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  • Rapport de Charles Michel à la session plénière du PE

    Rapport de Charles Michel à la session plénière du PE

    Parlement Européen, Charles Michel, rapport, Ukraine, Russie, Moldavie,

    La guerre barbare du Kremlin contre l’Ukraine a marqué un changement tectonique sur notre continent et créé une nouvelle réalité géopolitique. La semaine dernière, avec les 27 dirigeants de l’UE, nous avons pris un certain nombre de décisions géopolitiques majeures.

    Premièrement, nous avons décidé de reconnaître la perspective européenne de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie. L’avenir de ces pays — et de leurs habitants — se trouve au sein de l’UE.

    Nous avons également décidé d’accorder le statut de pays candidat à l’Ukraine et à la Moldavie. Cela envoie un message fort à leur peuple et à nos citoyens européens. Nous sommes également prêts à accorder le statut de candidat à la Géorgie une fois que les priorités de l’avis de la Commission auront été traitées.

    Depuis l’attaque russe, nous avons répondu avec unité pour soutenir l’Ukraine et nous resterons à leurs côtés aussi longtemps qu’il le faudra. Nous continuerons à fournir un soutien militaire – nous avons déjà fait beaucoup, mais l’Ukraine a besoin de plus : nous avons donc appelé à l’augmentation du soutien militaire à l’Ukraine.

    Nous continuerons également à soutenir financièrement l’Ukraine et nous comptons sur la Commission pour présenter prochainement une proposition visant à accorder à l’Ukraine une nouvelle assistance macrofinancière pouvant atteindre 9 milliards d’euros en 2022. Nous nous engageons également à soutenir la reconstruction de l’Ukraine, en collaboration avec des partenaires internationaux.

    Le travail se poursuivra sur les sanctions, afin de s’assurer que toutes nos sanctions sont effectivement mises en œuvre et d’empêcher, autant que possible, les contournements. Et en étroite coordination avec nos partenaires du G7 — nous étions en Allemagne, il y a quelques jours —, nous envisagerons des sanctions sur l’or. Nous explorerons également des mesures, telles que le plafonnement des prix, pour sécuriser l’approvisionnement énergétique et tenter de réduire les flambées de prix.

    L’Union européenne a autant besoin des Balkans occidentaux que les Balkans occidentaux ont besoin de nous, et c’est pourquoi nous avons rencontré les dirigeants des Balkans occidentaux, juste avant notre réunion du Conseil européen. Ce fut un débat franc, ouvert mais aussi difficile avec les dirigeants des Balkans occidentaux. Mais c’était aussi très nécessaire. Nous avons décidé comment redynamiser notre engagement avec cette région et nous avons réaffirmé notre ferme engagement à relancer le processus d’élargissement et à voir comment éliminer les obstacles en cours de route.

    L’ouverture des négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord et l’Albanie est une priorité absolue. Le deuxième jour du Conseil européen, le Parlement bulgare a voté pour annuler son veto à l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE en Macédoine du Nord. Pas plus tard qu’hier et ce matin, j’étais en Macédoine du Nord, pour la deuxième fois au cours du mois dernier, pour tenter d’expliquer la proposition du Conseil visant à ouvrir la voie à l’ouverture de négociations d’adhésion à l’UE avec la Macédoine du Nord.

    Je voudrais remercier la présidence française pour ses efforts inlassables pour contribuer à combler le fossé entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie et pour avoir ouvert la possibilité de faire avancer ce processus rapidement tant pour la Macédoine du Nord que pour l’Albanie.

    Des progrès sur les différends bilatéraux et régionaux sont également urgents. La normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie par le biais du dialogue Belgrade-Pristina est d’une importance capitale. Nous avons également eu l’occasion de réaffirmer que nous sommes prêts à accorder le statut de candidat à la Bosnie-Herzégovine. La Commission rendra compte de la mise en œuvre de 14 priorités clés énoncées dans son avis, en accordant une attention particulière à un ensemble substantiel de réformes.

