Étiquette : protectorat

  • Naissance de la République du Rif

    ETIQUETTES : MAROC, RIF, HIRAK, REPUBLIQUE DU RIF, ABDELKRIM EL JATTABI, PROTECTORAT,

    La naissance de la République du Rif dans les années 1920 a marqué une étape importante dans l’histoire marocaine, notamment du peuple rifain.

    Le Rif, région montagneuse située au nord du Maroc, a été témoin de nombreux événements historiques au cours des siècles. Cependant, l’un des événements les plus marquants et les plus importants a été la naissance de la République du Rif dans les années 1920 . Ce mouvement indépendantiste dirigé par le leader charismatique Abdelkrim el-Khattabi a laissé une marque profonde dans l’ histoire du Maroc et dans la lutte pour l’autodétermination des peuples.

    Région avec sa propre identité

    Le Rif, habité majoritairement par l’ethnie berbère , a toujours été une région avec une identité propre et une histoire complexe. Pendant des siècles, les Rifains ont résisté aux tentatives de colonisation de différentes puissances étrangères. Cependant, c’est pendant la période coloniale espagnole que le mécontentement et le désir d’indépendance ont atteint leur apogée.

    Dans les années 1920, menés par le charismatique et visionnaire Abdelkrim el-Khattabi, les Rifains s’organisent et résistent farouchement à l’occupation espagnole. Le chef rifain a réussi à unifier les différentes tribus et a créé une armée bien entraînée et disciplinée. Sa stratégie militaire et sa capacité à mobiliser les masses ont joué un rôle clé dans la résistance contre les Espagnols.

    Reconnaissance internationale

    La République du Rif, instaurée en 1921, est le résultat de la lutte du peuple rifain pour son indépendance. La capitale de la république était la ville d’Ajdir , qui devint le centre névralgique de la résistance rifaine. Sous la direction d’Abdelkrim, un gouvernement a été établi avec des institutions politiques et sociales qui cherchaient le bien-être et l’autogestion de la région.

    La République du Rif était internationalement reconnue et a établi des relations diplomatiques avec plusieurs nations , dont le gouvernement nouvellement créé de l’Union soviétique. Cette reconnaissance internationale a été une réalisation importante pour le mouvement rifain, car elle lui a apporté soutien et solidarité dans sa lutte pour l’indépendance.

    Cependant, la République du Rif fait face à de nombreux défis. Outre l’occupation espagnole, ils doivent également faire face aux pressions des puissances coloniales européennes , qui s’inquiètent de l’avancée du mouvement indépendantiste au Maroc. La France, notamment, est intervenue pour soutenir l’Espagne et réprimer la révolte du Rif.

    En 1926, les forces combinées de l’Espagne et de la France lancent une offensive militaire massive contre la République du Rif. Malgré une vaillante résistance rifaine, les troupes coloniales réussirent finalement à vaincre l’armée rifaine et à occuper la région . Abdelkrim el-Khattabi est capturé et déporté à La Réunion, où il passe le reste de ses jours en exil.marocain.

    Héritage

    Bien que la République du Rif ait été de courte durée, son héritage perdure encore aujourd’hui. Ce mouvement d’indépendance a inspiré les générations futures de Rifains et a marqué une étape importante dans la lutte pour l’autodétermination des peuples. En outre, il a jeté les bases du Mouvement nationaliste marocain, qui a finalement obtenu l’indépendance du pays en 1956.

    L’histoire de la République du Rif témoigne du courage et de la détermination d’un peuple qui s’est battu pour sa liberté contre vents et marées. Malgré la défaite militaire, l’esprit de résistance des Rifains n’a jamais faibli et leur quête de justice et d’égalité se poursuit à ce jour.

    #Maroc #Rif #Hirak #République #Abdelkrim #ElJattabi

  • Conférence sur El Khattabi – La république du Rif

    Tags : Maroc, Rif, Abdelkrim El Khattabi, protectorat, colonialisme,

    La République indépendante du Rif et la personnalité du leader charismatique Abdelkrim Khattabi ont été au centre d’une conférence animée, hier, par le professeur Hassan Aârab à l’Institut des études stratégiques globales (Inseg). La conférence coïncide avec le double anniversaire de la mort de Abdelkrim Khettabi le 6 février 1963 et la proclamation de la République du Rif un premier février 1923. Une République qui avait fini par être dissoute par la France et l’Espagne coloniales en 1926.

    «La dimension maghrébine du combat de l’émir Abdelkrim Khattabi», tel a été le thème générique de cette conférence organisée par l’Inesg. Photos et documents à l’appui, le modérateur de la conférence estimera que «Khattabi a su réunir tous les attributs d’un État, à proprement dire, dont un territoire, un peuple, un gouvernement avec des ministères, des institutions, un drapeau, une monnaie (le Riffane) et même un hymne national,…», dira-t-il.

    Ce dernier étalera la vision et la pensée de l’émir Khattabi et la portée de sa révolution à l’échelle continentale et celle arabe, et même en Occident et en Asie. Pour étayer ses dires, il fera appel à des exemples tirés de l’Histoire, notamment les témoignages de Mao Tsé-toung qui avait affirmé s’être inspiré de la pensée révolutionnaire de Khattabi. Il évoquera les déclarations des grands révolutionnaires du siècle dernier, dont Ché Guevara, Ho chi Minh, etc… au sujet de la pensée de Khattabi. À ce sujet, il abordera la portée de la vision de cet émir marocain, dont la vision maghrébine était un fait saillant dans sa pensée. «C’était un visionnaire. Sa révolution a précédé celle d’Atatürk et d’autres révolutions dans le Monde arabe», dira-t-il. Pour sa part, le professeur Hassan Aârab a confié que «Khattabi s’est battu pour le Rif… Il n’a jamais cessé de réclamer l’indépendance du Rif qu’il avait inscrit dans une trajectoire maghrébine et pour lequel il avait tracé une perspective moderniste».

    Leader charismatique de la République du Rif, Khattabi avait prôné déjà à la fin de 1915, l’indépendance totale du Maghreb et avait même plaidé pour la résistance et une organisation maghrébine. Le conférencier mettra en exergue la relation étroite entretenue par l’émir Khattabi avec les leaders du Mouvement national algérien et les projets communs qui les animaient. Photos à l’appui, Aârab commentera les contacts permanents noués par Khattabi, à partir de son exil au Caire, avec feu Boudiaf, Ait Ahmed, Khider, Didouche, Ben Bella, Ben M’hidi et même Boumediene. Toutefois, l’un des éléments fondamentaux de l’histoire de la résistance anticoloniale dans la vision de l’émir Khattabi et les accrocs avec le régime du Makhzen, «dont la doctrine reposait sur la traîtrise et la manigance», aura été l’élément fédérateur qu’a été l’Algérie dans le façonnement de cette résistance. Les intervenants, dont des académiciens et chercheurs en histoire, n’ont pas tari d’exemples quant à l’aide et l’apport précieux des leaders algériens, dont l’émir Abdelkader et ses enfants, en l’occurrence Ben Abdelmalek qui avait monté la révolte organisée de 1915.

    «Abdelkrim continue à nous parler du royaume du Makhzen…. Lui qui avait interdit, à cette époque la culture du cannabis, principale rentrée subsidiaire du système économique du Makhzen… Khattabi avait exprimé son dédain du système makhzenien», dira Aârab en évoquant la nature idéologique et doctrinale de l’armée marocaine. «La pensée de Khattabi voulait rompre avec les pratiques et cette tradition du Makhzen qui s’était déjà fondée sur l’esclavagisme, le mercenariat et la traîtrise à cette époque-là», renchérit-t-il encore. Intervenant dans le débat général, le professeur Mustapha Saidj a expliqué que «Khattabi était porteur d’un projet de Maghreb unifié… Il avait réussi à combattre les Espagnols et à unifier les tribus et contribué à fonder un État, sociologiquement, établi… Contrairement aux adeptes du Makhzen dont l’État marocain, a été la création du général Lyautey. Il n’y a qu’à voir la statue qu’ils ont érigée en sa mémoire et le musée qu’ils lui ont dédié. Ils ne s’en cachent pas», dira-t-il. D’autres intervenants ont mis en relief «que le Maroc, constitue, aujourd’hui, un fardeau encombrant pour ses alliés traditionnels».

    Source: L’Expression.

