Étiquette : Rachad

  • Algérie/ La détresse psychique du planning psychotique de la djoumouaâ !

    par Hakim Laâlam

    Vouloir dédiaboliser Rachad, c’est comme de tirer le diable par la queue.

    Lubrique, le diable n’en demandait pas tant !

    Ces constats qui ne me feront pas aimer ! Tout de suite, d’entrée, ces précisions sur ma conception de l’amour. Je n’en manque pas, al-hamdoulillah ! Je ne me lève pas le matin en me disant de manière fébrile et fiévreuse « combien d’amis virtuels et de like vais-je gagner ce jour ? Et à combien se montera mon capital affection le soir, au coucher ? » Si c’était le cas, ma place serait sur un divan, allongé, à répondre aux questions d’une ou d’un psy, ou des deux à la fois, mon cas étant décidément désespéré !

    Donc, ma définition de l’amour et de l’affect ainsi posée, passons à ces questions qui ne me feront pas aimer et qui me feront sortir du confort de la reconnaissance et de la considération des barricades : en Suède, les sujets du royaume sont-ils soumis à l’obligation d’une autorisation pour manifester ? Oui !

    Dans cet autre royaume, le Danemark, des manifestants doivent-ils communiquer à l’avance, au moins 48 heures avant, l’itinéraire de leur manifestation ? Oui ! En Allemagne, qui n’est pas un royaume, mais un État fédéral, les manifestants des différents lands doivent-ils souscrire obligatoirement et légalement à la double obligation de l’autorisation de défiler et de la communication du trajet de la manif ? Là aussi, oui ! Oui ! Oui ! Et re-oui !

    Alors, pourquoi ceux qui appellent à l’établissement — enfin — d’un État de droit crient-ils comme des gorets à la dictature parce que Djidji applique enfin le principe républicain de l’autorisation de manifester ? Autre question. La revendication essentielle, pour ne pas dire l’unique revendication, celle du départ de Abdekka ayant été satisfaite depuis longtemps, se résume à un slogan : «Yetnahaw gaâ !» C’est le slogan le plus débilitant qu’il m’ait été donné d’entendre proférer ! Non ! Ma yet’nahawouch gaâ ! Parce que sinon, ça serait injurieux et profondément insultant pour toutes ces femmes et hommes, cadres et commis de l’État qui travaillent honnêtement depuis des lustres et qui ont souffert à leur niveau du règne des Bouteflika’s. Ou alors, si on veut jouer à ce jeu-là du « Yetnahaw gaâ », alors yetnahaw gaâ aussi ceux de la içaba du Hirak.

    Ceux qui s’y sont introduits par effraction religieuse et opportuniste et en ont quasiment pris le contrôle depuis. Ceux qui en vivent et en font un fonds de commerce qu’ils monnayent dans les chancelleries. Tu veux jouer ? Jouons ! Mais à fond, et de fond en comble, h’bibi ! Et puis dernière question : que faire de ces vendredis lorsqu’on ne sort pas balancer « fils de pute et prostituées à des flics femmes et hommes » ? Pour cette dernière question, peut-être la plus dramatique, je peux toujours refiler l’adresse de mes psys aux plus désespérés du planning soudain vide de la djoumouaâ ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

    Le Soir d’Algérie, 11mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, Rachad, Issaba, marches, manifestations,

  • Rachad, MAK, El Karama : Collusion diabolique contre l’Algérie

    RACHAD, LE MAK ET LES 3,5 MILLIONS D’EUROS DE L’ORGANISATION QATARIE EL-KARAMA : Collusion diabolique contre l’Algérie

    La nébuleuse terroriste, ne s’embarrasse pas de nouer des liaisons souvent illogiques pour concrétiser ses objectifs souvent en totale contradiction avec les aspirations des masses populaires. Lors de la chute du Chah d’Iran, l’Ayatollah Khomeiny qui était réfugié à Neauphle-le-Château en France s’était bien appuyé sur les structures des syndicats des travailleurs iraniens et sur le parti communiste le « Toudeh » pour faire triompher sa révolution et installer un Etat théocratique. Quand il s’agit de convergence d’intérêt, les organisations terroristes ne reculent devant aucune alliance, aussi illégitime soit-elle pour atteindre leurs objectifs. Et c’est ce qui se passe actuellement avec la convergence et l’alliance Rachad le MAK.

