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  • Maroc: Le journaliste Erramdani, collabore-t-il avec la DGED?

    Maroc: Le journaliste Erramdani, collabore-t-il avec la DGED? – Marocleaks, DGED, Ahmed Charaï, Printemps Arabe, Erramdani Ridouane,

    Selon un email datée du 5 avril 2011, le journaliste de Med Radio Erramdani Ridouane a travaillé avec Ahmed Charaï dans un « projet » dont il n’a pas cité la nature.
    L’animateur du programme “Bidoun Loughat Khachab (Sans langue de bois), précédemment appelé “Qafas Al Itiham” (Banc des accusés), sur Med Radio, propose un « groupe de noms de presse qui peuvent participer dans le projet cité. Certains sont à temps plein et certains sont engagés dans d’autres institutions qui peuvent coopérer avec nous ».

    Ensuite, il étale la liste suivante:

    A temps plein:
    Azzeddine El-Hadef : ancien rédacteur en chef de Nichane
    Il a quatre ans d’expérience dans Nichane – Bon style d’écriture

    Moussa Metrouf : ancien rédacteur en chef de Nichane
    Il a de l’expérience dans la compilation de matériel, la relecture et la rédaction
    Il est plus mature qu’Azzeddine El-Hadef

    Ismaïl Belaouaali : ancien journaliste à Al-Jarida Al-Oula et Nichane
    Un bon journaliste dans le domaine politique – Il a de bonnes sources dans certains partis – Il coopère actuellement avec le site Goud

    Journalistes dans d’autres institutions

    Mohamed Mahalla : journaliste au magazine Awal en ce moment – Il travaillait avec moi dans Le Matin
    Il a la capacité de travailler sur des questions sociales – Il est frand connaisseur du travail sur Internet

    Sami Al-Modani : ancien journaliste à Al-Sabah et Nichane – Actuellement à Akhbar Al-Youm
    Un bon journaliste dans le domaine politique

    Abdel Wahed Maher : journaliste à Akhbar Alyoum
    Il est familier avec les questions d’affaires locales, notamment à Casablanca – Il peut coopérer avec nous

    A El Ahdath Almaghribiya, nous pouvons compter sur:
    Al-Mukhtar Al-Ghziwi
    Abdel Majid Hachadi (questions judiciaires et de sécurité)
    Jamal Zayed

    Nous pouvons exploiter en particulier le réseau de correspondants

    Tariq Bachlame peut aussi être traité car il a de l’expérience dans la presse écrite

    Il y a aussi un groupe de journalistes au Maroc Soir

    Pour éviter d’apparaître sur la photo, je propose que l’on choisisse deux ou trois jeunes hommes que je connais bien en partant du principe que je suis porteur du projet

    SOURCE : Marocleaks, 30/12/2021

    #Maroc #Marocleaks #ErramdaniRidouane #MedRadio #AhmedChara #DGED #PrintempsArabe

  • DGED-Maroc : Un message de sympathie pour Khiari Barisa

    DGED-Maroc : Un message de sympathie pour Khiari Barisa

    DGED-Maroc : Un message de sympathie pour Khiari Barisa – Marocleaks, Algérie, Sénat, France, Printemps Arabe, PJD, élections législatives, observateurs,

    Il semble que la DGED marocaine a payé le billet à « la socialiste » Khiari Barisa, Vice Présidente du Senat,- à l’époque en vue de participer en tant qu’observateur aux élections législatives qui ont suivi le tremblement du Printemps Arabe auxquelles s’est « portée volontaire », selon ses propres dires dans un email envoyé à Ahmed Charaï en date du 28 novembre 2011. Ce dernier est un officier de la DGED responsable des médias et de la propagande du régime.

    Après son départ du Maroc, Charaï lui a signifié qu’il voulait la rencontrer au Maroc. « Chère madame, comment ça va? Dommage je n’ai pas pu vous voir à rabat…Une belle victoire pour la démocratie au Maroc! Pour votre déplacement pour le FIFM, je reste à votre disposition au cas ou vous voulez venir sur le vol d’avant 16h30 celui de13h et ce pour pouvoir assister à  la soirée d’ouverture. Amitiès », lui écrit le 28 novembre 2011. Auquel, Barisa Répond :

    « Cher ami, Ne regrettez rien puisque je me suis portée volontaire pour observer les opérations de vote dans le monde rural à 100 km autour de Marrakech. Climat serein, présence des représentants des partis politiques dans chaque bureau de vote et surtout respect absolu des procédures. C’est un modèle pour le monde arabe. Vous pouvez en être fier. Le vainqueur c’est la démocratie. Après tout, il est peut-être préférable d’avoir le PJD en responsabilité que dans l’opposition dans le climat actuel. Il devra forcément composer avec les autres forces politiques. Le tourisme étant une industrie qui fait vivre beaucoup de marocains, il faut donner des signes au monde d’un pays qui sait faire vivre l’alternance démocratique de manière apaisée. En amitié. »

    Un message qui n’a pas laissé Charaï indifférent. Il voulait absolument que son chef, « Sdi Yassine », le directeur général de la DGED soit au courant. « Si Morad, merci de partager le contenu de l’email de la Vice Présidente du Senat, la socialiste Bariza avec Sdi Yassine. D’un autre cote, je te remercie d’avance de changer son billet comme suit: Départ le vendredi 2 Décembre de Paris- Marrakech vol direct a 15h15 et retour le Lundi 5 décembre. Ainsi qu’un billet de retour pour son Mari Saadalah Khiari Marrakech-Paris. Merci bcp », écrit-il dans un courrierl adressé à Mourad El Ghoul.

    SOURCE : Marocleaks, 30/12/2021

    #Maroc #Marocleaks #HackerChrisColeman #BarisaKhiari #PrintempsArabe #PJD #Electionslégislatives #DGED #AhmedCharai

  • Sarkozy : « Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »

    Sarkozy : « Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »

    Algérie, France, Nicolas Sarkozy, Libye, Iran, Printemps Arabe, Kadhafi, #Algérie, #Sarkozy, #Iran, #Libye,

    «Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran.», se rappelle-t-on de cette phrase ?

    Fameuse phrase prononcée par Sarkozy en réponse au refus du soutien de l’Algérie au CNT libyen inventé et reconnu par le seul Elysée et BHL… Qu’est ce qui a changé depuis lors ? Rien. Bien au contraire. La France, de manière plus nuancée, celle de Macron, menace, planifie et exécute ses manipulations par procuration via les terroristes de Rachad et du MAK couvés sur son territoire. Faisons donc le pari de savoir qui sera encore en place, dans un an, dans trois ans, quatre ou dix ans : l’Algérie et l’Iran ou la France ?

