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  • Algérie. Elections locales : La vieille garde toujours là !

    Algérie. Elections locales : La vieille garde toujours là ! – Elections communales, FLN, RND, résultats

    Les résultats communiqués hier par le chef de l’Autorité électorale, Mohamed Charfi, fait ressortir trois indicateurs majeurs : un taux de participation de plus de 35%, la persistance de la traditionnelle cartographie politique dominée par le FLN et le RND, deux formations qui dominent le champ politique depuis plus de deux décennies, et des Assemblées sans majorité.

    Quatre jours après le déroulement du scrutin, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), a annoncé le taux de participation estimé à 36,52 % pour le vote des APC et à 34,76 % pour les APW. Manifestement, la cartographie politique du pays n’a pas connu de changements notables dans la mesure où le FLN préserve sa place de leader en dépit de la zone de turbulence qu’il a traversée depuis février 2019.
    Au total, 7.514.422 électeurs ont voté lors du scrutin de samedi dernier pour les Assemblées populaires communales (APC) pour un corps électoral de 23.717.479 électeurs, soit 36,58 % pour les Assemblées populaires communales (APC), et 6.902.222 électeurs ont voté pour les Assemblées populaires de wilaya (APW), soit 34,76 %, a précisé M. Charfi, lors d’une conférence de presse animée hier au Centre international des conférences (CIC).

    A la lecture des chiffres communiqués par M. Charfi, aucun parti n’a obtenu la majorité absolue dans aucune APW, ce qui ouvre grande ouverte la voie des alliances partisanes pour doter les Assemblées de wilayas d’Exécutifs et travailler sans blocage afin de répondre aux préoccupations des citoyens et réaliser le développement local souhaité.
    Le FLN a eu la majorité relative dans 25 wilayas, le RND majorité relative dans 13 wilayas et les Indépendants la majorité relative dans 10 wilayas.

    Pour ce qui concerne le classement des partis politiques qui ont candidaté à cette échéance, c’est le FLN qui arrive, encore une fois, en tête en remportant 5978 sièges dans les APC. Le parti a réalisé, selon les chiffres de l’ANIE, la majorité dans 124 APC dans 42 wilayas, et une majorité relative dans 552 APC.

    Ces résultats sont-ils de nature à «immuniser» la direction du parti qui fait face à des dissensions en interne où renfonceront-ils la pression sur Baâdji et ses proches ? Les prochaines semaines seront vraisemblablement très animées, voire agitées, dans la maison du FLN.

    Ce dernier est par ailleurs talonné dans le classement des partis par le Rassemblement national démocratique (RND), qui a gagné 4 584 sièges dans les APC avec 331 majorités relatives, ce qui le contraint dans ces cas au jeu des alliances partisanes.

    Arrivent ensuite les listes indépendantes avec 4 430 sièges dans 91 APC à travers 24 wilayas, des chiffres qui mériteraient observations et études approfondies pour une compréhension juste et précise de la place que tendent à occuper les listes indépendantes dans le paysage politique et institutionnel du pays.
    En quatrième position, c’est le Front El Moustaqbal qui arrive avec 3 262 sièges réalisant la majorité absolue dans 34 APC et la majorité relative dans 228 autres APC.

    De son côté, le Front des forces socialiste (FFS) n’a pas réalisé les scores souhaités par sa direction, y compris dans ses fiefs traditionnels notamment. Le vieux parti de l’opposition s’est contenté de 898 sièges dans les APC où il a eu la majorité absolue dans 47 APC et la majorité relative dans 65 APC à travers 7 wilayas.
    Aux APW, le FLN est talonné de près par les listes indépendantes avec 443 sièges à travers 10 wilayas, le Rassemblement nationale démocratique (RND) avec 366 sièges à travers 13 wilayas, le Front El Mostakbel avec 304 sièges à travers 12 wilayas, puis par le Mouvement de la société de la paix (MSP) avec 239 sièges à travers 5 wilayas.

    Les structures locales pour trancher la question des alliances
    Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), a exprimé sa «satisfaction» quant aux résultats obtenus lors de ces élections aussi bien dans les APW que les APC, considérant que «la parti a renforcé son ancrage dans la société à travers le territoire national».

