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  • A propos des attaques contre Camélia Jordana – La fabrique politique de la violence policière

    La scène politique et médiatique française vient de vivre un nouvel accès de fièvre idéologique pour imposer le point de vue des dominants et de frénésie collective pour silencier une parole critique. Cette fois-ci le déclencheur est une déclaration de la chanteuse Camélia Jordana sur les violences policières lors de l’émission « On n’est pas couché » de France 2 du 23 mai 2020 : « il y a des hommes et des femmes qui se font massacrer quotidiennement en France, tous les jours, pour nulle autre raison que leur couleur de peau […] Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fait partie. Aujourd’hui j’ai les cheveux défrisés. Quand j’ai les cheveux frisés je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France[i]. » Depuis les déclarations fustigeant la chanteuse se sont multipliées, les « chroniqueurs » et pseudo spécialistes s’en sont donnés à cœur joie, l’extrême-droite a été invitée sur tous les plateaux pour exprimer son indignation, un syndicat de police a porté plainte, etc., et bien sûr nous avons eu droit à une condamnation officielle du gouvernement par la bouche de son ministre de l’intérieur. Ce même gouvernement n’avait pas trouvé nécessaire de dire le moindre mot pour réagir à l’incendie criminel d’un campement Rom le 19 mai ou aux tags islamophobes sur les murs de la mosquée de Cholet deux jours plus tard. Quelle réalité cette fièvre médiatique et politique tente-t-elle d’invisibiliser ?

    Les symptômes d’un cancer politiquement fabriqué

    La réalité dénoncée par la chanteuse n’est ni nouvelle, ni exagérée. Elle est désormais documentée par de nombreuses recherches et par autant de rapports d’enquêtes d’associations de défense des droits humains. Elle a été à l’origine de multiples révoltes collectives des quartiers populaires depuis la fin de la décennie 70 avec comme summum les révoltes de novembre 2005 qui voient 400 quartiers populaires de l’hexagone devenir le théâtre d’affrontements entre des jeunes et la police pendant 21 jours. Ces révoltes étaient inédites en France comme en Europe tant du fait de leur intensité que de leur durée. Les sociologues Marwan Mohammed et Laurent Mucchielli écrivaient déjà à leur propos : « Quotidiennes, les interactions conflictuelles entre policiers et jeunes de ces quartiers représentent pour ces derniers un condensé et un résumé de la violence sociale et politique qu’ils ressentent[ii]. » Analysant ces révoltes sur la ville de Saint-Denis une enquête publiée en 2006 converge vers ce constat « d’expériences « douloureuses » avec la police : « Les rapports conflictuels avec la police sont très présents dans les récits qu’ils peuvent faire de leur quotidien. Les récits des contrôles répétés et des humiliations subies à cette occasion sont omniprésents dans chacune de nos conversations. Cette tension entre les jeunes et la police apparaît très vite centrale dans le rapport de ces jeunes à la société[iii]. » Un rapport d’Amnesty International publié en 2005 qui se penche sur trente exemples de violences policières porte le titre éloquent suivant : « France : Pour une véritable justice. Mettre fin à l’impunité de fait des agents de la force publique dans des cas de coups de feu, de morts en garde à vue, de torture et autres mauvais traitements[iv]. »

    Enfin des initiatives militantes se sont attachées à quantifier le nombre de victimes de ces violences policières inscrites dans la longue durée. Le magazine « Bastamag » recense ainsi 676 morts en 43 ans « à la suite d’interventions policières ou du fait d’un agent des forces de l’ordre[v] ». Enfin ces violences policières ne touchent pas indifféremment tous les citoyens. La couleur de la peau, le lieu de résidence et l’âge spécifient les victimes. Un rapport de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) portant sur la période 2005/2015 résume le profil des victimes comme suit : « D’après les données recueillies par l’ACAT, les membres de minorités visibles représentent toujours une part importante des personnes victimes. C’est particulièrement le cas concernant les décès. Sur les 26 décès survenus dans le cadre d’opérations de police ou de gendarmerie et examinés par l’ACAT, au moins 22 concernaient des personnes issues de minorités visibles[vi]. » Le même rapport indique que 38 % des victimes ont moins de 25 ans et 75 % moins de 35 ans. Si la violence subie par les Gilets Jaunes a permis de visibiliser l’existence de ces pratiques scandaleuses, elle ne constitue que l’extension de pratiques banalisées que subissent les jeunes des quartiers populaires en général et les Noirs et les Arabes en particulier. Tant sur le plan quantitatif que sur celui de la spécificité des victimes Camélia Jordana n’a fait que rappeler une réalité avérée.

    A ces violences policières directes, il convient d’ajouter d’autres pratiques destructrices « indirectes » c’est-à-dire ne se traduisant pas par l’usage de la force physique. Du tutoiement au contrôle au faciès à répétition en passant par l’amende abusive, du harcèlement à l’humiliation en passant par l’injure raciste et/ou sexiste, cette violence atmosphérique est une des dimensions de la socialisation des jeunes des quartiers populaires. Elle caractérise leur quotidienneté. Elle marque durablement leur rapport au monde et à la société. Elle s’intègre dans leur subjectivité. Elle détermine leurs réactions. Elle produit un sentiment d’insécurité lors des interactions [et même lors du simple croisement] avec les représentants des « forces de l’ordre ». Ces pratiques sont, tout autant documentées que les violences policières directes. Comme le souligne le sociologue Didier Lapeyronnie cette expérience particulière du rapport à la police est décrite massivement dans de nombreuses enquêtes :

    La police et plus généralement les institutions répressives exercent une forte pression sur leur existence quotidienne, non pour les protéger, mais pour réprimer leur mode de vie, ou les tenir enfermés dans le ghetto. Comme un peu partout dans les cités de banlieue en France, les contrôles d’identité répétitifs et arbitraires créent une forte tension. Le tutoiement systématique, les insultes et les menaces parfois, l’attitude générale des policiers, les contrôles au faciès, les descentes brutales en grand nombre et en force engendrent une tension quasi permanente. L’ensemble des jeunes du quartier, qu’ils soient ou non impliqués dans la délinquance, a une image extrêmement négative de la police, si ce n’est violemment hostile. La police incarne un pouvoir arbitraire, brutal et cynique. Dans tous les témoignages aussi, les policiers sont accusés de tenir des propos racistes.[vii]

    Cette « atmosphère » qui fait partie de la quotidienneté des quartiers populaires est largement sous-estimée par ceux qui n’y habitent pas [ou qui n’y ont jamais habité] et en conséquence ne l’ont pas subie dans leur chair et dans leur âme. Il s’agit bien de « chair » [c’est-à-dire d’atteinte au corps] et d’ « âme » [c’est—à-dire d’atteinte à l’image de soi]. Le tutoiement [sans assentiment bien sûr] par exemple que l’on ne peut, bien entendu, pas réduire à une dimension linguistique est perçu pour ce qu’il est réellement : un processus d’infériorisation et de rappel d’une place assignée. Le sociologue Alex Albert qui a travaillé sur les fonctions du tutoiement dans les relations de travail à partir du concept de « domination rapprochée[viii] » rappelle sur cet aspect l’état des recherches : « Les enquêtes ethnographiques soulignent que les policiers et les gendarmes font du tutoiement le marqueur d’un rapport de forces leur étant favorable, et l’utilisent notamment en interrogatoire comme outil de pression et symbole de « domination » (Jobard, 2002 ; Gauthier, 2010)[ix]. » La palpation dite de « sécurité » est pour sa part une atteinte au corps et à la dignité des personnes. Constatant la banalisation et la généralisation de cette pratique le défenseur des droits souligne : « Le Défenseur des droits rappelle que la palpation de sécurité pratiquée de façon systématique au cours d’un contrôle d’identité […] constitue une atteinte à la dignité humaine disproportionnée par rapport au but à atteindre[x]. »

