Étiquette : racisme

  • LFI : L’instrumentalisation de la mort de Samuel Paty à des fins politiques est indigne et abject.

    Chèr⋅e insoumis⋅e,

    Cette semaine a été ébranlée par l’assassinat de Samuel Paty, enseignant tué par un terroriste islamiste. Depuis, La France insoumise a fait l’objet de plusieurs attaques par des éditorialistes et des ministres macronistes qui tentent de nous imputer une responsabilité dans cet assassinat. Nous ferions preuve de « complicité intellectuelle » avec le terrorisme ! Nous aurions du sang sur les mains.

    Ces personnes instrumentalisent la mort de Samuel Paty à des fins politiques. C’est indigne et abject. Dans ces moments, notre devoir républicain est de faire preuve d’unité, comme l’a rappelé Adrien Quatennens sur France 2 : nous diviser, c’est rendre service aux terroristes islamistes et à l’extrême droite.

    Nous ne devons pas avoir honte de nos positions. Nous avons toujours proposé des solutions sérieuses pour vaincre le terrorisme islamiste et ne nous sommes jamais, nous, compromis avec les chefs de dictatures religieuses. À ceux qui veulent diviser les Français·es, nous répondons que nous serons toujours, dans toutes les occasions, les défenseurs du droit de croire ou ne pas croire, de la liberté d’expression, de la liberté de conscience.Vous nous trouverez toujours dans la cohérence. Car nous les insoumis·es nous refusons de trier. Nous refuserons toujours la haine et les tentatives de division du pays. Trier et diviser c’est l’agenda des terroristes et de l’extrême droite.

    Dans sa dernière note de blog, Jean-Luc Mélenchon est revenu sur cette semaine noire où toute la scène médiatico-politique a été emportée par l’extrême droite en quelques jours et où nous avons été accusé de tous les maux.


    Source : Avec Marx, 24 oct 2020

    Tags : Samuel Paty, La France Insoumise, extrême droite, Islam, islamophobie, racisme,

  • La décapitation en France et les enfants de la haine

    Opinion- Luk Vervaet

    Le 16 octobre 2020, un enseignant a été assassiné, décapité à Paris. L’acte est terrifiant et terrible, les mots pour le décrire le sont également. Un meurtre commis au couteau, à mains nues, non seulement d’un passant, mais d’un enseignant, touche délibérément notre imagination, plus qu’un meurtre commis à distance, avec une arme à feu ou avec un drone. Il évoque une image du passé, des temps barbares et primitifs, que nous pensions révolus depuis longtemps.

    Pourtant, nous ne découvrons pas cette horreur pour la première fois. Nous l’avons vu en Syrie, nous l’avons vu en Grande-Bretagne. Le meurtre du professeur de français m’a rappelé les images de l’attaque de Woolwich près de Londres. Le 22 mai 2013, deux jeunes hommes, Michael Adebolajo (28 ans) et Michael Adebowale (22 ans) d’origine nigériane, ont assassiné le soldat Lee Rigby (25 ans) avec un couteau de boucher puis ont tenté de le décapiter. Pour se venger de la guerre contre les musulmans en Irak, ont-ils déclaré.

    Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique, l’un des instigateurs de la guerre contre l’Irak, a ensuite déclaré que l’attaque n’était pas l’expression isolée de deux individus fous, mais une partie, je cite, « d’un problème plus large au sein de l’Islam ». Dans la semaine qui a suivi le meurtre, 193 incidents islamophobes ont été signalés, dont des attaques contre 10 mosquées.

    Un an et demi plus tard, le 14 janvier 2015, le raciste blanc Zack Davies (26 ans) a piraté le Dr Sarandev Bhambra, un sikh, avec une machette et un marteau dans un supermarché Tesco au Pays de Galles. Pour se venger du meurtre du soldat Lee Rigby, il a déclaré lors de son procès. La chaîne de vengeance et de représailles est sans fin. La ressemblance avec ce qui s’est passé en France est frappante. Seul l’auteur en France, contrairement aux trois auteurs susmentionnés en Grande-Bretagne, ne fera plus de déclaration. En France, plus de siège d’un coupable jusqu’à ce qu’il se rende, mais l’application de la peine de mort dans la rue. Quelque chose qui alimentera à nouveau toutes sortes de théories du complot.

    Dans une société comme la nôtre qui concentre tout sur l’individu, il suffit de marquer les auteurs comme des monstres qui se cachent sous nous et surgissent soudain de nulle part. Il suffirait de classer encore mieux et plus de personnes, de les liquider physiquement dans une attaque terroriste ou de les emprisonner à vie. Le choc généré par la cruauté des jeunes auteurs peut nous faire perdre de vue tout sens de la raison et de la proportion. Il ne s’agit pas ici de comparer les meurtres d’une part avec ceux de l’autre et donc de les blanchir. Ce qui compte, c’est d’assumer nos responsabilités en tant que société et société si nous voulons éviter autant que possible de telles tragédies.

    Les gens, et en particulier les jeunes, sont le produit de leur temps, de leur environnement, de leur société. Par exemple, ma génération de mai 68, ou du moins sa partie de gauche radicalisée, était un produit de son temps. Nous n’avons aucun mérite à cela. Nous avons été pris dans la vague de protestations et de résistances révolutionnaires qui faisait rage dans le monde à l’époque.

    Les jeunes d’aujourd’hui sont tout autant des produits et des échos du temps présent. En ce sens, le meurtre du professeur est un signe, un signal sur le monde barbare que les jeunes d’aujourd’hui ont hérité de nous. Aussi parce que la génération qui les a précédés a stocké ses rêves et ses idéaux d’un nouveau monde, ainsi que sa résistance aux guerres sans fin, pour s’intégrer dans le système que nous détestions autrefois.

    Kyle Rittenhouse (17) et Abdoullakh Anzorov (18)

    Je viens d’écrire un petit essai sur le meurtre de George Floyd aux États-Unis et les liens entre le terrorisme, l’extrême droite et la police aux États-Unis. Quand j’ai appris la nouvelle du meurtre du professeur à Paris, j’ai été frappé par le parallèle entre deux jeunes tueurs, l’un aux États-Unis, l’autre en France. Certains diront que c’est tiré par les cheveux ou que les États-Unis n’ont pas leur place dans ce débat. Parce que les Américains seraient des barbares en matière d’armes, de violence, de prisons ou de Guantanamo. Mais peut-être devrions-nous commencer précisément par regarder le monde, sans regarder aveuglément les soi-disant identités nationales et supériorité, comme cela se passe en France aujourd’hui.

