Étiquette : Rif
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Maroc-cannabis : Les caisses noires du Makhzen
Maroc, Rif, cannabis, haschich, #Maroc, #Cannabis, #RifCe que rapporte la culture du cannabis pour la diplomatie parallèle : Ces discrètes « caisses noires » du Makhzen1500 hectares sont destinés pour la culture de cannabis dans la seule région du Rif marocain, ce qui en fait le plus gros producteur de cannabis au monde avec 47000 tonnes de cannabis brut cultivés surtout à Cherfchaoun, El Hoceima et Taounata, dans le Rif, une des régions les plus pauvres dans tout le Maghreb arabe, une région qui n’a pas connu de développement notable depuis un siècle.Rien qu’au Rif, plus de 800000 exploitants agricoles vivent de la seule culture du cannabis et font tourner la machine de cette grosse production, qui, au final, ne bénéficie pas aux plus pauvres, qui bradent leur production pour survivre au profit de gros acheteurs, connus des services de renseignement marocain.Le cannabis rapporte « seulement » 200 millions de dollars aux paysans marocains, mais plus de 12 milliards de dollars aux trafiquants et « exportateurs », soit 50 fois plus que ceux qui le cultivent, le sèchent et le travaillent.De l’autre côté de la mer, en Espagne, des gardes civils sont achetés et payés pour réceptionner la marchandise ou pour fermer les yeux.Les bénéfices tirés chemin faisant entre exploitants agricoles et gros « exportateurs » génèrent des milliards d’euros, dont une partie est prélevée par les « caisses noires », un fonds étatique ultra-secret destiné aux menées para-politiques et para-diplomatiques dans le monde occidental, une sorte d’outil de propagande pro-marocain très efficace, mais légalement anticonstitutionnelle, criminel et au final dangereux, même pour l’Etat marocain lui-même.L’Express, 16/09/2021 -
Maroc: Suicide d’un activiste du Hirak rifain
Maroc, Hirak, Rif, Salah Eddine Chaabout, #Maroc,
La région du Rif a été secouée mardi par une dramatique nouvelle. L’activiste et ancien détenu politique du Hirak du Rif, Salah Eddine Chaabout, a été retrouvé mort dans un bâtiment abandonné à Beni Ayyach.
Salah Eddine semble s’être donné la mort suite à une dépression sévère dont il souffrait depuis sa libération en raison de la difficile situation psychologique qu’il a vécue après sa sortie de prison.
Pour rappel, depuis le déclenchement du Hirak, la marginalisation de la région du Rif a connu une sérieuse montée en guise de punition aux activistes qui avaient demandé une université et un centre oncologique et dont les leaders ont été condamnés à 20 ans de prison.
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Maroc- Centenaire de la République du Rif : une dette à payer
Maroc, Rif, République du Rif, Espagne, #Maroc, Abdelkrim El Khattabi,
Notre pays a une dette impayée vis-à-vis du peuple rifain et qui se perpétue lorsque l’Espagne tourne le dos devant la répression du régime de Mohamed VI.
Le 18 septembre, le centenaire de la République du Rif est commémoré. Dirigée par Abd el-Krim, elle a réalisé le rêve de nombreux Riffiens d’unifier les tribus dispersées et parfois conflictuelles du Rif pour former un État indépendant.
La proclamation est intervenue quelques mois après la défaite humiliante des troupes espagnoles dans ce qui est devenu connu sous le nom de « désastre annuel ». C’était une tentative coloniale de plus d’une puissance mineure, en retrait, pour conquérir un territoire qui appartenait aux Riffiens et qui lui était arbitrairement assigné dans le jeu des stratégies des puissances réelles de l’époque.
Les conséquences d’une telle défaite aux mains de tribus mal armées, que les racistes militaires espagnols méprisaient, étaient considérables. En septembre 1923, le général Miguel Primo de Rivera organise un coup d’État militaire avec le soutien du monarque bourbon Alphonse XIII et instaure une dictature militaire.