    Nous sommes bien devant une pression signifiant une volonté d’imposer une emprise physique et psychique par la force. Nous pourrions ajouter d’autres dimensions signifiant cette « violence atmosphérique[xi] » : équipements de guerre lors des patrouilles de certains corps de police dans les quartiers populaires, opérations « coup de poing » sur le modèle du raid militaire d’occupation d’un territoire, etc. Cette pression est récurrente et on ne peut pas y échapper. Un seul exemple quantitatif suffit à illustrer l’ampleur de cette violence atmosphérique : Les jeunes hommes « perçus comme noirs ou arabes » ont « une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés[xii] » démontre une étude du défenseur des droits publiée en 2016. Aucune compréhension des attitudes et comportements des jeunes héritiers de l’immigration des quartiers populaires [Fuite sans raison à l’approche de la police, attitudes réactives de défi pour signifier le refus de la place assignée, tutoiement de la police pour rétablir symboliquement une relation égalitaire, etc.] n’est possible si l’on occulte cette « atmosphère ». Ces attitudes et comportements sont à la fois des fuites d’un risque et d’un danger réel [dont témoigne le nombre de crimes policiers de ces dernières décennies] et une résistance à l’humiliation ou une réaffirmation de la dignité menacée. A juste titre l’association Human Rights Watch titre un de ses rapports sur les contrôles au faciès en France : « La base de l’humiliation[xiii] ». L’image choquante de lycéens contraints par la police de s’agenouiller les mains sur la tête en décembre 2018 a, à juste titre, suscité une indignation publique importante. Une telle situation n’a été possible que parce que l’habitude d’humilier est déjà ancienne et multiforme dans les quartiers populaires.

    Camélia Jordana n’a fait que rappeler une réalité indéniable, documentée et dénoncée depuis longtemps. L’ampleur du déni de cette réalité constitue une violence supplémentaire. Il participe de la fabrique politique de la violence policière.

    La fabrique politique de la violence policière

    Le constat étant posé, les symptômes étant relevés, il reste à poser un diagnostic. Sans être exhaustif plusieurs dimensions méritent d’être soulignées en raison de leur convergence vers la production et la reproduction d’un système. Nous ne sommes pas en présence d’un projet délibéré machiavélique des gouvernements de ces dernières décennies mais d’une fabrique historique et pragmatique [dans laquelle interviennent des héritages de culture institutionnelle liés à l’histoire longue de l’institution policière, des stratégies d’acteurs spécifiques comme l’extrême-droite et sa stratégie d’infiltration de la police, des choix électoralistes pour flatter une « demande sécuritaire » issue de la massification de la paupérisation et de la précarisation, etc.] d’un système de violences policières tellement ancré et banalisé qu’il dispose désormais d’une certaine autonomie y compris vis-à-vis du pouvoir politique comme plus globalement du champ politique [Comme en témoigne par exemple le pouvoir de pression des syndicats de policiers].

    Un héritage du temps long
    A l’occasion des commémorations de la victoire contre le nazisme, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner rend hommage à la police comme suit : «Partout en France, des policiers ont pris le maquis. Partout en France, des policiers ont guetté l’ennemi, traqué la haine, combattu l’oppression. Partout en France, des policiers ont fait le choix de la résistance. » Une telle présentation de la réalité historique est partielle et partiale. Elle occulte la collaboration massive de l’institution policière à la répression pétainiste et nazie, ainsi que la collaboration à la déportation. « Si des policiers se sont engagés dans la Résistance, c’est en désobéissant à leur hiérarchie et à la politique du gouvernement. […] Ce que l’on peut dire, c’est qu’une minorité de policiers s’est engagée dans la Résistance, comme dans l’ensemble de la population. Mais cette minorité de policiers s’est aussi heurtée à une culture professionnelle qui est celle de l’obéissance[xiv] » corrige l’historien Christian Chevandier.

    Récemment décédé Raymond Gurême, un des acteurs de la résistance Tsigane rappelle dès les premières lignes de l’avant-propos de son livre de mémoire que « ce sont des fonctionnaires français qui encadraient les camps d’internement pour « nomades », aucun Allemand n’était en vue » et explique sa volonté de témoigner comme suit : « Soixante-dix ans après les évènements, je parle ici, pour saluer la mémoire de ceux que la France a broyés et oubliés[xv]. » Maurice Rajsfus, lui aussi témoin de l’époque confirme les mêmes pratiques pour la déportation des Juifs comme en témoigne les titres sans ambiguïté de deux de ses livres[xvi]. Une telle participation massive n’a débouchée que sur des mesures minoritaires de sanction à la Libération. L’historien Jean-Marc Berlière donne les indications quantitatives suivantes pour la préfecture de Paris [celle dont les agents ont exécutés les rafles sinistres] : 20 % d’agents sanctionnés soit 3939 policiers et seulement 770 révocations[xvii]. L’institution policière sort globalement identique de la période. Les habitudes, les représentations, les routines, les pratiques, etc., peuvent aisément se reproduire sur cette base matérielle et humaine en s’adaptant au nouveau rapport de forces idéologique.

    Un tel héritage sera constitutif d’une prédisposition à obéir pendant la guerre d’Algérie c’est-à-dire pendant une séquence institutionnelle qui banalise la surveillance et le contrôle au faciès d’une part et la torture et la répression à grande échelle d’autre part. Le politologue Emmanuel Blanchard[xviii] a restitué dans son excellent ouvrage le rapport particulier entre la police et les « Français Musulmans d’Algérie » (FMA) : recréation de structures policières spécifiques en août 1953 [elles avaient été dissoutes à la libération] c’est-à-dire d’une police d’exception dénommée « Brigades des Agressions et Violences » [BAV], pratique régulière de rafles et de bouclages des territoires où résident les FMA , fichage spécifique, arrestations préventives, contrôles au faciès, couvre-feux réservé uniquement aux FMA en 1958 puis en 1961, etc. Décrivant ces pratiques policières, l’historien Jean-Marc Berlière rappelle : « Tandis que les Compagnies d’intervention, dites « de district » accomplissaient leurs missions de maintien de l’ordre avec une « brutalité erratique » et une violence qui présentent une constante des policiers de la Préfecture de police […] la Police municipale dans la tradition de l’Occupation, met en œuvre tout un travail de police « préventive »[xix]. » Si on ne peut, bien sûr, confondre la situation de l’époque et celle d’aujourd’hui, force est de constater l’existence de similitudes importantes.

    Ces éléments de continuité des pratiques policières de l’époque coloniale à aujourd’hui s’expliquent par la continuité de la structure institutionnelle qui n’a pas été remise en cause au moment des indépendances. Ils s’expliquent également par la continuité des personnels. En effet la fin de la guerre d’Algérie signifie également le retour dans l’hexagone des policiers et CRS d’Algérie. Plus globalement des milliers d’agents ont été affectés dans la colonie pour des durées variables pendant l’ensemble de la guerre. Soulignons également qu’à partir de la décennie 50 l’institution policière est le lieu d’une hausse importante du recrutement liée aux départs à la retraite. De nombreux appelés de retour d’Algérie se reconvertiront ainsi dans la police. Enfin même les agents n’ayant jamais mis les pieds en Algérie ont été confrontés à la guerre qui s’est, on l’oublie trop souvent, également déroulée dans l’hexagone. « A cette époque, explique la sociologue Françoise de Barros, une part importante des nouveaux gardiens de la paix parisiens, eux-mêmes en nette augmentation, sont susceptibles d’avoir une expérience non pas tant de l’Algérie que de la guerre d’indépendance et donc de ses violences extrêmes[xx] ». La longévité professionnelle d’un Papon indique que la continuité est identique pour la hiérarchie. La continuité des pratiques a une base matérielle, structurelle et culturelle qui irrigue l’ensemble de l’institution, certes de manière différenciée selon les régions mais de manière prégnante dans les grandes agglomérations. La « culture » professionnelles, le rapport à certaines populations, les habitus, la conception du métier et des objectifs de la profession, les contenus de formation, etc., ne peuvent pas ne pas être influencés par cette « mémoire incorporée » c’est-à-dire, explique le sociologue et anthropologue Didier Fassin, par l’inscription « de l’histoire […] dans les interstices de la vie quotidienne, dans les discours et les actes, dans les représentations et les pratiques[xxi] ».

