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  • La révolution du numérique et le nouveau pouvoir mondial

    La révolution du numérique et le nouveau pouvoir mondial

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    Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités, docteur d’Etat 1974 – Expert international – Expert-comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille France

    1.-Rappelons le scandale récent où le programme phare de NSO nommé Pegasus, u surnommé «Cheval de Troie», a permis, de fouiller dans les données (calendriers, photos, contacts, messageries, appels enregistrés, coordonnées GPS…) des Smartphones, iPhone comme Android, infectés, mais aussi de contrôler à distance la caméra et les micros intégrés à l’appareil. La maitrise de cette technologie donne la possibilité d’écouter des conversations dans une pièce alors que le téléphone apparaît inactif. Ce logiciel en est à sa troisième version. Dans les premières moutures, la victime devait cliquer sur un lien pour charger le virus. Mais, depuis au moins deux ans, Pegasus est devenu une technologie dite «zéro clic» où la victime reçoit ce qui ressemble à un appel vidéo qui suffit à infecter le téléphone dès la première sonnerie, même si elle ne répond pas.

    Selon Forbidden Stories, la réception d’un «iMessage», la messagerie d’Apple, ou d’un SMS infecté servirait de viatique pour prendre le contrôle de l’appareil. C’est un puissant logiciel qui au départ devait contrecarrer les actions terroristes mais qui a été utilisé pour espionner le compte d’une dizaine d’Etats, et une liste de plus de 50.000 numéros de téléphone de personnalités diverses de par le monde . Cependant les nouvelles technologies ne concernent pas seulement les écoutes. Les drones sans pilotes commencent à remplacer l’aviation militaire classique pouvant cibler avec précision tout adversaire à partir de centres informatiques sophistiqués à des milliers de kilomètres. Les satellites remplissant l’atmosphère, permettent d’espionner tout pays, de détecter le mouvement des troupes et la diffusion d’images de toute la planète.

    C’est dans ce cadre que se développe l’Intelligence économique dont sa gestion stratégique est devenue pour une Nation et l’entreprise l’un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sa sécurité. Mais si les experts militaires s’accordent sur le fait que l’espionnage a toujours existé dans les relations internationales depuis que le monde est monde, mais aujourd’hui plus sophistiqué, il appartient à chaque nation d’utiliser des moyens plus sophistiqués pour se protéger où les cybers attaques sont facteurs de déstabilisation. Une Nation sans un service de contre espionnage incluant le militaire et l’économique, le social dont l’anthropologie pour saisir les mutations sociales, et le culturel afin de prévoir les comportements psychologiques, est comme un aveugle qui tâtonne sans stratégie.

    Notre univers est devenu une grande maison de verre, l’infrastructure de l’Internet se répandant aujourd’hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce grâce à l’informatique qui permet aujourd’hui de numériser les informations et de gérer de nouveaux systèmes. L’utilisation de Facebook et Twitter par la diffusion d’informations parfois non fondées où faute de transparence, la rumeur dévastatrice supplante l’information officielle déficiente.

    2.-L’interaction de l’électronique et de l’informatique explique que les applications des NTIC puissent répondre aux besoins aussi bien des entreprises et de l’Etat que des ménages et des individus. La globalisation des entreprises, des marchés et des circuits de la finance n’a pas seulement impliqué un remodelage des structures économiques et des flux d’échange, elle a aussi conduit à la professionnalisation de la communication et de l’information, ainsi qu’à une intégration de plus en plus poussée des phases de la conception, de la création et de la consommation des produits, parallèlement à la fusion de sphères d’activités jadis séparées, voire opposées. D’où l’appui aux entreprises pour l’accès aux volumes importants d’informations sur le commerce international détenu par les départements et agences ministériels, les services de renseignement et de contre-espionnage, mettant en place un service d’information économique au profit des entreprises engagées dans le commerce extérieur.

    Depuis l’apparition des intranets et des extranets, l’information se diffuse plus rapidement et plus largement hors des frontières, acquérant ainsi une telle valeur stratégique que l’enjeu est désormais de se l’approprier. Des écoutes téléphoniques, nous assistons aux interceptions des messages électroniques. Lorsqu’un mail est envoyé de façon habituelle, il n’est pas crypté et peut transiter par une dizaine de proxys qui jalonnent le parcours vers sa destination. Les informations contenues dans le corps du message et dans les fichiers joints peuvent être lues par autant de responsables de proxies que nécessite le trajet. Les vols de documents ne se produisent pas seulement en accédant, à distance ou non, à un ordinateur ou un serveur, mais également par les photocopieuses qui stockent les informations avant de les imprimer, des experts en informatique pouvant donc ensuite très facilement récupérer ces informations.