    Le jeune homme aux États-Unis s’appelle Kyle Rittenhouse. Il a 17 ans. Il est fasciné par Trump. Il y a deux mois, le 25 août, il a commis deux meurtres. Deux jours plus tôt, il a vu des images de Mark et Patricia McCloskey en tant qu’invités d’honneur à la Convention nationale républicaine. Le couple était devenu connu dans tout le pays quand, lui avec un fusil d’assaut, elle avec un pistolet, ils se tenaient menaçants devant leur villa alors qu’une manifestation Black Lives Matter passait. Lors de la Convention, le couple a lancé un appel à suivre leur exemple: «Si nous sommes menacés, nous devons nous défendre». « S’ils ne l’avaient pas fait », a tweeté Trump, « au mieux, ils auraient été battus, leur maison aurait été pillée et peut-être incendiée ».

    Le lendemain, le Kenosha Guard, une milice locale d’extrême droite, a lancé un «Appel aux armes» sur Facebook. Le groupe a appelé « les patriotes armés à descendre dans la rue pour défendre la ville contre les criminels de Black Lives Matter ». C’est le climat qui a poussé Kyle à décider de déménager à Kenosha, de chez lui à Antioche, dans l’Illinois, à une demi-heure de route. Il était armé de son fusil Smith and Wesson AR-15, avec 30 cartouches. Sur ce, il a tiré de sang-froid sur deux manifestants.

    Le jeune homme en France s’appelle Abdullakh Anzorov. Il a 18 ans. Il est d’origine tchétchène et est né à Moscou en 2002. Il vit en France depuis l’âge de six ans. Comme Kyle, il ne vit pas là où il commettra son acte. Il habite Evreux, à une centaine de kilomètres de la commune de Conflans-Sainte-Honorine, où s’est déroulé le drame. Il aurait publié des messages sur Twitter pour promouvoir le jihad contre la Chine et l’Afghanistan.

    Tout comme Kyle a dû faire un long voyage, Abdoullakh doit se rendre à l’école, où il demande à un certain nombre d’élèves de lui désigner l’enseignant qu’il recherche. Il aurait même payé des étudiants pour cette information. Il ne connaît pas ce professeur. Il ne le connaît que par le biais des réseaux sociaux où il a lu les manifestations, demandant sa démission parce qu’il a montré les caricatures du prophète Mohamed dans la classe. L’humiliation doit être vengée. Abdoullakh répond à l’appel: « J’ai exécuté un de vos chiens de l’enfer qui a osé humilier Mohammed », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. Plusieurs heures plus tard, la police l’a abattu.

    Je peux continuer avec des comparaisons, comme celle entre Patrick Crusius, 21 ans, qui a tiré sur 21 personnes dans un supermarché d’El Paso, et Mohammed Merah, 23 ans, qui a tué sept personnes à Toulouse et Mantauban.

    Vingt ans de guerre, vingt ans de haine

    Ces jeunes ont tous le même âge que la guerre qui s’est déclenchée dans le monde entier il y a vingt ans pour se venger des attentats du 11 septembre 2001 à New York. Ces attaques ont été à leur tour une réponse à la première guerre du Golfe, qui a commencé en 1991 contre le monde arabe, contre l’Irak. Ce fut le début d’une guerre de cent ans contre les pays du Sud, pour l’instant principalement les pays arabes et musulmans.

    Nous nous souvenons des paroles de Bush et Blair: «Qui n’est pas avec nous est contre nous», «Les règles du jeu ont changé à jamais». Ce qui signifiait que la violence devenait le moyen de résoudre les problèmes politiques, sociaux ou religieux. Ce qui signifiait qu’il était légitime d’aller en guerre. Se venger. Détester l’autre. Œil pour œil dent pour dent.

    Ces jeunes n’ont jamais rien connu d’autre, jamais rien entendu d’autre. Ce sont les enfants de vingt ans de déclarations guerrières, racistes et islamophobes ininterrompues. Appel aux enfants de vingt ans à riposter et à se venger du massacre et de l’humiliation subis par les peuples et les pays opprimés.

    Dans ce climat, la liberté d’expression a une signification guerrière et un arrière-goût amer: quelqu’un comme Julian Assange est en prison à Londres et risque 175 ans de prison aux États-Unis pour avoir publié des documents anti-guerre. Les militants du BDS doivent régulièrement répondre devant les tribunaux de leurs publications contre l’État d’apartheid d’Israël. Les caricatures dégoûtantes de Charlie Hebdo sont déclarées marque de commerce de la République française. Quelque chose qui équivaut presque à la déclaration de Trump comme symbole de la civilisation occidentale.

    Les enfants nous regardent avec incrédulité. Le droit à la caricature est assimilé à l’éducation aux valeurs de la République: oubliez la pénurie d’enseignants, oubliez l’inégalité choquante dans l’éducation ou le manque tout aussi poignant de soutien et de ressources pour les écoles pour les enfants du peuple, oubliez les défavorisés les quartiers et les quartiers où les enfants sont censés apprendre.

    À la guerre!

    Le 2 octobre, quatorze jours avant l’assassinat, le président français Macron avait annoncé lors d’une conférence de presse sous le thème «La République en action», des mesures radicales pour enrayer le «séparatisme islamique», qui échappe aux valeurs de la république. coucher. Désormais, il ne s’agit plus d’une guerre contre le terrorisme, mais d’une guerre contre l’islamisme politique.

    Après le meurtre, une autre vitesse est passée: une véritable machine de guerre est mise en marche pour venger le meurtre du professeur. Stigmatisation de la communauté tchétchène par les uns. L’unanimité pour freiner «l’islam politique». Les perquisitions à domicile et l’annonce de la dissolution des organisations à but non lucratif et d’autres organisations, comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Fermeture de mosquées radicales. Annonce des expulsions. Renforcement de l’interdiction de porter le foulard.

    Les politiciens de gauche et les défenseurs des droits humains doivent commencer à s’excuser d’avoir participé à des marches contre l’islamophobie, au risque d’être qualifiés d’islamo-gauchistes, les judéo-bolcheviks des années 1930. Si nécessaire, disent certains, la constitution doit changé pour faire adopter toutes ces mesures. Le tout surmonté d’un discours ininterrompu sur la défense de nos valeurs, de notre civilisation, de notre liberté d’expression. Contre la barbarie des minorités qui rejettent ces valeurs.

    Breivik et Anzorov: deux mesures, deux poids

    Je n’oublierai jamais le silence qui a régné en Europe après le massacre de 77 personnes, dont des dizaines de jeunes, par Anders B. Breivik à Oslo et sur l’île d’Utoya le 21 juillet 2011. Bien sûr, l’absence a été grande et tout le monde a approuvé – de la gauche à la droit – me demande ce qui s’était passé. Mais pas de manifestations de masse, pas de stigmatisation, pas de raids, pas d’organisations interdites, pas de dénigrement contre «la barbarie de la majorité», pas d’interdiction de publication ou de traduction du manifeste de Breivik.