    Contrôler les « classes dangereuses »
    Un tel héritage ne peut cependant pas perdurer aussi longtemps sous le seul effet de la reproduction institutionnelle systémique. C’est aussi le lien avec le contexte politique global qui explique qu’un héritage perdure ou s’amenuise, se reproduit ou mute, s’inscrit dans la durée ou s’amenuise avec le temps. A l’héritage raciste fondé pendant la colonisation, exacerbé pendant la guerre d’Algérie et concrétisé par une socialisation guerrière des agents, se sont greffé les politiques sécuritaires contemporaines en direction des quartiers populaires. Celles-ci sont historiquement repérables dans l’émergence du thème de l’ « insécurité » dans le débat politique électoral à partir du milieu de la décennie 70 c’est-à-dire au moment où la demande d’égalité des héritiers français de l’immigration postcoloniale émerge. Jusque-là invisibles et invisibilisés comme leurs parents, cette nouvelle génération entre en révolte contre les discriminations racistes qu’ils découvrent en sortant de l’enfance sur les différents marchés des biens rares (logement, travail, formation, etc.). Par l’art, la contestation pacifique [qui aura comme summum la marche pour l’égalité de 1983] mais aussi la révolte sociale [Individuelle par les attitudes et comportements revendicatifs par rapports aux institutions, de groupes sous la forme des « rodéos » de la décennie 80 ou collective sous la forme des révolte de quartiers avec comme point d’orgue la révolte de novembre 2005] ces français exigent un traitement égalitaire.

    Les choix économiques néolibéraux qui s’enclenchent à partir de 1983 ferment la porte à toute réponse politique structurelle à ces inégalités et discriminations massives. Le cycle des politiques sécuritaires en direction des quartiers populaires se déploie à droite bien sûr mais également dans une partie non négligeable de la « gauche » qui considère désormais qu’il ne faut plus parler de « causes sociales » et qu’il faut cesser d’ « accorder aux délinquants des excuses absolutoires pour cause de pauvreté ou d’immigration [xxii] » selon les mots de Chevènement. Il ne reste dès lors qu’une orientation possible résumée par le titre du livre coordonnée par Laurent Mucchielli en 2008 : « La frénésie sécuritaire: Retour à l’ordre et nouveau contrôle social[xxiii]. » La logique dominante discursive et pratique se traduira sous la forme de cinq tendances que cet auteur nomme : dramatisation, criminalisation, déshumanisation, disciplinarisation et désocialisation. Concernant les missions de la police dans les quartiers populaires le modèle assumé devient de manière grandissante celui de la « guerre intérieure ». Le sociologue Mathieu Rigouste résume comme suit cette logique de guerre enclenchée depuis le début de la décennie 90 :

    La répression des révoltes de l’automne 2005 a déterminé de la même manière l’intensification et la diversification de mécanismes amorcés et expérimentés depuis déjà une décennie. Les quartiers populaires ségrégués servaient de territoire d’expérimentation pour l’importation de la guerre urbaine et du contrôle des foules dans le maintien de l’ordre, depuis les émeutes de Villeurbanne au début des années 1990. Leur traitement médiatico-politique aura permis de légitimer l’émulation d’un processus de fusion des techniques policières et militaires dans le quadrillage des territoires d’exception. Cette dynamique s’inscrivait déjà dans la redéfinition et le redéploiement de la gendarmerie – structure de statut militaire – et une superposition des maillages de sécurité et de défense sur les zones grises[xxiv].

    A l’ancien modèle de sur-surveillance de certaines populations conduisant déjà au contrôle au faciès à répétition et aux violences policières se cumule désormais un modèle de « conquête territoriale » conduisant logiquement à une hausse de ces mêmes violences. Car une telle volonté de contrôle d’une population et de ses territoires d’habitation suppose des missions nouvelles pour les agents des forces de l’ordre. Le reste en découle : création de nouvelles unités spécialisées (Brigades Régionales d’Enquêtes et de coordination- BREC, Brigade anti-criminalité – BAC), multiplication des contrôles d’identité, surarmement, militarisation de l’armement policier, opérations coup de poing, banalisation des fouilles et palpations, etc. On comprend mieux dès lors comment l’héritage policier lié à l‘époque coloniale a pu perdurer en dépit du temps qui passe.

    L’infiltration de l’extrême-droite
    Si la centralité du thème de l’insécurité ne peut pas se résumer à l’action de l’extrême-droite, celle-ci a cependant occupée une place non négligeable dans son installation. Portée par les choix sécuritaires des différents gouvernements depuis de nombreuses décennies, l’extrême-droite développe une stratégie autonome d’enracinement dans la police qui est, selon nous, un troisième facteur du caractère devenu systémique des violences policières qui se surajoute aux deux précédemment cités. L’impact idéologique et organisationnel grandissant de celle-ci dans l’institution policière est repérable à la fois dans l’évolution des votes aux différentes élections politiques, dans ceux des scrutins syndicaux et dans d’autres expressions publiques inquiétantes. Une enquête du Cevipof de 2016 précise que 51.5 % des policiers et militaires déclare avoir voté Front National aux régionales de 2015 [contre 30 % à la présidentielle de 2012][xxv].

    Concernant le poids syndical seule la Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP) est classiquement classée à l’extrême-droite ce qui, compte-tenu de ses scores [1.2 % aux élections professionnelles de 2018], semble attester d’une faible influence syndicale. Une telle conclusion sous-estime la réalité de l’influence de l’extrême-droite. « Le taux de syndicalisation étant très élevé au sein de la police et sachant que les syndicats jouent un grand rôle dans les promotions […] de nombreux policiers ouvertement d’extrême droite se sont syndiqués auprès d’une grande centrale plutôt qu’un syndicat minoritaire d’extrême droite » explique un article du site « Quartiers Libres » consacré à la « radicalisation policière[xxvi] ». Les syndicats Alliance et Synergie-Officiers, habituellement classés à droite recueillent les voix de ces agents d’extrême –droite comme en témoigne leurs déclarations publiques et prises de position[xxvii].

    Mais se sont d’autres facteurs, moins quantifiables, qui permettent de mesurer l’infiltration de l’extrême-droite dans la police. Le premier est la pratique de rassemblements publics comme celui de mai 2016 où Marion Maréchal Le Pen et Gilbert Collard prennent la parole, puis celle de manifestations de rue « sauvages » comme celles d’octobre 2016 où des policiers défilent cagoulés et armés. Enfin les manifestations des Gilets Jaunes et celles contre la réforme des retraites ont vu se multiplier le port de symboles d’extrême-droite sur des uniformes (écussons, insignes, autocollants, etc.). « Des nazis dans la police » titrait déjà en 2014 le journaliste Aziz Zemouri en rappelant qu’ « à plusieurs reprises, des fonctionnaires de police ont signalé à leur hiérarchie que des collègues arboraient des signes de ralliement au nazisme. En vain[xxviii]. » Ces pratiques nouvelles sont certes minoritaires mais elle souligne l’existence d’une extrême-droite policière s’estimant suffisamment solide pour oser une visibilité politique.

    Héritage colonial, choix politiques sécuritaires comme seules réponses aux exigences d’égalité des habitants des quartiers populaires, stratégie de contrôle des « classes dangereuses » et de leurs territoires d’habitation sur le modèle d’une « guerre intérieure », impunités policières, discours politiques et médiatiques stigmatisant les quartiers populaires, infiltration de l’extrême-droite, etc., l’ensemble de ces ingrédients ont finis avec le temps par se cumuler et interagir pour se renforcer l’un l’autre c’est-à-dire par faire système. Camélia Jordana n’a fait que mettre des mots sur une réalité : les violences policières sont logiques et prévisibles ; elles sont le résultat d’un système construit historiquement et politiquement. Rendre visible cette réalité est le premier pas pour la faire cesser. Situer la lutte contre les violences policières en haut de l’agenda militant et politique en est un second tout aussi urgent. Il ne s’agit pas d’une question secondaire mais d’une condition incontournable pour que la « convergence » que beaucoup appellent de leurs vœux cesse d’être un discours abstrait et non crédible.

    [i] Louis-Valentin Lopez, Violences policières : voici ce qu’a dit exactement Camélia Jordana, https://www.franceinter.fr/societe/violences-policieres-voici-ce-qu-a-dit-exactement-camelia-jordana, consulté le 26 mai 2020 à 9 h 00.

    [ii] Marwan Mohammed et Laurent Mucchielli, La police dans les quartiers populaires : un vrai problème !, Mouvements, N° 44, mars – avril 2006, p. 58.