    Autres exemples : le fonctionnement des bourses interconnectées déterminant le prix de produits stratégiques dont la méconnaissance peut se traduire en pertes financières, prix qui fluctuent de minutes en minutes, d’heures en heures et dont la méconnaissance peut mettre en faillite des firmes ou un pays, l’utilisation de mécanismes sophistiqués à l’aide de bureaux conseils juridiques et financiers pour les transferts illicites de capitaux à travers les surfacturations rendant presque impossible le traçage et donc la récupération par les Etats lésés. Face aux grands bouleversements géostratégiques qui s’annoncent, les impacts de l’épidémie du coronavirus et le dérèglement climatique modifieront le nouveau pouvoir mondial avec des incidences politiques, sociales, culturelles et militaire.

    3.- C’est qu’avec la crise ukrainienne, récemment en Asie avec les tensions Chine/USA concernant l’avenir de Taiwan, ( voir notre interview à la télévision ALG24 du 04 aout 2022), la crise énergétique et alimentaire, l’impact de l’épidémie du coronavirus et du réchauffement climatique, posent la problématique d’une nouvelle architecture des relations internationales et sur le plan politique et sur le plan économique de la nécessaire transition numérique et énergétique qui devrait modifier considérablement tant les politiques sécuritaires, économiques, et et sociales des Nations. Nous assistons à un profond bouleversement de l’ordre économique et géopolitique mondial où le commerce de l’énergie se modifie, l’inflation est de retour, la crise alimentaire guette bon nombre de pays, les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent, les réseaux de paiement se fragmentent et certains pays émergents comme la Chine repensent leurs réserves de devises estimées au 31/12/2021 à environ 3200 milliards de dollars.

    C’est ainsi que le monde devrait connaître un grand bouleversement travers le BRICS, composé de cinq pays – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, l’acronyme BRICSAM (en anglais , également utilisé pour y adjoindre le Mexique, sans qu’il soit membre de ce groupe, rejoints en tant qu’ observateurs par la Thaïlande, l’Egypte, la Guinée et, le Tadjikistan. Ensemble, les BRICS pèsent 45 % de la population de la planète, près du quart de sa richesse et les deux tiers de sa croissance et les estimations, les BRICS seraient à l’origine de plus de 50 % de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années, ce bloc selon le quotidien allemand « Die Welt » pouvant être l’amorce : d’une alliance anti-occidentale. Cela marque la fin d’un monde né un demi-siècle plus tôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres.

    Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Face à cette situation ayant des impacts géostratégiques, économiques et sécuritaires, où les relations diplomatiques de chefs d’Etat à Etat, de ministres à ministres ont de plus en plus peu d’impacts, étant supplantés par des réseaux décentralisés, l’Etat major de l’ANP à travers les dernières éditions El-Djeich tire la sonnet d’alarme afin que la majorité des responsables des institutions stratégiques en Algérie en déphasage par rapport aux nouvelles réalités tant internes que mondiales, s’adaptent en urgence, nécessitant un important investissement dans le savoir. (Voir l’American Herald Tribune du 11 août 2018 (USA) «Dr Abderrahmane Mebtoul : «Algeria Still Faces Significant Challenges et IMPED ministère de la Défense nationale octobre 2019 conférence du Pr A. Mebtoul où les axes de la maîtrise du numérique ont été développés». C’est que la nouvelle révolution mondiale du numérique a un impact sur le comportement des citoyens, sur la gestion des institutions et des entreprises et d’une manière générale sur la gouvernance et sur notre nouveau mode de vie. Politiques, militaires, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd’hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel.

    En conclusion, les défis collectifs nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Existant un lien dialectique entre sécurité et développement, cela rend urgent un front social interne solide et de profondes réformes structurelles loin des replâtrages conjoncturels, toute Nation qui n’avance pas recule forcément et toute Nation n’est forte que si son économie est forte, l’Algérie étant dépendante des hydrocarbures (97/98% des recettes en devises avec les dérivés). Toute action diplomatique dans l’avenir des relations internationales n’aura de réelles efficiences que si l’économie est forte et si le pays maîtrise les nouvelles technologies.

    Face à ces nouvelles mutations technologiques s’impose une coordination internationale et un code de bonne conduite, avec de nouveaux mécanismes juridiques de protection qui touchent tant la vie privée que la sécurité des Nations. Le monde étant à l’aube d’une quatrième révolution économique, l’Algérie n’a pas d’autres choix que de réussir les réformes structurelles impliquant des stratégies d’adaptation et une autre politique socio-économique, loin des utopies du passé, dont celle de la transition énergétique et numérique. Le temps ne se rattrapant jamais en économie, toute Nation qui n’avance pas recule forcément, impliquant des actions concrètes loin des promesses utopiques du passé.

