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  • Après une bonne récolte, le Maroc a besoin de machines agricoles

    Après une bonne récolte, le Maroc a besoin de machines agricoles – production, Agragex, technologie,

    Après deux années de sécheresse, le Maroc a pu récolter une bonne récolte. La demande de technologies agricoles modernes augmente. Cependant, le financement reste un défi.
    En 2021, les importations marocaines de machines agricoles ont sensiblement augmenté. Divers facteurs en parlent, notamment le résultat de récolte très satisfaisant après une longue période. L’association espagnole Agragex fait état d’une croissance de l’activité marocaine d’environ 25 %.

    Au cours des neuf premiers mois de 2021, les exportations allemandes de machines et de pièces détachées agricoles ont même enregistré une augmentation en glissement annuel de 142,7 % à 5,4 millions d’euros. Dans l’ensemble de 2020, l’Allemagne n’a pu exporter que des marchandises du groupe de produits 721 (selon la Classification type du commerce international – SITC) pour une valeur de 2,5 millions d’euros.

    En 2020, les importations marocaines de biens d’équipement pour le secteur agricole ont fortement chuté. Les représentants de l’industrie étaient convaincus que cela était davantage dû aux conditions climatiques qu’à la pandémie de corona.

    Le gouvernement promeut le secteur agricole
    Le secteur agricole du royaume bénéficie du programme Plan Maroc Vert depuis une dizaine d’années. Les ventes dans l’agriculture ont presque doublé depuis 2010. Désormais, le plan de suivi « Génération Verte 2020-2030 » vise à faire progresser davantage le secteur agricole. L’industrie est jusqu’à présent très fragmentée. Les petites exploitations agricoles sont souvent considérées par les banques commerciales comme des demandeurs et ne reçoivent qu’une petite partie des prêts souhaités. Les efforts de mécanisation et de diversification des cultures s’en trouvent ralentis.

    Dans certains cas, l’industrie peut bénéficier de subventions et de programmes de financement internationaux. Le plan « Génération verte » vise à favoriser l’efficacité des agriculteurs. L’utilisation de machines agricoles et de systèmes d’irrigation devrait y contribuer.

    Le programme d’Appui au Développement Inclusif et Durable des Zones Agricoles et Rurales (PADIDZAR) s’inscrit également dans le plan « Génération Verte ». En novembre 2021, la Banque africaine de développement a annoncé qu’elle apporterait environ 114 millions de dollars américains (US $) au programme d’appui au développement durable des régions agricoles.

    Au total, le sous-programme doit être financé à hauteur de près de 300 millions de dollars US pour les six années de 2021 à 2016. Environ 14 000 entreprises pourraient en bénéficier. L’accent est mis sur sept régions : Draa Tafilalet, Béni Mellal Khénifra, Fès Meknès, Marrakech Safi, Oriental, Souss Massa et Tanger Tétouan El Hoceima. Avant tout, les petits exploitants devraient pouvoir moderniser leurs structures de collecte, de stockage et de distribution de l’eau et en construire de nouvelles.

    La dépendance à l’importation demeure
    Le parc de machines agricoles au Maroc reste dominé par les machines d’occasion, notamment espagnoles et italiennes. Par conséquent, le marché secondaire local est florissant. Cependant, les efforts du gouvernement pour intégrer les exploitations agricoles à l’industrie alimentaire en aval ont accru le besoin de nouveaux biens d’équipement plus modernes. Le Maroc est dépendant des importations. Seules quelques entreprises locales produisent des appareils simples, par exemple Les Ateliers Marocains, basés à Rabat.

    Les importations de machines agricoles (CTCI 721) ont chuté d’environ un tiers en glissement annuel pour atteindre environ 50 millions de dollars US en 2020. L’Espagne (part des importations : 22 %), la France (19 %), l’Italie (13 %), les Pays-Bas (12 %) et l’Allemagne (8 %) étaient les principaux pays fournisseurs. Ces dernières années, la Turquie, l’Inde et la Chine en particulier ont pu gagner des parts grâce à leurs niveaux de prix plus bas.

    Cependant, les livraisons en provenance de Chine en particulier ont chuté à la suite de la pandémie de corona. La Turquie et l’Inde ont regagné du terrain notamment en tracteurs (SITC 722). En 2019, leurs parts d’importation de tracteurs pour l’agriculture ont grimpé à un peu moins de 30 et environ 14%, respectivement. L’exportation allemande de tracteurs a atteint une valeur de 0,7 million d’euros en 2020 dans son ensemble. Au cours des neuf premiers mois, seuls des tracteurs d’une valeur de 0,4 million d’euros ont été exportés vers le Maroc.

    Le marché est sensible aux prix
    Les fournisseurs étrangers peuvent entrer sur le marché par l’intermédiaire de revendeurs ou d’importateurs locaux. Cependant, cela ne garantit pas que les biens d’équipement seront commercialisés de manière optimale localement – sur le marché très sensible aux prix. Amima est une association marocaine d’importation spécialisée dans le machinisme agricole. Il liste entre autres les sociétés commerciales Cogepra, Comicom, Socopim, Somma ou Stokvis Nord-Afrique comme sociétés membres.

    Un robot local aide à la récolte
    L’utilisation de la technologie numérique dans la récolte ne devrait devenir un problème au Maroc que lentement. Cependant, l’intérêt pour ce domaine prometteur ne cesse de croître. De plus, un robot agricole commercialement utilisable a déjà été entièrement fabriqué au Maroc. Le robot à usage agricole désherbera, récoltera et utilisera l’intelligence artificielle pour créer des analyses de sol.