    [iii] Michel Kokoreff, Pierre Barron, Odile Steinauer, Enquête sur les violences urbaines. Comprendre les émeutes de novembre 2005. L’exemple de Saint-Denis, Rapport Final, novembre 2006, p. 12.

    [iv] Amnesty International, France : Pour une véritable justice. Mettre fin à l’impunité de fait des agents de la force publique dans des cas de coups de feu, de morts en garde à vue, de torture et autres mauvais traitements, Londres, 6 avril 2005.
    [v] Ivan du Roy et Ludo Simbille, 676 morts en 43 ans, https://bastamag.net/webdocs/police/, consulté le 26 mai 2020 à 11 h00.
    [vi] Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, L’ordre et la force. Enquête sur l’usage de la force par les représentants de la loi en France, Rapport d’enquête, 2015, p. 16.
    [vii] Didier Lapeyronnie, Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui, Paris, Robert Laffont, Paris, 2008, p. 262.
    [viii] Elaboré initialement par la sociologue Dominique Memmi pour rendre compte des relations de domination au sein de l’espace domestique (aides à domicile, domestiques, relations au sein d’un couple, etc.), le concept de « domination rapprochée » s’est rapidement élargi à l’étude d’autres relations sociales caractérisées par une relation hiérarchique. Cf : Dominique Memmi, Mai 68 ou la crise de la domination rapprochée, in Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti, Bernard Pudal (dir.), Mai-juin 68, Éditions de l’Atelier, Paris, 2008.
    [ix] Alex Albert, Tutoyer son chef. Entre rapports sociaux et logiques managériales, Sociologie du travail, volume 61, n° 1, janvier-mars 2019, p. 3.
    [x] Décision MDS-2010-34 du 4 janvier 2012 relative aux circonstances d’une verbalisation par des fonctionnaires de la brigade des réseaux ferrés, consultable sur le site du défenseur des droits
    [xi] Cf mon article : Quartiers Populaires et institution policière : une humiliation raciste et sexiste atmosphérique, https://bouamamas.wordpress.com/2017/02/21/quartiers-populaires-et-institution-policiere-une-humiliation-raciste-et-sexiste-atmospherique/,
    [xii] Défenseur des droits, Relations police/population : le cas des contrôle d’identité, Paris, 2016, p. 17.
    [xiii] Human Rights Watch, La base de l’humiliation. Les contrôles d’identité abusifs en France, janvier 2012.
    [xiv] Interview de Christian Chevandier, Un historien nuance les propos de Christophe Castaner, https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/partout-en-france-des-policiers-ont-fait-le-choix-de-la-resistance-un-historien-nuance-les-propos-de-christophe-castaner_3435681.html, consulté le 27 mai 2020 à 11 h 20.
    [xv] Raymond Gurême, Interdit aux nomades, Calmann Levy, Paris, 2011, Avant-propos.
    [xvi] Maurice Rajsfus, La Police de Vichy, Les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo 1940-1944, Le Cherche midi, Paris, 1995 et Drancy, un camp de concentration très ordinaire, 1941-1944, Le Cherche midi, Paris, 2005.
    [xvii] Jean-Marc Berlière, L’épuration de la police parisienne en 1944 -1945, Vingtième siècle, n° 49, 1996, p. 66.
    [xviii] Emmanuel Blanchard, La police parisienne et les algériens, 1944 -1962, Nouveau-Monde, Paris, 2011.
    [xix] Jean-Marc Berlière, Policiers et pouvoir politique en période de crise : L’exemple de la Guerre d’Algérie (1958-1962), in Jean-Marc Berlière (dir.), Métiers de police: être policier en Europe, XVIII-XXe siècle, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p. 534.
    [xx] Françoise de Barros, La police et les Algériens : continuités coloniales et poids de la guerre d’indépendance, https://www.metropolitiques.eu/La-police-et-les-Algeriens.html, consulté le 28 mai 2020 à 8 h 20.
    [xxi] Didier Fassin, Quand les corps se souviennent: expériences et politiques du sida en Afrique du Sud, La Découverte, Paris, 2006, p. 332.
    [xxii] Jean-Pierre Chevènement, Discours de Vincennes du 9 septembre 2001, brochure du Comité de soutien « Chevènement 2002 ».
    [xxiii] Laurent Mucchielli (dir.), La frénésie sécuritaire: Retour à l’ordre et nouveau contrôle social, La Découverte, Paris, 2008.
    [xxiv] Mathieu Rigouste, L’ennemi intérieur, de la guerre coloniale au contrôle sécuritaire, Cultures et Conflits, n° 67, automne 2007, p. 169.
    [xxv] Luc Rouban, Les fonctionnaires et le Front national, L’enquête électorale française : comprendre 2017, note n° 3, CEVIPOF, Paris, Décembre 2015, p. 3.
    [xxvi] Radicalisation policière : le poids de l’extrême-droite dans les forces de l’ordre, Quartiers Libres, 26 juin 2017.
    [xxvii] Voir sur cet aspect les exemples donnés par le magazine Bastamag, Les syndicats de police, combien de division, https://www.bastamag.net/policiers-marce-de-la-colere-suicides-heures-supplementaires-maintien-de-l-ordre-CRS-BAC-violences-repression-blesses-LBD, consulté le 28 mai 2020 à 15 h.
    [xxviii] Aziz Zemouri, Des nazis dans la police, Le Point DU 28 novembre 2014.

    Source

    Tags : Camélia Jordana, racisme, discrimination, répression,

  • Les africains découvrent toute la férocité de la négrophobie occidentale

     » Mon sang nourrira l’arbre qui portera les fruits de la liberté. Dites à mon peuple que je les aime et qu’ils doivent continuer la lutte « . (Solomon Mahlangou, membre de MK, Umkhoto We Sizwe, la branche armée de l’ANC, la lance de la nation. Assassiné par pendaison le 6 avril 1979, sur injonction du pouvoir raciste de Prétoria).


    On aurait pu penser que la pandémie du Covid19 mettrait en sourdine pour un temps la négrophobie pathologique des racistes occidentaux.

    Or c’est tout le contraire, la pandémie n’a fait qu’exciter leur négrophobie.
    Comme si cette négrophobie était la dernière chose qu’ils devaient exprimer au moment où ils devraient quitter notre monde.

    De nombreux Noirs, pas forcément informés des questions raciales sont en train de découvrir toute la férocité de cette négrophobie occidentale. Et ils en éprouvent de la déception et de la crainte. Mais selon moi, ils ne devraient pas.

    Parce que les racistes se sont toujours comportés ainsi envers nous depuis des siècles.

    Nous n’avons pas à avoir peur d’eux. Au contraire, nous devons leur faire face avec toutes les ressources dont nous disposons.

    Au nom de nos aînés qui se sont sacrifiés pour les espaces de liberté dont nous jouissons aujourd’hui.

    Et au nom de nos enfants que personne ne protègera si ce n’est nous leurs parents et leurs aînés.

    La vie des Noirs compte

    Source

    Tags : racisme, noirs, négrophobie, Solomon Mahlangu,

  • Bwana propose de faire des africains des cobayes pour ses expériences médicales

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    L’Afrique en tant que laboratoire africain comme des rats : les médecins français envisage d’expérimenter un vaccin contre Covid-19 en Afrique

    . DIMANCHE AVRIL 05, 2020

    Madrid, 05 Avril 2020.-(ECSAHARAUI)

    Rédaction Taleb Alisalem / ECS

    Deux des meilleurs médecins français ont proposé que l’Afrique devienne un laboratoire géant pour tester les vaccins du coronavirus, car le continent manque les ressources pour se défendre. Dans le programme, diffusé sur la chaîne de télévision française LCI, Jean-Paul Mira et Camille Locht ont évoqué l’idée de tester de nouveaux vaccins dans les populations africaines appauvries.

    Cela a réveillé l’indignation des Africains, rapidement des footballeurs africains écrivaient sur leurs réseaux sociaux « nous ne sommes pas des cobayes ni des rats de laboratoire ». à cette indignation, beaucoup de gens se sont joints pour l’irresponsabilité et l’humanité presque nulle de ceux qui prétendent être gardiennes de l’éthique et la morale, mais la vérité est bien différente.