    Les preuves de cette collusion sont légion et chaque jour, apporte plus d’éclairage sur les relations ténébreuses de ces deux organisations tombées aux mains des parrains du terrorisme islamiste, le Qatar et la Turquie.

    Leurs liens avec l’organisation El-karama, qui se veut une association à but non lucratif versée dans la défense des droits de l’Homme, des opprimés et des droits des minorités, mais qui en réalité est une véritable caisse noire du terrorisme islamiste. On retrouve ses traces aussi bien en Lybie, en Tunisie, en Syrie et également en Irak et au Liban, où elle aurait financé des opérations de liquidation de dirigeants militants du Hezbollah pro Iran.

    Le 13 décembre 2019, une lettre signée par le président de cette organisation, Abderahamane Ben Amir Ennaimi, adressée au dirigeant de l’organisation Rachad-Zitout, l’invitait à participer à une réunion, à l’ambassade du Qatar à Londres. Cette rencontre à laquelle étaient également invités l’ambassadeur du Qatar en Grande Bretagne, Elyas Rahmani, ainsi que Arslane Hamzaoui, présenté comme un conseiller du président du MAK, Ferhat M’henni.

    Cette rencontré devait permettre la signature d’un nouveau contrat entre l’organisation El-karama et ses représentants en matière de défense des droits de l’Homme et des minorités. Et ce n’était là qu’une rencontre parmi tant d’autres qui sont tenues pendant une dizaine d’années au cours desquelles l’organisation qatarie a financé le MAK et Rachad à près de 3,5 millions d’euros.

    Cela est une nouvelle preuve du jeu trouble de Rachad qui ne s’embarrasse pas de conclure les alliances les plus diverses et les plus controversées au nom de la défense des droits de l’Homme. En réalité, Rachad est une machine qui brasse des fonds importants versés par ses soutiens et ses parrains que sont le Qatar et la Turquie. Sa collusion avec le MAK, dans la conjoncture actuelle répond à un programme établi par les cercles occultes qui en ont fait un outil pour déstabiliser l’Algérie. Ces derniers estiment que le moment est venu de passer à une autre étape dans leur œuvre de déstabilisation de l’Algérie. Cette stratégie et ce modus operandi avait bien fonctionné en Lybie, en Syrie, en Egypte et en Tunisie, et aujourd’hui on tente de le reproduire en Algérie avec comme tête de pont ou bras levier pour cette œuvre, Rachad et le MAK. Le peuple doit se montrer vigilant notamment en cette conjoncture difficile marquée par la pandémie et ses retombées négatives sur la situation économique du pays et le pouvoir d’achat des citoyens. Il est nécessaire de faire front contre les tentatives de déstabilisation de l’Algérie qui sont commandées par des cercles occultes installés à l’étranger et menées sur le terrain par de jeunes compatriotes, égarés et qui ont été embrigadés par les relais de Rachad et le MAK. L’avenir ne fera qu’apporter des preuves supplémentaires sur le jeu obscur de ces deux organisations.

    Slimane B.

    Le Courrier d’Algérie, 02 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Rachad, Turquie, Qatar, El Karama,

  • Algérie : Ali Belhadj est-il l’avenir du Hirak ?

    par Arezki Metref

    Je sais, la question est un brin excessive mais franchement, je ne sais plus trop où on en est. Ah oui ! Le Hirak, la transition… Disons les choses simplement, peut-être même au ras des pâquerettes. Eh bien, il m’est avis que tout cela se résume à ceci : on y va avec les islamistes (Rachad, Ali Belhadj…) ou sans eux, ou même contre eux !

    Sommes-nous dans cette régression qui, en dépit des avancées considérables du mouvement de février 2019, nous ravale dans cette quadrature du cercle des années 1990 ? Souvenons-nous ! L’importance octroyée alors au Front islamique du salut (FIS), gonflé aux hormones par les manipulations politico-policières du pouvoir nationaliste, avait fini par nous infliger cette équation impossible : on ne peut rien faire avec le FIS, on ne peut rien faire sans le FIS !

    200 000 morts, des tas de traumatismes plus tard, et une atrophie politique hallucinante, sommes-nous encore condamnés à la même fatalité ? On a en effet cette funeste impression. Après la formidable mobilisation du Hirak qui a permis de dépasser, dans la paix et l’intelligence collective, les fractures idéologiques, il serait incongru de recouvrer les anciens pôles antagoniques. Les gentils « réconciliateurs », attentifs à la volonté populaire en s’alliant avec les islamistes, contre les méchants « éradicateurs », bras séculier de l’armée, déterminés à soutenir la dictature ? Trop simpliste et fallacieux !

