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  • Quand Mandela s’indignait de certaines « pratiques » au Maroc

    Tags: Maroc, Nelson Mandela, Touarga, esclaves, racisme, noirs, Madiba, Hassan II – Quand Mandela s’indignait de certaines « pratiques » au Maroc

    Il n’a pas été le seul à s’en indigner, mais il était celui dont l’indignation était la plus sincère. Selon une source proche d’un défunt et connu politicien, lors de sa visite au Maroc en avril 1995, Nelson Mandela aurait appris que les noirs qui servaient directement Hassan II, ses « abids » (esclaves), comme disent encore certains au Maroc, lui baisaient la main. Mais pas de la même manière que le font pratiquement tous les Marocains, mais d’une manière assez spéciale.

    Hassan II obligeait ses « abids » à baiser sa main enveloppée d’une sorte de mouchoir en tissu ou un fichu.

    « Sidna » senior estimait que les lèvres aimantes charnues de ses noirs, dont la plupart vivaient et résident encore à Touarga, le quartier situé à l’intérieur du palais royal de Rabat, étaient indignes d’effleurer sa divine main.

    Mandela, chantre de la lutte contre le racisme anti-noir, en aurait gardé un souvenir amer jusqu’au point de le dire en privé à ce politicien marocain qu’il considérait comme un ami.

    Mais pourquoi cette indignation sélective cher Madiba ? Il y avait pire au Palais. Certains, et pas un petit nombre, noirs et blancs, ne baisaient pas seulement les mains de « Sidna » senior, ils lui baisaient également les pieds.

    Demain Online, 09/12/2013

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    Le Maroc ce pays qui n’aime pas les africains-noirs.

    Au Maroc, les marocains attisent et pratiquent la haine des subsahariens jusqu’à la lie. Samedi dernier, la radio française Rfi a diffusé un élément dans lequel elle a recueilli des témoignages d’africains victimes de racisme et de traitements dégradants de la part de marocains qui les accusent de tous les péchés d’Israël. Un jeune Africain noir a décrit avec amertume le traitement qu’il a subi alors qu’il était régulièrement établi à Tanger, ville du nord du royaume. Il a été expulsé de son immeuble, ses affaires détruites, avant de se retrouver sans aucune ressource dans la rue, essuyant, comme si cette humiliation ne suffisait pas, des jets de pierre.

    Bien avant Rfi, la chaîne de télévision France 24, dans son émission « les observateurs », a montré le calvaire de ces jeunes aventuriers noirs africains traqués par la police marocaine. La chaîne ivoirienne TV2 en 2014 a également diffusé un documentaire sur la misère des réfugiés africains au Maroc. A priori on pourrait croire à un de ces matraquages médiatiques pour discréditer l’image du Maroc comme en ont l’habitude les médias occidentaux. Mais la récurrence des faits et les témoignages d’Ivoiriens qui se sont réfugiés dans ce pays lors de la crise postélectorale, finissent par dissiper tous les doutes sur l’effectivité du racisme au Maroc, un pays africain. Des Africains qui maltraitent d’autres Africains, cela se passe dans le royaume chérifien. Pourtant depuis qu’il a pris le trône, Mohamed VI ne cesse de multiplier les relations avec les pays au sud du Sahara, à coups d’investissements, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Ces dernières années, le roi Mohamed VI en personne a fait le tour des capitales africaines à la conquête de débouchés pour les investisseurs marocains. Banques, Btp, cimenteries, pêche, commerce, de nombreuses entreprises marocaines ont gagné des parts de marché dans ces domaines. Des contrats juteux assortis de signatures d’accord de coopération bilatérale avec à la clé l’établissement de marocains dans ces pays sans la moindre entrave ni de la part des états, ni de la part des populations noires.

    Tel est donc le Maroc dont les ressortissants sont bien accueillis en Afrique Noire mais qui se refuse à toute réciprocité à cause de la différence de peau. Ce qui est écœurant, c’est que cette maltraitance des Africains noirs du Maroc se passe dans la plus grande indifférence des pouvoirs publics. On ferme les yeux là-dessus comme on ferme les yeux sur les drames de la migration vers l’Europe en pirogue à travers la Méditerranée.

    À Tanger, des Noirs africains attaqués à la machette

    Des Noirs africains manifestent dans les rues de Tanger pour dénoncer la violence dont ils sont victimes. Photo de Yassine Lachiri pour Tanja 24.com

    Des attaques sanglantes à l’arme blanche ont eu lieu dans le quartier Boukhalef à Tanger, où vivent majoritairement des Noirs subsahariens sans-papiers, candidats à l’immigration en Europe. Témoignages de migrants sous le choc…

    Les attaques sont survenues vendredi 29 août, dans quartier Boukhalef à la sortie de Tanger, expliquent plusieurs témoins contactés par France 24. Si les assaillants n’ont pas été identifiés, les personnes ciblées sont toutes des Noirs africains, la plupart sans papiers. Quatorze d’entre eux ont été blessés, selon les rapports de la police de Tanger. Un Sénégalais a par ailleurs été retrouvé égorgé à proximité des lieux de l’attaque. Sur une vidéo amateur publiée sur Facebook, on le voit allongé par terre sans vie, dans une flaque de sang.

    « Ils ont brûlé mon argent et mes affaires : je n’ai plus rien et j’ai peur de retourner à Boukhalef »

    Daouda (pseudonyme) est un Ivoirien sans-papiers, qui cherche à partir en Espagne. Il a été blessé à la tête lors de l’attaque de vendredi soir. En convalescence à l’hôpital Mohamed V de Tanger, il a accepté de témoigner.Nous étions dans le quartier Boukhalef avec des amis, lorsqu’on a vu des Noirs courir en notre direction et dire « Barrez vous, les Arabes arrivent ! ». Au loin, on a aperçu des gens avec des djellabas. Certains avaient le visage caché. Ils jetaient des cailloux, mais d’autres étaient armés de machettes et de couteaux. J’ai voulu m’enfuir, mais j’ai reçu une pierre sur la tête et je me suis évanoui. Quand je me suis réveillé, j’étais à l’hôpital. J’ai une grosse entaille sur la tête et j’ai été lacéré dans le dos.J’ai fui la Côte d’Ivoire il y a quatre ans, et ça fait trois mois que je suis à Tanger. Des amis m’avaient proposé de venir habiter à Boukhalef avec eux. Je n’ai pas eu d’alternative : ailleurs, c’était soit trop cher, soit les locataires noirs n’étaient pas les bienvenus.Hier, mes amis m’ont appelé pour me dire que les assaillants étaient entrés chez nous et avaient tout saccagé. Je n’avais pas grand-chose : juste quelques vêtements, des photos et un peu d’argent gagné en faisant des petits boulots de maçon. Tout est parti en fumée. J’ai peur d’y retourner, car je sais que ça va recommencer et que la prochaine fois, ils ne me rateront pas.

