Étiquette : répression

  • Maroc. Joyeux anniversaire, Omar Radi

    Maroc, Omar Radi, Répression, presse, journalistes,

    Je ne connaissais d’OmarRADI que le journaliste. Je voulais l’interviewer pour l’affaire Pegasus. La veille de son arrestation. Il était très occupé, appelé par tout le monde, mais a quand meme pris un moment pour répondre à mes questions. Il était 00:30.

    Je voulais qu’il me parle de lui, de son affaire. Il a préféré parler des injustices.

    Aujourd’hui, 18 juillet, Omar Radi fête son anniversaire derrière les barreaux, parce qu’il a parlé.

    Je pense à lui, ses parents, ses ami·e·s.

    Joyeux anniversaire Omar.

    Source : Twitter, 18/07/2022

  • Omar Radi : La révolte comme ligne éditoriale*

    Omar Radi : La révolte comme ligne éditoriale*

    Maroc, Omar Radi, presse, journalistes, répression,

    Sur le plan professionnel, Omar a toujours été présent, a toujours compté pour moi. Même si nous avions emprunté des chemins différents et des choix, parfois, opposés.
    Dans l’exercice du métier de journaliste, il avait l’entraide comme devise. La révolte comme ligne de conduite. Le respect mutuel comme déontologie personnelle et professionnelle.

    L’entraide, c’était le jour où il m’envoie une base de contacts précieuse avec des centaines de page de téléphones. C’était un outil inestimable pour le jeune journaliste que j’étais en 2009.

    L’acte qu’il a posé est juste impossible dans un métier où les contacts sont la denrée rare, que chaque journaliste cultive secrètement.

    Pour Omar, c’était un acte normal. Cette base de données récupérée chez un ancien employeur devait servir aussi à d’autres journalistes. C’était la générosité en acte.

    La révolte, c’était le jour où il démissionne de chez Med Radio et refuse la censure imposée par le patron de cette radio privée. A l’époque, nous avions le même employeur, je travaillais à L’Observateur du Maroc qui appartenait au même groupe.

    Omar m’appelle pour me dire qu’il a quitté et que l’ambiance du travail n’était pas correcte et qu’il a signifié ça au patron. Omar posait ces actes de révolte dans un milieu conformiste comme celui du journalisme au Maroc. Une révolte qui lui vaudrait d’être persona non grata chez bcp de médias dits indépendants de la place.

    Honte à eux, honneur à Omar qui n’a jamais trahi ses principes.

    Je peux écrire encore des pages et des pages sur Omar et sa générosité en actes, son dangereux humanisme. Mais Omar est encore là. Omar retrouvera sa liberté, grâce à nos luttes.

    Omar retrouvera sa liberté, grâce à nos luttes. Mais j’ai un regret, comme peut-être beaucoup de ses ami-e-s.

    Durant les dernières années, nous avons laissé à des rapaces, des chiens, des profiteurs, le loisir d’accaparer toute cette générosité, cette bonté, ce don de soi qu’a Omar. Ce dernier était certainement bien conscient de ces stratagèmes malveillants, mais nous avions aussi la responsabilité de le soutirer entre les mains et les griffes d’une bande de chiens. Je n’oserais pas faire à Omar un reproche, lui qui est privé de liberté. Mais je me fais un reproche, comme je blâme tous ses ami-e-s et camarades d’avoir laissé Omar au sein d’un milieu toxique qui a profité de son talent et sa générosité, pour aujourd’hui disparaître ou même devenir une pièce maîtresse dans l’appareil d’inquisition contre lui.

    Mais Omar n’a pas dit son dernier mot. Omar sera de retour parmi nous, libre, indépendant et brillant.

    *Témoignane d’un ami à Omar Radi

    Source : Twitter

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes

  • Maroc : Carnage à Mellila

    Maroc : Carnage à Mellila

    Maroc, Espagne, Melilla, migrants, répression,

    Un nouveau drame de migrants, après celui enregistré en 2021 à Ceuta. 18 migrants sub-sahariens sont morts vendredi alors qu’ils tentaient de pénétrer dans l’enclave espagnole de Melilla, sur la côte nord du Maroc, et après que des heurts avaient éclaté avec les gardes-frontières, selon un bilan officiel du régime du Makhzen alors que plusieurs sources humanitaires font état de plus de 87 décès.

