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  • « Qatarstrophe » ? Voyons !

    « Qatarstrophe » ? Voyons !

    Tags : Qatar, Coupe du Monde, Mondial 2022,

    Une campagne aussi indigne qu’hypocrite est lancée depuis quelques jours contre l’émirat du Qatar et sa coupe du monde. Dans certains pays occidentaux la cabale prend l’allure d’un règlement de compte et parfois frise même le racisme comme c’est le cas en France où le sujet est disséqué de long en large sur des plateaux de télévision transformés en échafauds pour punir le vilain petit Qatar… C’est hallucinant de constater à quel point l’organisation du mondial de football dans ce petit émirat aux grandes ambitions, fait jaser en occident. A croire que les pays de cette région ne seraient pas éligibles à accueillir la coupe du monde comme si c’était un luxe réservé aux seuls « blancs aux yeux bleus ». C’est, limite, une perception raciste des relations internationales.

    Tout le monde se souvient de la violente campagne déclenchée en 2010 contre le Qatar quand la FIFA lui accorda l’immense privilège d’organiser la coupe du monde 2022. Sous le prétexte fallacieux des droits de l’homme, la majorité des médias occidentaux notamment en Europe étaient tombés à bras raccourcis contre le richissime Émirat coupable d’avoir bafoué les droits des employés étrangers qui travaillaient dans les projets de construction des stades devant accueillir les matchs de coupe du monde. Mais l’intensité de cette furie anti Qatar aux relents haineux à fini par retomber quelques années après.

    Pour contrer cette polémique lancée à dessein par ceux-là même qui n’ont jamais digéré le fait qu’on accorde l’organisation du mondial de football à un pays arabe, Doha lancera une contre offensive en « recrutant » à coups de pétrodollars les plus grandes stars de la balle ronde pour faire la promotion de l’événement et louer ses atouts et ses atours. Et ça a sacrément fait mouche en témoigne les beaux discours des Guardiola Zidane, Ronaldo, et autres Messi et même le défunt Diego Maradona. On pensait alors que le dossier du « Qatarstrophe » était clos et la fausse polémique avec. Mais c’était sans compter sur la détermination de certains fieffés racistes à jouer les prolongations dans l’espoir fou d’obtenir l’annulation de la coupe du monde au Qatar quitte à user des manipulations les plus abjectes.

    Ceux qui suivent les chaines de télévision françaises ces derniers jours peuvent aisément prendre la température hautement chaude des débats à charge contre le Qatar. Comble de l’hypocrisie la maire de Paris, la socialiste Anne Hidalgo à poussé le ridicule jusqu’à décider d’interdire la diffusion des matchs de la coupe du monde sur des écrans géants !

    Difficile de trouver une attitude plus hypocrite que cette décision bête et méchante de la cheftaine de Paris dont le club phare, le Paris Saint-Germain où évoluent les plus grandes stars de foot au monde, appartient au….Qatar. Tout aussi difficile de comprendre le sens d’une telle décision quand on sait que le richissime Émirat détient une bonne partie du luxueux patrimoine immobilier de la ville des lumières. La moindre des corrections pour les français aurait été d’avoir la reconnaissance du ventre à défaut de se départir de leur complexe de supériorité qu’ils portent en boudoulière. Dommage.

    Par Imane B.

    L’Est Républicain, 26/10/2022

    #Qatar #Coupe_du_monde #Mondial

  • Guerre médiatique entre les EAU et le Qatar : 2ème tour

    Guerre médiatique entre les EAU et le Qatar : 2ème tour

    EAU, Emirats Arabes Unis, Qatar, Frères Musulmans, Mohammed bin Zayed, Irak, Iran, Yémen, Libye,

    Résumé : la fin du blocus du Qatar l’année dernière a, en apparence, apaisé les tensions entre Abu Dhabi et Doha, mais si l’on regarde un peu plus en profondeur, l’animosité demeure.

    Nous remercions Matthew Hedges pour la newsletter d’aujourd’hui. Matthew est un universitaire qui se concentre sur les régimes autoritaires, et plus particulièrement sur les monarchies des États du Golfe. Contributeur régulier d’AD, il est l’auteur de Reinventing the Sheikhdom : Clan, Power and Patronage in Mohammed bin Zayed’s UAE, publié par Hurst en juin. Vous pouvez retrouver la conversation podcast de Matthew sur le livre ici.

    Alors que le blocus du CCG s’est officiellement relâché et que l’engagement diplomatique reprend, les Émirats arabes unis ont poursuivi leurs manœuvres. Le deuxième tour a commencé. Malgré l’ignorance sélective de l’Occident à l’égard des relations étrangères des EAU avec la Russie, les EAU ont beaucoup appris de la stratégie de « guerre hybride » de Moscou. Cette nouvelle phase n’a pas été initiée par le piratage de l’agence de presse qatarie (QNA) (utilisée par les Émiratis pour lancer avec les Saoudiens leur blocus du Quartet en 2017,) mais une reprise de l’animosité historique.

    Depuis l’ascension de Mohammed bin Zayed à la présidence des Émirats arabes unis en mai de cette année, il y a eu un processus de consolidation interne pour centraliser davantage le pouvoir au sein de la branche Bani Fatima de la famille et maintenir une approche unitaire de la politique étrangère (voir notre bulletin d’information du 6 juin.) Sous cette direction, l’hostilité à long terme des Émirats arabes unis envers les Frères musulmans reste un élément central de sa stratégie de politique étrangère dans la région MENA. C’est à ce stade que le Qatar est visé pour son soutien historique à l’organisation islamiste.

    Fin août, dans la ville nord-égyptienne d’El-Alamein, MbZ a dirigé une réunion de personnalités politiques de Bahreïn, d’Égypte et de Jordanie afin de discuter des questions de sécurité régionale et d’apporter un soutien financier et économique à l’Égypte et à l’Irak. Ces deux États, qui comptent parmi les acteurs les plus importants de la région sur le plan historique, se trouvent à la croisée des chemins et sont confrontés à d’importants problèmes économiques et politiques. Sous la direction du président Sisi, le Caire a poursuivi son approche de la gouvernance axée sur la sécurité, en limitant l’influence des islamistes, mais il a été durement touché par la hausse de l’inflation mondiale et l’augmentation des coûts alimentaires. Les EAU ont organisé un afflux de réserves de liquidités pour aider à stabiliser l’Égypte et à maintenir le régime de Sisi.

    Pendant ce temps, en Irak, l’instabilité politique récente découlant de la démission du puissant religieux chiite Muqtada al-Sadr a gelé les plans de renforcement d’une coalition irakienne qui cherche à s’affranchir de Téhéran. Alors que les EAU sont occupés à orchestrer leurs plans pour une région MENA réimaginée, ils s’opposent directement à Doha et Téhéran qui cherchent également à maintenir leur réseau d’influence populaire. Si les messages officiels ne ciblent pas directement le Qatar et l’Iran, les médias des EAU ont lancé une campagne visant à s’attaquer à ce qu’ils considèrent comme l’influence déstabilisatrice de leurs concurrents.

    De même, au Yémen, les Émirats arabes unis continuent de soutenir le Conseil de transition du Sud (CTS) et de proposer une option viable pour la fin des hostilités au Yémen, la sécession du Sud et la recréation du Yémen du Sud, ce qui frustre non seulement les acteurs régionaux mais aussi une partie importante de la population yéménite. Les médias des Émirats arabes unis ont directement mis en évidence et sécurisé la menace perçue de la version yéménite des Frères musulmans, al-Islah. Depuis la formation du Conseil présidentiel (PLC) en avril, l’accent a été mis à nouveau sur l’élimination d’Al-Islah, ce qui non seulement porterait atteinte à l’Arabie saoudite, qui possède un réseau d’influence important par le biais de l’organisation, mais réduirait également la capacité de Doha à obtenir un soutien au Yémen. Si les liens entre Al-Islah et Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP) ont été soutenus par le passé, le média émirati Al-Ain s’est récemment concentré sur le soutien tacite et la coopération entre Al-Islah, AQAP et les Houthis.

    Cette démarche vise à maintenir la position des Émirats arabes unis selon laquelle le Qatar coopère avec Téhéran et les extrémistes violents pour compromettre la sécurité dans la péninsule arabique et dans l’ensemble de la région MENA. Al-Ain a directement diffusé ce point de vue et a été contré par Al-Jazeera, basée à Doha, qui a mis en lumière l’opération menée par le STC et les forces des brigades Giants pour cibler et évincer Al-Islah du Yémen du Sud. Non seulement cette opération accroît les tensions entre Abu Dhabi et Doha, mais elle entraîne également Mascate dans la discussion, car Oman représente la principale route de contrebande entre l’Iran et le Yémen et accueille la délégation houthie, considérée comme le principal instigateur de la guerre qui dure depuis plus de sept ans.

    Il est intéressant de noter que si l’Iran est depuis longtemps le croque-mitaine des Émirats arabes unis, Abu Dhabi n’a pas propagé d’attaques contre la politique étrangère de Téhéran en raison de l’élargissement des possibilités de relations commerciales. Au contraire, la majeure partie de sa propagande s’est concentrée sur le Qatar et ses ambitions dans la région.

    Plus loin, en Afrique du Nord, les EAU restent discrètement engagés dans leur soutien au général Haftar. La récente flambée de violence à Tripoli doit être considérée comme un élément de la contestation plus large entre les EAU et le Qatar, les deux États soutenant des camps opposés. Haftar n’a pas réussi à prendre le pouvoir à Tripoli, mais reste une force dominante dans la majeure partie du reste du pays. S’il est peu probable qu’Abou Dhabi réengage des moyens militaires en Libye, il ne faut pas oublier la confluence des intérêts entre Abou Dhabi, Le Caire et Moscou en Afrique du Nord. Les Émirats arabes unis sont également liés à la Tunisie voisine, où les prochaines élections parlementaires feront l’objet d’un examen minutieux de la part de la communauté internationale. Les diplomates émiratis se concentrent sur l’ »ingérence » des Frères musulmans et soutiennent le maintien du président Kais Saied au pouvoir. Il est probable que les opérations d’information d’Abu Dhabi et du Qatar se multiplient, ce qui renforcera encore la tension entre les deux États.

    De même, Abu Dhabi a maintenu son soutien à la gouvernance militaire au Soudan, qui est au bord d’une nouvelle guerre civile. Le vice-président Mohamed Hamdan Dagalo, « Hemeti », reste l’option préférée d’Abu Dhabi, le président Abdel Fattah al-Burhan étant de plus en plus considéré comme un obstacle à la tentative des EAU d’imposer leur influence en Afrique de l’Est. Il est important de noter que la perception négative d’Abou Dhabi à l’égard de Burhan a été finalisée après qu’il ait libéré un groupe de personnalités des Frères musulmans de leur prison à Khartoum. Le Soudan conserve une société civile saine, où les Frères musulmans occupent une place importante dans la société.

    L’organisation est active dans tous les secteurs, mais elle reste déterminée à forcer ses membres à se retirer de la vie politique. Si, par le passé, le Qatar a entretenu des liens étroits avec Khartoum et l’Iran, il n’y a pas eu récemment le même degré d’attention. Néanmoins, si l’influence des Émirats arabes unis venait à diminuer, il est probable qu’Abu Dhabi mettrait en avant les interférences de Doha et de Téhéran. Cela refléterait ses campagnes médiatiques contre ses adversaires au Yémen, en Libye et en Égypte.

    Bien qu’Abu Dhabi n’ait pas été ouvertement critique et hostile envers Doha, la propagation subtile de son message n’est pas passée inaperçue. Son évolution stratégique a tiré les leçons de la Russie, avec une vision à long terme visant à maintenir l’opposition à l’égard du Qatar et de sa politique étrangère, sans pour autant l’élever au rang d’engagement malveillant direct. Cette stratégie va probablement s’intensifier, en mettant l’accent sur les messages locaux. Alors que le monde entier se concentre sur la guerre en Ukraine et les tensions à Taïwan, les tensions entre les Émirats arabes unis et le Qatar vont continuer à s’intensifier dans le cadre d’une guerre de l’information.

    Les membres peuvent laisser des commentaires sur cette lettre d’information sur la page Lettre d’information du jour du site web de l’Arab Digest.

    Source: Arab Digest, 12/09/2022

    #EAU #Emirats #Qatar #Frères_musulmans #Libye #Tunisie #Irak #Iran

  • Charles III, l’ami des régimes autocratiques arabes

    Charles III, l’ami des régimes autocratiques arabes

    Royaume Uni, Grande-Bretagne, Charles III, Maroc, Arabie Saoudite, Qatar, Bahreïn, Oman,

    CHARLES D’ARABIE : COMMENT LE PROCHAIN ROI DE GRANDE-BRETAGNE RENFORCE LES RÉGIMES AUTOCRATIQUES DU GOLFE
    L’héritier du trône britannique, le prince Charles, a tenu 95 réunions avec huit monarchies répressives au Moyen-Orient depuis que les manifestations du « printemps arabe » de 2011 ont menacé leur pouvoir. Charles a joué un rôle clé dans la promotion d’exportations d’armes britanniques d’une valeur de 14,5 milliards de livres sterling vers ces régimes au cours de la dernière décennie.

    PHIL MILLER ET MARK CURTIS

    Les visites de Charles ont tendance à blanchir les violations des droits de l’homme des monarchies du Moyen-Orient, coïncidant souvent avec la répression des militants de l’opposition ou des médias.
    Il joue un rôle clé dans la consolidation des relations du Royaume-Uni avec des alliés clés, agissant de facto comme un vendeur de haut niveau pour les exportations d’armes britanniques et promouvant la coopération militaire.

    Alors que le palais met l’accent sur ses visites culturelles, les réunions de Charles sont souvent avec de hauts responsables de l’armée, du renseignement et de la sécurité intérieure.
    Charles est également le patron des agences de renseignement britanniques.
    Les recherches de Declassified ont révélé que le prince Charles a tenu 95 réunions avec des familles dirigeantes dans les monarchies du Moyen-Orient depuis que les manifestations pro-démocratie ont menacé leur pouvoir lors des soulèvements d’il y a dix ans.

    La diplomatie de Charles dans la région, qui intervient à la demande du ministère des Affaires étrangères, a contribué à cimenter des alliances britanniques controversées avec des régimes non démocratiques et a promu des exportations d’armes d’une valeur de 14,5 milliards de livres sterling au cours de la dernière décennie.

    En 2011, l’année du printemps arabe, Charles a rencontré six des huit monarques du Moyen-Orient, de Bahreïn, de Jordanie, du Koweït, du Maroc, du Qatar et d’Arabie saoudite. Il a ensuite eu de nombreuses rencontres avec des dynasties d’Oman et des Émirats arabes unis (EAU).

    Beaucoup de ces visites ont eu lieu juste avant ou pendant des actes spécifiques de répression par ces régimes – en particulier contre des militants de l’opposition, des médias ou des minorités religieuses – actes régulièrement condamnés par des groupes de défense des droits de l’homme.

    Toutes les familles royales de la région répriment fortement les groupes d’opposition, mais le Qatar et l’Arabie saoudite ont également soutenu et armé des groupes extrémistes en Syrie et en Libye, tandis que les Émirats arabes unis ont joué un rôle de premier plan avec les Saoudiens dans la guerre dévastatrice au Yémen.

