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  • La crise afghane déclenchera-t-elle une nouvelle crise des réfugiés?

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    BRUXELLES, 19 août (Reuters) – La prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans a alimenté les craintes d’un exode des Afghans et d’une répétition de la crise migratoire européenne de 2016/16, lorsque plus d’un million de personnes du Moyen-Orient ont fui vers le continent et s’y sont réinstallées. Lire la suite

    Des milliers d’Afghans sont déjà partis ou tentent désespérément de monter dans des avions au départ de Kaboul, craignant un retour à l’interprétation austère de la charia (loi islamique) imposée lors du précédent régime taliban qui a pris fin il y a 20 ans.

    Y AURA-T-IL UN EXODE MASSIF D’AFGHANISTAN ?

    La peur de la dure charia n’est pas la seule raison pour laquelle les Afghans pourraient fuir. La violence, la sécheresse et le COVID-19 ont déjà laissé des millions d’Afghans dans le besoin d’une aide humanitaire, et nombre d’entre eux pourraient devenir des migrants économiques dans les mois à venir.

    Les talibans ont fermé des points frontaliers clés et il y a eu un nombre « très limité » d’Afghans traversant les frontières, mais l’Union européenne dit qu’elle s’attend à « une pression migratoire accrue » à plus long terme en raison de l’instabilité sous le régime taliban.

    L’agence des Nations Unies pour les réfugiés indique que plus de 550 000 Afghans ont été déracinés à l’intérieur depuis janvier en raison de l’aggravation de la situation en matière de sécurité, et l’Union européenne a exhorté les États membres à augmenter les quotas d’admission pour les Afghans ayant besoin de protection, en particulier pour les femmes et les filles.

    La Grande-Bretagne a annoncé qu’elle accueillerait jusqu’à 5 000 Afghans au cours de la première année d’un nouveau programme de réinstallation, en accordant la priorité aux femmes, aux filles et aux minorités, et jusqu’à 20 000 à long terme.

    LES PORTES DE L’EUROPE SERONT-ELLES AUSSI OUVERTES QU’EN 2015 ?

    Bref, non.

    L’Allemagne a ouvert ses frontières en 2015/16 aux Syriens et à d’autres fuyant la guerre et la pauvreté, une décision qui a valu les applaudissements de la chancelière Angela Merkel à l’étranger mais l’a blessée politiquement chez elle.

    Merkel prévoit de démissionner après les élections fédérales du 26 septembre et ne prendra donc plus les devants. Dans tous les cas, elle dit maintenant que les réfugiés devraient avoir la sécurité garantie dans les pays voisins de l’Afghanistan avant que l’UE n’envisage d’accueillir des personnes.

    Le Pakistan abrite déjà 1,4 million de réfugiés afghans, tandis que l’Iran en accueille près d’un million, selon les données de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés début 2021. On estime que le nombre d’Afghans sans papiers dans les deux pays est beaucoup plus élevé.

    D’autres pays de l’UE sont déterminés à éviter une nouvelle élection de 2015/16, en partie en raison des craintes d’une réaction des électeurs.

    L’Autriche a suggéré de créer des « centres d’expulsion » pour les migrants afghans rejetés et était l’un des six pays de l’UE qui ont mis en garde la semaine dernière contre l’arrêt de l’expulsion des Afghans auxquels l’asile a été refusé dans le bloc. Depuis, trois des six – le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas – ont fait marche arrière.

    Les forces frontalières grecques sont en alerte pour éviter une répétition des arrivées massives de migrants syriens via la Turquie en 2015, et ont récemment empêché des personnes d’entrer dans ses eaux, bien qu’elles nie tout « refoulement » illégal.

    Depuis la dernière crise, l’UE a renforcé son agence de garde-frontières et de garde-côtes Frontex, qui dispose désormais d’une plus grande capacité de dissuasion et de rapatriement des migrants illégaux.

    LES AFGHANS TROUVERONT-ILS DES ITINÉRAIRES DE TRANSIT FACILES VERS L’EUROPE ?

    Se rendre en Europe sera plus difficile pour les Afghans qu’avant.

    L’Iran, dont l’économie est étouffée par les sanctions américaines, a encouragé bon nombre des plus de 2 millions de réfugiés afghans sans-papiers et plus de 800 000 enregistrés en République islamique à rentrer chez eux.

    La Turquie est déjà le plus grand pays d’accueil de réfugiés et de demandeurs d’asile au monde, avec plus de 4 millions d’habitants, dont la grande majorité sont des Syriens. Soucieux d’empêcher une nouvelle vague, il construit un mur le long d’une grande partie de sa frontière avec l’Iran.

    L’UE a également un accord avec la Turquie qui a été mis en place après la dernière crise en vertu duquel Ankara arrête le flux de migrants vers l’Europe en échange d’argent et d’autres avantages.

    Les routes de transit vers l’UE via les Balkans occidentaux sont également devenues moins ouvertes qu’elles ne l’étaient auparavant.

    QUELS LEVIERS DISPOSE L’EUROPE SUR LES TALIBAN ?

    Les pays occidentaux n’ont pas encore officiellement reconnu les talibans comme les dirigeants de l’Afghanistan, mais reconnaissent que l’aide pour le pays frappé par la pauvreté est nécessaire, et cela pourrait être une incitation pour les talibans à empêcher un exode.

    Merkel a déclaré cette semaine que l’aide humanitaire serait essentielle pour éviter une répétition de la crise des migrants de 2015.

    La Grande-Bretagne a annoncé qu’elle doublerait son aide humanitaire et au développement à l’Afghanistan à près de 400 millions de dollars cette année, et la Commission européenne souhaite voir davantage de soutien aux voisins de l’Afghanistan pour y maintenir les migrants.