    Cela fait des années que Maque et Maquerelles de l’Occident, le pire fut le guignol de Trump, menacent l’Iran avec des formules passées à la postérité : la bombe ou le bombardement. Bravant ses foudres, l’Iran est parvenu, entre-temps, au seuil nucléaire avec la centrale de Bouchehr raccordée au réseau électrique iranien.

    L’Algérie, quant à elle, se dégage comme puissance régionale et se dit prête à renvoyer devant le mur des lamentations tous les partisans des alternatives de déstabilisation et d’ingérence dans ses affaires internes. Les jeux sont, on ne peut plus clairs, avec des déclarations ouvertes et franches car nous n’avons pas pour coutumes de poignarder dans le dos, y compris nos ennemis. Cette Algérie-là aurait peur d’un quelconque affrontement ? D’un Président à contretemps, à contresens de l’histoire, le pire sinistre politique de la Ve République ?

    Ce stratège en chambre confond le principe du désir et le principe de la réalité. Que pourrait espérer le peuple français d’un président qui, au lieu d’avoir le courage de rendre une baffe tend l’autre joue ? Et les baffes, il en a reçues ! Il ose parler de l’Algérie. Sans aller loin dans le passé, l’Algérie était là avec les Palestiniens massacrés en Jordanie (1970), ou assiégés avec les Libanais à Beyrouth (1982), pour les suppliciés soudanais à Khartoum (1972), pour les Vietnamiens brûlés au napalm par les Américains (1970-1975), pour les noirs américains des ghettos déroutés par l’assassinat de leurs chefs charismatiques, Malcolm X ou Martin Luther King, ou encore pour les Latino-Américains mitraillés à travers Che Guevara en Bolivie (1967) ou pulvérisés avec la destruction du palais présidentiel de Salvador Allende au Chili (1973).

    L’Algérie c’est Arafat à l’ONU, le nouvel Ordre économique international, le nouvel Ordre mondial de l’information, les négociations pour la libération des otages américains à Téhéran, l’exfiltration de Carlos en guise d’épilogue à la prise d’otages de l’Opep à Vienne en décembre 1975, le rapprochement entre l’Iran et l’Irak avec la signature, en mars 1975, de l’Accord d’Alger sur la délimitation frontalière entre le Chah d’Iran et le président irakien Saddam Hussein, puis la libération des otages américains de Téhéran.

    L’Algérie, c’est en somme 540 000 Arabes et Africains, chrétiens ou musulmans, qui ont aidé la France à vaincre les Allemands durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Des gens qui sont sous le joug colonial vont aider leur oppresseur à vaincre l’oppresseur de leur oppresseur et contribuer massivement à vaincre à Verdun pour obtenir l’armistice de 1918. Dans la mémoire des peuples, cela équivaut à la première victoire française depuis un siècle.

    L’histoire en témoigne : la dernière victoire française était Austerlitz en1805. Après il y eut une série de défaites retentissantes : Waterloo, Fachoda, l’expédition du Mexique, Sedan… Une catastrophe pour la France qu’elle compensera par des conquêtes coloniales (Algérie, Tunisie, puis le Levant, le mandat sur le Liban et la Syrie, etc.)

    En récompense, la France a amputé le district d’Alexandrette de la Syrie pour l’attribuer à la Turquie. Donc, en langage clair, il y a des Arabes qui vont combattre pour aider la France à sauver son honneur face aux Allemands, et la France, au lieu de les récompenser, leur a amputé un territoire – déjà qu’ils étaient amputés de la Palestine par la promesse Belfort – pour le donner à la Turquie qui était, quant à elle, son ennemi de la Première Guerre mondiale.

    Voilà le traumatisme de Macron contre la Turquie.

    À suivre…

    Par S. Méhalla

    Crésus, 05/10/2021

  • Qantara: Qu’est devenue la constitution marocaine de 2011 ?

    Maroc, Printemps Arabe, démocratie, monarchie, #Maroc,

    Mohammed VI et le printemps arabe
    Qu’est devenue la constitution marocaine de 2011 ?
    La constitution marocaine du printemps arabe de 2011 a été détournée par l’État profond, qui revendique sa propre interprétation autoritaire et recule de plusieurs décennies. Analyse de Mohamed Taifouri

    Douze ans après le règne de Mohammad VI, le cri pour une réforme constitutionnelle a balayé le pays avec les vents du printemps arabe. Le Mouvement du 20 février, une vague affiliation de groupes civils et d’organisations politiques, s’est soulevé pour exiger des changements politiques, sociaux et économiques. Au premier rang de l’agenda des manifestants figurait la réforme de la constitution et l’instauration d’une monarchie parlementaire.

    À la suite d’un référendum organisé le 1er juillet 2011, soutenu par 98 % des électeurs, avec un taux de participation record de 72 %, le Maroc a adopté une nouvelle constitution.

    Aujourd’hui, dix ans plus tard, le pays semble être sur le point de boucler la boucle – retour au statu quo d’avant 2011. Les développements de ces dernières années révèlent que le makhzen (l’élite dirigeante) a réaffirmé son ancienne suprématie. En effet, elle a progressivement regagné tout ce qu’elle avait perdu lors du Printemps arabe à force de circonstances locales, régionales et internationales diverses.

    Effacer le moment « révolutionnaire »

    Par ailleurs, l’ Etat profond semble vouloir effacer de la mémoire collective des Marocains toute trace du moment « révolutionnaire », en continuant d’interdire toute commémoration du mouvement du 20 février. Dix ans après la constitution de 2011, rien ne permet de garder vivant son souvenir.

    Il n’y a aucune référence ou déclaration à ce sujet dans les médias officiels, la presse ou par les bureaux et agences affiliés au régime. Il n’y a aucune mention du dixième anniversaire de la « Constitution des droits et des libertés » dans les médias d’État, malgré le fait que la réalisation du Maroc avec cette constitution était considérée comme « sans précédent » dans le monde arabe.

    Il faut reconnaître que le document constitutionnel, qui a pris trois mois à produire, était basé sur le consensus. Quiconque cherche quelque chose dans la constitution actuelle trouvera ce qu’il veut dans le texte. Le texte reflète en partie des forces conservatrices et traditionalistes et en partie des influences modernes, légalistes et démocratiques, dans une égale mesure.

