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  • Citations de l’Emir Abdelkrim

    Tags : Maroc, Rif, Abdelkrim El Khattabi, protectorat français, colonisation, protectorat espagnol,

    Les citations les plus connues de l’Emir Abdelkrim nous permettent de connaitre l’état d’esprit et les traits de caractère de l’homme qu’il était. N’hésitez pas à compléter les citations que vous connaissez dans les commentaires:

     » LA VOLONTÉ D’ÊTRE LIBRE NE MEURT PAS ET LA DÉTERMINATION DE NOTRE PEUPLE SURVIVRA À LA PUISSANCE DE NOS OPPRESSEURS »  » LE RIF NE COMBAT PAS LES ESPAGNOLS ET NE RESSENT PAS DE HAINE ENVERS LE PEUPLE ESPAGNOL. LE RIF COMBAT CET IMPÉRIALISME ENVAHISSEUR QUI VEUT LUI ÔTER SA LIBERTÉ À FORCE DE SACRIFICES MORAUX ET MATÉRIELS DU NOBLE PEUPLE ESPAGNOL. LES RIFAINS LUTTENT CONTRE L’ESPAGNOL ARMÉ QUI PRÉTEND LUI ENLEVER SES DROITS, ET CEPENDANT GARDE SES PORTES OUVERTES POUR RECEVOIR L’ESPAGNOL SANS ARMES EN TANT QUE TECHNICIEN, COMMERÇANT, INDUSTRIEL, AGRICULTEUR, ET OUVRIER »

    Alors qu’il dénonce l’oppression coloniale et se met à rêver à l’indépendance du Maroc. Abdelkrim parcourt le Rif et sensibilise les populations :

    « NOUS DEVONS SAUVER NOTRE PRESTIGE ET ÉVITER L’ESCLAVAGE À NOTRE PAYS. »

    Lettre écrite par AbdelKrim qu’il a adressée aux chefs d’Etats des grandes puissances Européennes.

    LE RIF EST SOUCIEUX D’ÉTABLIR UN SYSTÈME DE GOUVERNEMENT POUR LUI SEUL, QUI DÉPENDE UNIQUEMENT DE SA PROPRE VOLONTÉ; IL VEUT ÉTABLIR SES PROPRES LOIS ET TRAITÉS COMMERCIAUX AFIN D’ÊTRE LE PROTECTEUR DE SES DROITS SUR LE PLAN INTÉRIEUR ET INTERNATIONAL »

     » VOTRE CIVILISATION EST CELLE DU FER ! VOUS AVEZ DE GROSSES BOMBES, DONC VOUS ÊTES CIVILISÉS. JE N’AI QUE DES CARTOUCHES DE FUSIL, DONC JE SUIS UN SAUVAGE ».

    « IL N’Y A PAS DE RÉUSSITE OU D’ÉCHEC, DE VICTOIRE OU DE DÉFAITE, MAIS QUELQUE CHOSE QUI S’APPELLE LE DEVOIR. J’AI FAIT DE MON MIEUX. ».

    L’Appel d’Abdelkrim :

     » MAROCAINS ! IL NE SUFFIT PLUS AUX IMPÉRIALISTES FRANÇAIS D’OCCUPER VOTRE PAYS , DE COLONISER VOS TERRES ET D’Y AMENER DES ARMÉES POUR VOUS COMBATTRE CHEZ VOUS. IL VOUS ONT RENDUS MISÉRABLES ET ONT EXERCÉ SUR VOUS UNE PRESSION TELLE QUE CERTAINS D’ENTRE VOUS SONT PORTÉS À CROIRE QUE POUR EN FINIR AVEC LEURS SOUFFRANCES ET ÉCHAPPER À LA TYRANNIE, ILS N’ONT D’AUTRES MOYENS QUE DE S’ENRÔLER DANS LES RANGS DES ARMÉES FRANÇAISES. EN RÉALITÉ, ENFANTS DU MAGHREB, C’EST UNE ACTION PROHIBÉE PAR NOTRE JUSTE RELIGION, CONTRAIRE AUX ENSEIGNEMENTS DU PROPHÈTE ( SAWS). EN EFFET, CECI EST CONTRAIRE AUX COMMANDEMENTS DE DIEU ET DE SON PROPHÈTE QUI VOUS INTERDISENT D’ÊTRE LES AIDES DES FRANÇAIS OPPRESSEURS CONTRE LES PEUPLES DU VIETNAM, CE PEUPLE HÉROÏQUE QUI DÉFEND SA LIBERTÉ. SOLDATS MAROCAINS ! SACHEZ QUE L’AIDE QUE VOUS APPORTEZ AUX FORCES DE L’IMPÉRIALISME EN INDOCHINE, EN PLUS DE SON CARACTÈRE CONTRAIRE À LA RELIGION ET À LA MORALE PROLONGE LA PRÉSENCE FRANÇAISE DANS VOS PATRIES. LES FRANÇAIS VOUS DIRONT QUE LES VIETNAMIENS SONT UN PEUPLE D’IDOLÂTRES MAIS QUAND LES FRANÇAIS ONT ILS EU UNE RELIGION ? …VOUS DEVEZ CHERCHER À PASSER DANS LES RANGS DES VIETNAMIENS POUR LES AIDER À VAINCRE LES IMPÉRIALISTES FRANÇAIS CAR LEUR DÉFAITE SERAIT AUSSI UNE VICTOIRE POUR LA CAUSE DE LA LIBERTÉ ET DE L’INDÉPENDANCE DU MAGHREB. »