    En ce qui concerne les alliances qui s’imposent dans les assemblées où il n’y a pas de majorité partisane, la direction du MSP a expliqué que l’option est laissée à «l’appréciation des structures locales selon les considérations qu’impose la réalité de toute circonscription».
    Le parti présidé par Makri a souligné cependant qu’il refuse toute alliance avec «ceux qui peuvent être soupçonnés de corruption ou de proximité avec l’argent sale», favorisant plutôt «des alliances de nature à garantir la «cohérence» pour le parti et «la stabilité» pour le pays et les représentations de l’Etat au niveau local.

    L’option du MSP ne semble pas ainsi différer de celle de l’ancien parti unique, le FLN, dont la direction de Baadji, a laissé, elle aussi, le libre choix aux structures locales avec cependant l’insistance à «privilégier» l’intérêt du parti aux «considérations personnelles».

    NAZIM BRAHIMI

    Reporters, 01/12/2021

    #Algérie #Elections_locales #Elections_communales #FLN #RND

  • Algérie : Le choix du roi pour le président Tebboune

    L’issue de l’élection législative anticipée du 12 juin dernier a donné au pays une cartographie politique inédite : contrairement aux scrutins précédents, la future Assemblée populaire nationale (APN) sera quasiment à sens unique. Aucun parti d’opposition ne siégera dans la chambre basse du parlement. Les résultats de cette élection législative, que devait confirmer hier soir le Conseil constitutionnel, sont en faveur du chef de l’Etat. Abdelmadjid Tebboune aura tout le loisir de constituer une majorité présidentielle, donc de nommer un premier ministre de son choix sans se sentir obligé de prendre en compte les positions de chacun des partis politiques en compétition. Résultat : en dehors du Mouvement de la Société pour la paix (MSP) qui attend un signal de la présidence de la République, les autres groupes et formations politiques ont fait leur allégeance au président de la République.

    Après le FLN et les indépendants, le Rassemblement national démocratique, RND, a fait connaître lui aussi son camp. Tayeb Zitouni, qui s’exprimait hier à Alger, a indiqué que pour lui, après les législatives du 12 juin, « les contours de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN) se dessinent de façon claire », et il s’est avéré que le RND « est un des acteurs dans le pôle national qui constitue, aujourd’hui, la nouvelle carte politique de l’Algérie ».

    M. Zitouni a également souligné que le groupe parlementaire issu des dernières élections législatives « dira son dernier mot et aura des positions importantes qui refléteront le débat politique conscient adopté par les militants du parti lors de la campagne électorale». Pour lui, le groupe parlementaire du RND « orientera ses premiers intérêts vers la concrétisation des objectifs du parti, des intérêts qui se rencontrent dans beaucoup de points, avec le projet du président de la République et des groupes politiques au sein du Parlement». Lundi dernier, le groupe des indépendants s’est réuni à Alger. «Nous sommes les élus des listes indépendantes aux législatives du 12 juin.

    Nous serons des membres actifs au sein d’un bloc et d’une classe large plus cohérente et efficace, en vue de soutenir et appuyer le programme du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à édifier une Algérie Nouvelle aux contours clairs avec des fondements politiques et une pratique démocratique qui prônent le développement dans tous les domaines», lit-on dans un communiqué sanctionnant cette réunion. Les indépendants seront très probablement la locomotive de la future alliance présidentielle.

    Auparavant, le FLN avait lui aussi annoncé son soutien au chef de l’Etat. Mais comme le RND, le chef de cette formation, Abou El-Fadhl Baadji, sait que son parti ne sera pas mis en avant par le chef de l’Etat lors de la composition du gouvernement. Les deux partis se contenteront de quelques ministères. Ce sera aussi le cas d’El-Moustakbal et d’El-Bina qui entreront certainement au gouvernement. Il reste désormais à scruter la position du MSP. Le parti de Abderrazak Makri pour intégrer « un gouvernement d’union nationale ». Mais si le chef de l’Etat ne fait pas appel à ses services, il va jouer le rôle de l’opposition !