    « Les assaillants accusent les Noirs d’être des squatteurs, des alcooliques »

    Konaté (pseudonyme) travaille pour l’association espagnole Caminando Fronteras, qui fournit une aide humanitaire aux migrants à Tanger. Il prenait un thé dans le quartier quand les violences ont éclaté.On m’a dit qu’il fallait que je parte car j’étais noir. Pourtant, j’ai un travail, j’ai mes papiers. Mais ces soirées-là, où ça chauffe, il n’y a aucune distinction. Ce ne sont rien d’autre que des scènes de justice populaire : les assaillants accusent les Noirs d’être des squatteurs, des alcooliques, à l’origine de problèmes d’insécurité dans le quartier [RFI évoque des expéditions commanditées par des promoteurs immobiliers pour pousser au départ les migrants squatteurs NDLR]. Comme ils estiment que les autorités ne prennent pas suffisamment le problème au sérieux, ils ont décidé de les chasser eux-mêmes. Ils font l’amalgame entre « Noir-sans-papier-insécurité », alors qu’il y a beaucoup d’habitants en situation régulière à Boukhalef, qui payent leur loyer.Ce sont des groupes organisés avec un chef qui donne des ordres. Ils sortent le plus souvent le vendredi, après la prière du soir, et visent à la tête, ce qui laisse penser qu’ils veulent blesser mortellement. Ils entonnent des chants racistes en arabe tels que « on ne veut plus voir ces singes ici « ou « c’est notre guerre sainte ! « .
    Le plus grave, c’est que cela se passe souvent sous l’œil des policiers qui n’interviennent pas. Vendredi, le Sénégalais a été tué à quelques mètres du commissariat de Boukhalef. Des personnes dont on a détruit les appartements ou qui ont été blessées ont attendu des heures pour déposer plainte. Tout est fait pour dissuader les Noirs africains de rester ici.

    En réaction à ces attaques, une centaine de Noirs africains ont défilé dans les rues de Tanger pour dénoncer les violences dont ils sont régulièrement victimes, avant d’être dispersés par la police. Ces épisodes haineux se sont multipliés ces six derniers mois. Il y a quinze jours, dans le même quartier, quatre personnes avaient été blessées à l’arme blanche dans une attaque similaire.

    Lundi, une présence policière renforcée était visible dans les rues du quartier Boukhalef. Le parquet de Tanger a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie et affirme avoir arrêté plusieurs personnes dans les deux camps, accusées d’être impliquées dans les violences de vendredi. Contacté par France 24 pour s’exprimer sur le sujet, le conseil régional des droits de l’Homme pour Tanger, organisme étatique du ministère des Affaires étrangères, n’était pas disponible ce lundi.

    La région de Tanger compterait plus d’un millier de migrants subsahariens, dont environ 800 dans le quartier Boukhalef, en attente de passer en Espagne. D’après les chiffres officiels, le Maroc compterait 30 000 sans-papiers sur son territoire.

    Cet article a été rédigé en collaboration avec Alexandre Capron (@alexcapron), journaliste pour les Observateurs de France 24.

    France 24

    #Maroc #Racisme #Noirs #Africains #Subsahariens

  • EAU: racisme contre les travailleurs africains

    EAU: racisme contre les travailleurs africains. Il faut garantir le droit à réparation de centaines de travailleurs et travailleuses africains victimes de détentions et expulsions à caractère raciste
    La police des Émirats arabes unis a procédé à une vague d’arrestations arbitraires et d’expulsions visant au moins 375 travailleuses et travailleurs migrants africains qui ont été appréhendés chez eux lors de raids nocturnes effrayants, conduits en prison où ils ont été soumis à des traitements dégradants et à de multiples violations de leurs droits, puis expulsés collectivement en dehors de toute procédure légale, révèle Amnesty International dans ses nouvelles recherches.

    Dans la nuit du 24 au 25 juin 2021, des centaines d’Africain·e·s ont été interpellés, avant d’être détenus au secret de manière arbitraire à la prison d’al Wathba pendant des périodes allant jusqu’à deux mois. La police émirienne a par la suite falsifié des résultats négatifs de tests PCR pour qu’ils puissent voyager, les a dépouillés de leurs affaires, notamment de documents juridiques très importants, et leur a refusé la possibilité de consulter un avocat.

    « Ces Africain·e·s vivaient et travaillaient en toute légalité aux Émirats arabes unis. Ce ciblage à caractère raciste a ruiné la vie de certains membres parmi les plus marginalisés de la société émirienne, à un moment où le gouvernement se targue d’être un modèle de tolérance multiculturelle et accueille l’Exposition universelle de 2020 à Dubaï, a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

    « Les autorités ont brutalisé des centaines de personnes sur la base de leur couleur de peau, leur ont infligé des mauvais traitements en détention, les ont dépouillées de leurs affaires personnelles et de leur dignité, avant de les expulser massivement. Les Émirats arabes unis doivent prendre position publiquement et affirmer clairement qu’aucun ciblage à caractère raciste pour quelque raison que ce soit ne sera toléré et veiller à ce que les personnes ayant subi un tel traitement bénéficient de mesures de réparation et de restitution adéquates. »

    Les Émirats arabes unis doivent prendre position publiquement et affirmer clairement qu’aucun ciblage à caractère raciste pour quelque raison que ce soit ne sera toléré et veiller à ce que les personnes ayant subi un tel traitement bénéficient de mesures de réparation et de restitution adéquates. Lynn Maalouf, Amnesty International

    Amnesty International s’est entretenue avec huit femmes et 10 hommes, détenus arbitrairement et expulsés des Émirats arabes unis à la suite des raids du mois de juin, à savoir 11 Camerounais·es, cinq Nigérian·e·s, un Ougandais et un Ghanéen. Tous ont décrit la même pratique de sélection à caractère raciste lors des interpellations, notant que les personnes arrêtées étaient quasiment toutes Noires, à l’exception de quelques Asiatiques qui vivaient dans les mêmes logements que les Africain·e·s.

    Les autorités émiriennes les ont maintenus en détention pendant des périodes allant de 35 à 61 jours, avant de les expulser sommairement sans leur donner la possibilité de contester cette mesure.

    Dans une déclaration sur cette opération, le ministère émirien de l’Intérieur a indiqué le 3 septembre que l’arrestation de 376 femmes et hommes a été menée « dans le cadre de procédures judiciaires visant à lutter contre les crimes liés à la traite des êtres humains ». Pourtant, toutes les personnes interrogées ont confirmé que les autorités ne les avaient pas informées des motifs de leur détention et ne les avaient pas présentées devant une autorité judiciaire afin de leur permettre de voir les éléments retenus contre elles et de les contester.

    Ces travailleuses et travailleurs africains n’ont pas eu la possibilité de contester leur expulsion comme l’exigent le droit international et les normes garantissant une procédure régulière. En arrêtant et en expulsant arbitrairement des centaines d’Africain·e·s de manière collective, ciblés en fonction de leur appartenance raciale et sans garanties d’une procédure régulière, les Émirats arabes unis ont enfreint plusieurs dispositions du droit international, notamment l’interdiction de la discrimination raciale et l’interdiction des expulsions collectives, qui comportent par nature un risque de refoulement.

    Des raids à caractère raciste

    Toutes les personnes interrogées ont décrit la même pratique de sélection à caractère raciste lors des interpellations. Selon les habitant·e·s expulsés du bâtiment Lagym, des personnes de diverses nationalités d’Asie et d’Afrique vivaient là, mais les forces de sécurité ciblaient les Africain·e·s, et les quelques habitants originaires d’Asie du Sud et du Sud-Est arrêtés ont été pris pour cibles parce qu’ils habitaient avec des Africain·e·s.

    Selon leurs témoignages, les forces de police émiriennes ont fait irruption dans leurs logements entre 2 et 4 heures du matin et les ont embarqués sans même les laisser s’habiller correctement. Les policiers, certains étant identifiés comme faisant partie du Département des enquêtes criminelles (CID), ne les ont pas laissés montrer leurs titres de séjour prouvant qu’ils séjournaient légalement aux Émirats arabes unis.

