Étiquette : régularisation

  • Belgique : « La grève de la faim ne sera jamais populaire »

    Opinion de Sara Cosemans : La grève de la faim ne sera jamais populaire »

    Les recherches montrent qu’une régularisation collective des migrants ne crée pas d’effet d’aspiration, affirme l’historienne Sara Cosemans dans un article d’opinion paru dans De Standaard. En outre, tant les migrants que leur communauté d’accueil bénéficient de la régularisation.

    Où sont passés les jours où le CD&V était un vrai parti de gouvernement qui n’avait pas besoin de se cacher derrière des photos sur Twitter ? La démocratie chrétienne, dit un tweet du parti, c’est l’humanité. Il suggère ensuite que la régularisation entraînerait une augmentation exponentielle des grévistes de la faim. Un millier demain, davantage le jour suivant. Mais les grèves de la faim sont une forme de protestation incroyablement difficile. Vous devez être assez désespéré pour risquer votre vie. Les chiffres le prouvent.

    Le dimanche 23 mai, jour du début de la grève de la faim, environ 700 personnes ont participé. Aujourd’hui, ils sont encore 450. Le nombre de sans-papiers dans notre pays est estimé à 150.000. Ces 450 personnes représentent 0,3 % du total. Mais ils donnent un visage au groupe – un visage aux lèvres cousues et au regard féroce, affamé. Cela doit être sacrément difficile pour un parti qui souhaite propager l’humanité chrétienne.

    « Il n’y aura pas de grand cycle de régularisation comme dans les années 1999-2000 et 2009-2010 », m’a écrit par courriel un membre du cabinet du ministre d’État chargé de l’asile, Sammy Mahdi. Cela ouvrirait, selon le secrétaire d’État, une nouvelle voie de migration à côté de l’asile, du regroupement familial, de la migration de travail ou de la migration d’étude. Mais la régularisation n’est pas une « filière ». Il s’agit de personnes qui sont déjà ici. Ils sont venus ici une fois, souvent légalement, en tant que travailleurs migrants, étudiants ou candidats réfugiés, pour ensuite perdre leur statut. Même s’ils sont venus ici sans papiers, une telle campagne ne fait que légaliser ceux qui sont déjà ici. Il s’agit de personnes qui travaillent ici, dont les enfants vont à l’école ici, qui ont construit des relations durables ici. Il n’est pas rare que ce soit la main-d’œuvre invisible qui fasse fonctionner la société. Les campagnes à grande échelle ont rendu ces personnes moins invisibles, leur travail imposable et leur contribution tangible.

    J’ai mené des recherches sur l’effet des deux campagnes de régularisation sur la communauté sikh dans ma région natale, Haspengouw. Dès les années 1980, on a constaté un afflux constant de sikhs dans la région fruitière du Limbourg. Ils ont comblé un vide crucial sur le marché du travail en tant que travailleurs saisonniers. Leur régularisation révèle trois éléments : premièrement, les régularisations à grande échelle légalisent une situation existante ; deuxièmement, après une campagne de régularisation, une certaine communauté ne connaît pas une croissance exponentielle ; et troisièmement, tant le migrant que la communauté d’accueil bénéficient des régularisations.

    En 1999, les sikhs ont présenté environ 150 dossiers de régularisation réussis. Il s’agissait tous de personnes qui pouvaient prouver avoir travaillé et vécu en Belgique pendant plus de six ans ou qui remplissaient des conditions particulières (procédures d’asile de plus de quatre ans, maladie grave…). Au départ, la régularisation a entraîné une augmentation de la migration : principalement le regroupement familial des migrants mariés, qui avaient laissé femme et enfants derrière eux en Inde, ou la migration par mariage. La migration irrégulière n’a pas non plus complètement cessé. En 2009, le nombre de demandes de régularisation de sikhs ayant abouti était plus élevé, soit environ 300 cas. Cependant, il ne s’agissait pas seulement de nouveaux migrants, mais aussi d’un groupe qui avait échoué au cycle de régularisation précédent.

    La communauté sikhe se développait, mais pas de façon exponentielle. La croissance n’a même pas été suffisante pour répondre à la demande de main-d’œuvre. Depuis l’adhésion des nouveaux États membres de l’UE en 2004, la main-d’œuvre saisonnière provient de plus en plus de l’Europe de l’Est. Entre-temps, les Sikhs ont gravi les échelons de la société, en tant que (petits) indépendants et propriétaires de magasins de nuit, parfois même en tant qu’agriculteurs capables d’employer eux-mêmes des travailleurs invités.