    Ce Conseil européen a aussi été l’occasion d’aborder cette idée de mettre en place une communauté politique européenne. Nous avons eu un débat substantiel, les 27 chefs d’État et de gouvernement, sur ce sujet pour tenter de dessiner les contours d’une telle initiative. Nous avons tenté de répondre aux trois questions centrales qui sont posées au départ de cette idée émise, dans cette assemblée, le 9 mai, par le président Macron.

    Qui a vocation à participer à une telle communauté politique ? Nous pensons que toutes celles et ceux qui, sur le continent européen, partagent les mêmes intérêts et qui souhaitent coopérer, qui souhaitent coopérer dans un certain nombre de domaines, ont vocation à être invités. Cela ne veut pas dire que ce sont nécessairement des pays qui ont vocation à rejoindre l’Union européenne. Certains d’entre eux n’ont pas ce souhait, certains d’entre eux, même s’ils avaient ce souhait, n’auraient pas vocation à la rejoindre. Par contre, certains de ces pays ont vocation et sont même déjà engagés dans des processus en lien avec l’adhésion à l’Union européenne.

    La deuxième question c’est : avec quel mais ? Il s’agit de mettre en place une plateforme politique plutôt souple et flexible sur des thèmes comme l’énergie, sur des thèmes comme la sécurité, comme les infrastructures, sur les thèmes aussi comme la santé, une pandémie : si une telle plateforme politique avait existé au moment de la COVID, je suis totalement convaincu qu’un certain nombre de choses eurent été faites en associant plus directement un certain nombre de partenaires autour de nous, sur le continent européen.

    Et puis, la troisième question c’est : comment ? Nous pensons, c’est la tendance qui se dégage de nos débats, qu’il n’y a pas la nécessité, en tout cas certainement pas dans un premier temps, d’une structure institutionnelle lourde. Il y a plutôt la nécessité, à un rythme régulier, de mettre en place des réunions au niveau des dirigeants. Le mandat m’a été nommé, ainsi qu’au Premier ministre tchèque, dans le cadre de la présidence rotative, de préparer une telle initiative qui pourrait déjà avoir lieu sous présidence tchèque et en tout cas avant la fin de l’année. Nous allons donc avoir l’occasion très certainement de revenir, dans les débats au Parlement, sur ce sujet, de vous en rendre compte lors des prochaines rencontres qui interviendront au sein du Conseil européen en lien avec ce sujet.

    Un mot en lien avec la conférence sur l’avenir de l’Europe et le courrier qui m’a été formellement effectué, ainsi qu’à la présidence rotative tchèque, pour vous indiquer que ce point n’a pas fait l’objet de débats directs, mais des conclusions ont été validées dans le cadre du Conseil européen qui s’est tenu et je souhaite exprimer mon engagement d’être attentif à ce qu’un suivi approprié puisse intervenir sur ce sujet en lien avec nos principes institutionnels. Et je suis certain que là aussi, il y aura nécessité de revenir sur ce sujet. Le Conseil européen, dans ses conclusions, a pris en considération cet effort inédit de consultation citoyenne qui a fourni sur un certain nombre de recommandations.

    Enfin, je voudrais terminer ce compte rendu par un point central qui a fait l’objet de nos échanges le deuxième jour du Conseil européen, le vendredi. Il s’agit de la situation économique et des conséquences sociales de cette situation économique, en lien avec cette guerre qui a été déclenchée par la Russie.

    Nous mesurons bien, partout en Europe et partout dans le monde, que l’inflation, la hausse des prix, l’impact sur les produits alimentaires et sur la sécurité alimentaire, mettre sous pression nos familles, mettre sous pression nos citoyens et nos entreprises partout en Europe. Et cela nécessite une mobilisation, une ambition de déployer autant que possible nos politiques, cela nécessite une ambition de pratiquer l’intelligence collective et de veiller à ce que les mesures de soutien, qui sont prises sur le plan national, soient les plus ciblées possibles , afin d’avoir un impact réel et afin d’éviter de provoquer un effet inverse à celui qui est souhaité. Nous voyons bien qu’il y a nécessité de dialoguer, de résoudre, d’agir de concert, d’agir ensemble.