    Près de 2 000 migrants ont tenté de s’introduire sur le territoire espagnol en prenant d’assaut une clôture. Des heurts ont alors éclaté avec les forces de sécurité, ont annoncé les autorités marocaines et espagnoles, ajoutant qu’une centaine de personnes avaient réussi à entrer dans l’enclave.

    D’après Omar Naji, de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), section Nador, des “affrontements” avaient eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi entre migrants et agents marocains lorsque quelque 2 000 migrants subsahariens ont tenté de passer à Melilla.

    Des images diffusées notamment par l’AMDH montrent une réaction disproportionnée de la police marocaine. Les migrants arrêtés par cette dernière, ont été entassés par terre les uns sur les autres. Les images choquantes, ainsi que le nombre élevé de victimes, ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux.

    “Laisser dans cette situation, sans aucun secours sur place, des centaines de migrants qui ont été traités avec violence de la part des (forces) marocaines et espagnoles a sans doute fait augmenter le nombre de décès”, a dénoncé l’AMDH sur sa page Facebook.

    “Une vraie catastrophe qui nous laisse croire que le nombre de migrants morts est beaucoup plus élevé”, a-t-elle encore écrit.

    “Comment peut-on accepter de laisser des dizaines de migrants gravement blessés sans aucun secours pendant presque 9 heures sur place, entourés de militaires alors qu’on avait besoin de secouristes’”, s’est encore indignée l’AMDH.

    “Un bilan très lourd, catastrophique qui montre que les politiques migratoires suivies sont mortelles avec des frontières et des barrières qui tuent”, a dénoncé l’Association des droits de l’Homme, qui a appelé devant ces “violations gravissimes”, à l’”ouverture d’une enquête rapide et sérieuse pour déterminer les circonstances” de ce bilan “très lourd”.

    Selon l’AMDH Nador, tous les morts sont à la morgue de l’hôpital de Nador (ville marocaine la plus proche de Melilla).

    Plusieurs appels ont été lancés hier pour réclamer une enquête indépendante, au lendemain de la tentative d’entrée de près de 2.000 migrants subsahariens dans l’enclave espagnole de Melilla qui s’est terminée par une “tragédie” sans précédent au Maroc.

    “Nous appelons à l’ouverture d’une enquête rapide et transparente”, a déclaré aux médias, Mohamed Amine Abidar, le président de la section de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) à Nador, dans le nord du Maroc.

    Des images diffusées notamment par l’AMDH, principale organisation marocaine de défense des droits humains, montrent un usage disproportionné de la force par la police marocaine. Les migrants arrêtés par cette dernière, ont été entassés par terre les uns sur les autres. Les images choquantes, ainsi que le nombre élevé de victimes, ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux.

    Selon un dernier bilan officiel, 18 morts ont été enregistrés vendredi lors de la tentative d’entrée de près de 2.000 migrants dans Melilla.

    Le président de la section de l’AMDH de Nador s’est refusé à chiffrer le nombre de morts, mais “pense que le bilan va s’alourdir”, ajoutant que “la cause principale de cette catastrophe est la politique migratoire menée par l’Union européenne en coopération avec le Maroc”.

    Selon l’ONG Caminando Fronteras, spécialiste des migrations entre l’Afrique et l’Espagne, il s’élèverait à 27 morts.

    L’association espagnole a exigé samedi dans un communiqué “l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire indépendante du côté marocain comme espagnol, ainsi qu’au niveau international pour faire toute la lumière sur ce drame humain”.

    Toujours en Espagne, une députée européenne du parti de gauche radicale Podemos, a également réagi. “Une enquête est nécessaire pour éclaircir les faits et les responsabilités”, a tweeté Idoia Villanueava, responsable de Podemos pour les affaires internationales.