    Chaque fois que le prince Charles voyage à l’étranger, les communiqués de presse du palais de Buckingham soulignent ses visites à des causes caritatives, des écoles et des hôpitaux, fournissant des photos de lui et de sa femme Camilla – ensemble connus sous le nom de duc et duchesse de Cornouailles – avec des enfants souriants.

    Cependant, Charles rencontre également régulièrement des personnalités militaires, du renseignement et de la sécurité intérieure, soit lors de voyages à l’étranger payés par le Trésor public britannique, soit à Clarence House, sa résidence officielle à Londres.

    Pour les visites au Moyen-Orient, la publicité comprend des photos de Charles dans les mosquées et les sites du patrimoine islamique, redorant son image de « défenseur de la foi » et de bastion de la tolérance religieuse. Presque invariablement, de telles lignes sont répétées par les correspondants royaux britanniques, qui prêtent rarement attention à la politique et à la persécution qui accompagnent ses voyages.

    Les visites de Charles font partie de l’engagement plus large de la famille royale britannique avec les monarchies du Moyen-Orient à l’appui de la politique étrangère britannique. La partie 1 de cette enquête a révélé que des membres de la famille royale ont rencontré les monarchies de la région à 217 reprises depuis 2011.

    Charles et les monarques : le début du printemps arabe

    La volonté du prince Charles de soutenir ses compatriotes royaux au Moyen-Orient était évidente dès le début du printemps arabe, lorsque lui et Camilla ont dîné avec le roi du Maroc, Mohammed VI, dans son palais de Rabat le 4 avril 2011.

    En violation du droit international, le Maroc occupe depuis longtemps son voisin du sud, le Sahara occidental . En novembre 2010, les forces de sécurité marocaines ont démantelé le camp de protestation de Gdeim Izik sur le territoire, où des milliers de militants sahraouis avaient planté des tentes, faisant des morts des deux côtés.

    Ces troubles, qui ont précédé les manifestations plus médiatisées au début du printemps arabe en Tunisie, se sont rapidement propagés au Maroc même, où étudiants et enseignants ont organisé d’importantes manifestations appelant à restreindre le pouvoir de la monarchie. Le roi Mohammed VI a promis un ensemble de réformes, mais de nombreuses personnes ont continué à protester, appelant à une monarchie constitutionnelle quelques jours avant l’arrivée du prince Charles.

    Parmi l’entourage royal se trouvait Clive Alderton , un diplomate de carrière temporairement prêté à Clarence House. Il reviendrait au ministère des Affaires étrangères l’année suivante – en tant qu’ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc. Pour souligner leur soutien au régime, alors qu’ils étaient au Maroc, Charles et Camilla ont visité une base militaire, regardant un saut en parachute de la 1ère Brigade Infanterie Parachutiste.

    Charles a également déposé une gerbe sur la tombe du roi Hassan II, une décision qui a suscité les critiques d’un leader de la contestation qui a souligné que l’ancien dirigeant du Maroc est connu pour les  » années de plomb « , une période de son règne au cours de laquelle des centaines de les dissidents ont été torturés ou tués.

    Un mois après sa visite au Maroc, Charles a rencontré le Premier ministre du Qatar de l’époque, Sheikh Hamad bin Jaber Al Thani (« HBJ ») à Londres le 23 mai 2011. L’un des hommes les plus riches du monde, HBJ avait déjà été pris dans des allégations de blanchiment d’argent sur un contrat d’armement avec BAE Systems.

    Le Qatar, avec sa population nationale petite et riche, a été relativement épargné par le printemps arabe, mais il jouait désormais un rôle international actif, en envoyant des armes et des financements à des groupes rebelles en Syrie et en Libye , dont certains avaient des agendas islamistes extrémistes.

    Charles s’est ensuite envolé en octobre 2011 vers la capitale saoudienne, Riyad, pour une nuit, au prix public de 67 215 £. Là, il a « présenté ses condoléances à la famille royale saoudienne » pour la mort du prince héritier Sultan, décédé dans les années 80 après être devenu extrêmement riche.

    En tant que ministre de la Défense de longue date de l’Arabie saoudite, Sultan a accepté d’acheter des milliards de livres d’armes au géant britannique de l’armement BAE Systems, dans le cadre d’accords entachés de corruption .

    Les funérailles ont eu lieu au milieu de ce que Human Rights Watch a qualifié de «répression inébranlable de l’Arabie saoudite face aux demandes des citoyens pour une plus grande démocratie» à la suite du printemps arabe. Le royaume avait exécuté au moins 61 prisonniers cette seule année, dont un enfant et un homme accusé de « sorcellerie ».

    Pour la sixième rencontre du prince de Galles avec un monarque arabe en 2011, Charles a accueilli le roi Hamad de Bahreïn à Clarence House à la mi-décembre. Bahreïn avait fait face à l’opposition populaire la plus importante du Golfe cette année -là et avait administré le plus de répression.

    Plus de 40 personnes ont été tuées, des centaines de travailleurs du secteur public ont été licenciés pour avoir soutenu les manifestations et des milliers de militants ont été arrêtés par le régime. Les dirigeants du mouvement pro-démocratie ont été condamnés à la réclusion à perpétuité.

    Dans une tentative d’apaiser certaines inquiétudes internationales, le roi Hamad a mis en place une commission chargée d’enquêter sur les allégations de mauvais traitements. Sa rencontre avec le prince Charles est intervenue des semaines après la publication par la commission de son rapport, qui enregistrait 559 allégations de torture .

    2012 : Les chevaux sur les droits de l’homme

    Charles ne s’est pas rendu au Moyen-Orient l’année suivante, mais a plutôt tenu six réunions avec des membres de la famille royale arabe lors de leur visite à Londres. Une visite de haut niveau a eu lieu le 14 juin 2012, lorsque le dirigeant d’Oman, le sultan Qaboos, a rendu visite à Charles et Camilla à Clarence House.

    La veille, Human Rights Watch s’était prononcé contre « la répression radicale d’Oman contre les militants politiques et les manifestants arrêtés uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion ».

    Qaboos, l’un des plus anciens alliés de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient, avait éliminé la dissidence, dirigeant l’un des pays les plus fermés de la région où les partis politiques sont interdits et « insulter le sultan » est une infraction pénale.

    Lorsque le printemps arabe a éclaté au début de 2011, les manifestants ont organisé des sit-in dans les principales villes d’Oman pour exiger des réformes et condamner la corruption. Qaboos a répondu avec force, envoyant des policiers et des soldats qui ont abattu plusieurs manifestants et en ont arrêté 800 dans une seule ville.

    L’année suivante, à peu près au moment où Qaboos rencontrait Charles à Londres, l’activiste Khalfan al-Badwawi a tenté d’exposer comment le sultan dépensait les fonds publics. Il a organisé une manifestation dans la capitale, Mascate, pour souligner comment Qaboos avait récemment transporté 110 chevaux à l’intérieur de deux Boeing 777 spécialement modifiés vers le Royaume-Uni.

    Là, la cavalerie omanaise a présenté une pyramide de 10 hommes à cheval tandis que d’autres cavaliers ont joué de la musique orchestrale pour célébrer le jubilé de diamant de la reine Elizabeth – une grande fête pour sa 60e année sur le trône – dans l’enceinte du château de Windsor.

    Tenant des pancartes demandant « qui est important – les chevaux ou les humains ?

    Alors que le sultan Qaboos était à Londres pour voir Charles et la reine, al-Badwawi était détenu à l’isolement à Oman, soumis à une privation constante de sommeil et à des interrogatoires répétés pendant 32 jours.

    Le mois suivant, juillet 2012, Charles a accueilli l’émir du Koweït en Angleterre, conduisant avec lui dans une « procession en calèche jusqu’au château de Windsor ». Un banquet d’État a été organisé, impliquant la plupart des membres de la famille royale britannique.

    Cette visite est intervenue après des mois de répression au Koweït, comme la suspension du journal Al Dar et la condamnation du blogueur Hamad al-Naqi à 10 ans de prison pour des tweets qui auraient insulté les dirigeants de Bahreïn et d’Arabie saoudite ainsi que le prophète Mahomet.

    Charles a vu 2012 avec deux visites rapides d’autres membres de la famille royale arabe. Le 12 décembre, il a eu une réunion avec le roi Abdallah de Jordanie, qui s’est tenue des semaines après la mort suspecte d’un chauffeur de limousine de 20 ans, Najm al-Din ‘Azayiza, aux mains d’officiers du renseignement militaire jordanien.

    Ce décès fait suite à un an de répression en Jordanie, le rédacteur en chef du site Internet Gerasanews, Jamal al-Muhtasab , ayant passé des semaines en détention après que les procureurs militaires l’ont accusé de « renverser le système de gouvernement ».

    2013 : Hommage à la garde nationale saoudienne

    Au milieu de la répression en cours au Moyen-Orient, 2013 a vu Charles et Camilla tenir 15 réunions avec quatre monarchies arabes rien qu’en mars.

    Ils ont commencé le 11 mars par un voyage en Jordanie pour des séances avec le roi Abdallah, sa femme et divers princes et princesses. Charles et Camilla se sont ensuite rendus au Qatar pour rencontrer l’épouse de l’émir, Sheikha Moza bint Nasser, et le Premier ministre HBJ.

    Le couple s’est ensuite envolé pour la base aérienne militaire de Riyad, où il est arrivé le 15 mars 2013, cinq jours après que les autorités saoudiennes ont condamné les principaux militants des droits humains, le Dr Mohammed al-Qahtani et le Dr Abdullah al-Hamid, à respectivement 10 et 11 ans de prison.

    Selon Human Rights Watch , les hommes ont été reconnus coupables de « rupture d’allégeance avec le dirigeant » et de « création d’une organisation sans licence » – une référence à leur groupe de défense, l’Association saoudienne des droits civils et politiques, qui a été contraint de fermer .

    Charles et Camilla ont visité le quartier général de la Garde nationale saoudienne (SANG) pour célébrer le 50e anniversaire de la mission militaire britannique – un programme très secret dans lequel des officiers de l’armée britannique sont intégrés au SANG, une unité de sécurité intérieure notoire qui a joué un rôle clé. rôle dans la répression des militants du printemps arabe en Arabie saoudite et à Bahreïn.

    Selon Campaign Against Arms Trade , la visite saoudienne a eu lieu alors que le géant britannique de l’armement BAE Systems tentait de s’entendre sur un prix pour vendre plus d’avions de chasse Typhoon au Royaume, à un moment où le Serious Fraud Office britannique enquêtait sur des allégations de corruption sur un SANG communications. contrat avec un autre marchand d’armes britannique.

    Pour conclure leur tournée de mars 2013 au Moyen-Orient, le couple a atterri à Oman, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre non élu du pays, Sayyid Fahad bin Mahmood Al Said, avant de rejoindre le sultan Qaboos pour un dîner dans son palais Bait al Baraka à Seeb.

    Selon Clarence House , le voyage a été conçu pour « promouvoir les intérêts diplomatiques et commerciaux de la Grande-Bretagne » à Oman, qui à l’époque concernait principalement un accord de 2,5 milliards de livres sterling pour acheter 12 Typhoon et huit jets Hawk à BAE Systems.

    Le militant omanais Khalfan al-Badwawi a tenté d’organiser une manifestation contre la dernière visite du prince Charles. Cependant, des forces spéciales omanaises masquées ont foncé sur sa voiture lors d’une manœuvre à grande vitesse et l’ont placé à l’isolement pendant cinq jours à la mi-mars 2013.

    Les forces de sécurité intérieure d’Oman l’ont soumis à des techniques de torture psychologique et il n’a été libéré qu’une fois que le prince Charles a quitté le pays.

    En mai 2013, le prince Charles a accueilli le président non élu des Émirats arabes unis, Sheikh Khalifa, à Clarence House après sa visite à Downing Street. La visite d’État aux Émirats arabes unis est intervenue à un moment où BAE Systems voulait vendre au régime 60 jets Typhoon pour environ 3 milliards de livres sterling, lors d’une répression accrue aux Émirats.

    De mars à juillet 2013, les Émirats arabes unis ont organisé un procès collectif contre 94 militants accusés de liens avec al-Islah, une émanation du parti des Frères musulmans alors au pouvoir en Égypte, qui prônait une réforme politique aux Émirats. L’affaire a finalement vu 69 des hommes condamnés pour avoir tenté de renverser le gouvernement, avec des peines allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.

    Fin 2013, Charles a rencontré le prince héritier de Bahreïn Salman et le roi Abdallah de Jordanie, cette fois à Clarence House. Depuis la visite de Charles en Jordanie au début de 2013, les autorités ont intensifié les attaques contre la liberté de la presse en bloquant plus de 260 sites d’information.

    En septembre 2013, en signe de solidarité entre les monarchies du Moyen-Orient, la police jordanienne a arrêté l’éditeur et rédacteur en chef du site Jafra News pour avoir publié une vidéo critiquant la famille royale du Qatar.

    2014 : Danse saoudienne de l’épée

    L’année suivante a fourni une autre occasion au prince Charles d’exercer son rôle de vendeur de facto pour BAE Systems, cette fois en Arabie saoudite et au Qatar. Le 17 février, Charles a volé de la RAF Brize Norton à Riyad, lors de ce qui aurait été son 10e voyage dans le royaume de son vivant.

    La situation des droits humains s’était détériorée depuis sa dernière visite en 2013, l’inquiétude internationale se concentrant sur la condamnation du blogueur libéral Raif Badawi à six ans de prison et 600 coups de fouet pour « insulte à l’islam » (plus tard portée à 10 ans et 1 000 coups de fouet).

    L’équipe de Charles a rencontré le prince saoudien Miteb bin Abdullah Al Saud, commandant de la célèbre garde nationale, et il a ensuite rencontré sept autres princes, dont Muqrin bin Abdulaziz, qui a dirigé les services de renseignement saoudiens pendant le printemps arabe jusqu’en 2012.

    Charles a également rencontré Abdulaziz bin Abdullah, le vice-ministre des Affaires étrangères qui aurait aidé à mettre en place un « centre névralgique » en Turquie pour tenter de renverser le dirigeant syrien Bashar Al Assad, avec le soutien du Qatar. Il apparaîtrait bientôt que l’aide saoudienne aux rebelles syriens était dirigée vers des groupes fondamentalistes tels que Jabhat al- Nosra, une filiale d’Al-Qaïda.

    On ne sait pas ce qui s’est dit lors de ces réunions, car le prince Charles est exempté des lois britanniques sur la liberté d’information. Cependant, le lendemain, BAE Systems a annoncé qu’il avait finalisé une vente d’armes de plusieurs milliards de livres à l’Arabie saoudite, pour la fourniture d’avions de chasse Typhoon.

    Après des années de retard, les Saoudiens ont peut-être été persuadés de signer après que Charles les ait rejoints dans une danse traditionnelle de l’épée , ornée d’une robe arabe. L’incident a suscité de vives critiques de la part des militants, étant donné que l’Arabie saoudite avait exécuté au moins 79 personnes l’année précédente, souvent par décapitation.