    « JE NE VEUX PAS ÊTRE PRINCE NI GOUVERNANT, PLUTÔT JE VEUX ÊTRE LIBRE DANS UN PAYS LIBRE ET JE NE SUPPORTE PAS CEUX QUI VEULENT VOLER MA LIBERTÉ OU MA DIGNITÉ ».

    -“LA SEULE CHOSE QUI NOUS IMPORTE AUJOURD’HUI, CE N’EST PAS L’EXISTENCE D’UN SULTAN AU MAROC, MAIS L’INDÉPENDANCE ENTIÈRE, SANS RÉSERVE, DU MALHEUREUX PEUPLE RIFAIN”.

    “JE SUIS DE RACE BERBÈRE ET J’IGNORE À QUEL POINT VOUS NOUS SOUS-ESTIMEZ MAIS J’AFFIRME CEPENDANT QUE LES BERBÈRES SONT DES GENS AVANCÉS, QUI ONT HÉRITÉ DE NOMBREUSES CIVILISATIONS. VOUS IGNOREZ PAR EXEMPLE QU’EN TANT QUE BERBÈRE, JE SUIS D’ORIGINE JUIVE. MES ANCÊTRES SONT ENSUITE DEVENUS CHRÉTIENS, PUIS MUSULMANS. MAINTENANT NOUS PARLONS L’ARABE, LANGUE DU CORAN, NOUS NOUS ENTENDONS EN BERBÈRE, LANGUE DE NOS AÏEUX MAIS NOUS CONVERSONS AUSSI EN FRANÇAIS, LANGUE DE NOTRE PAYS ASSERVI”.

    Rencontre au Caire entre le Roi Mohamed 5 et Abdelkrim (après la révolte de 1958-1959) :

    ABDELKRIM LUI A DEMANDÉ :

     » QU’AVEZ-VOUS FAIT AU RIF ? « 

    LE ROI A RÉPONDU:

     » ON NE SE RÉVOLTE PAS CONTRE SON PROPRE SOUVERAIN. « 

     » QUI EST CE SOUVERAIN ALORS ?  » A DEMANDÉ ABDELKRIM.

     » ILS SE SONT RÉVOLTÉS CONTRE LE ROI. « 

     » NON, ILS SE SONT RÉVOLTÉS CONTRE LA PRÉSENCE ÉTRANGÈRE ! « 

     » JE VOUS PROMETS QUE TOUTES LES FORCES ÉTRANGÈRES QUITTERONT LE PAYS D’ICI TROIS ANS.

    « JE NE NIE PAS D’AVOIR EU RECOURT AU SENTIMENT RELIGIEUX PAR PÉRIODE, POUR AVOIR DU SOUTIENT. MAIS CE QUI EST CERTAIN C’EST QUE L’ISLAM N’À RIEN AVOIR AVEC L’EXTRÉMISME…. ».

