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  • Quand Alger était la « Mecque des révolutionnaires… »

    Quand Alger était la « Mecque des révolutionnaires… »

    Algérie, révolution, Houari Boumediène – Quand Alger était la « Mecque des révolutionnaires… »

    Le soutien constant et «sans réserve» apporté par le défunt président Houari Boumediène à l’autodétermination des peuples en lutte pour le recouvrement de leur liberté avait fait qu’Alger était qualifiée de «la Mecque des révolutionnaires», ont souligné jeudi d’anciens proches de Boumediène. Lors d’une conférence sur le thème «Boumediène et l’autodétermination des peuples», organisée au centre de presse d’El Moudjahid, par l’association Machaâl Chahid, l’ancien haut responsable du FLN, M. Djelloul Melaïka, a apporté une somme de témoignages sur le soutien «sans réserve» apporté par Boumediène aux mouvements de libération à travers le monde.

    La défense des causes justes des peuples en lutte pour leur autodétermination et leur indépendance, notamment en Afrique, qui était un principe sacré du président Boumediène, avait fait dire à l’ancien militant indépendantiste bissau-guinéen, le défunt Amical Cabral, que “si les musulmans font leur prière dans les Lieux saints, les chrétiens au Vatican, les révolutionnaires la font en Algérie’’. D’où le qualificatif «Alger, Mecque des révolutionnaires», donnée par Cabral dans les années 1960, alors en déplacement en Algérie», a expliqué M. Melaïka. Il a, d’autre part, évoqué des faits relatifs à l’engagement du président Boumediène pour les causes des peuples colonisés, surtout en Afrique, en citant le cas du Mozambique, de la Guinée-Bissau, du Cap vert, alors sous-occupation portugaise, rappelant que Boumediène avait refusé de nouer des relations diplomatiques avec le Portugal du dictateur Salazar.

    Le soutien aux militants anti-apartheid avait conduit Boumediène, selon M. Melaïka, à recevoir Nelson Mandela et ses compagnons à la frontière algéro-marocaine avant l’indépendance de l’Algérie, ce qui avait été la cause de l’arrestation du leader de l’ANC à son retour en Afrique du Sud. «Non seulement, Boumediène soutenait les mouvements de libération dans le continent noir, le Monde arabe et l’Amérique latine, mais il accueillait les leaders indépendantistes en Algérie, où ils étaient formés politiquement et militairement», a-t-il ajouté.

    S’agissant de la lutte du peuple palestinien, le président Boumediène avait laissé sa fameuses expression : «L’Algérie est avec la Palestine à tort ou à raison», a-t-il encore rappelé. Boumediène a également fait du soutien à l’indépendance du peuple sahraoui sous domination marocaine, un principe puisé de l’expérience de l’Algérie en tant qu’ancien pays colonisé, a dit M. Melaïka, ajoutant qu’il a même convaincu le général Franco de reconnaître que la question sahraouie est un problème de décolonisation.

    Sur le même sujet, M. Abderrazak Bouhara, vice-président du Conseil de la nation, a apporté son témoignage notamment sur le cas du Vietnam, où il était ambassadeur, en soulignant que Boumediène soutenait «sans réserve» la lutte du peuple vietnamien pour son indépendance dans les années 1960 et 1970. «La position de l’Algérie vis-à-vis de la lutte du peuple vietnamien avait amené les leaders vietnamiens à demander à Boumediène de nouer des relations diplomatiques avec les Viet-minhs formant le gouvernement du Laos pour, selon eux, aider la cause du Vietnam, en étant en contact avec les ambassades occidentales sur place», a-t-il dit. M. Bouhara a expliqué que la défense du droit des peuples colonisés à l’autodétermination a été héritée par Boumediène du mouvement national, mais aussi de sa formation politique en Egypte auprès des étudiants qui militaient pour l’indépendance des pays du Maghreb.

    L’engagement de Boumediène aux côtés des causes justes de par le monde a été également réaffirmé par les représentants de l’Autorité palestinienne et du Front Polisario, qui ont souligné l’aide apportée par l’Algérie à ces causes encore aujourd’hui, sans issue.

    Mme Anissa Boumediène, l’épouse du défunt, a quant à elle a affirmé que le Président était «pragmatique» dans ses positions de soutien aux peuples en lutte pour leur liberté, «privilégiant les faits aux paroles». Mme Boumediène a appelé, à cette occasion, les anciens collaborateurs ayant côtoyé le président défunt de transmettre aux générations actuelles et à venir leurs témoignages.

    El Watan, 27/12/2008

    #Algérie #Révolution #Autodétermination #Colonialisme #Afrique #Impérialisme

  • Burkina Faso: Thomas Sankara, le Che africain

    Burkina Faso: Thomas Sankara, le Che africain

    Tags : Burkina Faso, Thomas SankaraAfrique, Révolution – Burkina Faso: Thomas Sankara, le Che africain

    AA/ Ouagadougou / Dramane Traoré

    Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè, assassiné en octobre 1987 avec douze de ses compagnons d’infortune, demeure une boussole pour la jeunesse africaine, d’où la nécessité de lui rendre justice, ont expliqué des experts à l’Agence Anadolu.

    Le procès de l’assassinat de Thomas Sankara, et douze de ses compagnons assassinés le 15 octobre 1987 à Ouagadougou, a démarré le 11 octobre 2021 à Ouagadougou, devant un tribunal militaire.

    Quatorze personnes majoritairement des militaires, dont le Président déchu Blaise Compaoré, qui vit en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute en 2014, et son bras droit le général Gilbert Diendéré, sont mis en accusation dans ce dossier pour des faits de « crimes d’attentat à la sûreté de l’Etat, assassinat, faux en écriture publique, recel de cadavres… ou complicité de ces infractions ». Le général Gilbert Diendéré qui purge déjà une peine de 20 ans dans le dossier du coup d’Etat manqué de 2015, a plaidé non coupable.