    En route pour Doha, Charles a rencontré le ministre des Affaires étrangères du Qatar avant de lancer des appels téléphoniques aux Émirats arabes unis et à Bahreïn pour conclure sa tournée dans le Golfe. Les coûts combinés de cette tournée en quatre étapes, y compris le voyage de reconnaissance, s’élevaient à près d’un quart de million de livres.

    Bien que Charles n’ait eu aucun problème à entrer aux Émirats arabes unis, où il a rencontré le prince héritier d’Abou Dhabi, un mois plus tôt, les Émirats avaient refusé l’entrée à un membre de Human Rights Watch et mis deux autres membres du personnel sur une liste noire de voyage comme « dangereux pour la sécurité publique ».

    2015 : Affaire en berne

    Tout au long de 2015, alors que la situation des droits de l’homme au Moyen-Orient se détériorait, Charles a continué à courtiser la famille royale arabe.

    En janvier, lui et David Cameron se sont précipités à Riyad, dépensant 101 792 £ sur un vol spécialement affrété, pour présenter leurs condoléances à la famille dirigeante saoudienne pour la mort du roi Abdallah, tandis que des drapeaux flottaient en berne sur les bâtiments du gouvernement britannique.

    De tels actes symboliques ont suscité des critiques de la part de certains au Royaume-Uni, d’autant plus que le blogueur Raif Badawi avait récemment reçu les 50 premiers de ses coups de fouet.

    La tournée suivante de Charles dans cinq monarchies du Moyen-Orient a commencé le 7 février, lorsqu’il a pris un vol spécialement affrété de la RAF Brize Norton avec son aide militaire, le lieutenant-colonel Bevan et le diplomate vétéran Jamie Bowden , qui était ambassadeur du Royaume-Uni à Oman et à Bahreïn pendant le printemps arabe.

    Après deux nuits en Jordanie, Charles s’est envolé pour le Koweït , puis à Riyad pour des réunions avec cinq membres supérieurs de la famille royale saoudienne. Bien que Charles ait souligné les droits de l’homme et la préoccupation pour l’héritage islamique lors de sa visite, le mois suivant, l’Arabie saoudite a déclenché l’opération Decisive Storm, une attaque aérienne dévastatrice contre son voisin le plus pauvre, le Yémen.

    Cela entraînerait ce qu’un expert de l’ONU a appelé « la destruction impitoyable de l’une des plus anciennes villes du monde », alors que la capitale historique du Yémen, Sana’a, a été bombardée. De nombreuses bombes de la guerre seraient larguées par des jets fabriqués par BAE Systems, que Charles avait aidé à vendre à l’Arabie saoudite.

    Charles a terminé sa tournée dans le Golfe par une excursion d’une journée au Qatar et aux Émirats arabes unis, qui rejoindrait bientôt les frappes aériennes dirigées par l’Arabie saoudite. Il y rencontre l’émir du Qatar et le prince héritier d’Abu Dhabi. Quelques semaines plus tôt, le 25 novembre 2014, les Émirats avaient condamné un militant, Oussama al-Najjar, à trois ans de prison pour des accusations telles que « atteinte à la réputation des institutions des Émirats arabes unis ».

    Charles est retourné au Royaume-Uni le 12 février 2015, mais moins de deux semaines plus tard, il a eu une autre rencontre avec la famille royale saoudienne, cette fois à Londres où il a dîné avec le vice-prince héritier à Clarence House. Cette vague d’activités signifie que Charles a enregistré 19 réunions avec des membres de la famille royale arabe au cours des deux premiers mois de 2015.

    La prochaine et dernière rencontre pour 2015 a eu lieu en novembre en marge des pourparlers sur le climat de l’ONU à Paris, où il a rencontré le prince héritier Salman de Bahreïn. Lorsque le militant des droits humains le plus en vue du pays, Nabeel Rajab, s’est adressé à Twitter pour dénoncer le rôle de Bahreïn dans la guerre au Yémen, il a été arrêté.

    Cela faisait partie d’une importante répression des libertés civiles à Bahreïn cette année-là, qui comprenait la condamnation du secrétaire général du plus grand parti d’opposition du pays à quatre ans de prison. Le nombre d’arrestations depuis le printemps arabe et la torture continue des détenus ont conduit à un soulèvement dans la prison de Jau, où étaient détenus des détenus politiques.

    Leur protestation a été réprimée avec des gaz lacrymogènes et des tirs d’oiseaux, suivis de tortures et d’humiliations supplémentaires, notamment en obligeant les détenus à se déshabiller et à crier des chants en faveur du roi de Bahreïn.

    2016 : Récolter la tempête

    En 2016, les mouvements d’opposition dans de nombreuses monarchies du Golfe étaient en ruine. Cinq ans de contre-révolution systématique depuis le printemps arabe avaient vu une génération d’intellectuels et de militants retirés de la rue ou des réseaux sociaux, mis en prison, torturés ou simplement tués.

    Mais le prochain roi de Grande-Bretagne s’est livré à 24 autres réunions avec des membres de la famille royale arabe en 2016, commençant par un événement à la société anglo-omanaise à Londres le 27 janvier, en présence de Sayyid Shihab bin Tariq Al Said , le troisième d’Oman sur le trône.

    À ce moment-là, le personnel de Charles comprenait le major Matt Wright, qui était son écuyer adjoint. Wright continuerait à être un commandant dans l’équipe de 90 hommes des forces britanniques prêtées au sultan d’Oman.

    Le prince Charles « a exprimé sa joie » d’être invité à l’événement de la société anglo-omanaise et a qualifié le sultan autocratique d’Oman de « voyant ». Plus tard dans la journée, Charles aurait reçu Sayyid Haitham, le ministre de la culture d’Oman qui allait bientôt devenir sultan.

    Trois semaines plus tôt, un juge britannique avait accordé l’asile au dissident omanais Khalfan al-Badwawi, estimant qu’« il courrait un risque réel s’il retournait à Oman en raison de ses opinions politiques ». Le juge a accepté le témoignage d’un expert selon lequel al-Badwawi était « l’un des défenseurs les plus virulents et publics des réformes démocratiques à Oman ».

    Quelques jours après l’événement de la société anglo-omanaise, Charles a été visité à Clarence House par l’émir du Koweït et le roi de Jordanie. Entre leurs visites, il a eu le temps de visiter le siège du MI6 dans le centre de Londres, dans son rôle de patron des agences de renseignement britanniques.

    La planification du prochain voyage de Charles dans le Golfe a commencé en septembre 2016, lorsque les archives du palais montrent que le personnel du prince a dépensé près de 20 000 £ pour se rendre à Bahreïn et à Oman lors d’une « tournée de reconnaissance ». Le 4 novembre 2016, Charles et Camilla se sont envolés pour la région sur un vol spécialement affrété depuis la RAF Brize Norton, ce qui a coûté au trésor public 72 756 £ supplémentaires.

    À leur arrivée dans la capitale d’Oman, Mascate, ils ont été accueillis par Sayyid Haitham et ont dîné avec le sultan Qaboos. Fidèle à lui-même, Charles a participé à une danse traditionnelle de l’épée , comme il l’avait fait en Arabie Saoudite.

    Une déclaration publiée par Clarence House a mentionné les objectifs politiques du voyage, qui incluaient la promotion « du partenariat du Royaume-Uni dans la région dans des domaines clés tels que… la coopération militaire ». Vers la fin de leur voyage, Charles rencontra les troupes britanniques prêtées au sultan, qui étaient au nombre d’environ 195 , dont des officiers supérieurs.

    Cette visite est intervenue après des mois d’attaques contre la liberté d’expression à Oman. Le 8 février 2016, un ancien diplomate omanais, Hassan al-Basham, avait été condamné à trois ans de prison pour avoir notamment insulté le sultan sur les réseaux sociaux – il mourrait plus tard en prison.

    Au cours de l’été 2016, trois cadres supérieurs du seul journal indépendant du pays, Azamn , avaient été arrêtés et, en août, le journal avait reçu l’ordre de fermer par le Service de la sécurité intérieure.

    Immédiatement après avoir visité Oman, le duc et la duchesse de Cornouailles sont arrivés aux Émirats arabes unis, le 6 novembre 2016. Au cours de leur visite, ils ont rencontré des personnalités des familles dirigeantes, dont le prince héritier d’Abu Dhabi et le Premier ministre des Émirats arabes unis, Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, ainsi que son épouse, la princesse jordanienne Haya.

    D’autres réunions ont inclus le commandant suprême adjoint de l’armée des Émirats arabes unis, un point omis du communiqué de presse du palais . Les rencontres avec l’armée des Émirats arabes unis à cette époque étaient particulièrement sensibles compte tenu de son rôle offensif au Yémen, où elle utilisait des mercenaires pour mener la guerre terrestre et détenait des prisonniers dans des sites noirs où la torture était monnaie courante.

    Human Rights Watch a fait part de ses inquiétudes concernant le voyage de Charles aux Émirats arabes unis, soulignant que 43 citoyens britanniques s’étaient plaints de torture ou de mauvais traitements pendant leur détention au cours des cinq années précédentes. Un homme, Lee Bradley Brown, était mort à l’isolement dans une cellule de la police de Dubaï, après que des policiers l’auraient battu.

    La dernière étape de la tournée de Charles et Camilla dans le golfe s’est avérée la plus controversée, lorsque le couple s’est arrêté à Bahreïn le 8 novembre 2016. Cela s’est produit quelques semaines seulement après que des exilés bahreïnis à Londres ont manifesté près de la limousine du roi Hamad alors qu’il se garait dans Downing Street.

    En représailles à cette manifestation, les autorités bahreïnites ont pris pour cible la famille d’un réfugié, Sayed Alwadaei , détenant et interrogeant violemment sa femme Duaa alors qu’elle tentait de quitter Bahreïn pour Londres avec leur fils de 19 mois. C’était un signal qu’une manifestation légale en Grande-Bretagne entraînerait des représailles à Bahreïn.

    Après avoir retrouvé sa femme et son fils à Londres, Alwadaei a déclaré à l’ Independent : « La visite du prince Charles donne le feu vert aux autorités de Bahreïn pour continuer leur oppression et l’utilise pour blanchir les violations des droits de l’homme. »

    Charles et Camilla ont poursuivi leur voyage à Bahreïn, où ils ont été accueillis à leur arrivée par le prince héritier, avant de dîner avec le roi Hamad et sa femme Sabika au palais Al Roudha.

    Presque immédiatement après le voyage, les autorités bahreïnites ont arrêté un politicien de l’opposition, Ebrahim Sharif, qui avait parlé à une agence de presse américaine de la visite royale. Sharif avait déclaré à l’Associated Press que la visite de Charles à Bahreïn pourrait « blanchir » la répression du régime contre la dissidence.

    Les procureurs l’ont inculpé d’« incitation ouverte à la haine du système politique de Bahreïn », même si, en raison d’un tollé international, les charges ont été abandonnées dans les quinze jours.

    2017 : Typhons, chevaux et peloton d’exécution

    Après une intense série de réunions avec des membres de la famille royale arabe en 2016, pendant le reste de la décennie, Charles s’est limité à seulement huit autres réunions avec des monarchies du Golfe, alors que les jeunes membres de la famille royale assumaient davantage d’engagements.

    En mars 2017, Charles a reçu le Premier ministre non élu du Qatar, Sheikh Abdullah , membre de la famille royale et ancien ministre de l’Intérieur. Cheikh Abdallah a également rencontré la Première ministre Theresa May à Downing Street où les deux hommes « ont convenu de l’importance de notre coopération en matière de sécurité et se sont engagés à renforcer notre collaboration en matière de cybersécurité et de défense ».

    Le Qatar était alors membre de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui bombardait le Yémen, une campagne militaire qui créait la pire crise humanitaire au monde. Plus tard en 2017, le Qatar a accepté d’acheter 24 jets Typhoon à BAE Systems pour 5 milliards de livres sterling.

    Après la visite qatarie, Charles a de nouveau rencontré le prince héritier de Bahreïn Salman à la mi-mai 2017 à Clarence House. Cela s’est produit quelques jours après que le père de Salman, le roi Hamad, ait vu la mère de Charles et son jeune frère Andrew au Royal Windsor Horse Show.

    Des exilés bahreïnis ont protesté lors de l’événement, ce qui a entraîné l’ arrestation de membres de leur famille chez eux – la sixième fois depuis le printemps arabe que des militants du Golfe ont été punis spécifiquement pour avoir dénoncé les visites royales au Royaume-Uni ou en provenance du Royaume-Uni.

    Les arrestations faisaient partie d’un schéma de répression croissante à Bahreïn qui a vu trois prisonniers politiques exécutés par un peloton d’exécution une nuit de janvier 2017. C’était la première application de la peine de mort à Bahreïn depuis 2010, et les hommes auraient été torturés pour faire de faux aveux. .

    UN special rapporteur, Dr Agnes Callamard, described them as “extrajudicial killings”.

    Quelques jours après que Charles ait rencontré le prince héritier le 16 mai 2017, Bahreïn a interdit le principal parti d’opposition laïque, la National Democratic Action Society, et a fermé le seul journal indépendant du pays, Al Wasat .

    2018 : Dîner avec les bourreaux

    L’année suivante, en mars 2018, Charles et son fils William ont organisé un dîner à Clarence House pour le nouveau prince héritier d’Arabie saoudite, le jeune Mohammed Bin Salman (MBS). Cela faisait partie d’une importante opération de relations publiques du ministère des Affaires étrangères visant à présenter MBS comme un réformateur, dans le but d’améliorer la réputation de Riyad après des controverses très médiatisées.

    L’ambassadeur de Grande-Bretagne en Arabie saoudite, Simon Collis, a affirmé que la vitesse du changement en Arabie saoudite était « en fait assez époustouflante », dans une vidéo spécialement filmée pour promouvoir la visite de MBS. Boris Johnson, alors ministre des Affaires étrangères, a écrit une tribune jaillissante dans le Times , intitulée « Le réformateur saoudien Mohammed ben Salmane mérite notre soutien ».

    Quelques jours après la visite, il est apparu que BAE était sur le point de conclure un accord d’armes de plusieurs milliards de livres avec l’Arabie saoudite pour vendre 48 autres typhons, à ajouter à la flotte existante de typhons de Riyad qui bombardait le Yémen.

    Bien que les efforts de Whitehall et de la Maison de Windsor pour encourager MBS aient pu persuader certaines personnes, l’illusion a été brisée en octobre 2018, lorsque les autorités saoudiennes ont assassiné et démembré le journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi dans leur consulat en Turquie.

    2019 et 2020 : des funérailles mais pas des adieux

    Charles n’a réussi qu’une seule rencontre avec une monarchie du Golfe l’année suivante, peut-être dissuadé par le meurtre de Khashoggi. Il a rencontré le ministre de la Défense et vice-Premier ministre du Koweït, Sheikh Nasser , à Dumfries House, l’un des domaines écossais de Charles, en mai 2019.

    Puis, en janvier 2020, la politique étrangère britannique dans le Golfe a subi une perte majeure avec la mort du sultan Qaboos d’Oman, le plus ancien dirigeant du Moyen-Orient, au pouvoir depuis 50 ans.

    Charles s’est immédiatement envolé pour Mascate pour présenter ses condoléances et inaugurer le successeur non élu du sultan, Haitham, l’ancien ministre de la Culture. Le vol spécialement affrété de Charles d’ Aberdeen à Mascate a coûté au public 210 345 £ pour le voyage d’une nuit.