    « OUI, DE CADI JE SUIS PASSÉ CHEF DE GUERRE. LA BELLE AFFAIRE! CROIS MOI, C’EST UN MÉTIER FACILE QUE DE COMMANDER DEVANT L’ENNEMI. IL Y SUFFIT DE BON SENS ET DE DÉCISION. »

    « LE SULTAN ACTUEL DU MAROC EST LE MARÉCHAL LYAUTEY. »

    « SI J’AI COMMIS DES ERREURS JE LE REGRETTES, QUI NE REGRETTE PAS SES ERREURS? JE SUIS CONVAINCU QUE SI NOUS EN AVIONS LE TEMPS NOUS SERIONS DEVENUS UNE GRANDE NATION D’HOMME LIBRE.

    NOTRE COMBAT À DONNER AUX RIFAINS UNE FIERTÉ, UN ESPOIR, UNE CONFIANCE EN SOI QU’AUCUNE DÉFAITE NE POURRA EFFACER.

    L’ASPIRATION À LA LIBERTÉ ET LA DÉTERMINATION DE NOTRE PEUPLE DURERA AU DELÀ DE LA PUISSANCE DE NOS OPPRESSEURS.

    JE SUIS VENU TROP TÔT, MAIS J’ÉTAIS CONVAINCU QUE NOS ESPOIRS SE RÉALISERAI UN JOUR, CETTE GUERRE L’ÉTRANGER NOUS L’A IMPOSÉ.

    NOUS AVONS ÉTÉ BATTUS, MAIS VOUS AUSSI ».

    « LE RIF N’ADMET PAS QUE L’ON SOIT MALVEILLANT ENVERS LUI CAR IL A SON AMOUR-PROPRE ET SA FOI. »

     » LA VOLONTÉ D’ÊTRE LIBRE NE MEURT PAS ET LA DÉTERMINATION DE NOTRE PEUPLE SURVIVRA À LA PUISSANCE DE NOS OPPRESSEURS »

     » LE RIF NE COMBAT PAS LES ESPAGNOLS ET NE RESSENT PAS DE HAINE ENVERS LE PEUPLE ESPAGNOL. LE RIF COMBAT CET IMPÉRIALISME ENVAHISSEUR QUI VEUT LUI ÔTER SA LIBERTÉ À FORCE DE SACRIFICES MORAUX ET MATÉRIELS DU NOBLE PEUPLE ESPAGNOL. LES RIFAINS LUTTENT CONTRE L’ESPAGNOL ARMÉ QUI PRÉTEND LUI ENLEVER SES DROITS, ET CEPENDANT GARDE SES PORTES OUVERTES POUR RECEVOIR L’ESPAGNOL SANS ARMES EN TANT QUE TECHNICIEN, COMMERÇANT, INDUSTRIEL, AGRICULTEUR, ET OUVRIER ».

     » RÉFLÉCHIS CALMEMENT ET FRAPPE DUREMENT . »

    « IL N’EXISTE PAS DE COMPROMIS DANS LA REVENDICATION DE LIBERTÉ »

    « LA LIBERTÉ EST UN DROIT COMMUN À TOUT LES HUMAINS ET SON VIOLEUR EST UN CRIMINEL ! »

    “LA SEULE CHOSE QUI NOUS IMPORTE AUJOURD’HUI, CE N’EST PAS L’EXISTENCE D’UN SULTAN AU MAROC, MAIS L’INDÉPENDANCE ENTIÈRE, SANS RÉSERVE, DU MALHEUREUX PEUPLE RIFAIN”. »

    « MES POPULATIONS ÉTAIENT FATIGUÉES ET JE NE ME FAISAIS PLUS D’ILLUSIONS SUR CE QUE JE POUVAIS ATTENDRE DE LEUR FIDÉLITÉ, RACONTERA ABDELKRIM DANS SES MÉMOIRES, JE SAVAIS QUE, DE JOUR EN JOUR, MES GUERRIERS SE BATTRAIENT AVEC MOINS D’ENTRAIN”.

    « J’AI VU MES IDÉES S’ÉVANOUIR L’UNE APRÈS L’AUTRE. COMME DANS BEAUCOUP DE PAYS D’ORIENT, L’ARRIVISME, L’ESPRIT DE CORRUPTION SE SONT INTRODUITS DANS NOTRE CAUSE NATIONALE ».