    Reuters, 20/08/2021

  • Burkina Faso : le HCR alarmé par la hausse des déplacements forcés

    Le HCR s’est dit alarmé par l’accélération des déplacements forcés en provenance du Burkina Faso, rapporte un communiqué de l’agence onusienne.

    Depuis janvier 2021, plus de 17 500 burkinabé ont fui vers les pays voisins, indique le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), dans le communiqué publié vendredi et consulté par Anadolu.

    Le nombre total de réfugiés burkinabés a presque doublé en seulement six mois. On compte désormais 38 000 réfugiés et demandeurs d’asile burkinabés à travers la région, indique la même source.

    Le Niger voisin accueille 11 400 demandeurs d’asile burkinabés, alors que leur nombre s’élevait à 7400 au début de l’année.

     » Le HCR, ses partenaires et les autorités fournissent des vivres, des abris, des articles de secours et des soins de santé. Malheureusement, la violence et l’insécurité continuent d’entraver l’accès humanitaire », indique le communiqué.

    Le mois dernier, quelque 900 demandeurs d’asile sont arrivés au Niger en provenance de Solhan au Burkina Faso, après avoir fui l’attaque la plus meurtrière dans le pays depuis 2015, lors de laquelle 130 personnes avaient été tuées.

    Le Mali accueille actuellement 20 000 demandeurs d’asile burkinabés, dont 6600 personnes qui sont arrivées dans la région de Tombouctou durant l’année 2021. Alors que les conditions de sécurité limitent l’accès humanitaire dans cette partie du Mali, il est possible que ce nombre soit encore plus élevé.

    Au nord du Bénin, une mission du HCR a récemment enregistré 179 demandeurs d’asile burkinabés. Mais des milliers d’autres vivraient dans des zones frontalières inaccessibles aux travailleurs humanitaires pour des raisons de sécurité.

    Le partenaire gouvernemental du HCR au Bénin, le Comité national pour les réfugiés, prépare actuellement un plan d’urgence pour aider au moins 4500 demandeurs d’asile.

    La Côte d’Ivoire, qui est également le théâtre de cette tendance inquiétante, a reçu ses premiers demandeurs d’asile burkinabés en mai, lorsque quelque 430 personnes sont arrivées en quête de sécurité, note encore le HCR.

    Le HCR réitère son appel à une action concertée pour la paix et la stabilité au Burkina Faso et dans les pays voisins du Sahel central, le Mali et le Niger, qui connaissent également une forte augmentation de la violence et des déplacements forcés.

    Selon les nouveaux chiffres publiés cette semaine par le gouvernement du Burkina Faso, le nombre de déplacés internes a dépassé les 1,3 million en un peu plus de deux ans. Six pour cent de la population du Burkina Faso est désormais déplacée à l’intérieur du pays.

    Durant le premier semestre 2021, 237 000 personnes ont été forcées de fuir leurs foyers et ont rejoint d’autres régions du Burkina Faso, soit une forte hausse par rapport aux 96 000 personnes qui avaient été enregistrées au cours du second semestre 2020, selon la HCR.

    AA

    Etiquettes : Burkina Faso, terrorisme, conflit, réfugiés, HCR,

  • Du Maroc au Belarus : l’UE lutte contre l’augmentation du nombre de réfugiés

    47 % de plus qu’en 2020 : alors que la pandémie de corona se calme, le flux de réfugiés vers l’Europe augmente. Les États voisins de l’UE utilisent délibérément la question de la migration comme levier politique.

    Au début de chaque été, les organisations de réfugiés et les gouvernements signalent un nombre croissant de personnes qui tentent de rejoindre l’UE. Mais à l’heure actuelle, un sentiment d’inquiétude se répand, notamment dans les États du sud et de l’est de l’UE. En effet, l’agence européenne chargée des frontières, Frontex, a enregistré 47 100 franchissements illégaux des frontières au cours des cinq premiers mois de cette année, soit 47 % de plus qu’en 2020, année où les chiffres étaient toutefois très bas en raison de la Corona et des restrictions mondiales en matière de voyages. Et un certain nombre d’États voisins sont accusés d’utiliser délibérément la question de l’immigration comme levier politique contre l’UE – et de faire grimper les chiffres. Aujourd’hui, les politiciens veulent fournir des certitudes sur au moins un point – la Turquie.

    Jeudi, le président lituanien Gitanas Nauseda a tiré la sonnette d’alarme. L’État voisin de la Biélorussie envoie de plus en plus de migrants, principalement originaires d’Irak, d’Iran et de Syrie, à travers la frontière et donc dans l’UE, a critiqué M. Nauseda à Bruxelles. Il va même jusqu’à insinuer que les dirigeants politiques de Minsk font délibérément venir davantage de migrants en proposant des vols supplémentaires vers Bagdad afin d’accroître la pression sur l’UE. En effet, l’UE a une nouvelle fois renforcé les sanctions à l’encontre des dirigeants biélorusses pour avoir réprimé l’opposition nationale. La Lituanie, en particulier, a accueilli un grand nombre de membres de l’opposition. Ainsi, selon M. Nauseda, les migrants sont désormais utilisés comme une arme politique.

    À l’autre bout de l’Europe, les dirigeants espagnols portent une accusation similaire à l’encontre du Maroc, pays d’Afrique du Nord. Les dirigeants de Rabat sont furieux que l’Espagne – mais aussi, par exemple, l’Allemagne – ne veuille pas reconnaître la revendication du Maroc sur le Sahara occidental. Lorsqu’à la fin du mois de mai, environ 8000 migrants sont entrés à la nage dans l’exclave espagnole de Ceuta en 36 heures, le gouvernement espagnol a accusé le Maroc de chantage. Car sans la coopération des autorités de sécurité marocaines, pas autant de personnes n’auraient pu s’approcher de Ceuta.