    De son côté, Eduardo de Castro, le président (maire) de Melilla et plus haute autorité politique de cette ville autonome, a dénoncé une “réponse disproportionnée” du Maroc à la tentative de passage des migrants. “Le Maroc se permet certaines choses qui ne seraient pas acceptables” en Espagne, a-t-il dit.

    Situées sur la côte nord du Maroc, Melilla et l’autre enclave espagnole de Ceuta sont les seules frontières terrestres de l’Union européenne (UE) sur le continent africain et font régulièrement l’objet de tentatives d’entrée de la part de migrants cherchant à rejoindre l’Europe.

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migrants

  • Maroc: Comment le Makhzen « éduque » les rifains -vidéo-

    Maroc: Comment le Makhzen « éduque » les rifains -vidéo-

    Maroc, Makzen, Rif, Hirak, répression,

    Une vidéo enregistrée dans un bus de la police marocaine à Imzouren révèle le racisme des policiers marocains au Rif.

    Dans la vidéo, on entend trois jeunes Rifains suppliant les officiers de les libérer. « C’est une injustice », « Je n’ai rien fait, chef », « Je ne suis jamais allé dans un commissariat » et « Je suis allé chercher un sandwich » disent les jeunes rifains, qui avaient visiblement peur de ce qui les attendait au commissariat.


    Cependant, les agents marocains ne dérogent pas à la plaidoirie. Selon les agents marocains, ils vont « éduquer les Rifains » parce qu’ils « veulent être intelligents ». Les agents accusent les trois Rifains d’avoir insulté le monarque allaouit Mohamed 6.

    ‘Maintenant, dites ‘Vive le Rif’, dit un agent marocain aux jeunes Rifains. Ils ont répondu par ‘vive le roi’ dans l’espoir qu’ils seront libérés.

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    Ces derniers jours, le Maroc a envoyé des centaines d’agents (secrets) supplémentaires dans la province qui a été militarisée depuis le massacre marocain des Rifains en 1958/1959. Le nombre de points de contrôle a augmenté et les agents sont dispersés dans presque toutes les rues. Des passants au hasard sont invités à présenter une pièce d’identité et intimidés.

    Hier, le domicile de l’ex-prisonnier politique El Fahili a également été perquisitionné à six heures du matin avec une grande démonstration de force. La mère de l’ex-prisonnier politique et d’autres proches ont été terrorisés. L’ancien prisonnier du mouvement populaire rifain n’était pas chez lui lui-même.

    Arif News, 04/06/2022

    #Maroc #Rif #Hirak

  • Maroc: Le docteur Sbaï tabassé par un gardien de la prison

    Maroc, Labbas Sbaï, prison de Zagora, répression,

    Selon le journaliste marocain Ali Lmrabt, « le docteur Labbas Sbaï a bel et bien été tabassé par un gardien de la prison de Zagora ». L’agression a eu lieu le 20 mai, alors qu’il était menotté et sans défense, précise-t-il.

    « Mais le plus grave c’est qu’on lui aurait fait « signer » un PV pour tenter de dédouaner la prison. Il s’agirait d’une « agression involontaire » commise par un fonctionnaire » indique Lmrabet dans un twit.

    Toujours selon la même source,, « ceux qui l’ont visité en prison parlent d’un homme tenant des « propos incohérents » et incapable de tenir une conversation normale et courante ».

    « Son état de santé est considéré au jour d’aujourd’hui comme « inquiétant » et ses proches exigent son hospitalisation urgente pour qu’on lui fasse passer un scanner pour confirmer la blessure crânio-faciale, dont il reste une trace, un petit orifice au niveau de la tête », conclue-t-il.