    Malheureusement, je dois dire que les affirmations des médecins français ne sont qu’une radiographie de la réalité, et la réalité est que l’Afrique a toujours été le laboratoire occident, sa décharge et sa mine de ressources naturelles.

    Depuis la célèbre conférence de Berlin en 1884 où les principales puissances européennes se sont réparties le continent africain comme si une tarte était et l’ont célébrée avec des verres de Champagne français et purs « made in Allemagne » fêtant la nouvelle ère.

    C ‘ est ainsi que notre chère Europe a commencé le plus grand génocide humain et culturel de l’histoire, c’est ainsi que le colonialisme a commencé.

    Les médecins français qui proposent aujourd’hui, sans peur ni honte, que l’Afrique soit le laboratoire et les Africains les rats n’est qu’une démonstration de plus de cette attitude élitiste européenne qui ne s’est jamais dignée à reconnaître ses crimes, cette Europe cliste qui continue à regarder par Au-dessus de l’épaule du continent africain qui continue de souffrir des conséquences de la brutalité du colonialisme et de la férocité de tout ce que l’homme blanc a apporté.

    Je parlerai des millions d’Africains innocents qui ont été tués, je ne parlerai pas non plus de ces autres millions qui ont été vendus et utilisés comme esclaves, je ne parlerai pas de la destruction de cultures entières, ni de la façon dont la langue et la religion européenne ont été imposées à ceux qui habitaient le continent Africain, je ne parlerai pas des pillages et du vol continu de ressources naturelles sur le continent africain, des pillages qui supportent aujourd’hui l’économie de ce que l’on appelle « premier monde », je ne parlerai pas non plus de l’intelligente et subtil de gouvernements et de monarchies , totalement contrôlées par le colon européen, à la tête des pays d’Afrique, et je ne parlerai pas de l’anéantissement immédiate de ceux qui régnent un pays africain sans la satisfaction des « maîtres » européens, je ne parlerai pas des conflits qui inondent aujourd’hui le continent africain et qui sont la conséquence directe du colonialisme et de l’ingérence coloniale européenne continue. Je ne vais pas en parler.

    Mais si je vous le dis messieurs, l’Afrique est fatiguée, blessée et totalement épuisée alors laissez-la tranquille, nous ne voulons pas de votre pardon ni votre fausse compassion, nous ne voulons pas de votre gentille aide ni de vos conseils innocents. Vous nous avez assez aidés, alors emmenez vos vaccins ailleurs et de passage vos entreprises, vos chars et vos bombes, prenez votre démocratie et votre liberté, vous nous avez déjà donné trop de « médecine » de liberté, donnez-la à quelqu’un d’autre et laissez-nous guérir Nos blessures tout en nettoyant vos consciences et vos mers des cadavres qui n’ont jamais importés.

    Tags : France, Afrique, françafrique, racisme, colonialisme, coronavirus, covid19,

  • Le directeur général de l’OMS fustige les propos de médecins français sur des tests de vaccins en Afrique

    « L’Afrique ne peut et ne sera une zone d’essai pour aucun vaccin », déclare Tedros Adhanom Ghebreyesus, en réponse à la proposition de deux médecins français de tester d’éventuels vaccins contre le Covid-19 dans des pays
    africains.

    AA – Genève

    Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a vivement critiqué, lundi, les paroles de deux médecins français qui ont suggéré, la semaine passée, de tester sur des patients africains, d’éventuels vaccins qui seraient développés contre le Covid-19.

    Ghebreyesus a qualifié les propos et la mentalité de ces deux médecins de « racistes, embarrassants, horribles », et « empreints de colonialisme », soulignant que « l’Afrique ne peut et ne sera une zone d’essai pour aucun vaccin ».

    S’exprimant lors d’une conférence de presse au siège de l’OMS à Genève, en Suisse, par vidéoconférence, Ghebreyesus a expliqué que moins de 100 jours après le premier briefing de l’OMS sur le Covid-19, la recherche sur les vaccins « progresse à un rythme incroyable ».

    « L’OMS est déterminée à faire en sorte que, à mesure que les médicaments et les vaccins soient développés, ils soient partagés également entre tous les pays et tous les peuples », a déclaré Ghebreyesus, soulignant que près de 20 instituts et entreprises mondiales sont en concurrence pour développer des vaccins.

    Des médecins français accusés de « racisme »

    Rappelant certaines déclarations de deux médecins français selon lesquelles le vaccin Covid-19 pourrait être testé en Afrique, Ghebreyesus a déclaré: « Pour être honnête, j’ai été horrifié. À un moment où j’ai dit que nous avions besoin de solidarité, de tels discours racistes nuisent à l’esprit de solidarité. »

    « L’Afrique ne peut et ne sera un terrain d’essai pour aucun vaccin », a souligné le directeur général de l’OMS.

    Ghebreyesus a noté qu’en ce qui concerne les tests du vaccin Covid-19, qu’ils soient africains ou européens, « ils suivront les mêmes protocoles sans discrimination ».

    Ghebreyesus a poursuivi en décrivant les explications des médecins français comme « embarrassantes » et « horribles ».

    « S’il faut tester quelque part, les gens doivent être traités sur un pied d’égalité. Les restes de la mentalité coloniale doivent s’arrêter maintenant ».

    « L’OMS ne permettra pas que cela se produise. C’est une honte et une situation terrible d’entendre de telles explications de la part des scientifiques du 21e siècle. Nous condamnons fermement ces déclarations », a souligné Ghebreyesus.

    – « Pas de réponse en noir ou blanc pour l’utilisation d’un masque »

    Se référant aux débats sur le port d’un masque pour se protéger du virus, Ghebreyesus a noté l’insuffisance du port seul du masque:

    « Il n’y a pas de réponse en noir et blanc. Pas de baguette magique. Le masque ne peut pas arrêter seul la pandémie. Les pays continuent de trouver des cas [de contamination au nouveau coronavirus]. Ils doivent tester, isoler, traiter chaque cas, et de suivre chaque contact », a déclaré le directeur général de l’OMS.

    Lady Gaga, l’un des noms importants du monde de la musique, a assisté à la conférence de presse.

    Lady Gaga a fourni des informations sur le programme intitulé « Un monde: ensemble à la maison », qui sera publié en ligne le 18 avril dans le but de soutenir les professionnels de la santé du monde entier.

    Anadolou

    Tags : France, Afrique, racisme, OMS,

  • Carola Rackete poursuit Salvini et demande la fermeture de ses comptes sur les réseaux sociaux

    JUSTICE. « Messages de propagande haineuse ». Le ministre : « La communiste allemande me dénonce ? C’est ridicule »

    Petite frimeuse (sbrufoncella), hors-la-loi, délinquante, auteure d’un acte criminel, complice des trafiquants d’êtres humains : ce ne sont là que quelques-uns des termes utilisés par le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini à l’adresse de la capitaine du Sea-Watch 3, Carola Rackete. Interviews télé, messages en ligne, prestations en direct sur facebook, un martèlement de propagande contre l’activiste allemande qui dure depuis des semaines : tout cela fait l’objet d’une plainte pour diffamation aggravée et incitation à commettre un délit que l’avocat de Rackete, Alessandro Gamberini, va déposer au bureau du procureur à Rome. La plainte réclame également la mise sous séquestre des profils Facebook et Twitter du leader de la Ligue parce qu’ils « propagent des messages haineux ».

    Dans la plainte, la capitaine écrit : « Salvini mène une campagne de diffamation contre l’ONG pour laquelle je travaille, après avoir déclaré publiquement qu’il s’agirait d’ « une organisation illégale et hors-la-loi » qui fait « débarquer des immigrants illégaux d’un navire illégal », ses membres seraient « complices de trafiquants et de passeurs », des « délinquants, kidnappeurs d’êtres humains ». Toutes ces déclarations ne sont pas étayées par des preuves et pourraient donner lieu à une nouvelle action en justice de l’ONG Sea Watch. Entretemps, Rackete souligne : « De telles déclarations nuisent également à ma réputation et mettent en danger ma personne et ma sécurité ».

