Étiquette : racisme

  • Algérie : « Nous avons été victimes de complots en Kabylie » (Abderrazak Makri)

    ABDERRAZAK MAKRI, PRÉSIDENT DU MSP : « Nous avons été victimes de complots en Kabylie »

    Le président du mouvement de la société pour la paix, Abderrazak Makri, a déclaré que son parti a réussi à collecter plus de 95 500 signatures dans 56 wilayas dans le pays et 4 régions à l’étranger, aussi il a déposé 80 000 formulaires de candidature ce qui fait de lui à la tête des participants aux prochaines législatives. Également et dans ce cadre, Makri a appelé la classe politique, notamment les boycotteurs, à respecter le choix des participants.

    Lors d’une conférence de presse tenue hier au siège de son parti à EL Mouradia, le président du MSP a adressé un message aux personnes « non convaincues par les élections » et le processus du changement, qu’« il est impératif que le discours de la peur et de trahison entre les Algériens s’arrête », indiquant que « les citoyens sont libres de choisir de participer ou non aux élections et que leurs positions doivent être respectées comme on respecte celle des boycotteurs ». Affirmant dans ce cadre que l’avenir de la politique en Algérie est basé sur le pouvoir de l’État de construire des partis démocratiques qui respectent les uns et les autres.

    Précisant à ce sujet que lors de l’opération de la collecte des signatures, des difficultés ont été rencontrées par les adhérents du parti notamment dans la région de la Kabylie où aucune signature n’a été collectée. C’est le « même cas à Aïn Guezzam », signale-t-il. Dans ce sillage, Makri a déclaré que la wilaya de Tizi-Ouzou vit une étape non démocratique à cause des pratiques de l’ancien régime. « Ce qui a fait du MSP une victime. Nous avons été victimes des complots entre les services de sécurité et des forces politiques dans cette région à plusieurs occasions électorales, la dernière en 2017, nous avons collecté7 000 signatures à Béjaïa sans obtenir des sièges », a dénoncé Makri, une « atteinte au droit du MSP dans la région de la Kabylie». Revenant au sujet des listes de candidatures, le président du MSP a indiqué que 92% de ces candidats sont des universitaires et intellectuels, ajoutant que grâce à la parité, 460 jeunes adhérents dans le parti ont réussi à déposer leurs candidatures, précisant par ailleurs, que le choix des candidats était étudié selon le caractère de la compétitivité loin de l’utilisation de l’argent sale. Concernant la représentation féminine, Makri a fait savoir que le MSP croit toujours en la femme et lui a toujours consacré 30% des sièges.

    « Le MAK, une organisation terroriste, raciste et séparatiste »

    Abderrazak Makri a qualifié hier le Mouvement séparatiste MAK d’organisation « terroriste, raciste » et « agent de la France ». Pire encore, « ce mouvement plus que terroriste dicte ses lois sur la Kabylie et menace ses habitants. Il sème le chaos dans la région et personne ne l’arrête, notamment à Tizi-Ouzou », dénonce le chef du MSP.

    Situation sociale en ébullition

    Outre la conjoncture politique dans le pays, Makri a abordé, à la même occasion la situation sociale qui se caractérise, selon lui, par l’ébullition chez les travailleurs dans plusieurs secteurs à l’instar de l’Éducation, la poste, les impôts, le commerce, choisissant ce mois du Ramadhan pour mener des grèves afin de faire subir de la pression au pouvoir sans prendre en compte le simple citoyen, estime Makri.

    Pour lui, les causes de cet état de fait sont la dégradation du pouvoir d’achat et la non prise en considération des revendications soulevées, par les autorités. Pour le même politicien, il a appelé les responsables algériens à ouvrir un vrai dialogue qui sera « inclusif » avec le partenaire social pour étudier sérieusement les réclamations et répondre favorablement.

    Sarah Oubraham

    Le Courrier d’Algérie, 30 avr 2021

    Etiquettes : Algérie, MAK, Kabylie, séparatisme, racisme, terrorisme,


  • « Raciste, la France n’est pas à toi! »

    Tribune écrite en commémoration de l’assassinat du Jeune Brahim BOUARRAM par des fachos de Génération Identitaire

    On est obligé de le voir, de l’entendre, pour le croire.

    Alors voilà…

    « Nan mais tu comprends, Brahim, faut pas croire.

    C’est juste une minorité.

    Rien à voir avec la France des lumières

    Rien.

    Tu comprends ?

    Des marginaux.

    Des extrémistes.

    Oublie… »

    Non, on n’oubliera pas !

    Indigeste de confier en 2019 comme depuis 1995, à ceux qui ont enfanté les assassins de Brahim Bouaram(*) un 1er Mai 1995, nos lieux de mémoires, nos villes, nos identités régionales, nos histoires communes, notre espace du vivre-ensemble.

    Pas plus que je ne tolère les autres fachos;

    Ceux qui, à quelques mètres de là, bouffaient de l’ »immigré », de l’ »arabe », du « musulman », du « noir » ou du « pédé »…
    Il m’en manque sûrement, désolé, j’ai pas encore l’habitude…

    Pas plus que je ne vais supporter d’écouter longtemps, encore, les gros malins qui nous jouent le grand numéro de la « légalité », bafouée par la « une droite qui s’extrémise » ou un « socialisme qui se renie».

    Et qui, du coup, justifient l’injustifiable et toutes les « provocations »; la provocation, ce mal de l’époque, la liberté d’expression, ce prétexte si commode pour blesser.

    Ce sont des complices d’un assassinat qui défileront, Place Jeanne D’Arc c’est ça ?

    Dans ce cas, je m’incline et je rentre chez moi.

    Mais, au fait, c’est où maintenant, chez moi. Chez nous ?

    Où devons-nous aller, nous claquemurer, pour que nos mômes n’entendent pas et ne voient pas ces attardés ?

    Faut-il jeter sa télévision, fermer la radio, verrouiller Internet, brûler les journaux ?

    Et puis, aussi, pourquoi pas, les sortir de l’école, les mômes, un de ces jours ?

    Baisser les yeux et puis la tête.

    J’exagère ?

    C’est moi qui exagère ?

    Bah non, je ne crois pas.

    Il faut atterrir. Et arrêter de se mentir.