Pendant ce temps, sous la houlette d’Abd el-Krim, la République du Rif fait ses premiers pas. Elle a été proclamée le 18 septembre 1921, après la convocation d’un Congrès général avec représentation démocratique de toutes les kabilas. La République nouvellement proclamée s’est déclarée indépendante, s’est dotée d’un drapeau, a approuvé une constitution de 40 articles, a mis en place une force de police, un système de santé précaire (l’Espagne et la France ont bloqué l’arrivée de tout matériel humanitaire dans le Rif) et du matériel pédagogique. Ils ont été les premiers pas vers un État moderne et démocratique.
Ils ont déclaré : « Nous n’avons jamais reconnu ce protectorat et nous ne le reconnaîtrons jamais. Nous souhaitons être nos propres dirigeants et maintenir et préserver nos droits légaux et incontestables, nous défendrons notre indépendance avec tous les moyens à notre disposition et nous élèverons notre protestation devant la nation espagnole et devant son peuple intelligent, que nous pensons ne pas contester la légalité de nos demandes ».
Dans tous les proclasmes rifains, il y a une insistance sur la volonté de paix envers le peuple espagnol, sur la nécessité d’accords juridiques basés sur le dialogue et la reconnaissance mutuelle du bon voisinage.
Un esprit éloigné de celui qui animait les militaires espagnols qui après le coup d’état voulaient achever la conquête coloniale et se venger des Riffiens. La guerre dura 6 ans, jusqu’à ce qu’en 1926 les Riffiens soient vaincus et qu’Abd el-Krim dut s’exiler.
Au cours de cette terrible guerre, qui culmina avec le « débarquement d’Al Hoceima » en septembre 1925, des armes chimiques comme l’iperita furent utilisées pour la première fois contre les souks et les médinas des kabilas rifaines, dont les conséquences continuent de durer cent ans. .
La guerre du Rif est intimement liée à notre histoire. Ne serait-ce que parce que les généraux qui y ont participé étaient les mêmes qui plus tard se sont soulevés contre la démocratie et ont mené une guerre totale contre le peuple espagnol.
Nous pensons que notre pays a une dette impayée vis-à-vis du peuple rifain et qu’elle se perpétue lorsque l’Espagne détourne le regard devant la répression déchaînée par le régime dictatorial de Mohamed VI sur le peuple rifain et le Hirak de nos jours. Une dette qu’il est obligatoire de payer.
Andalucía Información, 13/09/2021
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Zoom sur le kif du Rif marocain
Maroc, Rif, cannabis, trafic de drogue, #Maroc, #Rif,
Voilà ce que nous coûte l’inondation du pays par le cannabis marocain depuis des années : une certaine jeunesse biberonnée au kif et à ses dépendances. Bon an mal an, l’Algérie intercepte des tonnes de kif aux frontières. Mais combien d’autres tonnes réussissent l’itinéraire et pénètrent dans les villes et les villages, non plus seulement des grandes agglomérations urbaines, mais aussi dans les villages et dechras les plus reculés, et qui étaient dans un passé récent très conservateurs des valeurs morales.
Mais, pourquoi en amont les autorités marocaines ne font-elles pas le travail ? La question méritant un zoom, voilà ce qu’il en ressort. En réalités, les autorités marocaines ferment les yeux sur la culture du cannabis (ou kif, une fois séché) dans les montagnes du nord du Maroc où cette plante, cultivée en famille, « pousse comme du chiendent » et est même devenue « source de revenu essentielle » pour les Rifains, écrit le magazine français mensuel GEO citant des géographes et des chercheurs.
« On l’appelle ici kif, de l’arabe kayf, +plaisir+, lorsqu’on le fume mélangé à du tabac noir », raconte Abdellatif Adebibe, président de la confédération des associations de Sanhaja du Rif, une importante coalition de tribus berbères, cité par le magazine.