    Nul n’a envie de revenir aux atrocités de la guerre intérieure qui a ravagé notre pays et qui a conduit à produire un autre ravage fait de déliquescence nationale et de gangrène de la corruption : 20 ans de bouteflikisme. Ces vingt années sont en elles-mêmes une autre guerre plus pernicieuse encore puisqu’elle a non seulement d’autorité passé l’éponge sur les crimes et la tragédie, mais aussi amnistié les criminels en permettant et même en promouvant l’idéologie sur laquelle ils continuent à prospérer. De plus, le bouteflikisme a parachevé la déchéance de la noblesse du politique, ravalé au rang de « marchandise » appartenant conjointement à des responsables dans l’appareil d’État et à des affairistes véreux.

    Au début du Hirak, nous avions interrogé de nombreux militants. Ils nous avaient confié que le premier vendredi, celui du 22 février 2019, la plupart d’entre eux avaient hésité à s’impliquer car ils soupçonnaient un appel des islamistes. Le texte occulte publié sur les réseaux sociaux, précisant que la marche débuterait après la prière du vendredi, ils en déduisirent qu’il s’agissait d’un appel islamiste. Ils rejoignirent le mouvement dès lors qu’ils s’aperçurent que ce n’était pas le cas. Puis, le vendredi 8 mars, dédié à la Journée de la femme, a définitivement convaincu du caractère démocratique des revendications proclamées par le Hirak.

    Il y eut, en effet, pendant toutes ces semaines une rencontre des Algériens tendus vers le même objectif, celui d’un changement du système dans le respect des idéologies et des appartenances des uns et des autres. On vit les jeunes d’El Harrach, connus pour leurs sympathies plutôt islamistes, atypiques dans la mesure où cela est teinté de pugnacité provocatrice des supporters de foot, dialoguer avec les militantes féministes opposées au code de la famille et à l’infamie de la condition de la femme telle qu’inspirée de l’islam. On vit aussi les jeunes de Belcourt et de Bab-el-Oued, ceux-là mêmes qu’avait utilisés le pouvoir de Bouteflika pour casser la marche du 14 juin 2001 du Printemps noir, répondre aux objurgations de Gaïd Salah : « Casbah, Bab-el-Oued, Imazighen ! » Puis, au fil des semaines, tant qu’il servit de levier, le Hirak vécut dans la pluralité et le pacifisme, redonnant ses lettres de noblesse à l’Algérie dont l’image était très abîmée. Gaïd Salah, qui était favorable à un cinquième mandat de Bouteflika, essaya de rallier le Hirak entre séduction et menaces, jusqu’à la démission forcée de l’ancien Président. Mais, une fois celle-ci obtenue, il commença à réprimer car le mouvement contestait son agenda politique et notamment la présidentielle qu’il avait été contraint de reporter.

    Durant toute cette période, le mouvement inventa cet état d’esprit qui allait devenir sa substance, un mouvement plus éthique que politique, sécrétant des valeurs de tolérance, d’écoute, de dialogue qui ont fait émerger ce qu’il y a en nous de plus grand. Il n’était pas anormal qu’un tel mouvement dont rêverait tout groupe politique en panne de projet, suscite la convoitise à la fois des forces politiques partisanes et du pouvoir qui ont échoué, pour des raisons diverses qu’il s’agira de déterminer, dans leur démarche. Sans compter les calculs géostratégiques des grandes puissances.

    L’autre caractéristique du mouvement, outre sa réticence à mandater des représentants,(1) c’est la capacité quasi innée à résister au défaitisme comme aux tentatives de récupération. Quand on voit à quel point Rachad, Ali Belhadj et les autres essayent de s’accaparer le mouvement par la violence tout comme par le sortilège religieux mâtiné de propagandisme de la contrainte, il y a lieu de dire stop, quitte à encourir l’étiquette bien commode d’« éradicateur », empêcheur de prier en rond. Sans être dupe des manigances du pouvoir dans le surdimensionnement de la composante islamiste du mouvement pour se donner le rôle de sauveur, il faut quand même s’interroger sur la viabilité d’un chemin commun avec un mouvement auquel appartiennent un Anouar Haddam — porte-parole des GIA qui avait revendiqué l’attentat du boulevard Colonel-Amirouche à Alger, en 1994 —, et Zitout et Dhina, ex-cadres du FIS. Quant à Ali Belhadj dont deux idées passeront à la postérité – « la démocratie c’est kofr » et « la fonction de la femme est de servir à la reproduction des croyants » —, c’est sans commentaire.