    Ce qui m’a le plus frappé à l’époque, c’est l’unanimité européenne, le déni dans toutes les clés de toute responsabilité politique de la droite ou de l’extrême droite pour la folie qui s’était produite en Norvège. Après tout, le meurtre et la liberté d’expression étaient deux choses différentes. Cette fois, c’est différent. Cette fois, il semble que nous nous dirigeons vers la guerre civile. La population n’a qu’une impression: le terrorisme musulman est l’ennemi parmi nous. L’extrême droite n’a rien à faire, à ne rien dire, elle a juste besoin de récolter les fruits du climat actuel.

    Où sont nos valeurs en ce qui concerne la percée de l’extrême droite juridique dans pratiquement tous les pays européens? Où est l’éducation sur nos valeurs et notre civilisation en réponse à la série de meurtres d’extrême droite en Europe?

    Après les 10 meurtres, les 15 vols de banque et les 2 attentats à la bombe commis entre 2000 et 2011 par la NSU, le groupe fasciste allemand de Beate Zschäpe. Après le meurtre du député britannique Jo Cox en 2016 par le raciste blanc Thomas Mair. Après la fusillade de Luca Traini, 28 ans, candidat de la Lega Norte aux élections municipales, qui a tiré ses deux pistolets semi-automatiques dans les rues de Macerata en février 2018 sur six migrants africains qui se sont croisés sur son chemin. Après l’assassinat du politicien allemand Walter Lübcke en juin 2019 par le fasciste Stephan Ernst, décrit par lui et une partie de la presse comme un «défenseur des migrants».

    Après l’attaque de Philip Manshaus, le terroriste raciste d’Oslo, contre la mosquée Baerum en août 2019. Après les meurtres de Stephan Balliet, 27 ans, un homme de Halle, en Allemagne, qui, le 9 octobre 2019, parce qu’il n’est pas entré une synagogue pour commettre une attaque, puis abattre une femme qui a eu le malheur d’y passer, et un homme dans un restaurant de kebab. Après les meurtres de Tobias Rathjen qui a abattu 11 personnes dans deux bars à chicha du centre-ville de Hesse le 19 février de cette année avant de se suicider. Et puis nous ne parlons pas de toutes les attaques et incendies criminels contre les centres d’asile qui ne sont pas classés comme terrorisme, mais comme crimes de haine.

    Chez Europol, toutes les flèches restent focalisées sur le djihadisme islamique. Mais pour la première fois, le rapport sur le terrorisme d’Europol 2019 pourrait ressentir une inquiétude croissante concernant l’extrémisme de droite. «En 2019, une vague d’incidents violents de droite, y compris les terribles attentats à Christchurch (Nouvelle-Zélande) et les attaques aux États-Unis, a également atteint l’Europe. Avec des attaques en Allemagne, en Norvège et au Royaume-Uni, une attaque ratée en Lituanie et un plan terroriste contrecarré en Pologne … Bien que de nombreux groupes d’extrême droite dans l’UE n’utilisent pas la violence, ils contribuent à un climat de peur et d’hostilité contre les groupes minoritaires. Ce climat, basé sur la xénophobie, la haine des juifs et des musulmans et des sentiments anti-immigrés, peut abaisser le seuil pour que certaines personnes radicalisées utilisent la violence contre les personnes et les biens des minorités, comme nous l’avons trop souvent vu ces derniers mois. Comme les djihadistes, les auteurs violents isolés de droite sont intégrés dans des communautés en ligne plus larges qui prêchent la haine et déshumanisent certains groupes de nos diverses sociétés ». Le rapport vaut largement la peine d’être lu. Tout cela étant entendu que, dans la plupart des cas, le terrorisme de droite n’est pas classé dans le terrorisme mais dans le crime de haine.

    Personne ne rate le fait qu’il s’agit d’une explosion mondiale de terrorisme blanc de droite. Le Centre très officiel d’études stratégiques et internationales (CSIS), qui se qualifie lui-même de «réflexion-merci numéro un dans le monde de la défense et de la sécurité nationale», exprime son inquiétude depuis des années. En 2018, vous pouviez lire sur son site Web: «  Le nombre d’attaques terroristes perpétrées par des auteurs d’extrême droite a augmenté au cours de la dernière décennie, et a plus que quadruplé entre 2016 et 2017 … En Europe, les attaques de l’extrême droite ont également augmenté, avec 43% entre 2016 et 2017… Depuis 2014, le nombre d’attaques d’extrême droite est plus élevé que celui d’attaques par des islamistes extrémistes ».

    Le 17 juin 2020, le SCRS a publié un nouveau rapport, encore plus inquiétant: «Entre 1994 et 2020, il y a eu 893 attentats et complots terroristes aux États-Unis. Dans tout cela, les terroristes de droite ont commis 57% de toutes les attaques et complots de cette période, contre 25% par des terroristes de gauche, 15% par des terroristes religieux, 3% par des ethno-nationalistes et 0,7% par des terroristes ayant d’autres motifs. ‘

    L’alternative ne peut être que de nous mobiliser pour mettre fin aux guerres sans fin qui font non seulement des centaines de milliers de victimes, mais qui alimentent également le terrorisme de toutes parts. Protéger les minorités ensemble. Ensemble, encore une fois, ouvrant la perspective radicale d’un monde qui mettra fin aux inégalités et à la pauvreté dans tous les domaines. Une inégalité déjà dramatique, mais qui s’est intensifiée pendant la crise sanitaire. Plus de répression, plus de guerre interne apporteront exactement le contraire de ce dont nous avons besoin: plus de haine et plus de folie meurtrière.

    De Wereld Morgen, 24 oct 2020

    Tags : Etats-Unis, terrorisme, Islam, islamisme, France, racisme, haine,

  • Trump Vs Biden, fascisme à l’ancienne contre fascisme du XXIème siècle

    Je vous propose une analyse de la situation politique aux Etats Unis telle qu’elle est comprise par Glen Ford de Black Agenda Report.

    Black Agenda Report se présente comme un média d’information, d’analyse et de commentaire politique de la gauche noire. L’article est extrait de leur site, Black Agenda Report dispose aussi d’une page Facebook.

    D’après Glen Ford, c’est en tout cas ce que j’ai compris, Donald Trump en tant que figure du passé, d’un fascisme à l’ancienne, est un accident dans le paysage politique des Etats Unis, du moins c’est ainsi que le perçoivent les élites économiques et financières. Ces dernières auraient opté pour un nouveau modèle qui inclut le management de la diversité susceptible de permettre à une infime minorité richissime de maintenir son contrôle de l’État. Ce modèle n’est pas moins fasciste (ou fascistoïde dirait Emmanuel Todd) puisque son principe est le pouvoir de cette minorité d’ultra-riches, le militarisme et la guerre perpétuelle.

    Pendant que cette élite dirige, le reste de la population est lancé dans une course vers le bas, la descente dont parle Emmanuel Todd dans son livre sur les luttes de classes en France au XXIème siècle.