  • Protectorat au Maroc, une politique coloniale

    Tags : Maroc, protectorat, colonisation, Sultan Abdelaziz Moulay Abdel Hafid,

    Au début du siècle dernier, le sultan Abdel Aziz voit son pouvoir se restreindre. Sa légitimité est contestée par les secteurs les plus traditionnels de la société marocaine qui le mettent en garde contre les dangers de la pénétration occidentale. – Approuvé le 18 juin 1906 par le sultan Abdel Aziz, l’acte d’Algésiras provoque l’émoi d’une population qui considère celui-ci comme indigne de porter le titre de Prince des Croyants!- Il est accusé par les nationalistes de livrer son pays aux étrangers, Ironie de l’histoire, à la tête de ce courant se trouve son demi-frère Moulay Abdel Hafid qui quelques années plus tard signe le traité de protectorat avec la France! -Quelques jours après la signature du protectorat entérinant la domination française sur le Maroc, des émeutes éclatent, notamment à l’encontre des communautés juives, accusées d’être favorables à la tutelle française.

    En 1912, la France signe avec l’Empire chérifien le traité de Fès qui établit son protectorat au Maroc, régime qui promeut une politique coloniale particulière tout en permettant à ce pays de vivre selon ses traditions. Une conception que le général Lyautey incarne jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale.

    Le 30 mars 1912 est une date clé de l’histoire du Maroc. Pour la première fois, ce vieil empire dont l’État fut fondé au VIIIe siècle après J.C par la dynastie Idrisside, cède les attributs essentiels de sa souveraineté à une puissance étrangère, la France, qui ne partage ni sa religion, ni ses mœurs. Salué comme une victoire à Paris, cet événement est ressenti comme une humiliation par beaucoup de Marocains qui y voient une forme intolérable d’ingérence. Il faudra tout l’intelligence politique et le tact du général Hubert Lyautey, nommé résident général du Maroc en avril 1912, pour restaurer, non sans soubresaut, ni conflits un climat d’amitié entre la France et le Maroc, qui malgré les aléas et les violences de la décolonisation, perdure encore aujourd’hui. Historiquement, il est incontestable que cette relation de confiance a été facilitée par le caractère original d’un protectorat qui, s’il institue une situation coloniale de fait, en évite les aspects les plus brutaux en permettant à la monarchie marocaine de maintenir sa personnalité. Comme le stipule l’article 1re du traité signé entre le gouvernement français et le sultan du Maroc Maoulay Abdel Hafid : Le gouverneur de la République française et sa Majesté le Sultan sont d’accord pour instituer au Maroc un nouveau régime comportant des réformes administratives, judiciaires, scolaires, économiques, financières et militaires que le Gouvernement Français jugera utile d’introduire sur le territoire marocain.

    Mais l’article précise aussitôt : Ce régime sauvegardera la situation religieuse, le respect et le prestige traditionnel du Sultan, l’exercice de la religion musulmane. L’article II stipule que sa majesté le Sultan admet dès maintenant que le Gouvernement Français procède après avoir prévenu le Maghzen (l’administration marocaine), aux occupations militaires du territoire marocain qu’il jugerait nécessaires au maintien de l’ordre et de la sécurité des transactions commerciales et ce qu’il exerce toute action de police sur terre et dans les eaux marocaines. En outre, et c’est ici que la notion de protectorat prend son sens, l’article III affirme Le Gouvernement de la République prend l’engagement de prêter un constant appui à sa majesté Chérifienne contre tout danger qui menacerait sa personne ou son trône ou qui compromettrait la tranquillité de ses États. En réalité ce protectorat, qui perdure jusqu’en 1956, est l’aboutissement d’une longue évolution qui va faire de ce pays un enjeu entre des puissances européennes qui considèrent leur expansion en Afrique comme légitime.

    L’Angleterre et l’Espagne, tout au long du XIXe siècle, mais aussi la France et l’Allemagne, vont exercer leur influence sur un Maroc tiraillé entre un désir d’ouverture, en particulier à travers les villes côtières ou le commerce avec l’Europe se développe, et à une aspiration à préserver son identité Berbère traditionnelle nourrie d’un islam rigoriste. La signature du protectorat avec la France intervient donc dans la durée. Depuis la conquête de l’Algérie, la France considère que l’Afrique du Nord est sa zone d’influence naturelle. Ainsi, n’hésite-t-elle pas à combattre l’émir Abdel Kader, qui originaire du Maroc, fut le fer de lance de la rébellion contre la colonisation à une époque où les frontières entre les deux pays ne sont pas fixées.

    C’est dans le cadre de cette pacification qui a aussi pour vocation de protéger l’Algérie des prétentions hégémoniques du Maroc que le général Bugeau écrase les troupes marocaines lors de la fameuse bataille de l’Isly en 1844. Initiée sous la monarchie de Juillet, la politique de la France au Maroc se poursuit et même s’intensifie sous la IIIe République, comme l’illustre la conférence de Madrid qui en 1880, voit l’Espagne, la France et l’Angleterre convenir de leurs prérogatives respectives dans cette région. Alors que l’Angleterre concentre ses ambitions sur l’Égypte, la France et l’Espagne, laquelle exerce sa souveraineté sur une partie du Nord marocain, affirment leur volonté de s’implanter dans un pays de plus en plus indépendant économiquement d’une Europe dont il a besoin pour des produits qui, tel le sucre et le café, sont devenus consommation courante. Au début du siècle dernier, le sultan Abdel Aziz voit son pouvoir se restreindre. Sa légitimité est contestée par les secteurs les plus traditionnels de la société marocaine qui le mettent en garde contre les dangers de la pénétration occidentale.

    C’est dans ce contexte tourmenté qu’intervient la célèbre crise de Tanger. Celle-ci éclate le 30 mars 1905 quand Guillaume II envoie sa flotte devant le port et traverse la ville à cheval pour se poser en défenseur de l’intégrité marocaine. Provoquant ainsi la réaction indignée d’une France désireuse d’instaurer son protectorat au Maroc, comme elle l’a fait en Tunisie, avec le traité de Bardo en 1881. Après une forte tension, ou certains voient poindre la menace de guerre, la crise se conclut par le traité d’Algésiras, signé en août 1906, qui promeut les bases d’un protectorat français au Maroc. Il institue la surveillance, par la France et l’Espagne, de la sécurité urbaine des ports marocains, la création d’une banque d’État, dans laquelle les banques françaises détiennent un tiers des fonds, l’établissement à Tanger d’une commission national chargée notamment de la construction des nouveaux ports de Casablanca et de Safi qui vont être financés par des entreprises françaises. En 1908, écrit Michel Abitbol, orientaliste et auteur d’une Histoire du Maroc, qui fait référence, plus de 50% des échanges extérieurs du Maroc s’effectuaient déjà avec la France qui dépassait ainsi pour la première fois l’Angleterre et les autres puissances européennes commerçant avec le royaume chérifien. Approuvé le 18 juin 1906 par le sultan Abdel Aziz, l’acte d’Algésiras provoque l’émoi d’une population qui considère celui-ci comme indigne de porter le titre de Prince des Croyants!

    Il est accusé par les nationalistes de livrer son pays aux étrangers, Ironie de l’histoire, à la tête de ce courant se trouve son demi-frère Moulay Abdel Hafid qui quelques années plus tard signe le traité de protectorat avec la France! Peu de temps avant sa signature, l’Allemagne provoque un incident en envoyant devant le port d’Agadir, en juillet 1911, une canonnière pour exprimer son refus de se voir évincée des affaires marocaines. Après que la crise se soit résorbée et en compensation de son renoncement à exercer son influence sur le Maroc, l’Allemagne obtient un accroissement de son domaine colonial au Congo. Si la France a la voie libre au Maroc, elle n’a pas la partie facile. Quelques jours après la signature du protectorat entérinant la domination française sur le Maroc, des émeutes éclatent, notamment à l’encontre des communautés juives, accusées d’être favorables à la tutelle française. C’est dans un pays en ébullition que Lyautey va devoir gouverner. S’il n’hésite pas à réprimer les fauteurs de troubles, il se met à l’écoute des autorités traditionnelles à commencer par celle du Sultan Moulay Youssef qui comprend que le catholique fervent qu’est Lyautey n’est pas un ennemi de l’islam. « J’ai écarté soigneusement de lui toutes les promiscuités européennes, les automobiles et les dîners en campagne, affirme celui-ci. Je l’ai entouré de vieux marocains rituels. Son tempérament de bon musulman et d’honnête homme a fait le reste, il a restauré la grande prière du vendredi, il a célébré les fêtes de l’Aïd Seghir avec une pompe et un respect des traditions inconnus depuis Moulay Hassan ».

    Tout à coup; il prend une figure de vrai sultan. Mais l’action de Lyautey, résident jusqu’en 1925, n’est pas que symbolique. Elle s’accompagne d’une œuvre considérable, aussi bien sur le plan économique et social que sur celui des infrastructures et des communications, notamment ferroviaires. Mais aussi au niveau du développement de villes, comme Rabat ou Casablanca dont Lyautey met en valeur l’architecture originale. Le Résident général marque ainsi de son œuvre un pays qui, aujourd’hui encore, cultive sa mémoire, comme le montrent les statues et effigies qui lui sont consacrées.

