Étiquette : Printemps Arabe

  • Maroc : A propos du Mouvement 20 Février

    Tags : Maroc, Mouvement 20 Février, Makhzen, monarchie marocaine, répression, Printemps arabe,

    Montassir : Comment vous expliquez le repli du mouvement et son incapacité à mobiliser autant de gens aujourd’hui en comparaison avec l’année 2011 ?

    Mohamed El Aouni : (…) Ceux qui craignent la contamination du Maroc par la violence et l’ingérence étrangère ont réévalué leurs positionnements et sont devenus réticents. Or, ces personnes ont oublié que le Maroc est différent. Bien qu’il ait des interactions, il diffère du fait de l’histoire de son opposition forte et solide. Une opposition qui avait évacué le choix armé en faveur du choix démocratique, malgré le fait qu’il y a eu certaines périodes où le choix armé et les putschs ont été adoptés. Mais ce sont des moments très brefs. Le choix de la lutte démocratique est devenu une culture non seulement de l’opposition mais de tout le pays. Certains tendent à oublier cela. La preuve de l’adoption de la vision pacifique et démocratique est le M20 lui-même. Personne n’a réussi à pousser ce mouvement vers l’extrême, même ceux qui adoptent une vision extrême au sein du mouvement, ils ont échoué. Cela est oublié par certains.
    (…) La relation avec l’histoire est l’une des causes du sous-développement de la région. Ainsi, il faut prendre en compte l’histoire comme étant un ensemble d’évolutions. On peut comprendre certaines évolutions maintenant, mais il nous faudra du temps pour comprendre plusieurs autres évolutions.
    L’histoire c’est aussi les détails. Et nous savons que l’histoire de l’humanité comme l’histoire de notre région n’a pas été écrite correctement du fait qu’il y a absence d’appréhension et d’appropriation des détails. Notamment les détails influençant directement les événements.

    Dans ce cadre, le printemps arabe et son prolongement au Maroc à travers le M20, ne peut être compris et appréhendé à travers une photographie, c’est-à-dire un temps simple. Il faut disséquer, suivre ses évolutions et ses impacts, et bien entendu il faut revenir sur les questions des racines de ce mouvement et comment il est né81.

    Dans leur action, les militants se réfèrent au passé pour comparer et surtout pour « éviter les fautes du passé » comme nous dit un militant. Ce dernier, jeune, conçoit l’action du passé (où il n’a pas participé puisqu’il est né seulement au début des années 1990) comme son action. Les acteurs interviewés présentent l’action comme un continuum et le M20 comme un outil permettant de continuer ce qui a déjà été entamé. Dans leurs comparaisons, ils ne se limitent pas seulement à l’échelle de l’identification du mouvement à d’autres mouvements des années précédentes, ils considèrent que l’Etat et le pouvoir comme des continuums également. Ainsi, par exemple, ils peuvent expliquer certaines actions ou non- actions du pouvoir par des faits historiques :

    Montassir : Comment, selon vous, expliquer l’absence d’une répression policière et militaire brutale de ce mouvement comme a eu lieu dans certains pays ?

    Mohamed El Aouni : (…) Mais bien entendu, le pouvoir n’a pas employé les armes de combat et les cartouches dans la répression des manifestations. Pourquoi ? Parce que le Maroc a des expériences sanglantes auparavant dans ce domaine. Il ne faut pas oublier 1965, 1981, 1990 et 1994, et parce que les expériences du printemps arabe en Egypte et en Tunisie ont montré que la répression sanglante réveille ceux qui sont loin des manifestations. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de répression (…).

    Le M20, bien qu’il ait introduit un débat et des revendications liées à des questions qui n’étaient pas soulevées par les mouvements sociaux lors des dernières années (la question constitutionnelles par exemple), il est conçu par ses acteurs comme une continuité des mouvements passés. Les interviewés, contrairement aux idées véhiculées par les médias, ne semblent pas stupéfaits par l’émergence de ce mouvement. Il l’explique par « un processus » et par une suite d’événements historiques ayant aboutit à former le M20.

    Montassir : pourquoi avez-vous choisi de militer dans la rue au lieu des institutions représentatives ?

    Yahiya El Bayari : Ce choix est venu après l’impasse et l’enfermement qu’a connu le Maroc depuis les évènements de Sefrou (2007) et Sidi Ifni (2008) ainsi que les mouvements des diplômés chômeurs qui continue à manifester depuis 1994. Les institutions officielles comme le parlement, le gouvernement et les conseils communaux ont déçu le peuple à chaque fois devant les revendications de ces mouvements. Les responsables au sein de ces institutions ont, eux aussi, déçu le peuple jusqu’au point que nous nous sommes convaincus que ces élites soient des malhonnêtes frauduleux : ainsi, le M20 a choisi la rue.

    Comme nous allons le voir dans le cas de l’organisation du M20 (mémoire de 2ème année), l’histoire politique du Maroc et l’histoire de ses mouvements sociaux a influé sur la structure du mouvement et non seulement sur les schèmes des perceptions et des analyses des acteurs. La création même du M20 a été orientée, comme soulignent les témoignages des enquêtés, par cette histoire.

    Source

    #Maroc #M20F #Mouvement_20_février

  • Fiche Multilatérale de la Chine

    Fiche Multilatérale de la Chine

    Tags : Maroc, Chine, ONU, Syrie, Libye, Printemps arabe, Corée, Russie,

    I. Question du Sahara marocain

    La Chine n’a jamais reconnu la pseudo « rasd ».

    II. Questions multilatérales

    1. Rôle des Nations Unies ∕ Principe de non ingérence

    La Chine considère que dans la situation actuelle, il est d’une importance majeure de s’en tenir aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies et de préserver l’autorité et le rôle de l’ONU, d’observer effectivement le principe de non ingérence dans les affaires intérieures des pays et de promouvoir la démocratisation des relations internationales.

    La Chine souligne qu’il faut respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les Etats et rejeter toute forme d’intervention extérieure dans les affaires intérieures d’un pays sous quelque prétexte que ce soit, car les affaires d’un pays ne peuvent être réglées que par son peuple.

    2. Règlement pacifique des conflits

    La Chine estime que nous devons œuvrer, conformément aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies, aux règlements pacifiques des conflits internationaux et aux situations de crise, et s’opposer à l’usage arbitraire de la force ou la menace par la force, et à toute forme de terrorisme, de séparatisme et d’extrémisme, afin de promouvoir une sécurité commune de la société humaine.

    3. Opérations de maintien de la paix des Nations Unies

    La Chine souligne que depuis 60 ans, les Opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont été d’une grande contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales, mais elles font face, ces dernières années, à de nouveaux défis.

    La Chine appelle, en premier lieu, au renforcement de la coordination entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Le maintien de la paix, même s’il est important n’est pas la panacée. Pour l’établissement d’une paix durable, il faut promouvoir le dialogue politique et la réconciliation. Le Secrétaire général des N.U et ses Envoyés spéciaux peuvent jouer un rôle important à travers la médiation.

    Deuxièmement, les parties concernées doivent prêter attention aux causes des conflits, en particulier celles relatives au développement économique et social.

    Troisièmement, le mandat de protection des civils doit être mis en œuvre. Les pays hôtes ont la première responsabilité dans la protection des civils, suivant le respect strict des résolutions du Conseil de sécurité. En même temps, la souveraineté des Etats hôtes doivent être respectée, au même titre que la promotion de la réconciliation nationale et politique.

    Quatrièmement, des efforts doivent être déployés pour raffermir la fonction du renforcement des capacités des opérations de maintien de la paix.

    4. Désarmement et non prolifération

    La Chine considère que pour revitaliser les travaux de la Conférence de désarmement et le processus multilatéral de désarmement, le statut de la Conférence de désarmement comme seul mécanisme multilatéral de négociation du désarmement doit être maintenu et renforcé ; les procédures de consensus de la Conférence de désarmement, comme règles fondamentales, doivent être respectées et maintenues ; et les préoccupations légitimes de sécurité de tous les pays doivent être valorisées et traitées, sur un pied d’égalité.