    Glen Ford a-t-il lu Todd où s’agit-il simplement d’une convergence qui résulte de l’analyse,



    Qui est le fasciste le plus dangereux?
    Par Glen Ford, Black Agenda Report (USA) Editor 23 Juillet 2020 traduit de l’anglais par Djazaïri

    La plupart des gauchistes américains sont incohérents dans l’emploi du terme fascisme, et les Démocrates ont complètement détruit le sens de ce mot.

    «Dans leur vison politique caricaturale, fasciste signifie simplement «Trump».

    Après la prise d’une première tête de pont autour des bâtiments fédéraux à Portland, en l’Oregon, Donald Trump menace d’envoyer ses über alles Storm Troopers [Sections d’Assaut] de la sécurité intérieure dans les villes du pays qui, selon lui, sont «dirigés par des démocrates très libéraux [à gauche dans la terminologie américaine]… par la gauche radicale». La prochaine sur la liste est Chicago, où 150 agents fédéraux devraient être déployés dans les prochains jours. Des agents de la sécurité intérieure ont déjà été envoyés à Seattle et à Washington DC, et Trump a évoqué la nécessité de «dominer» le terrain à Philadelphie, Detroit, Baltimore et Oakland. Pendant ce temps, le ministère américain de la Justice prévoit d’étendre son intervention urbaine «Operation Legend», qui vise actuellement la criminalité locale à Kansas City, Missouri.

    Tout comme d’autres présidents américains ont historiquement utilisé l’armée comme instrument pour leur réélection, organisant des attaques contre des pays désignés par les Etats Unis comme «voyous» et «terroristes» pour consolider leur assise électorale, Donald Trump fait campagne en tant que shérif qui fera régner la loi et l’ordre dans les vastes régions du pays occupées le mois dernier par les hordes inspirées de «Black Lives Matter». Bien que l’intervention armée de Trump dans les affaires locales et étatiques semble politiquement en contradiction avec ses sympathies confédérées, son déploiement massif d’agents de la force publique paraît légal.

    Leur comportement dans la rue, cependant, est une autre affaire. «Des agents fédéraux non identifiés dans des véhicules banalisés enlèvent des manifestants pacifiques dans les rues, les transportent vers des lieux inconnus, sans les informer des raisons de leur arrestation, puis les relâchent sans trace de d’une procédure d’arrestation», a déclaré Marjorie Cohn, ancienne présidente de la National Lawyers Guild. «Ces actions rappellent la police secrète des dictatures qui kidnappe e t« fait disparaître» les opposants au régime. Elles sont conçues pour dissuader les gens d’exercer leur droit au premier amendement de protester contre le racisme et la suprématie blanche.»

    Oui, ça «rappelle» la police secrète à d’autres époques et dans d’autres pays, mais les agents de la sécurité intérieure se comportent en fait comme le font les flics locaux un peu partout aux États-Unis. La police de Chicago a fait fonctionner pendant des années un centre de torture pas si secret dans lequel des hommes noirs disparaissaient jusqu’à ce qu’ils avouent des crimes qu’ils n’avaient pas commis. Les villes du pays déploient régulièrement des «escouades» de policiers en civil qui sautent de véhicules banalisés pour enlever des gens dans les rues de leur quartier. Et la plupart des flics locaux chargés de réprimer les manifestations anti-police retirent leurs badges et marques d’identification. Les équipes SWAT (unités d’élite de la police) locales et fédérales portent régulièrement des masques pour cacher leurs identités. Cela aussi «rappelle» le fascisme, mais cela n’a pas commencé avec Trump en janvier 2017.

    De fait Trump est plutôt amateur dans le domaine de l’art sinistre de la répression intérieure, son expérience passée se limitant à terroriser les locataires de ses immeubles d’habitation et les «apprentis» dans les émissions de télé-réalité. Les outils de répression étatique déployés par Trump en tant que The Mad White Avenger étaient déjà beaucoup utilisés par les anciens présidents. Le FBI de Barack Obama a coordonné la répression par la police nationale des sites d’Occupy, il y a près de dix ans – une vaste opération impliquant les actions synchronisées d’un président démocrate noir, de maires principalement démocrates et de leurs chefs de police. La maire noire de Baltimore avait qualifié les personnes qui avaient pris part à la rébellion de Freddie Gray de 2015 de «voyous» – déshumanisant ainsi ses propres électeurs – tout comme Obama, dont les procureurs fédéraux avaient exigé et obtenu des peines sévères pour les accusés de dégradations matérielles.

    Obama a marqué un tournant dans l’histoire de l’État policier quand il a obtenu l’adoption par le Congrès d’une législation autorisant la détention pour une durée indéfinie de citoyens américains sans faire l’objet d’un procès ou d’une accusation – un saut dans l’abîme que même George W. Bush n’avait pas osé faire.




    Les outils de répression étatique déployés par Trump en tant que The Mad White Avenger étaient déjà beaucoup utilisés par les anciens présidents.




    Les libertariens en matière de droits civiques sont à juste titre préoccupés par le fait que le ministère de la Justice de Trump se coordonne avec la police locale pour se servir de Facebook pour accuser ceux qui protestent contre l’assassinat de George Floyd de crimes graves – un autre signe avant-coureur du fascisme. Mais les polices locales utilisent depuis des années Facebook comme outil d’enquête de premier ordre. Et les groupes de travail de la police fédérale- police de New-York sous le titre «Operation Crew Cut» s’étaient grandement appuyés sur des déclarations faites sur Facebook pour inculper plus de 100 jeunes dans deux quartiers HLM de Harlem en 2014 et 120 autres jeunes noirs et à la peau bronzée du Bronx en 2016– un raid présenté comme la plus grande opération de «répression des gangs» de l’histoire de New York. Est-il fasciste d’utiliser Facebook contre des dissidents politiques, mais normal quand il s’agit d’expédier les «suspects habituels» (jeunes de couleur ) dans le goulag de l’incarcération de masse? Ou est-cet fasciste seulement quand Trump le fait?




    Si la plupart des gauchistes américains sont incohérents dans l’emploi du terme fascisme,les Démocrates ont complètement détruit le sens de ce mot.




    Comme je l’ai écrit dans des articles précédents (voir «91ll Legacy: Two Contending Fascisms », 15 septembre 2018), le système Jim Crow du sud des États-Unis a servi de modèle à l’État racial d’Adolph Hitler. Le Sud ségrégationniste entièrement sous les lois Jim Crow, correspondait en fait plus étroitement à la définition largement répandue du fascisme que la plupart des fascismes européens du XXe siècle:

    * Nationalisme poussé à l’extrême

    * Recours fréquent au pouvoir de la foule

    * Oppression d’un «Autre» interne comme principe organisateur

    * Militarisme

    * La domination politique des éléments les plus réactionnaires de la bourgeoisie

    “ le système Jim Crow du sud des États-Unisa servi de modèleà l’État racial d’Adolph Hitler”

    Donald Trump est un fasciste américain à l’ancienne, du genre Jim Crow – mais qui est également désireux d’utiliser tous les outils modernes de répression politique et raciale pour préserver un système capitaliste dans sa phase de déclin final. La politique ouvertement raciste de Trump (avec l’oppression d’un «Autre»interne comme principe organisateur») le rend incompatible avec la doctrine de la «diversité» managériale adoptée par nécessité par les multinationales. Il entre donc en tension avec le régime capitaliste au 21e siècle – mais est extrêmement utile comme repoussoir, c’est pourquoi il a été l’adversaire préféré des démocrates liés au monde des affaires en 2016 et 2020. N’ayant rien à offrir à leur base si ce n’est une austérité sans fin («la course vers le bas ”) et la guerre, les démocrates liés au monde du business ont fait de Trump le seul enjeu de leurs campagnes.

