diffamation est principalement utilisée pour discréditer les voix critiques par la publication d’ allégations criminelles infondées et de fausses accusations à leur encontre. Il est également utilisé pour menacer et briser le moral des journalistes en attente d’arrestation ou de procès. Maati Monjib, historien et journaliste, en est un bon exemple. Il a fait l’objet d’une campagne de diffamation menée par les médias diffamatoires des semaines avant son arrestation le 29 décembre 2020 et a ensuite été condamné à un an de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État ».

    Les médias diffamatoires, qui restent sous le contrôle de l’aile autoritaire du régime, cherchent principalement à influencer la rhétorique, les positions, les initiatives et les réactions de la cible envers le gouvernement. Il s’appuie sur des campagnes de diffamation pour menacer ses cibles et contrôler indirectement leurs décisions publiques. Dans le cas des journalistes, ces tactiques visent à influencer la ligne éditoriale de la cible en la poussant à s’autocensurer sur tous les articles, études ou idées qu’elle produit.

    Malgré les nombreuses critiques sur la détérioration de la situation des droits humains au Maroc, le régime marocain, indifférent à sa réputation internationale, poursuit sans relâche sa répression contre les journalistes et les défenseurs des droits humains. En effet, le 12 avril 2022, le Département d’État américain a publié ses rapports nationaux 2021 sur les pratiques en matière de droits de l’homme . En ce qui concerne le Maroc, le rapport note « la multiplication des arrestations arbitraires de journalistes et de militants de la société civile » et la propagation de campagnes de diffamation dans les médias qui « harcèlent et intimident les journalistes ».

    Il semble peu probable que le régime arrête ces pratiques, d’autant plus qu’il est contraint de faire face aux répercussions de l’inflation et aux séquelles de la pandémie de Covid-19 qui a affecté négativement les classes moyennes et populaires. En fait, comme l’ explique Maati Monjib , les difficultés économiques pourraient en fait inciter le régime à continuer de cibler les militants et les manifestants par le biais de poursuites judiciaires et d’une surveillance communautaire accrue.

    Abdellatif El Hamamouchi est un journaliste d’investigation et chercheur en sciences politiques marocain. Il est membre du Bureau central de l’Association marocaine des droits de l’homme. Il écrit pour The Intercept, Open Democracy et The New Arab. Il est également l’auteur de Moncef Marzouki : His Life and Thought, co-écrit avec Maati Monjib et publié par l’Arab Center for Research and Policy Studies à Doha. Suivez-le sur Twitter : @AHamamouchi .

    Carnegie Endowment for International Peace, 12 mai 2022

  • Maroc. Omar Radi tel que je l’ai connu (suite et fin)

    Maroc. Omar Radi tel que je l’ai connu (suite et fin)

    Maroc. Omar Radi tel que je l’ai connu. Témoignage d’un enseignant – Maroc, presse, journalisme d’investigation, répression,

    L’autre (génération), avec l’ambition juvénile, s’ouvre à la vie sur une table rase, baignée dans un climat général qui se déclarait transitoire.

    Ma chance de découvrir les atouts d’Omar Radi, je la dois aux spécificités de la matière enseignée: l’informatique. Il fallait initier les apprentis à l’exploitation des outils offerts par les nouvelles techniques de l’information et de la communication. L’avantage par rapport aux autres disciplines est que le contenu à traiter reste à être élaboré par les élèves eux même. Le professeur est censé se cantonner dans la posture du facilitateur et de l’accompagnateur technique. C’est alors que s’est manifesté le don précoce du chercheur Omar choisissait toujours la difficulté et le défi. Il était aussi meneur sur ce point. Il levait toujours la barre tout haut, poussant ses collègues à le suivre. Longtemps après, je continuais à détecter la griffe du jeune Omar dans les travaux d’investigation qu’il publiait.

    Déjà au lycée, il en a fini avec les techniques de la recherche documentaire, de la synthèse des résultats et de leur présentation.
    Les outils standards n’avaient plus de secret pour lui( navigateurs, moteurs de recherche, excel, word,…)

    D’aucuns peuvent se demander comment je me rappelle, après tant d’années, de ces détails. Je répliquerais que seul un enseignant averti le comprendrait. La mémoire est sélective.

    Et peu de personnes peuvent la marquer pour la vie. Omar était même le sujet de remarques et de discussions entre des enseignants. Beaucoup d’entre eux s’en rappellent aussi et regrettent ce qui est advenu. Il rayonnait d’amour, de vie, de joie de vivre.