    Kabirat Olokunde, originaire du Nigeria, travaillait comme assistante dans une école internationale lorsqu’elle a été expulsée le 22 août. Elle a raconté que la police ne lui avait pas permis de s’habiller et l’avait menottée alors qu’elle était en pyjama : « Je leur ai demandé : “Pourquoi suis-je ici ? Je ne suis pas une criminelle. J’ai mes papiers. Pourquoi m’amenez-vous ici ?” Et ils m’ont répondu : “Les Émirats donnent, les Émirats reprennent.” J’ai aussi été molestée par les policiers. Ces idiots me touchaient les seins. Je leur ai dit : “Si vous [me] touchez encore, je vous gifle.” »

    Des conditions de détention sordides

    Avant d’être expulsés de manière arbitraire, ils ont été enfermés dans des conditions sordides à la prison d’al Wathba, dans des locaux surpeuplés et insalubres, et ont été privés de l’accès à des soins adéquats.

    Les autorités pénitentiaires ont séparé les hommes et les femmes à leur arrivée, et ont placé chaque groupe dans des salles différentes.

    D’après les femmes interrogées, jusqu’à 220 femmes étaient détenues dans leur aile de la prison. Il n’y avait que quatre toilettes. Tous les détenus interrogés, hommes comme femmes, ont indiqué qu’on ne leur fournissait pas de masques et qu’ils n’étaient pas testés pour le COVID-19, malgré le risque très élevé de transmission étant donné qu’ils étaient entassés.

    Une femme, enceinte au moment de sa détention, a déclaré qu’elle n’a pas pu obtenir le médicament contre l’anémie qui lui avait été prescrit et que les infirmières ne prenaient pas en compte ses plaintes concernant des douleurs au niveau du ventre. « J’ai été enfermée là-bas alors que j’étais enceinte de trois mois, je suis repartie enceinte de cinq mois, et je n’ai pas reçu de soins médicaux, a-t-elle résumé. Je pesais entre 58 et 59 [kilos] avant. Lorsque je suis sortie, j’en pesais 51. C’était horrible. »

    Des droits juridiques ignorés lors des expulsions massives

    D’après le témoignage des personnes interrogées, elles n’ont pas été présentées devant un procureur, un juge ou un tribunal, n’ont pas reçu de document exposant les motifs de leur placement en détention et n’ont jamais eu la possibilité de consulter un avocat, ni de recevoir des visites. Toutes ont indiqué qu’elles n’avaient pas été autorisées à passer des appels téléphoniques ni à contacter un avocat – sauf deux. Ces deux personnes ont expliqué qu’au bout d’un mois, les prisonniers qui se trouvaient dans leurs cellules se sont vus offrir la possibilité de passer un seul coup de téléphone s’ils connaissaient un numéro par cœur.

    Toutes les personnes interrogées ont affirmé avoir été renvoyées de force dans leur pays d’origine après avoir été dépouillées de leurs biens – vêtements, épargne bancaire, téléviseurs, appareils électroniques, tous types de permis, de certificats et de diplômes, dossiers médicaux, et parfois les preuves de leur identité légale.

    Une infirmière camerounaise a déclaré : « Tous mes papiers, mon diplôme, mon permis de conduire, tout est resté aux Émirats arabes unis. Notre argent à la banque – car nous travaillons, et nous investissons – notre argent est resté là-bas. Absolument tout. Nous sommes rentrés munis de nos seuls passeports. »

    Cinq personnes ont raconté que les autorités émiriennes avaient falsifié des résultats négatifs de tests PCR au COVID-19, exigés pour voyager à l’international, alors qu’en fait elles n’avaient pas été testées depuis des semaines avant leur expulsion. Amnesty International a pu examiner trois faux documents de tests, qui portent l’en-tête de la direction générale de la police d’Abou Dhabi et ne sont pas signés par un médecin.

    Sans aucune procédure légale et sans évaluation des cas individuels et des risques pour les personnes concernées, ces renvois s’apparentent à des expulsions collectives, qui sont prohibées par le droit international coutumier. Toute expulsion doit s’appuyer sur une évaluation individuelle, notamment du risque auquel est exposée une personne renvoyée vers un pays où elle risque de subir de graves violations des droits humains. Les personnes concernées doivent être informées des motifs de leur détention et de leur expulsion et autorisées à contester la légalité de ces mesures.

    « Les autorités émiriennes doivent enquêter sur ces actes consternants en vue de restituer rapidement aux victimes leurs biens et de leur fournir des réparations pour le traitement honteux qui leur a été infligé avant leur expulsion. Les Émirats arabes unis sont tenus de respecter les obligations inscrites dans le droit international coutumier et relatif aux traités interdisant la discrimination raciale et les renvois forcés massifs », a déclaré Lynn Maalouf.

    Amnesty International, 26/10/2021

  • Erdogan: Le racisme, un problème majeur pour les turcs en Europe

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    Président turc: Le racisme et l’islamophobie restent un problème majeur pour les Turcs vivant en Europe
    -La communauté turque en Allemagne représente l’aspect social le plus important des relations Turquie-Allemagne, a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’une conférence de presse à Istanbul avec la chancelière allemande Angela Merkel.

    Le Président turc a déclaré samedi que le racisme, l’islamophobie, la xénophobie et la discrimination, restent le principal problème de la communauté turque vivant en Europe. « Il est de toute importance de prendre des mesures efficaces contre toutes les personnes auteures d’agressions, d’injures, de comportements hostiles et de discrimination », a soutenu Recep Tayyip Erdogan, lors d’une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande Angela Merkel à Istanbul.

    Le chef de l’Etat turc a également mis l’accent sur l’importance des liens tissés entre la Turquie et l’Allemagne à travers la communauté turque qui vit en Allemagne et qui « constitue notre richesse commune et l’aspect social le plus important de nos relations ».

    Erdogan a exprimé l’espoir que Merkel continuera à contribuer à l’amitié entre les deux nations, alors que la chancelière allemande s’apprête à quitter ses fonctions, après avoir dirigé les affaires de son pays pendant 16 ans.

    Le Président turc a également exprimé l’espoir que la collaboration fructueuse menée avec la chancelière allemande sortante, se poursuivra de la même manière avec le nouveau gouvernement fédéral allemand aussi bien dans le cadre des relations bilatérales que des relations Union européenne (UE)-Turquie.

    Pour sa part, Merkel a déclaré que la collaboration de l’UE avec la Turquie en matière de migration irrégulière se poursuivrait.

    « Nous voulons empêcher la traite des êtres humains. Il est essentiel […] que l’UE soutienne la Turquie à cet égard », a-t-elle souligné avant d’ajouter que « la Turquie et l’Allemagne ont et auront toujours des intérêts communs » et qu’il en serait également ainsi pour le prochain gouvernement fédéral allemand.

    La Turquie accueille plus de 4,5 millions de réfugiés et migrants, notamment des personnes ayant fui la guerre en Syrie, en Afghanistan et en Irak et voulant se rendre en Europe dans l’espoir d’y vivre.

    La conférence de presse faisait suite à une réunion d’une heure entre Erdogan et Merkel au Palais Huber à Istanbul, au cours de laquelle, les deux leaders ont également évoqué les questions internationales, notamment la situation politique et sécuritaire en Libye, en Syrie et en Afghanistan.