    Source : Chroniques de mémoire, 28 février, 2018

  • El Glaoui, seul invité lors de l’intrônisation d’Elizabeth

    El Glaoui, seul invité lors de l’intrônisation d’Elizabeth

    Maroc, France, Thami El Glaoui, Berbères, Protectorat,

    Les Glaoui étaient l’une des nombreuses tribus berbères qui, pendant des siècles, se sont disputé la domination du Haut Atlas. Leur sort s’est amélioré en 1893 lorsqu’ils ont été récompensés pour avoir sauvé le sultan d’un blizzard en leur faisant cadeau d’un canon de 77 mm, qui a été utilisé pour soumettre immédiatement leurs rivaux.

    Pour avoir soutenu le protectorat français, T’hami el Glaoui, fils d’une concubine éthiopienne, a été nommé pacha de Marrakech et a reçu le contrôle du commerce des olives et du safran dans le sud, ainsi que des mines de sel et de minéraux de la région, ce qui a fait de lui l’un des hommes les plus riches du monde. Parmi les invités de ses palais de Telouet et de Marrakech figurent Maurice Ravel, Colette, le général Patton, Charlie Chaplin et Winston Churchill.

    Bien qu’il possède des centaines d’esclaves, il est l’invité personnel de Churchill lors du couronnement d’Elizabeth II en 1953. À cette époque, la fin du protectorat était en vue et en 1955, après avoir rétabli le sultan précédemment exilé, les Français se sont retirés, abandonnant El Glaoui à son sort. Ils n’ont pas abattu le dernier grand leader sudiste du Maroc, mais à sa mort en 1956, la foule a pillé ses palais et lynché ses sbires. Sa réputation de traître reste intacte et le verbe « glaouiser » (trahir) fait désormais partie du jargon politique français.

    Kasbah de Telouet

    Nous sommes dans le Haut Atlas, sur l’étroite route construite par la Légion étrangère française en 1936 et qui n’a pas été réparée depuis. À huit mille pieds d’altitude, au coin d’un plateau désertique et entouré de pics géants, nous atteignons la Kasbah de Telouet, autrefois le palais-forteresse d’El Glaoui, aujourd’hui un bâtiment en ruine fait de pierres rouges, de pisé et de tuiles vertes. Les panneaux de soie chinois et les tapis de Rabat ont tous disparu.

    Depuis le balcon d’où Churchill, m’a-t-on dit, regardait jadis les cavaliers berbères montrer leurs talents, je peux voir le village voisin de Telouet, peuplé de descendants des esclaves d’El Glaoui. Le champ où les cavaliers chevauchaient autrefois pour Churchill est maintenant un terrain de football poussiéreux.

    Source

    #Maroc #France #Thami_El_Glaoui #Berbères #Protectorat

  • Le verset du Coran que le clergé marocain n’ose pas chanter

    Le verset du Coran que le clergé marocain n’ose pas chanter

    Maroc, monarchie alaouite, histoire, protectorat, France, Lyautey,

    Le Makhzen maintient une vieille antienne contre le peuple Marocain ! Elle dit : « En vérité, quand les rois entrent dans une cité ils la corrompent, et font de ses honorables citoyens des humiliés. Et c’est ainsi qu’ils agissent.. Qur’an (S. 27-34)

    Du point de vue religieux, le principe monarchique par un système de l´héritage du pouvoir personnel est incompatible avec l’islam surtout avec l’incorporation d’un régime de gouvernance aux valeurs décadentes non islamiques, la corruption des esprits ou l’occidentalisation des mœurs dépassant le seuil de l’admissible.

    En revenant tout simplement au système féodal marocain «Makhzen» juste une survivance et une friperie automatisée, qui datait de bien avant l’époque coloniale et convenait à une société tribale et féodale et en lui donnant aujourd’hui une forme moderne. Le système «Makhzen» reposait sur le principe que les serviteurs du monarque, caïds, chefs des tribus, gouverneurs des provinces imposés dans une société moderne, dirigent «le peuple»par procuration royale, ce concept ne peut qu’engendrer une corruption démesurée, sans compter sur quelques autres particularités du système inspiré par des conseillers juifs avec un axiome de base «Diviser pour régner».

    Ce qui est triste pour le système du Makhzen, c’est que tout un peuple qui est loin de partager les options de ces laquais crapuleux, sombrer dans une aventure effrayante, historiquement le régime du Makhzen Marocain s’est servi du Sahara Occidental pour régler ses problèmes intérieurs, comme dérivatif alors que la révolte sociale grondait dans tout le territoire Marocain.

    Si on se raccroche à Donald Trump et aux dirigeants sionistes, qui ont changé le cours de ces mêmes projets de cinglés, pour venir jouer au troc avec un territoire autonome, pas encore décolonisé. Une vieille revendication marocaine et qui se trouve exaucée d’où le troc de Donald Trump : les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, disputé par le Front Polisario ; en échange, le Maroc reconnaît Israël pleinement et normalise ses relations et établit des liens de coopération…

    C’est qu’on y voit un exemple qui pourrait servir d’échappatoire au régime du Makhzen, mais aujourd’hui, capituler devant l’arrogance juive n’est pas une solution. C’est trahir les générations futures du peuple Marocain, c’est agaçant, le fait sioniste persiste, ce gredin, sale voyou de l’histoire. Du coup le Makhzen pense qu’une aide d’Israël serait plus utile que des imprécations à distance dans la colonisation du Territoire Sahraoui qui n’en finissent pas de se déliter et de se rapprochent du Palais Royal.

    L’Etat Sioniste d’Israël et tous ses propagandistes dans le monde occidental, y compris au Maroc, se rendent coupables envers les Palestiniens d’un génocide sournois, mais réel parce qu’ils anéantissent leur personnalité. Ils réduisent les Palestiniens, par leur propagande médiatique à une masse impersonnelle au sein de laquelle il est impossible de discerner l’âme de personnalités fortes et puissantes, représentatives de leur peuple.

    Cela explique l’impuissance du système marocaine, qui entrevoit la possibilité d’échapper à une certaine domination en s’ouvrant un peu plus aux Palestiniens, mais il se voit rappeler à l’ordre au moindre pas dans cette direction par l’utilisation de la question Sahraouie, des problèmes sociaux, voire sociétaux catastrophiques internes au Maroc.

    D’être conscient du sens de l’Histoire quelques vérités à ne pas oublier, une méconnaissance de l’histoire est présente chez certains marocains, qui propagent selon le très officiel manuel d’histoire le mythe du Royaume du Maroc qui existerait depuis 11 siècles.

    Selon les livres d’histoire, le Maroc au début du XVIIe siècle, était morcelé en plusieurs petits États indépendants. La dynastie régnante des Saadiens est en déclin et le royaume n’a plus d’autorité centrale. Au Tafilalet, dans le sud-est, les descendants de Hassan Addakhil, les Alaouites, se distinguent en défaisant deux puissantes confréries : la zaouïa d’Illigh, qui contrôle le Souss et le Drâa, et celle de Dila, qui tient le nord et est sur le point de s’emparer de Fès.

    Moulay Ali Chérif, 7e descendant de Hassan Addakhil, est promu chef de la famille et devient le nouvel homme fort du Tafilalet. Ce dernier est décrit par les hagiographes comme un “lion magnanime, le pôle de tous les chevaliers de l’islam, le brave audacieux, le lion hardi, le grave, le pieux, l’éclaireur de la milice des guerriers de la foi, le glorieux des glorieux”.

    Malgré ces qualificatifs élogieux, Moulay Ali Cherif n’arrive pas à étendre son pouvoir aux autres provinces du Maroc et abdique en faveur de son fils, Moulay Mohammed. Ce dernier, que les historiens dotent d’une puissance physique hors du commun, multiplie les guerres contre les tribus voisines. L’une d’entre elles, la zaouïa d’Illigh, prend en otage son père, Moulay Ali Chérif. Il sera finalement libéré en 1640 par son fils, qui sera proclamé sultan du Tafilalet et régnera sous le nom de Mohammed 1er.

    Fils de Moulay Ali Chérif, Moulay Ismaïl doit batailler dur contre plusieurs de ses frères pour asseoir son pouvoir sur le trône du Maroc. Une guerre civile fratricide qui s’achève par une victoire définitive.

    Si Moulay Ismaïl choisit Mekhnès pour capitale, ce n’est pas seulement pour son climat qu’il affectionne tout particulièrement, mais surtout pour en faire “la Bourse” du commerce des esclaves. “C’est Moulay Ismaïl qui décide, pour des raisons politiques et surtout économiques, de regrouper à Meknès, la nouvelle capitale, tous les captifs pris en mer ou sur les côtes européennes”, écrit Ahmed Farouk, chercheur rattaché à l’Institut méditerranéen à Paris.