    Ce schéma n’est pas nouveau. L’ancien dirigeant libyen Mouammar al Kadhafi voulait déjà utiliser la migration comme levier politique et avait menacé en 2011, avant sa chute, d’ouvrir les vannes de l’Europe si l’UE ne lui transférait pas des milliards. Et le président turc Recep Tayyip Erdogan avait également prévenu en octobre 2019 que son pays ouvrirait les vannes et avait envoyé des milliers de réfugiés à la frontière avec la Grèce en leur promettant qu’ils pourraient entrer dans l’UE.
    L’industrie du voyage international offre à nouveau plus de vols
    Mais après cela, la question de la migration dans l’UE a également été reléguée au second plan à cause de Corona. Le virus a entraîné un ralentissement des voyages dans le monde entier et, par conséquent, une diminution du nombre de migrants à la frontière extérieure de l’UE. Aujourd’hui, la situation de Corona se détend, l’industrie du voyage international propose à nouveau davantage de vols – et le nombre de réfugiés augmente rapidement.

    « En plus de cela, de nouveaux facteurs poussent les gens à fuir », déclare un diplomate européen de haut rang. Le retrait des troupes de l’OTAN d’Afghanistan, par exemple, risque d’amener les talibans à reprendre le contrôle du pays et de pousser davantage de personnes à quitter l’Afghanistan, dit-il. Dans la populeuse Éthiopie, une nouvelle offensive des rebelles dans le nord sécessionniste a relancé la guerre civile et les mouvements de réfugiés. Au Sahel, il y a non seulement une forte croissance démographique, mais aussi une instabilité due aux islamistes, aux séparatistes et aux milices qui provoquent une déstabilisation transfrontalière.

    La conférence sur la Libye qui se tiendra mercredi à Berlin peut donc être considérée comme une tentative de stabiliser au moins l’un des pays de transit situés à la frontière extérieure de l’UE, qui servent de tampon aux nombreux migrants en provenance d’Afrique noire ou d’Asie.

    Aujourd’hui, Mme Merkel et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, font pression en faveur d’un accord sur les migrations avec la Turquie, au moins jusqu’en 2024. Mme Merkel avait déjà lancé l’accord migratoire UE-Turquie en 2015, en vertu duquel le pays reçoit un total de six milliards d’euros pour prendre en charge les quelque 3,7 millions de réfugiés syriens que la Turquie a accueillis en échange de la rétention de nombreux migrants. Sur ce montant, 4,1 milliards d’euros ont été déboursés, selon la Commission. Aujourd’hui, 3,5 milliards d’euros supplémentaires doivent être ajoutés jusqu’en 2024. 2,2 milliards d’euros sont destinés à la Jordanie et au Liban, qui accueillent également des centaines de milliers de réfugiés syriens. Après les expériences de 2015, la prise en charge des personnes doit se faire principalement « près de chez soi », estime le gouvernement allemand.

    La seule condition est que les États voisins de l’UE jouent également le jeu. Comme le président lituanien ne voit pas cela dans le cas du Belarus, il demande maintenant l’aide de l’UE pour surveiller la frontière extérieure de son pays et une augmentation du personnel de l’agence européenne des frontières Frontex.

    (Reuters)

    CASH, 25 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Bélarus, Union Européenne, UE, Migration, frontières, réfugiés,

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 30 avril 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Farhan Haq, Porte-parole adjoint de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Conseil des chefs de secrétariat pour la coordination

    Mardi 4 mai, le Secrétaire général va organiser une réunion virtuelle avec les chefs des organismes du système des Nations Unies pour réfléchir aux affaires internationales qui affectent et ont un lien avec leur travail. Le Conseil discutera des principales tendances émergentes, des opportunités et des défis auxquels fait face le système des Nations Unies, en mettant l’accent sur la riposte à la pandémie de COVID-19 et les risques pour les droits de l’homme, la biodiversité, l’action climatique, les perspectives économiques mondiales et l’aggravation des inégalités.

    Les membres du Conseil vont engager une discussion sur les causes actuelles et émergentes des conflits, dans le contexte de l’agenda mondial sur la prévention.

    Inde

    Dans un tweet, le Secrétaire général exprime sa solidarité et celle de la famille des Nations Unies au peuple indien qui est aux prises avec une horrible irruption de COVID-19.

    Le Secrétaire général déclare que l’ONU est prête à renforcer son appui et la Coordonnatrice résidente en Inde, Mme Renata Lok-Dessallien, a dit partager ce sentiment.

    Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a envoyé des fournitures cruciales, dont 3 000 concentrateurs d’oxygène, tests, kits médicaux et autres.

    Mme Yasmin Haque, Représentante de l’UNICEF en Inde, a prévenu qu’il faut beaucoup plus, maintenant que l’irruption se propage rapidement.

    L’agence contribue aussi à l’achat et à l’installation de centrales d’oxygène pour les hôpitaux du nord-est et de Maharashtra, ainsi qu’à l’installation de scanners thermiques dans les ports d’entrée de tout le pays.

    L’UNICEF aide également le Gouvernement à assurer le fonctionnement des services vitaux aux enfants les plus vulnérables, et à aider plus de 12 millions d’enfants dans 17 États à continuer l’école à distance.

    Israël

    Dans un tweet, le Secrétaire général vient d’envoyer des paroles de réconfort au peuple israélien après le terrible drame au Mount Méron.

    Il présente ses condoléances aux familles et aux proches de ceux qui ont perdu la vie et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.

    Palestine

    M. Tor Wennesland, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a pris note aujourd’hui de la décision du leadership palestinien de reporter les élections législatives qui étaient prévues pour le 22 mai. Il a dit comprendre la déception de beaucoup de Palestiniens qui ont clairement exprimé leur désir d’exercer leurs droits démocratiques après 16 années sans élection.