    Tous ceux, autant qu’ils sont, qui ont accepté de défiler dans nos rues derrière ces slogans racistes qui se veulent « dédiabolisés », le sang sur leurs mains, même à distance de ces assassins, sont responsables et comptables de ce que nous avons vu et entendu le 1er Mai 1995.

    Tous ces gens qui sont le magma d’une colère juste et qu’il salissent par l’assassinat d’un être humain, juste parce qu’il est différent, participent du climat infect de notre pays.

    Parce que c’est notre pays.

    Pas seulement le leur.

    Raciste, antisémite, homophobe… la France n’est pas à toi.

    Maintenant, il faut que chacun prenne ses responsabilités et que l’on arrête de tout confondre.

    Qu’au prétexte de la provocation et de la légalité de la bête immonde, on finisse par accepter de laisser filer des actes assassins.

    Non on ne peut pas tout laisser faire

    La colère, la notre, quelque soit notre couleur, quelque soit notre ethnie d’origine à bon dos.

    Il est temps de répondre.

    Et à haute et intelligible voix.

    (*) Brahim Bouarram, un Marocain né en 1965, est poussé le 1er mai 1995 dans la Seine à proximité du pont du Carrousel à Paris, par des militants provenant des rangs de la manifestation annuelle du Front national en l’honneur de Jeanne d’Arc.

    Le fleuve est en crue et le courant assez fort ; ne sachant pas nager, il se noie. Il avait 29 ans et était père de deux enfants.

    Le président de la République François Mitterrand vint alors se recueillir sur les berges de la Seine, à la verticale du pont du Carrousel, à l’endroit précis où Brahim Bouarram a été jeté dans le fleuve, le 3 mai au cours d’une manifestation regroupant 12 000 personnes entre les deux tours de l’élection présidentielle.

    L’accusé principal, âgé de 19 ans au moment des faits, est condamné le 15 mai 1998 par la Cour d’assises de Paris à huit ans de prison ferme.

    En 2003, le maire de Paris Bertrand Delanoë, au nom des citoyens parisiens, a honoré sa mémoire et celle de toutes les victimes du racisme par la pose d’une plaque commémorative sur le quai rive droite, en amont du pont.

    Mohamed BENTAHAR

    Facebook, 01 mai 2021

    Etiquettes : France, racisme, ségrégation raciale, discrimination, fascicme, extrême droite, extrémistes, Génération Identitaire, Brahim Bouarram, Front National,

  • Les cimetières noirs sont le reflet d’une profonde histoire de ségrégation

    CHICAGO (AP) – Enfant, Linda Davis et sa mère cassaient des pots en argile sur les tombes de leurs ancêtres, permettant aux fleurs qui s’y trouvaient de prendre racine.

    Lorsqu’elle est retournée au cimetière de Brooklyn à Athens, en Géorgie, des décennies plus tard, en 2009, les pierres tombales temporaires de ses grands-parents avaient disparu, et des arbustes et des broussailles recouvraient le site. Mais Mme Davis se sentait toujours chez elle, et elle a su alors que c’était à elle de restaurer le cimetière.

    « Quand je me promène dans le cimetière, c’est comme si je marchais dans les vieilles rues de ma communauté », a-t-elle déclaré.

    Des cimetières noirs similaires sont disséminés dans tous les États-Unis, racontant l’histoire du profond passé de ségrégation des cimetières du pays. Comme ces lieux de sépulture pour les morts reflétaient les divisions raciales des vivants, les communautés noires se sont organisées pour défendre la dignité de leurs défunts et s’opposer aux politiques racistes des cimetières.

    De nombreux Noirs américains exclus des cimetières appartenant aux Blancs ont construit leurs propres espaces funéraires, et leurs descendants s’efforcent de préserver ces lieux. Cependant, le racisme hante toujours ces cimetières, et nombre d’entre eux risquent d’être perdus et ne bénéficient pas du même soutien que les autres cimetières.

    Tony Burroughs, PDG du Center for Black Genealogy de Chicago, a commencé à retracer l’ascendance de sa famille en 1975, ce qui l’a conduit dans un cimetière de la banlieue de Hillside, où il a trouvé les restes de ses grands-parents, grands-oncles, arrière-tantes et arrière-arrière-grands-parents.

    « Je suis en train de raconter leur histoire, car ils ne peuvent plus raconter leur histoire », a déclaré Burroughs.

    « Les Noirs ont dû se battre pour obtenir l’égalité des droits dans toutes les facettes de la vie, y compris la mort », a-t-il ajouté.

    À Chicago, les riches résidents blancs ont été enterrés à côté de monuments imposants sur des pelouses bien entretenues, tandis que les personnes de couleur et les résidents à faible revenu ont été enterrés dans des champs de potier imbibés de chaux vive, avec seulement des palettes en bois pour indiquer leur emplacement.

    « Il y a peu de domaines de la vie que le sectarisme et la discrimination ne touchent pas », a déclaré Michael Rosenow, professeur associé d’histoire à l’université de Central Arkansas. « Même les cimetières sont devenus des champs de bataille pour la dignité ».

    Les communautés noires ont réagi au fait d’être exclues des cimetières blancs ou de devoir payer plus cher « en s’appuyant sur une longue histoire d’auto-assistance et d’organisation communautaire noire », a déclaré Rosenow. À Chicago, elles ont protesté à l’assemblée législative de l’Illinois. La lutte se poursuit devant les tribunaux lorsqu’en 1912, John Gaskill intente un procès au cimetière Forest Home pour avoir refusé d’enterrer sa femme en raison de sa race.

    Les Noirs ne sont pas les seuls à être exclus des cimetières blancs ou à s’organiser pour protéger la dignité de leurs morts. Le cimetière chinois de Los Angeles a été créé par un groupe d’entraide en 1922 pour servir de lieu de sépulture aux Américains d’origine chinoise qui n’avaient alors pas le droit d’acheter de concessions funéraires. D’innombrables tribus amérindiennes ont déployé des efforts pendant des décennies pour réclamer et enterrer à nouveau les restes de leurs ancêtres.

    De nombreux groupes ont construit leurs propres cimetières comme « une forme de résistance », a déclaré Rosenow. Mais sans la même richesse générationnelle et le même accès aux ressources, les cimetières noirs étaient désavantagés.