    C’est que le Sultan Moulay Ismaïl contrôle l’ensemble du circuit des captifs, en commençant par une flotte de corsaires basée à Salé, qui fut cinquante ans auparavant la “république des corsaires”, et c’est cette flotte qui l’approvisionne en esclaves chrétiens. La vente de captifs détenus dans les geôles du sultan constitue une ressource non négligeable pour le Makhzen.

    De nombreuses ambassades et missions religieuses européennes sont envoyées à Mekhnès pour négocier leur rachat. Parmi elles, les Pères de la rédemption, religieux de l’ordre de la Trinité ou de l’ordre de la Merci, fondés pour le rachat des captifs, avaient effectué plusieurs voyages au Maroc et “doivent négocier avec le sultan, et uniquement avec lui”, précise Ahmed Farouk. Le sultan Moulay Ismaïl est présenté par plusieurs historiens, contrairement à la version officielle, comme un souverain ayant des penchants sadiques. Il aurait tué 127 détenus de ses propres mains, selon l’historien Henri Terrasse.

    Le sultan Moulay Ismail, un père le plus prolifique de la famille des Alaouites, est considéré comme le véritable fondateur de la dynastie alaouite. Ce mégalomane avait mis sa main sur le Maroc pendant cinquante-cinq ans : un record de longévité pour un monarque absolu. Mais, ce dictateur, qui ne tarda pas à se voir affublé du surnom de l’ «Assoiffé de sang», détient un autre record selon le Guinness Book : celui d’avoir engendré 888 enfants.

    Mais cela est-il seulement possible ou est-ce une pure légende ?

    L’entrée des Français au Maroc avait été facilitée par une guerre fratricide. Le Sultan Moulay Abdelaziz nommé par ses détracteurs de “sultan des Européens”, avait du mal à maintenir son autorité intacte. Le 16 août 1907, son frère aîné Moulay Hafid, est proclamé sultan à Marrakech grâce à l’appui des grands caïds, dont Madani El Glaoui, grand frère de Thami, le futur pacha de Marrakech. Le 4 janvier 1908, c’est au tour de Fès de se révolter contre Moulay Abdelaziz et de se rallier à Moulay Hafid. Mais le sultan refuse d’abdiquer et rejoint Rabat, alors sous contrôle européen. Ses adversaires le raillent et le traitent de sultan des “enclaves européennes posées sur le littoral”. Mais le Sultan Moulay Abdelaziz, tenace, continue à résister et réussit à réunir une Mahalla pour combattre l’armée de son frère, autoproclamé sultan du Djihad.

    Par une après-midi suffocante, un 19 août 1908, les deux armées se rencontrent à Tamelelt, une petite localité proche de Kelâat Sraghna. La bataille ne dure pas plus d’une journée et le sultan Moulay Abdelaziz est battu à plate couture par son frère. Cette dernière défaite militaire devait sonner le glas du règne du jeune sultan. D’ailleurs, toute l’élite marocaine ainsi que les Européens présents au Maroc prennent acte de l’issue de la bataille. Mais, contre toute attente, le sultan Moulay Abdelaziz ne s’avoue pas vaincu. Le lendemain de sa défaite, il est à Casablanca et s’apprête, dans une dernière tentative désespérée, de rejoindre Settat pour rassembler une nouvelle armée.

    Alfred G. Paul Martin, un officier-interprète français de l’armée d’Afrique, écrit à ce sujet : “Il (Abdelaziz) n’avait plus rien, il sollicita tout : de l’argent, des armes, des hommes”. Une dernière tentative couronnée d’échec. Le sultan défait se réfugie finalement à Tanger où il finira sa vie. Ironie de l’histoire, son frère le sultan Moulay Hafid mourra, lui, en France où il a vécu en exil après 1912.

    Le 30 mars 1912, Moulay Hafid signa le traité de « protectorat » de Fez, qui consacrait officiellement l’occupation Française du Maroc par l’instauration d’un « Protectorat » placé sous la direction du Commissaire Résident Général français, pourvu des pouvoirs du gouvernement français. C’est au nom de ce pouvoir que le maréchal Lyautey va détrôner Moulay Hafid qui a signé ce traité, pour désigner Moulay Youssef à sa place!

    Le maréchal Lyautey entend ainsi renforcer sa monarchie coloniale et la confectionner à sa guise! Le nouveau Sultan du Maroc ainsi que tous ses héritiers alaouites qui l´ont suivi, jusqu´à Mohamed V ne font alors que signer tout ce que prépare l´autorité de l´occupation.

    Cette dépendance politique est encore en application dans le Royaume du Maroc d’aujourd’hui. Pour le peuple marocain, le traité de « Protectorat » était un acte de vente.

    18 novembre 1927 Mort du Sultan Moulay Youssef, Les Français imposent comme Sultan son 3ème fils Mohammed Ben Youssef, âgé de 17 ans, jugé trop libertin et censé être plus larbin.

    Le sultan Moulay Youssef qui a régné sur le Maroc de 1912 à 1927 avait rendu visite le 18 juillet 1926 au maréchal Lyautey dans sa résidence à Thorey. Le futur Roi Mohammed V, ne manque jamais de venir saluer le Maréchal lorsqu’il se déplace en France ou lors de ces visites à la Station thermal de Vittel. En 1934, dernière visite du Sultan, il est accompagné du jeune prince héritier, le futur Roi Hassan II.

    Pour renforcer leur contrôle sur le Maroc, les autorités françaises renversent le sultan Mohammed Ben Youssef, considéré comme trop nationaliste et trop mou lors des émeutes de 1952. Cette décision est supportée par El Glaoui, un riche entrepreneur marocain, allié des Français, qui descend des collines vers Rabat à la tête de cavaliers berbères. Le 20 août 1953, Mohammed Ben Youssef déchu, est envoyé en exil en Corse, puis à Madagascar. Il est remplacé par Mohammed Ben Moulay, un dirigeant âgé et faible que la population considère comme un usurpateur. Car le Protectorat veillait et les Français y ont exporté la règle de primogéniture qui avait, malgré quelques bavures, fait merveille chez eux pour appesantir le pouvoir royal et briser toute résistance populaire et aristocratique à l’État fiscal qu’il voulait absolument puissant et personnel, reposant sur une bourgeoisie avide qui deviendra une ruche d’essaims coloniaux et expansionnistes!

    La France par conséquent n’avait occupé et soi-disant restitué à lui-même qu’un petit Maroc amoindri par l’impérialisme colonial.

    L’histoire du Royaume du Maroc démontre que ce sont les sultans alaouites, qui ont exploités pleinement les richesses du peuple Marocain. Ils ont soumis les populations au colonialisme et ils ont ouvertement et officiellement fait appel aux puissances coloniales pour qu’ils soient protégés des révoltes du peuple marocain ou mieux encore pour vaincre leurs querelles et guéguerre fratricides pour le maintien du trône.

    Les paysans Marocains n’avaient jamais accepté la présence alaouite, et ils avaient que très de moyens de se défendre. Ils ont toujours refusé l’établissement d’un système « monarchique » tout à fait étranger et contraire à l’esprit de l’Islam. Les Alaouites constamment repoussés useront de leurs malheureuses troupes égarées dans une sale guerre en les envoyant à l’assaut des résistants pour tenter d’affirmer leur pouvoir personnel autocratique et illégitime.

    Les paysans du peuple Marocain fermement motivées, ne rompront jamais compte tenu du passé révolutionnaire du peuple marocain qui a des antécédents résistants dans la mémoire collective comme l’extraordinaire épopée de la République du Rif, sous la direction d’Abdelkrim El Khattabi dans sa lutte contre l’Espagne et le France de 1921 à 1926.

    Totalement falsifiée par la propagande mensongère du régime dictatoriale stupide l’histoire du Royaume du Maroc contemporain demeure méconnue des Marocains, au point de devenir un ensemble de grandes énigmes et de nombres évènements importants de l’histoire du Royaume du Maroc sont restés trop longtemps tabous par un régime du Makhzen féodal.

    Le Maroc est celui de tous les paradoxes. Il est enlisé par une tension sociale extrême (soulèvement du Rif, en 2017, plusieurs centaines de manifestants ont été condamnés, pour certains à vingt ans de prison ferme), un taux de chômage urbain de l’ordre de 40 pour cent et des décennies d’absolutisme monarchique. Au point que se pose de manière lancinante la question de son abdication en faveur de son fils, âgé de 17 ans.

    De surcroît, le royaume chérifien, un pays «patrimonialisé» est au bord de l’apoplexie, pour reprendre l’expression la plus courante en pareille situation, en proie à une ébullition permanente, conséquence de l’autoritarisme du Makhzen, de l’arbitraire, du népotisme et de la corruption qui y règne.