    La nouvelle constitution a joué un rôle dans le contrôle de l’équilibre des pouvoirs entre les institutions de l’État, en étendant les pouvoirs du gouvernement pour gérer les affaires du pays, en contrôlant les domaines attribués à la monarchie et en renforçant la branche exécutive de la maison royale en encourager le discours et la concertation entre les institutions.

    Des opportunités de réforme gâchées

    Dans le Maroc d’aujourd’hui, il n’y a pas besoin d’un mouvement autoritaire vers la restauration. L’État profond a déjà réussi à imposer sa propre lecture de la constitution. En effet, des années après sa mise en œuvre, la seule chose qui a vraiment changé est l’interprétation de l’État profond. Quel que soit le contenu, le texte reste le même.

    Il traite des interactions de la vie politique, de ses conflits, de ses dynamiques et des forces vives en son sein, qui donnent corps à la constitution et lui donnent vie. Ainsi, ses dispositions peuvent servir un agenda démocratique en présence de forces démocratiques et un agenda autoritaire lorsqu’il est sous le contrôle de forces traditionnelles, conservatrices – et dans ce cas, par conséquent, non démocratiques.

    L’autoritarisme a ainsi réussi à imposer sa propre lecture de la constitution écrite, ou plutôt à faire respecter la constitution non écrite, c’est-à-dire celle faite de traditions, de coutumes et de rapports de force. C’est la troisième fois qu’une tentative d’introduction de réformes démocratiques au Maroc échoue, après les événements de 1958 avec Abdullah Ibrahim et de 1998 avec Abd al-Rahman al-Youssoufi, qui ont tous deux cherché à diriger le pays, par une transition progressive et permanente, à la démocratie.

    Le royaume est encore loin d’appartenir au club des pays démocratiques, même s’il est à six décennies de la première constitution (1962), et de ses amendements ultérieurs (1970, 1972, 1992, 1996), sans compter le projet de constitution de 1908. . Le makhzen ne semble pas se rendre compte que retarder trop longtemps la réforme pourrait s’avérer très coûteux, car lorsqu’elle arrivera enfin, il aura joué toutes ses cartes.

    Rejeter la troisième tentative de réforme, en 2011, en a utilisé deux, simplement pour garder le jeu en jeu :

    Premièrement, la constitution a été modifiée de son incarnation de 2011 d’un contrat démocratique entre les peuples et d’une loi s’appliquant à tous, en quelque chose qui a été criblé de compromis et de concessions. Ceux qui ont conçu ces changements ont réussi à l’enchaîner avec 21 lois subsidiaires, sans lesquelles il n’avait aucune chance d’entrer en vigueur, créant finalement une constitution de bonnes intentions, promettant tout et ne réalisant rien.

    Deuxièmement, les islamistes, qui avaient attendu en réserve tout au long du règne de Mohammed VI, ont monté une opposition forte, ce qui a contribué à renforcer la légitimité du jeu politique dans le pays. Après l’échec de l’expérience de partage du pouvoir, le régime s’est méfié de l’inclusion des islamistes.

    Les décideurs marocains sont déconnectés

    Au lieu de cela, il a cherché à cloner le modèle tunisien en créant un parti « officiel » – le Parti Authenticité et Modernité (PAM), fondé par Fouad Ali el Himma, un ami de Mohammed VI. Le résultat pour le Parti de la justice et du développement a été qu’il a perdu la moralité au cours de son deuxième mandat au gouvernement et a été mis au pas, un sort qui a frappé à plusieurs reprises les partis politiques marocains dans le passé.

    L’insistance du Makhzen à gaspiller des opportunités historiques trop rares en adoptant les mêmes vieux outils et méthodes obsolètes intervient à un moment où le changement social transforme la vie dans le monde, et plus particulièrement au Maroc, en raison de son proximité géographique avec l’Europe. Cela montre que les décideurs n’ont aucune idée de la nature et du rythme du changement dans le monde.

    Enfin, la demande de réforme et de changement reste une priorité urgente. Les troisièmes élections législatives (après 2011 et 2016) prévues par la nouvelle constitution se tiendront le 9 septembre. Il est temps de rompre avec le passé.

    Mohamed Taifouri

    Qantara, 07/09/2021

  • Algérie : Nid à crabes

    Algérie, information, réseaux sociaux, #Algérie, cyberguerre, désinformation, printemps arabe,

    Par Amine Goutali

    La troisième guerre mondiale (si guerre il y aura) sera électronique ou ne sera pas. Facebook, Instagram ou toute autre application relevant de ce qu’on désigne communément réseaux sociaux ne sont pas que sources d’apprentissage, de partage et de divertissement. La chose tomberait sous le sens.

    Et pourtant, bien des gens font peu de cas des risques encours dans ces espaces virtuels, conçus à la base et orientés en fonction des seuls intérêts géopolitiques de leurs initiateurs, à savoir les puissances occidentales et leurs lampistes disséminés dans la région, dans une guerre de domination de l’opinion mondiale.

    Qui détient l’info, détient le pouvoir, dit-on, non sans raison. Mais quand il s’agit, en revanche, de désinformation, d’intox ou de manipulation à grande échelle, c’est bel et bien notre approche des technologies de l’information et de la communication qui pose problème. Et qu’il faudrait revoir de fond en comble parce qu’au final et derrière le graphisme amusant des applications en question, se cache une nuée d’officines du renseignement mondial, prête à livrer des guerres sans répit, où tous les coups sont permis.

    Etant ciblée pour ses choix politiques et géopolitiques, pour ses richesses aussi, l’Algérie fait face aujourd’hui à une monstrueuse cabale montée de toutes parts sur les réseaux sociaux, par des parties ennemies, que ce soit à nos frontières ou de l’autre côté de la rive.

    Ce n’est donc pas par hasard, qu’ici et là, défilent sans arrêt, sur des pages à l’identité douteuse, des textes, photos ou vidéos fallacieux s’attaquant aux institutions nationales, l’Armée nationale populaire en tête.Ce qu’il faut néanmoins retenir est que l’Algérie a visiblement tiré les leçons de la politique de déstabilisation de la région depuis notamment le Printemps arabe,où les réseaux sociaux ont joué un rôle de premier plan.