    Et puis enfin, nous avons fait le point sur l’état d’avancement de deux projets que je crois extrêmement importants : l’union bancaire et l’union des marchés des capitaux, qui sont, je le pense, des leviers potentiellement puissants, si on arrive, dans les prochains mois, à progresser encore encore sur ces sujets afin de présenter cette capacité d’unité européenne et de renforcer notre modèle économique.

    Enfin, je conclus ce rapport en vous indiquant que l’Union européenne n’agit pas seule. Les dernières semaines ont aussi été l’occasion d’un agenda international. Cette réunion du G7 qui s’est tenue en Allemagne l’a été. Nous avons participé de manière active pour développer, avec nos partenaires, avec nos amis, et puis dans le même esprit, nous préparons les réunions du G20 qui auront lieu avant la fin de l’année en Indonésie pour veiller à ce que les intérêts, les valeurs, les principes susceptibles de nous permettre d’être portés, susceptibles d’être défendus.

    Je conclus en vous disant que nous les mesurons bien et vous le mesurez bien : les temps que nous vivons sont des temps qui sont troublés, des plaques tectoniques sont en mouvement, parce que cette guerre absurde, cette guerre injustifiée, cette guerre brutale et non provoquée, a été décidée par le Kremlin. Et plus que jamais, l’ambition de l’Union européenne en faveur de notre unité, de notre puissance, doit être l’ambition de la stabilité, de la sécurité, de la paix, de ces valeurs que nous renverrons incarner. Cela va supposer que nous faisions preuve à la fois de lucidité, de sang froid et de capacité aussi d’agir pour se projeter dans l’avenir et pour défendre ce en quoi nous croyons, ces valeurs démocratiques auxquelles nous sommes tellement attachés et cette croyance fondamentale que le droit international est la meilleure garantie pour les libertés et pour les sociétés libres. Je vous remercie.

    Conseil Européen, 06 jui 2022

    #Parlement_Européen #PE #Charles_Michel

  • Une fondation allemande réagi à un rapport sur le Maroc

    Une fondation allemande réagi à un rapport sur le Maroc

    Une fondation allemande réagi à un rapport sur le Maroc – Allemagne, rapport, Maghreb, SWP, Isabelle Werenfels,

    La Fondation Science et Politique/Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité a réagi à un rapport sur le Maroc.

    Dans une publication sur son site, la Fondation souligne son indépendance et dément toute relation de Isabelle Werenfels avec les services secrets allemands. Voici le texte intégral de son communiqué :

    Rectification de faux rapports concernant notre chercheur principal Dr Isabelle Werenfels

    Dans un article intitulé « Un rapport des services secrets allemands révèle les ambitions de Berlin en Afrique du Nord » publié le 1er décembre 2021 par Tunisie-Telegraph.com et sous une forme légèrement modifiée le 2 décembre 2021 par rue.20.com et diffusé depuis davantage largement dans les États du Maghreb, il est affirmé que des extraits d’un document des services secrets allemands prétendument écrit par le Dr Isabelle Werenfels ont été publiés dans les médias allemands. Mme Werenfels serait en outre une employée du Service de renseignement étranger d’Allemagne (Bundesnachrichtendienst). Toutes les affirmations et citations des articles initiaux sont fausses.

    La vérité est que le Dr Isabelle Werenfels est une universitaire respectée qui a effectué des recherches sur les États du Maghreb à la Fondation Science et Politique/Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP) depuis 2001, où elle était à la tête de la Direction du Proche/Moyen Orient de 2014 à 2018.

    Le SWP est une institution de recherche indépendante qui conseille le Bundestag allemand et le gouvernement fédéral ainsi que les institutions et organisations européennes et internationales sur les questions de politique étrangère et de sécurité.

    Il est financé en grande partie par le bureau du chancelier fédéral allemand et est indépendant dans la conduite de ses activités de recherche et de conseil (voir https://www.swp-berlin.org/en/swp/about-us/fundamentals ). Il publie les résultats de ses chercheurs de manière transparente sur son site Web à l’ adresse https: // www.swp-berlin.org .
    Le SWP est très soucieux de s’assurer que la coopération en matière de recherche avec des partenaires importants se poursuit sur une base de confiance.