    Les effets du sous-financement chronique sont peut-être plus visibles au cimetière Mount Forest, abandonné depuis longtemps, à Thornton, dans l’Illinois, où des arbres mal entretenus surplombent quelques pierres tombales tordues qui émergent de l’herbe. À certains endroits, le sol s’enfonce légèrement, marquant l’endroit où un corps pourrait reposer.

    Nadia Orton, généalogiste et historienne de la famille qui a visité des centaines de cimetières, dit qu’elle est frustrée que les gens supposent que les communautés noires sont toujours à blâmer lorsque leurs cimetières sont abandonnés ou négligés.

    « Ils essaient, dit-elle. « Ils n’ont tout simplement pas eu d’aide, et ils n’ont pas les ressources nécessaires ».

    Selon elle, les dirigeants municipaux sont souvent responsables de la négligence des cimetières noirs ou de leur destruction au bulldozer pour faire place à des projets de développement. Les cimetières sont parfois les derniers vestiges des communautés noires qui ont été vidées par des projets ou embourgeoisées, a-t-elle expliqué.

    Dans de nombreux cas, les cimetières laissés derrière sont cachés. Un terrain de golf de Tallahassee, en Floride, se trouve sur un lieu de sépulture d’esclaves. Le cimetière d’une église noire a été recouvert de pavés à Williamsburg, en Virginie. Le campus de l’université de Pennsylvanie se trouve sur un cimetière noir du XIXe siècle. Des fragments d’os ont été découverts au 126e dépôt de bus de la Metropolitan Transportation Authority à East Harlem, dans l’État de New York, qui était également un ancien cimetière noir.

    « Les exemples sont infinis », a déclaré M. Orton.

    L’arrière-arrière-arrière-grand-père de M. Orton a fondé une communauté près de Suffolk, en Virginie, la ville où il vit. Un parking d’hôtel se trouve là où se trouvait autrefois un cimetière.

    « Est-ce que je me tiens sur eux maintenant ? » Orton a demandé à propos de ses ancêtres en regardant ses pieds.

    Le représentant de Virginie A. Donald McEachin s’est battu pour une législation visant à mieux protéger les espaces funéraires des Noirs après avoir remarqué dans les années 1990 combien d’argent était alloué à la préservation des tombes confédérées. McEachin a aidé à introduire la loi sur le réseau des lieux de sépulture afro-américains en 2018. Si le projet de loi est adopté, il créera une base de données nationale des lieux de sépulture historiques des Noirs, aidera à produire du matériel éducatif pour les espaces, et mettra à disposition des subventions pour des recherches plus approfondies sur les sites.

    Des organisations comme l’African American Heritage Preservation Foundation Inc. soutiennent également les groupes de base dans la préservation des cimetières.

    « Une grande partie de notre histoire n’a pas été découverte ou racontée », a déclaré la fondatrice Renee Ingram. « Et c’est donc une façon d’éduquer … la prochaine génération ».

    Mais une grande partie du travail de préservation commence toujours sur le terrain.

    Lorsque Linda Davis a décidé de restaurer le cimetière d’Athens, en Géorgie, elle a commencé le travail délicat et minutieux de déblayage des débris et des broussailles. Elle a conservé les restes de vases, d’assiettes et d’urnes en place.

    « Même lorsque le cimetière était dans un état de délabrement extrême, on pouvait toujours trouver une tombe entretenue, quelques fleurs fraîches, un signe quelconque que quelqu’un veillait encore et prenait soin d’elle », a-t-elle déclaré.

    Mme Davis prévoit de paver les chemins, de construire une clôture et de restaurer les pierres tombales cassées avec le soutien de collectes de fonds et de dons locaux. Elle a le sentiment de perpétuer l’héritage de ses ancêtres et des organisateurs de la communauté noire qui se sont opposés à la ségrégation dans les cimetières et ont construit ces cimetières.

    « Je crois que je marche dans l’esprit des personnes qui voulaient un meilleur lieu de repos pour leur communauté », a déclaré Mme Davis.

    Associated Press, 29 avr 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, racisme, cimetières noirs, ségrération raciale,

  • «Une tête d’arabe»: Sonia Mabrouk “recadre” sèchement Elisabeth Lévy

    Sur la chaîne française CNews ce mardi 20 avril, la journaliste franco-tunisienne Sonia Mabrouk a dû remettre a sa place l’essayiste française Elisabeth Lévy après avoir utilisé le terme “tête d’arabe”.

    Sonia Mabrouk se sentait heurtée par Elisabeth Lévy qui -commentant les déclarations d’une mère de famille a propos de la mixité- en lançant le terme “tête d’arabe”.

    C’est une séquence qui ne cesse de faire parler. En déplacement a Montpellier, Emmanuel Macron a rencontré une mère de famille qui regrettait le manque de diversité. «Mon fils m’a demandé si le prénom de Pierre existait vraiment. Cela m’a vraiment choquée. Il faut davantage de mixité dans ce quartier», a-t-elle lancé au chef de l’Etat français. Une réplique qui a étonné et qui ne cesse d’être commentée. Ce mardi 20 avril, dans Midi News, sur CNews, Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction du magazine Causeur, et Sonia Mabrouk ont eu un échange tendu a ce sujet.

    «J’aurais des enfants, je n’aimerais pas qu’ils aillent a l’école dans un endroit où la majorité des mères sont voilées, sans boucheries non halal, où vous vous faites insulter si vous mangez pendant le Ramadan y compris si vous avez une tête d’arabe», a estimé Elisabeth Lévy, dans le but d’expliquer pourquoi il y avait peu de mixité dans certaines villes. Une réplique qui a fait réagir Sonia Mabrouk, qui s’est exclamée: «Oh ! Non mais alors la… C’est quoi, Elisabeth, une tête d’arabe? Je ne comprends pas…» Mais l’échange ne s’est pas arrêté la.

    “Je suis fière de mes origines”

    Heurtée par les mots de la chroniqueuse de CNews, que l’on voit souvent au côté de Pascal Praud, Sonia Mabrouk a demandé si elle avait «une tête d’arabe». «Oui, ça se voit que vous avez des origines, mais c’est un constat», lui a rétorqué Elisabeth Lévy. Et la journaliste franco-tunisienne lui lance a son tour: «Ecoutez, je suis très fière de mes origines donc tout va bien».