    En ordonnant, lors du dernier Conseil des ministres, une réforme intégrale du secteur de la Communication en parallèle de la création d’un pôle pénal de lutte contre les crimes cybernétiques, le président de la République n’a fait que confirmer son engagement à faire pièce aux stratégies de déstabilisation, avec le plein soutien de l’ANP et toutes les institutions et organismes y afférents.

  • Le moment du « printemps arabe » au Maroc est-il enfin arrivé ?

    Maroc, printemps arabe, #Maroc,

    Après le suicide d’un charretier, des centaines de Marocains ont protesté contre leur gouvernement. Mais ce n’est pas le premier cas de ce genre et ce ne sera probablement pas le dernier.

    En début de semaine, des centaines de Marocains ont protesté contre la mort de Yassine Lekhmidi, un homme de 25 ans, dans la ville de Sidi Bennour.

    En juillet, la police locale a confisqué un chariot de nourriture que Lekhmidi conduisait parce qu’il ne portait pas de masque de protection contre le COVID-19. Bien qu’il ait payé une amende pour cette infraction, la police a refusé de lui rendre son chariot.

    Désemparé par la perte d’une importante source de revenus pour sa famille, Lekhmidi s’est immolé par le feu. Le jeune homme a été hospitalisé pour des brûlures au troisième degré le 28 juillet et a succombé à ses blessures le 6 août.

    Au cours de la semaine dernière, des centaines d’habitants de Sidi Bennour sont descendus dans la rue pour demander justice pour Lekhmidi et sa famille. Dans le reste du pays, les Marocains se sont montrés prudemment favorables à cette cause.

    « Je pense que les citoyens ont le droit de manifester, mais ils doivent le faire légalement », a déclaré à DW Imad, un étudiant de 27 ans originaire de Rabat.

    « Il y a eu quelques protestations ici récemment. C’est l’impact négatif du coronavirus », a ajouté Abdullah, un détaillant de vêtements de 40 ans originaire de Salé. « De la façon dont je le vois, c’est normal. Les gens ont le droit de réclamer la justice sociale. »

    Le retour du printemps arabe ?

    Les manifestations à Sidi Bennour se sont calmées ces derniers jours. Pourtant, les observateurs internationaux se sont rapidement demandé si la mort de Lekhmidi pourrait déclencher des protestations plus larges, beaucoup établissant des parallèles entre son auto-immolation et celle de Mohamed Bouazizi.

    La mort de Bouazizi, un vendeur ambulant tunisien, dans des circonstances similaires en 2010, est largement considérée comme le déclencheur de la révolution populaire contre la dictature tunisienne en 2011, qui a à son tour inspiré les manifestations dites du printemps arabe.

    Mais en fait, la mort de Lekhmidi n’est pas le premier cas de ce type au Maroc à avoir déclenché des manifestations antigouvernementales. Au cours de la dernière décennie, il y a eu en fait plusieurs incidents dans lesquels l’injustice après un accrochage avec les autorités a fait descendre les Marocains dans la rue.

    En 2012, par exemple, cinq diplômés universitaires sans emploi se sont immolés par le feu devant un bâtiment du ministère de l’éducation lors de manifestations antigouvernementales dans la capitale Rabat. Une personne est décédée lors de cet incident.

    En 2017, des milliers de Marocains ont protesté contre la mort de deux frères piégés dans une mine de charbon abandonnée dans la ville de Jerada. Les chômeurs avaient extrait le charbon des mines dangereuses puis l’avaient vendu aux « barons du charbon » locaux, dont certains occupaient des postes au gouvernement.

    Objets de mépris

    L’événement sans doute le plus connu – et le plus horrible – s’est produit en 2016, lorsque la police a confisqué plusieurs tonnes d’espadon à un poissonnier, Mouhcine Fikri, dans la ville côtière de Hoceima.

    Désespéré de récupérer sa précieuse marchandise, Fikri a sauté à l’arrière d’un camion à ordures dans lequel le poisson avait été jeté.

    Bien que les autorités locales l’aient nié par la suite, un fonctionnaire aurait dit au conducteur du camion de le « broyer ». Fikri a été écrasé à mort à l’arrière du véhicule, sous les yeux des fonctionnaires.

    Dans les jours qui ont suivi, des milliers d’habitants ont manifesté pour que justice soit rendue à Fikri, et sa mort serait à l’origine du mouvement de protestation Hirak al-Shaʿbi dans la région marginalisée du Rif, au Maroc.

    Ces incidents ont en commun la « hogra », qui se définit comme « le sentiment d’être l’objet de mépris, d’injustice structurelle et d’humiliation », associé à « des agents de l’État qui rendent la vie invivable », explique l’Arab Studies Institute, un groupe de réflexion basé aux États-Unis, dans un lexique en ligne définissant les termes issus des mouvements de protestation en Afrique du Nord.

    Sous surveillance

    Le Maroc a un parlement élu et est une monarchie constitutionnelle. Mais en réalité, c’est le roi Mohammed VI, qui est sur le trône depuis plus de 22 ans, qui détient la majeure partie du pouvoir politique et économique.

    Dans un passé récent, les autorités du pays ont réagi rapidement aux manifestations et aux grèves antigouvernementales. Elles laissent se dérouler certaines manifestations mais réagissent rapidement aux contestations sérieuses. Par exemple, dans l’affaire de la poissonnière malheureuse, le roi a promis une enquête. En quelques jours, plusieurs auteurs présumés ont été arrêtés.

    Mais dans d’autres situations, les voix dissidentes, les journalistes d’investigation et les manifestants sont réprimés, parfois durement. Par exemple, fin 2017, après l’indignation suscitée par la mort du poissonnier, une loi a été adoptée qui a permis aux autorités marocaines de réprimer plus impitoyablement le mouvement Hirak al-Shaʿbi.

    C’est en partie la raison pour laquelle les protestations liées à ce mouvement restent isolées au Maroc et n’ont pas réussi à se développer en une sorte de moment révolutionnaire à l’échelle nationale, selon les habitants.