    Il y a un chemin, c’est celui que montre le Hirak depuis son commencement. Il est contenu dans ce slogan qui date des années 1990, et qui souligne l’équidistance nécessaire entre le pouvoir et l’intégrisme : « Pour une Algérie, libre et démocratique .»
    A. M.

    1) Pourquoi le mouvement est-il si rétif à désigner des délégués ? La question suscite une curiosité légitime. Une étude sérieuse s’imposerait. Au-delà du Hirak, la défiance à l’égard du politique totalement délégitimé pousse certains mouvements de protestation contemporains, comme les gilets jaunes en France, à adopter la même attitude. S’agissant du Hirak, l’observation empirique conduit à constater que c’est le pouvoir qui, a contrario, désigne ses représentants par le biais de la répression.

    Le Soir d’Algérie, 28 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, Islamistes, FIS, Ali Belhadj, Rachad,

  • Algérie : Rachad ciblé par des mandats d’arrêt internationaux

    DES MANDATS D’ARRÊT INTERNATIONAUX ONT ÉTÉ ÉMIS
    Rachad ciblé par la justice

    par Abla Chérif

    Quatre activistes établis à l’étranger, et bien connus des Algériens pour leurs vidéos virulentes qui inondent la toile, sont désormais catégoriés comme étant des terroristes activant pour le mouvement Rachad par la justice algérienne qui a émis des mandats d’arrêt internationaux à leur encontre.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Mohamed Larbi Zitout, Amir Boukhors plus connu sous le nom de « Amir Dz », Hicham Abboud et un certain Mohammed Abdellah ont été cités dans un communiqué rendu public par le tribunal de Bir-Mourad-Raïs qui retrace également le fil de l’affaire. Selon ce texte, on comprend en effet que tout est parti de l’arrestation d’un certain Ahmed Mansouri, un nom inconnu du grand public mais présenté comme étant un ancien membre du Front islamique (FIS) dissous responsable de milliers de morts durant la décennie noire.

    «Il a rejoint les groupes terroristes et a été condamné en 1994 à la peine capitale avant de bénéficier des dispositions de la Concorde civile», fait savoir le communiqué du procureur du tribunal de Bir-Mourad-Raïs. Le dénommé Mohammed Abdellah est accusé d’avoir « utilisé des documents falsifiés pour retirer des pièces d’identité et des documents de voyage et de création de sociétés ayant servi à financer des activités subversives à travers le mouvement Rachad ».

    Le procureur général indique, d’autre part, que les investigations menées avec l’ancien activiste du FIS dissous ont démontré qu’il préparait avec Amir Dz, Hichem Abboud et Mohamed Abdellah une opération visant à «mettre sur pied des plans d’atteinte à l’ordre public, notamment l’exploitation du Hirak (…) dans le but de le faire sortir de son caractère pacifique». Ils sont poursuivis pour «adhésion à un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et l’unité nationale, financement d’un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et blanchiment d’argent dans le cadre d’une bande criminelle ».

    Larbi Zitout est, lui, poursuivi pour «gestion et financement d’un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et l’unité nationale, faux et usage de faux et blanchiment d’argent dans le cadre d’une bande criminelle ». Ce dernier est considéré comme étant l’un des principaux dirigeants du mouvement Rachad.

    Les noms les plus connus figurant dans la liste du groupe publiée par la justice algérienne se trouvent réfugiés dans des capitales étrangères d’où ils activent notamment en diffusant des vidéos très virulentes à l’égard du pouvoir en place et de l’institution militaire en particulier. Cet activisme qui redouble d’intensité selon les évènements que traverse le pays est considéré comme étant la face visible des tentatives de déstabilisation à l’égard de l’Algérie.

    Sans nommer les concernés, des communications officielles de membres du gouvernement et même du ministère se multiplient depuis plusieurs semaines pour dénoncer le contenu des pages internet (sur les réseaux sociaux) gérées à partir de l’étranger. Il faut également rappeler qu’un doigt accusateur a été pointé dans cette direction lors de l’éclatement de l’affaire de l’ancien secrétaire particulier du défunt Gaïd Salah.