    Le Premier ministre Boris Johnson s’est également envolé avec dix fonctionnaires pour lui rendre hommage, ce qui a coûté 143 276 £ supplémentaires . Pendant ce temps, le secrétaire à la Défense Ben Wallace a pris un vol régulier qui ne coûtait que 4 697 £.

    La position de Haitham en tant qu’héritier du trône n’a été révélée publiquement qu’à la mort de Qaboos, bien que Charles l’ait déjà rencontré à plusieurs reprises. Ces rencontres antérieures suggèrent que Clarence House était peut-être au courant de la succession secrète d’Oman.

    Qaboos n’avait rien fait dans ses dernières années pour préparer une transition vers la démocratie. Il s’était concentré sur l’extinction du dernier site de résistance d’Oman, réprimant le mouvement pro-autonomie à Musandam, la péninsule située à l’extrême nord d’Oman.

    Six hommes de Musandam avaient été condamnés à la réclusion à perpétuité à Oman en 2016 pour ce qu’Amnesty International a qualifié de « vagues motifs de sécurité nationale ». Le groupe de défense des droits de l’homme pense que les hommes étaient engagés dans « un activisme pacifique et des campagnes pour les droits des habitants de Musandam », qui souffraient de démolitions de maisons.

    La pandémie de coronavirus empêcherait de nombreux voyages internationaux pour le reste de 2020, mais Charles a réussi à organiser une autre réunion avec la monarchie de Bahreïn début mars, lorsque le fils du roi et conseiller à la sécurité nationale, le général de division Nasser, a visité Clarence House.

    Nasser est accusé d’avoir participé à la torture d’activistes pendant le printemps arabe. Selon l’agence de presse publique de Bahreïn, lors de leur rencontre, Nasser « a loué [le] partenariat stratégique liant le Royaume de Bahreïn et le Royaume-Uni ami », et Charles a souhaité « au Royaume de Bahreïn davantage de progrès et de prospérité ».

    Puis en octobre 2020, Charles s’est envolé pour le Koweït pour les funérailles de l’émir. Le coût du voyage n’a pas encore été publié par Buckingham Palace, qui a mis son drapeau de l’Union en berne pour commémorer le décès de l’émir.

    Des photos du voyage montrent que le prince Charles était accompagné du général Sir John Lorimer, officier supérieur sortant de l’armée britannique au Moyen-Orient, qui entretenait des relations militaires étroites avec les alliés autocratiques du Royaume-Uni dans le Golfe.

    La rencontre la plus récente entre la Maison de Windsor et la royauté arabe a eu lieu en décembre 2020 lorsque le prince héritier d’Abu Dhabi , Mohammed bin Zayed, a rendu visite à Charles et Boris Johnson à Londres.

    Les réunions ont eu lieu malgré les critiques croissantes des experts de l’ONU sur la conduite des forces émiraties combattant au Yémen, commentant : « Les civils au Yémen ne meurent pas de faim ; ils sont affamés par les parties au conflit.

    Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré à Declassified : « Des visites royales officielles sont effectuées par des membres de la famille royale à la demande du gouvernement pour soutenir les intérêts britanniques dans le monde ». Un porte-parole de Clarence House a déclaré à Declassified : « Toutes les visites à l’étranger du prince de Galles sont effectuées à la demande de HMG et sont organisées par le Comité des visites royales. Les destinations sont publiées à l’avance et les médias internationaux sont invités à assister aux visites afin de couvrir les engagements en détail.


    Il a ajouté : « Toutes les décisions relatives au voyage sont prises en tenant compte du temps disponible, des coûts et de la sécurité du groupe de voyage. Les coûts sont publiés chaque année dans le cadre de l’examen annuel des subventions souveraines.

    Declassified UK, 24 FÉVRIER 2021

    #Royaume_Uni #CharlesIII #Maroc #Arabie_Saoudite

  • Implications of Europe’s Turn to Mediterranean Gas

    European Union, gas, Russia, Algeria, Western Sahara, Morocco, Israel, Lebanon, Hezbollah, Egypt, Qatar,

    With Strings Attached: Implications of Europe’s Turn to Mediterranean Gas
    Samuel Bruning and Dr Tobias Borck

    In its efforts to wean itself off Russian energy supplies, Europe is increasingly looking to its southern neighbourhood. But this comes with its own set of geopolitical challenges.

    As heatwaves hit Europe, governments across the continent are already worrying about a cold winter and a deepening energy crisis. Since Russia launched its war of aggression against Ukraine five months ago, European countries have been scrambling to reduce their dependence on Russian oil and gas imports, not least to limit one of Moscow’s most important sources of revenue. Yet, they also fear that Russia could beat them to the punch and cut off energy flows to Europe before alternative sources have been secured. Russia has already stopped supplying gas to Poland, Bulgaria and Finland, and reduced deliveries to Germany, Italy and other European states.

    As Europe searches for alternatives to Russian gas, debates about fracking are re-emerging, and discussions about if and when Europe can import more liquified natural gas (LNG) from leading exporters such as the US and Qatar are drawing much attention. Additionally, European states are turning to old and new gas producers in the eastern and western Mediterranean, lured not least by the promise of short supply routes along which pipelines already exist or could feasibly be constructed.

    In the eastern Mediterranean, Israel is emerging as a major gas producer. In June, the EU, Israel and Egypt agreed to work on a partnership that could eventually see Israeli gas be transformed into LNG in already existing Egyptian gas liquification plants before being shipped to Europe. Meanwhile, further west, Algeria, a longstanding gas producer that already sends about a quarter of its gas to Spain, signed a deal with Italy in May to increase its supplies to Europe.

    Neither arrangement represents a quick fix. It will likely take years for the necessary infrastructure in Europe, Israel and Algeria to be built and for the latter two to sufficiently increase their production capacity to even begin to replace the volumes of gas Europe imports from Russia. Just as importantly, both deals tie Europe more closely to complex and potentially explosive geopolitical contexts. If European countries should have learned anything from Russia’s war in Ukraine, it is surely that energy agreements are more than mere commercial transactions; considering their strategic implications for European security is therefore vital.

    Israeli Gas, Hizbullah’s Drones and the Egyptian Economy

    The eastern Mediterranean has long been a highly contested space. Just over the past decade, the overlapping rivalries and shifting alignments among the region’s states – Cyprus, Egypt, Greece, Israel, Lebanon, Syria and Turkey – have shaped (and been shaped) by the conflicts in Libya and Syria, and between Israel and the Palestinians, to name but a few. At various times, these conflicts have repeatedly drawn in extra-regional powers, including European states, Russia, the US and even Iran, Saudi Arabia and the United Arab Emirates (UAE).

    With the gas deal with Israel and Egypt, the EU has increased its own stake in this complex environment beyond the obligations it already had to its member states of Cyprus and Greece. Two aspects are particularly important to consider.

    If European countries should have learned anything from Russia’s war in Ukraine, it is surely that energy agreements are more than mere commercial transactions

    Firstly, with the agreement, the EU wades into the longstanding maritime border dispute between Israel and Lebanon. The offshore Karish Field, from which the gas destined for Europe is supposed to come, is adjacent to the area that both countries claim to be part of their own exclusive economic zone. The US government has appointed a Special Envoy, Amos Hochstein, to mediate in the dispute, but negotiations have been progressing slowly – if at all – in recent months.

    Buckling under an unprecedented economic crisis and a dysfunctional political system, the Lebanese state’s capacity to effectively engage on these matters is somewhat limited at the moment. But Hizbullah, which suffered a setback in the Lebanese parliamentary elections in May, appears to see the border dispute and the international spotlight on gas exploration in the eastern Mediterranean as a useful opportunity to bolster its anti-Israeli credentials. On 2 July, Israeli authorities said that they had shot down three Hizbullah drones approaching a gas rig at Karish.

    Hizbullah later said the drones had been unarmed and were part of a reconnaissance mission, but the incident certainly illustrated the volatility of the situation in the area. This does not have to deter Europe from seeking to expand energy trade with Israel or other eastern Mediterranean producers, but the obvious political risks must be taken into account in Brussels and should inform thinking about future security arrangements in the region.

    Secondly, the EU–Israel–Egypt gas agreement comes at a time when policymakers across Europe are increasingly concerned about Egypt’s economic stability. Hit hard by the impact of Russia’s invasion of Ukraine, particularly with regard to food security, the Egyptian government is struggling to contain a potentially burgeoning economic crisis. While macro-economic growth figures have remained relatively strong, inflation and soaring food and energy prices are causing increasing strain. Scarred by the experience of the political instability that gripped the Middle East and North Africa in the aftermath of the 2010/11 Arab Uprisings, and in particular the migration crisis triggered and facilitated by the violent conflicts in Syria and Lebanon, renewed instability in Egypt represents a nightmare scenario for many European governments.

    The gas agreement should bring some economic benefits for Egypt, but not necessarily in a way that will help to address poverty and Egypt’s other related socio-economic challenges. The EU will therefore have to ensure that the energy deal is part of a more comprehensive engagement with Cairo that seeks to increase the resilience of the Egyptian economy through reform.

    Algerian Gas, Morocco and the Western Sahara

    In the western Mediterranean, meanwhile, Algeria has long been an important gas supplier for Europe. Spain has imported Algerian gas via the Maghreb-Europe pipeline, which runs through Morocco, since 1996, and via the undersea Medgaz pipeline since 2011. However, relations between Madrid and Algiers, including the energy trade between the two countries, have persistently been affected by the conflict between Algeria and Morocco over the Western Sahara, which Morocco claims as its territory, while Algeria supports the Polisario Front that seeks Sahrawi independence. Over the past two years, tensions have steadily grown.

    New partnerships with Mediterranean energy producers must be recognised for the imperfect and geopolitically complex undertakings that they are

    In 2021, Algeria decided to end exports via the Maghreb-Europe pipeline and therefore cut off supplies to Morocco, planning instead to expand the capacity of the Medgaz pipeline. Subsequently, in March 2021, Algiers was angered by Spain’s reversal of its position on the Western Sahara. Having previously been mostly neutral on the territory’s status, insisting that it was a matter for the UN to resolve, Madrid endorsed Rabat’s plan to retain sovereignty over the Western Sahara while granting it autonomy to run its domestic affairs. The move was to a significant extent motivated by Spain’s need to deepen cooperation with Morocco to contain migration, particularly to the Spanish enclaves of Ceuta and Melita.

    As things stand, Algeria has said that it will continue to supply Spain with gas via the Medgaz pipeline. But its Ambassador to Madrid, whom Algiers withdrew in March, has not returned. Moreover, the Algerian government has repeatedly warned Spain not to re-export gas it receives from Algeria to Morocco, which has struggled to make up for shortages caused by the termination of flows via the Maghreb-Europe pipeline.

    The new deal concluded in May between Italy’s energy giant ENI and Algeria’s national oil company Sonatrach has to be considered within this context. Even if Italy may find it easier to avoid becoming embroiled in the Algeria–Morocco dispute, the tensions in the Algeria–Spain relationship demonstrate that energy trade in the western Mediterranean cannot be divorced from the geopolitical realities in North Africa.

    Searching for a European Position

    In the search for non-Russian energy supplies, Europe is rightly looking to its southern neighbourhood. Algeria, Israel and Egypt – and perhaps, in time, other (re)emerging Mediterranean energy producers and transit countries such as Libya and Turkey – can all play an important role in increasing the continent’s energy security. However, these new energy partnerships must be recognised for the imperfect and geopolitically complex undertakings that they are. More than mere commercial transactions, they tie Europe more closely into local conflict dynamics – be it between Israel, Lebanon and Hizbullah, or between Algeria and Morocco. They should therefore be embedded in a clear-eyed and strategic European approach to the EU’s southern neighbourhood.

    In May, the EU published its new Gulf strategy, which offers at least a conceptual framework for how European governments intend to balance expanding energy relations with the Gulf monarchies with other interests, ranging from economic engagement to human rights concerns. The document is far from perfect, and it remains far from certain if and when many of its ambitious intentions will be implemented. But if the EU wants to become a more serious geopolitical actor and increase its resilience to political shocks such as Russia’s invasion of Ukraine, developing similar strategies for the eastern and/or western Mediterranean is necessary.

    The Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 25 July 2022

    #European_Union #Gas #Russia #Algeria #Morocco #Western_Sahara #Israel #Egypt #Qatar #Lebanon #Hezbollah

  • Les implications de la conversion de l’Europe au gaz méditerranéen

    Europe, Union Européenne, gaz, pétrole, Russie, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Espagne, Italie, Israël, Egypte, Qatar,

    Dans ses efforts pour se sevrer des approvisionnements énergétiques russes, l’Europe se tourne de plus en plus vers son voisinage méridional. Mais cela s’accompagne de son propre lot de défis géopolitiques.

    Alors que les canicules frappent l’Europe, les gouvernements du continent s’inquiètent déjà d’un hiver froid et d’une crise énergétique qui s’aggrave. Depuis que la Russie a déclenché sa guerre d’agression contre l’Ukraine il y a cinq mois, les pays européens se sont efforcés de réduire leur dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz russes, notamment pour limiter l’une des principales sources de revenus de Moscou. Cependant, ils craignent également que la Russie ne les devance et ne coupe les flux d’énergie vers l’Europe avant que des sources alternatives ne soient assurées. La Russie a déjà cessé de fournir du gaz à la Pologne, à la Bulgarie et à la Finlande, et réduit ses livraisons à l’Allemagne, à l’Italie et à d’autres États européens.

    Alors que l’Europe cherche des alternatives au gaz russe, les débats sur la fracturation hydraulique refont surface et les discussions sur la question de savoir si et quand l’Europe peut importer davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) des principaux exportateurs tels que les États-Unis et le Qatar attirent beaucoup d’attention. En outre, les États européens se tournent vers les anciens et les nouveaux producteurs de gaz de la Méditerranée orientale et occidentale, attirés notamment par la promesse de voies d’approvisionnement courtes le long desquelles des gazoducs existent déjà ou pourraient être construits.

    En Méditerranée orientale, Israël est en train de devenir un important producteur de gaz. En juin, l’UE, Israël et l’Égypte ont convenu de travailler sur un partenariat qui pourrait permettre de transformer le gaz israélien en GNL dans des usines égyptiennes de liquéfaction du gaz déjà existantes, avant de l’expédier en Europe. Dans le même temps, plus à l’ouest, l’Algérie, producteur de gaz de longue date qui envoie déjà environ un quart de son gaz à l’Espagne, a signé un accord avec l’Italie en mai afin d’augmenter ses approvisionnements vers l’Europe.

    Aucun de ces accords ne constitue une solution rapide. Il faudra probablement des années pour que les infrastructures nécessaires en Europe, en Israël et en Algérie soient construites et pour que les deux derniers pays augmentent suffisamment leur capacité de production pour commencer à remplacer les volumes de gaz que l’Europe importe de Russie. Tout aussi important, ces deux accords lient plus étroitement l’Europe à des contextes géopolitiques complexes et potentiellement explosifs. Si les pays européens doivent avoir appris quelque chose de la guerre de la Russie en Ukraine, c’est certainement que les accords énergétiques sont plus que de simples transactions commerciales ; il est donc vital de considérer leurs implications stratégiques pour la sécurité européenne.