    #Maroc #Allemagne #Isabelle_Werenfels #Institut_allemand_affaires_internationales_sécurité #SWP

  • Liberté de la presse: la France accablée par le Conseil de l’Europe

    De plus en plus de journalistes victimes de harcèlement

    La France n’est apparemment pas un bon élève en matière de la liberté de la presse, aux yeux, du Conseil de l’Europe qui relève que bon nombre de journalistes sont victimes d’harcèlement sur le territoire français.

    Le Conseil de l’Europe, institution internationale extérieure a l’Union Européenne et qui compte 47 Etats membres, alerte la France sur la situation de la liberté de la presse sur son territoire, et particulièrement sur le harcèlement dont les journalistes sont victimes. Celui-ci s’est accru en 2020, a rapporté ce jeudi Europe 1.

    Il ne fait pas bon être journaliste en France. Le Conseil de l’Europe épingle en effet Paris sur son respect de la liberté de la presse. Selon le dernier rapport annuel de la Plateforme du Conseil de l’Europe pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes, notre pays [la France] est le pays européen dans lequel les journalistes sont les plus harcelés, devant la Slovénie, l’Ukraine et la Pologne. A l’échelle des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, 70 cas de harcèlement ont été recensés l’an dernier. Un chiffre record. Ce n’est guère mieux du côté du nombre d’agressions physiques, 52 en 2020, qui a doublé en 4 ans.

    “Des actions concrètes s’imposent”

    Le rapport 2021 indique que «le plus grand nombre d’atteintes a l’intégrité physique des journalistes a été signalé dans la Fédération de Russie, en Italie et au Royaume-Uni; la France, la Pologne, la Turquie et l’Ukraine comptent pour leur part le plus grand nombre de cas d’intimidation et de harcèlement de journalistes».

    Le rapport annuel de la Plateforme du Conseil de l’Europe pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes s’alarme de la situation de la liberté de la presse bien au-dela de la France. Le document officiel indique d’ailleurs dans son titre adressé aux politiques européens que «des actions concrètes s’imposent» pour garantir la liberté des médias en Europe.

    Echourouk online, 29 avr 2021

    Etiquettes : France, liberté de presse, journalistes, Plateforme du Conseil de l’Europe, rapport,

  • Génocide rwandais : un rapport d’historiens pointe les « responsabilités accablantes » de la France

    Fruit de deux années de travail, la conclusion du rapport de la commission dirigée par l’historien Vincent Duclert est sans appel : la France « est demeurée aveugle face à la préparation » du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 et porte des « responsabilités lourdes et accablantes » dans la tragédie. Après la publication de ce rapport, l’Élysée a appelé à un rapprochement « irréversible » avec Kigali.

    Un président de la République et son cercle proche soutenant « aveuglément » un régime raciste et violent : la « faillite » de la France et ses « responsabilités accablantes » dans le génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 sont exposées dans un rapport cinglant remis vendredi 26 mars à Emmanuel Macron.

    Ce rapport d’historiens, fruit de deux années d’analyse des archives relatives à la politique française au Rwanda entre 1990 et 1994, dresse un bilan sans concession de l’implication militaire et politique de Paris, tout en écartant la « complicité » de génocide longtemps dénoncée par Kigali.

    Il pourrait marquer un tournant dans la relation entre les deux pays, empoisonnée depuis plus de vingt-cinq ans par les violentes controverses sur le rôle de la France au Rwanda. Après la publication de ce rapport, Paris a appelé à un rapprochement « irréversible » avec le Rwanda.

    « Nous espérons que ce rapport pourra mener à d’autres développements dans notre relation avec le Rwanda » et que, « cette fois, la démarche de rapprochement pourra être engagée de manière irréversible », a précisé la présidence.