    C’est en 2015, que le dossier de l’assassinat de Sankara, considéré comme le « Che Guevara africain », en berne sous le règne de Compaoré, a été rouvert après la chute de ce dernier par une insurrection populaire en octobre 2014.

    Thomas Sankara, né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat le 04 août 1983 et avait entrepris de nombreuses réformes dans son pays qui était parmi les plus pauvres du monde.

    Pour commencer, il change le nom du pays Haute-Volta en Burkina Faso qui veut dire patrie des hommes intègres en langue nationale (combinaison du moré et du dioula).

    « Sankara reste un symbole de la lutte contre l’impérialisme et les inégalités et de la promotion d’un développement endogène. C’est pour cela qu’il demeure une boussole pour la jeunesse africaine (…) », a déclaré à l’Agence Anadolu, Isidore T. Compaoré, sociologue.

    – Lutte contre l’impérialisme

    « Dans le cadre de notre lutte et de notre pratique anti-impérialiste, c’est de nos mentalités que nous devrons extirper les schémas de pensée qui, s’ils affirment s’appliquer à notre peuple, font malheureusement des détours à l’étranger vers des espaces culturels totalement différents de nos réalités, quand ce ne sont pas des centres culturels bourgeois capitalistes porteurs du fléau de la domination impérialiste. Notre anti-impérialisme concret et conséquent sera d’abord la toilette de nos mentalités pour nous débarrasser des réflexes de néo-colonisés (…) », avait déclaré Sankara dans un discours tenu le 4 août 1986.

    « Sous-développés nous le sommes. Nous ne le sommes que dans notre esprit d’abord. Mais, camarades, par rapport à qui, par rapport à quoi sommes-nous sous-développés ? Nous ne devons pas nous laisser imposer un rythme de marche, un modèle de société que les censeurs impérialistes ont créé pour dompter notre peuple. (…) », a-t-il ajouté.

    Sur le plan culturel, il déclarait que « la culture que notre petite bourgeoisie impose criminellement à notre peuple, c’est la culture occidentale. L’adoption de cette culture occidentale, si elle a des mérites, ne peut être un enrichissement que si elle est librement donc sélectivement vécue. Il nous faut alors nous protéger contre la domination culturelle ».

    – Education et émancipation de la femme

    Sankara avait également anticipé sur l’émancipation de la femme, précise, pour sa part, Micheline Sanou, universitaire et analyste politique, faisant référence au discours d’orientation politique du conseil national de la révolution, tenu en 1983.

    Dans ce discours, a-t-elle affirmé à AA, Sankara, soulignait que c’est une « nécessité fondamentale » pour le triomphe de la Révolution de défendre la cause de la femme, car, celle-ci porte en elle « l’autre moitié du ciel ».

    Dans un article scientifique publié en 2007 et intitulé « École, langues, cultures et développement » dans lequel Géraldine André, sociologue de l’éducation chargée de recherche à l’Université libre de Bruxelles en Belgique, analyse les politiques éducatives, linguistiques et culturelles postcoloniales au Burkina Faso, il ressort que Sankara avait également fait de la valorisation de l’éducation l’une de ses priorités.

    Les fonctionnaires se voient initiés à l’alphabétisation en langues nationales et les membres du gouvernement obligés de s’adresser en langues nationales aux populations, selon l’auteure qui ajoute que d’énormes progrès sont réalisés en matière de promotion de la danse et de la musique, mais aussi du cinéma.

    Les mesures et les politiques éducatives essentiellement de masse, se traduisent par un accroissement significatif des infrastructures scolaires, a-t-elle écrit.

    « Nous comptons nous attaquer au contenu et au contenant de l’éducation. Quand le colonisateur a ouvert des écoles, il n’avait pas des intentions de mécène ou de philanthrope, il avait plutôt le souci de fabriquer des commis aptes à occuper les postes utiles à son système d’exploitation. Pour nous, il s’agit, aujourd’hui, de donner à l’école une nouvelle valeur afin qu’elle forme l’homme nouveau, qui connaît des concepts, qui les assimile, qui s’insère harmonieusement et totalement dans la mouvance et la dynamique de son peuple (…) », déclarait Sankara dans son discours d’orientation en 1986.

    – Mécontentements internes et externes

    Sankara qui commençait à marquer les esprits, va rapidement faire face à des mécontentements internes et externes, comme l’a évoqué l’un des principaux accusés, Gilbert Diendéré à la barre le 9 novembre 2021.

    Il a expliqué qu’à l’époque, la situation était marquée par des tracts et des rumeurs selon lesquelles Thomas Sankara voulait arrêter Blaise Compaoré et que ce dernier préparait un coup d’Etat. Une situation qui avait installé un climat de méfiance entre les gardes des deux personnalités, selon lui.

    Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara, tombe sous les balles d’un commando. Il s’agira du cinquième coup d’État réussi dans ce pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, depuis son accession à l’indépendance en 1960.

    Son ami et conseiller principal, et numéro deux du régime, le capitaine Blaise Compaoré prend le pouvoir.

    La responsabilité de certaines puissances occidentales dans cet assassinat, notamment la France, a été évoquée. A ce jour, il n’existe pas de preuves d’une telle implication. Mais le doute persiste.

    AA, 18/11/2021

    #BurkinaFaso #ThomasSankara #BlaiseCompaoré

  • Le caractère sacré de la Révolution algérienne

    Le caractère sacré de la Révolution algérienne – L’ANP est le prolongement naturel de l’ALN, imprégnée des mêmes valeurs et principes et plaçant l’intérêt national au-dessus de tout

    La valeureuse Armée de libération nationale est née des souffrances endurées par le peuple et a constitué le cadre fondateur de la Révolution libératrice, dont l’épopée, passée à l’éternité, a été déclenchée le 1er novembre 1954 par un groupe de jeunes qui croyaient en la justesse de la cause, et qui s’est vu successivement renforcer par une adhésion massive dans les rangs de la jeune Révolution, constituant ainsi un courant impétueux tout de sacrifices et d’héroïsme, qui sera couronné, après des années de lutte acharnée, par une victoire éclatante.