    Dans un communiqué rendu public par les services de sécurité, Guermit Bounouira avait été accusé d’avoir dérobé des documents sensibles du ministère de la Défense, d’avoir fait fuiter des informations confidentielles et de les avoir mises à la disposition d’agitateurs établis à l’étranger avec lesquels il était en contact.

    La même source a également fait savoir que ces individus, eux aussi en fuite et recherchés par la justice, étaient, à leur tour, chargés d’un travail de propagande basé sur les informations mises à leur disposition. Une allusion claire à « Amir dz », Larbi Zitout et le reste des membres du groupe cité par le communiqué du tribunal de Bir-Mourad-Raïs.

    Ce qu’il faut savoir est que tous les mis en cause ont déjà des affaires avec la justice algérienne. Le 17 février dernier, Hicham Abboud a, par exemple, fait l’objet d’une condamnation à sept ans de prison et à la confiscation de tous ses biens par le tribunal de Chéraga pour « atteinte à l’unité nationale et participation à une entreprise de démoralisation de l’armée ».

    Comme les autres activistes recherchés par la justice algérienne, il a fait également l’objet d’un mandat d’arrêt international. « Amir Dz » fait à lui seul l’objet de sept mandats d’arrêt internationaux mais n’a jamais fait l’objet de condamnation à l’extradition.

    La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si la nouvelle qualification donnée à leurs activités est à même de modifier la situation.
    Le fait de les avoir classés terroristes devrait en principe amener à changer la donne et la manière de percevoir leur dossier par les autorités des États les abritant.

    Le Soir d’Algérie, 23 mars 2021

    Tags : Algérie, Rachad, Mohamed Larbi Zitout, Amir Boukhors, Hicham Abboud,

  • Algérie : Hirak, où en est-il ?

    par Hassan Zerrouky

    Le Hirak est de retour, c’est un fait. Qu’il structure le champ politique, c’est une évidence. Qu’il ne parvienne pas à se donner une visibilité et un horizon, ou à se transformer en projet politique, et que ça fasse débat, c’est une vraie question. Qu’il ait ouvert un espace à un spectre de courants sociopolitiques et idéologiques comme l’islamiste Rachad notamment, qui ne veut pas être labellisé d’islamiste comme si c’était une honte, c’est un autre fait : il est le plus cité et a tendance à vouloir imposer son leadership. Mais de là à affirmer que les islamistes, Rachad en tête, qui ont pris en marche le train de la mobilisation populaire en toute discrétion, se sont convertis aux idéaux et valeurs de la démocratie et de la citoyenneté, sans qu’ils aient fait leur aggiornamento, reste à démontrer. La question du statut des femmes, du code de la famille et de la séparation du religieux et du politique, des thèmes qu’il serait de bon ton de ne pas remuer pour ne pas froisser ou fâcher les islamistes, montre que le chemin vers la sécularisation et le changement radical reste parsemé d’embûches.

    Second constat, les clivages politico-idéologiques au sein du Hirak sont une réalité. À un moment ou à un autre, faute de clarifications politiques rendues nécessaires par le mouvement populaire, ces clivages ne pouvaient que refaire surface. Est-ce le fait d’une manipulation des services ? Ne faut-il pas plutôt se demander pourquoi ces clivages ont eu un certain écho maintenant, dans un contexte d’apparition de slogans discutables avec pour conséquence une baisse de la mobilisation populaire par rapport à ce qu’elle était avant la pandémie ? Chacun a pu observer que les couches moyennes, les élites et même des militants de la première heure sont moins présents dans les marches du vendredi. On pourrait y voir clair si les autorités n’empêchaient pas les différents acteurs du Hirak de débattre librement dans une salle, en présence des médias, au lieu de les contraindre, pour échanger, à passer par la case des réseaux sociaux, dont on connaît les limites. Cela avait pourtant été le cas avant le 12 décembre 2019, avant que, sous divers prétextes, des salles aient été interdites aux différents acteurs se revendiquant du Hirak.