    Echourouk online, 21 avr 2021

    Etiquettes : Sonia Mabrouk, tête d’arabe, racisme, migration, islamophobie, Elisabeth Lévy,



  • Procès de Derek Chauvin: de nouvelles images montrent George Floyd en train de plaider avec des officiers

    Un tribunal de Minneapolis a vu de nouvelles images de la caméra de police de George Floyd implorant des policiers lors de son arrestation, disant: « Je ne suis pas un méchant ».

    La vidéo montre le policier Derek Chauvin avec son genou sur le cou de M. Floyd pendant plus de neuf minutes, et M. Floyd implorant de ne pas être blessé.

    M. Chauvin, 45 ans, qui a depuis été limogé de la police, nie les accusations de meurtre et d’homicide involontaire coupable.

    La mort de M. Floyd en 2020 a déclenché des manifestations mondiales contre la police et le racisme.

    Les avocats de la défense ont indiqué qu’ils soutiendraient que M. Floyd, âgé de 46 ans, était décédé d’une overdose et d’une mauvaise santé, et que la force utilisée était raisonnable.

    Les observateurs du troisième jour du procès ont déclaré que les images montrées des actions de M. Floyd avant et pendant l’arrestation pourraient être une tentative des procureurs de traiter l’allégation selon laquelle la drogue a joué un rôle dans sa mort.

    Que montre le film bodycam?

    Le tribunal a vu des images des caméras corporelles appartenant aux agents Thomas Lane, J Alexander Kueng et Tou Thao. La caméra de M. Chauvin est tombée au sol alors que l’arrestation se déroulait et n’a donc pas donné d’enregistrement visuel de l’événement.

    Dans les images de M. Lane, M. Floyd est vu confronté à la police. Il les supplie: « S’il vous plaît, ne me tirez pas dessus … Je viens de perdre ma mère. »

    M. Floyd est menotté et continue de plaider auprès des agents Lane et Kueng, disant qu’il ne leur résiste pas et « fera tout ce que vous me direz ».

    Une bagarre se produit lorsque la police tente de faire monter M. Floyd dans un véhicule, et il se met à pleurer et à résister en disant qu’il est claustrophobe et anxieux.

    M. Chauvin et son partenaire M. Thao arrivent alors que l’arrestation se poursuit.

    Alors que les policiers le traînent hors de la voiture et le retiennent au sol, on peut entendre M. Floyd appeler sa mère et dire aux membres de sa famille qu’il les aime.

    Les spectateurs commencent à crier sur les agents pour vérifier le pouls de M. Floyd et cesser de le retenir.

    Qu’est-ce que les témoins ont dit mercredi?
    L’employé du magasin, Christopher Martin, 19 ans, a déclaré au tribunal qu’il avait brièvement interagi avec M. Floyd en tant que client à l’intérieur de Cup Foods peu de temps avant son arrestation.

    Il a dit que M. Floyd « avait l’air d’être défoncé » parce qu’il avait du mal à répondre à une question simple, mais qu’il était suffisamment lucide pour pouvoir tenir une conversation. Il a décrit M. Floyd comme « sympathique et accessible ».

    Dans la vidéo de surveillance du magasin, on peut voir M. Floyd rire, parler aux gens et se promener.

    M. Martin a déclaré au jury qu’il avait vendu à M. Floyd un paquet de cigarettes et qu’il avait reçu un faux billet en guise de paiement. M. Martin a expliqué qu’il savait que le projet de loi était faux par sa couleur et sa texture, mais a ajouté que M. Floyd « ne semblait pas savoir qu’il s’agissait d’un faux billet ».

    Il a dit qu’il avait envisagé de laisser le magasin le déduire de son salaire au lieu de confronter M. Floyd, mais a ensuite décidé d’en informer son responsable. Un autre employé a appelé la police.

    M. Martin, qui a été témoin de l’arrestation, a déclaré qu’il se sentait « incrédule et coupable » parce que « si je n’avais tout simplement pas pris la note, cela aurait pu être évité ».

    Charles McMillian, 61 ans, était un autre témoin qui a pris la barre mercredi.

    Sur la base des images de vidéosurveillance, M. McMillian semble avoir été le premier spectateur sur les lieux de l’arrestation de M. Floyd. Il a déclaré au tribunal qu’il avait engagé une conversation avec M. Floyd, le pressant de monter dans la voiture de police.

    M. McMillian a déclaré qu’il se souvenait se sentir « impuissant » en voyant l’incident se dérouler. On peut l’entendre sur vidéo dire à M. Chauvin: « Votre genou sur son cou, c’est faux homme. »

    Alors que le tribunal a vu des images de l’arrestation, M. McMillian a commencé à sangloter et le juge a demandé une brève pause.

    Que s’est-il passé d’autre pendant le procès jusqu’à présent?
    Dans ses déclarations liminaires lundi, le procureur Jerry Blackwell a déclaré au jury que M. Chauvin avait « trahi son insigne » en s’agenouillant sur le cou de M. Floyd et en utilisant « une force excessive et déraisonnable » pour le détenir.

    Dans le même temps, l’avocat de M. Chauvin, Eric Nelson, a déclaré que l’affaire portait sur des preuves et non sur une « cause politique ou sociale ». Il a déclaré que M. Floyd avait ingéré des drogues au moment de son arrestation « dans le but de les cacher à la police », et a suggéré que cela avait contribué à sa mort.

    Quatre jeunes témoins sont venus à la barre mardi. Darnella – l’adolescente dont le film sur la mort de M. Floyd a déclenché des protestations mondiales – a déclaré qu’elle « continue à s’excuser » auprès de lui pour « ne pas faire plus ».

    Elle a déclaré au tribunal qu’elle avait commencé à filmer sur son téléphone parce qu’elle « avait vu un homme terrifié, mendier pour sa vie ».

    «Ce n’était pas bien – il souffrait», dit-elle.

    Un témoin, Donald Williams II, formé aux arts martiaux mixtes, a été interrogé pendant plus d’une heure par l’accusation et la défense lundi et de nouveau mardi. Il a déclaré au tribunal que M. Chauvin avait utilisé une technique dangereuse appelée « étranglement sanguin » et faisait des mouvements de va-et-vient avec son genou pour augmenter la pression sur le dos et le cou de M. Floyd.

    Il a rejeté les suggestions de la défense selon lesquelles lui-même et les interactions d’autres passants avec la police avaient menacé les agents sur place.