    M. Wennesland a encouragé les Palestiniens à poursuivre sur la voie démocratique. Il a ajouté que l’organisation d’élections transparentes et inclusives dans tout le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, comme stipulé dans les accords précédents, demeure essentielle pour restaurer la légitimité et la crédibilité des institutions palestiniennes et ouvrir la voie au rétablissement de l’unité nationale. Fixer une nouvelle date et pas trop tardive pour les élections serait une mesure importante pour montrer au peuple palestinien que leur voix sera entendue.

    Tadjikistan/Kirghizistan

    La Représentante spéciale des Nations Unies pour l’Asie centrale, Mme Natalia Gherman, a eu une conversation téléphonique aujourd’hui avec les Ministres des affaires étrangères du Kirghizistan et du Tadjikistan sur la situation actuelle à la frontière entre les deux pays.

    Mme Gherman a dit profondément regretter les morts et les blessés et a salué le dialogue entre les Présidents des deux pays ainsi que la reprise du travail de la commission intergouvernementale sur la délimitation et la démarcation de la frontière.

    Elle a exprimé son appui aux mesures visant à désamorcer la situation et exhorté les deux Gouvernements à intensifier leurs efforts pour trouver une solution à long terme au différend frontalier, et ce, par des moyens pacifiques.

    Soudan du Sud

    Hier dans le pays, un agent humanitaire d’une agence des Nations Unies et un autre d’une ONG ont été physiquement agressés dans deux incidents distincts dans la ville de Torit, dans l’État de l’Équatoria oriental.

    Le 24 avril, à Jamjang dans la zone administrative de Ruweng, des jeunes sont entrés dans le lotissement d’une ONG internationale et ont agressé le personnel, en faisant plusieurs blessés.

    Ces attaques se produisent dans un contexte de chômage très élevé parmi les jeunes qui demandent à être engagés par les organisations humanitaires.

    Le Coordonnateur humanitaire au Soudan du Sud, M. Alain Noudéhou, a souligné que les attaques contre les organisations humanitaires sont complètement inacceptables et qu’elles doivent cesser. Il a exhorté les autorités et les communautés à garantir la sûreté et la sécurité des agents humanitaires, et le Gouvernement, à faire respecter la loi et l’ordre.

    Soudan

    Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué que la situation en matière de sécurité dans la ville d’Ag Geneina, au Darfour occidental, est stable mais qu’elle reste tendue et imprévisible.

    Plus de 230 000 personnes ont fui le conflit au Darfour depuis le début de cette année, ce qui représente quatre fois plus que les 53 000 déplacés de toute l’année 2020.

    Les premiers besoins sont la nourriture, la protection, les abris et l’eau, entre autres.

    L’ONU et se partenaires continuent de renforcer leur réponse. Depuis le début du conflit en janvier dernier, ils avaient distribué hier une assistance alimentaire à plus 100 000 personnes, des soins de santé, à 65 000, et des abris et autres fournitures, à 64 000 personnes.

    L’ONU prévient, qu’à la veille de la saison des pluies, le renforcement de la réponse humanitaire sera un défi majeur, compte tenu des restrictions et de la pénurie de fonds. À ce jour, le Plan de réponse humanitaire n’est financé qu’à hauteur de 10%.

    Mozambique

    Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est dit aujourd’hui profondément préoccupé par les conséquences humanitaires de la rapide escalade de violence dans ls nord du Mozambique, où quelque 30 000 personnes ont fui la ville côtière de Palma depuis qu’elle a été attaquée par des groupes armés, le 24 mars dernier.

    Selon le HCR, le conflit armé en cours dans la riche province pétrolifère et gazifière de Cabo Delgado a donné lieu à de graves abus des droits de l’homme et à l’interruption de services vitaux, avec un grave impact sur les civils. Des gens fuient toujours Palma, mais très peu de routes sont ouvertes. Le HCR s’inquiète pour ceux qui sont ne sont pas en mesure de quitter la zone.

    Aujourd’hui, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a aussi exprimé sa préoccupation face à l’exode en cours des civils qui fuient les zones dangereuses de la province de la province de Cabo Delgado. L’OIM indique que les trois-quarts des déplacés sont des femmes et des enfants.

    Myanmar/Pauvreté

    Un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dit que le nombre de pauvres pourrait doubler à cause de l’impact conjugué de la pandémie de COVID-19 et de la crise politique en cours.

    Le rapport dit que 12 autres millions de personnes ont été plongés dans la pau vreté, ce qui pourrait porter à 25 millions, soit près de la moitié de la population, le nombre de personnes qui vivront en-deçà du seuil de pauvreté d’ici le début de 2022.

    Cette situation se produit après plus d’une décennie de progrès dans la réduction de la pauvreté au Myanmar.

    L’Administrateur du PNUD, M. Achim Steiner, a prévenu que sans des institutions démocratiques opérationnelles, le pays risque un recul dramatique et évitable vers des niveaux de pauvreté jamais vus depuis une génération.

    Bolivie/COVID-19

    La Bolivie a reçu 92 000 doses de vaccin, il y a deux jours. C’est la deuxième livraison appuyée par le Mécanisme COVAX, dans le pays. Il s’agit d’un effort mené par les autorités en partenariat avec l’équipe de pays des Nations Unies, et en particulier l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Ce deuxième lot porte à plus de 320 000 le nombre de doses, déployés grâce au Mécanisme COVAX, qui appuie le schéma national de vaccination, visant en priorité les groupes à risque, dont les agents de santé, les personnes plus âgées et celles qui ont des maladies.

    Brésil/COVID-19

    L’équipe de pays continue d’aider les autorités nationales et locales à faire face aux multiples impacts de la pandémie, en particulier dans la région d’Amazonie. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a fourni une formation de 10 jours sur le paludisme et la prévention de la COVID-19 aux agents de santé de la communauté autochtone des Yanomami, dans l’État de l’Amazonie.