    « Lorsque vous avez un système de sécurité comme celui-ci, il est vraiment difficile d’aller dans la rue pour protester ou faire des demandes », a déclaré à DW un militant de la société civile à Rabat – qui a requis l’anonymat par crainte de représailles. « Tout le monde connaît quelqu’un qui travaille dans l’appareil de sécurité. C’est si répandu et si important. Cela décourage vraiment les gens de sortir dans la rue. »

    Une pression pandémique

    En outre, l’opposition est divisée. « Il est toujours difficile de savoir quand un mouvement de protestation va s’intensifier – ou ne mener nulle part », a déclaré Jacob Mundy, chercheur invité au Conseil européen des relations étrangères et professeur associé spécialisé dans le Moyen-Orient et le Maghreb à l’université Colgate de New York. « La dernière grande vague de protestations au Maroc s’est enlisée dans des questions ethniques séparatistes dans le nord du pays, une politique que la plupart des Marocains ne partagent pas. Si les manifestations au Maroc se généralisent à l’ensemble du pays, alors cela pourrait être un signe que quelque chose est différent cette fois-ci. »

    Il a été suggéré que la pandémie de COVID-19 pourrait faire cette différence, car la crise sanitaire met la pression sur ce que les observateurs décrivent comme le « récit de l’autoritarisme bienveillant » du Maroc.

    Les lockdowns, le manque de tourisme et l’impact qui en résulte sur l’économie ont élargi les inégalités de revenus préexistantes qui, selon un rapport de 2018 de l’OCDE, étaient déjà pires au Maroc que dans toute autre nation d’Afrique du Nord.

    Alors que la pression sociale s’est accumulée à l’intérieur du pays, les habitants disent qu’il y a également eu plus de suppression des opinions dissidentes. Ils en veulent pour preuve les récentes révélations sur l’utilisation par le gouvernement marocain du logiciel d’espionnage numérique Pegasus pour cibler les avocats et les journalistes spécialisés dans les droits de l’homme, ainsi que l’arrestation de journalistes indépendants, souvent sur la base d’accusations non liées et contestées.

    Le Maroc sur une « pente glissante de mal en pis ».

    « Les effets de la pandémie de coronavirus risquent de diminuer la capacité de la monarchie à soumettre la population et à limiter la dissidence politique … politiquement, la crise sanitaire a renforcé l’autoritarisme du régime », ont confirmé les experts de la Dotation Carnegie pour la paix internationale dans un commentaire de juillet 2020.

    « Il y a encore deux ans, faire une interview comme celle-ci n’aurait pas été un problème », conclut le militant de Rabat, « mais maintenant, il est beaucoup plus difficile d’exprimer des revendications, peu importe qui vous êtes. »

    « Beaucoup de gens ici travaillent dans l’économie informelle ou au jour le jour, comme ouvriers », a expliqué l’activiste à DW. « La pandémie a mis fin à tout cela. Il est donc de plus en plus difficile pour les gens de gagner leur vie. Pour la première fois, j’ai entendu parler de personnes souffrant de la faim dans certaines des plus grandes villes du Maroc. Et puis il semble aussi y avoir des tentatives systématiques pour empêcher les gens d’en parler ouvertement. J’ai l’impression que nous sommes sur une pente glissante », conclut le militant, « et que nous allons de mal en pis ».

    DW, 12/08/2021

  • Maroc : Les éléments d'un nouveau printemps démocratique réunis

    Maroc, immolation, printemps arabe, #Maroc,

    Un jeune marocain est mort après s’être immolé par le feu en protestation à la saisie de sa charrette par des agents dans la petite ville de Sidi bennour, près de Casablanca.
    Selon son frère, Yassine Lekhmidi, 25 ans, s’était immolé par le feu le 28 juillet pour protester contre la saisie «injuste» de sa charrette mais également parce qu’«il nous a confié avoir subi de violences de la part des autorités». Sa mort a déclenche une vague de manifestations et d’indignation similaire à un moment où la situation s’aggrave de plus en plus, notamment en raison de la pandémie. Une situation qui cuve tous les éléments qui ont déclenché les révolutions en Tunisie et en Égypte il y a une dizaine d’années. Les revendications des jeunes Marocains qui en sont à l’origine sont très similaires
    D’abord, la température. La population marocaine est tout aussi jeune (près d’un tiers du total sont des jeunes entre 15 et 29 ans) et souffre d’un taux de chômage tout aussi massif. En effet, au Maroc, les jeunes représentent 82 % du chômage total (contre 56 % et 73 % en Tunisie et en Égypte, respectivement). Et comme dans les deux autres pays, le chômage frappe les jeunes ayant suivi un enseignement secondaire (plus de la moitié d’entre eux, 58%, sont au chômage).
    Aux données objectives montrant le coût élevé de la vie au Maroc s’ajoutent des perceptions subjectives : selon le dernier clessement global de l’indice de prospérité (the legatum prosperity index), publié récemment par l’institut britannique legatum, le Maroc occupe la 96ème place sur 167 pays. Il semble que la croissance économique de ces dernières années ne se soit pas répercutée sur les jeunes : alors que le secteur public est déjà hypertrophié et n’absorbe pas davantage d’emplois, le secteur privé n’a pas la capacité d’offrir un débouché aux jeunes instruits qui entrent sur le marché du travail. Et selon les données disponibles, ces jeunes ont le même niveau d’accès à l’internet que leurs homologues tunisiens et égyptiens. Donc, la sécheresse de l’air.
    En plus de l’absence d’attentes, la corruption ajoute de l’eau au moulin du mécontentement. Si tous les indicateurs internationaux placent déjà le Maroc dans une position préoccupante (pire encore que la Tunisie), les télégrammes de l’ambassade américaine à Rabat divulgués par Wikileaks montrent à quel point la corruption est répandue et se pratique en toute impunité car le monarque, la maison royale et son entourage en sont les principaux agents.
    Selon le magazine Forbes, les entreprises de Mohammed VI dans les domaines de la banque, de l’assurance, de l’immobilier, des télécommunications, de l’exploitation minière et de l’agriculture ont fait de lui le septième monarque le plus riche du monde, avec une fortune personnelle estimée à 8 milliards de dollars. Que l’autoproclamé « roi des pauvres » ait réussi à doubler sa richesse dans un contexte de crise économique mondiale est un honneur douteux. Mais si cela se produit également dans un pays où le PIB par habitant est de 4 773 dollars (nettement inférieur à celui de l’Égypte et de la Tunisie), où le taux d’analphabétisme est de 40 % et où un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, un tel niveau de cupidité est une folie qui sape indubitablement la légitimité et la stabilité du régime. Il est vrai que ses alliés occidentaux veillent à son image de façade, mais, le dernier scandale d’espionnage via le logiciel israélien Pegasus reflète à quel point les Marocains jouissent d’une liberté très limitée et surveillée.
  • Maroc: Manifestations massives suite à une  auto-immolation

    Maroc: Manifestations massives suite à une auto-immolation

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    L’affaire rappelle l’un des éléments déclencheurs du printemps arabe : au Maroc, un jeune homme s’est immolé par le feu, indigné par l’arbitraire présumé des autorités. Des manifestations de colère ont suivi.