    L’assistant de récolte automatisé a été conçu et construit dans le cadre du programme de financement d’Al Khawarizmi. L’Agence de Développement du Numérique (ADD) et le Ministère de l’Industrie y sont entre autres impliqués. L’Université Cadi Ayyad de Marrakech a joué un rôle de premier plan dans le développement sur trois ans – en coopération avec l’Université polytechnique Mohammed VI et le Centre de recherche Mascir.

    GTAI, 06/12/2021

    #Maroc #Récolte #Agriculture #Technologie #Sécheresse #Machines_Agricoles

  • Le scandale des travailleurs saisonniers marocains en Corse.

    Imaginez-vous que les producteurs de clémentines de Corse et les autorités insulaires (avec la bénédiction de nos pouvoirs publics) ont imaginé et mis sur pied un véritable pont aérien entre la Maroc et Bastia pour transporter dans l’île dite de Beauté 900 travailleurs saisonniers, originaires du royaume chérifien, pour « sauver la récolte des clémentines corses » !

    Dès le printemps, les producteurs locaux s’inquiétaient : après une récolte 2019 médiocre en quantité, les conditions de circulation drastiques imposées par le Maroc à ses ressortissants depuis le début de la pandémie de Covid-19 menaçaient la cuvée 2020. Or, les saisonniers marocains sont d’autant plus demandés que le travail de récolte des fruits, pénible, ne séduit guère sur place. Comment leur permettre de gagner la Corse, où le marché de la clémentine – de 20 000 à 30 000 tonnes produites chaque année – emploie directement 600 personnes et génère plus de 50 millions d’euros de revenus annuels ?

    Afin de parer la menace de vergers désertés, plusieurs réunions furent organisées avec la préfecture de la Haute-Corse depuis l’été. L’Office français de l’immigration et de l’intégration fut mis dans la boucle, comme les autorités marocaines et les représentations françaises. Le protocole permettant l’acheminement en Corse, par voie aérienne, de 902 travailleurs saisonniers marocains, fut validé le 23 septembre par le Centre interministériel de crise (CIC) rattaché au premier ministre. « Un pont aérien exceptionnel en tout point par son ampleur et son contexte, souligne l’un des négociateurs du processus : les producteurs ont même accepté de prendre à leur charge les frais de location d’avions à la compagnie Transavia pour l’acheminement des travailleurs marocains en Corse » – un coût de l’ordre de 500 000 à 600 000 euros, dont la charge sera partagée entre les 72 des 145 producteurs de clémentines à avoir réclamé de la main-d’œuvre cette année.

    « La pandémie rend ce genre d’opérations plus lourd, précise Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, dont le bureau de Casablanca a supervisé le processus, mais elles font partie de nos missions traditionnelles. »

    Dès l’arrivée sur place des saisonniers, en cinq vagues successives du 9 au 28 octobre, un strict protocole sera observé, supervisé par plusieurs services de l’Etat et la Chambre de commerce et d’industrie de la Haute-Corse. « Tout a été minutieusement préparé, estime François Ravier, préfet de la Haute-Corse. Des prélèvements (Covid ) seront effectués au Maroc avant le départ des travailleurs, puis sept jours après leur arrivée et de nouveau avant leur départ, avec des contrôles renforcés sur leurs conditions de vie et de travail. » Les éventuels porteurs du virus seront mis en quarantaine dans des campings de la région, et l’acheminement vers chaque exploitation sera compartimenté. Le tout, assurent les pouvoirs publics, dans une « constante préoccupation » du respect de la dignité des travailleurs saisonniers…

    Fait notable dans une île où la moindre initiative de cet ordre se doit d’être soumise aux élus locaux, ceux-ci sont restés à l’écart de la démarche. « Aucune écoute, aucun intérêt manifesté par la majorité nationaliste de l’Assemblée de Corse, silence radio », se désole une agricultrice.

    C’est que la profession, si elle se félicite d’un succès logistique, ne souhaite plus le commenter publiquement : sitôt ébruitée la nouvelle de l’arrivée en Corse de près d’un millier de personnes en provenance de l’extérieur de l’île, les producteurs de clémentines ont subi le courroux des réseaux sociaux et se trouvent désormais accusés de favoriser la propagation de la pandémie de Covid-19.

    « C’est tristement habituel ici, soupire un responsable du monde agricole en Haute-Corse : les mêmes qui étaient, hier, favorables au tourisme de masse pour sauver la saison dénoncent aujourd’hui l’arrivée hyper encadrée de travailleurs. » De telles critiques, si elles « écœurent » volontiers les producteurs de clémentines, ne devraient pas empêcher le premier vol direct Casablanca-Bastia d’atterrir vendredi 9 octobre en fin de matinée.

    Il n’empêche, à nos yeux cette affaire est un scandale. Avec un nombre de chômeurs ayant dépassé les 25 000, la Corse est en tête des demandes d’emploi en France. Ne pourrait-il se trouver parmi ceux-là quelques centaines de personnes moins paresseuses que les autres qui accepteraient un travail saisonnier de quelques semaines consacré à la cueillette des clémentines ?

    Ne pensez-vous pas que la question mérite tout de même d’être posée ?

    Le 9 octobre 2020.

    Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

    Source : CER, 9 oct 2020

    Tags : Maroc, France, Corse, clémentines, récolte, coronavirus, covid 19,