    Il y a aussi les offenses personnelles : « Loin d’être des manifestations d’un droit légitime à la critique, les expressions par différents canaux ont été des attaques gratuites et diffamatoires aux tonalités menaçantes directes et indirectes ». Et encore: « Dans les mots de Salvini, des sentiments viscéraux de haine, de dénigrement, de délégitimation et même de véritable déshumanisation sont véhiculés. Les phrases diffamatoires de Salvini sont les instruments d’un message de haine susceptible de provoquer, d’une part, la commission de nouveaux délits de diffamation contre moi et, d’autre part, de m’exposer au danger d’ agressions physiques ».

    L’avocat Gamberini explique : « Nous ne voulons pas entraver la liberté d’expression mais nous demandons la saisie des profils où Salvini incite à la haine. Comme, dans ces cas, il n’agit ni en tant que sénateur ni en tant que ministre, il aura du mal à invoquer l’impunité parlementaire. Ses agressions verbales ont lieu à l’abri de son rôle, utilisé dans le seul but de véhiculer la haine parmi ses partisans. Les nombreux followers qui répondent à ses paroles sont précisément la preuve de l’instigation ». Un exemple ? Le leader liguiste a publié une photo qui le représente avec un groupe de femmes en uniforme, sous la photo de Rackete avec les mots « une criminelle » : « Une image – lit-on dans la plainte – «qui prend la connotation d’un signalement public et se réfère aux affiches des personnes recherchées (Wanted) et me désigne comme la cible de conduites menaçantes, insultantes et diffamatoires, si ce n’est violentes ».

    Entre le 19 mai et le 5 juillet, entre les interviews et les messages en ligne, il y a une longue série d’insultes : délinquante et criminelle reviennent le plus souvent. Les cibles sont Sea Watch, Rackete mais aussi la juge d’instruction Alessandra Vella, qui a rejeté la demande d’arrestation de la capitaine par le procureur, démantelant la thèse de l’accusation. Vella est qualifiée par Salvini de « juge misérable », dans un post on peut lire : « Puisque le fait d’éperonner n’est pas un délit, j’espère que quelqu’un éperonnera la voiture sur laquelle voyage le juge Alessandra Vella ». Il en a résulté une avalanche d’insultes à son adresse ce qui l’a amenée à fermer son profil social. Dans la semaine, le Conseil supérieur de la magistrature a même ouvert une procédure de protection de la juge. « Les interventions de Salvini », lit-on – dans la plainte, « n’ont pas lieu dans le cadre de sa fonction, mais en font un pur outil de propagande et d’instigation à un « discours de haine », qui éclipse toute référence à la fonction institutionnelle ».

    Salvini sait d’ailleur ce qu’il met en mouvement avec ses posts. Dans la plainte, il y a une liste de commentaires de ses followers : « pute allemande » ; « cette femme vache [sic], au lieu de les mettre à l’abri, elle les baisait un par un » ; « salope malfaisante » ne sont qu’un petit exemple. Jusqu’aux attaques violentes aux limites du sadisme. C’est le bouillon de culture du consensus que nourrit la machine de la propagande liguiste. Par exemple, la vidéo affichée le 3 juillet a été vue par près d’un million et demi de personnes, commentée 98 000 fois et partagée par près de 25 000 utilisateurs. Le chef du Carroccio (le chariot de la vallée du Pô, symbole de la Ligue, NdT] a de nouveau utilisé les médias sociaux pour répondre : « La communiste allemande, celle qui a éperonné la vedette de la Garde des Finances, a demandé au procureur de fermer mes pages Facebook et Twitter. Il n’y a pas de limite au ridicule. Je ne peux donc utiliser qu’Instagram ? ». Gamberini réplique : « C’est à la justice de vérifier si les méthodes utilisées par Salvini sont admissibles dans un État démocratique. La politique ne peut pas être une zone franche du droit ».

    Tlaxcala, 12 jui 2019
    Tags : Italie, Mateo Salvini, Carola Rackete, immigration, racisme,

  • Ce que Nelson Mandela a appris auprès de l’Algérie

    18 Mars 1962. A Evian, les négociateurs viennent de signer les accords mettant fin à la guerre d’Algérie. Le jour même, Nelson Mandela prend le train entre Rabat et Oujda. Il voyage clandestinement afin d’avoir des discussion politiques avec les indépendantistes algériens et acquérir une formation militaire.

    Son instructeur militaire n’est autre que Mohamed Lamari, celui qui sera chef-d’état major de l’armée algérienne pendant la guerre civile jusqu’à 2005.

    Au lendemain des accords d’Evian, les cinq leaders historiques du Front de Libération Nationale dont Ahmed Ben Bella sont libérés. Ils se rendent au Maroc pour avoir une vue d’ensemble de la situation alors que des dissensions se font jour entre l’état-major de l’ALN et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). En réalité, une lutte acharnée pour le pouvoir avait déjà commencée.

    Malgré les précautions prises, Mandela est surveillé au Maroc par les services secrets occidentaux. Il voyage avec un faux passeport éthiopien sous le nom de David Motsomayi. En avril 1962, il se rend au Mali durant son périple de retour.

    Revenu en Afrique du Sud, il est arrêté le 5 août 1962. Son arrestation a été rendue possible par une aide de la CIA, qui avait transmis des informations à la police sud africaine sur sa fausse identité. Il est accusé d’avoir quitté le pays clandestinement. Mais inspiré par la lutte des indépendantistes algériens, c’est désormais un homme déterminé. Le combat contre l’injustice raciale doit passer par la confrontation armée. A son procès en novembre 1962, il déclare « S’il fallait le refaire, je ferais exactement la même chose. Ainsi aurait fait tout homme digne de ce nom. » Il est alors condamné à cinq ans de prison.

    Deux ans plus tard, il passe de nouveau en justice pour avoir auparavant créé une branche clandestine armée au sein de l’ANC. Accusé de rébellion armée, il est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Au cours de ce procès en 1964, il assume son parcours.

    « En Afrique, le soutien m’a été promis par de tels hommes… Ben Bella, l’actuel président de l’Algérie. C’est Ben Bella qui m’a invité à visiter à Oujda le quartier général de l’armée algérienne de Libération Nationale. »

    L’Algérie n’est pas seule à l’aider. La Tunisie de Bourguiba lui donne une aide financière.

    En décembre 1974, l’Algérie préside l’assemblée générale de l’ONU. Après des débats acharnés, l’Afrique du Sud ségrégationniste est exclue des Nations Unies. Le jeune ministre des affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika venait de réaliser un exploit diplomatique. Mais la victoire diplomatique africaine n’était pas totale. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne opposent leur veto à toute sanction économique contre Pretoria.

    Soumis à la pression internationale, le régime d’apartheid cherche à obliger Nelson Mandela à renoncer à l’option de la lutte armée. Ce dernier répond en février 1985 « Seuls des hommes libres peuvent négocier ; des prisonniers ne peuvent contracter des accords. »

    Avec le cours des événements, le monde change. Le bloc soviétique s’écroule. Le régime d’apartheid finit par disparaître. Enfin libre, Nelson Mandela deviendra le premier président noir d’Afrique du Sud. Un rêve exprimé dès 1952 se réalise. Et c’est un homme qui a appris des erreurs des autres. Il a étudié l’histoire contemporaine d’autres pays dont l’Algérie et le Zimbabwe.

    Véritable homme d’Etat, il prendra des décisions et suivra une démarche pour réconcilier les sud-africains de toutes races, de toutes ethnies, de toutes classes sociale.

    Tags : Algérie, Maroc, Mandela, Madiba, appartheid, racisme, Pretoria, FLN,

  • « Ils ne m’ont pas demandé de visa pour partir à la guerre »

    Quelque 400 000 Africains ont combattu dans les guerres européennes du 20ème siècle. Parmi eux, les tirailleurs, les tireurs d’infanterie sénégalais. Peu survivent. Nous avons parlé à trois d’entre eux, qui sont tiraillés entre la fierté d’avoir combattu avec la France dans des guerres comme la Seconde Guerre mondiale et la douleur liée au traitement qui leur a été infligé.