    BBC, 1 avr 2021

    Etiquettes : George Floyd, Derek Chauvin, procès, Minneapolis, racisme, répression, négrophobie,

  • Maroc : consternation après l’exercice raciste et sexiste d’une école française

    Jeudi dernier, dans une école française de Casablanca (Maroc), un exercice de sciences naturelles, à la fois raciste et misogyne, a fait polémique, provoquant la colère et la consternation des parents d’élèves. Une enquête a été ouverte.
    Depuis jeudi dernier, à Casablanca, les parents d’élèves de l’école primaire française Ernest Renan ne décolèrent pas. En cause : un exercice « pédagogique » de sciences naturelles proposé à la classe de CM2. À la question « Qui sont les grands singes ? », les élèves devaient relier des figurines à leur nom et à leur habitat naturel, rapporte Le Petit Journal.

    Parmi les figurines : un chimpanzé, un bonobo, un gorille, un orang-outan et… une femme noire. Révoltés après avoir pris connaissance de ce contenu raciste et misogyne, les parents d’élèves ont immédiatement donné l’alerte. L’exercice – qui avait été envoyé sur les tablettes des écoliers – a rapidement été partagé sur les réseaux sociaux et enflammé le web.

    Des associations militantes marocaines comme le Comité Parité et Diversité 2M ont partagé la publication et dénoncé une « indécence » et une « inacceptable atteinte à la dignité humaine ». De son côté, Sébastien Galard, le directeur de l’établissement, a réagi à la polémique, en envoyant un mail d’excuses aux parents concernés et consternés, évoquant « une maladresse inadmissible ».

    En attendant les conclusions de l’enquête, l’enseignante qui a proposé l’exercice a été mise à pied

    Les parents d’élèves ont ensuite reçu un autre mail d’excuses, au ton beaucoup plus ferme, émanant de Paris et de l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Ce réseau pilotant les 540 écoles françaises de l’étranger a annoncé avoir décidé d’ouvrir une enquête administrative après « cette faute grave ». En attendant les résultats de l’enquête, l’enseignante qui a proposé cet exercice a été mise à pied.

    Selon plusieurs sources, l’exercice qui a fait polémique a d’abord été produit au Gabon pour les élèves des écoles locales. Il proviendrait d’un manuel de la Fondation de coopération scientifique La main à la pâte (LAMAP), créée en France en 2011 par l’Académie des sciences et les Écoles normales supérieures de Paris et de Lyon.

    Yahoo News, 30 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, école française de Casablanca, racisme, misogynie,

  • Les Tunisiens noirs défient les interdits

    Fatima-Ezzahra Bendami

    En Tunisie, face au déni persistant de l’identité africaine, la communauté noire ne veut plus attendre.

    Juin 2020, sur l’avenue Habib Bourguiba, principale artère de Tunis, un hommage est rendu à George Floyd. L’émotion soulevée par la mort de l’africain-américain, tué par la police de Minneapolis, a trouvé un écho en Tunisie. Plus de 200 personnes se sont réunies devant le théâtre municipal. Pour crier des slogans, « I can’t breath », « let us breath », pour brandir des pancartes où figure ces trois mots « black lives matter », « denying racism suports it ».

    Des manifestants de tous les âges, de tous les sexes, beaucoup de Tunisiens, certains originaires d’Afrique subsaharienne.

    Maya est certainement la plus jeune ici. Elle a 14 ans et elle a écrit sur un morceau de carton une liste funeste des dernières victimes de violences policières aux Etats-Unis. Elle y a ajouté le nom de « Falikou Koulibaly », un Ivoirien tué en 2018 à Tunis, lors d’une agression. « En Tunisie, il y a autant de racisme envers les Noirs. » Mais tout le monde n’est pas du même avis. Une passante demande la raison de ce rassemblement : « Le racisme ? Ça n’existe pas chez nous. » Et beaucoup pensent comme elle.

    Ce samedi ensoleillé de juin, une grande partie des personnes réunies a répondu à l’appel de M’nemty. L’association anti-raciste tunisienne existe depuis 2013. Elle est dirigée par Saadia Mosbah. Ce jour-là, quand la militante parle de George Floyd, elle ne peut pas retenir ses larmes. « Ça parle aux personnes Noires du monde entier et d’ici aussi. C’est à peu près la même condition, plus ou moins, selon certains degrés. La particularité du racisme en Tunisie, c’est qu’il est silencieux. (…) C’est une hypocrisie sociale insoutenable. »

    Deux mois plus tard, nous la retrouvons dans une grande villa du Bardo, à deux pas du parlement. « M’nemty c’est un rêve, un rêve d’égalité pour tous », explique-t-elle en traduisant le nom de son association, tiré du dialecte tunisien. Elle a installé le siège dans la maison familiale, construite par son père qui était architecte.

    A plus de soixante ans, Saadia Mosbah est une hôtesse de l’air à la retraite, qui consacre tout son temps, ou presque, à son combat très personnel. Tout a commencé pour elle après la révolution. Le changement de régime s’est accompagné d’une libération de la parole et de la société civile. « Avant, il y avait quelques petits mouvements. D’abord le chanteur Salah Mosbah, qui a chanté sa négritude, qui s’est battu et se bat encore. Il y a eu Affet Mosbah, qui a écrit une tribune ”Etre noir en Tunisie”, en juillet 2004. »

    Elle vient de citer son frère et sa sœur, engagés dans l’antiracisme à une époque, où il était interdit d’en parler dans son pays. Elle raconte comment la tribune de sa sœur publiée dans le magazine Jeune Afrique a été censurée : « Je me dirige vers le kiosque pour récupérer les copies, je ne trouve rien, le vendeur me dit que tout a été ramassé. Les Tunisiens n’ont pu accéder à cet article qu’après 2010 sur Internet. L’article de 2004, personne ne l’a eu en version papier. Nous, on l’a acheté à Paris, on l’a lu à la maison. J’ai alors vu l’émotion de mon père et sa fierté. Je pense que quelque part, elle avait écrit ce qu’il avait toujours pensé et il n’avait jamais dit tout haut. »

    Racisme au placard

    Abdessattar Sahbani est sociologue à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis. Il est membre d’honneur de l’association M’nemty. Pour lui, l’Etat a rendu invisibles les Tunisiens Noirs pendant des décennies, empêchant de traiter des questions raciales. A l’indépendance, « on a essayé de donner de la Tunisie une image moderniste, ouverte ». « Cette Tunisie n’était pas noire. C’était ça le discours de Bourguiba (premier président de la Tunisie). Le Tunisien était de loin plus développé que les Africains, de loin plus développé que les musulmans, de loin plus développé que les arabes. Il aspirait à être européen. » Absents des postes à responsabilité, dans l’économie, en politique, dans l’administration, les Tunisiens Noirs sont comme mis de côté, et avec eux le problème du racisme.