    Merkel et Erdogan ont également discuté des relations commerciales bilatérales, le Président turc réitérant l’ambition d’atteindre dans les années à venir, un volume d’échanges bilatéraux annuels de 50 milliards de dollars.

    Angela Merkel s’apprête à quitter la politique active à la fin de cette année, mais elle restera à son poste de chancelière fédérale jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement de coalition.

    Les Chrétiens-démocrates (CDU/CSU), le parti de la chancelière qui avait, de longue date, annoncé son retrait de la scène politique, ont perdu de justesse les élections législatives qui ont eu lieu en Allemagne à la fin du mois dernier.

    Anadolou, 16/10/2021

  • Le racisme anti-maghrébin en France

    par Abdelkader Khaldi

    Dans un rapport publié le 28 juin 2021 l’Organisation des Nations Unies exhorte les Etats à reconnaître le racisme systémique pour mettre en lumière son impact délétère et le combattre sans concession. C’est une occasion pour nous de présenter cette brève étude sur le racisme en France dont sont victimes les Maghrébins.

    Dans ce pays le racisme structure les relations sociales. Les discriminations dans l’emploi ou le logement sont récurrentes, actes racistes de la vie quotidienne. Les replis et cloisonnements ethniques dans les quartiers défavorisés dans les grandes villes françaises sont une réalité patente.

    Racisme anti-arabe et islamophobie sont un couple de haine à l’égard d’un groupe humain qui ne demande qu’à vivre en paix.

    Les flux d’émigrés originaires du Maghreb ont commencé dès la période coloniale et se sont amplifiés durant la période dite des trente glorieuses (de 1945 à 1975), phase de forte croissance économique impulsée par une industrialisation accélérée.

    Le nombre d’Algériens vivant en France était de 350 000 en 1962 et de 846 000 en 2019.Quant aux binationaux d’origine algérienne leur estimation varie de trois à quatre millions (évaluation grossière puisque les statistiques ethniques sont interdites en France). La présence d’immigrés en France a été vue par les français comme une invasion et le racisme s’est mis en branle. Selon un sondage d’opinion réalisé en 2014, 73 % de la population française considéraient qu’il y avait trop d’immigrés.

    Le racisme éclot et se développe dans les milieux de socialisation des groupes sociaux d’appartenance, tel un cancer il se métastase. La justification de la différentiation raciale a commencé dès le 19è siècle. Gobineau en France dès 1850 et les idéologues nazis en Allemagne ont essayé, sans succès, de lui donner un fondement scientifique. Peine perdue, les progrès de la génétique ont discrédité ces élucubrations sans pour autant qu’elles reculent ou disparaissent.

    Cette idéologie délétère qui oppose les êtres humains est véhiculée de façon sournoise ou ouverte.

    Elle se répand dans toutes les strates de la société car elle est fondée sur ce qui est présenté comme une évidence, l’altérité : les différences entre groupes humains (couleur de peau, culture etc.).

    L’islamophobie, forme ambivalente et perverse du rejet des musulmans, mêlant critique d’une religion et haine des ses adeptes, a eu le vent en poupe ces dernières décennies en France. Sa manifestation médiatique a commencé à la fin des années 1980 avec l’affaire du foulard islamique porté par de jeunes filles maghrébines à Creil dans la banlieue parisienne. L’affaire a pris une tournure politique et la loi promulguée en 2004 a interdit de porter ce bout de tissu sur la tête dans les écoles.

    Face au racisme agressif ou sournois (remarques d’apparence anodine, plaisanteries etc.,), celui de tous les jours (le nano-racisme comme l’appelle le sociologue Achille Mbembe,), une marche en 1983 et des émeutes en 1990 et 2005 ont eu lieu en France.

    En France le racisme est un des sujets qui fâchent. Il n’irrite pas que l’opinion publique ou les autorités politiques, il crée la discorde même entre les chercheurs en sciences sociales. Les études portant sur le racisme sont restées marginalisées jusqu’au début des années 1990. Tant que la société persiste dans le déni ce mal continuera à la ronger et approfondir la fracture sociale.

    L’analyse du racisme que nous proposons est menée en deux temps d’abord nous présenterons quelques éléments sociologiques pour mieux comprendre ce phénomène social délétère ensuite nous étudierons la discrimination ethnique en France à l’encontre de la communauté d’origine maghrébine.

    Comprendre le mal : les concepts de race et de racisme

    On peut dire avec Etienne Balibar que « le racisme en tant que tel est un phénomène permanent dont le retour périodique traduirait l’incapacité des sociétés à progresser du point de vue de la civilisation, ou leur dépendance insurmontable par rapport à des structures archaïques de la mentalité collective ». S’il est un fait permanent qu’est-ce qui assure sa reproduction ? Il relève de l’émotion négative que ressentent les individus face à l’altérité.

    Les neurosciences nous apprennent grâce à l’imagerie médicale que la zone du cerveau qui réagit face à l’altérité est celle des émotions, émotions qui vont s’exprimer en haine, en rejet voire en actes violents sous l’effet de l’idéologie et du milieu social. Quand le caractère de ce qui est autre (altérité) est perçu comme une menace cela crée la peur, les problèmes surgissent, c’est la voie ouverte au rejet.

    Les préjugés racistes en cours dans la société et intériorisés par les individus élèvent la propension à la méfiance et au jugement de valeur qui dévalorise les autres. Le constat d’une différence ne mène pas obligatoirement au racisme, celui-ci se manifeste quand cette différence est utilisée contre autrui.

    Le dictionnaire Larousse définit le racisme comme « l’idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les races ».

    Si la hiérarchie biologique est scientifiquement discréditée elle a encore la vie dure. On tente aussi de justifier l’inégalité supposée entre groupes humains par les différences culturelles. On passe allègrement de l’essentialisme biologique à l’essentialisme culturel. C’est cette distinction que précise André Taguieff, il y a « le racisme classique, biologique, et inégalitaire, et le racisme différentialiste et culturel, qui ne biologise pas le différent » (Taguieff,p.6).

    Le racisme est « une théorie pseudo-scientifique de l’inégalité des races humaines, fondée sur un déterminisme biologique grossier, de type « telle race telle culture » (…), ensuite un ensemble de conduites et de pratiques discriminatoires, qu’accompagnent des attitudes d’intolérance, voire de passions négatives, comme la haine ou le ressentiment ». (Taguieff, p.9). Le racisme se répand au sein de la société par la socialisation (apprentissage et intériorisation des normes et valeurs sociales de la société à travers différents espaces : familles, écoles, rues, lieux de travail etc.). Il fait l’affaire des groupes dominants, qui en profitent, il a une fonction, nous dit Albert Memmi, « il balise et légitime une dominance » (Memmi, p.92).

    Voyons maintenant d’un peu plus près cette notion de race

    Une race est définie par le dictionnaire Robert (édition de 1977) comme « un groupe ethnique qui se différencie des autres par un ensemble de caractères physiques héréditaires (couleur de la peau, forme de la tête, proportion des groupes sanguins etc.)». Une telle définition s’inscrit en droite ligne de l’idéologie raciste. Elle est facile à déconstruire puisqu’il y a une seule humanité même s’il y a diverses apparences.

    Il n’y a pas de races mais une diversité de groupes humains et d’individus. L’espèce humaine partage le même patrimoine génétique à un peu plus de 99 %. Le chercheur en biologie B.Jordan résume en quelques mots les découvertes scientifiques depuis des années 1990 : on a découvert dit-il « que la quasi-totalité de notre patrimoine génétique est identique chez les africains, les européens ou les asiatiques. L’espèce humaine est génétiquement homogène à environ 99,9 %, ce qui invalide la notion biologique de races humaines» (interview au journal « le monde » du 27/6/2013).