    Les os de Sadio Coulibaly craquent lorsqu’il se lève de son fauteuil. S’appuyant sur sa canne en bois, il fait quelques pas et cherche le soutien complice de sa femme. À 96 ans, il est l’un des derniers tirailleurs survivants à avoir combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, en Algérie et en Indochine. Il s’agit de soldats africains recrutés par la France pour donner leur vie pour la métropole, envoyés au front comme chair à canon et discriminés au moment des reconnaissances, des pensions et des prix, voire représaillés pour avoir exigé un traitement égalitaire. « A Hanoi, les balles ne faisaient pas la distinction entre les Blancs et les Noirs », déclare amèrement Coulibaly, « pour partir en guerre, ils ne nous ont pas demandé de visa ».

    Dans son modeste domicile du quartier de Ndolofenne, à Saint-Louis, Coulibaly conserve ses anciennes médailles et un certificat de l’Ordre du Lion que lui a remis le président du Sénégal il y a trois ans. Malgré son âge avancé et à force de le répéter, il récite en détail des lieux et des dates comme une litanie. « Depuis le champ de Kayes, nous sommes allés à Tambacounda, Kaolack, Thiès et Rufisque. Puis nous sommes allés en bateau à Marseille. Nous sommes arrivés sept jours plus tard et il y avait des gars de partout, du Sénégal, du Mali, de la Guinée et de la Mauritanie « , a-t-il déclaré.

    A partir de là, son histoire est confuse et embrouillée, saute d’une guerre à l’autre, de la libération de Paris au port de Tourane, de la boue d’Indochine au désert de l’Algérie. Mais certains détails sont restés gravés dans sa mémoire. « Le bateau SS Pasteur nous a emmenés à Saigon. La guerre là-bas a été très dure, ils nous ont envoyés dans la jungle et on passait des jours et des jours sans dormir, l’ennemi est sorti de nulle part soudainement, il y avait des cadavres partout « , explique-t-il. A la tête d’un détachement de 140 tirailleurs, le sergent Coulibaly a failli mourir. Puis l’Algérie viendrait où il aurait été blessé et ils l’ont renvoyé chez lui.

    Après 18 ans dans l’armée, l’heure de la retraite est arrivée. « Les tirailleurs nous versent une pension équivalant au quart de celle des anciens combattants blancs. Pourquoi? Les balles à Hanoi ne savaient pas si vous étiez européen ou noir, dans la guerre en Europe, de nombreux frères africains sont morts sous les bombes. Ils nous ont également promis la nationalité et ne l’ont jamais accomplie, c’était une trahison. Je n’ai plus l’âge de voyager, mais mes enfants auraient pu partir en Europe pour travailler et chercher leur vie. Si je voulais visiter la France, le pays où je donnais tout, je devrais obtenir un visa, mais pour aller en guerre, ils ne me l’ont pas demandé « , dit-il avec douleur.

    Les tirailleurs sénégalais ont intégré le corps d’infanterie coloniale et ont été recrutés sur tout le territoire africain sous domination française. Ils ont reçu le surnom de Sénégalais parce qu’ils provenaient de cette ancienne colonie, mais au fil des années d’autres sont arrivés de la Guinée, du Mali, du Niger, du Tchad et même du Maghreb, qu’ils ont appelé Algériens ou Turcs. Après sa création en 1857, ils ont participé soit par recrutement, soit volontairement, en particulier aux deux guerres mondiales (au moins 400 000) et aux conflits de décolonisation, tels que ceux mentionnés en Algérie et en Indochine.

    À Gandiol, à une douzaine de kilomètres de Saint-Louis, Moussa Bitteye passe la majeure partie de la journée au lit. Il écoute difficilement et a du mal à reconnaître ses propres petits-enfants. Il a également 96 ans et il y a des nuits où il en rêve et il trépine au lit sans repos. Parfois, il se réveille en hurlant. « Nous avons passé quatre ou cinq jours dans la jungle à ramasser les blessés, j’en ai porté beaucoup sur mes épaules, c’étaient avant tout des frères noirs, maliens et sénégalais », explique-t-il avec difficulté. Son petit-fils Masseck complète l’histoire: « Il est fier d’être un militaire, mais il a ensuite dû revenir. Il était fils unique et son père l’a réclamé. Il a passé sa vie entre la campagne et la mer, en tant qu’agriculteur et capitaine de pêche ».

    L’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire des tirailleurs n’a pas eu lieu dans une guerre lointaine, mais chez nous. C’est ce qui s’est passé le 1er décembre 1944 lorsqu’un groupe important d’entre eux qui avaient été emprisonnés et astreints à des travaux forcés en Europe avait été transféré à Thiaroye (Sénégal) après la libération de la France. Des dizaines d’entre eux se sont rebellés contre le non-paiement de leurs primes de démobilisation et ont été brutalement réprimés par leurs propres camarades du général français Dagnan. Le récit officiel parle de 35 morts, mais on pense qu’au moins 70 sont morts. Le cinéaste Ousmane Sembène a relaté ces événements dans son film Camp de Thiaroye (1988).

    Issoupha Diop, née en 1937, a vécu deux années de combats en Algérie, à quelques mètres de Bitteye, dans le même Gandiol. « Je n’ai pas de bons souvenirs de cette époque, le plus qui m’a marqué est la mort d’un ami du même bataillon. Il est allé dans le désert à la poursuite d’un rebelle, puis son cadavre est apparu.  » Le vieux Diop passe des heures sur un tapis à l’entrée de sa maison, déjà à la retraite. Il a été militaire jusqu’en 1972 et est devenu caporal-chef. « Mais rien ne ressemble à la guerre, ce n’est pas un jeu ou un film, c’est très dure », dit-il.

    Une poignée d’anciens tirailleurs sénégalais, parmi lesquels Sadio Coulibaly, des héros de guerre qui se sentent maltraités par la France, a transféré au président Macron lors de sa dernière visite dans ce pays africain son mécontentement du traitement infligé. « Il a promis de nous donner la nationalité », a déclaré l’officier militaire à la retraite, « mais il n’a pas encore acompli sa promesse ». Ils sont de moins en moins vivants, mais ils restent une plaie ouverte d’un temps pas lointain.

    Source : El Pais
    Tags : deuxième guerre mondiale, tirailleurs sénégalais, racisme, discrimintation, France,

  • Le débarquement allié qui met à nu le racisme de la France

    Débarquement : les oubliés : l’armée d’Afrique, les millions de morts soviétiques

    Par Sarah Diffalah

    Publié le 05 juin 2019

    L’histoire coloniale en Afrique vue par les journaux français

    Deux fois par mois, en partenariat avec RetroNews, le site de presse de la Bibliothèque nationale de France (BNF), « l’Obs » revient sur un épisode de l’histoire coloniale en Afrique raconté par les journaux français.
    Aujourd’hui, à l’occasion du 75e anniversaire du débarquement en Normandie, retour sur un épisode moins connu et pourtant décisif dans la victoire des Alliés : le débarquement en Provence de l’armée d’Afrique.
    La photo de la baie du cap Nègre s’étale en une de « l’Echo d’Alger » : une petite plage, une barque, un voilier amarré et une mer calme. La tranquillité bucolique du cliché en noir et blanc n’est qu’apparente. Les informations qui l’accompagnent, ce 17 août 1944, font état d’un événement historique et retentissant qui sera capital pour les Alliés dans leur reconquête de l’Europe. (…)
    ***

    Younes Benkirane, 6/6/2019

    Alors que 150.000 soldats participaient au débarquement de Normandie, ce sont 225. 000 (beaucoup plus selon d’autres sources d’historiens) tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, pieds-noirs, marsouins du Pacifique et des Antilles qui ont participé au débarquement en Provence.

    L’oubli de la France et des Français à leur égard est injuste et immoral. Il constitue un mépris racial qu’il est grand temps de corriger.

    ***
    Un autre regard sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. La Russie a appelé, mercredi 5 juin, à ne pas « exagérer » l’importance du Débarquement allié du 6 juin 1944 en Normandie, dont on fêtera jeudi le 75e anniversaire. Pour Moscou, il s’agit ainsi de ne pas « minorer » le rôle de l’URSS dans la défaite d’Hitler.