    Le capital multinational et l’État sécuritaire (CIA, etc.) trouvent Trump totalement indigne de confiance en tant que gestionnaire de l’empire américain – c’est pourquoi ils ont concocté le Russiagate en collaboration avec les démocrates.

    Les républicains sont depuis plusieurs générations les vassaux des grandes compagnies pétrolières, tandis que les démocrates sont le parti privilégié du capitalisme financier qui domine désormais tous les secteurs capitalistes, y compris les médias et la haute technologie. Au sein du duopole électoral, les Noirs n’ont d’autre choix que les Démocrates, tandis qu’environ la moitié des Blancs choisissent les Républicains, ouvertement le parti des Blancs bien avant l’avènement de Trump, l’intrus impulsif. Cependant, le duopole institutionnel fonctionne mieux pour tous les secteurs du capital lorsque les partis du duopole jouent en «tag team» [en collusion], échangeant périodiquement les rênes du pouvoir exécutif avec le moins de perturbations possible pour l’ordre capitaliste. {C’est ce qu’ils appelaient le «génie» du système. ) L’humiliation de l’establishment corporatif républicain par Donald Trump en 2016 – avec l’aide décisive des démocrates et des grands médias – a déstabilisé le duopole politique, le mécanisme institutionnel qui, avec les médias liés au monde des affaires, médiatise les divergences entre les secteurs capitalistes et construit un récit politique commun ( mensonges) pour la consommation populaire. Le résultat a été une scission ouverte et destructrice de la classe dirigeante, les instruments étatiques de la sécurité nationale (CIA, etc.) collaborant ouvertement avec les démocrates pour rendre politiquement illégitime un président en exercice.




    “ le duopole institutionnel fonctionne mieux pour tous les secteurs du capital lorsque les partis du duopole jouent en «tag team» [en collusion]’”




    La bonne nouvelle, c’est que la guerre civile interne à la classe dirigeante a délégitimé non seulement Trump mais l’ordre impérial US lui-même. Une fois perdue, la légitimité politique peut rarement être intégralement recouvrée – et certainement pas par un ordre capitaliste en bout de course en proie à un écheveau de contradictions accumulées en son stade terminal, et dont le domaine impérial se réduit progressivement.

    La mauvaise nouvelle est que la gauche US est si faible qu’elle a été incapable de proposer un discours qui explique les crises multiples qui ont été si dévastatrices pour le peuple américain, ou même d’accomplir a minima nos obligations de solidarité avec les victimes de l’impérialisme US dans le monde. Imaginant le fascisme dans les termes d’une caricature personnifiée par Trump, les gauchistes américains semblent croire que anti-Trump égale antifascisme, alors qu’en fait Trump représente un avatar de Jim Crow que les champions du capital cherchent à écarter depuis un demi-siècle afin d’exercer leur pouvoir plus efficacement. Ces champions du capital ont, par contre, construit un ordre fasciste du 21ème siècle dans lequel un tout petit nombre de milliardaires peut exercer le pouvoir sans réelle opposition, tandis qu’une bonne partie du monde est enfermé et contraint à une «course vers le bas» et que la moitié de l’humanité vit dans la terreur d’interminables guerres américaines.

    Le président Obama était un agent de ce fascisme – qui n’est pas une caricature de presse, et tue des millions de gens. Il en est ainsi de tous les Démocrates du jeu institutionnel. Ils sont les plus dangereux parce que si peu de gens les considèrent comme des fascistes, en dépit de leur servilité abjecte à l’égard de la dictature du monde des affaires, de l’État carcéral et des guerres sans fin. Nous battrons Trump pour la simple raison qu’il ne représente pas la véritable classe dirigeante capitaliste. L’oligarchie veut qu’il soit battu – et elle veut que nous la remerciions d’oeuvrer pour ses propres intérêts et se débarrasser de son propre problème: le genre de service que rend l’oligarque Michael Bloomberg quand il achète le contrôle de l’infrastructure du Parti Démocrate ainsi que la loyauté d’une partie substantielle de la (pseudo) classe politique noire.

    Certains gauchistes américains, incapables de sortir de leur vision caricaturale craignent que Donald Trump refuse de quitter la Maison Blanche si le scrutin lui est défavorable en novembre. Ils imaginent que les généraux de l’armée américaine soutiendront un coup de force de Trump dans un scénario de «Sept jours en mai» à l’envers. Complètement ridicule! Un coup de force militaire ne pourrait venir que du J-SOC, le Joint Special Operations Command qui supervise les forces d’opérations spéciales de toutes les branches de l’armée, comme les Bérets Verts (armée de terre) et les SEALS (marine). Les unités d’opérations spéciales ont toujours travaillé main dans la main avec la CIA – de fait, les Bérets Verts sont souvent appelés «l’armée de la CIA». Donald Trump, le candidat de «l’arrêt des des changements de régimes» [no more regime changes] en 2016 s’est ainsi gagné un ennemi implacable dans la CIA.

    Si un coup de force quelconque devait se produire en novembre, ce serait en faveur des Démocrates. Et beaucoup de gens qui se présentent comme de gauche applaudiront, se figurant la CIA comme un allié dans la lutte contre le «fascisme.»

    Source : Mounadil Al Djazaïri

    Tags : Etats-Unis, USA, Donald Trump, Joe Biden, fascisme, impérialisme, racisme,

  • Aux pays de la françafrique, la mort de Georges Floyd est passée inaperçue

    Le nationalisme culturel qui consiste à porter de beaux habits africains traditionnels, qui s’arrête à se glorifier d’un passé prestigieux remontant à la vallée du Nil, qui vante la fierté d’être Africain, mais dont les tenants se bousculent pour apparaître devant le grand ordonateur de nos oppressions, signe notre défaitisme et entérine les formes actuelles de nos capitulations.

    Les nationalistes culturels se sont précipités à Paris pour soutenir Charlie.
    Mais dans les espaces francophones, mis à part quelques collectifs de la société civile au Sénégal et au Mali peut-être, la mort de George Floyd est passé globalement inaperçue.