    Akli Ouali

    L’Est Républicain, 24 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, élections législatives, résultats, élus, partis politiques, indépendants, FLN, RND, MSP, Front El Moustakbal,

  • Algérie : Contours d’une majorité présidentielle

    Quelle majorité à l’APN ? Cette question a été posée avant même l’organisation des législatives anticipées du 12 juin dernier. Elle s’est posée aussi avec acuité au lendemain de l’annonce des résultats provisoires du scrutin qui ont donné une composante mosaïque de la future Assemblée, où aucune majorité ne se dégage malgré la victoire du FLN qui s’est adjugé 105 sièges. Depuis mercredi dernier, on commence à connaître la réponse. La majorité sera, à moins d’une surprise de dernière minute, « présidentielle’’ .

    Une initiative vient d’être lancée dans ce sens. Elle est l’œuvre de certains indépendants. Ces futurs députés ont, avant même la confirmation officielle de leurs résultats par le Conseil constitutionnel (Cour constitutionnelle en vertu du dernier amendement de la Constitution), lancé des appels au soutien du programme du chef de l’Etat. A titre individuel ou par groupe, ces « indépendants » commencent, depuis mercredi dernier, à rendre publics des communiqués appelant les nouveaux élus non partisans « à rejoindre l’initiative ». « Nous appelons tous les indépendants à rejoindre cette initiative pour préserver la stabilité du pays et participer à son développement », précisent par exemple trois députés de la wilaya de Bordj Bou Arreridj dans un communiqué signé, le 16 juin dernier.

    Un autre élu de Tindouf abonde dans le même sens. « J’annonce ma participation à l’initiative lancée dans le cadre de la coalition des listes indépendantes pour soutenir le programme du président de la République pour des réformes globales qui consolideront la nouvelle Algérie », écrit-il dans un autre communiqué. Ce n’est que le début. La course au soutien du chef de l’Etat fera sans doute rage dans les prochains jours.

    Selon certaines sources, d’autres élus sur des listes indépendantes s’apprêtent à leur emboîter le pas dans les jours à venir. Pour rappel, 78 sièges dans la future APN sont revenus aux indépendants qui deviennent ainsi la deuxième force à l’Assemblée. Mais de nombreux élus sur les listes indépendantes sont des militants des partis politiques qui siègeront aussi à l’APN.

    En effet, des partis dits du pouvoir, en l’occurrence le FLN et le RND et ceux qui gravitent dans sa mouvance, à l’image du front El Moustakbel et El Bina, doivent s’inscrire dans ce sillage. Les dernières déclarations de leurs responsables le confirment. Ils ont même l’intention d’intégrer le prochain gouvernement. Même scénario pour le parti islamiste, le MSP, dont le président Abderrazak Makri avait fait des clins d’œil au chef de l’Etat, mercredi dernier. Il faut donc attendre la position de Jil Jadid de Sofiane Djilali qui a été laminé lors de cette élection, puisqu’il n’a obtenu qu’un seul siège.

    Samir Rabah

    L’Est Républicain, 19 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, résultats, APN, députés, Indépendants, FLN, RND, Front El Moustakbal,

  • Algérie : Un goût d’inachevé !

    Depuis la fin de journée, mardi dernier, après la divulgation des résultats officiels, même partiels, des élections législatives, les réactions fusent de toutes parts. Les heureux, pas nombreux, fiers de leur victoire, et les malheureux (qui ont participé et rien gagné), presqu’aphones.

    Des états d’âme causés par 23 % de l’électorat. Les 77% des personnes qui ont préféré s’abstenir que de mettre un bulletin dans l’urne étaient par contre dans une autre «dimension». Il y a parmi eux, ceux qui vociféraient en découvrant les résultats annoncés, déçus et clamant, surtout sur les réseaux sociaux, leur désespoir. Il y a également les autres, qui n’ont pas hésité à crier «victoire». Avec un peu plus de 23% de taux de participation, les boycotteurs, essentiellement les plus «visibles» d’entre eux, se congratulaient presque. Selon eux, et souvent ils veulent s’en convaincre et convaincre ceux qui les écoutent, le chiffre représente, avant tout, leur poids dans la société. Ils expliquent que s’il y a eu autant de défections de la part des citoyens, c’est que l’option choisie et affichée était la bonne.