    Dans l’histoire du Royaume du Maroc, les différents Sultans n’ont rien apporté à la population, sauf la dépossession des richesses et surtout l’humiliation de la femme Marocaine pour en avoir posséder des dizaines, des centaines et même des milliers en vue de garnir leur harem, cette attitude des Sultans ne peut que qualifier le régime du Makhzen de féodal qui nie toute personnalité ou aspiration outre que celle du Sultan.

    La grande faute du Marocain, c’est de ne pas accepter de mourir, d’être fier de son origine, de son passé, de ses croyances etc. Dans cet optique, nous sentons bien la haine et la hargne de ses figures de cire du Makhzen qui s’arrogent le droit de ce qui doit être dit ou pas, de ce qui est correct ou pas, de s’asseoir comme il se doit, et de répondre toujours dans un langage déjà codé et rodé depuis des décennies, leurs objectifs était de servir une puissance étrangère et de se gaver sur le dos du peuple Marocain.

    Source : Islam, une voie de vérité, 29/01/2022

    #Maroc #Monarchie_alaouite #Makhzen #Protectorat #

  • Comprendre le Maroc, ce voisin encombrant

    Comprendre le Maroc, ce voisin encombrant

    Maroc, Algérie, Maghreb, Sahara Occidental, colonialisme, France, Espagne, Protectorat,

    « L’Express » reçoit un courrier abondant concernant nos prise de position sur le Maroc; des amis cherchent à en connaître plus, des trolls polluent nos boites à courrier par des insanités, des parties hostiles nous écrivent pour nous couvrir de lazzis et de quolibets; cependant, il y a également des connaisseurs avisés de la région maghrébo-sahélienne qui viennent, avec révérence, demander des éclairages, des arguments sur tel ou tel sujet, et exiger plus de rigueur dans la critique ; et – Dieu nous en est témoin, c’est ce que nous nous appliquons à faire avec nos lecteurs: jamais d’insultes, jamais de propagande de bas étage, mais toujours le cap maintenu sur les faits, la relation d’événements historiques, fiables et vérifiables, les informations sur des liens tenus cachés, les compromissions et les scandales divulgués par les médias internationaux ou soigneusement mis sous le boisseau, les actions politiques, médiatiques ou militaires relevant du domaine public, etc. Le dossier donc s’adresse à cette catégorie, principalement, celle qui cherche avant tout à savoir.

    Si l’Algérie fixe aujourd’hui sa longue-vue sur cet encombrant voisin de l’ouest, c’est parce qu’il en a fait trop, et depuis fort longtemps, et pas uniquement à l’Algérie. Les grands titres des médias du monde entier ont à un moment ou un autre publié des articles compromettants sur le Maroc: tentatives de faire pression sur des émissaires onusiens, « achat » de journalistes européens (français et espagnols surtout, mais aussi italiens et britanniques), noyautage des institutions internationales, infiltration, espionnage, écoutes, et on en passe, et des meilleures.

    De toute évidence, ce serait lui donner trop de puissance que d’attribuer au Maroc toute cette panoplie de faits spectaculaires et répréhensibles, mais nous parlons surtout de tentatives, car tout le monde n’est pas corruptible, et beaucoup de responsables marocains, connus ou agents de l’ombre, se sont cassés les dents sur la probité, l’honnêteté et la rectitude.

    Dans ce dossier, dont certaines bribes ont été publiées en partie par notre journal, nous mettrons le zoom sur un voisin turbulent et imprévisible. Nous prendrons la dynastie saadienne comme commencement de notre histoire, parce que cette dynastie a donné naissance à la dynastie alaouite actuelle, comme elle a été la véritable fondatrice de la politique étrangère marocaine, au détail près, comme nous allons le voir, ce qui signifie que les mécanismes de la politique marocaine obéissent à une certaine doctrine, qu’il serait utile de cerner pour mieux en comprendre les modes opératoires, les prétextes et les compromissions actuelles.

    La victimologie rentière a été l’infusion judaïque livrée à boire aux Marocains depuis 1492. A cette date, des milliers de Juifs ont été chassé-en même temps que les musulmans – de la Péninsule ibérique. Prenant appui sur les mythes fondateurs d’Israël, peuple élu de Dieu – ils le furent réellement, avant de mériter le châtiment divin suprême et devenir un peuple honni, banni et misérable pour les sacrilèges commis-, les Juifs ont de tout temps évoqué les oppressions subies pour retrouver une place privilégiée auprès des nations. Fort d’une communauté juive riche et puissante, qui a pris place au sein de la société marocaine et au cœur du système politique marocain, le Makhzen (entendre dans son acception langagière la plus simple) adoptera souvent cette victimologie pour trouver écho auprès des puissances du moment. C’est l’image qui persiste à ce jour avec des structures apparaissant comme intangibles dans ses relations houleuses avec l’Algérie. Tout l’achat d’armement de guerre auprès des Etats Unis et de la Grande-Bretagne a procédé de la sorte: « On est très faible par rapport au voisin algérien, et il faut nous doter d’un armement puissant pour maintenir les fragiles équilibres militaires en Afrique du nord ». Tel a été le supplique de Rabat auprès des capitales occidentales durant les vingt dernières années.

    Des agressions d’Ahmed El Mansour au Maghreb central et au Sahel aux investissements de la BMCE en Afrique, des alliances avec les Espagnols contre les Turcs d’Alger à la normalisation avec Israël, toujours contre Alger, des lobbys juifs au cœur de la cour ouatasside au Mossad prenant place au centre de la décision du gouvernement Aziz Akhannouch, peu de choses semblent avoir changées depuis cinq siècles.

    Laissons de côté l’Algérie, le Sahara occidental, les animosités du moment et l’actualité, et faisons un retour en arrière. La dynastie saadienne nous est particulièrement intéressante, en ce sens qu’elle présentait déjà toute la logistique marocaine de 2022: vœu d’occidentalisation, expansionnisme, agressions envers le voisinage, sous-traitance de la guerre, mercenariat, alliances contre-nature avec des puissances contre la Régence d’Alger. Pour en saisir les lignes directrices, nous allons louer la machine à remonter le temps; alors tenez-vous bien : le voyage risque d’être « bouleversant ».

    Alors qu’Espagnols et Portugais grignotent peu à peu la côte marocaine, notamment le débouché atlantique de la route transsaharienne, Agadir et les ports voisins, les Marocains se tournent vers le sud et l’ouest pour coloniser de nouvelles terres, trouver des sources de financement à la crise chronique et faire diversion pour tromper le peuple en lui proposant de nouveaux débouchés et de nouvelles aventures. La région du Touât, où Tamantit (dans l’actuel Adrar algérien) représentait la capitale et le carrefour des routes caravanières de la poudre de l’or du Melli (Mali), et pont entre le Maroc et le Soudan (actuel Mali), sera la première victime de cette crise commerciale et monétaire marocaine.

    Les relations entre l’Algérie et le Maroc ont toujours connu des tensions diplomatiques plus ou moins intenses, quand on pouvait la guerre ouverte et les alliances contraires. C’est le propre de l’histoire des deux pays depuis au moins les cinq derniers siècles.

    Si on prend la peine de lire le livre du Dr. Amar Benkherouf, intitulé « les Relations politiques entre l’Algérie et le Maroc au XVIe siècle », on reste effaré tant les similitudes avec ce qui se passe aujourd’hui. Le lecteur de l’Express aurait été plus édifié si cet article avait pu s’appuyer sur un entretien avec l’auteur; hélas, l’auteur était souffrant lorsque nous lui avions proposé l’entretien et ne trouvait pas assez de forces chez lui pour répondre à bon nombre de questions qui auraient éclairé notre dossier d’un jour nouveau.

    Makhzen, Palais royal et ses contingences

    Quand on parle du Maroc, on entend l’administration du Makhzen le Palais royal et ses contingences politiques, et non pas, évidemment, le petit peuple, qui est resté souvent en retrait, souvent même hostile aux politiques officielles menées contre les pays du voisinage, notamment le Mali et l’Algérie.

    Cette parenthèse fermée, revenons-en aux faits. Le Maroc, au XVIe siècle, c’est la dynastie naissante (et envahissante) des sultans saadiens. Ils venaient d’hériter d’une brillante civilisation, celle des Mérinides. Ils côtoyaient et concurrençaient les Zianides, maîtres de Tlemcen et du Maghreb central (actuelle Algérie) et les Hafsides, en Tunisie.

    Comme aujourd’hui, les juifs avaient droit de cité dans la politique interne du Maroc. Maîtres de la monnaie, de l’information, de l’économie, de la diplomatie et du commerce international, ils ne laissaient aux souverains saadiens que le soin de passer du bon temps…à la guerre ou au palais.