    Concernant la non prolifération nucléaire, la Chine estime que les assurances de sécurité pour les Etats ne possédant pas d’arme nucléaire est un important thème dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement et constitue une importance vitale pour la promotion du processus de non-prolifération.

    5. Droits de l’Homme

    La Chine affirme que la promotion et la protection des droits de l’Homme est un objectif commun de tous les pays, qui a connu, les dernières années, des progrès dans sa prise en charge, même s’il subsiste des difficultés et défis à relever.

    La Chine considère qu’à cause de l’impact de la crise financière et économique internationale, de la crise alimentaire et de la sécurité énergétique, des désastres naturels et des turbulences régionales, des problèmes comme l’asymétrie entre le nord et le sud, le dressement des barrières commerciales, la détérioration de l’environnement dans les pays en développement et la réalisation des OMD sont devenus des défis plus importants.

    La Chine souligne que la réalisation du droit au Développement reste une longue et ardue bataille.

    La Chine affirme que toutes les formes de discrimination, en particulier, le racisme continuent d’exister, de manière étendue, en relevant que la discrimination sur la base de race, couleur, genre, et religion reste répandue, comme c’est le cas pour les descendants africains et des groupes minoritaires et les immigrés.

    6. Objectifs du Millénaire pour le Développement

    La Chine affirme que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement s’impose comme un impératif pressant et il est urgent de renforcer la coopération entre les différentes parties pour aider les « PMA » à relever «  le défi de la survie ».

    A l’heure actuelle, la tâche est ardue pour réaliser à la date prévue les OMD à l’échelle mondiale. Les pays développés doivent honorer effectivement leurs engagements en matière d’aide publique au développement, ouvrir les marchés, réduire ou annuler les dettes des pays en développement et accroître leurs soutiens financiers et technologiques à ces derniers. Les institutions financières internationales doivent consacrer prioritairement leurs ressources à l’aide aux pays en développement, notamment aux PMA.

    Les pays en développement, quant à eux, doivent explorer activement des modèles efficaces de développement et de lutte contre la pauvreté pour réaliser un développement de plus haut niveau.

    6. Gouvernance économique mondiale

    La Chine signale que la réforme de la gouvernance économique mondiale progresse doucement mais sûrement et les divers mécanismes de coopération régionale se développent vigoureusement.

    7. G20 ∕ Economie mondiale

    La Chine est favorable à ce que le G20 passe d’un outil de gestion de crise à moyen terme à un mécanisme de gouvernance économique à long terme, pour jouer un plus grand rôle dans la gouvernance de l’économie mondiale et la promotion de la reprise et de la croissance globale.

    III. Questions régionales

    1. La Question palestinienne et le conflit au Moyen-Orient

    La Chine, qui se considère depuis toujours favorable à la juste cause des Palestiniens, soutient leur accès au statut d’Etat membre de l’ONU et la mise en œuvre de la « solution à deux Etats »par voir de négociations politiques et la création d’un Etat palestinien indépendant et pleinement souverain sur la base des frontières de 1967 er avec Jérusalem Est.

    Elle estime qu’il est nécessaire de faire progresser dans le même temps et de manière équilibrée les négociations Syrie – Israël et Liban –Israël pour parvenir finalement à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient et à la coexistence pacifique entre les pays arabes et Israël.

    La Chine souligne que la communauté internationale et les parties concernées se doivent de travailler sans relâche dans ce sens pour faire avancer continuellement le processus de paix au Moyen-Orient.

    2. Le Printemps arabe

    La Chine suit avec une grande attention la situation turbulente en Asie de l’ouest et en Afrique du nord. Elle est pour le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures, respecte et soutient les efforts des pays de la région pour gérer en toute indépendance leurs affaires intérieures et respecte les aspirations et revendications de leurs peuples.

    La Chine espère que les parties concernées de ces pays régleront leurs divergences par le dialogue politique pour rétablir au plus tôt la stabilité et l’ordre.

    Syrie

    La Chine, avec la Russie, a usé de son droit de veto contre le projet de résolution du Conseil de sécurité, présenté par note pays, au nom des pays arabes.

    La Chine suit avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation en Syrie et elle est profondément préoccupée par les développements de la crise en Syrie qui a causé la mort de civils et affecte la paix et la stabilité au Moyen-Orient.

    La Chine condamne tous les actes de violence contre les civils innocents et demande au gouvernement et à toutes les factions politiques de la Syrie de mettre fin, immédiatement, à tous les actes de violence et de restaurer rapidement la stabilité et l’ordre social.

    La Chine appelle le gouvernement syrien à entendre, de façon sérieuse, le désir légitime du peuple aux réformes et au développement. Elle appelle les différentes factions politiques en Syrie d’exprimer leurs aspirations politiques sans violence et dans le cadre de la loi.

    La Chine appelle toutes les parties concernées en Syrie à se lancer immédiatement dans un dialogue politique inclusif sans conditions préalables et de discuter un plan et un mécanisme de réforme politique globale.

    La Chine appelle à la tenue de référendum sur le projet d’une nouvelle Constitution et d’élections parlementaires et l’établissement d’un gouvernement d’union nationale, avec la participation de différentes factions. Elle estime que les efforts devraient être entrepris sur cette base pour une mise en œuvre complète de ce plan de réforme.

    La Chine comprend les préoccupations des pays arabes et de la Ligue des Etats arabes dans la recherche d’une solution rapide à la situation en Syrie. La Chine valorise le rôle et apprécie les efforts des pays arabes et de la Ligue arabe dans la recherche d’une solution politique à la situation en Syrie.

    La Chine appuie la position des pays arabes qui dit que la violence doit être arrêtée immédiatement, que les civils en Syrie doivent être protégés, que l’assistance humanitaire doit être acheminée en Syrie, et qu’une intervention militaire extérieure doit être écartée. La Chine espère que le problème soit résolu dans le cadre de la Ligue arabe, par des moyens politiques et pacifiques.

    La Chine souligne que la Communauté internationale doit respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, agir et interagir avec prudence afin d’éviter de nouveaux bouleversements qui menaçaient la paix régionale.

    Lybie

    La Chine considère que la Libye est entrée dans une période cruciale de transition vers la reconstruction post-conflit. Elle respecte le choix du peuple libyen et espère que, sous la direction du Conseil National de Transition (CNT), les différentes parties libyennes inaugureront un processus politique inclusif pour préserver l’union nationale et l’unité du pays, stabiliser rapidement la situation et entamer la reconstruction économique.

    La Chine estime que l’ONU doit jouer un rôle central dans la reconstruction libyenne et soutient la Mission d’Appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

    3. Soudan ∕ Soudan du Sud

    La Chine respecte le libre choix des peuples soudanais et sud soudanais et espère que le tout jeune Etat du Soudan du Sud connaîtra stabilité et prospérité. La Chine estime que la communauté internationale doit continuer à soutenir et à encourager le Soudan et le Soudan du Sud à régler les question en suspens à travers le dialogue et les consultations, à coexister en paix et à travailler ensemble pour leur développement ainsi que pour la paix et la stabilités régionales .

    La Chine a toujours plaidé activement en faveur du dialogue pour promouvoir le processus de paix entre le Soudan et le Soudan du Sud et le règlement adéquat du problème de Darfour.

    La Chine s’engage à continuer à œuvrer de concert avec la communauté internationale pour jouer un rôle constructif dans la réalisation de la paix, de la stabilité et du développement dans cette partie du monde.

    4. Situation dans la Péninsule coréenne

    La Chine salue l’évolution positive de la situation dans la péninsule coréenne et estime que le dialogue et les consultations constituent le seul moyen efficace pour régler le problème et que les pourparlers à sis sont un mécanisme efficace pour promouvoir la dénucléarisation de la péninsule et en Asie du Nord-Est.