    Dans la capitale Manaos, une des villes les plus touchées par la pandémie, l’équipe de l’OIM travaille toujours avec les autorités pour fournir des soins de santé aux communautés autochtones et riveraines. L’OIM a aussi offert des soins médicaux à 200 réfugiés et migrants ainsi qu’à la communauté d’accueil, pendant ces 15 derniers jours.

    Avec l’appui de l’UNICEF, un réseau de jeunes communicateurs autochtones de la région de l’Amazonie a lancé une série podcast intitulée « Amazon Indigenous Voices » sur Spotify. Ces jeunes produisent six épisodes sur les vulnérabilités des peuples autochtones pendant la pandémie.

    Le HCR et l’UNICEF travaillent avec les autorités locales de l’État de Pará, pour créer un centre de réception et d’assistance du peuple Warao. C’est une occasion de répondre aux besoins des populations autochtones, y compris leur réinstallation si nécessaire.

    Rapport sur le VIH/sida

    Aujourd’hui, le Secrétaire général a publié un nouveau rapport avec des recommandations et des cibles pour replacer le monde sur la voie de la fin du VIH/sida. Il prévient que malgré l’action intensive et les progrès enregistrés dans certains endroits et certains groupes de population, l’épidémie du HIV continue de se propager. Le Secrétaire général dévoile une série de 10 recommandations et exhorte le monde à s’attaquer aux inégalités qui ralentissent les progrès.

    D’après le rapport, l’année 2019 a comptabilisé 1,7 million de nouvelles infections, soit trois fois plus que l’objectif de moins de 500 000 fixé pour 2020. En outre, les 690 000 morts liées au sida dépassent de loin l’objectif fixé pour la même année, visant à réduire le nombre de morts à moins de 500 000 par an.

    Le rapport indique aussi que la COVID-19 a provoqué d’autres reculs. Le Secrétaire général souligne que la COVID-19 n’est pas une excuse pour rater les objectifs du VIH/sida mais qu’elle est bien un avertissement: les pays ne peuvent plus s’offrir le risque de sous-investir dans la préparation et la riposte aux pandémies.

    Journée internationale du Jazz

    Le vingtième anniversaire de la Journée internationale du jazz est célébré aujourd’hui. Dans son message, le Secrétaire général rappelle le rôle historique du jazz dans la lutte contre le racisme et la discrimination. Il souligne aussi comment cette forme artistique continue d’unir les cultures à travers le globe.

    Mais, ajoute-t-il, dans le contexte d’une pandémie, les musiciens et les gens qui vivent des arts créatifs soufrent. Le Secrétaire général souligne l’importance de rétablir nos sociétés vibrantes aussi sûrement, équitablement et rapidement que possible.

    À 17 heures sur jazzday.com, un concert mondial de stars du jazz aura lieu avec des artistes à New York, à Paris, à Cape Town, à Tokyo, à Rio de Janeiro et d’autre villes dans le monde.

    Des artistes de plus de 20 pays sont attendus, dont Herbie Hancock, Dee Dee Bridgewater, Joe Lovano, Angélique Kidjo et beaucoup d’autres.

    Journée mondiale du thon

    Dimanche 2 mai, la Journée mondiale sera commémorée pour mettre à nouveau l’accent sur l’importance d’une gestion durable des stocks de poissons pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

    Conférence de presse

    Lundi prochain à 15 h 30, le Représentant permanent de la Chine et Président du Conseil de sécurité pour le mois de mai, M. Zhang Jun, donnera une conférence de presse en personne sur le programme de travail mensuel du Conseil.

    Contributions

    Le Royaume-Uni a payé la totalité de sa contribution au budget ordinaire de l’ONU pour 2021, faisant grimper le nombre d’États Membres qui ont fait de même à 98.

    Etiquettes : QUESTIONS D’ORGANISATION, AFFAIRES HUMANITAIRES, DROITS DE L’HOMME, RÉFUGIÉS, SANTÉ, COMMÉMORATION/CÉLÉBRATION OFFICIELLE, ENFANTS, VIH/SIDA, DÉVELOPPEMENT, MOYEN-ORIENT, INDE, ISRAËL, ÉTAT DE PALESTINE, TADJIKISTAN, KIRGHIZISTAN, SOUDAN DU SUD, SOUDAN, MOZAMBIQUE, MYANMAR, BOLIVIE, BRÉSIL,

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 16 avril 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général/Villes du C40

    Ce matin, le Secrétaire général est intervenu lors d’une réunion virtuelle à huis clos avec les principaux maires soutenus par les Villes du C40. Il a noté que les villes sont en première ligne de la crise climatique, plus d’un demi-milliard de citadins étant déjà confrontés à l’élévation du niveau de la mer et à des tempêtes plus fréquentes ou plus violentes.

    Le Secrétaire général a déclaré que la pandémie de COVID-19 est une catastrophe mondiale, mais que l’investissement dans la relance est une opportunité générationnelle de placer l’action climatique, l’énergie propre et le développement durable au cœur des stratégies et politiques des villes.

    Il a appelé chacun à prendre des mesures urgentes sur trois fronts. Premièrement, travailler avec les dirigeants nationaux pour s’assurer qu’ils s’engagent et qu’ils présentent des contributions ambitieuses déterminées au niveau national, bien avant la COP26 prévue en novembre; deuxièmement, engager les villes à atteindre zéro émissions nettes d’ici à 2050, élaborer des plans ambitieux pour la prochaine décennie et mobiliser leurs collègues maires et dirigeants locaux; troisièmement, utiliser la sortie de la pandémie pour accélérer les investissements et la mise en œuvre d’infrastructures et de systèmes de transport propres et verts.