    Hiérarchiser les groupes humains n’a aucun sens.

    Cette prétendue hiérarchie est socialement construite. Les préjugés et la discrimination fondés sur la race, ainsi que les inégalités qui en découlent, nous rappellent que le racisme est un fléau bien réel qui sous-tend les rapports sociaux.

    Le fléau du racisme en France

    Le système colonial a joué un rôle important dans la genèse du racisme. Le racisme colonial est un racisme d’exploitation qui a été institutionnalisé. Le pouvoir politique colonial distingue deux groupes « racialisés » : européens et indigènes auxquels s’appliquent deux systèmes juridiques. Les colons étaient soumis au système judiciaire de la métropole. La population autochtone était régie par un système juridique d’exception, inférieur à celui qui s’appliquait aux français, le code de l’indigénat.

    Entré en application en 1870, le code de l’indigénat n’a été aboli qu’en 1946, c’est un ensemble de textes législatifs infligés aux seuls sujets (et non citoyens) qu’étaient les algériens, une communauté infériorisée politiquement et juridiquement, assujettie par l’ordre colonial.

    Ce code qui est un apartheid juridique, instaure un régime pénal spécial aux seuls indigènes. Il impose par exemple des sanctions collectives contre les tribus, des séquestres de propriétés, une autorisation administrative pour les déplacements, un internement sans jugement décidé par un responsable administratif et non par un juge au mépris du droit français qui est fondé sur la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) etc.

    Le colonialisme consacre la discrimination comme système légal. C’est un racisme d’Etat prégnant (Lecour Grandmaison O., la découverte, 2010), un racisme institutionnel.

    Alexis de Toqueville connu pour avoir écrit « de la démocratie en Amérique » a louangé la colonisation criminelle de l’Algérie en ces termes : il n’est pas « mauvais qu’on brulât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants ». Quant au « sage » Victor Hugo, il adhère aussi aux idées dominantes de son époque, celles de la conquête et de la domination en écrivant béatement à propos de l’occupation coloniale de l’Algérie « c’est la civilisation qui marche sur la barbarie ».

    Le système colonial a exacerbé le racisme contre les populations autochtones, car « il n’est pas possible d’asservir des hommes sans les inférioriser » comme l’a souligné Frantz Fanon.

    Le racisme colonial a laissé beaucoup de traces dans la société française. Les immigrés en ont fait les frais. Après la seconde guerre mondiale, durant ce que l’on appelé les trente glorieuses, une croissance économique élevée appuyée sur une forte industrialisation a induit un besoin énorme de force de travail d’où le recours pressant à la main d’œuvre étrangère notamment maghrébine. Le ralentissement de la croissance économique à la fin des années 1970 et son corollaire la montée du chômage ont accentué le racisme. « Les arabes piquent les emplois aux français » disent sans vergogne les racistes.

    Le racisme en France est quotidien, visible ou sournois, il se manifeste partout à l’occasion d’interactions entre les individus, dans les lieux de travail, les guichets d’administration, les rues, les transports, les écoles, les universités etc.

    Les comportements et actes racistes sont innombrables, observables dans tous les milieux sociaux où ils se forment par la socialisation ; ils sont multiformes : discrimination en matière d’emploi et de logement, plaisanteries, moqueries, insultes, mises à l’écart, agressions etc.

    Certains actes qui apparaissent comme anodins prennent une signification raciste, par exemple la lenteur d’un garçon de café à servir un arabe, l’individu qui se lève quand un arabe ou un noir s’assoit à côté de lui dans le bus ou le métro etc. C’est ce genre d’attitudes sournoises que j’ai observé durant mon long séjour en France quand j‘y étais étudiant.

    Durant la colonisation les peuples colonisés sont vilipendés. Culture, mœurs, comportement des indigènes sont scrutés au prisme des stéréotypes négatifs : de supposées tares sont attribuées aux arabes, comme la paresse et la fourberie, pour les mépriser et les asservir.

    Les français racistes désignent les arabes par des appellations outrageantes. Ces mots injurieux et répugnants qui attentent à leur dignité, forgés du temps de la colonisation, sont : bougnoule, crouille, bicot, raton et bicot. Bougnoule est emprunté à la langue wolof du Sénégal et qui veut dire noir. Bicot vient du mot « arabe ». Crouille et crouillat ont pour origine « khouya ». Raton et bicot ou bique en abrégé (renvoyant à l’animal qu’est le chevreau) visent à « animaliser » des êtres humains.

    Les maghrébins sont perçus par les français comme des sous-hommes. En dévalorisant l’autre le raciste se survalorise et il n’est pas prêt à remettre en cause les poncifs qui fondent sa conviction. Le racisme est propagé et consolidé par divers canaux, puissants moyens de la socialisation: romans, mass médias, sketchs etc. Littérature, cinéma, sketchs sont mobilisés pour stigmatiser et se moquer des arabes.

    Le roman de l’énergumène Michel Houellebeque, « soumission », publié en 2015 et qui a connu un grand succès (300 000 exemplaires vendus en un mois) a un contenu arabophobe et islamophobe manifeste, son thème est l’élection d’un président de la république musulman qui fait appliquer la charia dans sa version pure et dure.

    Tous les moyens sont bons pour déprécier le maghrébin. En 1974 l’humoriste franchouillard Pierre Péchin s’est rendu tristement célèbre par ses spectacles racistes, son fonds de commerce immonde, où il se moque des immigrés arabes en imitant leur accent particulier. Parler comme un arabe est devenu une raillerie raciste largement partagée par la population française durant la décennie 1970.

    Le recours à ce genre d’humour pour railler et humilier une communauté n’a rien de drôle, il participe dangereusement à son mépris, à sa dévalorisation sociale, il est tout simplement ignoble.

    Les mass-médias sont de la partie, diffusant des insanités qui stigmatisent des groupes sociaux d’origine étrangère, se préoccupant uniquement de leur audimat. La chaîne de télévision C News participe sans vergogne à la diffusion du racisme sans complexe, en donnant la parole à des commentateurs tel le tristement célèbre Eric Zemmour qui débite sa haine à l’encontre des arabes vivant en France. L’impunité dont ils bénéficient montre la faiblesse de la politique de lutte contre le racisme. Ainsi les mass-médias sont devenus un instrument puissant pour diffuser la funeste idéologie du racisme au lieu de contribuer à la réduire.

    Les actes racistes font l’objet d’une évaluation statistique depuis deux décennies à travers des enquêtes par sondage. Selon une enquête réalisée en 2003 par le ministère français des affaires sociales 39 % des personnes immigrés et 44% des personnes issues de l’immigration ont déclaré avoir subi au moins une attitude discriminatoire, moqueries, mises à l’écart, refus d’un droit etc. (Le vécu des attitudes intolérables et discriminatoires, in « Etudes et résultats » n° 290, février 2004).

    En 2008 ce sont 57 % des descendants d’immigrés algériens qui ont déclaré avoir été l’objet d’actes racistes et 55 % des descendants d’immigrés tunisiens et marocains. La discrimination ethnique sur le marché du travail est une réalité amère.