    La Chine a toujours plaidé en faveur de la pais et joué un rôle tout particulier pour apaiser la tension et préserver la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne. Elle salue la reprise du dialogue entre la RPDC (Corée du Nord) et la République de Corée (Corée du Sud) et les Etats-Unis, et souhaite que les parties concernées puissent saisir les opportunités et maintenir leurs dialogues et contacts en vue d’une reprise rapide des pourparlers à six.

  • Confidentiel : Note sur la visite de Marzouki au Maroc

    Confidentiel : Note sur la visite de Marzouki au Maroc

    Tags : Maroc, Tunisie, UMA, Maghreb, Printemps Arabe, Moncef Marzouki, Algérie,

    Un communiqué de la maison Royale annonçe une visite de fraternité et de travail que le président tunisien Moncef Marzouki effectuera au Maroc du 8 au 10 février.

    Cette visite revêt une importance particulière par rapport au contexte dans lequel elle va se dérouler. Ci-après quelques recommandations portant sur un accompagnement médiatique pertinent.

    1. Opportunités

    Cette visite pourrait être lue sous le prisme du parallélisme entre deux chefs d’Etat symboles de la transition mais également acteurs de sécurisation et de stabilisation face à des conjonctures d’incertitude : ainsi, en Tunisie, la victoire des islamistes a ouvert la voie à des inquiétudes de la part de certaines franges de la société tunisienne qui dénoncent de plus en plus des dérapages et une volonté de la tendance extrémiste à dominer la société. Au Maroc, la Monarchie sous Sa Majesté Le Roi Mohammed VI est perçue comme une institution garante non pas seulement de la stabilité mais également des valeurs de modernité.

    La visite du Chef d’Etat tunisien pourrait constituer un levier d’action commune sur le plan international. Le Maroc et la Tunisie ont l’occasion d’agir en bloc uni. La réintégration par le Maroc de l’Union Africaine et les perspectives de réactivation de l’UMA constitue des fronts d’action commune.

    2 Messages a même de valoriser les retombées médiatiques de cette visite.

    Lire la suite depuis la source (Maroc-leaks)

    #Maroc #Tunisie #Algérie #Maghreb #UMA #Moncef_Marzouki #Printemps_Arabe


  • Note au sujet de la visite du président Tunisien au Maroc

    Note au sujet de la visite du président Tunisien au Maroc

    Maroc, Tunisie, UMA, Maghreb, Printemps Arabe, Moncef Marzouki, Algérie,

    Un communiqué de la maison Royale annonçe une visite de fraternité et de travail que le président tunisien Moncef Marzouki effectuera au Maroc du 8 au 10 février.

    Cette visite revêt une importance particulière par rapport au contexte dans lequel elle va se dérouler. Ci-après quelques recommandations portant sur un accompagnement médiatique pertinent.

    1. Opportunités

    Cette visite pourrait être lue sous le prisme du parallélisme entre deux chefs d’Etat symboles de la transition mais également acteurs de sécurisation et de stabilisation face à des conjonctures d’incertitude : ainsi, en Tunisie, la victoire des islamistes a ouvert la voie à des inquiétudes de la part de certaines franges de la société tunisienne qui dénoncent de plus en plus des dérapages et une volonté de la tendance extrémiste à dominer la société. Au Maroc, la Monarchie sous Sa Majesté Le Roi Mohammed VI est perçue comme une institution garante non pas seulement de la stabilité mais également des valeurs de modernité.

    La visite du Chef d’Etat tunisien pourrait constituer un levier d’action commune sur le plan international. Le Maroc et la Tunisie ont l’occasion d’agir en bloc uni. La réintégration par le Maroc de l’Union Africaine et les perspectives de réactivation de l’UMA constitue des fronts d’action commune.

    2 Messages a même de valoriser les retombées médiatiques de cette visite.

    Message 1 et 2

    – Mettre en exergue l’importance accordée par la diplomatie marocaine à la réactivation de l’UMA comme priorité. (Discours de Sa Majesté Le Roi, Constitution, Déclaration gouvernementale)

    – Mettre cette visite dans une perspective plus large eu égard aux efforts marocains visant à normaliser les relations avec l’Algérie pour mettre en avant le volontarisme dont fait preuve le Maroc et à sa tête Sa Majesté Le Roi pour réactiver durablement la dynamique d’intégration maghrébine.

    Relais

    Responsables diplomatiques marocains (ministère des affaires étrangères, diplomates accrédités…)

    Parlementaires de différents groupes (majorité et opposition)
    Journalistes ayant une notoriété à l’étranger ( Hassan Alaoui du Matin,…)

    Message 3

    Intégrer cette visite dans le cadre de la Nouvelle dynamique diplomatique du Royaume menée par Sa Majesté Le Roi. Le Maroc a su saisir la sensibilité de la conjoncture internationale et régionale qui mérite une activation du rôle diplomatique du Royaume (membre du Conseil de sécurité….)

    Relais

    Ce message pourrait être traité sous un angle analytique par des experts en matière de politique et de relations internationales (Saaf, Tozy, Darif, Housseini…)

    Message 4

    Mettre en avant la convergence entre les orientations politiques des deux pays (démocratisation, intégration politique….) renforcée par la conjoncture actuelle.

    Relais

    Ce message pourrait être diffusé à travers un double canal politique et académique. Il s’agit notamment de responsables de partis politiques des deux pays mais également des observateurs académiques et constitutionnalistes des deux pays.

    Message 5

    Mettre en avant les potentialités de complémentarité économique entre les deux pays qui peuvent passer d’une logique de concurrence économique à une logique de coopération voire d’intégration économique.

    Relais

    Opérateurs économiques des deux pays, Cgem, Casablanca Finance city..

    Message 6

    S’agissant d’une visite à portée symbolique émotionnelle pour le chef d’Etat tunisien, il serait opportun de mettre en avant les sentiments exprimés par le chef d’Etat tunisien à l’égard du Royaume (gratitude à l’égard du Royaume comme terre d’accueil. Au delà de la visite d’Etat, il s’agit de la visite d’un ancien opposant et fils d’opposant qui a trouvé au Maroc une terre d’accueil.

    Relais

    Ce message devrait être inséré notamment dans un cadre médiatique audiovisuel de débat talk show ( avec acteurs des droits de l’homme qui connaissent personnellement M. Merzouki type Habib Belkouche , Herzenni…)

    #Maroc #Tunisie #Algérie #Maghreb #UMA #Moncef_Marzouki #Printemps_Arabe

  • Libye – Destruction d’une nation

    Libye – Destruction d’une nation

    Libye, Kadhafi, OTAN, Printemps arabe,

    En 2011, le dictateur libyen de longue date Mouammar Kadhafi a été renversé et tué par des rebelles soutenus par la France.

    Des acteurs étrangers comme la Turquie et la Russie s’y installent également. « Ils tranchent la Libye comme un gâteau », déclare le militant libyen Emad Shanab. Ankara et Moscou ont saisi leur chance de prendre pied dans le pays méditerranéen, bouleversant l’équilibre géopolitique de la région. Dans le chaos qui a suivi la chute de Kadhafi, la milice terroriste EI a également pu mettre en place des opérations en Libye.

    Un soulèvement populaire a dégénéré en guerre civile en cours. Les parties orientale et occidentale du pays sont divisées en différents camps sous deux gouvernements rivaux. La jeune génération est traumatisée par le conflit en cours. Comme le demande l’activiste Emad Shanab : « Combien de temps cela peut-il durer ? Que devons-nous faire ? Quitter le pays ? Mourir ? Mourir est-il notre seul choix ? »

    L’Europe est profondément divisée sur la Libye. Les stratégies divergentes des puissances occidentales, avec leurs intérêts économiques conflictuels, ne font qu’enfoncer davantage la Libye dans la désintégration. Un afflux d’armes sophistiquées – malgré un embargo de l’ONU – constitue une menace croissante pour la sécurité de toute la région méditerranéenne.