    En septembre 1954, alors que le protectorat a, un an plus tôt, déposé et exilé à Madagascar le sultan Mohammed V qui incarne désormais les aspirations indépendantistes du royaume, Abdelkrim enfonce encore Allal El Fassi :

    « JE N’AI RIEN À FAIRE AVEC LUI, DÉCLARE-T-IL À DES JOURNALISTES FRANÇAIS, EL FASSI EST UN POLITICIEN QUI MANGE ET DORT BIEN AU CAIRE. IL NE FAIT STRICTEMENT RIEN POUR LE PEUPLE. MOI, AU COURS DE LA GUERRE DU RIF, JE ME BATTAIS CONTRE VOUS EN PREMIÈRE LIGNE AVEC MES HOMMES ».

    « NOUS DEVONS SAUVER NOTRE PRESTIGE ET ÉVITER L’ESCLAVAGE À NOTRE PAYS. »

    « NOUS CONSIDÉRONS QUE NOUS AVONS LE DROIT, COMME TOUTE AUTRE NATION, DE POSSÉDER NOTRE TERRITOIRE, ET NOUS CONSIDÉRONS QUE LE PARTI COLONIAL ESPAGNOL A USURPÉ ET VIOLÉ NOS DROITS, SANS QUE SA PRÉTENTION À FAIRE DE NOTRE GOUVERNEMENT RIFAIN UN PROTECTORAT NE SOIT FONDÉE. […] NOUS VOULONS NOUS GOUVERNER PAR NOUS-MÊMES ET PRÉSERVER ENTIERS NOS DROITS INDISCUTABLES ».

     » MON BUT EST LA RÉFORME ET LE PROGRÈS « 

    « MUSULMANS, Ô MES FRÈRES, ÉCOUTEZ MON CONSEIL, CAR LE SEUL BUT QUE JE POURSUIS DE TOUTES MES FORCES ET AVEC L’AIDE DE DIEU À QUI JE M’EN REMETS POUR LE SUCCÈS, C’EST LA RÉFORME ET LE PROGRÈS ».

    « LEVEZ VOUS, LE TEMPS DE LA GUERRE SAINTE EST ARRIVÉ ! ».

     »NOUS AVONS ANÉANTI LA COLONIALISME DANS LE RIF, LES PEUPLES N’ONT PLUS QU’A L’ENTERRER ET SI IL NE RÉUSSISSENT PAS, IL NE MÉRITE AUCUNE COMPASSION  ».

    « NOUS SOMMES ACCUSÉS D’ÊTRE DES REBELLES, MAIS NOUS COMBATTONS POUR NOTRE PAYS. AUSSI BIEN N’AVEZ-VOUS PAS ÉTÉ VOUS-MÊME LE PREMIER PEUPLE QUI PRIS LES ARMES ET SE PRÉCIPITA POUR LA DÉFENSE DE LA LIBERTÉ DE SON SOL ET DE SON HÉRITAGE ? […]

    NOUS AVONS ENVOYÉ NOTRE FRÈRE ET NOS MINISTRES À PARIS PARCE QUE C’EST LE BERCEAU DE LA LIBERTÉ, LA CAPITALE DE L’ÉGALITÉ ET LA MÈRE DE LA CIVILISATION MODERNE ET PARCE QUE NOUS AVONS ESPÉRÉ QUE LA NOBLE NATION FRANÇAISE, QUI SI SOUVENT A PROTÉGÉ LES FAIBLES ET LES AFFLIGÉS, RECONNAITRAIT LE DROIT DU RIF À VIVRE COMME UNE NATION LIBRE. NOTRE BUT, NOTRE PRINCIPE, NOTRE IDÉAL, C’EST LA PAIX ET L’INDÉPENDANCE ».

    Déclaration reproduite dans le Journal L’Humanité, du 24 Août 1925.

    « JE NE VOIS DANS CETTE EXISTENCE QUE LA LIBERTÉ, EN DEHORS D’ELLE TOUT EST FAUX ET INJUSTE »

    « LE RIF EST SOUCIEUX D’ÉTABLIR UN SYSTÈME DE GOUVERNEMENT POUR LUI SEUL, QUI DÉPENDE UNIQUEMENT DE SA PROPRE VOLONTÉ; IL VEUT ÉTABLIR SES PROPRES LOIS ET TRAITÉS COMMERCIAUX AFIN D’ÊTRE LE PROTECTEUR DE SES DROITS SUR LE PLAN INTÉRIEUR ET INTERNATIONAL »

    “NOUS AURIONS PU LIBÉRER L’ALGÉRIE, LA TUNISIE ET LE MAROC DEPUIS LE JOUR OÙ ÉCLATA LA GUERRE DU RIF”