    « L’apport des Alliés dans la victoire sur le Troisième Reich est clair. Mais il ne faut pas l’exagérer et minorer par là même la signification des efforts titanesques de l’Union soviétique, sans laquelle cette victoire n’existerait tout simplement pas », a déclaré aux journalistes la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

    « Le Débarquement n’a pas eu d’influence décisive »

    Tout en « rendant hommage à tous ceux qui sont tombés », Maria Zakharova a dénoncé une « réécriture catastrophique de l’histoire », notamment dans les films et les articles de presse, donnant selon elle aux Etats-Unis et à leurs alliés un rôle prédominant dans la défaite allemande. D’après elle, « le Débarquement en Normandie n’a pas eu d’influence décisive sur l’issue de la Seconde Guerre mondiale (…) déjà déterminée par la victoire de l’Armée rouge, avant tout à Stalingrad, Koursk ».

    Donald Trump, Emmanuel Macron, la reine Elizabeth II et 300 vétérans ont donné mercredi à Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre, le coup d’envoi des célébrations du 75e anniversaire du Débarquement. Celles-ci doivent se poursuivre jeudi en France. Les autorités russes et le président Vladimir Poutine, qui ne sera pas présent aux commémorations, dénoncent depuis de nombreuses années l’oubli dans lequel sont tombés selon eux en Occident les considérables sacrifices et les 27 millions de morts soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Solidarité Maroc

    Tags : France, tirailleurs sénégalais, goumiers, pieds-noirs, deuxième guerre mondiale, débarquement allié, Normandie, racisme,

  • Tombouctou : un complexe sportif pour renforcer la cohésion sociale et le vivre ensemble

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    United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (MINUSMA)

    COMMUNIQUE DE PRESSE

    Tombouctou : un complexe sportif pour renforcer la cohésion sociale et le vivre ensemble

    Le complexe est destiné à être un espace de rencontre, d’échanges, de cohésion, d’orientation et de stabilisation des jeunes de Tombouctou en général

    BAMAKO, Mali, 6 juin 2019/ — Le 30 Mai dernier, le bureau régional de la MINUSMA à Tombouctou à travers la Section de la Réforme du Secteur Sécurité, du Désarmement de la Démobilisation et de la Réinsertion (RSS-DDR), a procédé au lancement officiel d’un complexe sportif, situé au quartier d’Abaradjou. Ce projet de Réduction de la violence Communautaire (RVC) financé par la MINUSMA pour plus de 50 millions de FCFA (53. 144. 44 de FCFA) va contribuer à la consolidation de la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble entre les différentes communautés.

    La cérémonie de lancement s’est déroulée sur le site du complexe sportif, vaste de 8 hectares. Étaient présents, les représentants des associations de jeunes, les leaders et acteurs communautaires des différents quartiers de Tombouctou, les notables de la ville, les autorités administratives et locales de la ville, ainsi que le personnel civil et militaire de la MINUSMA, conduit par le Chef par intérim du bureau régional Mamane Sani Moussa.

    Situé dans la partie septentrionale de la ville, le quartier d’Abaradjou, qui est l’un des huit que compte la Cité des 333 Saints, accueille le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC). Par ailleurs, le nombre élevé d’incidents sécuritaires qu’y s’y produit lui a valu l’appellation de « zone rouge ».

    Suite à la crise sécuritaire et institutionnelle que le Mali a connu, notamment dans les régions du Nord, les populations ont subi d’énormes préjudices et chocs, qui ont affecté leur existence. De nos jours, la population de Tombouctou, notamment les jeunes ont été durement affectés par cette crise. Ils ont été victimes de graves violations de leurs droits, de la restriction de l’accès aux services sociaux de base ainsi que du manque d’accès aux loisirs et autres activités sportives.

    Le projet de ce complexe, jugé pertinent par de nombreuses personnes sur place, se justifie par la quasi-inexistence d’infrastructures sportives appropriées. Parce que la jeunesse ressent le besoin de communier autour d’activités sportives et conscientes facteurs d’intégration qui dissipe les tensions, la population du quartier a pris l’initiative de réhabiliter le complexe sportif, en adoptant une approche participative et volontariste.

    Sollicitée, la section RSS-DDR de la MINUSMA, a favorablement accueilli ce projet, qui implique l’ONG Enda Mali, partenaire d’exécution, la Direction régionale de la jeunesse et des sports, les autorités locales de la commune de Tombouctou et la population d’Abaradjou. Ceci, afin d’en faire un facteur de prévention des violences communautaires et de stabilité sociale.

    Dans son intervention, Mamane Sani Moussa, Chef du bureau régional de la MINUSMA par intérim, a réaffirmé l’engagement de la Communauté Internationale à accompagner l’ensemble des parties prenantes à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issus du processus d’Alger pour sa mise en œuvre effective. « Ce présent projet dont la durée d’exécution est de trois mois, sera réalisé grâce à l’appui technique et financier de la section RSS-DDR de la MINUSMA, en vue de contribuer à la réduction de la violence communautaire en promouvant la pratique du sport comme vecteur de pacification, de cohésion et de stabilité »

    L’initiative des jeunes d’Abaradjou à laquelle toute la population adhère, cadre avec la vision de la Mission onusienne : le complexe est destiné à être un espace de rencontre, d’échanges, de cohésion, d’orientation et de stabilisation des jeunes de Tombouctou en général, et ceux dudit quartier en particulier.

    L’occasion était donc bonne pour Salaha Maiga, le président du conseil communal des jeunes, pour manifester la reconnaissance de la jeunesse de Tombouctou à la MINUSMA « puisqu’il n’y a pas un mot plus grand que merci, nous ne pouvons que dire merci à la MINUSMA qui nous a toujours assisté à travers plusieurs appuis techniques et financiers dans le cadre de la résilience », a-t-il déclaré.

    Cette réalisation sera composée d’un terrain de basket de 60 mètres sur 30 ; d’un terrain de football de 90 mètres sur 54 ; d’une salle de gym de 8 mètres sur 5, d’un bloc de trois latrines et d’une clôture de 200 mètres sur 100.

    Quel changement concret le projet pourrait apporter à la communauté ?

    Le complexe permettra de regrouper les jeunes autour d’activités sportives, favorisant ainsi le renforcement de la cohésion et de stabilité sociale ; il permettra de réduire par la même occasion les violences inter et intracommunautaires, à travers des mesures de prévention et de gestion pacifique des conflits. Aussi, 80 jeunes chômeurs bénéficieront d’un emploi temporaire rémunéré. Le risque pour ces jeunes de basculer dans les violences et d’être récupérés par les groupes armés sera ainsi minimisé.

    Dans son intervention, Aboubacrine Cissé, Maire de la Commune urbaine de Tombouctou a salué l’initiative : « la réalisation de ce complexe sportif constitue à coup sûr un instrument pour la consolidation de la paix et le vivre ensemble, en plus d’être un moyen d’épanouissement pour les jeunes d’Abaradjou, connu pour leur admirable mélange ethnique »

    Ce projet est fédérateur en ce sens qu’il rapproche les différentes sensibilités et facilite les échanges, l’intégration entre les différentes couches de la communauté. À cet effet, il pourra briser les tensions, les méfiances entre les populations tout en développant le sentiment de sécurité, et l’esprit de bon voisinage, du vivre ensemble et de la cohésion sociale. Par ailleurs, les revenus des travailleurs permettront de renforcer les capacités de résilience des ménages respectifs.

    Un projet inclusif :

    Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet financé par la MINUSMA, le Partenaire de mise en œuvre, de concert avec les responsables de la Section RSS/DDR s’assureront toutefois que le caractère inclusif et participatif de cet ouvrage soit respecté à toutes les étapes de sa réalisation. Les communautés ont la latitude de participer de façon égale au suivi de sa réalisation.

    Pour rappel, les Projets de Réduction de la Violence Communautaire sont mis en œuvre par la MINUSMA à travers sa section RSS-DDR. Dans l’ensemble, les projets visent à contribuer à l’amélioration de la sécurité et au renforcement de la cohésion sociale, à la promotion du dialogue et à la réconciliation entre les différents membres de la communauté, afin de créer un environnement favorable à l’État de droit et au renforcement de la paix pour les processus du cantonnement et du DDR

    Distribué par APO Group pour United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (MINUSMA).

    Tags : Mali, terrorisme, violence, racisme, discrimintation, tribalisme,