    #Maroc #LabbasSbaï #Prison_de_Zagora

  • Maroc: L’état d’urgence sanitaire pour accélérer la normalisation et la répression

    Maroc: L’état d’urgence sanitaire pour accélérer la normalisation et la répression

    Maroc, état d’urgence sanitaire, normalisation, Israël, répression,

    L’Espace marocain des droits humains a dénoncé le recours continu du Makhzen à l’état d’urgence sanitaire, instauré dans le cadre de la lutte anti-Covid, pour accélérer sa politique de normalisation avec l’entité sioniste dans tous les domaines et réduire à néant les droits et libertés fondamentaux des Marocains.

    Dans un communiqué sanctionnant les travaux de la session extraordinaire de son Bureau national consacrés à l’évaluation de la situation des droits de l’Homme au royaume, l’association a condamné « fermement l’interdiction par les autorités du pays de la marche du Front social marocain à laquelle il a appelé, dimanche, dans le but de dénoncer la flambée des prix touchant l’ensemble des produits de base et les carburants ».

    Elle a indiqué que « le droit à la manifestation, tout comme le respect des autres libertés fondamentales des Marocains doivent être obligatoirement protégés et garantis par les autorités et non l’inverse ».

    Dénonçant, dans le même contexte, la poursuite de la hausse vertigineuse des prix de la totalité des produits de base et des carburants qui est venue à bout du pouvoir d’achat des Marocains, l’Espace marocain des droits humains a affirmé que cette situation « résulte de la politique d’austérité sciemment suivie par les autorités, afin d’en finir avec la politique sociale et d’instaurer l’économie de la rente ».

    Poursuivant dans le même registre, l’organisation a condamné particulièrement « le recours continu des autorités à l’état d’urgence sanitaire pour l’utiliser comme alibi et restreindre les libertés fondamentales, harceler les opposants, blogueurs, journalistes et militants, ainsi que d’empêcher les manifestations ».

    Citant, à ce sujet, « l’enlèvement et la torture de l’étudiant marocain Issam Al-Husseini, membre de la section estudiantine du mouvement Al-Adl Wa Al-Ihsan, par des étudiants d’une autre section à Nador », l’Espace a interpellé le ministère public pour « ouvrir en urgence une enquête impartiale et à traduire devant la justice les auteurs de ce crime odieux ».

    Evoquant, par ailleurs, le 11e anniversaire de l’assassinat du jeune Marocain Kamal Ammari lors de la marche du Mouvement 20-Février, à Safi en 2011, l’organisation de défense des droits de l’Homme a appelé les autorités marocaines à « assumer leurs responsabilités, en révélant toute la vérité sur cette affaire et en punissant les personnes impliquées dans ce crime ».

    Times Algérie, 01 juin 2022

    #Maroc #Normalisation #Etat_urgence_sanitaire #Répression #Israël

  • « Le malaise des démocraties » ou la peur des « printemps »

    « Le malaise des démocraties » ou la peur des « printemps »

    Champions League, supporters anglais, Stade de France, Gilets Jaunes, répression,

    Près d’une semaine après le scandale de l’organisation défaillante lors de la finale de la Champions League européenne, les passions ne se sont toujours pas apaisées en Angleterre et dans les milieux de l’opposition française. On dénonce une propension de la police française à taper d’abord et à s’expliquer après. Des femmes et des enfants aspergés de gaz lacrymogènes, des bastonnades en règle de supporters anglais, des charges policières disproportionnées…Bref, les images des abords du Stade de France qui continuent à circuler sur la Toile donnent de la France la pire des images.

    Mais ce que doit dire tout le monde, c’est que ces images ne sont pas nouvelles pour l’opinion française. Elle a déjà vu sa police à l’œuvre tout le long de l’année 2019. La féroce répression des marches des Gilets jaunes sont encore dans les mémoires de millions de Français. Les victimes se comptaient par milliers. Des éborgnés, des mains arrachées, plus de 2000 arrestations et traduction devant les tribunaux et des condamnations à la prison ferme. Le bilan de la police française est loin d’être reluisant. Ce qui s’est passé à l’extérieur du Stade de France et dans l’une des fans zones n’est en réalité que la goûte qui a fait déborder le vase. En vérité, la France n’a pas le monopole de la «violence légitime» en Occident. D’autres «grandes démocraties» pratiquent la même doctrine du maintien de l’ordre. On l’a bien vu lors des émeutes aux USA et dans d’autres pays européens, notamment lors des manifestation anti-confinement organisées en Allemagne et ailleurs en Europe.