    En droite ligne de ces constats, depuis le retour du mouvement, les slogans —« État civil et non militaire » associés à d’autres plus clivants et dont la pertinence politique reste à démontrer — sont la dominante des marches du 26 février et des suivantes, excepté peut-être pour celle du 8 Mars. Un État civil – il ne faut pas être naïf — ne mène pas forcément et directement à un État de droit. Sans garanties et garde-fous consensuels préalablement établis dans le cadre d’une charte par tous les acteurs politiques, autour des libertés dont la liberté de conscience, de l’égalité citoyenne et de la séparation du politique et religieux, l’État civil tel que revendiqué est une coquille vide et une porte ouverte sur l’inconnu.

    Un État de droit ne peut être protégé que par la constitutionnalisation de la séparation des pouvoirs et par des textes de loi qui consacrent les libertés d’organisation, d’expression et de la presse et de conscience et, partant, la citoyenneté. Sans ces garde-fous politico-institutionnels clairement énoncés et acceptés par tous les acteurs et qui devraient figurer comme objectifs prioritaires du mouvement populaire du 22 février, comment empêcher la violation des droits du citoyen, assumer sans contrainte son droit à la différence et éviter que le religieux instrumentalisé ne vienne interférer, brouiller le jeu politique et le débat d’idées ? Et ainsi mettre à l’abri la démocratie, afin d’éviter qu’un courant, fût-il animé en paroles des plus belles intentions, n’accapare, au nom du peuple, la volonté de changement exprimée par des millions d’Algériens ? Le peuple ? Voilà une autre notion dont se parent, en guise de légitimité, les États autoritaires pour imposer leurs politiques au mépris des principes démocratiques et de liberté ayant permis à leurs dirigeants d’arriver au pouvoir…

    Raisons pour lesquelles sans tous ces garde-fous, les libertés et le vivre-ensemble ne sont pas possibles et resteront un vœu pieux. Ces questions-là doivent être tranchées maintenant, demain ce sera trop tard. À jeudi.

    Le Soir d’Algérie, 18 mars 2021

    Tags : Algérie, Hirak, Rachad, islamistes,

  • Algérie / Les cinq principes de la propagande de guerre appliqués au discours de Rachad

    Par Ahmed Bensaada

    De nombreuses années d’observation des conflits à travers le monde et une étude minutieuse des « médiamensonges » ont permis à mon ami Michel Collon de dresser une liste de cinq principes de propagande de guerre. Ces derniers sont applicables à toutes les guerres et servent à conditionner l’opinion publique à l’acception d’une confrontation ou d’un conflit armé. M. Collon rappelle qu’il a été fortement inspiré par l’ouvrage de l’historienne Anne Morelli intitulé : « Principes élémentaires de propagande de guerre ».

    Voici un exercice intéressant dans la conjoncture actuelle: analyser le discours du mouvement islamiste Rachad qui regroupe des anciens du FIS (Front Islamique du Salut), à l’aune de ces cinq principes.

    1- Cacher les intérêts

    « Nous ne cherchons pas le pouvoir », « nous voulons libérer le peuple de l’emprise des généraux », « Dawla madaniya, machi aaskaria » (Un état civil et non militaire), « nous voulons sauver notre pays de la mafia », « nous ne sommes pas des islamistes », « nous sommes ouverts à toutes les idéologies », etc.

    Autant d’affirmations qui sont en complète contradiction avec le passé politico-religieux des principales figures de ce mouvement, de leurs relations douteuses avec la nébuleuse islamiste internationale, de leurs sympathies avec les djihadistes libyens et syriens et de leur appartenance à l’organisation islamiste internationaliste « Motamar El Oumma » et son projet de califat « rachidiste ».

    Et pour ceux qui en doutent encore, on leur recommande fortement de visionner quelques-unes des nombreuses vidéos de notre ami Rafaa.

    2- Cacher l’histoire

    Le mouvement Rachad s’est forgé une réputation dans la falsification de l’histoire de la décennie noire. Experts dans le « qui-tu-quisme », les militants de Rachad s’évertuent à blanchir les terroristes et à noircir les militaires, à innocenter les djihadistes et incriminer l’armée algérienne. Pour eux, les djihadistes qui ont pris les armes ne sont que des gentils touristes qui aiment la randonnée pédestre dans les maquis algériens, alors que les militaires sont des méchants qui n’aiment pas les randonneurs.

    Pitoyable inversion des rôles qui ne fait que remuer le couteau dans la plaie de milliers de familles qui ont perdu des êtres chers.

    Occulter l’histoire et la métamorphoser: une spécialité de Rachad!