    Le gaz israélien, les drones du Hezbollah et l’économie égyptienne

    La Méditerranée orientale est depuis longtemps un espace hautement contesté. Au cours de la dernière décennie, les rivalités qui se chevauchent et les alignements changeants entre les États de la région – Chypre, Égypte, Grèce, Israël, Liban, Syrie et Turquie – ont façonné (et ont été façonnés) par les conflits en Libye et en Syrie, et entre Israël et les Palestiniens, pour n’en citer que quelques-uns. À plusieurs reprises, ces conflits ont attiré des puissances extrarégionales, notamment des États européens, la Russie, les États-Unis et même l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU).

    Avec l’accord gazier conclu avec Israël et l’Égypte, l’UE a accru ses propres intérêts dans cet environnement complexe, au-delà des obligations qu’elle avait déjà envers ses États membres, Chypre et la Grèce. Deux aspects sont particulièrement importants à considérer.

    Si les pays européens ont dû apprendre quelque chose de la guerre de la Russie en Ukraine, c’est certainement que les accords énergétiques sont plus que de simples transactions commerciales.

    Premièrement, avec cet accord, l’UE s’immisce dans le conflit frontalier maritime qui oppose depuis longtemps Israël et le Liban. Le champ offshore de Karish, d’où est censé provenir le gaz destiné à l’Europe, est adjacent à la zone que les deux pays prétendent faire partie de leur propre zone économique exclusive. Le gouvernement américain a nommé un envoyé spécial, Amos Hochstein, pour servir de médiateur dans ce conflit, mais les négociations ont progressé lentement – voire pas du tout – ces derniers mois.

    Soumis à une crise économique sans précédent et à un système politique dysfonctionnel, la capacité de l’État libanais à s’engager efficacement sur ces questions est quelque peu limitée pour le moment. Mais le Hezbollah, qui a subi un revers lors des élections législatives libanaises de mai, semble voir dans le conflit frontalier et dans l’attention portée par la communauté internationale à l’exploration gazière en Méditerranée orientale une occasion utile de renforcer son image de marque anti-israélienne. Le 2 juillet, les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles avaient abattu trois drones du Hezbollah qui s’approchaient d’une plate-forme gazière à Karish.

    Le Hezbollah a déclaré par la suite que les drones n’étaient pas armés et faisaient partie d’une mission de reconnaissance, mais l’incident a certainement illustré la volatilité de la situation dans la région. Cela ne doit pas dissuader l’Europe de chercher à développer le commerce de l’énergie avec Israël ou d’autres producteurs de la Méditerranée orientale, mais les risques politiques évidents doivent être pris en compte à Bruxelles et doivent alimenter la réflexion sur les futurs accords de sécurité dans la région.

    Deuxièmement, l’accord gazier UE-Israël-Égypte intervient à un moment où les décideurs politiques européens sont de plus en plus préoccupés par la stabilité économique de l’Égypte. Frappé de plein fouet par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire, le gouvernement égyptien s’efforce de contenir une crise économique qui pourrait s’aggraver. Si les chiffres de la croissance macroéconomique sont restés relativement élevés, l’inflation et la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont à l’origine de tensions croissantes. Marquée par l’expérience de l’instabilité politique qui a frappé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la suite des soulèvements arabes de 2010/11, et en particulier par la crise migratoire déclenchée et facilitée par les violents conflits en Syrie et au Liban, une nouvelle instabilité en Égypte représente un scénario cauchemardesque pour de nombreux gouvernements européens.

    L’accord sur le gaz devrait apporter certains avantages économiques à l’Égypte, mais pas nécessairement d’une manière qui permette de lutter contre la pauvreté et les autres défis socio-économiques connexes de l’Égypte. L’UE devra donc veiller à ce que l’accord énergétique s’inscrive dans le cadre d’un engagement plus global avec Le Caire, visant à accroître la résilience de l’économie égyptienne par le biais de réformes.

    Le gaz algérien, le Maroc et le Sahara occidental

    En Méditerranée occidentale, l’Algérie est depuis longtemps un important fournisseur de gaz pour l’Europe. L’Espagne importe du gaz algérien via le gazoduc Maghreb-Europe, qui passe par le Maroc, depuis 1996, et via le gazoduc sous-marin Medgaz depuis 2011. Cependant, les relations entre Madrid et Alger, y compris le commerce de l’énergie entre les deux pays, ont toujours été affectées par le conflit entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara occidental, que le Maroc revendique comme son territoire, tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario qui cherche à obtenir l’indépendance du Sahara. Au cours des deux dernières années, les tensions n’ont cessé de croître.

    Les nouveaux partenariats avec les producteurs d’énergie méditerranéens doivent être reconnus pour les entreprises imparfaites et géopolitiquement complexes qu’ils représentent.

    En 2021, l’Algérie a décidé de mettre fin aux exportations via le gazoduc Maghreb-Europe et donc de couper l’approvisionnement du Maroc, prévoyant plutôt d’augmenter la capacité du gazoduc Medgaz. Par la suite, en mars 2021, Alger a subi la colère de l’Espagne qui est revenue sur sa position concernant le Sahara occidental. Alors qu’elle était auparavant restée neutre sur le statut du territoire, insistant sur le fait qu’il s’agissait d’une question à résoudre par l’ONU, Madrid a approuvé le plan de Rabat visant à conserver la souveraineté sur le Sahara occidental tout en lui accordant l’autonomie pour gérer ses affaires intérieures. Cette décision était dans une large mesure motivée par la nécessité pour l’Espagne d’approfondir sa coopération avec le Maroc afin de contenir la migration, en particulier vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melita.

    En l’état actuel des choses, l’Algérie a déclaré qu’elle continuerait à approvisionner l’Espagne en gaz via le gazoduc Medgaz. Mais son ambassadeur à Madrid, qu’Alger a retiré en mars, n’est pas revenu. En outre, le gouvernement algérien a mis en garde à plusieurs reprises l’Espagne contre la réexportation du gaz qu’elle reçoit d’Algérie vers le Maroc, qui peine à compenser les pénuries causées par l’arrêt des flux via le gazoduc Maghreb-Europe.

    Le nouvel accord conclu en mai entre le géant italien de l’énergie ENI et la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach doit être considéré dans ce contexte. Même si l’Italie peut éviter plus facilement d’être mêlée au conflit algéro-marocain, les tensions dans la relation Algérie-Espagne montrent que le commerce de l’énergie en Méditerranée occidentale ne peut être dissocié des réalités géopolitiques de l’Afrique du Nord.

    À la recherche d’une position européenne

    Dans sa recherche d’approvisionnements énergétiques non russes, l’Europe se tourne à juste titre vers son voisinage méridional. L’Algérie, Israël et l’Égypte – et peut-être, à terme, d’autres producteurs d’énergie méditerranéens (ré)émergents et des pays de transit comme la Libye et la Turquie – peuvent tous jouer un rôle important dans le renforcement de la sécurité énergétique du continent. Toutefois, ces nouveaux partenariats énergétiques doivent être reconnus pour les entreprises imparfaites et géopolitiquement complexes qu’ils sont. Plus que de simples transactions commerciales, ils lient plus étroitement l’Europe à la dynamique des conflits locaux, que ce soit entre Israël, le Liban et le Hezbollah, ou entre l’Algérie et le Maroc. Ils doivent donc s’inscrire dans une approche européenne stratégique et lucide du voisinage méridional de l’UE.

    En mai, l’UE a publié sa nouvelle stratégie pour le Golfe, qui offre au moins un cadre conceptuel sur la manière dont les gouvernements européens entendent équilibrer l’expansion des relations énergétiques avec les monarchies du Golfe avec d’autres intérêts, allant de l’engagement économique aux préoccupations relatives aux droits de l’homme. Le document est loin d’être parfait, et il est loin d’être certain que nombre de ses intentions ambitieuses seront mises en œuvre. Mais si l’UE veut devenir un acteur géopolitique plus sérieux et accroître sa résilience face à des chocs politiques tels que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il est nécessaire de développer des stratégies similaires pour la Méditerranée orientale et/ou occidentale.

    Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 25/07/2022

    #Union_Européenne #UE #Gaz #Pétrole #Russie #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Israël #Egypte #Qatar

  • Implicaciones del giro de Europa hacia el gas mediterráneo

    Europa, gas, Rusia, Argelia, Italia, Sahara Occidental, Marruecos, Egipto, Israel, Qatar,

    Con las cuerdas atadas: Implicaciones del giro de Europa hacia el gas mediterráneo
    Samuel Bruning y Dr. Tobias Borck

    En sus esfuerzos por desprenderse de los suministros energéticos rusos, Europa mira cada vez más a sus vecinos del sur. Pero esto conlleva sus propios retos geopolíticos.

    Mientras las olas de calor azotan Europa, los gobiernos de todo el continente ya se preocupan por un invierno frío y una crisis energética cada vez más profunda. Desde que Rusia lanzó su guerra de agresión contra Ucrania hace cinco meses, los países europeos se han esforzado por reducir su dependencia de las importaciones de petróleo y gas ruso, entre otras cosas para limitar una de las fuentes de ingresos más importantes de Moscú. Sin embargo, también temen que Rusia se les adelante y corte los flujos de energía a Europa antes de que se hayan asegurado fuentes alternativas. Rusia ya ha dejado de suministrar gas a Polonia, Bulgaria y Finlandia, y ha reducido las entregas a Alemania, Italia y otros Estados europeos.

    Mientras Europa busca alternativas al gas ruso, resurgen los debates sobre la fracturación hidráulica (fracking), y las discusiones sobre si Europa puede importar más gas natural licuado (GNL) de los principales exportadores, como EE.UU. y Qatar, están llamando mucho la atención. Además, los Estados europeos se dirigen a los viejos y nuevos productores de gas del Mediterráneo oriental y occidental, atraídos, entre otras cosas, por la promesa de rutas de suministro cortas a lo largo de las cuales ya existen o podrían construirse gasoductos.

    En el Mediterráneo oriental, Israel se perfila como un gran productor de gas. En junio, la UE, Israel y Egipto acordaron trabajar en una asociación que podría transformar el gas israelí en GNL en las plantas egipcias de licuefacción ya existentes antes de enviarlo a Europa. Mientras tanto, más al oeste, Argelia, un viejo productor de gas que ya envía una cuarta parte de su gas a España, firmó en mayo un acuerdo con Italia para aumentar sus suministros a Europa.

    Ninguno de los dos acuerdos representa una solución rápida. Es probable que pasen años antes de que se construyan las infraestructuras necesarias en Europa, Israel y Argelia, y que estos dos últimos aumenten lo suficiente su capacidad de producción como para empezar a sustituir los volúmenes de gas que Europa importa de Rusia. Y lo que es igual de importante, ambos acuerdos vinculan más a Europa con contextos geopolíticos complejos y potencialmente explosivos. Si los países europeos deberían haber aprendido algo de la guerra de Rusia en Ucrania, es sin duda que los acuerdos energéticos son más que meras transacciones comerciales; por lo tanto, es vital considerar sus implicaciones estratégicas para la seguridad europea.

    El gas israelí, los drones de Hezbolá y la economía egipcia
    El Mediterráneo oriental ha sido durante mucho tiempo un espacio muy disputado. En la última década, las rivalidades superpuestas y los cambios de alineación entre los Estados de la región -Chipre, Egipto, Grecia, Israel, Líbano, Siria y Turquía- se han visto condicionados por los conflictos en Libia y Siria, y entre Israel y los palestinos, por nombrar sólo algunos. En varias ocasiones, estos conflictos han atraído a potencias extrarregionales, como Estados europeos, Rusia, Estados Unidos e incluso Irán, Arabia Saudí y los Emiratos Árabes Unidos (EAU).

    Con el acuerdo sobre el gas con Israel y Egipto, la UE ha aumentado su propia participación en este complejo entorno más allá de las obligaciones que ya tenía con sus Estados miembros de Chipre y Grecia. Hay que tener en cuenta dos aspectos especialmente importantes.

    Si los países europeos deberían haber aprendido algo de la guerra de Rusia en Ucrania, es sin duda que los acuerdos energéticos son algo más que meras transacciones comerciales

    En primer lugar, con el acuerdo, la UE se inmiscuye en la antigua disputa fronteriza marítima entre Israel y Líbano. El yacimiento marítimo de Karish, del que supuestamente procederá el gas destinado a Europa, es adyacente a la zona que ambos países reclaman como parte de su propia zona económica exclusiva. El gobierno de Estados Unidos ha nombrado a un enviado especial, Amos Hochstein, para que medie en la disputa, pero las negociaciones han avanzado lentamente -si es que lo han hecho- en los últimos meses.

    La capacidad del Estado libanés para participar de forma efectiva en estos asuntos es, por el momento, algo limitada, debido a una crisis económica sin precedentes y a un sistema político disfuncional. Pero Hezbolá, que sufrió un revés en las elecciones parlamentarias libanesas de mayo, parece ver el conflicto fronterizo y la atención internacional sobre la exploración de gas en el Mediterráneo oriental como una oportunidad útil para reforzar sus credenciales antiisraelíes. El 2 de julio, las autoridades israelíes declararon que habían derribado tres drones de Hezbolá que se acercaban a una plataforma de gas en Karish.

    Más tarde, Hezbolá dijo que los aviones no tripulados estaban desarmados y formaban parte de una misión de reconocimiento, pero el incidente ilustra ciertamente la volatilidad de la situación en la zona. Esto no tiene por qué disuadir a Europa de intentar ampliar el comercio energético con Israel u otros productores del Mediterráneo oriental, pero los evidentes riesgos políticos deben ser tenidos en cuenta en Bruselas y deberían informar sobre los futuros acuerdos de seguridad en la región.

    En segundo lugar, el acuerdo de gas UE-Israel-Egipto llega en un momento en que los responsables políticos de toda Europa están cada vez más preocupados por la estabilidad económica de Egipto. Golpeado por el impacto de la invasión rusa de Ucrania, en particular en lo que respecta a la seguridad alimentaria, el gobierno egipcio se esfuerza por contener una crisis económica que podría estallar. Aunque las cifras de crecimiento macroeconómico se han mantenido relativamente fuertes, la inflación y el aumento de los precios de los alimentos y la energía están provocando una tensión creciente. Marcada por la experiencia de la inestabilidad política que se apoderó de Oriente Medio y el Norte de África tras las revueltas árabes de 2010/11, y en particular la crisis migratoria desencadenada y facilitada por los violentos conflictos en Siria y Líbano, la renovada inestabilidad en Egipto representa un escenario de pesadilla para muchos gobiernos europeos.

    El acuerdo sobre el gas debería aportar algunos beneficios económicos a Egipto, pero no necesariamente de forma que contribuya a abordar la pobreza y otros retos socioeconómicos conexos de Egipto. Por lo tanto, la UE tendrá que asegurarse de que el acuerdo energético forme parte de un compromiso más amplio con El Cairo que busque aumentar la resistencia de la economía egipcia a través de la reforma.