    Alors que l’on attend avec impatience la COP26 et les autres conférences importantes de cette année sur l’énergie, les transports, la biodiversité et les systèmes alimentaires, il a appelé à faire de 2021 un tournant – une année de réussite ou de rupture.

    Conférence de presse/État du climat mondial

    Lundi, à 11 h 30, le Secrétaire général de l’ONU et le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Petteri Taalas, donneront une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils présenteront le rapport sur l’état du climat mondial en 2020.

    Selon le rapport, les indicateurs et les impacts des changements climatiques se sont aggravés l’année dernière, laquelle a également été l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées, malgré les effets rafraîchissants de La Niña. Le rapport indique que les conditions météorologiques extrêmes combinées à la COVID-19 ont infligé un double coup dur à des millions de personnes en 2020.

    Assemblée générale

    Ce matin, à l’Assemblée générale, le Secrétaire général a rendu hommage à la mémoire de feu le Président de la Tanzanie, John Magufuli.

    Au nom de l’ONU, il a présenté ses condoléances à la famille du défunt Président, au Gouvernement et au peuple tanzaniens.

    Le Secrétaire général a déclaré que la Tanzanie avait atteint son ambition de devenir un pays à revenu intermédiaire quatre ans avant son objectif de 2025. Il a réaffirmé l’engagement de l’ONU à continuer de travailler en étroite collaboration avec la nouvelle Présidente du pays, Mme Samia Suhulu Hassan, la première femme à accéder à la présidence de la Tanzanie.

    République démocratique du Congo

    La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) indique que les villes de Butembo et Goma sont relativement calmes aujourd’hui. L’activité commerciale reprend progressivement dans les quartiers de Goma où des affrontements se sont produits en début de semaine.

    Pendant ce temps, la Chef de la MONUSCO, Mme Bintou Keita, a conclu hier son voyage dans l’est de la RDC. Lors d’une conférence de presse à Beni, elle s’est félicitée de l’initiative parlementaire visant à créer une commission d’enquête sur la situation d’insécurité qui prévaut dans l’est et le nord-est du pays, et a indiqué que l’ONU se tient prête à apporter son plein soutien aux travaux de cette commission. Elle a également réaffirmé que la Mission restait pleinement mobilisée pour apporter la stabilité au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri à l’appui des forces de sécurité et du système judiciaire.

    Nigéria

    Les agences humanitaires au Nigéria continuent de recevoir des informations alarmantes faisant état d’affrontements entre des groupes insurgés et les Forces armées nigérianes dans la ville de Damasak, dans l’État de Borno. Récemment, indiquent-elles, des groupes armés non étatiques ont également effectué des fouilles de maison en maison, recherchant apparemment des civils identifiés comme étant des travailleurs humanitaires.

    Il y a une semaine, des ressources humanitaires ont été prises pour cible à Damasak. Au moins cinq bureaux d’ONG et plusieurs véhicules d’ONG, ainsi qu’une unité de stockage mobile, des réservoirs d’eau, un avant-poste sanitaire et un centre de stabilisation de la nutrition ont été endommagés. D’autres affrontements ont été signalés cette semaine.

    Ces attaques auront des répercussions sur l’assistance humanitaire et la protection de près de 9 000 personnes déplacées -hommes, femmes et enfants- et 76 000 membres des communautés d’accueil. Ce matin, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a indiqué que jusqu’à 80% de la population de Damasak a été forcée de fuir. Beaucoup ont fui vers Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, et vers la ville de Geidam, dans l’État voisin de Yobe. D’autres se sont rendues au Niger.

    Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Niger prévoit d’effectuer une mission interinstitutions avec les autorités locales. Le personnel du HCR et les partenaires situés dans les deux pays ont également déployé des missions d’évaluation pour identifier les besoins les plus urgents le long de la frontière.

    Faim en Afrique de l’Ouest et Afrique centrale

    Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué aujourd’hui qu’une action immédiate est nécessaire pour éviter qu’une crise de la faim ne touche des millions de familles en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Plus de 31 millions de personnes dans la région devraient souffrir d’insécurité alimentaire pendant la période de soudure cet été, période pendant laquelle la nourriture est rare avant la prochaine récolte. Cela représente une augmentation de 30% par rapport à l’an dernier.

    Le PAM prévoit d’aider près de 18 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et Afrique centrale cette année et a besoin de 770 millions de dollars au cours des six prochains mois pour opérer dans 19 pays de la région.

    Syrie

    Mercredi, l’ONU a expédié 54 camions d’assistance humanitaire depuis la Turquie vers le nord-ouest de la Syrie via le point de passage de Bab el-Haoua. Ces camions font partie des centaines que l’ONU utilise chaque mois pour livrer une assistance essentielle et vitale.

    En mars, 920 camions, au total, ont acheminé une aide humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie. De nombreux autres envois sont prévus au cours des semaines à venir.

    Selon les estimations de l’ONU, cette aide transfrontalière représente jusqu’à 50% de toutes les livraisons humanitaires transfrontalières. Sur les 4,2 millions habitants du nord-ouest, plus de 75% ont besoin d’une aide humanitaire. L’opération transfrontalière atteint 85% de ces personnes chaque mois. L’ONU estime qu’un renouvellement, plus tard cette année, de l’autorisation transfrontalière pour 12 mois supplémentaires est essentiel.

    Contribution financière

    La Jamaïque a versé la totalité de sa contribution au budget ordinaire de l’ONU, amenant à 89 le nombre d’États Membres à en avoir fait de même.

    Etiquettes : Environnement, développement durable, affaires humanitaires, maintien de la paix, réfugiés, alimentation, République Démocratique du Congo, RDC, Nigeria, Tanzanie,


  • La peur poursuit les réfugiés rifains : « Le long bras de Rabat arrive loin ».