    De son côté Kigali a salué « un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France », dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

    Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères (1997-2002), secrétaire général de l’Élysée au moment du génocide rwandais en 1994, a lui salué « l’honnêteté » du rapport tout en déplorant « les critiques très nombreuses et sévères » visant notamment l’ancien président socialiste François Mitterrand.

    Une commission de quatorze historiens

    Présente au Rwanda depuis que ce pays des Grands Lacs a pris son indépendance de la Belgique, la France « est demeurée aveugle face à la préparation » du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 et porte des « responsabilités lourdes et accablantes [dans la tragédie] », assène dans ses conclusions la commission de quatorze historiens présidée par Vincent Duclert, mise en place en 2019 par le président Emmanuel Macron.

    Dans ce rapport de plus de 1 000 pages, les historiens reviennent sur l’engagement français durant ces quatre années décisives, au cours desquelles s’est mise en place la dérive génocidaire du régime hutu, pour aboutir à la tragédie de 1994 : quelque 800 000 personnes, majoritairement tutsi, exterminées dans des conditions abominables entre avril et juillet.

    Télégrammes diplomatiques, notes confidentielles et lettres à l’appui, le rapport dessine une politique africaine décidée au sommet par le président socialiste de l’époque, François Mitterrand, et son cercle proche, un entourage motivé par des « constructions idéologiques » ou la volonté de ne pas déplaire au chef de l’État.

    Il raconte des décideurs « enfermés » dans une grille de lecture « ethniciste » post-coloniale et décidés à apporter, contre vents et marées, un soutien quasi « inconditionnel » au régime « raciste, corrompu et violent » du président rwandais Juvénal Habyarimana, face à une rébellion tutsi considérée comme téléguidée depuis l’Ouganda anglophone.

    Dérive extrémiste

    « Cet alignement sur le pouvoir rwandais procède d’une volonté du chef de l’État et de la présidence de la République », écrivent les quatorze historiens de la Commission, en insistant sur « la relation forte, personnelle et directe » qu’entretenait François Mitterrand avec le président hutu Juvénal Habyarimana.

    Cette relation, doublée d’une obsession de faire du Rwanda un territoire de défense de la francophonie face aux rebelles tutsis réfugiés en Ouganda a justifié « la livraison en quantités considérables d’armes et de munitions au régime d’Habyarimana, tout comme l’implication très grande des militaires français dans la formation des Forces armées rwandaises [gouvernementales] ».

    Dès octobre 1990, date d’une offensive du FPR (Front patriotique rwandais, ex-rébellion tutsie dirigée par Paul Kagame, devenu président du Rwanda), Paris prend fait et cause pour le régime Habyarimana. Elle s’engage militairement avec l’opération militaire Noroît, censée protéger les expatriés étrangers, mais qui de facto constitue une présence « dissuasive » pour protéger un régime vacillant contre l’offensive rebelle.

    Tout en pressant Habyarimana à démocratiser son régime et négocier avec ses opposants – ce qui aboutira aux accords de paix d’Arusha en août 1993 –, la France ignore les alertes, pourtant nombreuses, venues de Kigali ou Paris, mettant en garde contre la dérive extrémiste du régime et les risques de « génocide » des Tutsi.

    La responsabilité de François Mitterrand

    Qu’elles viennent de l’attaché militaire français à Kigali, des ONG, de certains diplomates, ou des services de renseignement, ces mises en garde sont ignorées ou écartées par le président et son cercle.

    « On peut se demander si, finalement, les décideurs français voulaient vraiment entendre une analyse qui venait contredire la politique mise en œuvre au Rwanda », écrivent les chercheurs.

    Le rapport souligne notamment la lourde responsabilité de l’État-major particulier (EMP) de François Mitterrand, dirigé par le général Christian Quesnot et son adjoint le colonel (devenu général) Jean-Pierre Huchon.

    « L’EMP porte une responsabilité très importante dans l’installation d’une hostilité générale de l’Élysée envers le FPR », écrit le rapport, qui dénonce « les pratiques irrégulières », voire les « pratiques d’officine » de cet organe qui court-circuite tous les canaux réguliers pour mettre en œuvre la politique française sur le terrain.