    Assez puissant dans le milieu du XVIe siècle, sous le règne d’Al Mansour es-Saadi, au point de résister aux tentatives à se mettre sous l’autorité de la Porte-Sublime ottomane, le Maroc fit plusieurs incursion au Maghreb central, pour soumettre Tlemcen, faire des razzias à Ouargla et le Touat, passages caravaniers et villes prospères du Sahara, avant d’aller détruire la brillante civilisation fondée au Mali par les touaregs de Tombouctou et dirigés par les souverains Askia. Belliqueux et agressif, le Maroc a été également un destructeur d’empires.

    A travers l’étude des chroniques maliennes et marocaines, embrassant l’histoire des souverains saâdiens, le commerce de la poudre d’or et des esclaves, l’imprégnation religieuse, les transferts de populations et la fameuse conquête d’Ahmed El Mansour, il est évident que le fait de retracer cette histoire complexe et mouvementée est d’une utilité décisive.

    La conquête du Soudan songhaï par Ahmed El Mansour est l’un des plus hauts faits de l’histoire officielle du Maroc. Pourtant, c’est sans doute à partir de la chute de Gao que les liens entre le Sahel et le Maroc ont commencé à se distendre. L’époque moderne ne pouvait pas plus mal commencer pour l’ouest du continent africain. Depuis 1438, les tribus berbères Masoufa, les Maqchara et les Targa ravagent les décombres de l’empire de Malli. Au Maroc, les tribus arabes font régner la terreur dans les plaines et les déserts, le revenu agricole s’effondre et la confiance de la population envers le pouvoir mérinide s’amenuise d’année en année. Les Portugais grignotent peu à peu la côte marocaine, notamment le débouché atlantique de la route transsaharienne, Agadir et les ports voisins. La région du Touat, pont entre le Maroc et le Soudan, est la première victime de cette crise commerciale et monétaire (puisque l’or se raréfie), qui n’est pas sans conséquence sur l’ordre politique.

    Dans ce contexte de crispation, toutes les tensions de la société vont se cristalliser au niveau religieux. Le peuple manifeste épisodiquement et bruyamment contre l’importante communauté juive locale.

    Kabbalistes et talmudistes au cœur du pouvoir

    Les Juifs étaient les maîtres de l’horloge dans un royaume marocain soumis déjà à la loi de l’argent. Leur savoir-faire leur ouvrait les portes des cours princières et les plaçait déjà au centre de la décision royale. Kabbalistes et talmudistes diffusaient leur poison dans les sociétés maghrébines de l’époque.

    Les savants locaux demandent des avis ou fatwa sur la légalité de la présence de « nouvelles » synagogues et de leur extension. Cette crise, amorcée depuis le début du XVe siècle, touche également Fès, où les chorfas et les Andalous persécutent et excluent les descendants de juifs convertis à l’islam (islami), lesquels commercent abondamment avec leurs ex-coreligionnaires du Touat. Ces islami défendent courageusement leurs droits comme tout musulman.

    En juillet 2021, peu avant sa mort, l’imam marocain Abou Naïm dénonçait la mainmise des juifs sur le pouvoir réel au Maroc. C’est dire combien les similitudes sont frappantes, à près de cinq siècles d’intervalle.

    La révolution anti-mérinide de Fès, menée en 1465 notamment par l’élite chorfa, concorde avec l’éclosion de la dynastie songhaï (le peuple du fleuve) des Chi-Sonni de Gao, à la frontière nigéro-malienne. Cette dynastie naît avec le prince soudanais Sonni Ali, grand guerrier qui a hérité du royaume de Gao et qui va consacrer son règne (1464-1492) à en faire un puissant Etat. En 1468, Sonni Ali occupe Tombouctou et en chasse les Touaregs. A sa mort, c’est l’un de ses généraux, Muhammad Ibn Abou Bakr, qui devient l’Askia (titre royal en songhaï) et prend la tête de l’empire. Comme les Almoravides, il comprend l’intérêt d’asseoir sa légitimité par la religion et se fait accompagner d’un Alfa (religieux), Muhammad Toulé. Il entreprend la conquête de Ouallata, la cité caravanière occupée par les Arabes Banu Hassan, et de Jenné, en amont du fleuve Niger, jusqu’alors cité vassale de Malli. Désormais seul maître des routes de l’or, Askia Muhammad se lance en 1498 dans un grand pèlerinage, à l’instar de celui réalisé par Mansa Mousa de Malli, deux siècles auparavant.

    Dernier exemple d’imprégnation, les califes songhaïs instituent le poste de Cheikh Al Islam (recteur général de la religion), titre d’inspiration ottomane. Le plus connu sera un certain Mahmoud Ibn Omar, vers 1550. Son neveu figure en bonne place dans les dictionnaires biographiques recensant les plus grands savants de Fès, pour les décennies précédant immédiatement la conquête saâdienne.

    Le sel de la discorde

    Cependant, les dynasties saâdienne et songhaï vont rapidement rivaliser sur la question des mines de sel de Taghazza (extrême nord du Mali actuel). Cet établissement dépend du Soudan depuis la défaite des Targa-Maqchara, les proto-Touaregs, en 1468.

    Son contrôle est vital pour toute la région sahélienne, pauvre en sel, et permet d’éviter de l’acheter à prix « d’or » aux marchands maghrébins, donc d’enrichir outre mesure les cités du Maroc. Avoir le monopole des mines permet de maintenir le prix de l’or et d’acquérir à meilleur marché les produits manufacturés de la Méditerranée.

    Le chérif Ahmed Al Aarej aurait exigé, dès 1526, alors qu’il ne contrôle pas encore le « Royaume de Fès », le retrait des troupes songhaïs des mines de sel. L’Askia répond à cette demande par l’injure et lance une expédition de Touaregs contre les oasis du Draâ, alors que les Saâdiens peinent à résister à la coalition de l’Espagne, des Turcs d’Alger et des Wattasides de Fès. Une des raisons de cette crispation tient peut-être à une hausse des taxes douanières à Tombouctou, dont auraient pâti les marchands maghrébins du Soudan.

    Le « Tarikh As Sudan », notre source africaine principale, rédigé vers 1665 par le savant de Tombouctou Abderrahmane As-Saadi, et « Tarikh Al Fettach », de Mahmoud Kaati de Tombouctou, nous apprennent la réaction de Mohammed Ech Cheikh, le successeur saâdien, en 1557. Il utilise le limogeage d’un Filali, Az-Zubayri, du gouvernorat de Taghazza, et profite de sa frustration pour le monter contre ses anciens maîtres. Il le pousse à massacrer les légionnaires touaregs qui gardent la mine pour le compte de Gao. Après une génération de calme relatif, Ahmed El Mansour propose une conciliation : il envoie un cadeau et reçoit en contrepartie un don de musc et d’esclaves qui l’aurait profondément vexé, soit pour avoir été trop important, et donc outrecuidant, soit trop insignifiant, l’histoire ne le dit pas…

    Assuré contre les offensives ibériques, après sa victoire de l’Oued El Makhazine (1578), et lié aux Turcs d’Alger par un traité de paix, Ahmed El Mansour envoie ses armées contre Taghazza et coupe l’approvisionnement en sel du Soudan (ex-Mali). Cette offensive est décrite de manière contradictoire par les trois sources de l’époque. Le chroniqueur soudanais Abderrahmane As Saadi rapporte une tentative infructueuse de conquérir le Soudan, qui aurait échoué à mi-chemin, à Ouaddan, dans la Mauritanie actuelle. Chez Al Ifrani, chroniqueur du début du XVIIIe siècle, on trouve simplement le récit de la conquête violente des oasis du Touat et du Gourara, l’étape essentielle entre Maghreb et Soudan, dans l’ouest algérien actuel.

    La version d’As Saadi concorde assez avec ce que nous dit l’historien anonyme de la dynastie saâdienne, qui ne porte pas les chérifs dans son cœur. Selon lui, une troupe marocaine fut envoyée au Soudan, dans la foulée des attaques contre le Touat. Elle se serait perdue dans le désert, avant d’être dépouillée par des indigènes touaregs, se rétribuant ainsi de l’avoir sauvée ! C’est en tout cas à cette époque, vers 1582-83, que le grand sultan de Fès et de Marrakech s’intéresse de plus en plus à l’empire rival de la rive sud du Sahara.

    L’élément déclencheur est sans aucun doute la grande crise financière qui secoue le monde méditerranéen en cette fin du XVIe siècle. La crise politique au Sahara, doublée de la présence des comptoirs portugais (et de plus en plus hollandais) sur la côte de Guinée, a sans doute limité les arrivages de métal numéraire dans les cités marocaines.