    L’enquête par tests (envoi de CV identiques ne différant que par le patronyme, l’un d’un français de souche et l’autre d’un français d’origine maghrébine) faite en 2006 par la direction de l’animation de la recherche du ministère français du travail évalue la discrimination ethnique qui règne sur le marché du travail. Il ressort de cette enquête que la probabilité pour un entretien d’embauche d’un candidat issu de l’immigration est réduite, « 70 % des choix ont été effectués en faveur du candidat d’origine apparente hexagonale ancienne et 19 % en faveur de celui d’origine apparente maghrébine ou noire africaine. Le taux net de discrimination s’élève donc à 51 % ».

    Quant au logement la population d’origine étrangère n’est pas mieux lotie. A la demande du Défenseur des droits et du ministère de la cohésion des territoires une étude faite en 2017 se référant à plusieurs enquêtes conclut à la fréquence de la discrimination à l’encontre des individus d’origine maghrébine dans l’accès au logement.

    Cette ségrégation a conduit à la constitution d’espaces pour immigrés, des ghettos à la périphérie des grandes villes où règnent la pauvreté, le chômage et l’insécurité. Les cloisonnements ethniques traduisent un grand repli des communautés minoritaires (Bancel N. et alii, le grand repli). Manuel Valls avait dit quand il était premier ministre qu’on a affaire à un « apartheid territorial, social, ethnique ».

    La ségrégation urbaine peu propice à une éducation de qualité dans les quartiers défavorisés où habitent une bonne partie des immigrés participe à l’échec scolaire de leurs enfants.

    Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA, enquête de 2012) indique qu’un quart des élèves français âgés entre 15 et 24 ans sortis du système scolaire sans diplôme sont des enfants d’immigrés nés en France. Ils vont alterner alors chômage et emploi à courte durée et parfois certains d’entre eux chutent dans la délinquance.

    Le racisme s’exprime aussi de façon violente par des agressions physiques. Dans les années 1970 les actes de violence raciste se sont multipliés. En 1973 suite à l’assassinat d’un chauffeur de bus par un algérien déséquilibré mental, pas moins de 21 magrébins ont été tués, un châtiment collectif dans le pays dit des « droits de l’homme ». Selon la Délégation interministérielle contre le racisme et l’antisémitisme les agressions physiques évaluées ont concerné 7% des musulmans vivant en France durant la période 2014-2019. Les actes racistes ne sont pas déclarés en totalité aux services de police. Selon le Conseil consultatif des droits de l’homme, en 2019 on a recensé 5730 actes racistes soit une augmentation de 38 % par rapport à l’année précédente. « Le taux de plainte est estimé à 3% pour les injures racistes, à 17% en cas de menaces et à 30% en cas de violences à caractère raciste. En 2017, les services de police ont enregistré 8 700 plaintes ». Le racisme ne peut mener qu’à la violence, violence verbale ou physique.

    Conclusion

    Le racisme en France est bien enraciné dans la société, c’est un héritage du système colonial, il s’est consolidé durant la phase post-coloniale par l’absence de politique d’intégration efficace. Sous l’impulsion des normes de la Communauté européenne des lois qui punissent ces discriminations ont été promulguées en France mais leur application est insuffisante car les actes discriminatoires sont souvent imperceptibles et pernicieux, difficiles à prouver. Le cadre législatif mis en place s’est avéré insuffisant pour combattre le fléau du racisme qui est un phénomène bien incrusté, détestable et nocif.

    Combattre avec force ce mal ne relève pas seulement de la répression judiciaire, il faut le combattre aussi par d’autres moyens à portée préventive, l’éducation et l’information des mass-médias. Il faut l’expliquer, le déconstruire pour mieux le faire reculer, libérant les gens qui succombent à ses biais cognitifs. L’éducation qui est un moyen d’action crucial doit être privilégiée pour former les jeunes générations au respect de l’égalité des droits pour tous les groupes humains, leur inculquer les connaissances actuelles qui invalidement scientifiquement les préjugés racistes car l’ignorance, l’inculture sont le terreau sur lequel prolifèrent la dépréciation des autres et les haines raciales. L’école est un lieu majeur de la socialisation qui doit transmettre les valeurs de la république.

    La propagation du racisme par les mass médias doit être bannie. Les réseaux sociaux sont un autre vecteur de haine raciale, leurs messages doivent subir un contrôle qui est un acte de salubrité publique.

    Ainsi la lutte contre le poison du racisme est complexe et multidimensionnelle. La participation de la société civile au combat contre le racisme est d’une nécessité impérieuse.

    La communauté maghrébine est entrée massivement dans la lutte pour l’égalité des droits pour la première fois en 1983. La marche pour l’égalité et contre le racisme, organisée cette année par des jeunes issus de l’immigration, avait mobilisé des milliers de personnes de plusieurs villes françaises convergeant vers Paris. C’est la première irruption politique de cette communauté. Le mouvement a fini par s’affaiblir sans avoir atteint ces objectifs, la lutte pour l’égalité des droits est une œuvre de longue haleine. Des divergences politiques internes et l’absence de leadership ont contribué à empêcher l’émergence d’une organisation structurée au sein de la communauté maghrébine. L’élite intellectuelle d’origine immigrée doit s’engager dans cette lutte. Jusqu’à présent elle paraît timorée. Un travail de lobbying s’impose.

    Les citoyens français originaires du Maghreb participent peu aux élections politiques. Leur implication dans le domaine politique est un axe majeur de la lutte contre la discrimination ethnique. Cette lutte multiforme sera longue et difficile.

    La participation aux associations locales ou nationales (par exemple SOS racisme) et aux organisations syndicales est un autre moyen d’action pour l’intégration et l’égalité des droits.

    Dans chaque pays il y a le meilleur et le pire, la société française d’origine européenne n’est pas raciste dans son ensemble, ceux qui sont opposés au racisme sont assez nombreux, ils représentent des alliés des victimes du racisme.

    Références bibliographiques

    Balibar E. : la construction du racisme, revue Actuel Marx, Presses universitaires de France, Paris, 2005

    Bancel N., Blanchard P. et Boubekeur A. : le grand repli, éditions la découverte, Paris, 2015

    Fanon E. : peaux noirs, masques blancs, éditions du seuil, Paris 2015

    Le Cour Grandmaison A : de l’indigénat, éditions la découverte, Paris, 2010

    Memmi A. : le racisme, éditions Gallimard, Paris, 1982

    Taguieff P.A. : le racisme, cahier du CEVIPOF, n°20, Paris, 1998

    Notes

    1- Docteur en socio-économie, diplômé des universités Paris 1-Sorbonne et Paris 10-Nanterre

    Le quotidien d’Oran, 11/07/2021


    Etiquettes : France, Maghreb, migration, racisme, xénophobie,

  • KLM enquête sur une vidéo dans laquelle le personnel se réjouit du départ d'un avion marocain

    KLM enquête sur une vidéo qui circule sur les médias sociaux. La vidéo montre des employés portant des vestes et des uniformes de KLM qui applaudissent le décollage d’un avion à destination du Maroc.

    « Il y a un autre avion plein de Marocains qui retourne au Maroc, tous en aller simple. Dégagez, dégagez ! » crie un homme, alors qu’un avion de la Royal Air Maroc arrive en vue. Il y a des acclamations autour de lui.

    KLM réagit « avec dégoût » et enquête pour savoir s’il s’agit bien d’employés de la compagnie aérienne. Des mesures appropriées seront prises à leur encontre.

    La compagnie aérienne demande aux personnes via les médias sociaux de retirer la vidéo de leur timeline.