    El gas argelino, Marruecos y el Sahara Occidental

    Mientras tanto, en el Mediterráneo occidental, Argelia ha sido durante mucho tiempo un importante proveedor de gas para Europa. España importa gas argelino a través del gasoducto Magreb-Europa, que pasa por Marruecos, desde 1996, y a través del gasoducto submarino Medgaz desde 2011. Sin embargo, las relaciones entre Madrid y Argel, incluido el comercio energético entre ambos países, se han visto afectadas de forma persistente por el conflicto entre Argelia y Marruecos por el Sáhara Occidental, que Marruecos reclama como su territorio, mientras que Argelia apoya al Frente Polisario que busca la independencia saharaui. En los dos últimos años, las tensiones no han dejado de aumentar.

    Las nuevas asociaciones con los productores de energía del Mediterráneo deben ser reconocidas como las empresas imperfectas y geopolíticamente complejas que son

    En 2021, Argelia decidió poner fin a las exportaciones a través del oleoducto Magreb-Europa y, por tanto, cortar el suministro a Marruecos, planeando en su lugar ampliar la capacidad del oleoducto Medgaz. Posteriormente, en marzo de 2021, Argel se enfadó por el cambio de posición de España sobre el Sáhara Occidental. Después de haber sido mayoritariamente neutral sobre el estatus del territorio, insistiendo en que era un asunto que debía resolver la ONU, Madrid apoyó el plan de Rabat de mantener la soberanía sobre el Sáhara Occidental al tiempo que le concedía autonomía para gestionar sus asuntos internos. La medida estaba motivada en gran medida por la necesidad de España de profundizar en la cooperación con Marruecos para contener la migración, especialmente hacia los enclaves españoles de Ceuta y Melita.

    Tal como están las cosas, Argelia ha dicho que seguirá suministrando gas a España a través del gasoducto Medgaz. Pero su embajador en Madrid, al que Argel retiró en marzo, no ha vuelto. Además, el gobierno argelino ha advertido repetidamente a España de que no reexporte el gas que recibe de Argelia a Marruecos, que ha luchado por compensar la escasez causada por el cese de los flujos a través del gasoducto Magreb-Europa.

    El nuevo acuerdo firmado en mayo entre el gigante energético italiano ENI y la compañía petrolera nacional argelina Sonatrach debe considerarse en este contexto. Aunque a Italia le resulte más fácil evitar verse envuelta en la disputa entre Argelia y Marruecos, las tensiones en la relación entre Argelia y España demuestran que el comercio energético en el Mediterráneo occidental no puede separarse de las realidades geopolíticas del Norte de África.

    La búsqueda de una posición europea

    En la búsqueda de suministros energéticos no rusos, Europa mira con razón a sus vecinos del sur. Argelia, Israel y Egipto -y quizás, con el tiempo, otros productores de energía mediterráneos (re)emergentes y países de tránsito como Libia y Turquía- pueden desempeñar un papel importante en el aumento de la seguridad energética del continente. Sin embargo, estas nuevas asociaciones energéticas deben reconocerse como las empresas imperfectas y geopolíticamente complejas que son. Más que meras transacciones comerciales, vinculan a Europa con la dinámica de los conflictos locales, ya sea entre Israel, Líbano y Hezbolá, o entre Argelia y Marruecos. Por lo tanto, deben integrarse en un enfoque europeo claro y estratégico de la vecindad meridional de la UE.

    En mayo, la UE publicó su nueva estrategia para el Golfo, que ofrece al menos un marco conceptual sobre cómo los gobiernos europeos pretenden equilibrar la expansión de las relaciones energéticas con las monarquías del Golfo con otros intereses, que van desde el compromiso económico hasta las preocupaciones por los derechos humanos. El documento dista mucho de ser perfecto, y no es seguro que muchas de sus ambiciosas intenciones se lleven a la práctica, ni tampoco cuándo. Pero si la UE quiere convertirse en un actor geopolítico más serio y aumentar su capacidad de resistencia ante choques políticos como la invasión de Rusia en Ucrania, es necesario desarrollar estrategias similares para el Mediterráneo oriental y/o occidental.

    The Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 25 /07/2022

    #Europa #Gas #Rusia #Argelia #Sahara_Occidental #Marruecos #Israel #Libano

  • Le Maroc sur WikiLeaks

    Le Maroc sur WikiLeaks

    Maroc, Wikileaks, Algérie, Israël, Qatar, Obama, Julian Assange,

    WikiLeaks a encore frappé avec 250.000 mémos confidentiels publiés.

    Julian Assange, figure de proue du site, est devenu la bête noire du Pentagone.
    WikiLeaks est une drôle de boîte noire du web d’où sortent des révélations qui font trembler Washington et provoquent des frayeurs géopolitiques. Le ministre italien des Affaires étrangères est allé jusqu’à évoquer un «11 Septembre de la diplomatie mondiale», suite aux dernières révélations de WikiLeaks. Quant à son mystérieux patron, Julian Assange, il est devenu la nouvelle icône du journalisme qui, après avoir surfé sur la protection ultra sécurisée des journalistes dans les pays nordiques, s’est mis à l’abri chez les Suisses. Victime de nouvelles cyberattaques, le site WikiLeaks a en effet trouvé vendredi refuge en Suisse alors que Washington cherche à stopper ses activités. Le site s’est installé à une nouvelle adresse, WikiLeaks.ch.

    Depuis dimanche 28 novembre, de nouvelles révélations sont publiées, faisant les choux gras des médias. Entre détails croustillants et portraits psychologiques des hommes de pouvoir, des informations d’ordre plus géopolitiques ont été rendu publics (voir encadré et page ci-contre sur le Maroc). Les câbles vont du 28 décembre 1966 au 28 février 2010 et proviennent de 274 ambassades, consulats et missions diplomatiques. Sur son site, WikiLeaks affirme que «les documents donneront aux citoyens dans le monde entier une vue sans précédents sur les activités à l’étranger du gouvernement américain». Toutefois, la vue d’ensemble n’est pas aisée puisque le site stipule que pour arriver au bout des 250.000 mémos, un individu lisant les câbles au rythme équivalent à une thèse doctorale par semaine mettrait 70 ans à lire tous les documents. Dur de faire le tour des documents donc, mais pourtant, le jeu en vaut la chandelle selon Julian Assange : «Les câbles dévoilent les USA espionnant leurs alliés et l’ONU ; fermant les yeux sur la corruption et les violations des droits de l’Homme des « pays clients » ; des arrangements discrets avec des pays supposés neutres ; et du lobbying pour les entreprises américaines ». Evidemment, ces divulgations ne sont pas du goût de tout le monde…

    Julian Assange, un homme traqué

    La traque du porte-parole de WikiLeaks coïncide avec la publication par son site de milliers de notes diplomatiques américaines, qui ont exaspéré de nombreux pays et en premier lieu Washington, lequel le considère désormais comme l’ennemi public numéro 1. Les Etats-Unis, qui ont qualifié d’ « anarchiste » le fondateur de WikiLeaks, mettent tout en œuvre pour l’arrêter. Des sénateurs américains ont ainsi annoncé qu’ils avaient déposé une proposition de loi pour faciliter les recours juridiques contre Julian Assange et son site. Installé en Suède depuis le mois d’août, Julian Assange a dû à présent fuir, étant sous le coup d’un mandat d’arrêt international, suite aux accusations de viols et agressions déposés par deux suédoises. Julian Assange nie catégoriquement et laisse entendre qu’il est victime d’une conspiration. Autour de lui, ses collaborateurs dévoués – jeunes informaticiens doués, journalistes à la plume engagée, réseau collaboratif et un bon cabinet d’avocats, élément clé d’un parcours de cyberattaquant- font bloc. Julian Assange actuellement très recherché, tant des médias que de la justice, et suite à la « notice rouge » émise par Interpol, 188 pays membres d’Interpol ont maintenant l’obligation de l’arrêter et de l’extrader vers la Suède.

    Le Maroc sur les cables

    Maroc-Israël

    Dans un document confidentiel datant du 9 juin 2009, l’ambassade américaine à Rabat voit d’un bon œil le retour à la normale entre le Maroc et Israël après les contacts que les deux pays ont eu à Rabat, entre le 3 et 5 juin 2009, à l’occasion de la tenue de la rencontre sur le terrorisme nucléaire. «Des contacts qui ont permis aux responsables des deux pays de prendre langue après une période de froid suite à la guerre israélienne contre Gaza, fin 2007 et début 2008. Durant la même rencontre, Eynat Shlein-Michael, directrice des affaires Maghreb au ministère des AE israélien, a rencontré Youssef Amrani, le SG des AE marocain». Plus tard, la responsable israélienne a confié que «Amrani a manifesté sa volonté de résoudre certaines questions en suspens, y compris les autorisations de survol, mais que le gouvernement du Maroc tarde à les livrer. Le document souligne également que Eynat Shlein-Michael a exprimé à Youssef Amrani le souhait de son gouvernement d’une part, que le Maroc soutienne activement Mahmoud Abbas et d’autre part, d’identifier les opportunités de coopération «win-win» entre le Maroc et Israël. Eynat Shlein-Michael a confié que son déplacement au Maroc s’inscrit dans un cadre strictement bilatéral et non pour participer à la conférence sur le terrorisme nucléaire. Le télex de l’ambassade américaine à Rabat rapporte que la responsable israélienne s’est dit satisfaite de son séjour marocain. Eynat Shlein-Michael a jeté des fleurs à Youssef Amrani qui «l’a présentée aux ambassadeurs français et russe», elle a en revanche souligné que «l’enthousiasme de Amrani n’est pas partagée par les autres responsables des Affaires étrangères marocains».

    Maroc-Algérie

    Un télex datant du 9 juin 2009 rapporte des propos attribués à Yassine Mansouri. En réponse à une question du sénateur Burr (à gauche), le patron de la DGED assure que «nous avons un grave problème avec l’Algérie. Le Maroc apprécie les efforts des secrétaires d’Etat Rice et Clinton visant à améliorer les relations mais la clé de nos différends avec l’Algérie est une solution de l’affaire du Sahara occidental. Mansouri a souhaité bonne chance à l’ambassadeur Christopher Ross en tant qu’envoyé personnel pour le Sahara occidental». Les discussions entre le sénateur Burr et Yassine Mansouri (à droite), (ont porté également sur les Marocains encore détenus à Guantanamo. Le chef de la DGED a demandé à son interlocuteur le «retour des deux Marocains».

    Maroc-Mauritanie

    Dans le même télex, la situation en Mauritanie a été au centre des discussions entre Mansouri et Burr. Le chef de la DGED a confié à son interlocuteur que «la stabilité de la Mauritanie est plus importante que la démocratie. Mansouri a demandé au gouvernement américain d’être plus flexible» sur cette question.

    Les «invités» du Maroc

    Un télex datant du 1er avril 2010 rapporte les discussions entre le général William Ward, le chef de l’Africom, et le général Abdelaziz Bennani. L’Américain a fait savoir à son homologue marocain que le «royaume compte plusieurs invités de marque. Bennani demande à Ward s’il fait référence à Chirac et Sarkozy. Le chef de l’Africom a répliqué qu’il faisait référence au chef de la junte militaire Dadis Camara (à l’époque hospitalisé au Maroc après une tentative d’assassinat) et à son ministre de la Défense (Sekouba Konaté, ndlr). Surpris, le général Bennani a déclaré qu’il n’avait pas d’information sur l’arrivée de ce dernier au Maroc. Bennani a fait savoir à Ward que le séjour de Dadis s’inscrivait dans un cadre humanitaire. Le général Ward a souhaité que le Maroc garde Dadis Camara le plus longtemps possible».

    Poutine-Berlusconi, comme cravate et chemise

    Des diplomates américains installés à Rome révèlent par WikiLeaks que le Premier ministre russe, Vladimir Poutine et son homologue italien Silvio Berlusconi ont une relation plus qu’amicale… Des «cadeaux somptueux» sont offerts dans les deux sens, des contrats juteux dans le domaine de l’énergie… Le Premier ministre italien se fait un malin plaisir à devenir le porte-parole « poutinien » en Europe. La diplomatie américaine juge au passage le pouvoir de Poutine en berne, affaibli par une bureaucratie ingérable et souvent indifférentes à ses directives.

    La Chine attaque (déjà) l’Amérique !

    Toujours selon les documents divulgués, les Chinois mèneraient des attaques informatiques contre les Etats-Unis et leurs alliés. Pékin a notamment ordonné le piratage de Google, explique un télégramme de janvier 2010. L’ordinateur du Dalaï Lama et de nombreux diplomates étrangers sont également espionnés depuis 2002.

    Le Qatar ennemi de la lutte anti-terroriste

    L’organisateur de la Coupe de Monde 2022 est jugé par la diplomatie américaine comme étant le pire pays de la région sur le plan de la lutte anti-terroriste. Quand au reste, ce sont, toujours selon le site, les donateurs saoudiens qui restent les principaux financiers d’Al Qaïda.

    Une visite d’Obama contre un échange de prisonniers

    On apprend que la Slovénie a accepté un prisonnier de Guantanamo sur son sol contre une visite officielle de Barack Obama. La république des Kiribati a même annoncé vouloir prendre en charge des détenus musulmans chinois contre une «valise diplomatique» remplie de dollars. Plus incroyable encore, les Américains ont proposé aux Belges d’accepter des prisonniers de Guantanamo sur son sol. Un moyen «peu coûteux» selon eux pour prendre du poids en Europe.

    Le Soir-echos.com, 06 déc 2010

    #Maroc #Wikileaks #Algérie #Qatar #Israël

  • Sanchez: Morocco, Qatar and Nigeria  to seduce Biden

    Sanchez: Morocco, Qatar and Nigeria to seduce Biden

    Spain, Pedro Sanchez, Morocco, Qatar, Nigeria, Algeria, gas,

    The international agenda of the Moncloa has focused on meetings that will allow it to become independent of Russian and Algerian hydrocarbons. All ‘partners’ of the United States

    On June 14, the image of Pedro Sánchez approaching Joe Biden in the corridors of NATO headquarters as a « bilateral meeting » occupied all the news. A ‘rudeness’ that the president of Spain has been trying to amend for a year. The threat from Russia and the economic alerts makes the friendship of the US President more necessary than ever. Sánchez has opted to curry favor with Biden through an energy alliance with both the White House and his regional partners. « Spain wants to regain a privileged position in its relationship with the US, » says José María Peredo, professor of international relations at the European University. “The situation of the war in Russia is causing it to strengthen the geopolitical relationship as well as in the energy issue. In this scenario of interests, rather than values, energy is a key factor. Spain has an active role because it links the energy issue with its foreign policy interests”, adds the professor. The first is Morocco.

    The photo of last April 7 of Sánchez in Rabat with the King of Morocco, Mohamed VI. A handshake that evidenced PM’s change of position with Western Sahara. A decision that opened a diplomatic crisis with Algeria, the great supplier of gas to Spain through a gas pipeline. The Algerian malaise set off energy alarms during the gas price crisis after the invasion of Ukraine and the corresponding sanctions on the necessary Russian gas. Since this year, the US supplies 34.6% of all the natural gas that enters Spanish territory and reaches 13,103 gigawatt-hours (GWh), the largest amount of US gas in the history of the records of the Reserves Corporation Strategic Petroleum Products (CORES) dating back to 2004.