    Juillet 1950 au quotidien égyptien Al Mokkatan

    “L’OCCUPATION DU MAGHREB PAR LA FRANCE EST L’UN DES PRINCIPAUX FACTEURS DE PROPAGATION DU COMMUNISME DANS NOTRE PAYS”

    “UN JOUR, L’URSS SERA DANS UN GRAVE ÉTAT DE FAIBLESSE, LES ARMÉNIENS EN PROFITERONT ET RÉALISERONT LEUR INDÉPENDANCE”

    Dans la célèbre lettre «aux nations civilisées», datée du 6 septembre 1922, il demanda aux Européens :

    «AGIR POUR LE BIEN-ÊTRE DE L’HUMANITÉ ENTIÈRE INDÉPENDAMMENT DE TOUTE RELIGION OU DE TOUTE CROYANCE. IL EST TEMPS QUE L’EUROPE, QUI A PROCLAMÉ AU XXÈME SIÈCLE SA VOLONTÉ DE DÉFENDRE LA CIVILISATION ET D’ÉLEVER L’HUMANITÉ, FASSE PASSER CES NOBLES PRINCIPES DU DOMAINE DE LA THÉORIE À CELUI DE LA PRATIQUE».

    Source

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  • El Glaoui: magnat du sexe, de la drogue et du commerce du Sud

    El Glaoui: magnat du sexe, de la drogue et du commerce du Sud

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    Thami El Glaoui, le pacha de Marrakech et l’homme le plus riche de la planète, était exercé par les berbères indigènes pour s’être vendu au colonisateur français et son despotisme excessif. A travers ce récit de Liza Foreman, reporter de The Daily Beast, nous allons redécouvrir l’histoire d’un magnat de la drogue, du sexe et du commerce du Sud, qui a vendu son âme aux envahisseurs français pour le titre de Pacha.

    Depuis sa kasbah perdue dans les confins des montagnes du haut-atlas, Thami El Glaoui contrôlait le sort de l’or et de l’ivoire en provenance du Sahara. Des milliers de caravanes transportant ces matières précieuses étaient saisies et acheminées du Sud marocain jusqu’aux colons français au Nord du pays.

    El Glaoui monneyait le titre de Pacha de Marrakech, en gardant sous son emprise les berbères qui traversaient une route sillonnant les montagnes du Sud marocain, une région qui échappait aux autorités sous le règne français. Ses nombreux condisciples effectuaient régulièrement les cent pas le long de ce chemin, confisquant la marchandise et asservissant les propriétaires.

    Son despotisme l’avait transformé en objet d’aversion des indigènes berbères, qui ne lui avaient jamais pardonné la trahison du peuple et du régime marocain, et dédaignaient les fêtes somptueuses organisées dans son palais à l’honneur d’étrangers très fortunés.

    Situé au village de Telouet, sur la route entre Marrakech et Ouarzazate, son immense palais à l’architecture islamique rocambolesque était le siège d’un réseau de proxénétisme aussi large que le dixième de la population, nous fait savoir Foreman. Ce trafic, qui comprenait 27.000 prostituées, lui assurait une source de rente généreuse.

    Considérée comme le plus beau palais du monde, la kasbah a mobilisé 1000 ouvrièrs et 300 artisans pendant trois ans pour mettre sur pied un édifice au style architectural à couper le souffle. Abandonné par les indigènes, le lieu mérite le détour pour ceux qui veulent encore découvrir la beauté du harem de Thami El Glaoui, avant qu’il ne parte en ruines.

    Voici l’article dans son intégralité:

    Sexe, drogues, jazz et l’homme qui dirigeait le Maroc.

    DE TOUS LES VIEUX PALAIS…

    Cachée dans les montagnes du Haut Atlas marocain se trouve une kasbah largement laissée aux caprices de la nature. Mais c’était autrefois la demeure extravagante du dirigeant du pays, aujourd’hui détesté.

    Liza Foreman

    TELOUET, Maroc – Il n’y a pas si longtemps, le Maroc n’était que sexe, drogue et jazz. Et l’homme en charge, T’hami El Glaoui, pacha de Marrakech de 1912 à 1956 et considéré comme l’homme le plus riche du monde, dirigeait un racket de la prostitution si important que les 27 000 prostituées opérant à Marrakech représentaient, selon les rapports, 10 % de la population. « Les mettre (ce clan) en charge, c’était comme laisser la Mafia diriger Las Vegas », a déclaré Vanity Fair dans un article de 2015 – bien qu’il ait, apparemment, aimé le jazz.