    Disons ce qui fait véritablement peur aux tenants du système en place dans pas mal de pays occidentaux, c’est la prononciation d’un concept qu’ils ont eux-mêmes inventé, mais dont ils n’en veulent pas chez-eux. Il s’agit du «Printemps». Les dirigeants partisans, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont très mal à l’aise avec ce mot d’ordre balancé par quelques militants. Dans la foulée de la répression contre toute «tentation révolutionnaire», les dirigeants de ces pays ne parviennent pas à modérer l’action de leurs forces de l’ordre. Il faut dire que cela charrie des faits et des images que personne en Occident ne voudrait voir près de chez-lui.

    En fait, le malaise issue de la doctrine occidentale du maintien de l’ordre vient du fait, justement qu’il existe dans cet espace géopolitique une frange de la société qui rêve d’un autre système de gouvernance, moins capitaliste, moins prédateur. Ils en rêvent parce qu’ils n’ont rien à perdre. Et c’est cela qui fait faire des sueurs froides aux politiciens. La panique est telle que même les ministres de l’Intérieur, pour cette fois, il s’agit du français Gérald Darmanin, invente une histoire invraisemblable pour dédouaner sa police. A méditer…

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 02 juin 2022

    #Occidentl #Stade_de_france #Supporters_anglais #répression #Printemps

  • Maroc: Souleiman Raissouni, le courage face à l’acharnement

    Maroc: Souleiman Raissouni, le courage face à l’acharnement

    Maroc, Soulaïmane Raïssouni, presse, journalistes, répression,

    Le journaliste marocain en détention depuis deux ans, et en attente d’une réponse sur son pourvoi en cassation, a été transféré vers une autre prison. Un transfert surprise, durant lequel ses documents et livres ont été déchirés, et après lequel il a été placé à l’isolement. RSF dénonce des méthodes qui consistent une nouvelle fois à violer les droits d’un journaliste en détention.

    Ce mercredi 25 mai, la famille et les proches du journaliste marocain Souleiman Raissouni, en détention depuis deux ans, ont appris avec stupéfaction que celui-ci avait été transféré deux jours auparavant vers la prison de Ain Borja.

    Si le transfert est permis par la loi marocaine après une condamnation en appel – soit la situation dans laquelle se trouve Souleiman Raissouni – les conditions de ce transfert et les actes qui l’ont accompagné, violant les droits du journaliste emprisonné, suscitent l’incompréhension et le désarroi.

    En effet, la loi marocaine conditionne le transfert des détenus au maintien d’une proximité avec la famille, condition qui était remplie par la prison d’Oukacha à Casablanca, dans laquelle était incarcéré Souleiman depuis mai 2020.

    De plus, les autorités judiciaires marocaines ont procédé à ce transfert de manière inattendue. Il a eu lieu le 23 mai, dans la foulée de la rencontre du journaliste avec sa famille au parloir, sans qu’aucun d’eux n’ait été prévenu, laissant la famille repartir apaisée par cette visite. Les autorités marocaines ont attendu deux jours avant d’annoncer le transfert de Souleiman Raissouni à son épouse.

    Durant le transfert, des gardiens de prison ont, en outre, saisi de nombreux documents préparatoires du futur roman qu’écrivait Souleiman Raissouni et ont déchiré plusieurs de ses livres et notes.

    Enfin, Souleiman Raissouni a été placé à l’isolement dès son arrivée sur son nouveau lieu de détention. Alors que la santé physique du journaliste a été entamée par plusieurs grèves de la faim observées entre avril et août 2021, ce placement à l’isolement, que rien ne saurait justifier, constitue une nouvelle atteinte à son état moral.