    DW, 22/09/2022

    #Libye #Kadhafi #OTAN #Printemps_arabe

  • Maroc: L’article qui a coûté 20.000 dollars à la DGED

    Maroc: L’article qui a coûté 20.000 dollars à la DGED

    Maroc, DGED, lobbying, Etats-Unis, Printemps Arabe, Forbes, Richard Miniter, Ahmed Charaï,

    L’article est paru dans le Magazine New Yorkais des Affaires « FORBES ». Son auteur est Richard Miniter, un blogueur présenté par Ahmed Charaï comme « Grand journaliste d’investigation ». « C’est l’un des meilleurs article écrit sur SM Le Roi depuis 10 ans, en plus par un Grand journaliste d’investigation comme Richard Miniter!). A mon avis, l’impact aux USA sera certainement fort, au Maroc, on doit le relayer au maximum. Je propose de le traduire, dès sa publication, et de le publier dans Al Ahdate, l’Economiste, sans oublier la presse électronique.

    Suite à la rédaction de cet article, Miniter a demandé à Charaï le prix. « N’oublie pas mon cadeau (20.000 dollars) que tu m’as promis », dit-il dans un email daté du 24 avril 2012. « Je suppose que tu as mon numéro de compte bancaire, a-t-il ajouté.

    Dans un autre mail envoyé le 3 mai 2012, Miniter rappelle qu’il attend toujours son cadeau et fait la publicité à son article. « J’ai reçu de nombreux appels de plusieurs membres du personnel du député à propos de l’article. J’espère que votre roi était très heureux et qu’un jour il me donnera une distinction », a-t-il dit.

    Voici le texte intégral de l’article :

    Le printemps arabe est-il mauvais pour les investisseurs ?

    CASABLANCA – Depuis presque un an, diplomates, experts et journalistes disent aux investisseurs de ne pas s’inquiéter des nouveaux gouvernements islamistes qui émergent dans le sillage du Printemps arabe. Ils ont tort.
    L’argument des optimistes était simple : « Les réalités démocratiques obligeront les islamistes à maintenir la croissance économique afin de remporter les prochaines élections. » Le printemps arabe ne se transformera pas immédiatement en hiver ; la responsabilité rend les politiciens responsables et ainsi de suite.

    Certes, les islamistes ont parlé d’un bon jeu. Dans le programme de leur parti et dans leurs discours, les islamistes marocains ont souligné qu’une économie plus libre attirerait les investisseurs étrangers et stimulerait l’emploi. Ils ont déclaré que la réduction du chômage des jeunes était leur problème numéro un. Ils ont déclaré vouloir ramener la croissance annuelle du PIB à 7 % par an, faisant du Maroc un « tigre asiatique ». Ils ont déclaré vouloir conclure des accords de libre-échange avec leurs voisins. (Le royaume a déjà des accords de libre-échange avec les États-Unis et l’Union européenne). Ils se sont dits favorables à la déréglementation et à la privatisation et ont même proposé une modeste réduction des impôts. Les choses s’annonçaient donc bien.

    Et la peur des électeurs inconstants était censée discipliner les islamistes. Lorsque les partis islamistes ont gagné en novembre dernier, ils ont même remporté Casablanca, le centre commercial du Maroc. Ils ont persuadé les propriétaires de petites entreprises et les professions libérales de passer des partis libéraux et socialistes, qui avaient recueilli leurs voix en 2007, aux islamistes, en novembre 2011. Ces électeurs s’attendaient à des réformes économiques et à des changements sociaux modestes, et non l’inverse. Si les islamistes ne tiennent pas leurs promesses en matière d’économie, ils seront éliminés.

    Pour être sûr, le Maroc n’allait jamais adopter la constitution de la liberté de F.A. Hayek. Les dirigeants islamistes ont déclaré que leurs modèles économiques provenaient de la Turquie et des partis de centre-droit français, et non de Singapour ou du Chili. Mais, surtout, ils ne regardaient pas non plus du côté de l’Iran ou de la Chine. La Turquie était, jusqu’à récemment, un pays à forte croissance qui combinait l’esprit d’entreprise avec une déférence croissante pour l’Islam. (Au cours des 18 derniers mois, cependant, la Turquie a incarné les dangers de l’islamisme en politique ; l’AKP au pouvoir a lancé un djihad contre les généraux laïques de la république et ses dissidents, s’est rapproché de l’Iran sur le plan diplomatique, la croissance économique a stagné et les investisseurs cherchent la sortie).

    Aujourd’hui, après quelques mois au pouvoir, le parti islamiste au pouvoir au Maroc dévoile un nouveau programme, qui effraie déjà les milieux d’affaires locaux et les investisseurs étrangers.
    Un ministre du gouvernement islamiste – dans une série de discussions privées – a suggéré que les agences gouvernementales, et même les entreprises appartenant en partie à l’État, ne devraient plus faire de publicité dans les journaux et les magazines qui font également de la publicité pour l’alcool, un produit légal au Maroc. Cela signifie que la compagnie aérienne d’État, Royal Air Maroc, ne peut plus placer d’annonces dans la plupart des grands quotidiens. Le problème pour les éditeurs : Les compagnies aériennes et l’alcool sont tous deux de gros annonceurs, et la perte de l’un ou de l’autre serait douloureuse. En effet, certaines publications pourraient fermer, quel que soit le camp qu’elles choisissent. Jusqu’à présent, il ne s’agit pas d’une réglementation, mais d’une campagne de chuchotement. Mais les éditeurs locaux reçoivent le message.

    Un autre islamiste, le ministre des communications, a envisagé publiquement de prendre un décret obligeant les chaînes de télévision à interrompre les programmes populaires pour diffuser des sermons à la place, aux heures de grande écoute les soirs de semaine. Cette mesure est fatale pour l’audimat et donc pour les recettes publicitaires. C’est aussi le signe que le Maroc est en train de changer ses habitudes d’accueil, passant philosophiquement de Paris à Riyad. Où un investisseur étranger préférerait-il passer un week-end ?

    Avant même que la règle ne soit finalisée, elle était considérée comme un présage, un signe avant-coureur des idées destructrices des islamistes sur le plan économique. Dans le milieu des affaires, la conversation passe rapidement de l’observation à l’extrapolation. Chaque fois que les hommes politiques s’intéressent davantage aux symboles qu’aux réalités, ils sont séduits par une poésie empoisonnée qui pousse leur peuple dans l’étreinte moite de la pauvreté. Il n’y a pas forcément de conflit entre la mosquée et le marché, mais les islamistes ont appris leur économie des socialistes arabes et d’Europe de l’Est. Beaucoup d’entre eux aiment encore l’idée d’une économie dirigée et aiment l’idée de donner des ordres. Cela ne fonctionne pas mieux en Iran qu’en Biélorussie. Pourquoi l’essayer au Maroc, qui dispose d’une économie moderne diversifiée et relativement libre ? C’est pourquoi les investisseurs et les entrepreneurs locaux sont nerveux.

    Il y a quelques jours, le roi a demandé à voir le chef du gouvernement et le ministre des communications. Il lui a rappelé que le nouveau gouvernement devait respecter la constitution, qui donne aux radiodiffuseurs la liberté de parole, et il a rappelé aux chefs de gouvernement de respecter la diversité des peuples au Maroc. Tous ne sont pas musulmans, a-t-il dit, et ne seraient pas nécessairement servis par un sermon.

    Pour l’instant, les ministres islamistes ont compris le message. Le roi observe et tout geste extrême pourrait être contrôlé par le monarque constitutionnel.
    Seuls deux hommes peuvent sauver le Maroc maintenant – et sauver la promesse du printemps arabe. L’un est le roi du Maroc, l’autre le président des États-Unis.