    De nombreux anciens « travailleurs invités » de la région du Rif marocain ont migré vers l’Europe, principalement en raison de la répression exercée par le roi Hassan II. Maintenant que l’actuel roi Mohammed VI resserre les rênes dans le Rif, un nouveau flux de réfugiés a commencé.

    Lorsque nous parlons de réfugiés, nous parlons principalement des Syriens et de la situation sur les îles grecques. Mais en Espagne aussi, beaucoup de gens arrivent, d’Afrique sub-saharienne, d’Algérie et du Maroc. En 2020, ils étaient 40 000, selon le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, soit près du double du nombre de 2019. On estime à 1 800 le nombre de migrants de Riffin. Ils fuient non seulement la corruption et le désespoir, mais aussi la répression de Rabat.

    L’un de ces réfugiés politiques est Jamal Mouna (37 ans), arrivé par bateau en Espagne au début de l’année. Mouna a participé à de vastes manifestations antigouvernementales dans le Rif en 2016, visant à améliorer les conditions de vie sur place. Ce soulèvement a été réprimé, et la plupart des chefs rebelles ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Il est désormais interdit de manifester contre le régime, et toute personne qui rend compte de la situation dans le Rif sera tôt ou tard arrêtée. Mouna s’est également retrouvée en prison pendant deux ans. Après sa libération, il a poursuivi son activisme, car de nombreux amis étaient encore en prison. C’est pourquoi il a été arrêté à nouveau.

    Les autorités n’ont cessé de me menacer, pour que je me taise », raconte-t-il au Side Note. À un moment donné, je n’avais plus d’issue. Je sentais que ma vie était en danger, alors j’ai décidé de fuir le Rif vers l’Europe ».

    La traversée de la Méditerranée met la vie en danger. Si vous montez sur l’un de ces bateaux de migrants, vous savez d’avance que vous risquez votre vie », dit Mouna. Nous avons eu un moment très difficile. L’eau a commencé à entrer dans notre bateau, et le courant nous a poussés vers l’inconnu. À ce moment-là, vous pensez à tous les amis qui ont disparu pendant la traversée. J’ai beaucoup d’amis qui n’ont jamais été retrouvés après avoir essayé de passer en Espagne.

    Salua Elomari (28 ans), militant espagnol des droits de l’homme, affirme qu’au moins cinq réfugiés de la mer Riffin sont morts cette année. Un bateau avec dix-huit Riffins a disparu, mais ces personnes ont heureusement été retrouvées. Auparavant, pas moins de trois Riffins se sont noyés au large des côtes d’Al Hoceima, ainsi que deux autres personnes. » L’activiste s’engage pour les réfugiés de la mer de Riffin comme Mouna. Elle est active pour l’organisation de défense des droits de l’homme Freedom and Human Rights Organisation, qui défend également le Rif. Sa base est le port d’Almería, dans le sud de l’Espagne.

    Mme Elomari a commencé son travail de bénévole il y a près de cinq ans, lorsqu’elle a reçu plusieurs appels de connaissances disant que des jeunes étaient partis en bateau et avaient disparu sans laisser de traces. J’ai appelé les garde-côtes espagnols, qui sont partis à leur recherche. Je leur ai dit quand ils sont partis et d’où, pour qu’ils aient une idée d’où ils pourraient être.

    Elle a ensuite reçu des messages via les médias sociaux de personnes souhaitant savoir si leurs proches en fuite étaient toujours en vie. Par exemple, j’ai reçu un message d’une mère dont le fils avait disparu. Je les renvoie à la police espagnole, à la Croix-Rouge, à Amnesty International, qui peuvent les aider davantage. Mais à un moment donné, il y avait tellement de gens qui m’envoyaient des messages que j’ai créé une page Facebook avec des renvois vers les autorités compétentes.

    Elomari est aussi parfois appelé par les Riffiens qui envisagent de traverser. Puis elle leur dit ce qu’ils doivent faire lorsqu’ils arrivent en Espagne. Il existe également des militants espagnols qui aident les réfugiés et leur fournissent des informations importantes sur les médias sociaux. Par exemple, quels sont leurs droits lorsqu’ils demandent l’asile. Car les difficultés ne sont pas terminées après que les Riffin ont survécu à la dangereuse traversée maritime.

    Mouna voulait demander l’asile aux Pays-Bas, mais a décidé de le faire en Espagne en raison des difficultés rencontrées.

    Nous avons été choqués par le traitement que nous avons reçu à notre arrivée en Espagne. Nous avons passé trois jours difficiles au poste de police. Nous avions froid et faim. Les dossiers qui nous ont été remis ne semblaient pas corrects. Ces problèmes ont été exacerbés par un interprète marocain raciste qui a effectué la traduction. Nous avons signé les interrogatoires, faisant confiance à l’interprète pour traduire honnêtement notre histoire. Cet interprète nous a également conseillé de ne pas demander l’asile, nous disant que si nous demandions l’asile en Espagne, nous serions immédiatement refusés et renvoyés au Maroc ».

    L’interprète s’est avéré être un menteur, selon Mouna. Je suis convaincu qu’il travaille pour les services secrets marocains. Le bras long de Rabat s’étend loin. Cet interprète a causé des problèmes à de nombreux migrants riffins. Il y a maintenant des organisations qui travaillent pour le sortir de là ».

    Si cet interprète était vraiment un espion ? L’activiste des droits de l’homme Elomari n’ose pas le dire. Il arrive souvent que les interprètes n’agissent pas de manière professionnelle », dit-elle. Ils mélangent leurs propres convictions politiques avec leur attitude envers les migrants. C’est répréhensible. Mais ce ne sont pas nécessairement des espions.

    L’activiste des droits de l’homme ne nie pas que des espions marocains sont actifs en Espagne, essayant de contrecarrer les activistes de Riffin. Elle a elle-même eu des problèmes avec eux.