    On ne sait pas quand la vidéo a été enregistrée.

    Déclaration de KLM en réponse à la vidéo

    « Nous avons été consternés par cette vidéo et KLM rejette les images et les déclarations montrées. S’il s’agit effectivement de membres du personnel de KLM, nous prendrons bien sûr immédiatement les mesures appropriées.

    En tant que compagnie aérienne internationale, KLM accorde de l’importance à tous ses passagers. KLM ne pratique aucune discrimination fondée sur l’âge, le sexe, la nationalité, la race, la religion ou le mode de vie. La vidéo a été immédiatement transmise en interne au département concerné, où elle fait actuellement l’objet d’une enquête de haute priorité. »

    NOS, 08/07/2021

    Etiquettes : KLM, Pays Bas, Maroc, racisme,

  • Pays Bas : KLM enquête sur une vidéo raciste sur les marocains

    Le personnel de KLM applaudit : « Une caisse pleine de Marocains retourne au Maroc, va te faire foutre ! » (vidéo)

    Une vidéo bizarre a fait surface sur les médias sociaux, montrant le personnel de KLM. Ils applaudissent le départ d’un avion pour le Maroc et crient : « Plein de Marocains de retour au Maroc ! Tous en aller simple, allez vous faire foutre ! »

    La réponse de KLM

    KLM réagit « avec dégoût » et enquête pour savoir s’il s’agit bien d’employés de la compagnie aérienne. Des mesures appropriées seront prises à leur encontre.

    https://platform.twitter.com/widgets.js

    Gids.tv, 08/07/2021

    Etiquettes : Pays Bas, KLM, Maroc, racisme,

  • Le drapeau algérien dérange toujours en France

    Le racisme inflexible ?

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le drapeau algérien dérange toujours en France où certains parlementaires ne se lassent pas de chercher à faire voter une loi pour que plus personne ne le lève au vent en signe de joie ou de soutien à ses couleurs.

    Bien sûr, la récente proposition de loi d’une députée du parti Les Républicains (LR) vise à interdire les danses traditionnelles lors des fêtes de mariages dans les mairies et tout drapeau étranger, mais cet étranger est surtout algérien, marocain, tunisien ou turc, jamais européen ou américain. La députée a appelé le gouvernement à permettre à l’ensemble des maires s’ils l’estiment nécessaire d’interdire à tout participant à une cérémonie maritale d’afficher des signes d’appartenance nationale autres que celle de la République.

    Après l’interdiction d’afficher les signes religieux, le hidjab notamment, qui semble heurter le politique plus que la conscience religieuse chrétienne, certains députés se tournent vers le drapeau étranger, algérien notamment, le plus visible en France, un drapeau qui suscite énormément d’émoi dans la population, qui insupporte les gens, selon les arguments de la même députée. Et quoi encore ? On ne veut plus voir ce drapeau étranger s’afficher dans les airs de la France. Si ce n’était pas une manifestation de racisme, on aurait admis la liberté de cette députée de voir les lois selon ses convenances. Le drapeau n’est pas un signe religieux, c’est la couleur d’un pays portée par un peuple. Etre indisposé à le voir, reflète un racisme pur et dur, qui avance à visage découvert.

    Heureusement que cette proposition de loi n’a pas été du goût d’une partie de la classe politique et des membres du gouvernement. D’ailleurs, le débat a été largement amplifié sur les réseaux sociaux, avec les avis pour et contre. Le ministre français de la Justice est le premier à « s’inquiéter » d’entendre dire que ses compatriotes réagiraient mal en voyant des gens danser, au moment de leur mariage, sur des rythmes étrangers. Les partis de la gauche ont, pour leur part, estimé que cette proposition est scandaleuse, à la limite du racisme et du séparatisme. Enfin, la majorité des députés partage ces avis, car l’amendement en question a été rejeté par un vote à main levée. C’est bénéfique que cette loi ait été rejetée, prouvant que le peuple français n’est pas raciste dans sa majorité. Mais, peut-on mesurer sérieusement le degré de racisme dans un pays selon le taux d’un vote à l’Assemblée nationale ?

    Evidemment, quand les lois racistes ne trouvent pas terrain favorable au sein des institutions législatives, cela milite pour un pays non raciste, mais la minorité raciste, quand elle existe, pèse lourdement sur cette qualification. En effet, un certain maire de Nice n’a pas attendu que cette loi soit approuvée par l’Assemblée nationale pour passer à l’acte et la mettre à exécution dès 2012. Les époux sont obligés, depuis près d’une décennie, donc, de signer une charte de « bonne conduite », signifiant pas de drapeau ni danses étrangères, s’ils veulent se marier dans une mairie niçoise. En 2014, lors de la Coupe du monde, le maire de cette ville a interdit aux supporters de brandir des drapeaux étrangers dans sa ville.

    Loin du rejet de la proposition de loi en question par l’Assemblée nationale, le racisme circule à visage découvert pour les habitants de cette ville. La majorité est toujours et partout contre le racisme, mais elle n’a jamais réussi à l’apprivoiser.

    Le Quotidien d’Oran, 06/07/2021

    Etiquettes : Algérie, France, racisme, xénophobie, drapeau étranger, danse étrangère,

  • Kurzawa filme une agression raciste contre un Arabe en France

    Le joueur du PSG filme une agression raciste contre un Arabe en France

    Jeudi 1er juillet, le footballeur Layvin Kurzawa, défenseur du PSG, a mis en ligne une vidéo qui montre une agression raciste. “Une scène choquante et qui devient un peu trop courante de nos jours”, a déploré le joueur de 28 ans.

    “Sale rebeu de merde”

    Au volant de sa voiture, alors qu’il sortait d’un entraînement du PSG, Layvin Kurzawa s’arrête pour filmer le moment où il offrait un maillot a un supporter : “J’ai voulu immortaliser ce moment”. C’est a ce moment-la qu’en fond, on entend l’altercation. On entend notamment un homme crier “sale rebeu de merde” ou encore “j’en ai rien a f… je suis gendarme. Vous voulez que j’appelle mes collègues qu’on rigole un peu. Je vous éclate tous les jours”.

    Sur Instagram, Kurzawa a assuré que l’agresseur était un gendarme en civil et que l’agression avait eu lieu “sans aucune raison”.

    Racisme a l’Euro

    L’Euro 2020, pour lequel n’a d’ailleurs pas été sélectionné Kurzawa, a aussi été le théâtre de plusieurs épisodes racistes, ces dernières semaines. Le 19 juin, Paul Pogba et N’Golo Kanté avaient ainsi été visés par des cris de singes a Budapest, lors du match entre la France et la Hongrie, selon L’équipe.

    Quelques jours plus tôt, l’Autrichien Marko Arnautovic avait été soupçonné d’insultes raciales lors d’un match contre la Macédoine du Nord, avant d’être finalement blanchi de cette accusation par l’UEFA, qui l’avait simplement suspendu pour mauvais comportement.

    Plus récemment, après la tonitruante défaite de la France contre la Suisse, plusieurs Bleus se sont vus attaqués sur Twitter pour leur couleur de peau. Hugo Lloris, Clément Lenglet et Olivier Giroud ont notamment été traités de «sale blanc» par plusieurs internautes.