    RSF dénonce ces méthodes qui consistent une nouvelle fois à violer les droits d’un journaliste en détention. En effet, la loi marocaine offre plusieurs garanties aux détenus : une incarcération à proximité de leur famille, la limitation des placements à l’isolement aux seuls cas qui les justifient, ainsi que le droit de conserver leurs documents en prison.

    Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord, a déclaré : “J’appelle les autorités marocaines à revenir à la raison. Il faut que cesse l’acharnement contre Souleiman Raissouni qui, tout comme Omar Radi, est en prison pour avoir fait son travail de journaliste en toute indépendance. »

    Le journaliste marocain Souleiman Raissouni a été condamné le 24 février dernier par la Cour d’appel de Casablanca à cinq ans de prison à la suite d’un procès entâché d’irrégularités pour agression sexuelle, une accusation que le journaliste a constamment niée. Soutenu par RSF et plusieurs autres organisations de défense des droits de l’Homme, il attend dorénavant le résultat de son pourvoi en cassation.

    RSF, 26 mai 2022

    #Maroc #SoulaimaneRaissouni #Journalistes #Presse #Répression

  • Dissidents algériens: victimes de la répression ou hors-la-loi?

    Dissidents algériens: victimes de la répression ou hors-la-loi?

    Algérie, Benhalima, Rachad, répression, Espagne, extradition,

    Mohamed Benhalima a l’air méfiant et effrayé alors qu’il est conduit hors d’un avion à l’aéroport d’Alger, menotté avec le bras d’un agent de sécurité enroulé autour de lui. Une équipe de la Force d’intervention rapide algérienne le place alors dans leur véhicule et l’emmène vers une destination inconnue.

    La vidéo a été mise en ligne le 24 mars. Trois jours plus tard, les Algériens ont regardé à la télévision alors que l’homme de 32 ans a avoué son implication dans une organisation que les autorités ont répertoriée comme un groupe terroriste islamiste complotant contre le gouvernement algérien.

    Autrefois fidèle serviteur de sa patrie en tant que sous-officier de l’armée, Benhalima est devenu un partisan du mouvement pro-démocratie algérien, puis un déserteur qui a fui vers l’Europe. L’Espagne l’a expulsé après que l’Algérie a émis un mandat d’arrêt contre lui.

    La scène des aveux a été rendue publique par la Direction générale de la sécurité nationale algérienne, dans ce qui pourrait être considéré comme un avertissement aux autres soldats ou citoyens.

    Des centaines de citoyens algériens ont été emprisonnés pour avoir tenté de maintenir en vie le mouvement Hirak qui a organisé des manifestations hebdomadaires en faveur de la démocratie à partir de 2019, entraînant la chute du président algérien de longue date Abdelaziz Bouteflika. Les marches ont été interdites l’année dernière par le gouvernement soutenu par l’armée du pays.

    Les autorités ont ensuite étendu leur balayage, liant certains partisans du Hirak à deux groupes ajoutés à la liste terroriste algérienne l’année dernière : les Rachad, considérés comme des infiltrés islamistes dont les dirigeants sont en Europe, et le MAK, un mouvement séparatiste en Kabylie, patrie des Berbères.

    « Depuis deux ou trois ans, il y a eu des milliers de poursuites judiciaires contre des militants », a déclaré le célèbre avocat Mustapha Bouchachi. « Leur seule erreur est qu’ils ont exprimé leurs opinions politiques sur les réseaux sociaux … et se battent pour un État de droit. »

    Pour les autorités de la nation nord-africaine riche en gaz, garantir la stabilité de l’État est au cœur de leurs actions. Pour les groupes de défense des droits humains, Benhalima et d’autres sont victimes d’un système de gouvernance injuste et désuet qui considère les dissidents, ou toute voix critique, comme des criminels. Ils disent que les autorités algériennes utilisent les menaces à la sécurité nationale pour étouffer la liberté d’expression, y compris parmi les journalistes, et justifier les arrestations.

    Une campagne sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #PasUnCrime (pas un crime) a été lancée le 19 mai par des dizaines d’organisations non gouvernementales contre la répression des droits humains.