    Le silence de l’Etat a des conséquences très concrètes. Dans la société tunisienne, on peut être victime de discriminations, c’est un fait normal et accepté. Saadia Mosbah a travaillé pour la compagnie aérienne nationale pendant trente-neuf ans. Elle était cheffe de cabine : « Je me souviens d’une dame qui arrête ses enfants en disant ”Stop on n’est pas sur Tunisair, on a dû se tromper de porte”. Je lui ai répondu que non ”Vous voyez bien que je porte l’uniforme avec l’insigne de la compagnie”. » Plus tard, pendant le vol, la passagère demande à lui parler. « Elle me questionne ”Mais comment ça vous êtes tunisienne, noire et hôtesse de l’air à la fois ?” » En Tunisie, dit Saadia Mosbah, « le noir ne doit pas faire d’études, ne doit pas être bien habillé, ne doit pas avoir de voiture. C’est très bien s’il est garçon de café, c’est très bien s’il fait des petits travaux, s’il est cireur, s’il est porteur, mais dès qu’il a un diplôme en poche, qu’il veut travailler ou aller à la faculté, ça pose problème. »

    C’est ce racisme violent mais terriblement ordinaire qu’Anis Chouchène essaie de décrire, d’expliquer. Il est poète et chanteur. Il connaît donc la puissance de la parole. « L’impact des mots est plus fort que les armes, une bombe agit en une fraction de seconde, alors que les mots ça détruit sur le long terme. » Il a écrit des textes sur le racisme, pour évacuer sa souffrance, dit-il. « Les mots comme Kahlouch (noiraud), degla (datte), oussif (esclave), kahla (noir), moi je ne réponds pas quand on m’appelle comme ça. » Parfois, c’est encore plus dur. Quand on le prend un étranger et qu’on parle de lui en arabe, en pensant qu’il ne va pas comprendre.

    Anis Chouchène ne laisse plus rien passer désormais. « Des fois, je me bagarre avec des amis Noirs pour qu’ils se fassent respecter et affrontent le racisme. Ça me touche quand je dis à quelqu’un de ne pas se taire et qu’il dit ”non ce n’est pas grave, ils n’ont pas fait exprès”. » Pour certains Tunisiens ces mots font partie du langage courant, sans connotation péjorative. « Les insultes sont devenues folkloriques et on les accepte comme moyen d’intégration sociale », analyse Abdessattar Sahbani.

    Dans la maison de son enfance, Saadia Mosbah allume une cigarette, aspire une bouffée de tabac avant de raconter de vieux souvenirs, comme s’ils s’étaient passés la veille. Elle a huit ans, quand sa meilleure amie de l’école la traite d’« oussifa ». « Pour ma mère, comme pour tout le monde, oussifa désignait la couleur. Pour moi, je ne sais pas pourquoi, c’était une insulte. C’est quelque chose que vous ressentez tout simplement. Il est dit seulement aux noirs ce mot ”Ya Oussif”, mais il sort comme un carton rouge : ”Attention n’oublie pas qui tu es.” »

    Mécanisme de protection

    Même cette militante a dû apprendre à composer avec le racisme de sa société. Plus jeune, Saadia Mosbah a dû parfois faire comme s’il n’existait pas. « On dit qu’on n’a jamais rien subi, car on ne veut rien entendre, c’est une réaction que je connais, c’est une réaction que j’adoptais moi-même. J’étais sportive, je faisais partie de l’équipe nationale de basketball. Au moment de rentrer sur le terrain, je ne voyais plus rien, je n’entendais plus personne. Dans un match on peut rater 10 lancers, même 20 lancers, imaginez si à chaque fois on vous traite d’oussifa. C’est quelque chose ! »

    Zyed Rouin était comme ça. Pendant longtemps, il a refusé de regarder la réalité en face. Ce trentenaire s’est engagé dans l’antiracisme à partir de 2013. Aujourd’hui, c’est un pilier de l’association M’nemty. Il est aussi consultant pour l’ONG Minority Rights Group International, qui défend les droits des minorités à travers le monde. Pourtant, Zyed Rouin dit avoir mis du temps à se rendre compte de sa différence et de ce qu’elle signifiait.

    Sa rencontre avec Saadia Mosbah a été déterminante. Lors d’une conférence, il s’oppose à la militante et soutient qu’il n’y a pas de racisme en Tunisie, qu’il n’a jamais subi aucune discrimination. « Elle m’a dit ”prends ton temps, essaie de rassembler tes souvenirs et on en parlera après”. » Cette phrase lui fait l’effet d’un électrochoc. Il réunit ses souvenirs et réalise qu’il a toujours été le seul Tunisien Noir de sa bande : « A l’école, avec mes amis, je me sentais obligé de fournir plus d’efforts pour être accepté, avoir les meilleurs résultats, faire plus de blagues. Je n’ai jamais eu d’amis Noirs, quand je montais dans un bus, par exemple, si j’apercevais un groupe de personnes Noires, je les évitais. »

    Remontent alors à la surface des moments de sa vie qu’il avait enfouis profondément dans sa mémoire, comme son premier jour d’école. « Ma mère m’a encouragé en me disant qu’à l’école j’allais rencontrer de nouveaux enfants, qu’on allait jouer ensemble, que j’allais m’amuser… J’attendais le moment de rencontrer mon premier nouvel ami, mais en arrivant je me retrouve dans une classe où je suis le seul Tunisien Noir. Ce sont les enfants qui me l’ont fait comprendre, avec des expressions et des phrases que j’entends pour la première fois alors, du genre ”Qu’est-ce que tu as, tu es brûlé ou quoi ? Tu es noir, c’est parce que Dieu ne t’aime pas” et j’en passe. Je me retrouve avec une réalité autre que celle qu’on m’a promise à la maison. L’enfant de six ans que j’étais n’avais aucun moyen de se défendre et à ce moment-là les enfants de mon âge avaient beaucoup d’arguments pour m’expliquer que j’étais Noir et différent. »

    Selon le sociologue Abdessattar Sahbani, ce « déni » est « un mécanisme de protection et d’intégration ». « Je dois me protéger et accepter le racisme pour trouver ma place. » Ce déni constitue une « immunité sociale » que chaque Tunisien Noir doit acquérir dès son plus jeune âge « pour protéger son enfant dans une société qui est raciste ». En résulte un consentement psychologique: l’enfant très tôt est « conscient qu’il est Noir et qu’il n’est pas dans la même situation, une situation analogue à celles des autres enfants ».