    Néanmoins, c’est indéniablement un raccourci trop facile. C’était d’autant léger que c’est absolument le même «raisonnement» d’il y a quatre ans (législatives 2017), d’il y a neuf ans (2012), et d’il y a au moins vingt-quatre ans.

    Le post-12 juin devrait pourtant faire réfléchir tout le monde, quel que soit son bord. Il est impossible d’espérer avancer si les mêmes réflexes d’antan sont adoptés, alors qu’il est question juste d’adaptation. La société a changé et les espoirs ont grandi avec le temps. Et depuis le 22 février 2019, la rupture, même si certains ne veulent pas la voir, ou refusent d’y croire, est bien là. Tous les espoirs étalés ne peuvent pas disparaître aussi facilement. Certes, le goût d’inachevé est criant mais est-ce une raison de baisser les bras ? Le chemin ne peut pas être court, encore moins facile à parcourir. Un marathon débute toujours par un petit pas.

    Ceux qui sont choqués de voir, encore une fois le FLN en tête d’affiche n’auraient pourtant pas dû avoir cette réaction. Les appels à mettre l’ex-parti unique au musée n’ont aucun poids devant la réalité du terrain. Cette attitude de demander au «pouvoir» d’écarter un parti politique ressemble trop à des demandes d’«assistance». Pourtant, c’est clair. Quand on est convaincu de ce qu’on fait, on n’a pas à recevoir, mais à prendre, et les droits s’arrachent…

    Reporters, 17 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, résultats,

  • Algérie : Des chiffres et des scénarii

    Au lendemain des législatives : Des chiffres et des scénarii

    Phase cruciale, s’il en est, dans l’agenda politique du président Tebboune, les législatives sont déjà une affaire pliée, après avoir cristallisé pendant des mois l’intérêt des observateurs politiques. Par « pliée », il faut surtout entendre le taux de participation qui a été révélé samedi, lors du dernier point de presse tenu par le président de l’ANIE qui a un peu surpris tout son monde en avançant le taux de 30,20% de participation à la fermeture des bureaux de vote à 20 heures, alors qu’il n’était que de 14,47% à 16 heures.

    En quatre heures seulement, ce taux a bondi de 14,47 à 30,20%, soit plus du double ; un rebond qui pose à tout le moins une question, sachant que la tendance du vote va en s’effilochant, au fil des heures. Une règle qui ne semble pas être de mise en Algérie, où le plus gros des votants se serait rendu aux urnes, entre 16 heures et 18 heures, selon les propos de Mohamed Charfi, dans sa tentative d’expliquer ce sursaut électoral spectaculaire qui permet de sauver les apparences, même si le doute reste permis. On en a pris d’ailleurs toute la mesure de ce doute sur les réseaux sociaux avec des internautes qui ont fait assaut d’humour et de savoureuses formules pour moquer cette « performance » électorale.

    Il appartient désormais au président Tebboune, pour qui d’ailleurs compte moins la participation au vote que la légitimité des futurs élus de conjuguer son slogan fétiche à des actions concrètes susceptibles d’impacter positivement la vie des citoyens qui refusent désormais de se payer de mots, fussent-ils magiques. Et pour cela, il faut d’abord attendre l’autre verdict, c’est-à-dire les résultats pour connaitre l’identité physique et politique des 407 nouveaux députés qui donneront à la Chambre basse son nouveau visage, sa nouvelle configuration en termes de rapport de force politique.

    Le problème c’est que l’attente risque d’être longue, en tous cas plus longue que d’habitude, car le nouveau système de comptage des voix est, certes plus démocratique, mais plus complexe et pourrait ouvrir la voie à des contestations à grandes échelles. Mais en attendant, la future majorité et de l’exécutif qui en sera issu est au cœur des interrogations qui agitent à l’envie le landerneau politique sur fond de scénarii avec force configuration et force castings.

    Le président Tebboune, juste après avoir glissé son bulletin dans l’urne n’a pas éludé la question du futur gouvernement en se limitant juste à évoquer les deux cas de figure prévue par la Constitution, à savoir une majorité favorable à l’opposition ou une majorité présidentielle. Mais au vu de la flopée de candidats, tant partisans qu’en listes indépendantes, qui ont eu à s’exprimer sur les médias tablent sur une assemblée mosaïque sans majorité qui donnerait au président Tebboune l’occasion de mettre en place une majorité « de bric et de broc » pour traduire en textes ses 54 engagements de campagne. Avec quel Gouvernement ? Avec quel Premier ministre ? Parole au président Tebboune.