    Le rapport 2021 du Département d’État américain sur les droits de l’homme en Algérie a cité une longue liste de problèmes, notamment des arrestations et détentions arbitraires et des restrictions à la liberté d’expression, de réunion et d’association. En mars, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a demandé à l’Algérie de « changer de cap » pour « garantir le droit de son peuple à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ».

    « Être un militant des droits de l’homme en Algérie est devenu très difficile », a déclaré Zaki Hannache, un militant du Hirak récemment libéré provisoirement de prison. « Être un militant qui refuse le système, c’est compliqué. Cela signifie même des sacrifices. »

    Hannache, mieux connue pour suivre les arrestations liées au Hirak, a été arrêtée et emprisonnée en février pour une série d’accusations, notamment pour avoir défendu des actes terroristes.

    Les prétendus aveux de Benhalima reflètent la combinaison de maux auxquels l’Algérie prétend être confrontée. Il dit être sous le charme de Rachad et en contact avec son leader basé à Londres et ses deux frères. Selon l’agence de presse officielle APS, Benhalima a confirmé « l’implication de l’organisation terroriste Rachad dans des plans abjects visant la stabilité de l’Algérie et de ses institutions en exploitant une jeunesse égarée ».

    Le site Web de Rachad a affirmé que la vidéo de la police montrait les aveux forcés d’un « otage » lors d’un exercice de propagande des services de sécurité.

    Les véritables objectifs de Rachad ne sont pas clairs, mais c’est une cible clé de la répression algérienne. En décembre, Rachad a déclaré avoir déposé une plainte auprès d’un rapporteur spécial de l’ONU concernant la classification « arbitraire » du groupe en tant qu’organisation terroriste et a demandé aux autorités onusiennes d’exhorter l’Algérie à cesser ses « pratiques illégales ».

    L’Espagne a expulsé Benhalima sur la base d’intérêts de sécurité nationale et d’activités « qui pourraient nuire aux relations de l’Espagne avec d’autres pays », selon Amnesty International. L’Espagne a expulsé un autre déserteur, Mohamed Abdellah, un gendarme dissident, vers l’Algérie en août dernier. Amnesty International l’a décrit comme un lanceur d’alerte.

    L’Espagne a tout particulièrement intérêt à rester en bons termes avec l’Algérie, qui assure une grande partie de ses besoins en gaz.

    Selon le Comité national pour la liberté des détenus, quelque 300 personnes sont derrière les barreaux en Algérie pour leurs opinions politiques. Jusqu’à 70 personnes ont été mises en liberté provisoire au début du mois sacré musulman du Ramadan, mais d’autres ont depuis été arrêtées.

    Dans une affaire emblématique pour les journalistes algériens, le patron de Radio M et du site d’information en ligne Algérie Emergente, Ihsane El-Kadi, risque trois ans de prison avec cinq ans d’interdiction de travailler pour avoir porté atteinte à l’unité nationale, entre autres. des choses. Il avait suscité l’ire d’un ancien ministre de la Communication avec une tribune plaidant pour que le mouvement contestataire Hirak ne se divise pas sur Rachad. Le verdict est tombé la semaine prochaine.

    Le président Abdelmadjid Tebboune a récemment lancé une initiative mal définie baptisée « mains tendues », décrite comme un « front interne » pour promouvoir le dialogue dans tous les secteurs de la société. Le chef de l’armée Said Chengriha a suggéré dans plusieurs discours que c’est aussi pour contrer les ennemis perçus de l’Algérie. L’initiative précède les célébrations du 5 juillet du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie vis-à-vis de la France, qui a été remportée après une guerre brutale de sept ans.

    « Personne ne peut refuser » de participer à cette initiative, a déclaré Abou El Fadl Baadji, secrétaire général du Front de libération nationale, autrefois unique parti politique d’Algérie. Il faisait partie des responsables que Tebboune a récemment rencontrés à ce sujet. Les gens « attendent avec suspense le contenu de cette initiative… mais nous sommes pour cette idée, avant même d’en connaître les détails ».