    Pendant des années, la principale force libéralisatrice était le roi lui-même. Mohammed VI est un dirigeant jeune et poli, aussi à l’aise en français qu’en arabe, dans les sphères européenne et arabe. Cela lui a donné la capacité unique de défendre les cultures traditionnelles et tribales tout en voyant la sagesse de développer une économie diversifiée et moderne basée sur l’accomplissement individuel.

    Plus important encore, Mohammed VI a été l’un des libéralisateurs les plus agressifs au monde.
    Il a défendu et signé des accords de libre-échange avec les États-Unis et l’Union européenne. Il a encouragé les investissements étrangers par un traitement fiscal favorable et la réduction des formalités administratives. Il a maintenu une monnaie stable et combattu la corruption qui agit comme un impôt caché sur le développement. Il a versé des milliards pour investir dans les régions pauvres du sud de son royaume et a ensuite exploité les infrastructures pour attirer les investissements étrangers dans les hôtels, les fermes et les exploitations touristiques.

    En encourageant les investissements étrangers par la déréglementation et les investissements locaux par un meilleur accès au crédit (le roi a réformé les lois bancaires), le Maroc a connu une croissance économique robuste. Le Maroc a connu une croissance moyenne de 3 % par an en termes de produit intérieur brut par habitant au cours des années précédant l’accession au trône de Mohammed VI (1990-1999). Ce chiffre est passé à une moyenne de 8 % par an sur la base du PIB par habitant pendant le règne de Mohammed VI (1999-2010), selon la Banque mondiale. (Les chiffres ne sont pas encore disponibles pour 2011).
    La libéralisation des marchés et la modernisation des réglementations ont permis d’attirer davantage d’investissements étrangers. La formation brute de capital fixe, qui mesure les efforts d’investissement nationaux par rapport au PIB, a grimpé à 35 % du PIB en 2011. Il s’agit d’une forte augmentation par rapport aux 25 % enregistrés entre 1990 et 1999, selon les recherches de l’OCDE, dont le siège est à Paris.

    En conséquence, l’investissement étranger net moyen a bondi sous le règne de Moahmmed VI à 1 456 millions de dollars par an, contre 213 millions de dollars par an sous le règne de son prédécesseur Hassan II, selon la Banque mondiale.
    Le PIB total du Maroc a presque doublé au cours des onze dernières années, sous le nouveau roi réformateur. Selon un rapport présenté par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique à Addis-Abeba, le taux de croissance du PIB du Maroc (5,3 %) en 2009, dépasse celui de l’Égypte (4,7 %), de la Tunisie (3 %), de la Mauritanie (2,3 %), de l’Algérie (2,1 %) et de la Libye (1,8 %). Et ce, avant que le « printemps arabe » n’étouffe les taux de croissance partout en Afrique du Nord – partout, sauf au Maroc.

    Le taux de pauvreté a été réduit presque de moitié, selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement. Au début du règne de Mohammed VI, quelque 4,5 millions de Marocains se trouvaient sous le seuil de pauvreté. Aujourd’hui, ils sont moins de 2,6 millions. Le PNUD attribue la réduction massive de la pauvreté à « l’Initiative nationale pour le développement humain que Mohammed VI avait lancée en 2004 ».

    Pour lutter contre la corruption et les violations des droits de l’homme, le roi a créé le Conseil consultatif des droits de l’homme et l’Instance équité et réconciliation. Il s’agit d’organes indépendants qui ont versé des compensations financières aux victimes de brutalités policières et d’emprisonnements injustes pendant le règne des prédécesseurs du roi.

    En outre, il a mis en œuvre de vastes réformes de la police locale et nationale et mis fin à la répression des dissidents politiques. En conséquence, un large éventail de personnes et de partis non conventionnels opèrent ouvertement au Maroc – des radicaux maoïstes aux salafistes. Pour autant qu’ils évitent la violence ou d’autres activités criminelles (trafic de drogue, enlèvement, etc.), ces groupes sont libres de s’exprimer lors de rassemblements, de publier des journaux et même de présenter des candidats aux élections. À bien des égards, le Maroc jouit aujourd’hui de plus grandes libertés politiques et d’une plus grande représentation politique que, par exemple, la Roumanie ou la Moldavie.

    Conscient que les millions de pauvres et de quasi-pauvres constituent une menace pour la stabilité de son royaume, le roi a lancé un programme de soins de santé pour fournir des soins à 8,5 millions de personnes n’ayant pas accès aux soins de santé. Contrairement au National Health Service britannique, le programme RAMED du Maroc n’est pas gratuit pour tous. À l’exception des personnes très pauvres, chacun doit verser un co-paiement en fonction de ses revenus – en moyenne environ 1 dollar par mois. Cette somme n’est pas négligeable dans de nombreuses régions du Maroc, mais elle est abordable. Le principe du co-paiement réduit la demande, qui autrement mettrait le système en faillite en raison de coûts excessifs.
    Il a également libéralisé la politique du Maroc. Les femmes et les minorités religieuses (y compris les juifs et les chrétiens) ont les mêmes droits en vertu de la nouvelle constitution. Il a transféré le pouvoir de lui-même à des gouvernements nationaux et régionaux élus.

    L’administration Obama doit faire plus que des discours. Aussi fulgurant qu’ait été le discours d’Obama au Caire, il n’a pas été suivi de changements significatifs dans la politique. L’administration Obama a continué à travailler avec des partis, des factions et des personnalités qui n’acceptaient pas les valeurs libérales comme point de départ. Un signe révélateur : regardez le processus interne d’un parti pour sélectionner ses dirigeants. Si un parti n’élit pas ses dirigeants dans le cadre d’élections équitables et multi-candidates, il ne sera pas une force démocratique et pacifique s’il arrive au pouvoir. Les Frères musulmans d’Égypte et les islamistes de Tunisie répondent à ce critère. Le Hamas et le Front Polisario ne le font pas.

    Une fois qu’un parti atteint ce seuil, l’administration doit continuer à s’engager afin de l’influencer dans une direction plus libérale, respectueuse de la diversité religieuse, de la propriété privée, de la liberté d’expression et des élections libres. La façon dont un parti traite les chrétiens et les juifs est un bon baromètre, la façon dont il traite les investisseurs étrangers en est un autre.
    La plus grande gaffe historique de ces 30 dernières années a peut-être été celle des années Bush. Le président George H.W. Bush a assisté à la chute du mur de Berlin, à l’émergence d’États embryonnaires plus libres en Europe de l’Est et à une transition en Russie même. Pourtant, à part envoyer des conseillers économiques et des diplomates, Bush n’a pas fait grand-chose pour guider ce processus historique. L’administration pensait que tout conseil serait perçu comme une ingérence. Et certains de ses conseils n’ont pas été utiles. Lorsque les réformateurs ont voulu interdire aux anciens responsables communistes de se présenter aux élections dans les nouvelles nations, le département d’État les a vivement encouragés à ne pas céder à cette tentation. En conséquence, la Bulgarie, la Hongrie et même la Pologne ont été accablées par une décennie de luttes politiques inutiles avec les défenseurs « post-communistes » de l’ancien régime. (Des conseils similaires concernant les responsables baasistes en Irak ont également retardé les progrès dans ce pays). Dans le monde réel, la protection du libéralisme exige parfois des moyens illibéraux. Pour être accepté en tant que parti politique légitime, le parti doit adhérer ouvertement aux valeurs libérales : la liberté de conscience, une presse libre, la propriété privée, le libre échange sur des marchés ouverts. Ces valeurs ont fait de l’Occident la région la plus riche de la planète et elles fonctionnent partout où elles ont été expérimentées.