    H. Khellifi

    L’Est Républicain, 14 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, scenarii, formation du gouvernement, résultats, comptage,

  • Algérie : Et maintenant !

    Les élections législatives qui se sont déroulées hier sont, sans aucun doute, le premier véritable test des urnes depuis le 22 février 2019. Un rendez-vous qui arrive près de deux ans et quatre mois plus tard. Certes, entre-temps, il y a eu l’élection présidentielle de décembre de la même année (2019) et le référendum du 1er novembre dernier, mais la conjoncture est bien différente.

    Reste à savoir si la «différence» va se «matérialiser» concrètement dès l’annonce des résultats. Il s’agit en premier lieu du primordial paramètre qu’est le taux de participation. Le 12 décembre 2019, il était aux environs de 40%. Onze mois et 12 jours après, le référendum enregistrait un taux de participation bien moindre. Il n’avait pas atteint les 24%.

    Evidemment, ces élections législatives seront très attendues pour d’autres aspects, aussi bien importants. Qui seront les nouveaux députés, les premiers de «l’Algérie nouvelle» ? Quels seront les partis politiques qui vont se «distinguer» à travers les urnes ? Et bien d’autres interrogations se sont imposées depuis la dissolution de l’ancienne législature.

    La nouvelle APN qui naîtra de ces élections est, quels que soient les résultats définitifs, d’avance inédite. La prédominance des listes d’indépendants suggère qu’ils seront probablement très nombreux au sein de l’Assemblée. Il est même probable qu’ils seront majoritaires.

    C’est la notion de «vote-sanction» qui va peut-être avoir une nouvelle forme cette fois. Après tout ce qui s’est passé depuis février 2019, les partis politiques de l’ex-«Alliance» vont probablement se retrouver (au moins) minoritaires. La disparition latente du FLN et du RND pourrait s’annoncer dès maintenant.

    Il y a également la place que prendra la mouvance islamiste dans l’Hémicycle qui suscite de nombreuses spéculations. Et comment oublier Jil Jadid et ce qu’il compte apporter comme plus-value à la prochaine assemblée ? Et qu’est-ce qui changera dans le gouvernement avec cette nouvelle configuration ? D’innombrables questions pour des réponses encore «floues». Ah oui, il reste aussi à évoquer les «forces» du boycott ! Mais cela est une autre histoire…

    Reporters, 13 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, FLN, RND, résultats, APN, listes indépendantes,

  • Algérie/ Elections : nationalistes vs islamistes (1&2)

    Par Mohamed Habili

    Contrairement à ce que l’on croit dans une certaine frange de l’opinion, reconnaissable tout particulièrement à ceci qu’elle croit dur comme fer qu’elle est majoritaire dans l’opinion, l’enjeu des prochaines législatives n’est pas seulement dans le taux de participation, ou à l’inverse dans celui de l’abstention, mais tout autant et même davantage dans leurs résultats. Il est déjà arrivé au chef de l’Etat de dire que ceux-ci seront pris en compte quel que soit le volume de l’abstention. Partant ils le seront également quels qu’ils soient en eux-mêmes, aussi déplaisants ou même inacceptables qu’ils puissent paraître à ceux qui auront perdu les élections. Nombre de partis minoritaires, dont d’éternels groupuscules, ayant pris la décision de ne pas prendre part à ces dernières, des gens aussi futiles que bruyants, parce que disposant de la faveur de médias ou les possédant, font ouvertement campagne pour le boycott, comme si leur propre sort en dépendait directement. Ils se trompent, il dépendra en premier lieu de la majorité de ceux des Algériens qui auront voté. Le champ politique n’a pas changé au cours de ces deux dernières années.