    C’était à l’époque. Nous sommes maintenant.

    Il m’a fallu une bonne douzaine de voyages au Maroc pour finalement atteindre la légendaire Kasbah de Telouet, la résidence de la famille Glaoui qui a été conçue pour être le plus beau palais du monde. On disait qu’elle possédait la plus belle architecture islamique du Maroc. El Glaoui l’a apparemment décorée en utilisant une partie de son argent de proxénète.

    Tout le monde ne peut pas se rendre à la casbah, mais quiconque se trouve au Maroc devrait essayer avant qu’elle ne tombe en poussière.

    La kasbah est cachée dans les montagnes du Haut Atlas marocain. Elle présidait l’ancienne route des caravanes vers le Sahara que le clan Glaoui supervisait. Le long de cette route, des biens précieux comme l’or et l’ivoire étaient transportés du sud vers les souverains du nord. C’était beaucoup d’argent pour El Glaoui qui a profité de sa position ici et du fait qu’il était responsable des Berbères dans les montagnes locales que les Français ne pouvaient pas contrôler pour devenir le pacha de Marrakech sous la domination française à cette époque. Il était à la fois détesté pour avoir trahi son peuple et pour les fêtes somptueuses qu’il donnait à d’importants étrangers dans son palais. En conséquence, son palais a été largement laissé à l’abandon.

    C’est sans raison, si ce n’est le fait que j’avais abandonné la Californie pour l’Europe et que je cherchais un endroit où me réchauffer en hiver, que je me suis retrouvé au Maroc, à plusieurs reprises, pour écrire un livre sur son peuple, les Berbères, dont El Glaoui s’est rendu célèbre en les achetant en échange du titre de Pacha, que lui ont conféré les Français.

    Depuis quelques années, je me suis retrouvé à parcourir régulièrement l’ancienne route des caravanes, sur laquelle son clan présidait, avant d’arriver à la Kasbah en ruine. On dit que 1 000 ouvriers et 300 artisans y ont travaillé, pas moins. Mais il faut l’attraper tant qu’on peut. Et c’est tout un voyage que de s’y rendre le long de l’ancienne route des caravanes qui traverse les sommets majestueux des montagnes de l’Atlas, serpentant depuis les murs rouges invitants qui entourent le cœur battant du Maroc – Marrakech – jusqu’aux dunes de sable étincelantes du Sahara au sud. Sa route, aujourd’hui goudronnée, traverse des collines ondulantes et des pics montagneux parsemés d’un feuillage vert intermittent.

    Les Français ont supprimé les routes des caravanes lorsqu’ils régnaient sur le Maroc, dans la première moitié du XXe siècle. Ce n’est plus aussi charmant qu’à l’époque. Mais tout n’a pas changé. Le jour où je m’y suis rendu, des ânes trottaient le long de chemins minables au bord de la route. Des lavettes flottaient à l’extérieur de maisons à moitié construites, vendant des pots en terre cuite et des tapis tissés à la main imprégnés du symbolisme local, en laine et en soie. Des hommes vêtus de robes traditionnelles djellaba montent à bord de bus déglingués qui transportent les travailleurs dans les deux sens.

    On passe devant des stands improvisés, placés à l’extérieur de cafés déserts, où l’on fait griller des copeaux de viande crue coupés sur des carcasses qui pendent au vent. On est loin des jours de gloire d’El Glaoui.

    Lieu de soirées légendaires, auxquelles assistaient les plus grandes stars du monde, et ce qui se rapproche le plus au Maroc du château de Hearst, la résidence californienne du magnat de la presse William Randolph Hearst, la Kasbah fait signe depuis son perchoir au sommet d’une colline cachée entre ces montagnes frissonnantes. De là, ses propriétaires, les seigneurs de guerre El Glaoui, ont régné sur cette importante route commerciale.

    La kasbah actuelle a été construite dans les années 1860, sur le site d’une kasbah existante. Elle a été somptueusement redécorée au début du XXe siècle, lorsque 300 ouvriers ont passé trois ans à travailler sur les plafonds et les murs. Certains de ces éléments ont été récemment restaurés.