    Au Maroc, l’administration Obama semble prête à répéter les erreurs des années Bush. Envoyer quelques professionnels, s’asseoir et espérer le meilleur. Après tout, c’est leur pays.
    Jusqu’à présent, l’approche décontractée ne fonctionne pas. Il est temps pour Obama de rencontrer Mohammed VI. Ce sommet enverrait un signal aux réformateurs du monde arabe : Vous n’êtes pas seuls. La religion est une grande source de moralité, mais le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté, c’est l’ouverture des marchés et la croissance économique. Les partis religieux qui cherchent à moderniser les nations doivent d’abord moderniser leur propre pensée économique.

    Si les réformateurs arabes cherchent un modèle, Obama pourrait dire qu’ils en ont un en Mohammed VI. Son bilan en matière d’ »espoir et de changement » devrait être copié.
    Si Obama décide de rester chez lui, les historiens le classeront dans la catégorie des Bush : Un observateur de l’histoire, pas un leader des transformations.

    Richard Miniter

    Forbes, 25/04/2012 (traduction non officielle)

    #Maroc #Printemps_arabe #Richard_Miniter #Etats_Unis #Lobbying #Forbes

  • Marocleaks : 20 000 dollars pour un article sur Mohamed VI

    Maroc, Sahara Occidental, Etats-Unis, Richard Miniter, Lobbying, Al Qaïda, Mohammed VI, Printemps Arabe,

    « Seuls deux hommes peuvent sauver le Maroc maintenant et sauver la promesse du printemps arabe. L’un est le roi du Maroc, l’autre le président des États-Unis. Pendant des années, la principale force libérale a été le roi lui-même. Mohammed VI est un jeune dirigeant raffiné qui est aussi à l’aise en français qu’en arabe, dans les sphères européennes et arabes. Cela lui a donné la capacité unique de défendre les cultures traditionnelles et tribales tout en voyant la sagesse de développer une économie diversifiée et moderne basée sur l’accomplissement individuel ».

    Cette affirmation texte appartient au journaliste américain Richard Miniter, un auteur qui se décrit comme « journaliste d’investigation et auteur à succès ». Il a été publié le 25 avril 2012 sur le magazine Forbes sous le titre de « Le printemps arabe est-il mauvais pour les investisseurs ? ». Miniter n’a ménagé aucun effort en vue de redorer l’image du roi du Maroc à un moment où le vent du « Printemps Arabe » menaçait les régimes dictatoriaux dans le monde arabe. Pour mériter le cadeau qu’Ahmed Charaï lui avait promis : 20.000 dollars.

    Selon un email envoyé le 3 novembre 2010, Richard Miniter avait déjà effectué une visite dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf à l’invitation du Front Polisario. Après son recrutement par la DGED, il sera chargé de la mission d’écrire sur les prétendus liens du mouvement sahraoui avec Al Qaïda.

    Son manque de professionnalisme et son allégeance aveugle à la DGED lui a valu une punition de la part du Groupe de l’Institut Hudson. La raison? Son analyse sur les élections marocaines de 2011 qui ont permis aux islamistes d’accéder au pouvoir. « Malgré les nombreux rappels adressés à l’éditeur qui sont restés sans réponse à ce jour de votre part, concernant l’analyse que vous avez traitée dans la publication des statistiques relatives aux élections législatives au Maroc, engageant les autorités américaines sans preuve convaincante, nous vous notifions par la présente qu’une décision a été prise par le conseil d’administration de suspendre notre collaboration, à titre disciplinaire, pour une durée de trois mois, à compter du 1er janvier 2012 jusqu’au 30 mars 2012 », lui avait écrit Weinstein Kenneth, président du groupe.

    Miniter demande, alors, une indémnisation à son contact marocain dans un email daté du 21 janvier 2012 dont voici le texte:

    De : Richard Miniter rminiter@gmail.com
    À : Ahmed charai ahcharai2005@yahoo.fr
    Envoyé le : Samedi 21 Janvier 2012 20h32
    Objet :

    Ahmed,

    Vous savez combien je vous respecte et combien je vous fais confiance… MAIS l’article que j’ai publié le 26 octobre dans le Hudson Institute m’a créé un sérieux problème (voir ci-dessous le courriel du président du Hudson Institute).

    Une décision disciplinaire du conseil d’administration de l’Institut a été prise pour arrêter ma collaboration en tant que membre et rédacteur en chef de l’Institut Hudson pendant 3 mois. La raison était le fait que j’ai utilisé l’expression suivante dans mon article (et comme vous le savez je n’avais AUCUN document pour justifier cette expression). « Selon une ANALYSE CONFIDENTIELLE D’UNE SOURCE AMÉRICAINE FIABLE…. Le RNI, devrait commander au moins 12% du vote…. Le PJD islamiste, ne devrait pas élargir sa part de la chambre basse du parlement »……
    Le résultat : Le PJD est arrivé en tête, remportant 107 des 395 sièges… C’est une véritable claque pour ma crédibilité Ahmed.

    Nina essaie de rétablir la confiance du conseil d’administration à mon égard. MAIS, je vais définitivement perdre plus de 60 000 dollars sur 3 mois.

    Ahmed, je serai à Paris les 30 et 31 janvier pour une conférence. J’ai besoin de votre aide pour me sortir de cette situation.

    A l’instar des autres journalistes invités au Maroc, la DGED payait ses réservations des chambres dans les hôtels les plus luxueux au Maroc en plus des billets aller-retour dans la classe business:

    #Maroc #Marocleaks #EtatsUnis #RichardMiniter #Lobbying #MohammedVI #Forbes

  • De la benalisation du Maroc

    De la benalisation du Maroc – Zine El Abidin Benali, printemps arabe, Mohammed VI, Makhzen,

    Opinion. El Abidine Ben Ali, n’aura rien légué de bien mémorable à l’Histoire ou à l’Humanité, sinon de s’être fait l’éponyme des régimes policiers qui sévissent à travers le monde. Le Maroc fait partie de ceux-là et notre pays avait, bien avant la Révolution du Jasmin, succombé à la benalisation et ses corollaires : soumission des partis politiques, atteintes aux libertés fondamentales, répression de la presse, arrestations de militants, poursuites des activistes, contrôle de l’économie……………

    Une équation simpliste et coûteuse

    Le régime Benali fut un moment d’ontologie en matière d’égotisme, de culte de la personnalité, de primauté des intérêts de quelques uns, sur ceux de la communauté. Il fut également un modèle du genre, en matière de terrorisme policier. Il fit basculer des millions de tunisiens dans une psychose de la dénonciation telle qu’elle confinait à la paranoïa. Autant d’ingrédients d’une équation simpliste mais qui allait s’avérer coûteuse : stabilité intérieure et défense des intérêts occidentaux, en échange d’un soutien de ces derniers et de leur silence face à la tyrannie, aux violations des droits de l’homme et à la corruption économique.

    Benali fit de ce paradigme une profession de foi, pour autant que l’homme en ait jamais eu une, qu’il se fût agi de s’en prendre aux islamistes au prétexte de lutter contre le terrorisme, d’ouvrir le marché tunisien aux entreprises occidentales, ou d’octroyer une marge ténue de liberté aux féministes, aux artistes et aux défenseurs des libertés individuelles.

    Mais aux premiers coups de boutoir de la révolution et le Printemps arabe qui s’en est suivi, le système s’est effondré. Démocrates et progressistes qui voyaient dans cette tunisiation une réponse appropriée à la benalisation, se prirent à rêver de transposer le modèle de Révolution populaire tunisienne et les valeurs qu’il véhiculait à la réalité de leur propre pays.

    Trois ans ont passé depuis. En Egypte, un coup d’Etat militaire, soutenu par les pétromonarchies du golfe, a eu raison du premier président civil démocratiquement élu. De l’Atlantique à la mer d’Oman, bien des régimes furent sérieusement ébranlés. Certains se sont même effondrés. Mais tout porte à croire que la benalisation a encore de beaux jours devant elle, tout comme son concepteur, bien à l’abri derrière les hauts murs d’un palais saoudien. Pour se rendre compte de cette résurgence arrêtons-nous, l’espace d’un instant, sur les rives de l’Atlantique, au Maroc.