    Ce qui peut avoir changé en revanche, ce sont les poids respectifs, ou plus exactement les poids relatifs, des partis qui vont se mesurer le 12 juin prochain, non pas les grands courants politiques traversant la société algérienne depuis l’indépendance du pays, et même avant que celle-ci ne soit acquise. Au point de vue politique, l’Algérie est comme tous les pays arabes, structurée par deux grands courants, ceux-ci pris indépendamment des partis qui s’en réclament. C’est le nationalisme d’une part, de l’autre l’islamisme. Bien entendu, d’autres courants, d’autres idéologies sont présentes dans l’opinion algérienne, et depuis assez longtemps pour certaines, comme le communisme par exemple, mais ils sont minoritaires. Ceci vaut pour quasiment tous les pays de la région, de l’océan à la mer et même au-delà. Ce sont ces deux courants majeurs à travers leurs organisations qui vont s’affronter le 12 juin prochain. Les nationalistes seront représentés pour l’essentiel par le FLN et le RND, et les islamistes par le MSP, outre deux ou trois autres partis de même inspiration quoique de moindre implantation. D’autres listes que les leurs seront proposées aux électeurs, notamment celles des indépendants, mais cela n’implique pas qu’elles portent d’autres offres politiques. On ne peut parler en l’occurrence de listes identitaires, ou berbéristes, ceux-ci ayant opté pour le boycott, bien qu’il ne soit pas impossible qu’au final des indépendants issus de cette mouvance soient de la partie, dans l’une ou l’autre des wilayas berbérophones notamment. Pas plus que les organisations ayant pignon sur rue, les indépendants ne sont pas indépendants des grands courants de pensée, produits de la longue durée non des circonstances ou de l’histoire immédiate. Si l’on admet le fait qu’il existe bel et bien des courants dominants, et qui sont l’islamisme et le nationalisme, alors il ne faudra pas s’étonner que les résultats soient à l’avenant. La seule question qui se pose est de savoir qui des deux familles sera majoritaire. Et par suite, laquelle sera appelée à former le gouvernement. Cela dit, le chef de l’Etat n’a pas directement affaire à des courants diffus dans la société mais à des partis légaux. C’est au chef de celui qui aura remporté le plus de sièges qu’il demandera de former le gouvernement. Dans la mesure évidemment où il s’en trouvera un qui à lui seul aura engrangé une majorité de sièges. Autrement, ce sera une autre affaire.

    —————————–

    Logiquement il n’y a pas lieu de supposer une abstention massive dans une élection à laquelle prennent part les formations politiques les plus importantes, en plus d’un grand nombre d’indépendants issus de la société civile. La nature même de la consultation à venir s’inscrit en faux contre une telle perspective. En Algérie, traditionnellement, les législatives et les locales donnent lieu à une participation plus grande que lors des autres échéances, présidentielles et référendums. Après tout l’appel à l’abstention dans ce cas précis provient de formations minoritaires, d’associations et d’activistes dont rien ne laisse penser qu’ils sont particulièrement influents. On ne peut leur dénier ce droit bien sûr. Une élection, ce n’est d’ailleurs pas que des votants, et des voix exprimées, mais tout autant de l’abstention, du boycott le cas échéant, et des voix blanches. Au bout du compte, tout le monde y aura pris part à sa façon, sauf, si du moins il s’en trouve, des Algériens qui n’en auront même pas entendu parler. On objectera sans doute à cela que les circonstances actuelles sont exceptionnelles, qu’il règne aujourd’hui une atmosphère particulière, que d’aucuns ne cessent de qualifier de révolutionnaire, et que pour tout cela, ce qui serait en jeu véritablement, ce n’est pas le partage des sièges à l’Assemblée et le pouvoir législatif qui s’y attache, mais le volume de l’abstention.