    Pendant la révolution, Saadia Mosbah a été marquée par l’absence des Tunisiens Noirs dans les cortèges. C’est aussi ça qui l’a encouragé à militer. « Ils ne se sentaient pas tunisiens, ils ne se sentaient pas citoyens, voilà le terme. Ils se sentaient exclus et s’auto-excluaient. (…) M’nemty c’était ça, cette recherche de citoyenneté d’abord, d’égalité et d’équité. Il est inconcevable qu’on soit tunisiens et qu’on ait peur d’entrer dans la foule et qu’on ait peur de dénoncer quoique ce soit, et qu’on ait peur de participer à une manifestation. »

    Le problème est profond, estime Saadia Mosbah. A l’origine : Le refus de son pays de se reconnaître comme société « multi-ethnique » et « multiculturelle ». « La Tunisie a donné son nom à notre continent et pourtant rejette son africanité, c’est ça ce qui est gênant. »

    L’Africain c’est l’autre

    L’historien Nouri Boukhchim, enseignant chercheur à l’Université de Tunis, partage ce point de vue. Tout commence par la négation d’une évidence : le pays se trouve en Afrique. « Le regard des Tunisiens est tourné vers la Méditerranée, vers le nord et non pas vers le sud. C’est comme ça qu’on s’est éloigné de notre africanité, au nom de l’unification du peuple tunisien. » C’est Habib Bourguiba, le premier président de la Tunisie indépendante, qui lance dans les années cinquante-soixante de grandes réformes pour « moderniser le peuple tunisien ». « Tout doit changer, le mode de vie, l’habitat… » Tout cela aboutit à une refonte de l’identité tunisienne, une rupture historique. Pour Nouri Boukhchim, « il y a un déni dans la société tunisienne, l’Africain c’est l’autre ».

    Cependant, les recherches scientifiques qu’il a mené avec son équipe, dans le sud de la Tunisie, montrent l’inverse. Les populations de la région ont des origines très diverses. « On a prélevé 80 échantillons d’ADN dans 3 localités, résultats : un mélange Afrique est/ouest et arabe. (…) Il ne faut pas oublier qu’il n’y avait pas de frontières, les populations se déplaçaient beaucoup. »

    Tant que la question raciale n’aura pas été résolue dans le pays, les Tunisiens Noirs devront vivre avec les discriminations et seront obligés de développer des stratégies de contournement. Dans la rue, Saadia Mosbah est imperturbable : « J’ai des œillères et je n’entends plus rien, parce que nos oreilles ont été polluées par les propos racistes, par des hommes qui vous disent ”L’Oussifa purifie le sang” ils fantasment sur votre physique, sur votre corps que vous avez envie de cacher, vous avez envie de courir, vous n’avez même plus envie de porter des couleurs tellement on vous embête dans la rue. Parfois des gens me disent ”Je t’ai appelée, tu ne m’as pas répondu, tu étais en face de moi, je te faisais des signes, tu ne m’as pas vu”. Et bah non, je ne vois rien, je n’entends rien. »

    Africa is a country, 24 mars 2021

    Tags : Afrique, Tunisie, racisme, noirs, discrimination,

  • France : Les atteintes à caractère raciste, xénophobe ou religieux se multiplient

    Par Ali Oussi –

    La France reste l’un des pays les plus racistes de l’Europe. L’attestent les 11.000 atteintes à caractère raciste, xénophobe ou religieux recensées dans le pays en 2020, selon des chiffres publiés ce jeudi, par le ministère français de l’Intérieur.

    «Ces infractions se répartissent à parts égales entre crimes et délits (5.500) et contraventions (5.800) commises en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion («à caractère raciste»), sur l’ensemble du territoire français», détaille le ministère dans un communiqué, qui souligne que près de 65 % des crimes ou délits «à caractère raciste» sont des «injures, provocations ou diffamations publiques», explique-t-on de même source.

    Ainsi, en 2020, près de 2.000 personnes ont été mises en cause par les services de sécurité pour crime ou délit «à caractère raciste».

    Selon la même enquête, 1,2 million de personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en France métropolitaine (1personne sur 45) déclarent avoir été victimes d’au moins une atteinte – injures, menaces, violences ou discriminations – à caractère raciste, antisémite ou xénophobe en 2018.

    La Patrie News, 18 mars 2021

    Tags : France, xénophobie, racisme, discrimination, religion, islamophobie,

  • Trump s’en va en laissant derrière lui une épaisse fumée

    Les Etats-Unis d’Amérique ont peur d’eux-mêmes

    Pour la première fois, les Etats-Unis d’Amérique ont peur d’eux-mêmes et de leur volonté de puissance depuis qu’ils se sont incarnés en un nouveau Néron : Donald Trump.

    En attisant le feu de la discorde parmi ses concitoyens et en créant un climat qui fait craindre une nouvelle guerre de sécession entre ses blancs et ses coloriés, Donald Trump a en quelque sorte brûlé l’Amérique.

    Même si, aujourd’hui, Joseph Robinette Biden entrera victorieux à la Maison Blanche en tant que 46e président des Etats-Unis, il mettra du temps à dissiper les fumées des incendies, même symboliques, que son prédécesseur a allumés ici et là.

    Son incroyable pays qui est né dans la guerre, a grandi dans la guerre et s’est imposé par la guerre, a, pour la première fois de son histoire, peur de sa force puisqu’elle risque de se retourner, à tout moment, contre lui.

    Même s’il est abusif de croire à un début de guerre civile ou interraciale aux Etats-Unis, il est évident que le God Bless America ne fait plus vibrer les cœurs à l’unisson et à la même fréquence dans les cinquante et un Etats de l’Union.