    Les glorieux Chouhadas et Moudjahidine ayant foi en l’aide de Dieu et forts du soutien de leur profondeur populaire, ont bravé l’impossible et conféré à notre Révolution libératrice sa dimension mondiale. Ils ont ainsi impacté, et quel impact, le cours des événements tant aux plans régional qu’international.

    Ainsi, l’ancrage des valeurs du glorieux Novembre et de ses nobles principes dans le cœur des fidèles, constitue une feuille de route idéale et sûre et ceux qui la suivront ne seront jamais déçus. Comment décevrait-elle ceux qui suivront cette voie alors que ses axes fondamentaux ont été définis par nos valeureux Chouhadas. Des repères, et nous le constatons chaque jour, qui continuent de conquérir le cœur des fidèles, leur insufflent le sentiment de fierté, de fidélité, de loyauté et d’orgueil envers l’ALN, artisan de cette grande épopée.

    Durant la Révolution bénie, l’armée était à l’avant-garde, portant les espoirs et les aspirations de la Nation. Elle jouissait d’une confiance absolue quant à leur concrétisation, d’autant plus qu’elle s’est dressée avec force face à l’occupant oppresseur, consentant des sacrifices rarement connus dans l’Histoire, bénéficiant de la loyauté et de la fidélité du peuple qui, à son tour, l’a adoptée et renforcée, donnant ainsi une des plus expressives images de cohésion, d’harmonie et de solidarité, jusqu’à la concrétisation de l’objectif sacré de l’émancipation, de la libération et de la reconstruction de l’Etat algérien indépendant.

    Après le recouvrement de la souveraineté nationale, les ennemis d’hier et d’aujourd’hui ont réalisé que l’ANP est le prolongement naturel de l’ALN, imprégnée des mêmes valeurs et principes et plaçant l’intérêt national au-dessus de tout.

    Voilà pourquoi certaines voix se sont élevées dans le but d’ébranler la confiance régnant entre le peuple et son armée et de briser le lien fort les unissant afin qu’il leur soit facile de mettre en péril le devenir de l’Algérie et de ses constantes.

    A cette fin, cette bande de traîtres et de comploteurs tente d’exploiter la conjoncture que traverse notre pays pour saper les fondements de l’Etat national à coup de slogans creux, dans le but d’abus sur l’opinion publique nationale et plonger le pays dans le chaos et l’insécurité.

    Ceux qui ont vendu leur honneur et leur dignité en s’alliant avec les ennemis qui ont attaqué la Patrie, abusé le peuple, répandu des rumeurs et fabriqué de toutes pièces des mensonges, ont mis fin au dernier espoir de repentance et de retour dans le giron de la mère Patrie et coupé le dernier fil les reliant à l’Algérie. Aussi, leurs attaques, leurs obscénités et leurs grossièretés ne les honorent point comme ils n’affectent en rien les convictions des hommes honnêtes et les croyances des femmes sincères.

    Quant aux ennemis historiques et traditionnels, ils ne pourront jamais ébranler la détermination des dignes fils de la Nation algérienne ni jeter la suspicion sur leur appartenance, leur civilisation et leur combat, tant que chaque Algérien authentique, au fait de l’Histoire de sa Nation, aura retenu les leçons et fait siennes les recommandations des ancêtres.

    Dès lors, toutes ces conspirations et intrigues, ourdies depuis l’autre rive ou à nos frontières, seront vouées à un cuisant échec, à l’exemple du sort de nombreux autres complots.

    C’est ce qu’a souligné Monsieur le général de corps d’armée, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire dans son ordre du jour à l’occasion du 67e anniversaire du déclenchement de la Révolution, en affirmant : «Voilà qu’aujourd’hui des voix de certains néo-colonialistes s’élèvent pour titiller les sentiments de certains extrémistes à travers la justification des crimes odieux de la colonisation dans notre pays et prétendant que la Nation algérienne n’existait pas avant l’occupation. Tout cela afin que notre existence ne s’enracine pas dans un monde où le conflit des civilisations fait rage et où les nations s’affrontent afin d’affirmer leur prééminence et leur existence séculaire, dans le but de rompre le lien sacré entre notre peuple et son Histoire et se fonde dans les projets des autres… Mais leur quête sera déçue et notre Histoire et Novembre demeureront à jamais une épine dans leur gorge, tant que le peuple algérien sera fier de sa glorieuse Histoire et de ses valeurs civilisationnelles ancestrales.»

    Enfin, à l’occasion du 67e anniversaire de la Révolution éternelle de Novembre, nous nous inclinons à la mémoire de nos valeureux Chouhadas et de celles des Martyrs du devoir national, comme nous appelons les fils fidèles et loyaux de l’Algérie à préserver la pureté de la pensée et la droiture du comportement adopté par les artisans de l’épopée de Novembre, à préserver les principes de notre Révolution éternelle qui, hier, avait libéré l’Algérie, et qui, tout autant, préservera l’Algérie aujourd’hui et assurera son avenir demain. C’est une lourde responsabilité qu’il nous incombe tous d’assumer avec fierté et sincérité, car notre Patrie est un legs des Chouhadas que nous devons toujours préserver, consolider et placer au-dessus de toute considé

    El-Djeich n°700, novembre 2021

  • Algérie : Salah Goudjil met les points sur les « i »

    Algérie : Salah Goudjil met les points sur les « i » – La révolution de Novembre n’a jamais été ni badissienne, ni messamliste, ni communiste, ni manifestiste. C’est une révolution sans Zaim, sans direction individuelle ni hégémonie partisane.