    Lors de plusieurs de ces voyages, j’étais passé devant le plus haut sommet d’Afrique du Nord, le mont Toubkal, en ignorant totalement l’existence de la Kasbah. Mais, il y a quelques années, assis à Dar Khalifa, l’hôtel particulier de Casablanca rendu célèbre par le best-seller de son propriétaire, Tahir Shah, intitulé La maison du calife, on a attiré mon attention sur ce fait.

    « Vous ne l’avez pas vu ? » m’a-t-il demandé.

    Très vite, elle a frappé mon imagination et, dans un roman que j’ai écrit par la suite dans son jardin, une intrigue s’est déroulée dans mon esprit et a atteint son point culminant dans cette Kasbah légendaire que je n’avais pas encore vue.

    Il était clair que je devais y aller avant qu’elle ne s’effondre dans la poussière. Shah m’avait dit que, lentement, elle s’était effondrée dans le sol. Sa myriade de pièces disparaissait au fil du temps.

    La Kasbah était l’un des nombreux repaires où El Glaoui aimait recevoir les visiteurs importants. Mais il s’agissait d’un endroit où tout se passait en haut et en bas. Pendant que les invités faisaient la fête à l’étage, ses cachots étaient remplis de traîtres dont les têtes étaient souvent suspendues aux portes, comme le veut la légende. Certaines d’entre elles sont toujours là.

    El Glaoui était tellement honni par le peuple qu’à sa mort, ses associés ont été chassés et brûlés. Ses biens ont été confisqués et donnés au gouvernement. Ce gouvernement a laissé pourrir sa plus légendaire Kasbah.

    De l’extérieur aujourd’hui, la Kasbah ressemble à une maison hantée d’un film de Disney. Les pièces se sont effondrées les unes après les autres, depuis qu’elle a été abandonnée en 1956. Des murs déchiquetés et des tas de décombres, sur lesquels se promènent désormais des ânes et des enfants du coin, contrastent fortement avec une demi-douzaine de pièces qui se dressent dans leur splendeur d’origine, au cœur de ce complexe sinistre.

    J’avais finalement décidé de le voir et j’avais pris un taxi depuis Marrakech. Combien coûtait une course de 100 $ pour une journée de route ? Deux gardes se tenaient à l’extérieur et prélevaient une petite taxe à mon arrivée, mais j’étais autrement seul. J’ai payé presque rien pour avoir le privilège de m’aventurer au-delà des portes tissées de façon complexe et d’avoir ce qui reste de la Kasbah pour moi, pendant plusieurs heures cet après-midi-là.

    Presque personne, de nos jours, ne s’aventure au-delà de la route principale des caravanes pour aller jusqu’aux ruines. Il faut environ une heure depuis la route principale, le long d’une piste cahoteuse. J’ai eu peur en grimpant des escaliers brisés et en traversant de longs couloirs vides avant d’atteindre ce sanctuaire intérieur.

    Un oiseau s’est élancé du toit. Il s’est envolé à travers une fenêtre à moitié cassée qui révélait une scène de bonheur pastoral baignée de soleil.

    J’ai inspecté l’ancien harem, un long espace sombre et feutré à côté de la chambre principale. J’ai été émerveillé par la complexité des boiseries, les arcs ondulants en marbre, les portes lourdement sculptées qui mènent à cette série de chambres intérieures. Les légendaires carreaux. J’ai passé du temps à inspecter les couleurs profondes des murs, avant de m’installer sur le rebord de la fenêtre, le soleil me réchauffant le dos, pendant que j’écrivais. J’ai essayé d’imaginer ce qui se passait ici à l’époque.

    Mon chauffeur est entré quelques heures plus tard et a brisé le silence. Le charme d’être seul dans cet espace sinistre. C’était une tranche de son histoire qu’il découvrait pour la première fois. Le repaire d’un homme qui avait trahi son peuple. Ce n’était pas un souvenir que lui ou le gouvernement tenait à préserver.

    Mais maintenant, je l’ai porté en avant, comme le cadre d’une scène fictive d’un roman dans lequel un journaliste français est assassiné en découvrant l’ancien savoir des Berbères, dont certains ont été enterrés dans l’histoire par El Glaoui à cet endroit précis.

    Mais il faut l’attraper tant qu’on peut.

    Source : The Daily Beast, 30 avr. 2019

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