    L’Express, 13 juin 2022

    #Maroc #Algérie #SaharaOccidental

  • Abd El-Krim (1882-1963)  Le stratège de la guerre du Rif

    Abd El-Krim (1882-1963) Le stratège de la guerre du Rif

    Maroc, France, Espagne, protectorat, colonialisme, guerre de libération, Abdelkrim El Khattabi,

    Mohammed Ben Abdelkrim Al-Khattabi, dit Abd El-Krim, est né vers 1882 à Ajdir, près d’Al-Hoceima, dans le Rif marocain, au sein du clan Al-Khattab, de la puissante tribu berbère des Beni Ouriaguel. Son père, cadi (juge musulman), donna à son fils une formation coranique, et l’encouragea à faire des études secondaires à Tétouan et à Melilla, où il passa son baccalauréat. Il suivit ensuite une carrière de droit islamique à l’université Qarawiyin de Fès, et de droit espagnol à Salamanque.

    A l’âge de 24 ans, Abd El-Krim est recruté par le quotidien de Melilla, El Telegrama del Rif, pour diriger sa section en langue arabe. Un an plus tard, en 1907, l’administration coloniale l’engage comme professeur d’arabe et traducteur pour son bureau des affaires indigènes. Les autorités françaises, en 1915, le dénoncent auprès des forces espagnoles comme « informateur » du Reich allemand. Une enquête révèle alors ses sentiments anticolonialistes. Incarcéré dans la forteresse de Rostrogordo, il se brise une jambe en tentant de s’en évader, ce qui le fera boiter pour toujours.

    A sa sortie de prison, Abd El-Krim entreprend d’organiser la révolte contre les colonisateurs. Grâce à son charisme, il parvient à rassembler les principales tribus du Rif, et constitue le noyau de son armée. Il devient le chef du mouvement anticolonial au Maroc. Il remporte des victoires militaires retentissantes, en particulier à Annoual, où, le 22 juin 1921, il met en déroute plus de 25 000 soldats espagnols avec à leur tête le général Sylvestre. Au printemps de 925, il lance de violentes attaques vers le sud. Fès est menacée, de même que la riche région du Gharb.

    Sa renommée devient internationale : Abd El-Krim cherche l’appui du Komintern et du Parti communiste français, et trouve des aides dans le monde islamique. Il crée sur le territoire qu’il contrôle la « République confédérée du Rif », dotée d’une Constitution et d’un makhzen (administration centrale), qui est bien accueillie, pour des raisons géopolitiques évidentes, par la Grande-Bretagne, mais combattue par l’Espagne et par la France. Ces deux pays rassemblent une force redoutable aux ordres du général Primo de Rivera et du maréchal Philippe Pétain. La contre-offensive, lancée en septembre 1925, vient à bout de la résistance d’Abd El-Krim, qui se rend aux forces françaises en 1926.

    Les autorités coloniales l’envoient en exil à la Réunion. En 1947, il réussit à s’enfuir et trouve refuge en Egypte, où il continue à œuvrer pour la décolonisation de l’Afrique du Nord. Il meurt au Caire en février 1963, à l’âge de 81 ans, avec la satisfaction d’avoir vu, après l’indépendance de l’Algérie en 1962, la libération totale du Maghreb.

    La guerre du Rif a servi de modèle aux mouvements d’indépendance d’autres pays colonisés. Hô Chi Minh, le héros de l’indépendance du Vietnam, considérait Abd El-Krim comme le « précurseur », parce qu’il mit au point le modèle de lutte armée pour la décolonisation des peuples.

    Le Monde diplomatique, avril-mai 2006

    #Maroc #Rif #République_du_Rif #France #Espagne #Protectorat #Colonialisme #Guerre_de_libération

  • Premier colloque maghrébin sur Abdelkrim El Khattabi

    Premier colloque maghrébin sur Abdelkrim El Khattabi

    Maroc, Abdelkrim El Khattabi, Rif, Emir Abdelkader, colonialisme, protectorat, République du Rif,

    Les similitudes du combat qui existent entre les deux révolutionnaires Abdelkrim El Khettabi et l’Emir Abdelkader ont été soulevées, à l’occasion de la première édition du colloque maghrébin autour du parcours de lutte du révolutionnaire marocain, tenue, samedi soir, au siège de la Télévision nationale.

    Plusieurs chercheurs en histoire ont profité de cette occasion pour mettre en avant le parcours du résistant Abdelkrim El Khetabi, modèle de lutte contre El Makhzen. Connu sous le surnom de « Lion du Rif », El Khettabi, « partage avec le père fondateur de l’Etat algérien, bien des caractéristiques », s’est attelé d’expliquer Hassan Kacimi, expert en question sécuritaire.

    L’intervenant fait savoir qu’El Khettabi s’est toujours opposé aux accords Aix-les-Bains de 1955, qui ont abouti en 1956 à l’indépendance du Maroc. En réalité, explique t-il, « les français n’ont jamais accordé d’indépendance au Maroc, qui est malheureusement encore sous protectorat français. »

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=Y97NuJU-7mo&w=560&h=315]

    L’expert en question sécuritaire, précise que les rois du Maroc ont joué un rôle très important pour l’aboutissement de ces accords. Ils ont mis, ajoute-t-il, leur pays « sous la tutelle et le protectorat colonial français ».

    Au denier lieu, M. Kacimi, estime que la révolution du Rif a toujours eu ses successeurs, de la reprise du flambeau par les jeunes, à l’image de Nasser El Zefzafi , un des héritiers de la révolution d’Abdelkrim El Khetabi.

    Radio Algérie Multimédia, 29 mai 2022

    #Maroc #Algérie #AbdelkrimElKhattabi #EmirAbdelkader #Rif

  • Lyautey, toujours vénéré au Maroc

    Lyautey, toujours vénéré au Maroc

    Lyautey, toujours vénéré au Maroc – Protectorat, Makhzen, Hubert Lyautey, Colonialisme, monarchie alaouite,

    Lyautey, c’est surprenant pour un colonisateur, est toujours vénéré au Maroc. Un grand immeuble d’habitation du centre de Casablanca porta longtemps son nom, il y eut une rue Lyautey derrière la Grande Poste, et sa statue, édifiée dans les jardins du Consulat général de France, est en plein centre-ville, entre la préfecture et le Palais de Justice !

    PROTECTORAT AU MAROC UNE POLITIQUE COLONIALE
    En 1912, la France signe avec l’Empire chérifien le traité de Fès qui établit son protectorat au Maroc, régime qui promeut une politique coloniale particulière tout en permettant à ce pays de vivre selon ses traditions. Une conception que le général Lyautey incarne jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale.
    Le 30 mars 1912 est une date clé de l’histoire du Maroc. Pour la première fois, ce vieil empire dont l’État fut fondé au VIIIe siècle après J.C par la dynastie Idrisside, cède les attributs essentiels de sa souveraineté à une puissance étrangère, la France, qui ne partage ni sa religion, ni ses mœurs. Salué comme une victoire à Paris, cet événement est ressenti comme une humiliation par beaucoup de Marocains qui y voient une forme intolérable d’ingérence. Il faudra tout l’intelligence politique et le tact du général Hubert Lyautey, nommé résident général du Maroc en avril 1912, pour restaurer, non sans soubresaut, ni conflits un climat d’amitié entre la France et le Maroc, qui malgré les aléas et les violences de la décolonisation, perdure encore aujourd’hui. Historiquement, il est incontestable que cette relation de confiance a été facilitée par le caractère original d’un protectorat qui, s’il institue une situation coloniale de fait, en évite les aspects les plus brutaux en permettant à la monarchie marocaine de maintenir sa personnalité. Comme le stipule l’article 1re du traité signé entre le gouvernement français et le sultan du Maroc Maoulay Abdel Hafid : Le gouverneur de la République française et sa Majesté le Sultan sont d’accord pour instituer au Maroc un nouveau régime comportant des réformes administratives, judiciaires, scolaires, économiques, financières et militaires que le Gouvernement Français jugera utile d’introduire sur le territoire marocain.

    Mais l’article précise aussitôt : Ce régime sauvegardera la situation religieuse, le respect et le prestige traditionnel du Sultan, l’exercice de la religion musulmane. L’article II stipule que sa majesté le Sultan admet dès maintenant que le Gouvernement Français procède après avoir prévenu le Maghzen (l’administration marocaine), aux occupations militaires du territoire marocain qu’il jugerait nécessaires au maintien de l’ordre et de la sécurité des transactions commerciales et ce qu’il exerce toute action de police sur terre et dans les eaux marocaines. En outre, et c’est ici que la notion de protectorat prend son sens, l’article III affirme Le Gouvernement de la République prend l’engagement de prêter un constant appui à sa majesté Chérifienne contre tout danger qui menacerait sa personne ou son trône ou qui compromettrait la tranquillité de ses États. En réalité ce protectorat, qui perdure jusqu’en 1956, est l’aboutissement d’une longue évolution qui va faire de ce pays un enjeu entre des puissances européennes qui considèrent leur expansion en Afrique comme légitime.