    A la veille de la célébration du 67éme anniversaire du déclenchement de la Révolution, qui mieux que Salah Goudjil, président du Conseil de la Nation et compagnon de Mustapha Ben Boulaid pour nous rappeler ce et ceux qui sont et pour l’histoire et pour l’Eternité les acteurs du « Novembrisme ». Dans un communiqué rendu public dimanche par le Conseil de la Nation et qui se veut de sa part une mise au point aux velléités de falsification de l’épopée révolutionnaire que « la révolution de Novembre qui a libéré le pays et l’Homme, demeurant encore une référence dans le monde en matière des valeurs de liberté, de souveraineté, de dignité, d’indépendance… Cette révolution n’a jamais été ni badissienne, ni messamliste, ni communiste, ni manifestiste (par rapport au Manifeste de Ferhat Abbas)…C’est une révolution sans Zaim, sans direction individuelle ni hégémonie partisane », écrit Salah Goudjil, qui fait aujourd’hui figure de référence en sa qualité de témoin encore vivant.

    Poursuivant son propos sur la rupture stratégique provoquée par la démarche novembriste par rapport précédentes formation politiques, Salah Goudjil ajoute que « au moment où les six chefs historiques ont pris le 23 octobre 1954 leur décision de déclencher la révolution , ils sont tous renoncer à leur appartenances politique précédentes pour se réunir sous un seul mot d’ordre +Par le Peuple et pour le peuple+, sous la bannière du FLN et de l’ALN pour provoquer l’étincelle qui a embrasé le pays et tout ce qui se produira après ».

    La sortie de Salah Goudjil intervient certes, à la veille de la célébration du lancement de la révolution, lais au –delà de son caractère protocolaire, elle intervient dans un contexte polémique, suite à une précédente déclaration de sa part en milieu de semaine dans laquelle il avait mis en garde contre « la falsification de l’histoire » par des figures du courant islamiste qui veut arrimer le Novembrisme au badissisme.

    « La révolution, c’est Novembre tout court, +Novembria- Badissia est une supercherie », s’est –il insurgé, dénonçant dans la même foulée la falsification de l’histoire et l’enseignement des mensonges dans les écoles et les universités ». La sortie médiatique du président du Conseil de la Nation n’a pas été du goût des islamistes qui ont lancé lors des manifestations du Hirak le slogan « Badissia –Nouvembria » pour s’opposer au courant laïco-nationaliste qui revendique la paternité de la Révolution tout en cherchant à vendre la version selon laquelle cette révolution est d’essence badissienne.

    Si la plupart des figures politiques qui se réclament aujourd’hui de la « Badissia –Novembria » ont accusé le coup, notamment l’Association des Oulémas de Chikh Guessoum et Abderzak Makri du MSP, Abdelkader Bengrina et sans vouloir s’attaquer frontalement à Salah Goudjil a expliqué dans une déclaration sur Echourouk TV dans laquelle il a souligné que les promoteurs du slogan en question (Baddissia-Nouvembria)n’entendaient pas « falsifier l’histoire », mais tenaient à « faire face au courant laic qui voulait détourner le Hirak de ses objectifs »

    H. Khellifi

    L’Est Républicain, 01/11/2021

  • Algérie. « O! montagne aucun vent ne te secouera »

    Algérie. « O! montagne aucun vent ne te secouera » – 67 ans se sont écoulés depuis le déclenchement de la glorieuse guerre de libération.

    1er novembre 1954, 1er novembre 2021. 67 ans se sont écoulés depuis le déclenchement de la glorieuse guerre de libération. Une guerre qui aura duré plus de sept ans et fait un million et demi de martyrs qui se sont sacrifiés pour que vive libre l’Algérie après 132 ans de présence française, marquée par une politique de la terre brûlée et une sauvagerie inouïe où toutes les violences ont été exercées sur un peuple qui a dû faire face à une longue et insoutenable nuit coloniale.

    Aujourd’hui les Algériens fêtent ce 1er novembre dans une conjoncture particulière où les ennemis d’hier et d’aujourd’hui ont pris pour cible notre pays à travers de sales campagnes médiatiques et des attaques systématiques qui ciblent notre unité et notre stabilité. Tous les moyens sont mis en branle pour faire taire la voix d’un pays qui a de tout temps exprimé fortement ses opinions et ses positions en faveur des peuples qui luttent encore pour leur indépendance et leur liberté, et en premier desquels viennent les peuples sahraoui et palestinien.

    Mais qu’ils se trompent ces haineux en croyant pouvoir changer les positions d’un pays comme l’Algérie où le peuple et les dirigeants partagent des convictions inébranlables puisées d’un long combat qui a cimenté l’unité d’une grande nation, qui dérange aujourd’hui tous ces lâches qui tentent désespérément de porter atteinte à notre pays.

    L’Algérie n’est pas une proie facile, et son histoire jalonnée de luttes et de combats héroïques et ininterrompus devrait les renseigner sur leurs vaines tentatives. L’Algérie d’aujourd’hui, forte de son armée et de son peuple et de son unité saura faire face à toutes ces vils campagnes de déstabilisation et de provocations qu’elles viennent du makhzen et de son nouveau allié sioniste ou de l’ancienne puissance coloniale et ses nostalgiques et racistes défenseurs de l’Algérie française.

    Les uns comme les autres, en cette veille de commémoration du déclenchement de notre glorieuse révolution, doivent comprendre que l’Algérie est plus grande qu’eux et leurs sales manigances. Et comme dirait le défunt leader palestinien Yasser Arafat «O! Montagne aucun vent ne te secouera» (ya jabal mayhazak rihe»).