    S’il est aussi important que lors du référendum constitutionnel, ou davantage, cela voudra dire que la victoire à l’occasion de cette consultation sera revenue à ceux qui de façon délibérée et même concertée se sont opposés à sa tenue. Avant ce référendum, il est vrai marqué quant à lui par une faible participation, une autre échéance a eu lieu, la présidentielle, où l’abstention n’a pas été aussi considérable, bien qu’elle fût grande. Si celle-ci a été de façon nette plus importante que lors de la présidentielle, qui pourtant s’est déroulée dans le même contexte houleux, c’est probablement dû au fait que les gouvernants n’ont pas su garder mobilisés les quelque 10 millions d’électeurs du 12 décembre 2019. Ils se sont plus préoccupés en effet à cette deuxième occasion de convaincre ceux qui se nomment les hirakistes d’aller voter que d’en appeler à leurs fidèles. Une erreur de communication dont tout indique qu’ils sont revenus. Et que du reste il leur serait aujourd’hui difficile de commettre, la nature de la consultation faisant porter sur les compétiteurs le poids de la mobilisation. Aux partis et aux indépendants de donner envie aux électeurs de s’exprimer massivement, de leur accorder ce faisant la victoire. La campagne étant à sa première semaine, il n’est pas facile de voir dès maintenant s’ils en sont ou non capables. Toujours est-il qu’il semble que cette tâche soit plus facile pour les islamistes que pour les nationalistes, dont les partis, le FLN et le RND, ont été mis à mal ces derniers temps. D’anciens secrétaires généraux, deux du premier et un du second, purgent pour l’heure des peines de prison. La candidature du secrétaire général en exercice du FLN a été rejetée par l’ANIE, ce qui est un comble, sinon le coup de grâce. A la suite de quoi l’Organisation des moudjahidine elle-même a demandé que le sigle FLN lui soit enlevé.

    Le Jour d’Algérie

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, candidats, taux de participation, taux d’abstention, résultats, campagne de boycott, partis politiques, nationalisme, islamisme, 12 juin 2021,

  • Algérie/ Elections : nationalistes vs islamistes (1&2)

    Par Mohamed Habili

    Contrairement à ce que l’on croit dans une certaine frange de l’opinion, reconnaissable tout particulièrement à ceci qu’elle croit dur comme fer qu’elle est majoritaire dans l’opinion, l’enjeu des prochaines législatives n’est pas seulement dans le taux de participation, ou à l’inverse dans celui de l’abstention, mais tout autant et même davantage dans leurs résultats. Il est déjà arrivé au chef de l’Etat de dire que ceux-ci seront pris en compte quel que soit le volume de l’abstention. Partant ils le seront également quels qu’ils soient en eux-mêmes, aussi déplaisants ou même inacceptables qu’ils puissent paraître à ceux qui auront perdu les élections. Nombre de partis minoritaires, dont d’éternels groupuscules, ayant pris la décision de ne pas prendre part à ces dernières, des gens aussi futiles que bruyants, parce que disposant de la faveur de médias ou les possédant, font ouvertement campagne pour le boycott, comme si leur propre sort en dépendait directement. Ils se trompent, il dépendra en premier lieu de la majorité de ceux des Algériens qui auront voté. Le champ politique n’a pas changé au cours de ces deux dernières années.

    Ce qui peut avoir changé en revanche, ce sont les poids respectifs, ou plus exactement les poids relatifs, des partis qui vont se mesurer le 12 juin prochain, non pas les grands courants politiques traversant la société algérienne depuis l’indépendance du pays, et même avant que celle-ci ne soit acquise. Au point de vue politique, l’Algérie est comme tous les pays arabes, structurée par deux grands courants, ceux-ci pris indépendamment des partis qui s’en réclament. C’est le nationalisme d’une part, de l’autre l’islamisme. Bien entendu, d’autres courants, d’autres idéologies sont présentes dans l’opinion algérienne, et depuis assez longtemps pour certaines, comme le communisme par exemple, mais ils sont minoritaires. Ceci vaut pour quasiment tous les pays de la région, de l’océan à la mer et même au-delà. Ce sont ces deux courants majeurs à travers leurs organisations qui vont s’affronter le 12 juin prochain. Les nationalistes seront représentés pour l’essentiel par le FLN et le RND, et les islamistes par le MSP, outre deux ou trois autres partis de même inspiration quoique de moindre implantation. D’autres listes que les leurs seront proposées aux électeurs, notamment celles des indépendants, mais cela n’implique pas qu’elles portent d’autres offres politiques. On ne peut parler en l’occurrence de listes identitaires, ou berbéristes, ceux-ci ayant opté pour le boycott, bien qu’il ne soit pas impossible qu’au final des indépendants issus de cette mouvance soient de la partie, dans l’une ou l’autre des wilayas berbérophones notamment. Pas plus que les organisations ayant pignon sur rue, les indépendants ne sont pas indépendants des grands courants de pensée, produits de la longue durée non des circonstances ou de l’histoire immédiate. Si l’on admet le fait qu’il existe bel et bien des courants dominants, et qui sont l’islamisme et le nationalisme, alors il ne faudra pas s’étonner que les résultats soient à l’avenant. La seule question qui se pose est de savoir qui des deux familles sera majoritaire. Et par suite, laquelle sera appelée à former le gouvernement. Cela dit, le chef de l’Etat n’a pas directement affaire à des courants diffus dans la société mais à des partis légaux. C’est au chef de celui qui aura remporté le plus de sièges qu’il demandera de former le gouvernement. Dans la mesure évidemment où il s’en trouvera un qui à lui seul aura engrangé une majorité de sièges. Autrement, ce sera une autre affaire.