    L’Afrique francophone n’a pas vocation à rester éternellement à l’écart du monde, prisonnière du carcan de la France-Afrique.

    Si l’apartheid sud-africain n’a pas été une fatalité, c’est que le régime néocolonial de la France-Afrique l’est encore moins.

    Ahmad Nougbo

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    Tags : Françafrique, racisme, Georges Floyd,

  • Un déni français

    par Paris : Akram Belkaïd


    Il ne pouvait en être autrement. Dès les premières manifestations aux Etats-Unis en protestation contre l’assassinat, par un policier, de George Floyd, un afro-américain de Minneapolis (Minnesota), les médias français ont été pris de leur habituelle empathie à l’égard des combats antiracistes que connaît l’Amérique depuis si longtemps. Toutes les grandes chaînes d’information en continu mais aussi les radios et les principaux quotidiens ont consacré une large place à cet énième épisode de violence policière débouchant sur la mort d’un être humain.

    Les informations et les analyses concernant ce drame et les impressionnantes marches populaires qui ont suivi offrent une image plutôt fidèle de la réalité américaine. On citera en exemple les articles consacrés à la ville de Minneapolis, dirigée par un démocrate, dont l’image « progressiste » ne parvient pas à faire oublier des décennies d’inégalités et d’impossibilité pour la population noire d’accéder à la propriété immobilière. Les provocations et surenchères du président Donald Trump, appelant à mater les protestataires et menaçant de déployer l’armée, ajoutent à l’intérêt des médias français qui peuvent gloser à l’infini sur le racisme et la violence intrinsèques des forces de l’ordre américaines.

    Ironie de l’histoire, quelques jours auparavant, la France a connu une polémique sur le même sujet. Camélia Jordana, chanteuse et actrice née en France et de grands-parents algériens, a provoqué le tumulte avec deux déclarations prononcées dans une émission de grande écoute sur France 2 : « Il y a des hommes et des femmes qui se font massacrer quotidiennement en France, tous les jours, pour nulle autre raison que leur couleur de peau. », a-t-elle ainsi déclaré avant de préciser :« Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie ».

    On regrettera l’usage du verbe « massacrer » pris au premier degré par de nombreux commentateurs trop heureux de discréditer le propos de l’artiste. Mais pour le reste ? Qu’a-t-elle dit pour mériter un tel torrent de critiques et de haine avec, à la clé, des menaces de poursuites judiciaires proférées par des syndicats de policiers ? En France, une bonne partie des élites vit dans le déni d’une réalité sordide. Celle de la violence policière structurelle, pour ne pas dire systémique, infligée aux minorités et aux classes populaires. Même les violences subies par les Gilets jaunes – qui ont découvert en 2018 ce qu’enduraient depuis longtemps les jeunes des quartiers – n’ont pas modifié la donne.

    La peur du flic est une réalité. Le seul changement, c’est qu’elle s’est étendue à d’autres catégories de la population. Aujourd’hui, les gens vont aux manifestations avec la peur au ventre parce qu’en face, c’est buffet ouvert. Recours à la stratégie de la nasse, usages intensifs de gaz lacrymogènes alors que les cortèges sont calmes, tirs aux lanceurs de balles de défense (LBD) sont devenus des actes courants symbolisés par les outrances du préfet de Paris Didier Lallement. Ebranlé par la crise des gilets jaunes, discrédité par son impréparation et sa désinvolture face à l’épidémie de coronovirus, le gouvernement français semble craindre sa police. A chaque bavure, le message est toujours le même. Il n’y a rien eu ou s’il y a eu quelque chose, il faut faire preuve de compréhension.

    Il est très probable que l’on ne sache jamais qui est le policier qui a tiré une grenade lacrymogène dans le visage de feu Zineb Redouane. Ce sujet qui devrait constituer une indignation nationale n’a jamais fait la une des journaux. Il est vite évoqué et on passe à autre chose. L’affaire Adama est encore plus symbolique. En juillet prochain, cela fera quatre ans que la famille d’Adama Traoré, mort à 24 ans dans une gendarmerie, réclame justice. Et cela fait quatre ans qu’une conspiration du silence vise à relativiser l’importance des mobilisations. Mardi 2 juin, d’impressionnantes manifestations ont eu lieu à Paris et Marseille pour réclamer la vérité. Le soir, les grands journaux télévisés ont consacré des dizaines de minutes à la situation américaine mais presque rien pour le rassemblement à la mémoire d’Adama Traoré. L’évitement, toujours et encore… L’incapacité à reconnaître qu’il y a un vrai problème de violences policières en France.

    Il y a bientôt quinze ans (misère…), je consacrais une chronique à ce qui fut le prélude aux émeutes de l’automne 2005 (*). Je faisais le lien entre ces violences et le passé colonial qui a façonné bien plus qu’on ne le croit la police. J’y racontais comment on peut habiter le très chic septième arrondissement de Paris, avoir une situation confortable dans la finance et avoir peur d’entrer seul dans un commissariat pour y déclarer le vol de son scooter, tout cela parce que l’on a un nom et un faciès maghrébin. J’ai revu cette personne il n’y a pas longtemps. Nous avons reparlé de cette affaire. Elle m’a déclaré que cette peur n’avait pas disparu, bien au contraire. Dans cette même chronique, j’évoquais les contrôles d’identité musclés de la Brigade anti-criminalité (BAC). Le tutoiement, les gifles qui fusent et l’impossibilité de protester sous peine d’être embarqué pour le bien commode motif de rébellion. A dire vrai, rien de tout cela n’a changé. Et le déni demeure.

    (*) Après Clichy-sous-Bois, 5 novembre 2005. Chronique reprise par Courrier International, le 12 novembre 2005… (précision qui sera peut-être utile pour les exégètes de ma dernière chronique).

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    Tags : France, George Floyd, racisme,

  • La très longue route de George Floyd

    L’histoire ne serait elle qu’un long serpent qui se mord la queue, un récit qui s’enroule et se répète ? Depuis la place Royale jusqu’au Palais de Justice, des milliers d’homme et de femmes, monocolores sous leur masque et leur tenue sombre, ont marché pour George Floyd, cette victime de trop, tombé en bout de chaîne, dont la mort soudain nous révulse. Nous ignorons qui étaient les ancêtres de cet homme jeté à terre, mais, nous souvenant des statues barbouillées parce qu’elles évoquent notre passé colonial, devant les pancartes rappelant que toutes les vies comptent, nous sommes retournés quatre siècles en arrière, en songeant que tout se tient. Peut être les ancêtres de cet homme étouffé étaient ils originaires de la Côte atlantique, ou avaient ils été capturés dans les forêts d’Afrique centrale pour être emmenés, enchaînés, à fond de cale, dans les navires négriers ? Peut-être, arrivés sur le sol américain, avaient ils été pesés, séparés, réduits à la valeur marchande de leur force de travail ? Durant quatre siècles, les Afro Américains se sont battus pour devenir des citoyens à part entière et dans le Minnesota où il cherchait du travail, Floyd aurait du jouir du même respect et des mêmes droits que les descendants d’autres migrants, souvent venus de Scandinavie…Sauf que lui, il était Noir…