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 01/11/2021

  • Le colonialisme honte du 20e siècle

    Le colonialisme honte du 20e siècle – Le 1er novembre 1954 est une révolution au sens plein du terme, qui inspira tous les peuples colonisés, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine

    Conséquence d’un long processus de maturation du mouvement national, le 1er novembre 1954, comme le font accroire certains historiens malintentionnés, est loin d’être un acte sui generis, un coup de tonnerre dans un ciel serein. C’est une révolution au sens plein du terme, qui inspira tous les peuples colonisés, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Alger Mecque des révolutionnaires n’a pas été un slogan creux.

    Novembre 1954 est le résultat logique d’un échec cruel du légalisme modéré prôné par l’aile réformiste algérienne.
    Sous la bannière du Front de libération nationale, son unique représentant, le peuple algérien engagea une lutte armée contre un colon qui se considérait comme le seul propriétaire de l’Algérie.
    Un colonialisme de peuplement qui s’est installé dans une «perspective d’éternité», comme le dit si justement Frantz Fanon.

    Pour l’occupant, «l’indigène» n’avait devant lui que le refoulement, l’assimilation, si tant est qu’elle lui fut concédée, ou l’extermination.
    Novembre 1954 était l’amorce d’une guerre de sept ans et demi, la plus meurtrière qu’un peuple ait menée.
    Cette oppression dont parle avec lucidité Fanon s’est exercée sous des formes de violence extrême et continue, depuis l’occupation par le sabre et par le feu du territoire en 1830.

    L’histoire de cette colonisation se distinguera à jamais par les stigmates de la dévastation systématique, à coups de génocides, de spoliations, de tentatives d’aliénation, d’exil et de déracinements.
    Le colonialisme, cette honte du XXe siècle, selon la juste formule de Jacques Duclos, aura mené jusqu’au bout son œuvre diabolique.

    Ce rappel succinct des faits historiques les mieux attestés, qui peut apparaître comme un truisme, est nécessaire pour démontrer combien l’œuvre prétendument «civilisatrice» du colonialisme est une falsification éhontée de l’histoire, un acte contre nature.
    C’est ce qu’essaie d’accréditer, de manière grotesque, un révisionnisme hexagonal, porté à bout de bras par des théoriciens et des folliculaires, jamais remis de leurs illusions.

    L’immensité des tâches révolutionnaires, conduites par des hommes acquis incontestablement à l’obligation d’une lutte armée, a sommé tout un peuple de puiser dans ses ressources les plus insoupçonnées pour prendre en main son propre destin. Aujourd’hui, plus que jamais, l’écriture de notre histoire est plus qu’une exigence, c’est un devoir et une responsabilité à assumer envers les générations présentes et futures.

    Il s’agit d’un long passé millénaire à fructifier et à consolider, pour affirmer une cohésion nationale que tentent de briser des manœuvres criminelles de cercles et d’officines qui orchestrent une croisade haineuse, avançant à visage découvert sans honte ni pudeur, foulant au pied le sacrifice de millions de chouhada, déniant aux Algériens leur existence en tant que nation et société.

    Le champ de l’histoire algérienne est une richesse et un excellent capital mémoriel, une source de fierté.
    La valorisation de la Mémoire et sa transmission à la jeunesse sont le meilleur gage d’immunisation et d’attachement à la patrie. Une jeunesse capable de résister contre ceux qui ne se résignent pas à admettre que l’Algérie est indépendante depuis le 5 juillet 1962.

    EL MOUDJAHID, 01/11/2021

  • Algérie. La force d’une grande histoire

    Algérie. La force d’une grande histoire – les Algériens trouveront dans leur passé révolutionnaire et dans leur longue lutte contre la France coloniale, cette union qui leur a permis de dépasser et vaincre toutes les difficultés.

    Les Algériens célèbrent lundi le 67ème anniversaire du déclenchement de la glorieuse guerre de libération nationale. Un premier novembre qui coïncide avec une conjoncture particulière où les ennemis de la nation redoublent de manipulations et de provocations face à un peuple qui continue de pas ferme sa glorieuse marche vers le développement avec la même jalousie pour sa souveraineté et la même foi inébranlable dans sa force.
    Une force puisée des convictions de ces hommes, qui tout au long de la période coloniale, n’ont jamais abdiqué ou renoncé malgré la terrible barbarie exercée pendant plus de 132 ans par un colonisateur qui a eu recours à toutes les horreurs pour faire plier le peuple algérien, qui a toujours trouvé la force et les ressources pour se relever et se défendre à travers les résistances populaires aux quatre coins du pays jusqu’au déclenchement de la guerre de libération en ce jour béni du 1er novembre 1954.

    Aujourd’hui que les sales campagnes se multiplient contre nos pays, fomentées par le colonisateur d’hier et un makhzen haineux qui est allé jusqu’à s’allier avec l’ennemi juré de la nation arabe et musulmane qu’est l’entité sioniste, les Algériens trouveront dans leur passé révolutionnaire et dans leur longue lutte contre la France coloniale, cette union qui leur a permis de dépasser et vaincre toutes les difficultés.

    La France, le Maroc et son allié sioniste trouveront à qui parler s’ils jamais ils oseront tenter une quelconque action contre notre pays, comme l’a clairement signifié le président Abdelmadjid Tebboune dans sa rencontre avec les représentants de la presse nationale le 9 octobre dernier « Certes, avait déclaré le chef de l’État, il n’est pas facile d’aller vers un affrontement direct, mais l’Algérie ira vers cette éventualité en cas d’extrême nécessité. Qui nous cherche nous trouve» a asséné le président Tebboune, qui rappellera à la même occasion à la France que «le temps de la colonie est révolu, la France doit changer d’approche, elle doit savoir que l’Algérie n’abdique à personne, elle est fidèle au serment de ses valeureux martyrs».

    Des mots qui résonnent avec force et ravivent la fierté légendaire de tout un peuple, en cette veille de commémoration d’un premier novembre bien particulier pour l’Algérie et les Algériens convaincus de leur destin commun et de leur force face à toutes les épreuves. Notre histoire est là pour le rappeler à tous nos ennemis.

    Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 30/10/2021

  • Quand le Hirak transfigura le peuple algérien

    Quand le Hirak transfigura le peuple algérien. Chaque vendredi, les Algériens troquaient le tapis contre l’asphalte pour faire vibrer la rue de leurs cris de révolte entonnés en chœur contre le système.

    Dès le 22 février 2019, des mois durant, l’Algérie était devenue La Mecque de la contestation. Tous les humbles regards prolétaires du monde entier se tournaient vers l’Algérie, secouée par l’irruption inattendue des forces telluriques populaires, pour prier en chœur à la victoire du peuple algérien en lutte contre le système, l’injustice sociale, le despotisme politique, la dictature de l’argent, l’omnipotence de l’oligarchie prédatrice des deniers publics. Chaque mardi et vendredi, sur leur écran, ils dirigeaient leurs espoirs sur cette Algérie revigorée, rénovée, portée par une jeunesse avide de liberté et d’égalité sociale.

    Chaque vendredi, les Algériens troquaient le tapis contre l’asphalte pour faire vibrer la rue de leurs cris de révolte entonnés en chœur contre le système. Les Algériens troquaient la prosternation religieuse contre la protestation politique. La soumission au Ciel contre le soulèvement contre les cimes du pouvoir du pharaon Bouteflika qui avait momifié l’Algérie par la dévitalisation des forces sociales et intellectuelles du pays, réduit à l’état de cadavre économique à force d’éviscérations financières opérées sur les richesses de la nation par les équarisseurs de la République. Les Algériens troquaient le silence étouffant des salles de prière contre le grondement expressif de la révolte joyeuse piétonnière.

    Le paradis céleste hypothétique impalpable contre l’Eden terrestre, réellement authentique à portée de main. La discrimination sexuelle des lieux de prière contre la mixité égalitaire humaine dans les espaces publics de liberté en lutte. Les Algériens troquaient la peur individuelle des autorités divine et étatique contre l’assurance téméraire collective du peuple désormais confiant en sa force combative inébranlable et invincible. Troquaient la résignation religieuse au sort de l’homme contre l’indignation politique pour révolutionner la vie de l’Algérien. Troquaient la controverse stérile religieuse, vectrice de division, contre le débat politique fécond ferment d’union nationale.

    Les discussions irrationnelles sur la taille de la barbe et la longueur du hijab contre le débat rigoureux portant sur la forme de gouvernement démocratique à établir collectivement et sur le projet de société égalitaire à instaurer en Algérie. Troquaient la tristesse déprimante d’une vie studieuse écrasée par la misère contre l’enchantement galvanisant de la nouvelle existence séditieuse, animée d’une intrépide volonté de transformer la société algérienne pour une vie sociale meilleure, une scène politique assainie, une économie purifiée mise au service des besoins sociaux et non du profit, encore moins d’une caste gouvernementale. Troquaient les dommageables dissensions ethniques et religieuses préjudiciables au pays contre l’union du peuple laborieux algérien, édifiée au-delà de ses artificiels clivages archaïques et crispations identitaires souvent actionnés par un clan du pouvoir aux fins de cultiver et de fomenter la pernicieuse division, profitable qu’aux oligarques maffieux du régime pharaonique de Bouteflika.

    Les Algériens troquaient l’illusoire croyance en tous les partis d’opposition affidés contre l’affirmation du peuple laborieux algérien d’être l’unique véridique et probe représentant collectif oppositionnel, apte à apporter le changement, agent de la transformation socioéconomique et politique authentiquement révolutionnaire. Troquaient la focalisation du regard vers l’Orient féodal contre l’orientation de la vision sur des optiques culturelles et cultuelles nationales conformes aux valeurs algériennes contemporaines et à la modernité universelle progressiste. Troquaient la propension renégate de la fuite vers l’Occident décadent, notamment la France raciste, contre la proclamation patriotique de bâtir leur destin hic et nunc dans leur propre pays révolutionné.

    Troquaient la mentalité du colonisé instillé et entretenu par les pouvoirs dominants locaux vassalisés contre l’esprit révolutionnaire déterminé à rendre gorge aux exploiteurs autochtones, et résolu à combattre les impérialistes de tous bords convoitant les richesses de l’Algérie ou animés par des velléités de déstabilisation du pays.

    Troquaient la posture de pions sur l’échiquier national manœuvré par des imposteurs révolutionnaires des frontières contre la fonction de maîtres des enjeux politiques de la nation, résolus à se réapproprier les règles du jeu du sort du pays depuis 1962 écrasé par la loi du plus fort, parasité par l’esprit gouvernemental retors.

    Troquaient les mœurs patriarcales discriminatoires perpétuées perversement par les islamistes contre l’esprit d’égalité des sexes, catalyseur d’une nouvelle société algérienne fondée sur des rapports égalitaires authentiquement humains entre hommes et femmes.

    Troquaient la mentalité archaïque fossilisée prisonnière de traditions tribales, sous couleur berbéristes kabyles, contre l’esprit rationnel enfin mûr pour se mettre en phase avec notre époque scientifique, servant de tremplin au développement de la critique radicale, à l’épanouissement de controverses philosophiques et politiques fructueuses, vectrices de projets d’émancipation et d’égalisation sociale, de programmes économiques aptes à opérer hic et nunc l’industrialisation et la modernisation de l’Algérie.

    Khider Mesloub

    Le Quotidien d’Oran, 24/10/2021

  • Le soulèvement des jeunes dans le monde entier : Du Myanmar à la Tunisie

    Nahid Riyasad

    De nombreux commentateurs politiques du monde entier ont déclaré que l’urgence sanitaire a aidé les gouvernements non démocratiques à resserrer leur emprise. Face à un gouvernement répressif, les jeunes du Myanmar, de Tunisie, de Bangkok et de l’Inde voisine sont descendus dans la rue. Nahid Riyasad nous parle du soulèvement de la jeunesse dans le monde.