    A figure that far exceeds the 25% figure assumed by US methane carriers in the December 2021 hydrocarbon statistical bulletin. All eyes were on the US and Joe Biden. Morocco is the strategic ally of the US in North Africa and Algeria is Russia’s classic partner in that geographical area. In this context, from the sector they see it understandable that Joe Biden’s team is behind an improvement in relations between its two allies, Spain, and Morocco, during the crisis between the West and Russia. With this operation, Biden would achieve a better relationship between two ‘colleagues’ and ensure that he maintains his position as the largest gas supplier in Spain. “Spain has an active role because it links the energy issue with its foreign policy interests. The first thing we are going to do is disassociate ourselves from Russia and then we are going to diversify our hydrocarbon suppliers. This is where the change in the relationship with Algeria is interpreted in its approach to Morocco, the visit of Qatar and Nigeria”, points out José María Peredo.

    Qatar, a new partner

    The other nod to Biden from Spain came on May 18. A massive delegation landed in Spain accompanying the Emir of Qatar, Sheikh Tamin Bin Hamad Al Thani. Qatar maintains this type of strategic dialogue with very few countries: France, Italy, UK, Japan, Turkey and China. But, above all, in the current geopolitical context after Russia’s invasion of Ukraine, the country dominated by the Al Thani family has positioned itself as one of the United States’ great Middle Eastern partners. « Qatar is the world’s second largest producer of natural gas, » recalled Pedro Sánchez’s team in their official statement after the meeting. But Spain, now, is not a preferred buyer for Qatar, as shown by Cores data. In the first quarter of 2022, even though natural gas imports are the highest for this period since 2008, arrivals from the Middle East (Qatar and Oman) have barely represented 3%, with a drop in deliveries from Qatar 67.4% between January and March.

    Pressure on Sánchez from Brussels

    The reactivation of Sánchez’s international agenda is also marked by pressure from Brussels to seek more allies to ensure supply. « The geopolitical situation and dependence on Russia for Europe’s energy supply is contributing to the escalation of gas and electricity prices, » recalls Carlos Solé, partner responsible for Energy and Natural Resources at KPMG in Spain. « The recommendations of the European Commission to curb the rise in prices point to an acceleration in the penetration of renewables and the energy transformation of the sector towards the reduction of dependence on fossil fuels and decarbonisation, the reduction of demand with the improvement of energy efficiency and the search for supply alternatives to reduce Europe’s dependence on Russia », clarifies the KPMG partner.

    A friend in West Africa

    The last chapter of Sánchez’s agenda with Biden’s ‘partners’ has been this week with the visit to Madrid of the president of Nigeria, Muhammadu Buhari. The first visit to Spain by a Nigerian head of state in the last 17 years. A meeting that served for Spain to smile at Nigeria as one of its main « and most reliable » energy suppliers -gas and oil-, and for Nigeria to approach its second largest client with its hydrocarbons. The great power of West Africa has become one of the countries that has most increased its shipments of gas carriers to Spanish ports, along with the United States, after the closure of one of the gas pipelines in Algeria.

    Nigeria started 2021 representing 7.9% of all the gas that entered Spain and, after the closure of the Maghreb pipeline in November, it rose to 17.4%. It is no coincidence that the US and Nigeria came to the rescue of Spain when Algerian gas stopped pumping due to its conflict with Morocco. Both countries maintain great bilateral relations. The relationship between Nigeria and the US is strategic for both parties, with the security component gaining weight and the importance of Nigerian oil and gas losing ground due to the exploitation of its own resources in the US. For its part, the US participates in surveillance and control tasks in the Gulf of Guinea through the “African Partnership Station” initiative and provides military, intelligence, and anti-terrorism cooperation.

    Therefore, Pedro Sánchez has worked with great allies of Joe Biden in recent months and has managed to reduce his energy exposure to Russia and, above all, to Algeria. A diplomatic job that will end on June 29 with the NATO Summit in Madrid. A meeting where Pedro Sánchez and his team hope to turn that corridor conversation into a meeting with honors.

    Voz populi, Jun 05, 2022

    #Spain #Morocco #Qatar #Nigeria #Algeria #Gas #Joe_biden #USA

  • Pedro Sanchez: Le Maroc, Qatar et Nigeria pour séduire Biden

    Espagne, Pedro Sanchez, Maroc, Qatar, Nigeria, Algérie, Etats-Unis, Joe Biden,

    Maroc, Qatar et Nigeria, les alliances énergétiques de Sánchez pour gagner les faveurs de Biden
    L’agenda international de la Moncloa s’est concentré sur les rencontres qui lui permettront de devenir indépendante des hydrocarbures russes et algériens. Tous « partenaires » des États-Unis

    Le 14 juin, l’image de Pedro Sánchez s’adressant à Joe Biden dans les couloirs du siège de l’Otan en guise de « réunion bilatérale » a occupé toute l’actualité. Une « impolitesse » que le président espagnol tente de corriger depuis un an. La menace russe et les alertes économiques rendent plus que jamais nécessaire l’amitié du président des Etats-Unis. Sánchez a choisi de s’attirer les faveurs de Biden par le biais d’une alliance énergétique avec la Maison Blanche et ses partenaires régionaux.

    « L’Espagne veut retrouver une position privilégiée dans ses relations avec les États-Unis », déclare José María Peredo, professeur de relations internationales à l’Université européenne. « La situation de guerre en Russie l’amène à renforcer les relations géopolitiques ainsi que dans la question énergétique . Dans ce scénario d’intérêts plutôt que de valeurs, l’énergie est un facteur clé. L’Espagne a un rôle actif car elle lie la question énergétique à ses intérêts de politique étrangère », ajoute le professeur.

    Le premier est le Maroc. La photo du 7 avril dernier de Sánchez à Rabat avec le roi du Maroc, Mohamed VI. Une poignée de main qui a témoigné du changement de position de la Moncloa avec le Sahara Occidental . Une décision qui a ouvert une crise diplomatique avec l’Algérie, grand fournisseur de gaz de l’Espagne via un gazoduc. Le malaise algérien a déclenché des alarmes énergétiques au milieu de la crise des prix du gaz après l’invasion de l’Ukraine et les sanctions correspondantes sur le nécessaire gaz russe.

    Depuis cette année, les États-Unis fournissent 34,6% de tout le gaz naturel qui entre sur le territoire espagnol et atteint 13 103 gigawattheures (GWh), la plus grande quantité de gaz américain de l’histoire des records de la Reserves Corporation Strategic Petroleum Products (Cores ) datant de 2004. Un chiffre qui dépasse de loin le chiffre de 25 % retenu par les méthaniers américains dans le bulletin statistique des hydrocarbures de décembre 2021.

    Tous les regards se sont tournés vers les États-Unis et Joe Biden. Le Maroc est l’allié stratégique des États-Unis en Afrique du Nord et l’Algérie est le partenaire classique de la Russie dans cette zone géographique. Dans ce contexte, du secteur, ils voient qu’il est compréhensible que l’équipe de Joe Biden soit à l’origine d’une amélioration des relations entre ses deux alliés, l’Espagne et le Maroc, au milieu de la crise entre l’Occident et la Russie. Avec cette opération, Biden atteindrait une meilleure relation entre deux « collègues » et s’assurerait qu’il maintienne sa position de plus grand fournisseur de gaz d’Espagne.

    « L’Espagne joue un rôle actif car elle lie la question énergétique à ses intérêts de politique étrangère. La première chose que nous allons faire est de nous désolidariser de la Russie et ensuite nous allons diversifier nos fournisseurs d’hydrocarbures. C’est là que s’interprète le changement de la relation avec l’Algérie dans son approche du Maroc, la visite du Qatar et du Nigeria », souligne José María Peredo.

    Le Qatar, un nouveau partenaire

    L’autre clin d’œil à Biden de Moncloa est venu le 18 mai. Une délégation massive a débarqué en Espagne accompagnant l’émir du Qatar, le cheikh Tamin Bin Hamad Al Thani. Le Qatar entretient ce type de dialogue stratégique avec très peu de pays : la France, l’Italie, le Royaume-Uni, le Japon, la Turquie et la Chine . Mais surtout, dans le contexte géopolitique actuel après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le pays dominé par la famille Al Thani s’est positionné comme l’un des grands partenaires moyen-orientaux des États-Unis.

    « Le Qatar est le deuxième producteur mondial de gaz naturel », a rappelé l’équipe de Pedro Sánchez dans son communiqué officiel à l’issue de la rencontre. Mais l’Espagne, pour le moment, n’est pas un acheteur privilégié pour le Qatar, comme le montrent les données de Cores.

    Au premier trimestre 2022, malgré le fait que les importations de gaz naturel soient les plus élevées pour cette période depuis 2008, les arrivées du Moyen-Orient (Qatar et Oman) ont à peine représenté 3%, avec une baisse des livraisons du Qatar de 67,4% entre janvier et mars.

    Pression sur Sánchez depuis Bruxelles

    La réactivation de l’agenda international de Sánchez est également marquée par la pression de Bruxelles pour rechercher davantage d’alliés pour assurer l’approvisionnement. « La situation géopolitique et la dépendance à l’égard de la Russie pour l’approvisionnement énergétique de l’Europe contribuent à l’escalade des prix du gaz et de l’électricité », rappelle Carlos Solé, associé responsable de l’énergie et des ressources naturelles chez KPMG en Espagne.

    « Les recommandations de la Commission européenne pour freiner la hausse des prix pointent vers une accélération de la pénétration des énergies renouvelables et la transformation énergétique du secteur vers la réduction de la dépendance aux énergies fossiles et la décarbonisation, la réduction de la demande avec l’amélioration de l’efficacité énergétique et la recherche d’alternatives d’approvisionnement pour réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie », précise l’associé de KPMG.

    Un ami en Afrique de l’Ouest

    Le dernier chapitre de l’agenda de Sánchez avec les « partenaires » de Biden a été cette semaine avec la visite à Madrid du président du Nigeria, Muhammadu Buhari. La première visite en Espagne d’un chef d’État nigérian au cours des 17 dernières années. Une rencontre qui a permis à l’Espagne de sourire au Nigeria comme l’un de ses principaux fournisseurs d’énergie « et des plus fiables » -gaz et pétrole- , et au Nigeria d’approcher son deuxième client avec ses hydrocarbures.

    La grande puissance d’Afrique de l’Ouest est devenue l’un des pays qui a le plus augmenté ses expéditions de méthaniers vers les ports espagnols, avec les États-Unis, après la fermeture d’un des gazoducs en Algérie. Le Nigéria a commencé 2021 en représentant 7,9 % de tout le gaz qui est entré en Espagne et, après la fermeture du gazoduc du Maghreb en novembre, il est passé à 17,4 %.

    Ce n’est pas un hasard si les États-Unis et le Nigéria sont venus au secours de l’Espagne lorsque le gaz algérien a cessé de pomper en raison de son conflit avec le Maroc. Les deux pays entretiennent d’excellentes relations bilatérales. La relation entre le Nigéria et les États-Unis est stratégique pour les deux parties, la composante sécuritaire prenant du poids et l’importance du pétrole et du gaz nigérian perdant du terrain en raison de l’exploitation de ses propres ressources aux États-Unis. De leur côté, les États-Unis participent aux tâches de surveillance et de contrôle dans le golfe de Guinée à travers l’initiative « African Partnership Station » et fournissent une coopération militaire, de renseignement et antiterroriste.

    Par conséquent, Pedro Sánchez a travaillé avec de grands alliés de Joe Biden ces derniers mois et a réussi à réduire son exposition énergétique à la Russie et, surtout, à l’Algérie. Une tâche diplomatique qui s’achèvera le 29 juin avec le sommet de l’Otan à Madrid . Une rencontre où Pedro Sánchez et son équipe espèrent transformer cette conversation de couloir en une rencontre avec les honneurs.

    Voz Populi, 05/06/2022

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  • Influence du Golfe au Maghreb -Newlines Institute-

    Influence du Golfe au Maghreb -Newlines Institute-

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    Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye ont connu des troubles politiques depuis les soulèvements du printemps arabe de 2011. Le Qatar, les Émirats arabes unis et, dans une moindre mesure, l’Arabie saoudite ont profité de leur vulnérabilité, influençant ainsi la dynamique régionale interne et plus large au Maghreb. En ignorant ces dynamiques, les États-Unis risquent d’être affectés, car l’ingérence du Golfe affaiblit la gouvernance et la stabilité au Maghreb, ce qui permettra à son tour la croissance des violations des droits de l’homme, des flux migratoires ingérables et de l’extrémisme. En encourageant indirectement ou directement le développement d’un Maghreb stable et harmonieux, Washington peut faire avancer ses propres intérêts stratégiques sans dépenser de ressources supplémentaires.

    L’importance stratégique du Maghreb

    Le Maghreb s’étend de l’Atlantique à la Méditerranée jusqu’au cœur du Moyen-Orient, couvrant un territoire vital pour la sécurité nationale des États-Unis. La région est riche en ressources énergétiques et les principaux axes de transport transméditerranéens reliant l’Europe et l’Afrique subsaharienne passent par Rabat, Tunis et Alger. Une présence chinoise croissante dans la région menace de remplacer les alliances traditionnelles avec les États-Unis et l’Europe, non seulement par le commerce, mais aussi par une coopération croissante en matière de défense et de sécurité. Entre-temps, la Russie a renouvelé son engagement militaire, économique et diplomatique dans la région, notamment par des achats d’armes et un soutien militaire sur le terrain. Alors que les capacités militaires russes dans la région sontpotentiellement exagérés , ils reflètent les visées géostratégiques de Moscou en Afrique.

    La Libye et l’Algérie possèdent toutes deux de vastes territoires méridionaux liés au Sahel, une région largement non gouvernée et essentielle pour lutter contre l’ extrémisme violent . Le manque de stabilité en Libye a influencé la contrebande et les activités extrémistes, qui se nourrissent également de la faiblesse de la gouvernance au Mali, au Niger, au Tchad et au Soudan. Cette activité s’est propagée en Tunisie et en Algérie, avec des frontières poreuses contribuant aux attaques perpétrées par des groupes extrémistes, y compris dans les principales destinations touristiques . Du point de vue des alliés européens, le renforcement de la stabilité au Maghreb contribuera à sécuriser les sources d’énergie, à réduire la criminalité à la périphérie sud de l’Europe et à lutter contre l’immigration clandestine.

    Malgré son importance stratégique, le Maghreb a historiquement suscité un intérêt limité de la part des États-Unis, et ses relations avec les pays du Golfe vont souvent à l’encontre de son objectif de stabilité et de démocratie au Maghreb. En particulier, des alliances étroites avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont traduites par un soutien aux interventions du Golfe au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye qui sapent les efforts de ces pays pour développer des démocraties fortes ou répondre aux demandes de leurs populations.

    Influence des États du Golfe au Maghreb

    Historiquement, les liens entre le Golfe arabe et l’Afrique du Nord n’ont pas été particulièrement forts . Ces dernières années, cependant, poussés par une compétition entre blocs d’États du Moyen-Orient pour l’influence régionale, les pays d’Afrique du Nord sont devenus un point chaud pour l’intervention du Golfe . Bien que les stratégies et les alignements entre les acteurs du Golfe aient changé au cours de la dernière décennie, les interventions militaires et les rivalités intenses se transformant en un engagement diplomatique timide, les pays du Maghreb restent largement incapables d’empêcher une telle ingérence d’affecter négativement leur développement démocratique.