    L’auto-immolation d’un homme de 25 ans a suscité des protestations au Maroc. Dans la ville de Sidi Bennour, près de Casablanca, des centaines de personnes sont descendues dans la rue lundi pour demander « justice » pour Yassine Lekhmidi, ont rapporté les médias locaux. Lekhmidi avait succombé à ses graves brûlures dans un hôpital de Casablanca samedi, selon son frère.

    Selon son frère, Lekhmidi s’était immolé par le feu à la fin du mois de juillet pour protester contre la confiscation de son chariot par les autorités. Lekhmidi travaillait comme chauffeur, mais n’avait pas de permis officiel pour le faire. Son frère Ahmed a déclaré à l’agence de presse AFP que sa famille exigeait une enquête sur sa mort. Les autorités marocaines n’ont pas fait de commentaire sur cette affaire dans un premier temps.

    Les auto-immolations sont un phénomène récurrent au Maroc. Dans ce pays d’Afrique du Nord, de nombreuses personnes vivent d’activités dans le secteur dit informel. Selon une étude récemment publiée par l’autorité statistique marocaine, la pandémie de corona a encore exacerbé les inégalités sociales dans le pays.

    Souvenirs de l’incident de Sidi Bouzid

    En 2010, un cas similaire en Tunisie avait entraîné des manifestations massives contre le gouvernement du chef d’État de l’époque, Zine el-Abidine Ben Ali. Il existe aujourd’hui d’innombrables versions de ce qui s’est exactement passé ce jour d’hiver dans la ville de Sidi Bouzid.

    L’histoire, centrée sur un pauvre vendeur ambulant nommé Mohamed Bouazizi et gravée dans la mémoire collective du monde arabe, se déroule comme suit : une patrouille des forces de l’ordre locales confisque les marchandises et les balances du vendeur ambulant sans licence. Bouazizi a protesté.

    Un employé du bureau de l’ordre public aurait ensuite battu l’homme, âgé de 26 ans au moment des faits, dans la rue. Pour protester contre l’arbitraire de l’État, Bouazizi s’est ensuite immolé par le feu. Il a succombé à ses blessures en janvier 2011. Sa mort est aujourd’hui considérée comme l’un des déclencheurs décisifs des bouleversements du Printemps arabe.

    Der Spiegel, 10/08/2021

  • Le malheur de la Tunisie fait le bonheur de certains pays arabes

    Des voix influentes en Égypte, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis célèbrent la crise tunisienne comme un coup porté à l’islam politique.