    La pandémie de COVID-19 a apporté une perturbation indésirable dans le parcours scolaire de plus d’un milliard d’étudiants dans le monde. Cela ne signifie pas pour autant que la jeune génération passe son temps devant l’écran de manière improductive.

    Aux quatre coins du monde, les jeunes descendent inlassablement dans la rue pour protester contre la répression systémique, s’opposer au régime militaire, exiger le rétablissement de la démocratie et combattre les politiques pro-entreprises des gouvernements.

    Bon nombre de ces protestations étaient déjà en cours avant l’apparition du COVID-19 et ce que nous observons aujourd’hui est le résultat des mauvaises décisions politiques et des intentions répressives des États pour faire face à la crise créée par la pandémie.

    MYANMAR

    Après que les militaires du Myanmar ont pris le pouvoir le 1er février 2021, au moins 138 personnes, dont des enfants, ont été tuées lors de manifestations. Plus de 2 100 personnes, dont des journalistes, des militants et des étudiants, ont été arrêtées, selon le groupe de défense Assistance Association for Political Prisoners. Toutefois, des rapports non officiels indiquent que les chiffres sont beaucoup plus élevés.

    L’armée a justifié sa prise de pouvoir en alléguant une fraude électorale généralisée lors des élections générales de novembre 2020, qui ont donné une victoire écrasante au parti de Suu Kyi. Ce n’était que le deuxième vote démocratique depuis que la précédente junte a entamé une série de réformes en 2011.

    Les jeunes générations ont donc vécu dans une atmosphère comparativement plus démocratique que les générations précédentes, ce qui explique la participation massive des jeunes aux manifestations depuis février. En outre, sous forme de désobéissance civile, des milliers de cols bleus et blancs sont dans les rues et perturbent efficacement les services bancaires, les services de santé et l’administration.

    Parmi les manifestants, les groupes de défense des droits des minorités ethniques sont également actifs ; ils se battent depuis longtemps pour une plus grande autonomie de leurs terres et exigent également l’abolition de la constitution de 2008 écrite par les militaires et l’instauration d’une démocratie fédérale.

    La participation massive des jeunes montre qu’ils n’ont pas l’intention de laisser tomber la décennie de réformes politiques, de libéralisation économique et d’avancée vers une démocratie hybride.

    TUNISIE

    C’est le pays qui a lancé le Printemps arabe en 2011 et les jeunes de ce pays d’Afrique du Nord descendent à nouveau dans la rue. Plus d’un tiers de ses jeunes sont au chômage et plus d’un cinquième de sa population vit sous le seuil de pauvreté, selon les registres de l’Institut national des statistiques. Ces facteurs alimentent les protestations des jeunes.

    Les autorités répondent avec force aux protestations afin d’entraver toute chance que 2011 – qui a mis fin au règne de 23 ans de Zine El Abidine Ben Ali – se reproduise. L’armée est déployée dans au moins quatre endroits stratégiques du pays pour étouffer les protestations.

    Les raisons spécifiques de ces protestations généralisées ne sont toujours pas précisées, mais le mécontentement économique des jeunes est au centre de l’affrontement.

    Lors des manifestations qui ont débuté à la fin du mois de janvier, les manifestants ont été vus portant des pancartes avec des mots tels que « L’emploi est un droit, pas une faveur ». Selon les médias locaux, les manifestants sont en colère contre les promesses non tenues du président démocratiquement élu Kaïs Saied et de son gouvernement.

    Les jeunes manifestants utilisent beaucoup les plateformes de médias sociaux pour organiser les protestations. Une tendance similaire chez les jeunes a été observée dans le cas de l’Algérie voisine, où un mouvement de protestation mené par des jeunes a forcé son dirigeant de longue date à quitter le pouvoir en 2019.

    THAILANDE

    Les jeunes THAILANDAIS sont descendus dans la rue pendant la majeure partie de l’année 2020 et ont entamé l’année 2021 avec plus d’intensité. L’aspect le plus unique des récentes manifestations en Thaïlande, auxquelles participent principalement des jeunes et des étudiants, est leur critique publique de la monarchie.

    Les protestations ont été déclenchées par la dissolution du Parti de l’avenir par la Cour constitutionnelle fin février 2020. Ce parti critiquait sérieusement le premier ministre Prayut Chan-o-cha.

    Cette première vague de protestations s’est déroulée exclusivement sur les campus universitaires et a été interrompue par la pandémie de COVID-19. Les protestations ont repris le 18 juillet avec une grande manifestation organisée par l’organisation Free Youth umbrella à Bangkok.

    Les manifestants demandent des réformes de la monarchie, qui est protégée par une série de lois strictes, et dont la violation d’un article peut conduire quelqu’un en prison pour une très longue période. Les jeunes veulent un contrôle du pouvoir et des dépenses financières du roi.

    La demande de mettre fin aux coups d’État militaires – le pays en a connu au moins 20 au cours des dernières décennies – est une préoccupation majeure des manifestants.

    TURQUIE

    Les étudiants de l’université Boğaziçi, l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus acclamés de Turquie, ont commencé à protester contre la nomination de leur recteur. Le recteur nommé par l’État, Melih Bulu, est une figure du monde des affaires qui s’est présenté comme candidat parlementaire du parti de la justice et du développement au pouvoir en 2015.

    Cette nomination sert de catalyseur à l’escalade des protestations étudiantes et les jeunes désabusés et sous-employés expriment leurs frustrations à l’égard du gouvernement du président Recep Tayyip Erdoğan.

    La décision de nommer Bulu a été dénoncée comme antidémocratique par les membres de l’université, et largement interprétée comme une tentative du gouvernement d’infiltrer l’une des dernières institutions de gauche du pays. Bulu est le premier recteur choisi en dehors de la communauté universitaire depuis le coup d’État militaire de 1980 en Turquie.