    Les pays du Golfe reconnaissent le rôle central du Maghreb dans la réalisation de leurs objectifs stratégiques. Le Qatar et les Émirats arabes unis ont tous deux cherché à diversifier leurs alliances en matière de sécurité afin de réduire leur dépendance vis-à-vis des États-Unis et d’étendre leur influence au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Alors que les Émirats arabes unis ont principalement cherché à diversifier leur économie et à renforcer leur armée, le Qatar a tenté de se présenter comme une voix alternative au Moyen-Orient, utilisant sa richesse pour financer le très influent réseau Al Jazeera et construire une identité qatarie distincte .. L’Arabie saoudite a été moins active au Maghreb récemment, préférant consacrer plus de ressources à contrer l’influence iranienne. Alors que d’autres poids lourds régionaux tels que la Turquie étendent leurs activités au Maghreb – notamment en soutenant les forces politiques alliées islamistes et non islamistes – les pays du Golfe ont façonné leurs engagements économiques et sécuritaires au Maghreb en conséquence.

    Le printemps arabe a offert au Qatar et aux Émirats arabes une opportunité de poursuivre leurs ambitions. Alors que les mouvements d’opposition islamistes précédemment réprimés commençaient à remporter les élections post-soulèvement, les Émirats arabes unis, dont les dirigeants se sentaient menacés par ce mouvement de force anti-autoritaire, sont passés à une politique étrangère musclée impliquant des ventes d’armes, le renforcement de leur armée et des interventions dans les conflits armés. S’appuyant sur ses liens étroits avec Washington et certaines capitales européennes, Abu Dhabi a justifié cela en invoquant la nécessité de protéger les régimes anti-islamistes autoritaires du terrorisme.

    Le Qatar, en revanche, a vu les soulèvements comme une chance de démontrer ses références en tant que source d’identités alternatives pour le Moyen-Orient. Compte tenu de ses liens de longue date avec plusieurs mouvements d’opposition islamistes d’Égypte, de Libye et d’ailleurs, Doha a choisi de soutenir les islamistes sunnites, en particulier les Frères musulmans, dans leur quête d’accès au pouvoir. Cela l’a souvent mis aux prises avec les Emirats et l’Arabie saoudite – une rivalité qui s’est jouée dans les pays du Maghreb.

    Le Maroc, l’Algérie et le conflit du Sahara occidental

    Le Maroc a historiquement entretenu les liens les plus solides et les plus cohérents avec les monarchies conservatrices du Golfe, en particulier avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. La structure du régime monarchique commun, les liens familiaux et le triangle d’alliance commune avec les États-Unis, qui ont soutenu la revendication du Maroc sur le Sahara occidental, ont tous contribué à cette proximité.

    Lorsque le printemps arabe a atteint le Maroc, les pays riches du Golfe ont promis une assistance afin de pouvoir plus tard faire appel à des faveurs politiques, telles que le soutien à l’escapade menée par les Saoudiens au Yémen . Cela faisait partie d’un schéma de longue date d’interventions économiques du Golfe au Maghreb, y compris des prêts, des programmes d’aide et des investissements étrangers directs.

    Le Maroc s’est surtout efforcé de faire preuve de prudence avec l’aide du Golfe. Les Émirats arabes unis y avaient accumulé des investissements importants avant même 2011, concentrés dans l’immobilier, le tourisme, les infrastructures et la construction. Ces dernières années, l’équilibre entre les donateurs et les investisseurs du Golfe au Maroc a changé, les investissements qatariens augmentant tandis que les investissements saoudiens diminuaient. Cela a à peu près coïncidé avec la domination du Parti islamiste de la justice et du développement (PJD), jusqu’aux dernières élections de 2021. Cette augmentation de l’influence qatarie s’est peut-être plus clairement reflétée lorsqu’en 2017 le Maroc a adopté une position neutre vis-à-vis du blocus par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite contre le Qatar et a même envoyé des expéditions de nourriture à Doha par voie aérienne.

    Contrairement au Maroc, l’Algérie n’a jamais eu de relations chaleureuses avec les monarchies conservatrices du Golfe. Au lieu de cela, Alger a traditionnellement promu une politique féroce de non-alignement, limitant ses liens avec Riyad, Abu Dhabi et Doha.

    Les tentatives des pays du Conseil de coopération du Golfe d’intégrer les pays maghrébins dans leurs sphères d’influence ont été facilitées par la rivalité de longue date entre l’Algérie et le Maroc sur le statut du Sahara occidental. En août 2020, les États-Unis ont aidé à négocier les accords d’Abraham, qui ont normalisé les relations entre les Émirats arabes unis et Israël. Quelques mois plus tard, le Maroc a normalisé ses relations avec Israël, après quoi les États-Unis ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cela a renforcé le constat selon lequel la monarchie continue d’essayer d’équilibrer les relations entre le Qatar d’une part et le camp saoudo-émirati – défini par l’alignement sur les États-Unis et l’opposition croissante à l’Iran plutôt qu’à Israël – d’autre part.

    Fin 2021, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, accusant son voisin d’ »actions hostiles », notamment le non-respect de ses engagements bilatéraux concernant le Sahara occidental. Les États du Golfe ont exploité cette rivalité pour développer leurs propres investissements, et ils continuent de surveiller de près la politique intérieure des deux pays, d’autant plus que les troubles et la paralysie économique en Algérie persistent. Dubai Ports World – un outil émirati clé pour la propagation du pouvoir économique et politique – a commencé en 2008 à exploiter les ports d’Alger et le port oriental de Djen Djen. L’Algérie, qui achète traditionnellement de grandes quantités d’armes à la Russie, a également effectué d’importants achats d’équipements militairesdes EAU. Les relations diplomatiques se sont également améliorées entre l’Algérie et les États du Golfe, comme en témoignent une série de visites et de discussions de haut niveau sur les investissements et le commerce en 2020 et 2021. Cela est probablement dû aux préoccupations croissantes de l’Algérie concernant la sécurité régionale et la stabilité économique.

    Concurrence politique en Tunisie

    Avant la chute de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali en 2011, les relations tunisiennes avec les monarchies conservatrices du Golfe étaient cordiales mais pas profondes. Cela a changé lorsque les premières élections post-Ben Ali en octobre 2011 ont porté au pouvoir un gouvernement de « troïka » dirigé par le parti islamiste Ennahda, auparavant interdit. Les relations de la Tunisie avec les Émirats arabes unis se sont rapidement refroidies à tel point qu’en 2013, l’ambassadeur émirati a été rappelé de Tunis. Dans le même temps, sur la base de sa position favorable à l’islam politique, les relations du Qatar avec Tunis se sont approfondies grâce à l’expansion des investissements, des prêts, des contrats de construction, de l’aide étrangère et humanitaire, de la formation professionnelle et de la coopération militaire.

    En 2014, un nouveau gouvernement tunisien a été élu, dirigé par Béji Caïd Essebsi et son parti laïc Nida Tounis. Si Caïd Essebsi a d’abord été courtisé par les Émirats arabes unis, qui espéraient le persuader de réduire le pouvoir de ses opposants islamistes, il a tentégarder une certaine distance. Puis, en 2021, le président Kais Saied, qui avait été élu en 2019 à la suite du décès de Caid Essebsi, a gelé le Parlement et limogé le Premier ministre, ce que beaucoup ont interprété en partie comme une mesure contre l’islam politique. Notamment, le gouvernement a fait une descente dans les bureaux du média qatari al Jazeera à Tunis le lendemain de la prise de pouvoir de Saied, et peu de temps après, l’Arabie saoudite a promis une assistance pour soutenir la crise du COVID-19 en Tunisie. En plus de faire à nouveau basculer le pendule vers l’axe saoudo-émirati au sein du Conseil de coopération du Golfe divisé, la prise de pouvoir de Saied a suscité des inquiétudes parmi les islamistes du reste de l’Afrique du Nord, ainsi que des inquiétudes quant à la stabilité générale de la région.

    Les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite ont tous cherché depuis 2011 à exercer subtilement leur influence en Tunisie. Dès les premières semaines qui ont suivi les soulèvements de 2011, ces pays ont mobilisé leurs réseaux médiatiques pour lancer des campagnes qui ont contribué à approfondir la polarisation entre partisans et opposants à l’islam politique. Les médias tunisiens ont bénéficié de financements externes mal réglementés du Qatar et des Émirats arabes unis pour diffuser de faux messages, sapant la liberté des médias nouvellement acquise par les Tunisiens. Ces pays ont également utilisé leurs réseaux médiatiques pour courtiser les partis et les politiciens avant les élections , promettant des investissements et d’autres formes de soutien. Comme en Libye, les analystes ont identifié des preuves de campagnes coordonnéesparmi des comptes basés en Arabie saoudite, en Égypte et aux Émirats arabes unis poussant un récit anti-islamiste dans les jours qui ont suivi la prise de pouvoir de Saed, créant l’apparence d’un soutien populaire à sa décision. De telles actions ont contribué aux inquiétudes concernant l’ingérence étrangère, affaiblissant la confiance des Tunisiens dans la démocratie.

    Après la chute du gouvernement Ben Ali en Tunisie, certains à l’intérieur du pays craignaient que des acteurs du Golfe tels que le Qatar ne profitent du chaos pour financer des associations caritatives, des prédicateurs et d’autres activités qui favoriseraient la marque de l’islam qu’ils soutenaient. Bien que le financement de cette forme d’intervention soit particulièrement difficile à suivre et que, contrairement à l’intervention militaire, ses effets ne soient pas aussi concrets, beaucoup l’attribuent à la montée de l’extrémisme en Tunisie. Compte tenu de l’environnement extrêmement restreint auquel les islamistes ont été confrontés sous Ben Ali, cette affirmation a probablement un certain mérite.

    Guerre et diplomatie en Libye

    Lorsque les soulèvements du printemps arabe ont éclaté en février 2011 en Libye, le Qatar et les Émirats arabes unis ont vu dans leur intérêt de soutenir le renversement de Mouammar Kadhafi. Une aide financière inconditionnelle et bilatérale ainsi que du matériel, des combattants et de la formation des deux pays ont immédiatement commencé à affluer vers les groupes rebelles anti-Kadhafi, ainsi qu’un soutien enthousiaste à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye. Le Qatar et les Émirats ont cependant soutenu différents groupes rebelles, sur la base des liens existants, ce qui les a finalement conduits à soutenir les factions libyennes opposées et a jeté les bases de leur rivalité ultérieure, qui a émergé à l’été 2014.

    Le soutien du Golfe aux Libyens individuels semble également contribuer à alimenter le conflit. Par exemple, le soutien qatari à Abdelhakim Bilhaj – un ancien membre du groupe d’opposition libyen islamique combattant – a peut-être contribué à la défaite de Bilhaj dans sa candidature à un siège au Congrès national général en 2012, certains l’accusant d’être un agent du Qatar. . L’ancien ambassadeur de Libye aux Émirats arabes unis, Aref al-Nayed, a profité de ses liens avec Abou Dhabi pour lancer sa propre carrière politique, aspirant à devenir président de la Libye à l’issue des élections initialement prévues en décembre 2021. Les Émirats ont également provoqué un scandale en embauchantL’envoyé spécial de l’ONU Bernardino León en tant que directeur général de son académie diplomatique après avoir terminé son mandat de principal médiateur entre les deux parties en conflit en 2015. Cela a soulevé des questions légitimes concernant le comportement de Leon en tant qu’arbitre impartial, sapant l’autorité de l’ONU.

    Au fil du temps, les approches du Qatar et des Émirats arabes unis en matière d’engagement militaire dans le conflit libyen ont évolué. À partir de 2013 environ, l’implication du Qatar a diminué, en raison des réactions négatives d’autres pays de la région, de son propre changement de leadership et d’une prise de conscience croissante de sa capacité limitée à réaliser le type d’influence qu’il avait autrefois envisagé malgré son alliance avec la Turquie. Pendant ce temps, l’implication des Emirats s’est accrue, en particulier à mesure que les tensions montaient entre les coalitions s’identifiant à l’islam politique ou s’y opposant. L’intervention des Émirats arabes unis dans le conflit libyen a évolué vers une stratégie à plusieurs volets parallèle à celle au Yémen, impliquant l’utilisation d’acteurs par procuration, une alliance solide avec l’Égypte (nécessaire pour sa puissante armée), travaillant par l’intermédiaire de tribus et d’expatriés (comme Nayed) et un engagement potentiel contre le terrorisme.

    Bien que ni les objectifs du Qatar ni ceux des Émirats arabes unis n’aient changé au Maghreb, depuis 2011, tous deux ont transformé leurs engagements en une diplomatie plus pragmatique. Pour le Qatar, cela a pris la forme d’un partenariat direct avec le gouvernement d’entente nationale (GNA) internationalement reconnu basé à Tripoli. Le GNA d’ici 2019 était fortement soutenu par la Turquie – un autre poids lourd régional avec des ambitions géostratégiques et économiques en Libye et dans l’ensemble du Maghreb.

    Après le départ début 2021 du président américain Donald Trump – avec qui les EAU avaient été très proches – et la défaite de la coalition anti-GNA en Libye, les EAU ont commencé à approfondir leur diplomatie dans toute la région, y compris avec son ancien rival en Libye, Turquie. Alors que le conflit cinétique en Libye s’est calmé pour le moment, son processus politique s’est également effondré, et beaucoup perçoivent ces dynamiques régionales changeantes comme instables.

    Conclusion

    Bien que les stratégies du Qatar, de l’Arabie saoudite et des Émirats pour faire avancer leurs programmes au Maghreb aient changé depuis 2011, leurs objectifs n’ont pas changé. Ils visent à faire progresser leur influence régionale tout en protégeant leurs propres régimes. Les formes et les niveaux d’intervention du Golfe au Maghreb varient dans le temps, mais ils sont toujours dans l’intérêt des États du Golfe, et non du Maghreb. Bien que les interventions puissent avoir des effets en aval bienvenus – par exemple, la création d’emplois grâce à de lourds investissements du Golfe dans des secteurs clés – ces investissements s’accompagnent de coûts politiques qui sapent le développement démocratique en décourageant les tentatives de négociation et de compromis politiques.

    Les États-Unis et leurs alliés européens devraient veiller à ce que les valeurs libérales soutiennent les forces menacées par les interventions du Golfe. Par exemple, l’administration Biden devrait faire preuve de vigilance sur le terrain alors que la Tunisie continue de connaître des tumultes politiques et économiques afin de s’assurer que sa politique n’est pas dictée par la volonté de ses alliés du Golfe. Les États-Unis peuvent également continuer à soutenir la réglementation des plateformes de médias sociaux, notamment Facebook et Twitter, afin qu’elles ne soient pas utilisées par des pays étrangers pour propager des campagnes de désinformation qui, à leur tour, perpétuent les conflits.

    par Karim Mezran, Sabina Henneberg

    Karim Mezran est directeur de l’Initiative nord-africaine et chercheur principal résident au Centre Rafik Hariri du Conseil de l’Atlantique.
    Sabina Henneberg est l’auteur de Gérer la transition : la première phase post-soulèvement en Tunisie et en Libye.

    Newlines Institute, 01 juin 2022

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