    Et qui se souvient du fait que dans le continent de ses ancêtres supposés, la traite négrière a emporté Outre Atlantique plus de trente millions d’hommes et de femmes enchaînés, (une estimation approximative) ? Cette razzia, en réalité un commerce organisé et fructueux, menée depuis les côtes atlantiques et celles de l’Océan indien, a dépeuplé les villages de l’intérieur jusqu’au cœur du continent, siphonnant les forces vives de l’Afrique. Et, lorsqu’au 19 en siècle, les explorateurs européens, mandatés par les puissants de l’époque, dont « notre » Léopold II, entreprirent de « découvrir » des terres déjà traversées par les caravanes esclavagistes, les populations locales, déjà affaiblies, leur opposèrent une moindre résistance. Ne restait plus, par le fer et la contrainte, qu’à apporter la civilisation. A dominer pour mieux exploiter, à mater les révoltes et à rapatrier les bénéfices.

    L’histoire tourne en boucle et les jeunes manifestants mélangent tout, avec raison : l’esclavage, ce travail gratuit qui jeta les fondements de la prospérité américaine, la colonisation qui accéléra le décollage des puissances européennes, le déséquilibre persistant des relations Nord Sud, qui, 60 ans après le temps des indépendances, inspire la quête d’une vie meilleure et les flux migratoires. Les panneaux brandis devant le Palais de Justice ont rappelé tout cela : la révolte et l’espoir, la colère aussi, qui a malheureusement dérapé. Le seul contre feu possible, c’est de mieux connaître l’histoire. Pour faire un travail de vérité mais aussi parce que l’amnésie et l’ignorance contribuent au racisme.

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    Tags : George Floyd, racisme, discrimination,

  • La France raciste

    Ils disent sur leurs plateaux télé :  » La France n’est pas raciste, nous avons les documents et les chiffres… Tout n’a pas été mauvais dans la colonisation parce qu’on a construit des routes et des hôpitaux »

    Les gauchistes blancs c’est la même musique. Blanchard le spécialiste de la colonisation qui nous dit : je suis mal à l’aise avec se qui se passe aujourd’hui .. « . Sauf que ses états d’âme , franchement rien à faire.
    Parce que nous, nous sommes l’autre face du problème colonial.
    La face vivante.
    Je suis d’une génération dont les parents sont nés et ont vécu sous la colonisation.

    Et c’est vrai que nos oncles et tantes ne nous ont pas parlé de ce qu’ils ont subi pendant cette sombre période. Par pudeur et par fierté. Chez nous un père ou une mère n’a pas à étaler ses blessures, même invisibilises devant ses enfants.

    Mais les amis de nos parents, les voisins, les grands oncles, les doyens, en Fon, on dit Mèxoxo lè, eux nous ont parlé.
    Et ils ont tous dit la même chose.
    « -À l’époque du Blanc c’était dur
    -comment ça dur ?
    – Mais tu ne salues pas le Blanc quand il passe devant toi il te chicotte correctement.

    Si il te dit de lui fournir deux sacs de cajou par mois et que tu ne le fais pas ils viennent chez toi, ils t’emmènent dans une de leur grande maison, ils parlent entre eux et après ils t’envoient dans un pays que tu ne connais pas les chaînes aux pieds.. Beaucoup ne sont jamais revenus.

    C’est comme leur guerre ils sont venus nous dire qu’on devait traverser la mer pour aller combattre chez eux. Si tu refuses de donner ton fils ils ne te lâchent pas jusqu’à ce que tu cèdes ».
    Bien sûr que le racisme français a fait système.

    D’abord à la périphérie, dans les plantations esclavagistes françaises des Amériques, puis dans les territoires de l’empire colonial.
    Et en France depuis que les immigrés ont fait communauté dans les bidonvilles, et après dans les cités.

    Avant de répondre à la question de savoir si le racisme a fait système ou non en France, il faut pouvoir entendre les immigrés historiques parler de leurs conditions de vie sur le territoire national .
    Entendre, les enfants et les petits enfants de ces historiques.
    Le fait qu’ils disent deuxième ou troisième génération prouve que le racisme a fait système dans le temps en France.

    C’est comme tous ces migrants qui ont bravé la Méditerranée. Ils sont la preuve vivante qu’il y a système depuis l’Afrique vers la France.
    Parce que c’est le pillage de nos « pays » leur exploitation, par Bolloré Bouygues et compagnie, leur destabilisation politique, les guerres actuels au Mali en Centrafrique en RDC qui ont provoqué ces vagues de migration sauvages.

    Ils mettent le feu au Kivu par Rwandais interposés et après ils s’étonnent que les mamans congolaises sont nombreuses à vendre leurs produits sur les trottoirs de Château Rouge
    Bien sûr que le racisme a fait système jusqu’en France.

    Ahmad Nougbo

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    Tags : France, racisme, georges floyd,

  • Etats-Unis : 40% des soldats américains sont des noirs

    Donald Trump qui a voulu mobiliser l’armée contre la communauté Africaine-Américaine a oublié un fait que les principaux responsables des institutions du pays, ont eux pris en compte pour désobéir à leur  » chef des armées ».

    L’armée étatsunienne est aujourd’hui composée à 40% de Noirs. Elle a été la première institution du pays à avoir aboli la ségrégation au sein de ses rangs suite au décret 9981 signé par le président Truman le 26 juillet 1948.
    Colin Powell a été le premier chef d’état-major interarmées, noir des États-Unis. Depuis, on ne compte plus les officiers noirs de haut rang au sein de l’armée américaine.

    Demander aujourd’hui à l’armée de tirer sur des Noirs pour restaurer  » la loi et l’ordre » selon Donald Trump aurait été prendre le risque d’introduire à nouveau de la division raciale dans l’une des principales institutions des États-Unis.
    Le pouvoir blanc a toujours eu peur que des Noirs portant des armes ne les retournent contre lui.
    Nous ne sommes pas naïfs.

    La question des armes a constitué le premier facteur qui est en train d’amener de plus en plus de Blancs aux États-Unis à poser un genou à terre en signe de repentance pour 5 siècles de régime de domination raciale contre les Noirs.

    Dans toute révolution, même pacifique, la question de la violence et des armes n’est jamais très loin. Et tout système d’oppression prend toujours soin de ménager l’état d’esprit de ceux des opprimés qu’il a intégré dans ses rangs en leur permettant de porter des armes. Parce que ces derniers gardent toujours des liens affectifs très forts avec ceux du camp d’où ils viennent.