    Une chose s’est brisée aux tréfonds de la nouvelle Rome. Une grande partie de ses habitants a été traitée, pendant quatre ans, comme un ramassis de barbares. Depuis la fin de la ségrégation, aucun président américain ne s’est permis de croiser le fer avec des citoyens qui n’avaient pas la même couleur que lui, les mêmes croyances que lui.

    Pour conquérir le pouvoir et tenter de le conserver, Donald Trump a tout au long de ses deux campagnes électorales et de son mandat gratté des accords dissonants sur les cordes de la suprématie d’un groupe au détriment des autres.

    L’a-t-il fait de manière consciente pour servir un agenda politique ? A-t-il répondu à l’appel profond qui traversait les 75 millions de poitrines qui lui ont donné leur voix ? Est-il fou ? Ou est-il, à son insu, le signe avant-coureur d’une période de violence planétaire qui gonfle à l’horizon ?

    Quoi qu’il en soit, le passage de l’ouragan Trump qui a connu son épilogue avec l’émergence d’une autre catastrophe, la pandémie du coronavirus, a répandu un parfum d’étrangeté sur la Terre.

    La décennie qui commence pâtira des retombées des deux bouleversements et bien malin celui qui sait ce que demain nous réserve.

    Mohamed Badaoui

    La Nation, 19 jan 2021

    Tags : Etats-Unis, Donald Trump, Joe Biden, républicains, démocrates, racisme,

  • Le viol des femmes noires et autochtones a laissé une trace indélébile dans le génome des Brésilien·nes

    Maria Clara Rossini

    Les premiers résultats du projet de séquençage génétique le plus complet jamais réalisé au Brésil montrent que les gènes hérités exclusivement par voie maternelle sont généralement noirs et autochtones, et que les gènes transmis par les pères sont presque tous issus de colonisateurs européens.

    Le projet DNA do Brasil (ADN du Brésil) vise à analyser le génome de 40 000 Brésiliens. Il s’agit de la plus grande enquête de ce type jamais réalisée dans le pays, et elle donnera lieu à la base de données génétiques la plus complète disponible sur notre population. L’initiative a été annoncée il y a neuf mois, en décembre 2019, et donne déjà ses premiers résultats.

    Les chercheurs ont déjà achevé le séquençage du génome de 1 247 Brésiliens. Les volontaires viennent de tous les coins du pays, des communautés riveraines de l’Amazonie aux habitants de la ville de São Paulo. L’un des objectifs de la recherche est médical : les données génétiques permettent d’identifier des groupes plus sensibles à certaines maladies, ce qui permet d’orienter les ressources et les efforts du SUS (Système Unique de Santé, public) avec intelligence.

    La cartographie génétique fournit également des données sur l’ascendance des volontaires. Rien que dans ces 1 247 génomes préliminaires il a été possible d’observer les variantes génétiques de 54 populations du monde. Les résultats montrent que oui, le Brésil est extrêmement métissé – mais que ce métissage ne s’est pas fait de manière équilibrée.

    Un héritage inégal

    La moitié de nos gènes sont hérités de notre mère, tandis que l’autre moitié est héritée de notre père. En général, il n’est pas possible d’identifier quels gènes proviennent de tel ou tel parent. Mais il y a des exceptions.

    Le chromosome Y est l’une d’elles. Les femmes ont des chromosomes sexuels XX, et les hommes des XY. Cela signifie que la mère transférera toujours le chromosome X au fœtus. Ensuite, le spermatozoïde du père est chargé de « décider » du sexe du bébé en envoyant le chromosome X ou Y.

    Cela signifie que chaque chromosome Y trouvé dans la population provient toujours du père, ce qui permet de retracer la lignée des hommes du pays. Il en va de même pour l’ADN mitochondrial en ce qui concerne les femmes. C’est toujours la mère qui transmet les mitochondries à son fils – les mitochondries sont des fabriques énergétiques des cellules qui ont leur propre matériel génétique – donc tout l’ADN des mitochondries d’une population a nécessairement été hérité des femmes.

    Maintenant, les résultats : 75% des chromosomes Y dans la population sont hérités d’hommes européens. 14,5 % sont d’hommes africains, et seulement 0,5 % sont d’hommes autochtones. Les 10 % restants sont pour moitié originaires d’Asie de l’Est et du Sud, et pour moitié d’autres régions d’Asie.

    Avec l’ADN mitochondrial, c’est le contraire : 36% de ces gènes sont hérités de femmes africaines, et 34% de femmes indigènes. Seulement 14 % proviennent de femmes européennes et 16 % de femmes asiatiques.

    En additionnant les pourcentages de femmes, nous obtenons que 70% des mères qui ont donné naissance à la population brésilienne sont africaines et indigènes – mais 75% des pères sont européens. La raison remonte aux années de la colonisation portugaise au Brésil. Le viol de femmes esclaves noires et autochtones était la règle.

    L’exploitation violente et l’extermination massive ont également fait que les hommes autochtones n’ont laissé presque aucun descendant – ils ne représentent que 0,5 % du génome de la population, alors que les femmes autochtones en représentent 34 %. « Ce qui s’est passé, c’est que nous avons tué ou soumis les hommes et violé les femmes », explique Tábita Hünemeier de l’Institut des biosciences (IB) de l’Université de São Paulo, qui étudie la génétique des populations et est l’une des coordinatrices du projet.

    De tels chiffres ne sont pas nouveaux pour la génétique. « C’est la norme latino-américaine », dit Hünemeier. Il en va de même pour la population de pays comme la Colombie et Cuba, qui ont également connu la colonisation ibérique. D’autres études génétiques menées au Brésil, qui n’analysent que le chromosome Y et l’ADN mitochondrial, ont montré la même tendance depuis les années 2000.

    En plus de mettre en lumière les atrocités historiques, le génome des premiers volontaires du projet a également révélé quatre millions de nouvelles variantes génétiques, qui ne sont pas enregistrées dans d’autres banques de gènes internationales. Une autre cartographie génomique récente, réalisée uniquement avec des personnes âgées brésiliennes, a montré deux millions de nouvelles variantes.

    Tlaxcala, 10 jan 2021

    Tags : Brésil, colonisation, esclavage, racisme, exploitation sexuelle, viol,