    Avec l’aval, tacite, du président : « aucun document ne montre une volonté du chef de l’État de sanctionner ces militaires ou de les retenir dans leurs initiatives », pointe le rapport.

    Parallèlement, l’institution diplomatique ne se montre guère plus critique – à de rares exceptions –: « les diplomates épousent sans distance ou réserve la position dominante des autorités », et leur administration est « imperméable » à la critique.

    L’arrivée en 1993 d’un gouvernement de droite – la France entre alors en « cohabitation » – ne modifiera pas fondamentalement la donne, malgré des affrontements parfois « impitoyables » entre l’Élysée et le gouvernement du Premier ministre Édouard Balladur, beaucoup moins enclin à l’engagement français au Rwanda.

    « Massacres interethniques »

    Lorsque le génocide commence, le 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana (dont le rapport ne désigne pas les commanditaires, objet d’une controverse depuis près de trente ans), cela n’entraîne pas « une remise en cause fondamentale de la politique de la France, qui demeure obsédée par la menace du FPR ». Et même si le chef de la diplomatie d’alors, Alain Juppé, est le premier à parler de « génocide » à la mi-mai 1994, la grille de lecture reviendra rapidement à des « massacres interethniques » et une « guerre civile ».

    Il y a une « obstination à caractériser le conflit rwandais en termes ethniques, à définir une guerre civile là où il y a une entreprise génocidaire », écrivent les historiens.

    Dans un contexte de retrait ou d’immobilisme international – l’ONU, l’ancienne puissance coloniale belge, les États-Unis –, la France sera pourtant la première à réagir en lançant en juin 1994, sous mandat de l’ONU, une opération militaro-humanitaire visant à « faire cesser les massacres ».

    Cette opération controversée, Turquoise, a certes « permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi du Rwanda exterminés dès les premières semaines du génocide », écrit la commission, qui souligne que les autorités françaises « se refusent à arrêter » les commanditaires du génocide ayant trouvé refuge dans la zone sous contrôle français. Ce point est l’un des plus controversés de l’action française au Rwanda.

    Les responsables politiques et militaires de l’époque ont pour leur part soutenu avoir sauvé l’honneur de la communauté internationale en étant les seuls à intervenir au Rwanda.

    Le génocide prend fin avec la victoire du FPR en juillet 1994. Depuis, la France a entretenu des relations tendues, voire exécrables, avec le Rwanda, marquées par la rupture des relations diplomatiques en 2006.

    Même si les relations entre Paris et Kigali se sont détendues avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017, le rôle de la France au Rwanda reste un sujet explosif depuis plus de vingt-cinq ans. Il est aussi l’objet d’un débat violent et passionné entre chercheurs, universitaires et politiques.

    Avec AFP

    France24, 26 mars 2021

    Tags : France, Rwanda, génocide, historiens, rapport,

  • Un rapport de l’ONU fait état de violations massives de l’embargo sur les armes en Libye

    Le CAIRE (AP) – Un rapport de l’ONU a dressé un tableau sombre de la Libye ravagée par le conflit, accusant plusieurs gouvernements étrangers d’avoir transformé ce pays riche en pétrole en une scène où se jouent des rivalités et d’ignorer les sanctions de l’ONU et un embargo sur les armes qui dure depuis dix ans.

    Le rapport de 548 pages des experts de l’ONU intervient alors qu’un gouvernement intérimaire a pris le pouvoir en Libye cette semaine, dans le but de conduire le pays d’Afrique du Nord vers des élections dans le courant de l’année.

    Selon le rapport, l’embargo sur les armes imposé par l’ONU il y a dix ans est resté « totalement inefficace », les États membres de l’ONU soutenant les parties rivales en Libye ayant fait preuve d’un « mépris généralisé, flagrant et total des mesures de sanctions ».

    « Leur contrôle de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement complique la détection, la perturbation ou l’interdiction », ont déclaré les experts.

    Le rapport, publié en début de semaine, couvre la période allant d’octobre 2019 à janvier 2021, période marquée par de violents combats entre les factions libyennes pour le contrôle de la capitale, Tripoli.