    Benhalima attend le verdict de son appel d’une peine de 10 ans de prison après avoir été condamné par contumace pour atteinte à la vie privée et atteintes aux intérêts de l’État, liées à ses publications en ligne sur l’armée algérienne, y compris des informations confidentielles sur des officiers supérieurs.

    VOA, 28 mai 2022

    #Algérie #Rachad #Benhalima

  • Maroc: Soulaimane Raissouni est en prison depuis 2 ans

    Maroc: Soulaimane Raissouni est en prison depuis 2 ans

    Maroc, Soulaïmane Raïssouni, presse, journalistes, répression, Omar Radi, Tawfiq Bouachrine,

    C’est un bien triste anniversaire que l’on a fêté hier. Cela fait maintenant deux années que Soulaimane Raissouni est en prison. Une opportunité pour revenir sur les circonstances qui m’ont amené à le connaitre, le respecter et l’admirer.

    “Je souhaiterais réaliser un entretien sur l’histoire du Journal Hebdomadaire” C’est par cette requête que j’ai connu Soulaimane Raissouni. Il était encore à Al Massae. J’ai commencé par refuser. Je ne le connaissais pas vraiment, mais son journal, oui. J’avais du mal avec cette presse qui usait de pugnacité avec tout le monde sauf avec ceux qui la méritaient le plus -le complexe de rentiers et de sécuritaires qui tient le pays. Je doutais de sa promesse de publier mes réponses fidèlement. Pour me convaincre de son intérêt, il offrait de se déplacer en Tunisie où je me trouvais pour une conférence.

    Comme souvent dans ces circonstances, je recourt à mon père. Son nez pour le makhzénisé ou, plus utile encore, le makzanizable, lui faisait rarement défaut. Je n’ai pas pu finir ma question qu’il me disait d’y aller les yeux fermés. Selon Si Khalid, Soulaimane était un “vrai”.

    Mon admiration pour sa probité et son courage n’ont cessé de grandir depuis. J’en suis venu à le considérer comme le meilleur éditorialiste marocain de ces dernières années. Son travail de militant des droits de l’homme et son expérience de journaliste lui ont forgé la capacité d’analyse et l’intelligence nécessaire pour écrire comme les marocains ont besoin qu’on leur écrive. Avec une plume courageuse et respectueuse de leur intelligence. C’est, je crois, la raison de ces malheurs.

    Contre vents et marées, il a cru qu’une presse indépendante était possible au Maroc. Quand on lance un nouveau média, comme il l’a fait à un moment, et qu’on a les engagements éditoriaux sans compromis comme les siens, c’est qu’on a la foi. Il a été jusqu’au bout de ses convictions. Certains diraient son engagement déraisonnable. Critiquer les puissants lorsque ceux-ci ne rechignent devant rien ou presque pour vous faire taire, n’est ce pas là le signe de l’inconscience ? Peut être. Mais rien n’a jamais changé sans cette inconscience là.

    Soulaimane est-il innocent des crimes dont l’accuse l’Etat? J’en suis persuadé. Mais ma conviction n’a aucune importance. Ce qui en a, c’est le comportement du complexe Judiciaro-Policier à son égard. En l’occurrence, La vindicte de l’Etat n’est pas seulement évidente, elle est ostentatoire.

    Les tenants de notre ordre policier et judiciaire veulent que vous le sachiez : Les principes élémentaires du droit ne vous protégent pas lorsque vous les fâchez. l’injustice décomplexée de l’Etat n’est pas seulement un moyen pour condamner les critiques du régime. Elle en est aussi une fin.

    Le traitement inique des affaires Soulaimane Raissouni, Omar Radi, Nacer Zefzafi est un message en soi.

    S’élever contre le sort fait à ces éclaireurs de la liberté signifie notre rejet de ce message. Notre refus que la Loi soit un outil de répression aux bénéfices des puissants plutôt qu’un instrument de Justice équitable.

    Aboubakr Jamaï

    Source : Facebook, 23 mai 2022

    #Maroc #Presse #Journalistes #Soulaimane_Raissouni