    Les Tunisiens s’efforcent de comprendre la crise politique que traverse leur pays après que le président a brusquement limogé le premier ministre et suspendu le parlement dimanche soir.
    Pour certains en Tunisie, seule démocratie survivante du Printemps arabe, les mesures prises contre les institutions dirigées ou soutenues par Ennahda, un parti islamiste modéré, équivalent à un coup d’État. D’autres ont salué la mise à l’écart de dirigeants politiques qu’ils considèrent comme dysfonctionnels et répressifs. Les groupes de la société civile sont restés sur la touche. Le président Kais Saied, quant à lui, a insisté sur la légalité de ces mesures.
    Mais le discours des principaux acteurs du monde arabe pour lesquels l’héritage du Printemps arabe en Tunisie représente un défi évident – l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte – était beaucoup plus univoque : Les événements en Tunisie ont sonné le glas de l’islam politique en démocratie.
    Les journaux, les commentateurs de télévision et les influenceurs des médias sociaux en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et en Égypte ont salué le geste de Saied comme le triomphe de la volonté populaire sur Ennahda. Les trois pays – ainsi que les opposants tunisiens à Ennahda – ont cherché pendant des années à lier le parti aux Frères musulmans transnationaux et l’ont accusé d’encourager le terrorisme. Ennahda a depuis longtemps désavoué ses liens avec la confrérie.
    « La Tunisie se révolte contre la confrérie », a proclamé le journal saoudien semi-officiel Okaz. Le média émirati 24Media a salué « une décision courageuse pour sauver la Tunisie ». Le quotidien égyptien Al-Ahram a qualifié les événements de « perte du dernier bastion des Frères dans la région » – et Ahmed Moussa, un éminent animateur de télévision égyptien que certains ont comparé à Sean Hannity, a déclaré que le monde arabe assistait à la « chute finale » des Frères musulmans.
    Selon les analystes, ce blitz médiatique montre que les pays autocratiques ont saisi l’occasion de faire avancer leur objectif commun, qui est d’étouffer le soutien à l’islam politique dans la région. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte considèrent tous les mouvements affiliés aux Frères musulmans, qui défendent un programme politique islamiste, comme une menace existentielle pour leurs régimes, en particulier à la lumière du soutien populaire que les groupes islamistes ont obtenu après les soulèvements du Printemps arabe il y a dix ans.
    « Il n’a pas été question des institutions tunisiennes ni du maintien d’une quelconque gouvernance démocratique ; le pays est simplement présenté comme un peuple qui s’est libéré d’un gouvernement islamiste oppressif », a déclaré Elham Fakhro, analyste principal du Golfe à l’International Crisis Group.
    Ennahda a recueilli le plus de voix lors de la première élection démocratique de la Tunisie après la révolution de 2011.
    En Égypte, le seul autre pays du Printemps arabe à faire la transition vers la démocratie, les Frères musulmans ont obtenu de bons résultats dans les sondages – avant d’être évincés par un coup d’État militaire en 2013 qui a rapidement obtenu le soutien de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.
    Le coup d’État égyptien a effrayé Ennahda, qui a conclu des alliances avec des partis laïques.
    Mais sa popularité a baissé depuis, et la colère envers le parti est montée l’année dernière, alors que la pandémie ravageait le pays et son économie et qu’un mouvement contre les brutalités policières gagnait du terrain. Des appels se sont multipliés en faveur de la dissolution du Parlement, qui est dirigé par le très impopulaire chef d’Ennahda, Rachid Ghannouchi.
    Le président tunisien renvoie le Premier ministre, démantèle le gouvernement et gèle le Parlement.
    La décision de M. Saied de geler le Parlement et de limoger le Premier ministre a fait suite à des manifestations qui semblaient largement dirigées contre Ennahda. Des vidéos diffusées sur les médias sociaux montrent des manifestants en train de vandaliser les bureaux locaux du parti.
    Les partisans de Saied ont afflué dans les rues de la capitale et d’autres villes pour faire la fête après son annonce dimanche soir.
    Ennahda, quant à lui, a dénoncé le geste de Saied comme un coup d’État. Dans une déclaration mardi, Ghannouchi a déclaré que le parti appelait à de nouvelles consultations et demandait instamment à Saied de revenir sur sa suspension du parlement.
    La jeune démocratie tunisienne, seule survivante du printemps arabe, est en crise après que le président ait pris des pouvoirs d’urgence.
    La publication égyptienne indépendante Mada Masr a cité mardi des responsables gouvernementaux anonymes affirmant que l’Égypte pensait que les mesures prises par Saied visaient à réduire l’influence politique d’Ennahda, mais que Le Caire espérait la fin de la démocratie tunisienne, qui continue d’inspirer les militants égyptiens.
    Le ministre tunisien des affaires étrangères s’est entretenu lundi avec son homologue saoudien, qui a déclaré que l’Arabie saoudite soutenait tous les efforts visant à assurer « la sécurité, la stabilité et la prospérité » en Tunisie, a rapporté l’agence de presse saoudienne. Les Émirats arabes unis n’ont pas encore fait de commentaire public. Mais les États autoritaires contrôlent étroitement l’expression, de sorte que les experts ont déclaré que les rapports et les commentaires dans les médias reflètent la ligne du gouvernement.
    L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis « verraient [l’évolution de la situation en Tunisie] comme une victoire pour le type de politique étrangère qu’ils ont essayé de promouvoir dans la région », a déclaré M. Fakhro, une politique qui vise à contrer l’idéologie islamiste.
    Les influenceurs des médias sociaux ont également poussé ce discours. Marc Owen Jones, professeur à l’université Hamad Bin Khalifa de Doha, a déclaré avoir vu des preuves de ce qui semble être des campagnes de manipulation sur Twitter, menées en grande partie par des influenceurs saoudiens et émiratis. Jones a analysé des milliers de tweets et a constaté que la plupart des utilisateurs qui tweetent ou retweetent des messages avec le hashtag « La Tunisie se révolte contre la confrérie » indiquent que leur localisation est l’Arabie saoudite, l’Égypte ou les Émirats arabes unis. « Pour moi, c’est absolument typique des campagnes émiraties et saoudiennes », a déclaré Jones. « C’est presque comme une signature classique des comptes que l’on s’attend à voir s’engager dans ce type de comportement ».
    Twitter divulgue quand il découvre des opérations d’information liées à l’État, et a suspendu des centaines de comptes originaires des Émirats arabes unis et de l’Égypte et des milliers liés à des campagnes d’information soutenues par l’Arabie saoudite ces dernières années.
    Bien que l’impact de ces campagnes apparentes soit susceptible d’être limité, M. Fakhro a déclaré : « Cela soulève de nombreuses questions sur le degré d’implication des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite dans les événements de Tunis. »
    Trois jours avant l’annonce de Saied, Dhahi Khalfan Tamim, chef adjoint de la police de Dubaï, a tweeté un message énigmatique : « Bonne nouvelle … un nouveau coup … puissant. … à venir pour la Confrérie ».
    Dans une interview accordée lundi au service arabe de la chaîne publique turque TRT, Ghannouchi a accusé les médias émiratis de pousser à un « coup d’État » en Tunisie. La couverture médiatique en Turquie, qui soutient Ennahda, a été largement favorable à Ghannouchi.
    Il n’existe aucune preuve que des gouvernements étrangers aient fait pression sur Saied pour qu’il agisse, et l’analyste tunisien Mohamed-Dhia Hammami a déclaré que cela était peu probable.
    Mais les forces de sécurité tunisiennes ont fait une descente dans le bureau d’Al Jazeera à Tunis lundi, suscitant des inquiétudes quant à une répression de la liberté de la presse. Al Jazeera est financée par le Qatar, qui est proche d’Ennahda et sympathise avec les groupes islamistes.
    Le sénateur Chris Murphy (D-Conn.) a demandé à l’administration Biden d’enquêter sur une éventuelle ingérence de l’Arabie saoudite et des EAU dans la crise politique tunisienne.
    Fakhro a qualifié de « frappantes » les similitudes entre les réponses des médias saoudiens et émiratis au coup d’État de 2013 en Égypte et leur couverture de la Tunisie ces derniers jours. »
    Pourtant, des différences importantes dans les contextes subsistent. Saied a déclaré lundi aux groupes de défense des droits des Tunisiens qu’il restait attaché aux libertés civiles et au processus démocratique, et il a dit que le gel du parlement serait temporaire.
    « Ce qui se passe en Tunisie n’est pas une révolution contre les Frères musulmans » mais plutôt une réaction à « la paralysie de la vie politique », a écrit lundi sur Facebook le présentateur de la télévision égyptienne Moataz Abdelfattah.
    Mais quoi qu’il arrive en Tunisie, qui a été considérée comme le symbole de la promesse révolutionnaire dans la région, cela aura des répercussions, a déclaré H.A. Hellyer, spécialiste du Moyen-Orient à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
    « Les opposants à cette lutte pour un gouvernement responsable vont essayer de contenir leur joie face à ce pas très important en direction d’un processus responsable, d’autant plus qu’il est dépeint dans de nombreux secteurs comme une compression d’un courant pro-islamiste auquel ils s’opposent », a-t-il déclaré.
    Etiquettes : Tunisie, Arabie Saoudite, Egypte, Emirats Arabes Unis, EAU, printemps arabe,
  • Voilà pourquoi l’Algérie est armée jusqu’aux dents

    Les États-Unis s’entraînent-ils à combattre l’Algérie ? De grands exercices simulent une attaque contre les défenses aériennes S-400 nord-africaines

    Les exercices militaires majeurs menés par les États-Unis en Afrique du Nord, qui ont débuté le 7 juin et se terminent le 18 juin, sont remarquables pour de nombreuses raisons, notamment leur ampleur sans précédent et les nouveaux types de cibles contre lesquelles les États-Unis et leurs alliés ont simulé des combats. Baptisés  » African Lion 2021 « , les exercices font suite à une décennie d’expansion de la présence militaire américaine sur le continent qui a débuté lorsque l’Amérique a mené une campagne de démantèlement du gouvernement libyen en 2011 avec le soutien de l’Europe et du Qatar. Les exercices ont notamment simulé des attaques sur deux pays fictifs – Rowand et Nehone – tous deux situés sur le territoire de l’Algérie. Ceci était particulièrement remarquable non seulement parce que l’Algérie est la première puissance militaire de la région, et parce qu’elle reste en dehors de la sphère d’influence du monde occidental, mais aussi en raison des types d’armements que les participants à African Lion se sont entraînés à attaquer – à savoir des systèmes de missiles sol-air à longue portée S-400. L’Algérie est notamment le seul opérateur du S-400 sur le continent africain, et déploie également le S-300PMU-2, plus ancien, et de multiples systèmes à plus courte portée tels que le Pantsir-SM et le BuK-M2.