    Il identifie la Turquie et le Qatar comme les bailleurs de fonds des forces loyales à l’administration soutenue par l’ONU à Tripoli, à l’ouest, tandis que les Émirats arabes unis, la Russie et l’Égypte ont soutenu Khalifa Hifter, le commandant militaire qui contrôle les parties est et sud de la Libye.

    Le rapport explique également comment ces pays ont alimenté le conflit en Libye, qui a sombré dans le chaos en 2011, lorsqu’une coalition soutenue par l’OTAN a aidé les rebelles à renverser l’autocrate de longue date Moammar Kadhafi, qui a ensuite été tué.

    Elle a documenté des dizaines de livraisons d’armes, y compris des drones, des missiles sol-air, des pièces d’artillerie et des véhicules blindés, ainsi que le déploiement de mercenaires – dont des Russes, des Syriens, des Soudanais et des Tchadiens – amenés en Libye pour soutenir ses belligérants, en particulier lors de l’offensive de Hifter sur Tripoli.

    Les forces d’Hifter ont lancé une offensive en avril 2019 pour tenter de prendre Tripoli au gouvernement soutenu par l’ONU. La campagne s’est effondrée à la mi-2020 et ses forces ont été contraintes de se replier sur la ville stratégique de Syrte. Elles ont été repoussées en grande partie en raison du lourd soutien militaire turc à leurs rivaux.

    Les experts de l’ONU ont également détaillé comment l’entrepreneur américain en sécurité Erik Prince, un proche allié de l’ancien président Donald Trump, a violé l’embargo sur les armes de l’ONU, ainsi que trois sociétés basées aux Émirats arabes unis et leurs principaux dirigeants, pendant la campagne de Hifter sur Tripoli.

    Ils ont décrit une opération de sécurité privée appelée « Projet Opus », conçue pour fournir des équipements militaires à Hifter et pour « kidnapper ou achever des individus considérés comme des cibles de grande valeur. »

    Les experts ont également documenté le déploiement de quelque 700 soldats des forces paramilitaires soudanaises dans la ville centrale libyenne de Jufra, qui abrite une base aérienne intérieure contrôlée par les combattants de Hifter. Les forces soudanaises, connues pour leur répression brutale dans la région du Darfour, ont séjourné en Libye pendant environ deux mois, mais n’ont pas pris part aux combats, selon les experts.

    Le rapport montre comment des compagnies aériennes, des charters et des navires marchands ont été utilisés par des gouvernements étrangers pour transférer des mercenaires et des armes sophistiquées vers le conflit, souvent en déguisant leurs missions.

    Il détaille également toute une série d’activités menées à travers la Libye qui menaçaient la paix, la stabilité ou la sécurité du pays. Les groupes militants sont restés actifs dans le pays, « bien que leurs activités aient diminué », selon le rapport.

    Les autorités de l’est de la Libye ont poursuivi leurs efforts pour exporter illégalement du pétrole brut et importer du carburant d’aviation, bien qu’en quantités moindres en raison de la pandémie, ont indiqué les experts de l’ONU, tandis que dans l’ouest du pays, l’infrastructure des réseaux de contrebandiers « reste intacte et leur volonté de procéder à des exportations illicites ne faiblit pas ».

    « Il faut s’attendre à une reprise de leurs activités illicites, une fois que la demande mondiale de combustible de soute aura repris », indique le rapport.

    Le rapport aborde également les allégations de corruption qui ont entaché le processus de sélection du nouveau gouvernement de transition sous l’égide des Nations unies. Au moins trois participants au forum politique organisé début novembre se sont vu offrir des pots-de-vin pour voter en faveur d’un candidat au poste de premier ministre dont le nom n’a pas été révélé, indique le rapport, sans nommer les membres du forum.

    Elle a renvoyé les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à des détails supplémentaires sur ces allégations dans une annexe confidentielle du rapport.

    Par SAMY MAGDY

    Egypt Independent, 19 mars 2021

    Tags : Libye, embargo sur les armes, ONU, rapport,