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  • Internet en Algérie : la révolution numérique tarde à venir

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    Comme tous les habitants de la Terre, les Algériens sont à longueur de journée accrochés à leur smartphone, leur fenêtre sur les réseaux sociaux. Toutefois, Internet demeure peu utilisé dans le business. Seulement quatre millions de ménages algériens d’abonnés, donc moins de la moitié, sont abonnés à l’Internet fixe alors que l’Internet mobile réunit 39 millions de clients, soit 90% de la population. Ces chiffres annoncés lors de la dernière réunion du gouvernement traduisent la faible pénétration des technologies de l’information dans les foyers.

    Souvent instable et lente par rapport à un monde qui va de plus en plus vite, la Wifi d’Algérie télécom n’arrive pas à s’imposer. Les internautes lui préfèrent les connexions mobiles un peu plus performantes, même si, elle aussi, souffre de dysfonctionnements. De toute façon, les sociétés s’atomisent et l’individualisme progresse. Les téléphones portables et les tablettes sont des outils plus adaptés à l’épisode schizophrène que traverse l’humanité. Les relations humaines deviennent de plus en plus virtuelles depuis l’invention des médias sociaux qui favorisent la dématérialisation des échanges interhumains.

    La tendance a néanmoins profité au commerce et au business en général. Les plateformes de vente en ligne remplacent graduellement, mais sûrement, les boutiques en dur. La facilité d’accès, la rapidité des transactions et la traçabilité des transferts d’argent ainsi que le gain de temps ont permis au secteur d’évoluer à une grande vitesse.

    L’Algérie est encore loin d’avoir les capacités de jouer sur ce terrain. Alors que dans des pays, parfois moyennement avancés, énormément d’opérations se font maintenant en ligne, Internet en Algérie demeure un outil pour se distraire avant tout.

    L’e-paiement n’existe pratiquement pas. On peut certes acheter des biens et des services via le web, mais leur acheminement se fait toujours par livreur et on règle sa facture en espèces. Dans tous les cas, le déplacement pour régler telle ou telle affaire, acquérir tel ou tel objet demeure nécessaire.

    Dans un pays où même le chèque n’est pas encore utilisé à grande échelle, la démagnétisation de la monnaie peut s’avérer sujet à caution. Les banques qui doivent être le fer de lance de ce changement de paradigme sont toujours pusillanimes, pour ne pas dire rétives, à opérer la révolution numérique.

    Résultat, le nombre des web-marchands en Algérie dépasse à peine la centaine. La vente des biens représente la plus grande portion de l’activité des web-marchands avec 38 opérateurs, suivie par les prestataires de services (formation, visa, transport de colis, billets électroniques pour évènements sportives, rechargement téléphonique..) et les compagnies d’assurances avec, respectivement, 15 et 13 opérateurs. Une douzaine seulement travaillent dans le domaine du tourisme où, ailleurs, tout se fait maintenant digitalement.

    Adapter les pratiques et les mentalités

    Parmi les opérateurs homologuées pour le paiement sur internet, on trouve également huit sociétés de distribution de l’électricité, du gaz et de l’eau, six organes spécialisés dans les services administratifs, cinq dans les télécommunications, trois entreprises de presse, trois entreprises de transport aérien ou ferroviaire, et deux opérateurs de louage de véhicules de transport avec chauffeur.

    Toutes ces raisons ont poussé des cadres ministériels, des opérateurs économiques et des experts du secteur des technologies de l’information et des télécommunications à plaider l’adaptation des pratiques et des mentalités aux exigences de la transition numérique. Le ministre de la Numérisation et des Statistiques, Hocine Charhabil, a lui-même récemment expliqué que la transition numérique ne signifie pas uniquement la mise en place des technologies de l’information et de la télécommunication au sein des différentes institutions. Il s’agit, selon lui, « d’une transition numérique à travers de nouvelles pratiques au niveau interne des institutions mais aussi au niveau externe au profit du citoyen et des chefs d’entreprises loin des pratiques bureaucratiques ».

    Pour sa part, le ministre de la Poste et des Télécommunication Karim Bibi Triki, a estimé que la feuille de route nationale de la numérisation doit s’appuyer sur la concertation, la coopération et la communication avec l’accompagnement des services du ministère au profit des citoyens et des investisseurs via les différentes facilitations aux niveaux administratif et technique.

    A travers ces mots, on comprend que la transition numérique de l’économie algérienne a encore du chemin à parcourir avant de devenir une banale réalité. Il est vrai que certaines démarches administratives se font actuellement par Internet et que les citoyens peuvent maintenant se procurer quelques documents officiels en les imprimant eux-mêmes. Mais en règle générale, la nécessité du contact physique, parfois houleux, au regard de la bureaucratie qui caractérise l’administration algérienne.

    Mohamed Badaoui

    La Nation, 18/10/2021