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    Logiquement il n’y a pas lieu de supposer une abstention massive dans une élection à laquelle prennent part les formations politiques les plus importantes, en plus d’un grand nombre d’indépendants issus de la société civile. La nature même de la consultation à venir s’inscrit en faux contre une telle perspective. En Algérie, traditionnellement, les législatives et les locales donnent lieu à une participation plus grande que lors des autres échéances, présidentielles et référendums. Après tout l’appel à l’abstention dans ce cas précis provient de formations minoritaires, d’associations et d’activistes dont rien ne laisse penser qu’ils sont particulièrement influents. On ne peut leur dénier ce droit bien sûr. Une élection, ce n’est d’ailleurs pas que des votants, et des voix exprimées, mais tout autant de l’abstention, du boycott le cas échéant, et des voix blanches. Au bout du compte, tout le monde y aura pris part à sa façon, sauf, si du moins il s’en trouve, des Algériens qui n’en auront même pas entendu parler. On objectera sans doute à cela que les circonstances actuelles sont exceptionnelles, qu’il règne aujourd’hui une atmosphère particulière, que d’aucuns ne cessent de qualifier de révolutionnaire, et que pour tout cela, ce qui serait en jeu véritablement, ce n’est pas le partage des sièges à l’Assemblée et le pouvoir législatif qui s’y attache, mais le volume de l’abstention.

    S’il est aussi important que lors du référendum constitutionnel, ou davantage, cela voudra dire que la victoire à l’occasion de cette consultation sera revenue à ceux qui de façon délibérée et même concertée se sont opposés à sa tenue. Avant ce référendum, il est vrai marqué quant à lui par une faible participation, une autre échéance a eu lieu, la présidentielle, où l’abstention n’a pas été aussi considérable, bien qu’elle fût grande. Si celle-ci a été de façon nette plus importante que lors de la présidentielle, qui pourtant s’est déroulée dans le même contexte houleux, c’est probablement dû au fait que les gouvernants n’ont pas su garder mobilisés les quelque 10 millions d’électeurs du 12 décembre 2019. Ils se sont plus préoccupés en effet à cette deuxième occasion de convaincre ceux qui se nomment les hirakistes d’aller voter que d’en appeler à leurs fidèles. Une erreur de communication dont tout indique qu’ils sont revenus. Et que du reste il leur serait aujourd’hui difficile de commettre, la nature de la consultation faisant porter sur les compétiteurs le poids de la mobilisation. Aux partis et aux indépendants de donner envie aux électeurs de s’exprimer massivement, de leur accorder ce faisant la victoire. La campagne étant à sa première semaine, il n’est pas facile de voir dès maintenant s’ils en sont ou non capables. Toujours est-il qu’il semble que cette tâche soit plus facile pour les islamistes que pour les nationalistes, dont les partis, le FLN et le RND, ont été mis à mal ces derniers temps. D’anciens secrétaires généraux, deux du premier et un du second, purgent pour l’heure des peines de prison. La candidature du secrétaire général en exercice du FLN a été rejetée par l’ANIE, ce qui est un comble, sinon le coup de grâce. A la suite de quoi l’Organisation des moudjahidine elle-même a demandé que le sigle FLN lui soit enlevé.

    Le Jour d’Algérie

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, candidats, taux de participation, taux d’abstention, résultats, campagne de boycott, partis politiques, nationalisme, islamisme, 12 juin 2021,