    L’Algérie est considérée comme la première puissance militaire du continent africain et, jusqu’en 2013, lorsqu’un nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir en Égypte, elle était le seul grand client des armements russes dans le monde arabe – le Soudan étant une exception possible. Le pays a été largement perçu comme intensifiant les efforts de modernisation de ses défenses à partir du début des années 2010, en grande partie en raison du sort de son voisin libyen, l’accent mis par l’Égypte après 2013 sur l’acquisition d’armes russes pour la défense aérienne étant spéculé comme étant également une réponse à l’assaut sur la Libye. Bien que les relations algériennes avec les États-Unis et l’Europe soient loin d’être ouvertement hostiles, des tensions subsistent, un exemple notable étant les rapports répandus dans le pays sur l’ingérence occidentale pour soutenir les manifestations antigouvernementales de masse en 2019 dans l’espoir d’amener au pouvoir un régime plus favorable à l’Occident.

    Alors que la Libye est restée en état de guerre civile depuis 2011, les puissances de l’OTAN soutenant simultanément les deux camps, le succès de la campagne occidentale contre elle était largement dû à sa négligence en matière de défenses modernes. Le pays avait retardé l’achat de nouveaux matériels pour son armée de l’air et ses défenses aériennes, ce qui, selon des figures de la direction du pays, était dû à la conviction que « les Européens et les Américains sont nos amis » depuis la poursuite d’un rapprochement et la levée des sanctions au début des années 2000. Non seulement le pays n’a pas acheté d’armements modernes, mais il n’a pas réussi à moderniser les systèmes d’armes existants dans son inventaire – par exemple les contre-mesures de guerre électronique sur ses défenses aériennes basées au sol. En outre, l’arsenal considérable dont elle disposait était sous-équipé, sa flotte aérienne comptant très peu de pilotes formés. La Libye disposait d’une force aérienne importante, dont la plus grande flotte au monde d’intercepteurs lourds MiG-25 Foxbat qui, malgré leur âge, auraient pu représenter un défi pour les forces occidentales en raison de leur vitesse et de leur puissance de feu. Cependant, aucun d’entre eux n’était prêt à décoller pour répondre à l’offensive, et la Libye, qui a négligé la modernisation de son armée, continue de payer un lourd tribut à ce jour.

    La guerre en Libye a finalement été perçue comme une démonstration du fait que des pays ayant des relations apparemment positives avec les puissances occidentales pouvaient être attaqués très soudainement si cela était perçu comme étant dans l’intérêt de l’Occident. Comme l’a déclaré le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Saif Al Islam Kadhafi, pendant la guerre en 2011 alors que son pays était sous les bombardements occidentaux :

     » vous abandonnez vos armes de destruction massive, vous arrêtez de développer des missiles à longue portée, vous devenez très amical avec l’Occident et voilà le résultat « . Alors qu’est-ce que cela signifie, cela signifie que c’est un message pour tout le monde que vous devez être fort. Vous ne devez jamais leur faire confiance, et vous devez être toujours en alerte. Sinon, ces personnes n’ont pas d’amis. Du jour au lendemain, ils changent d’avis et commencent à nous bombarder, et la même chose pourrait arriver à n’importe quel autre pays… L’une de nos grandes erreurs a été de retarder l’achat de nouvelles armes, en particulier à la Russie, c’était une grande erreur. Et nous avons retardé la construction d’une armée forte parce que nous pensions que nous ne nous battrons plus, les Américains, les Européens sont nos amis [depuis la normalisation des relations en 2004]. »

    Le système S-400 visé par African Lion 2021 est prisé pour sa capacité à se verrouiller sur des avions furtifs à des distances relativement longues grâce à l’utilisation de plusieurs radars puissants, et il est capable d’engager jusqu’à 80 cibles simultanément et d’engager des missiles hypersoniques avec des intercepteurs qui volent à plus de Mach 14. Combiné à sa grande mobilité, cela a conduit l’OTAN à percevoir le S-400 comme un défi majeur à son contrôle potentiel de l’air en cas de guerre avec la Russie ou d’autres opérateurs de S-400 tels que la Chine ou le Belarus. La flotte d’avions de combat de l’Algérie est également formidable et s’articule principalement autour du chasseur lourd Su-30MKA, un dérivé fortement modernisé du Su-27, qui était la principale plate-forme de supériorité aérienne de l’Union soviétique. Le pays a commencé à retirer progressivement les anciens escadrons de MiG-29 pour les remplacer par un escadron de Su-30MKA et de nouveaux MiG-29M. L’Algérie exploite d’autres classes de jets de combat à aile fixe, notamment des chasseurs d’attaque Su-24M et un seul escadron d’intercepteurs MiG-25 modernisés – les jets de combat les plus rapides et les plus performants du monde.

    L’armée de l’air algérienne devrait commencer à déployer des chasseurs russes Su-57 et Su-34 pour remplacer progressivement les MiG-25 et Su-24, et bien que cela n’ait pas été confirmé, de nombreuses indications montrent que des commandes ont été passées. L’absence d’aéronefs aéroportés de détection et de contrôle (AEW), tels que le KJ-500 chinois ou le A-50 russe, reste toutefois une faiblesse notable. L’Algérie représente un formidable défi pour tout attaquant potentiel, et son réseau de défense aérienne est nettement plus performant que celui auquel les États-Unis ont été confrontés depuis la guerre de Corée. On ne peut que spéculer sur ce à quoi ressemblerait la situation sécuritaire de l’Algérie aujourd’hui si elle n’avait pas investi massivement dans une formidable capacité de défense aérienne, même s’il est fort probable que la Libye serait beaucoup plus stable et prospère aujourd’hui si elle avait fait des investissements similaires dans ses propres défenses.

    Military Watch, 18 juin 2021

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