    Il y a quelques années, alors que j’étais encore à l’université, j’ai organisé une réunion sur le mouvement Hirak. Un membre du personnel marocain de l’université a décidé de me dénoncer aux autorités marocaines. Lorsque j’étais dans le Rif pour rendre visite à ma famille, on m’a retiré mon passeport. Cela m’a empêché de retourner en Espagne pour terminer ma thèse. À mon retour, mes professeurs d’espagnol m’ont dit que j’avais peut-être été trahi.

    Police raciste

    Le travail d’Elomari pour les réfugiés de Riffin est pro bono : « Ce que je fais est souvent très pratique », dit-elle. De nombreux réfugiés rifains se perdent dans le dédale de la bureaucratie espagnole. C’est pourquoi je mets les réfugiés en contact avec des organismes officiels, des organisations d’aide et des experts. Ils peuvent les aider à répondre à leurs questions.

    De nombreux réfugiés riffins ne sont pas au courant de leurs droits. Ils ne demandent pas l’asile parce qu’ils ne savent pas que c’est possible, dit Elomari. Et bien sûr, la police d’Almería ne va pas leur dire quels sont leurs droits. Les réfugiés ont peur. Peur d’être renvoyé, de finir dans une prison marocaine. Ils ne savent pas que leur demande d’asile est confidentielle ».

    En tant que Riffin à Almería, la police n’est pas votre meilleur ami. Elomari : « La police est extrêmement raciste. Pas seulement envers les Riffins, mais envers tous les réfugiés. Les réfugiés politiques du Rif ne sont pas considérés comme de véritables réfugiés, mais comme des migrants économiques. Pourquoi voulez-vous quitter le Maroc ? C’est un pays sûr, n’est-ce pas ? », disent les policiers.

    Les activistes, les avocats et les journalistes sont beaucoup plus compréhensifs. C’est aussi grâce aux informations sur le Rif que nous, les militants du Riffin, avons données », explique Elomari. Grâce à cela, davantage de personnes savent ce qui se passe réellement, et elles comprennent que les gens fuient le Rif pour des raisons politiques.

    Il y a encore beaucoup de lobbying à faire. En Espagne, les réfugiés du Sahara occidental (une région annexée par le Maroc depuis 1975) sont reconnus comme de véritables réfugiés, mais pas encore comme des Riffins. Il y a aussi le parti émergent de la droite radicale, Vox, qui s’oppose à tous les réfugiés. Grâce à Vox, le climat en Espagne est devenu plus raciste. Il est désormais beaucoup plus difficile pour les titulaires d’un statut de louer une maison », explique M. Elomari.

    Depuis mars de l’année dernière, tout le monde est touché par la coronapandémie, y compris les réfugiés rifains en Espagne. Récemment, quatre personnes infectées par le COVID-19 ont été hébergées dans un centre de réfugiés dans une maison séparée, mais seulement après que les médias aient fait campagne pour cela ». Le plus gros problème, selon Mme Elomari, est que les centres d’accueil en Espagne sont surpeuplés.

    Ils sont comme des prisons, avec plusieurs personnes dans une cellule. Il est logique que la couronne se propage rapidement ici. En même temps, les conditions dans les centres d’accueil sont si misérables que certains réfugiés espèrent secrètement qu’ils contracteront la corona, afin d’être également placés dans un foyer ».

    En outre, la crise du corona a également encouragé la migration en provenance du Rif, selon M. Elomari. Jusqu’en 2019, seuls les jeunes partaient, maintenant ce sont des familles entières qui partent. La crise des réfugiés est loin d’être terminée ».

    Et les Pays-Bas ?

    Depuis le début du mouvement Hirak en 2016, des dizaines de Riffins ont fui vers les Pays-Bas, estime Amazigh Ayaou du site riffino-néerlandais Arif News. L’un de ces réfugiés est Abdelali Houdoe (32 ans), qui est passé en Espagne avec Jamal Mouna. Houdoe s’est rendu aux Pays-Bas et a demandé l’asile ici, dit Ayaou. Il a été condamné à cinq ans de prison pour sa participation aux manifestations du Hirak. Il a été gracié par le roi, mais cela ne signifiait pas qu’il pouvait continuer sa vie normale. Houdoe a eu peur d’être à nouveau arrêté et a décidé de traverser ».

    J’ai toujours pensé demander l’asile aux Pays-Bas ou en Belgique parce que j’y ai beaucoup d’amis, dit Mouna, mais maintenant je suis obligée de rester en Espagne. Il y a encore une chance qu’ils refusent ma demande d’asile et que je sois renvoyé, même si les autorités espagnoles savent que j’aurai de gros problèmes si je tombe entre les mains du régime. D’autant plus que j’appelle maintenant les représentants par leur nom et que je parle aux médias et au public de leurs crimes dans le Rif ».

    Finalement, Mouna veut retourner dans son Heimat. Mais seulement quand le régime arrêtera la répression dans la région. Nous voulons vivre librement dans notre pays. Ce ne sera pas le cas pour l’instant. Mais j’espère pouvoir en faire plus depuis l’Espagne et contribuer au changement.

    Elomari : « Ce que les militants néerlandais, les journalistes et les autres peuvent faire, c’est continuer à mettre la cause de Riffin à l’ordre du jour. Pour que le public et vos politiciens sachent ce qui se passe dans le Rif. Que les Rifains sont dans le même bateau que les Kurdes et le peuple du Sahara occidental. Nous sommes un peuple opprimé par un régime répressif ».

    Ewout Klei
    Journaliste spécialisé dans la politique et l’histoire.

    De Kanttekening, 26 mar 2021

    Etiquettes : Maroc, Rif, Hirak, exile, refugiés, Pays Bas, Espagne,