    Les régularisations ont été une bonne chose pour les Sikhs ainsi que pour la région fruitière, en premier lieu sur le plan économique. Les sikhs pouvaient enfin travailler légalement. Ils pouvaient épargner et investir, acheter des maisons et des terres agricoles. Leurs contributions (fiscales) et l’augmentation de l’activité économique ont été un avantage indéniable pour Haspengouw. Sur le plan politique et culturel également, les sikhs ont laissé leur empreinte dans la région des fruits, avec notamment plusieurs candidats sikhs sur diverses listes politiques à Saint-Trond. Bientôt, la plus grande maison de prière sikh du Benelux ouvrira sur le territoire de Haspengouw.

    En d’autres termes, la régularisation n’est pas le canal de migration que Sammy Mahdi présente comme tel. Au cours des dix années entre les campagnes de régularisation et des dix années suivantes, la migration en Belgique n’a pas connu une croissance exponentielle, y compris la migration irrégulière. Le fait que tant de sans-papiers travaillent encore aujourd’hui prouve que notre société vieillissante a besoin d’une migration (de travail).

    Les prédécesseurs de Mahdi au CD&V l’avaient compris. Les deux campagnes de régularisation se sont déroulées sous la houlette de Jean-Luc Dehaene et Herman Van Rompuy du CD&V. Les hommes d’État mesurent leur grandeur à la mesure de leur capacité à accorder l’amnistie. Si Mahdi ne le fait pas, il montrera pour la énième fois que le CD&V est devenu un petit parti, non pas de leaders mais de suiveurs.

    Source : De Standaard (Sara Cosemans)

    KULEUVEN, 02/07/2021

    Etiquettes : Belgique, Sara Cosemans, sans papiers, clandestins, régularisation, migration, CD&V, Jean-Luc Dehaene, Herman Van Rompuy,

  • Titres de séjour en France pour Algériens : Les refus en hausse

    France – Les retraits, dégradations et refus d’octroi ou de renouvellement de titres de séjour pour « menace grave à l’ordre public » à une catégorie de ressortissants étrangers, dont des Algériens, augmentent.
    – Advertisement –

    Sur instruction du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, les préfets ont agi contre les personnes connues pour de graves actes condamnés par la loi. Les préfets se sont exécutés aussitôt et ont émis des refus d’octroi ou de renouvellement, retiré ou encore dégradé la durée de validité des titres de séjour en France aux concernés, y compris des Algériens.

    Cette dernière mesure peut faire passer une carte de dix ans à une carte d’un (1) an. L’opération a débuté depuis le 1er octobre de l’année dernière (2020) rapporte Le Figaro. Ainsi, depuis l’application de cette politique dictée par le membre du gouvernement, Gérald Darmanin, concernant le retrait des cartes de séjours, une hausse des avis défavorables est manifeste.

    On assiste à une hausse de 10 % a été enregistrée, du total des refus du premier titre et du renouvellement du titre de séjour déjà octroyé. La commune la plus touchée de ces récentes procédures, et celle de Seine-Saint-Denis. Elle est connue pour être le département qui abrite le plus grand nombre de communautés étrangères en France. Elle enregistre une hausse qui s’élève à +113 % des rejets.

    Retrait de la carte de séjour d’un Algérien « repris de justice »
    Un ressortissant algérien par exemple en a fait les frais, selon la même source. Condamné à 22 reprises en 2003 et en 2008 par la justice française pour violence, enlèvement et séquestration. Cet Algérien s’est vu retiré sa carte de séjour suite

    Le retrait est survenu dans la foulée des dernières instructions du ministre de l’Intérieur. Des chiffres de 1.212 retraits ou « dégradations » de cartes de séjour pour motif de « menace grave à l’ordre public ». C’est ce qu’a révélé le quotidien français dans un article du 22 avril 2021.

    Pour rappel, la France a délivré 274.676 titres de séjour en 2019. Un chiffre qui équivaut à une hausse de 6.1 % par rapport à l’année 2018. Des Algériens ont bénéficié de 27.391 titres de séjour. Néanmoins, les observateurs s’attendent à une baisse à venir, en ce 2021, après les nouvelles instructions de Gérald Darmanin.

    Dzair Daily, 24 avr 2021

    Etiquettes : Algérie, France, titres de séjour, sans papiers, régularisation,