    Tel Achille, Omar a choisi la voie des vicissitudes, le métier des milles écueils. Les sentiers battus ne les séduisirent point.

    Tel Achille, Omar a son talon: sa bonté.
    Mais tel Ulysse, Omar reviendra gagnant.

    Tous les dieux et toutes les déesses de la vérité et de la justice le protègent.


    ——- Mr. Mrsoul Hassan—-
    Merci au nom de Omar et de toute une génération d’avoir été le bon prof.

    #Maroc #OmarRadi #Journalisme_investigation #presse

  • Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    Omar Radi tel que je l’ai connu. Témoignage d’un enseignant (1) – Maroc, presse, journalistes, Soulaïman Raïssouni, Taoufik Bouachrine,

    Je ne sais comment Omar s’est lié dans mon entendement aux héros de la mythologie grecque. J’en ai cherché en vain des raisons. Mais cette quête ne serait-t-elle pas tant infructueuse qu’illégitime ?
    Hélas, l’Ecole – cette grande fabrique de jetons pour le système – nous a inculqué la hantise de chasser de notre esprit tt ce qu’elle juge « irrationnel ». En fait la rationalité à son aune se résout en l’aptitude à se faire pignon et trouver sa place dans le géant engrenage de « la vie ». Que faire alors, de la poésie ? De la musique ? De la littérature? De la « politique »??? Pourvu qu’elles servent ce dessein? Cette école, Omar n’en voulait pas. Élève modèle, réceptif, interactif, d’intelligence particulière, gavé de bonnes notes…il n’en voulait pourtant pas, tt en tenant à la ménager. Il était à la fois le poète, le musicien, le rêveur, le politicien, le critique, le chercheur…de sa promotion. Studieux par nature, il n’était cependant guère « alléché » par ce dont tremblent d’envie d’autres: finir dans un bureau de gestionnaire lui assurant un ‘avenir’ enviable.
    Avait-il raison?
    C’est une question minée.
    Selon quelle rationalité aurait-il raison?
    Ne faut-il pas poser la question autrement en se situant du point de vue non individuel mais social?

    Le grand économiste Jean Fourastié ( célèbre notamment pour avoir été à l’origine de la division de l’économie en 3 secteurs, et pour avoir initié l’expression les « Trente Glorieuses ») disait que « ceux qui font bien marcher le monde ne sont pas ceux qui le font avancer ».

    Un ancien directeur de l’ISCAE, l’école marocaine de renommée, avait affirmé qu’ils ne forment pas des entrepreneurs, mais des lauréats qui travailleront ds des entreprises. Car, toute création, même un petit projet, est mue par un rêve, une hallucination poétique, un certain refus ou au moins une insatisfaction de ce qui existe, une foi dans la réussite…bref tt ce qui est irrationnel, est donc étranger aux têtes débitrices-creditrices.

    En fait, le rêve, la somnolence, le contre-intuitif, la pure intuition…tellement pourchassés par notre école, se situent néanmoins au sommet de ce qui est la rationalité ar excellence: la science. Ainsi, Norbert Wiener, l’éminent mathématicien, fondateur de la cybernétique choque par sa déclaration que « les clichés ou les lieux communs, par exemple, éclairent moins que les poèmes. »

    C’est alors que nous pouvons concéder que les personnes comme Omar sont de ceux qui font avancer le monde. Ils sont aussi, sinon plus utiles à la société que ceux qui la font bien marcher. Sauf que les premiers n’ont jamais été légion; d’autant plus qu’ils sont souvent persécutés par les seconds. Le système sépare nos enfants en 2 camps.

    C’est la maladie de Crohn au niveau social. Ceux qui sont censés protéger la société, parce que mal initiés, s’attaquent à leurs congénères les plus avancés. Parce que différents d’eux, ils les prennent pour des ennemis étrangers. Et c’est ainsi que le pays perd la semence indispensable à son progrès. C’est le secret de notre stérilité. L’importation est notre mode d’existence: du simple carburant, aux idées, stratégies et lois qui président à notre destinée. Une sélection contre-naturelle favorise l’affairisme et la myopie sociale, et bannit le créatif.

    Ma rencontre avec Omar a été celle de deux générations.
    L’une, trainant derrière elle le fardeau de décennies d’oppression et de défaites, s’efforce de croire observer enfin le bout du tunnel.

    *Témoignage d’un enseignant

    (Suivra)

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes #Pegasus