    Tout et son contraire

    Lors de son discours à l’Assemblée constituante à Tunis, le 31 mai dernier, Mohammed VI avait soigneusement évité de prononcer le mot « révolution », ce que les observateurs s’étaient accordés à mettre au compte d’un certain triomphalisme de la continuité dans la tyrannie. Et pour mieux saisir la signification cachée du discours de Tunis, il convient de se souvenir de celui du 21 février, au lendemain des grandes marches du 20 février 2011.

    Le monarque y dépeignait les revendications des manifestants, comme de la « démagogie » et de « l’improvisation », avant de se raviser le 9 mars, promettant de renoncer à certaines de ses prérogatives au profit d’institutions élues. Tout et son contraire, en moins d’un mois. Les promesses sont, hélas, restées des vœux pieux, les réformes cosmétiques n’ayant en rien entamé le caractère autoritaire du régime marocain.

    Plusieurs faits attestent du retour en force de la benalisation :

    – arrestations et condamnations de militants, d’activistes, d’avocats, de journalistes et de juristes.

    – recours aux écoutes téléphoniques, à la surveillance de la correspondance privée, à l’espionnage sur internet ou à la fabrication de scandales sexuels, dans le but de discréditer, intimider et bâillonner ceux qui osent franchir les lignes rouges.

    – mise au ban des associations et organisations qui refusent de participer au jeu politique, tel que fixé par le pouvoir, comme c’est le cas pour l’organisation islamiste Al Adl Wal Ihsane ou le parti marxiste-léniniste Annahj Addimocrati.

    – répression des organisations qui dénoncent les atteintes aux droits de l’homme, telles que l’Association marocaine des droits humains (AMDH), la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits humains, et les différentes organisations des droits de l’homme au Sahara occidental auxquelles le Maroc continue de refuser toute légitimité.

    – répression des manifestations sous prétexte qu’elles ne sont pas au bénéfice d’une autorisation. Pourtant, des milliers de ces manifestations se sont tenues sans autorisation en 2011.

    – Refus du quitus pour les partis politiques ou les organisations dont les responsables ne sont pas en odeur de sainteté auprès des autorités, comme ce fut le cas pour Al Oumma et Alternative civile, toutes deux à tendance islamiste modérée ; pour Freedom now, organisation de défense des libertés d’opinion et d’expression, pour Droits numériques, qui défend la liberté d’utiliser Internet, et pour l’Union marocaine du travail, Orientation démocratique.

    – élimination de toute forme de presse indépendante par le truchement de procès fabriqués, d’amendes colossales, d’années d’emprisonnement ou en forçant les journalistes à la démission ou à un exil volontaire, hors des frontières du pays.

    – élimination des espaces de libertés d’opinion et d’expression par un contrôle des médias, de leur ligne éditoriale, de leurs ressources et monopolisation des chaînes de télévision, des stations de radio, des agences de presse, pour une meilleure diffusion de la propagande officielle et pour mieux museler les opinions dissidentes.

    – pollution du paysage médiatique, par la création de journaux et de sites Web, spécialisés dans l’anathème et la diffamation des voix dissidentes ou le traitement de sujets triviaux ou de banalités désolantes, telles que criminalité, sexe, scandales, vie privée des autres.

    – mise en échec de tout rapprochement entre islamistes et gauchistes laïques qui risquerait de mener à la formation d’un front démocratique contre la tyrannie.

    – inhibition de toute forme de pensée politique ou de dissidence par la domestication des partis, des syndicats et de leur leadership, la division dans leurs rangs et l’ingérence dans leurs décisions.

    – création de partis et de syndicats aux ordres avec financement du trésor public, afin de susciter chez le peuple confusion et perte de confiance dans l’action politique.

    – retour en force du spectre du péril islamiste, avec la plus large publicité donnée au démantèlement de cellules terroristes et l’exagération du nombre des terroristes présumés arrêtés dans le but de semer la terreur dans les esprits et justifier par la lutte contre le terrorisme, la poigne sécuritaire.

    – persistance d’une justice coup de téléphone, dénoncée par le Club des magistrats du Maroc, et dernièrement par un tribunal texan, qui parle de crainte de la colère royale lorsqu’il est question des intérêts de la famille royale.

    – enfin last but not the least, le mélange des genres entre pouvoir et argent, au plus haut niveau de la pyramide du pouvoir, en violation totale des lois et des règlements les plus élémentaires de la concurrence.

    Un modèle qui porte en lui les gênes de sa propre destruction

    Ceux qui rêvent de redonner vie à une benalisation du Maroc, font courir au pays les plus gros risques. Le modèle porte, en effet, en lui, les germes de sa propre destruction. C’est parce que Ben Ali avait, à ce point vidé de leur substance tant d’acteurs de la vie civile, de médiateurs indépendants, de partis politiques, de syndicats, de médias et d’organisations non gouvernementales, que le système s’est autodétruit dans l’implosion du 14 janvier 2011.

    Le régime marocain n’agit pas autrement lorsqu’il neutralise ces soupapes de sécurité que sont les partis politiques, les syndicats, les médias, les acteurs de la vie civile et les libertés d’opinion et d’expression.

    Rien d’étonnant à ce que, tôt ou tard, survienne la déflagration qui pourrait tout emporter.

    Ali Anouzla

    Traduit de l’arabe par Salah Elayoubi

    Pour le texte en arabe, publié par Nawaat, cliquez ici.

    Demain online, 08/09/2014

    #Maroc #Tunisie #PrintempsArabe

  • Maroc: Le régime maître dans l’art de l’invention de faux procès

    Maroc: Le régime maître dans l’art de l’invention de faux procès – Zineb El Rhazoui, Printemps arabe,

    Depuis le 9 septembre dernier, le rappeur marocain du Mouvement du 20 février, Mouad Belghouat, est incarcéré à Casablanca. Pour l’heure, aucune date de procès n’a été fixée. De plus, toutes les demandes de liberté conditionnelle présentées par le comité de cent avocats qui se sont portés volontaires pour assister Mouad dans son procès, ont été refusées par le tribunal. Mouad a été interpelé suite à une plainte pour « coups et blessures » déposée par un membre des forces royalistes. Pour les avocats de Mouad, ce témoin à charge est un « témoin fabriqué ». D’après eux, la justice marocaine aurait inventé ces fausses accusations pour faire taire le rappeur qui, dans ses chansons, critiquait le régime politique et la famille royale marocaine. Le procès de Mouad est-il un cas isolé ? Non, affirme Zineb el Rhazoui. Bien au contraire : Le régime aurait régulièrement recours à des arrestations arbitraires et intimidations en tout genre pour réprimer le mouvement de contestation.
    Zineb el Rhazoui est journaliste franco-marocaine et co-fondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles (MALI). Ayant fait l’objet de menaces de mort, la jeune activiste est venue se réfugier en Belgique.
    Magali Kreuzer pour ARTE Journal : Avez-vous des nouvelles de Mouad ? Où en est la procédure pénale ?

    Zineb el Rhazoui, militante marocaine : Le comité de cent avocats qui défend Mouad, alias « el Haked » (l’enragé), vient d’annoncer le rejet de la requête qui a été déposée pour la liberté conditionnelle de Mouad. Cette requête vient d’être rejetée par le parquet de Casablanca ce dimanche 6 novembre. Mouad n’a donc pas passé la fête de l’Aïd el Kébir en famille.

    ARTE Journal : Que lui reproche-t-on ?