    Ahmad Nougba

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    Tags : Etats-Unis, armée, racisme, marines, noirs, afro-américains, George Floyd,

  • Le réveil noir dans l’Amérique d’Obama (1/2)

    Il y a, cependant, des ruptures périodiques dans le fil du récit qui fait du triomphe de l’Amérique sur le racisme l’une des principales caractéristiques de cette société. En 1955, en pleine Guerre froide, le meurtre d’Emmett Till fait voler en éclats le discours de la supériorité morale et démocratique de la société états-unienne. Le mouvement Black Freedom des années 1960, qui éclate au moment même où les USA livrent une guerre au Vietnam (soi-disant au nom de la liberté), fait apparaître au grand jour à quel point le pays dans son ensemble est profondément raciste et réfractaire aux revendications d’égalité et de libération noires.

    Plus récemment, en 1992, les émeutes de Los Angeles relancent le débat sur la persistance des inégalités raciales. En 2005, la réponse honteuse de l’administration Bush à l’ouragan Katrina submergé momentanément les brillantes auto-congratulations des dirigeants états-uniens a une période où le pays se trouve, à nouveau, empêtré dans la guerre et l’occupation militaire au nom de la liberté et de la démocratie, cette fois respectivement en Irak et en Afghanistan.

    S’il est presque toujours impossible de dire quand et où surgira une mouvement, le fait que dans de telles conditions un mouvement finira tôt ou tard par éclater relève, lui de la certitude. Aujourd’hui, la naissance d’un mouvement contre le racisme et la police révèle une fois de plus l’illusion d’une société américaine « indifférente à la race » ou « post-raciale ». Aux cris de « Hands Up, don’t shoot », « I can’t breathe » et « Black lives matter », des dizaines de milliers de citoyens ordinaires se mobilisent pour mettre un terme à une violence policière et des meurtres d’Afro-Américains quotidiens.

    Chaque semaine, les réseaux sociaux sont inondés d’histoires de violences policières subies par des citoyens ordinaires ou de meurtres de jeunes noirs presque toujours désarmés. L’apparition de ces moyens de communication a presque rendu simultanées la survenir d’un incident et l’information du public. Là où les grands médias ont, comme d’habitude, sous-estimé voir ignorer les plaintes du public contre la corruption et les abus de la police, la prolifération des smartphones a donné à tout un chacun la possibilité d’enregistrer ces incidents et de les diffuser très largement sur diverses plateformes virtuelles.

    Si, historiquement, les émeutes ont presque toujours été déclenchées par des épisodes de violences policières, celles-ci n’ont jamais constitué que la partie émergée de l’iceberg. Et cela n’a pas changé. L’apparition d’un mouvement contestataire noir sous la présidence d’Obama peut surprendre, et pourtant, à cause de la réticence de cette administration à se mobiliser sur ne serait-ce qu’un seul des problèmes de fond auxquels est confrontée la population noire, sa situation a empiré sous les mandats d’Obama.

    Séduits par ses promesses d’espoir et de changement, et par sa déclaration selon laquelle « oui, on peut » arrêter la guerre en Irak, les Afro-Américains se sont mobilisés de façon historique pour le soutenir en 2008 et en 2012. Surtout, ils espéraient se libérer de l’indifférence ahurissante dont l’administration Bush avait fait preuve vis-à-vis des souffrances des noirs, pleinement illustrée par la catastrophe de l’ouragan Katrina. Mais les Afro-Américains ont, à tous points de vue, subi sous la présidence d’Obama la même indifférence et la même discrimination active ; dans certains cas, elles ont même empiré. Le chômage des noirs s’est maintenu à des taux à deux chiffres, et même les diplômés noirs de l’université ont deux fois plus de chances de se retrouver au chômage que les diplômés blancs. En 2014, 12% d’entre eux, contre 4,9% des diplômés blancs, étaient sans emploi. En d’autre terme même ceux qui « ne se sont pas cherché d’excuses », sont allés à la fac et – comment disait Bill Clinton – « ont respecté les règles » réussissent toujours significativement moins bien que leurs camarades blancs. »

    Keeanga-Yamahtta Taylor « Black Lives Matter. Le renouveau de la révolte noire américaine». Éditions agone/contre-feux. P. 26-28.

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    Tags : George Floyd, Etats-Unis, racisme, violence policière, discrimination,

  • En France aussi, la police assassine les noirs

    En France aussi la police et ses soutiens de l’extrême droite utilisent les mêmes méthodes contre les Noirs et les Non-Blancs.

    Source : Urgence, notre police assassine
    Depuis des décennies au moins.
    Le 6 avril 1993 le jeune Makomé est exécuté dans un commissariat par un policier d’une balle dans la tête.
    Le 21 février 1995 le jeune Ibrahim Ali, 17 ans est assassiné d’une balle dans le dos par un colleur d’affiches du FN.
    C’est qu’en 1986 en arrivant aux affaires Charles Pasqua le ministre de l’intérieur de l’époque avait déclaré à ses hommes, au sujet des bavures policières :  » je vous couvrirais. »

    Source : Humanité
    Au lendemain de la mort de Malik Oussekine le 6 décembre 1986, lynché à mort dans une cage d’escalier par deux policiers de la section des voltigeurs,
    Robert Pandraud le ministre délégué à la sécurité, le second de Pasqua enfonce le clou en criminalisant la victime.
    Il insulte publiquement la mémoire de Malik Oussekine en déclarant :  » si j’avais un fils sous dialyse j’éviterais qu’il faille faire le con dans la nuit ».

    Source: France Inter
    Les policiers y ont vu un passe-droit et depuis, les violences policières contre les gens des quartiers sont devenues structurelles.
    Les morts de Zyed et Bouna le 27 octobre 2005 mettront le feu dans les cités de France pendant 3 semaines.
    Ce soulèvement avait surgi quelques mois après que Nicolas Sarkozy, le ministre de l’intérieur de l’époque, en déplacement à la Courneuve le 20 juin 2005 ait déclaré :
     » il faut nettoyer au Karcher les 4000. »
    Le 20 octobre suivant il avait récidivé dans l’insulte public à Argenteuil en traitant les jeunes des quartiers de « racailles ».
    Depuis, les affaires de meurtres policiers se sont multipliées.
    Et la liste des victimes ne cesse de s’allonger.
    Les affaires sont sordides. Ce sont des exécutions humaines, excusées par la justice, soutenues par le pouvoir politique.
    Le 20 janvier 2020, Emmanuel Macron a refusé de reconnaître ces actes comme des violences policières.

    Source: BFMTV
    Le cycle de violences policières se poursuit donc en France.
    Mais la police a désormais face à elle des familles de victimes des associations et collectifs de militants qui
    se sont organisés pour lui réclamer des comptes.
    En France aussi, la vie des des Noirs des Arabes des Musulmans des Migrants, des Rohms, celle des Non-Blancs et des populations issues des immigrations post-coloniales compte.

    Ahmed Nougbo

    Source

    Tags : France, racisme, noirs, discrimination,