    Des milliers d’étudiants et de jeunes sont descendus dans les rues des grandes villes de Turquie au début du mois de février 2021 pour protester contre cette décision. Les autorités ont arrêté au moins 250 personnes à Istanbul et 69 autres à Ankara, dont la plupart étaient des étudiants, selon les médias locaux.

    Le gouvernement Erdoğan reçoit le soutien des citoyens les plus âgés pour le développement de ses infrastructures, mais les jeunes ont des mentalités différentes. Sans compter qu’après les manifestations, le président a qualifié les manifestants de « terroristes » et de « jeunes LGBT », ce qui n’a fait qu’attiser la colère des manifestants.

    La génération Z de Turquie n’a connu que le gouvernement actuel qui, ces dernières années, a été marqué par l’instabilité politique et les troubles économiques.

    LE MOT DE LA FIN

    Notre pays voisin, l’Inde, a connu l’une des plus grandes manifestations de ces derniers temps – les protestations des agriculteurs. Des millions d’agriculteurs indiens ont commencé à marcher vers la capitale en septembre 2020 contre trois projets de loi récemment adoptés, que les manifestants qualifient de « lois anti-agriculteurs ». Les étudiants et les jeunes militants des droits de l’homme ont soutenu la cause des agricu lteurs et se sont parfois tenus à leurs côtés.

    De vives protestations d’étudiants ont éclaté en février 2021 à Delhi, lorsque les autorités ont arrêté Disha Ravi, une jeune écologiste de Bengaluru, accusée de sédition pour un document en ligne soutenant les protestations des agriculteurs.

    Le gouvernement du Bangladesh observe un programme de 10 jours pour marquer le 50e jour de l’indépendance et le 101e anniversaire du premier président du Bangladesh. Au moins cinq chefs d’État participent à ce programme, dont le premier ministre indien Narendra Modi.

    Les organisations étudiantes de gauche du Bangladesh sont déjà dans les rues pour protester contre les politiques d’extrême droite politique et religieuse de Modi. Sur les médias sociaux, les internautes font valoir que la présence de Modi lors du jubilé d’or de notre indépendance va directement à l’encontre de l’esprit qui nous a poussés à obtenir notre indépendance en 1971.

    En examinant la résistance des jeunes, de l’Afrique à l’Asie du Sud-Est, nous pouvons arriver à un seul point : ils sont contre la répression sanctionnée par l’État. Les jeunes valorisent la liberté par-dessus tout et ne laissent pas le système ou leur État s’emparer d’une partie de leur liberté.

    C’est le seul espoir que les jeunes ont compris la valeur de la liberté et de leur vie et ils sont prêts à tout sacrifier pour protéger leurs droits.

    Nahid Riyasad est membre de l’équipe New Age Youth.

    New Age Youth, 21 mars 2021

    Etiquettes : Jeunesse, démocratie, manifestation, révolution, révolte, dictature, corruption, répression, Tunisie, Algérie, Myanmar,


  • En Tunisie, la liste des martyrs et blessés de la révolution vient enfin d’être publiée

    Après dix ans d’attente, la liste des martyrs et blessés de la révolution de 2011 en Tunisie vient enfin d’être publiée au Journal officiel. Mais il y a la tristesse et le désarroi de milliers de personnes qui ne comprennent pas pourquoi leurs noms n’y figurent pas.

    Près de 129 personnes sont mortes et 634 ont été blessées lors des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011. La liste des martyrs de la révolution qui a renversé le régime de Ben Ali en 2011 a été publiée par les autorités tunisiennes. Un soulagement pour ces familles. D’un côté, il y a ces blessés, souvent amputés, victimes à l’époque des tirs des snipers. Ils pourront enfin avoir accès à une prise en charge médicale gratuite ainsi qu’à des compensations financières.

    « L’argent n’est pas notre première préoccupation », confie Omar, qui tient une petite boutique de souvenirs. Cette reconnaissance, il l’attendait depuis dix ans. Lors de la révolution, alors qu’il manifeste comme tant d’autres, un policier lui brise le bras droit à coups de matraque. Une double fracture qui ne sera jamais réparée. Son bras, dont il ne peut pratiquement plus se servir, le fait encore souffrir aujourd’hui. Lorsqu’il a vu son nom et celui de ses compagnons enfin publiés, il a ressenti un immense soulagement. « Ce que nous souhaitions d’abord et avant tout, c’est la reconnaissance, estime-t-il. Aujourd’hui, l’État nous reconnaît en tant que martyrs et blessés de la révolution. Ce que nous voulons, c’est une prise en charge médicale. Il y a 34 personnes qui attendent toujours des prothèses, ça c’est la toute première chose. Et puis, il faudra juger les coupables. »

    1 500 victimes n’y figurent pas

    L’autre problème, c’est que beaucoup de Tunisiens qui s’estiment blessés ne trouvent pas leurs noms sur les listes publiées par l’État tunisien. Et ce n’est pas faute de chercher. Elles sont 1 500 victimes parmi lesquelles on retrouve Souad, âgée de 37 ans. À l’époque, la révolution vire pour elle au cauchemar. Elle tombe sur un barrage policier et se fait tirer dessus à trois reprises, « une balle au sein gauche, deux balles à l’épaule ». « Moi, je veux la justice, confie-t-elle. Je veux savoir pourquoi il a tiré sur moi, et qui c’est. Je dois prendre des calmants pour pouvoir dormir… Traumatisée, c’est ça. Et après tout cela, je ne trouve pas mon nom dans la liste. Pas seulement moi, mais des amis aussi. »

    À son traumatisme, ses douleurs, s’ajoute cette claque inouïe de ne pas figurer sur la liste. Avec tous ses compagnons dans le même cas, elle promet de continuer à se battre.

    FranceInfo, 30 mars 2021

    Etiquettes : Tunisie, révolution, listes des martyrs,