    L’Angleterre et l’Espagne, tout au long du XIXe siècle, mais aussi la France et l’Allemagne, vont exercer leur influence sur un Maroc tiraillé entre un désir d’ouverture, en particulier à travers les villes côtières ou le commerce avec l’Europe se développe, et à une aspiration à préserver son identité Berbère traditionnelle nourrie d’un islam rigoriste. La signature du protectorat avec la France intervient donc dans la durée. Depuis la conquête de l’Algérie, la France considère que l’Afrique du Nord est sa zone d’influence naturelle. Ainsi, n’hésite-t-elle pas à combattre l’émir Abdel Kader, qui fut le fer de lance de la rébellion contre la colonisation.

    C’est dans le cadre de cette pacification qui a aussi pour vocation de protéger l’Algérie des prétentions hégémoniques du Maroc que le général Bugeau écrase les troupes marocaines lors de la fameuse bataille de l’Isly en 1844. Initiée sous la monarchie de Juillet, la politique de la France au Maroc se poursuit et même s’intensifie sous la IIIe République, comme l’illustre la conférence de Madrid qui en 1880, voit l’Espagne, la France et l’Angleterre convenir de leurs prérogatives respectives dans cette région. Alors que l’Angleterre concentre ses ambitions sur l’Égypte, la France et l’Espagne, laquelle exerce sa souveraineté sur une partie du Nord marocain, affirment leur volonté de s’implanter dans un pays de plus en plus indépendant économiquement d’une Europe dont il a besoin pour des produits qui, tel le sucre et le café, sont devenus consommation courante. Au début du siècle dernier, le sultan Abdel Aziz voit son pouvoir se restreindre. Sa légitimité est contestée par les secteurs les plus traditionnels de la société marocaine qui le mettent en garde contre les dangers de la pénétration occidentale.

    C’est dans ce contexte tourmenté qu’intervient la célèbre crise de Tanger. Celle-ci éclate le 30 mars 1905 quand Guillaume II envoie sa flotte devant le port et traverse la ville à cheval pour se poser en défenseur de l’intégrité marocaine. Provoquant ainsi la réaction indignée d’une France désireuse d’instaurer son protectorat au Maroc, comme elle l’a fait en Tunisie, avec le traité de Bardo en 1881. Après une forte tension, où certains voient poindre la menace de guerre, la crise se conclut par le traité d’Algésiras, signé en août 1906, qui promeut les bases d’un protectorat français au Maroc. Il institue la surveillance, par la France et l’Espagne, de la sécurité urbaine des ports marocains, la création d’une banque d’État, dans laquelle les banques françaises détiennent un tiers des fonds, l’établissement à Tanger d’une commission nationale chargée notamment de la construction des nouveaux ports de Casablanca et de Safi qui vont être financés par des entreprises françaises. En 1908, écrit Michel Abitbol, orientaliste et auteur d’une Histoire du Maroc, qui fait référence, plus de 50% des échanges extérieurs du Maroc s’effectuaient déjà avec la France qui dépassait ainsi pour la première fois l’Angleterre et les autres puissances européennes commerçant avec le royaume chérifien. Approuvé le 18 juin 1906 par le sultan Abdel Aziz, l’acte d’Algésiras provoque l’émoi d’une population qui considère celui-ci comme indigne de porter le titre de Prince des Croyants!

    Il est accusé par les nationalistes de livrer son pays aux étrangers, Ironie de l’histoire, à la tête de ce courant se trouve son demi-frère Moulay Abdel Hafid qui quelques années plus tard signe le traité de protectorat avec la France! Peu de temps avant sa signature, l’Allemagne provoque un incident en envoyant devant le port d’Agadir, en juillet 1911, une canonnière pour exprimer son refus de se voir évincée des affaires marocaines. Après que la crise se soit résorbée et en compensation de son renoncement à exercer son influence sur le Maroc, l’Allemagne obtient un accroissement de son domaine colonial au Congo. Si la France a la voie libre au Maroc, elle n’a pas la partie facile. Quelques jours après la signature du protectorat entérinant la domination française sur le Maroc, des émeutes éclatent, notamment à l’encontre des communautés juives, accusées d’être favorables à la tutelle française. C’est dans un pays en ébullition que Lyautey va devoir gouverner. S’il n’hésite pas à réprimer les fauteurs de troubles il se met à l’écoute des autorités traditionnelles à commencer par celle du Sultan Moulay Youssef qui comprend que le catholique fervent qu’est Lyautey n’est pas un ennemi de l’islam. « J’ai écarté soigneusement de lui toutes les promiscuités européennes, les automobiles et les dîners en campagne », affirme celui-ci. « Je l’ai entouré de vieux marocains rituels. Son tempérament de bon musulman et d’honnête homme a fait le reste, il a restauré la grande prière du vendredi, il a célébré les fêtes de l’Aïd Seghir avec une pompe et un respect des traditions inconnus depuis Moulay Hassan ».

    Tout à coup; il prend une figure de vrai sultan. Mais l’action de Lyautey, résident jusqu’en 1925, n’est pas que symbolique. Elle s’accompagne d’une œuvre considérable, aussi bien sur le plan économique et social que sur celui des infrastructures et des communications, notamment ferroviaires. Mais aussi au niveau du développement de villes, comme Rabat ou Casablanca dont Lyautey met en valeur l’architecture originale. Le Résident général marque ainsi de son œuvre un pays qui, aujourd’hui encore, cultive sa mémoire, comme le montrent les statues et effigies qui lui sont consacrées.

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  • Le Maroc s’oppose à une exposition sur le bordel de Bousbir

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    Le quotidien suisse Le Temps s’est intéressé à la longue histoire de la prostitution au Maroc, plus précisément à Casablanca où un lieu – fondé en même temps que le drapeau marocain par Hubert Lyautey, en 1923 – était, et est toujours, dédié au plus vieux métier du monde. Dans un article intitulé «Au Maroc, cette prostitution que vous ne saurez voir», le journal helvétique indique que «le quartier de Bousbir, à Casablanca, fut la plus grande maison close à ciel ouvert du monde. L’exposition retraçant l’histoire de ce quartier construit par l’administration française, montée par deux chercheurs de l’Université de Genève, a été annulée la veille de son inauguration».

    La raison ? Le régime marocain ne veut pas qu’on jette la lumière sur la partie nuit du royaume, celle du très lucratif commerce du sexe dont la famille régnante tire un grand profit, aux côtés du trafic de drogue. «Dans la soirée du 10 novembre, alors que Raphaël Pieroni et Jean-François Staszak, professeurs à l’Université de Genève, finissaient l’installation de l’exposition Bousbir Images et récits de l’ancien quartier réservé de Casablanca, 1923-2021, la sentence est tombée. Prévue à la Villa des Arts de Casablanca, l’exposition serait annulée», écrit Le Temps, qui nous apprend que le fonds Al-Mada, l’organisme qui devait organiser l’exposition, appartient à Mohammed VI.

    Les deux universitaires genevois s’étonnent de ce que le lendemain de l’interdiction, tous les articles parus dans la presse marocaine furent censurés et un livre traitant du sujet interdit de diffusion. Ils notent, au passage, que le président français, Emmanuel Macron, avait pourtant affirmé dans un discours que la colonisation était un crime contre l’humanité et qu’ils «n’avaient pas l’impression d’être à contre-courant» dès lors qu’«on était à un moment où les choses pouvaient être dites, mais cela supposait une volonté politique qui n’existe ni du côté des Marocains ni du côté des Français». Il faut comprendre, donc, que si, avec l’Algérie, le litige mémoriel est lié à la guerre d’indépendance, avec le Maroc, c’est à la prostitution que se rapporte le contentieux historique en l’ancienne puissance coloniale et son protectorat.

    «C’est que Bousbir, sorte de parc à thème érotico-exotique, fréquenté aussi bien par la population locale que par les voyageurs, embarrassait déjà l’administration coloniale à l’époque», souligne le journal. «Les Français ont mis Bousbir en périphérie de Casablanca, derrière un mur de 6 mètres de haut, accessible par une seule porte, parce que même si c’était un mal nécessaire, c’était la honte», expliquent les deux professeurs suisses. Ce quartier de la capitale économique «était le plus grand bordel à ciel ouvert du monde», où plus de 12 000 femmes, âgées entre 18 et 28 ans, y auraient vécu et officié jusqu’en 1955, dans des conditions proches du travail forcé».

    Par Kamel M.

    Algérie patriotique, 22/12/2021

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