    Echourouk online, 02/07/2021

    Etiquettes : France, racisme, arabophobie, islamophobie, agression, gendarmerie, Layvin Kurzawa,

  • Canada : Horrible islamophobie

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Canada terre d’accueil des immigrés ? Difficile de le faire croire aux proches des quatre musulmans, membres d’une même famille, tués dimanche dernier par un individu au volant d’un pick-up dans une localité de l’Ontario, à l’enfant qui a été gravement blessé par cet attentat à la voiture bélier et qui va garder ses séquelles toute sa vie, ainsi que tous les musulmans vivant au Canada.

    C’est un acte terroriste qui vise à faire peur à la communauté musulmane installée au Canada, comme l’a désigné le Premier ministre Justin Trudeau, contrairement à d’autres médias qui continuent à faire dans les deux poids deux mesures, prompts à qualifier pareils crimes d’attentats terroristes quand le coupable est musulman et de simple «attaque» contre des personnes quand la cible sont des musulmans.

    Sans s’étaler dans ce sens sur le traitement médiatique insidieux réservé à ces attentats terroristes commis contre les musulmans installés dans les villes européennes, américaines ou australiennes, qui a eu sa part dans les débats depuis le temps, sans arriver à changer les pratiques ancrées dans certaines rédactions, il y a lieu de parler d’un horrible sentiment d’islamophobie, plus connu en France, qui prend des penchants criminels et qui menace la tranquillité de ce pays qu’on croyait à l’abri de ces haines raciales vu la composante de sa population essentiellement constituée par des groupes d’immigrés de différentes races et épousant diverses religions, qui continuent de nos jours d’affluer vers ces terres qu’on décrit comme paisibles et très accueillantes. Plus le cas de dire pour les musulmans ?

    Pour ne pas tomber dans l’extrême, on dirait que l’islamophobie, qui se développe d’une manière apparente chez les Canadiens, s’exprimant sporadiquement, certes, mais d’une rare violence (rappelant la fusillade dans une mosquée au Québec, en 2017, qui a fait six morts).

    Très inquiétante cette haine des musulmans, donc, car pouvant à la longue installer un sentiment de peur généralisé au sein de la communauté musulmane et provoquer des réactions autant violentes contre cet «autre» qui nourrit des sentiments de haine à leur égard.

    Déjà, le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), qui s’est dit «plus qu’horrifié par cette attaque terroriste en sol canadien», a appelé à la vigilance tous les musulmans vivant au Canada. Cela relève le degré du climat d’insécurité dans lequel vivraient, désormais, les musulmans dans ce pays. Et, les réactions d’indignation unanime chez les responsables canadiens n’enlèveraient rien à ce sentiment de crainte chez tout musulman d’être la prochaine cible du prochain attentat terroriste.

    «Personne ne devrait jamais avoir à vivre de cette façon, ni ressentir cette peur. Toutefois, à cause d’incidents horribles comme celui-ci, beaucoup de nos concitoyens, de nos voisins, de nos amis n’ont aucune autre option», de l’aveu même du ministre canadien de la Sécurité publique et de la Protection civile. Sommes-nous arrivés à une époque où les musulmans ne seraient nulle part en sécurité en dehors de leurs pays ? Ou la forte immigration des musulmans vers les pays de l’Occident, en sus des dommages collatéraux ou la confusion de l’image du musulman avec le terroriste islamiste, pose-t-elle un problème fondamental d’inadaptation avec les mœurs sociales dans les pays d’accueil ? Peut-être que les musulmans devraient suivre l’exemple des Chinois qui bâtissent leur propre univers, des villes dans les villes, là où ils émigrent.

    Le Quotidien d’Oran, 10 juin 2021

    Etiquettes : Canada, islamophobie, extrême droite, crime, assassinat, attentat, voiture bélier, racisme, discrimination, xénophobie,

  • Maroc – Espagne : Muchas gracias Luna !

    par Kamal Guerroua

    Immortalisée pour l’éternité par des photographes, la scène qui n’a pourtant rien de spécial, fait le tour du monde : Luna Reyes, bénévole espagnole de 20 ans pour la Croix-Rouge, prend dans ses bras un migrant sénégalais sur la plage El Tarajal, à Ceuta. Ce dernier effondré et en plein déprime pensait alors avoir perdu son frère dans la traversée. Immédiatement, la jeune Espagnole se retrouve dans le collimateur des centaines d’internautes sur les réseaux sociaux qui la harcèlent. Mais pourquoi ? Un seul tort à leurs yeux: pas question de réconforter le jeune migrant de 27 ans, accusé de tous les maux de la terre pour avoir tenté de retrouver son bonheur dans l’autre rive de la Méditerranée.

    Le geste humaniste de Luna a même fait réagir les ténors de l’extrême droite européenne et espagnole, dont Vox. Sur la chaîne de télévision espagnole RTVE, la bénévole décrit avec amertume le lynchage médiatique qu’elle a gratuitement subi : «Ils ont vu, se plaint-elle, que la personne que je réconfortais était de couleur noire, ils n’ont cessé de m’insulter et de me dire des choses horribles et racistes.» Et pour contrecarrer cette vague de haine, une campagne médiatique d’ampleur #GraciasLuna («Merci Luna») a été lancée sur les réseaux sociaux. Et en quelques jours seulement, un média local a retrouvé la trace de Abdou, le migrant sénégalais qui a été expulsé vers le Maroc, où il vit avec son frère depuis cinq ans!

    Pour rappel, environ 8.000 réfugiés, profitant d’un différend diplomatique entre Rabat et Madrid, ont gagné récemment Ceuta, comptant rejoindre dans leur ultime escale l’eldorado européen. Mais le rouleau compresseur des gardes-côtes qui les attend au bout semble promettre à l’écrasante majorité d’entre eux»le retour à la case départ» pour destin. En France, dans le pays voisin, le climat n’en est pas moins doux pour les migrants. Jean-Luc Jalmain, dit «Juan La solidarité», est en appel devant la cour de Grenoble. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Juan est un militant humaniste, solidaire avec les migrants, qui avait écopé en décembre 2018 de la peine lourde de douze mois de prison, dont quatre ferme, lors du fameux procès des «sept de Briançon». Son tort, c’est d’avoir participé, en avril 2018, au col de l’Échelle (les Hautes Alpes), à une manifestation pour protester contre l’action coup de poing du groupuscule d’extrême droite «Génération identitaire».

    En effet, Juan avait simplement marché, avec d’autres manifestants, en passant la frontière franco-italienne pour dénoncer la militarisation de leur territoire et les discours de haine à l’égard des exilés qui transitent par ces montagnes en quête de refuge. Lors de cette marche, une personne supposée étrangère aurait franchi la frontière aux côtés des manifestants. Une aubaine pour le parquet, qui a dès lors choisi de les poursuivre pour avoir «facilité l’entrée irrégulière» de ressortissants étrangers en France! Depuis trois ans, dans le Briançonnais, une quinzaine de militants ont été jugés pour de pareils motifs. Une soixantaine de maraudeurs solidaires ont même reçu des amendes, notamment lors des couvre-feux liés à la crise sanitaire de la Covid-19. Et au moins six nouvelles personnes ont été poursuivies pour « aide à l’entrée» des migrants.

    Bref, entre la sympathie de Luna et le combat de Juan en faveur des migrants dans cette Europe des Droits de l’Homme, il n’y a, semble-t-il, que le mot humanité qui puisse l’emporter sur la bêtise des hommes, des lois et des frontières…

    Le Quotidien d’Oran, 01 juin 2021

    Etiquettes : Espagne, Ceuta, Maroc, Migration, racisme, xénophobie, Luna Reyes,