    Zineb el Rhazoui : Cette plainte a été déposée par un certain Mohamed D. qui fait partie de l’alliance des jeunesses royalistes. Il s’agit donc d’un baltaji, qui fait partie de ces groupes de mercenaires employés et grassement payés par le régime pour organiser des contre-manifestations, des soit-disant manifestations de défense du roi, de la patrie etc… Cette personne, qui ne se présente même pas aux audiences, a porté plainte contre Mohamed el Haked pour agression et coups et blessures, ce qui est un motif totalement faux. On sait que le régime marocain est passé maître dans l’art de l’invention de faux procès. Je cite par exemple le cas du boxeur franco-marocain Zakaria Moumni, qui a été champion du monde de boxe thaï et qui vient d’être condamné à trois ans de prison pour des motifs à peu près similaires. Deux personnes, qui vraisemblablement n’existent même pas, ont porté plainte contre Zakaria Moumni pour escroquerie.

    ARTE Journal : Connaissez-vous d’autres cas similaires à celui de Mouad ?

    Zineb el Rhazoui : La pratique des arrestations et de la fabrication de procès est très répandue. Il y a eu des arrestations pratiquement sans motif. Mouad el haked est en prison depuis le 9 septembre sans jugement, sans aucune forme de procédure et sans que le plaignant ne se présente aux audiences. Mouad n’a pas été le seul à être arrêté. Il y a aussi des personnes de son comité de soutien. Le 20 octobre, Maria Karim, qui fait partie de ce comité, a été arrêtée. Elle a passé une nuit au commissariat. Il y a des photos qui montrent des hématomes. Elle a été tabassée dans un commissariat de Casablanca par cinq policiers. Elle a été insultée. On lui a craché dessus etc… Le frère de Mouad a également été arrêté puis relâché, tout comme Nabil al-Qurafi. Ce jeune militant, qui fait partie du comité de soutien de Mouad, a été arrêté par deux policiers qui sont venus chez lui, qui ont prétendu vouloir prendre le thé avec lui et qui l’ont ensuite arrêté. Toutes ces arrestations sont des arrestations illégales, qui se font sans mandat. Il arrive que l’on relâche ces personnes mais pour Mouad, ça n’a pas été le cas, parce qu’on a fabriqué de faux motifs.

    ARTE Journal : Quelles sont les causes de cette vague d’arrestations ?

    Zineb el Rhazoui : De toute manière, tout un ensemble de militants pour la démocratie au Maroc s’attendaient à ce qui allait arriver. Après le simulacre de réforme constitutionnelle, cette constitution concoctée en trois mois puis votée à 99% de « oui » avec des fraudes massives au référendum, vient le temps des règlements de compte. Donc aujourd’hui, après avoir calmé l’opinion internationale, après que le régime marocain ait mis en place ce simulacre de réforme pour pouvoir prétendre au niveau international qu’il a devancé les revendications du mouvement de contestation – ce qui, je le dis au passage, n’a pas du tout été le cas – aujourd’hui, le régime passe à une deuxième phase, qui est celle des arrestations massives dans les rangs des militants et des règlements de compte. Et le régime ne se limite pas aux arrestations. Il y a aussi eu des assassinats. Je cite le cas de Mohammed Boudouroua, assassiné le 13 octobre à Safi. Il s’agit d’un diplômé chômeur âgé de 36 ans. Il a été poussé par un policier du haut d’un toit d’immeuble. Un autre diplômé chômeur s’est également fait assassiner dans une ville au nord du Maroc, Al Hoceima. Après être rentré d’une manifestation à Casablanca, il s’est fait assassiner par un baltaji, qui lui a planté un couteau dans le dos. Dans les deux cas, les responsables de ces assassinats n’ont pas été inquiétés, alors que pour Mouad, où l’on demande juste la libération conditionnelle en attendant que le procès ait lieu, le parquet continue à refuser sa libération, alors qu’il remplit toutes les conditions : il a un casier judiciaire vierge et il n’y a pas de preuves dans le procès qui lui est fait.

    ARTE Journal : Ces arrestations massives ne vont-elles pas à l’encontre de toutes les promesses de réformes faites par le roi Mohammed VI ?

    Zineb el Rhazoui : Je précise que le Maroc n’est pas du tout une démocratie. Aujourd’hui, le régime marocain est extrêmement gêné par la vague de contestation qui est menée par le Mouvement du 20 février et par d’autres représentants de la société civile. Beaucoup de mouvements sociaux éclatent un peu partout. Il y a toute une jeunesse qui n’en peut plus. Elle n’en peut plus du chômage, de l’absence de liberté. Elle n’en pleut plus de cette absence de démocratie organisée par le régime marocain. Elle n’en peut plus de l’État policier. Cette jeunesse qui sort, qui s’exprime, qui parle librement, qui fait aussi un travail de sensibilisation de la population marocaine sur la situation politique et économique au Maroc, cette jeunesse est très gênante pour le régime. Je rappelle que le roi du Maroc, à ce jour encore et malgré la réforme constitutionnelle, continue de concentrer l’ensemble des pouvoirs entre ses mains : du pouvoir exécutif jusqu’au militaire, judiciaire, religieux, sans parler du pouvoir économique. Il concentre à lui seul plus de la moitié de l’économie nationale. Je veux dire par là que le roi du Maroc possède à titre personnel plus de 65% de la capitalisation boursière au Maroc. C’est une situation qui ne peut plus durer. Donc aujourd’hui, après ce simulacre de réforme constitutionnelle, la rue continue à se soulever, ce qui est très gênant pour le régime, parce que l’on se retrouve dans une situation où il y a une confrontation directe entre le Palais et la rue.

    ARTE Journal : Avez-vous également fait l’objet d’intimidations ?

    Zineb el Rhazoui : Oui, j’ai moi même fait l’objet d’intimidations. J’ai reçu beaucoup de menaces de mort. On a donné mon lieu de résidence sur les forums, parce que j’ai accordé une interview à un quotidien algérien « El Watan » dans laquelle j’ai qualifié Mohammed VI de dictateur, ce qui n’a pas plu manifestement. J’ai également fait l’objet d’une violation de domicile en juin dernier, où une quinzaine de policiers en civil ont arraché la porte de mon appartement à Casablanca à 5h45 du matin pour arrêter mon compagnon, qui est également opposant au régime et qui a aussi fait l’objet d’un faux procès. On l’a accusé de vol d’un ordinateur qui lui appartient. Quant à moi, on a voulu me poursuivre pour prostitution, parce que je me trouvais avec un homme qui n’est pas mon mari sous le même toit. Le régime a renoncé à cette accusation au dernier moment, voyant que j’assumais totalement ma vie privée et que j’étais prête à dénoncer dans les médias ce régime qui est prêt à poursuivre deux opposants parce qu’ils ont des relations sexuelles ensemble. Aujourd’hui, on en est là au Maroc. On n’est pas du tout au pays qui serait soit-disant l’exception arabe, on est dans un pays qui a fait une réforme en trompe-l’oeil et qui a été applaudi par Sarkozy et Juppé comme étant une grande avancée démocratique. Ce régime aujourd’hui continue d’user de pratiques de détention arbitraire, d’arrestations illégales, de torture dans les commissariats. Nous avons encore au Maroc des centres de détention secrets, comme celui de Temara, que l’on appelle la prison verte et qui est un secret de polichinelle. Nous ne sommes pas tout à fait dans un État de droit. Le contrôle du sécuritaire échappe totalement aux institutions politiques et représentatives du peuple. C’est ce qui explique largement que la contestation ne cesse pas malgré cette fausse réforme constitutionnelle.

    Par ARTE à la rencontre des peuples pour partager leur combat pour la liberté, 9/11/2011.

    Solidarité Maroc, 10/11/2011

  • Maroc: Adil Belgaid dans les courriers de la DGED

    Maroc: Adil Belgaid dans les courriers de la DGED – Mourad El Ghoul, Printemps arabe, Mouvement 20 Février,

    Selon la boîte mail de Mourad El Ghoul, Adil Belgaïd a reçu le 07/03/2012 une copie de la lettre envoyé au roi du Maroc de la part de Zakaria Moumni.

    SOURCE : Marocleaks, 05/01/2022

    #Maroc #Adil_Belgaid #Zakaria_moumni #DGED #Marocleaks