    3- Diaboliser l’adversaire

    Le troisième principe de propagande de guerre est très commun dans le discours de Rachad : le gouvernement, les militaires, les responsables, tous sentent le soufre de l’enfer. Rien de bon n’a été accompli et ne sera jamais accompli par eux. Ils sont le mal personnifié. Toute petite historiette est montée en épingle, saupoudrée de quelques « fake news » présentées comme des vérités vraies, alimentant des heures interminables de diarrhées verbales hululées dans le cyberespace et sur Al Magharibia, leur chaine de propagande.

    On accuse de crimes, on invente des histoires, on exagère des évènements, on sort du contexte, on utilise fallacieusement des vidéos ou des images émouvantes tout en abusant du pathos : Rachad fait feu de tout bois pour diaboliser toute personne qui s’oppose à son projet.

    4- Se faire passer pour les défenseurs des victimes

    Évidemment, Rachad se place toujours comme le défenseur de la veuve et de l’orphelin, du faible et du « zawali », de l’opprimé et du pauvre. Il les défend avec véhémence contre « l’ogre étatique », ne ménageant aucun effort sonore pour ce faire. Son rôle est facile, car il ne donne rien de concret, ni de tangible ou de substantiel. Il n’utilise que sa parole, que des mots, que des palabres. Bref, que du vent.

    Il insinue ainsi que, de l’autre côté, les adversaires sont des tyrans qui n’ont aucun respect envers leurs concitoyens, des despotes dénués de compassion et d’empathie.

    Mais en réalité, Rachad n’est qu’un vulgaire phénomène acoustique qui force un peu trop sur les décibels. C’est le chant des sirènes qui chantent si harmonieusement entourées des cadavres de ceux qu’elles ont réussi à attirer par leurs mélodies.

    5- Monopoliser et empêcher le débat

    On ne peut pas nier que le mouvement Rachad est omniprésent sur le cyberespace, que ce soit sur les médias sociaux ou sur la chaine qui leur sert d’organe de presse. Plusieurs intervenants, plusieurs fois par jour, pour raconter les mêmes balivernes, mais à des sauces différentes. L’important c’est d’occuper l’espace médiatique et de monopoliser la parole afin de ne laisser aucune chance à l’éclosion d’idées contradictoires.

    Et dès qu’elles apparaissent, il faut les combattre. Non pas par le débat d’idées et l’argumentation, mais par le dénigrement et les attaques ad personam. Ce fut le cas, par exemple, lors de la sortie de mon dernier livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien? ». J’ai été traité par les « ténors » de Rachad de mercenaire à la solde de la « houkouma » (gouvernement), d’employé du DRS, que mon livre n’était qu’un « koutayeb » (petit livre) et j’en passe. Sir Zitout, le chef de la bande, a même solennellement déclaré :

    « Ahmed Bensaada est avec la “issaba” [bande mafieuse] dans la diabolisation des “ahrar” [hommes libres] ».

    Car, il faut se le dire : eux sont libres, les autres non.

    Tout cela sans que ce beau monde n’ait lu une seule page de mon livre!

    Après lecture (je suppose), Rachad a recruté huit auteurs dont nul autre que l’inénarrable Moncef Marzouki, l’ancien président de la Tunisie, surnommé « Tartour » (pantin) par son peuple bien-aimé.

    Des centaines de pages sans qu’une seule de mes thèses ne soit discutée ou invalidée. Que des attaques insignifiantes sur ma personne ou ma supposée appartenance aux services secrets français ou émiratis. À les écouter, James Bond ne serait qu’un amateur devant mes aventures rocambolesques.

    Mais si mon livre était aussi insignifiant, pourquoi avoir dépensé autant d’efforts, d’énergie et de salive?

    Dans un conflit, il existe deux camps au minimum. Il faut donc créer une dichotomie manichéenne. D’un côté, il y a les « gentils » qu’il faut écouter: c’est Rachad. De l’autre, il y a les méchants qu’on doit faire taire: ce sont tous les adversaires de Rachad.

    Cette analyse montre bien que le Mouvement Rachad possède une expertise dans la propagande de guerre selon les cinq principes énoncés par Michel Collon.

    J’ai bien dit « de guerre ». À bon entendeur, salut.

    Blog d’Ahmed Bensaada, 15 mars 2021

    Tags : Algérie, Rachad, Islamistes, Hirak,