Depuis sa maison familiale juchée à 1.800 mètres d’altitude sur les flancs du mont Tidirhine (nord), Abdellatif Adebibe résume: « Ici, c’est le point culminant du massif du Rif, pays du cèdre et du kif ».
Pour sa part, un cultivateur qui a souhaité garder l’anonymat de Ketama, commune située dans la province d’al-Hoceima, assure: « Le cannabis est la seule plante qui daigne pousser ici ».
« Le seul à avoir jamais réussi à interdire le cannabis ici, c’est Abdelkrim el-Khattabi, l’illustre chef de guerre qui avait établi, entre
1921 et 1926, une éphémère république du Rif », explique de son côté, le géographe français Pierre-Arnaud Chouvy, spécialiste de la géopolitique des drogues, cité par GEO.
En 1959, trois ans après l’indépendance du Maroc, les habitants du Rif furent réprimés pour s’être soulevés contre un gouvernement qui les avait exclus. En représailles, leur région fut privée d’investissements quatre décennies durant. Et l’on détourna les yeux de leur moyen de subsistance, explique le magazine.
Dans les années 1960 et 1970, les hippies qui avaient découvert le Maroc et le chanvre vendu au souk entre des bottes de menthe et de persil, initièrent les paysans rifains à la transformation de cet « or vert » en haschisch, la résine de cannabis. Technique venue du Liban et d’Afghanistan. « C’est un Anglais qui nous a montré comment fabriquer le meilleur haschisch, précise le cultivateur anonyme.
Et en vingt ans, la région, avantageusement située aux portes de l’Europe, est devenue son grenier à kif. Ainsi, le Maroc s’est retrouvé parmi les principaux producteurs et exportateurs de haschisch dans le monde.
Dans son dernier rapport publié en 2020, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a indiqué que le Maroc continue d’être le premier producteur de cannabis dans le monde avec 47.500 ha de culture de cette substance en 2018. D’après l’ONUDC également, le Maroc est cité dans un cinquième des cas de saisies de résine de cannabis opérées à travers le monde au cours de la période 2014-2018.
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Maroc: Omar Hilale sur la question du Rif
Maroc, Rif, amazigh, Kabylie, #Maroc,
Vidéo: Une journaliste algérienne embarrasse l’ambassadeur du Maroc aux Nations unies
La question d’une journaliste algérienne a donné des sueurs froides a l’actuel Représentant permanent du Maroc aux Nations Unies, Omar Hilal.
La consœur bossant pour le compte d’Algérie Presse Service a tapé fort lorsqu’elle a évoqué le sujet des terres occupées du Rif marocain.
https://platform.twitter.com/widgets.js🔴🎥صحفية جزائرية تحرج ممثل #المغرب في الأمم المتحدة. pic.twitter.com/8kqlIt4SWe
— Radio Algeria international إذاعة الجزائر الدولية (@radioalginter) September 8, 2021Cette dernière a même demandé l’avis de l’ambassadeur tout en notifiant les appels multiples du mouvement de l’indépendance du Rif pour sensibiliser la communauté internationale de ce qui se passe.
Coup de massue pour le représentant onusien qui semblait être embarrassé par ladite question: «Au Maroc il y a une démocratie : tous ceux qui ont une opinion différente de celle du gouvernement, peuvent s’exprimer librement sans pour autant qu’ils soient attaqués ou emprisonnés ».
Echourouk online, 10/09/2021
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Maroc: Centenaire de la proclamation de la République du Rif
Maroc, Rif, République du Rif, Abdelkrim El Khattabi, Protectorat, colonialisme, #Maroc,
Abdelkrim annonce l’indépendance de la République du Rif
Un jour comme aujourd’hui en 1921, il y a 100 ans, à Nador (actuel royaume du Maroc), et dans le contexte de la guerre de colonisation espagnole du Rif (tiers nord du Maroc actuel), le leader anticolonialiste Muhammad ibn Abdelkrim al-Khattabi, plus connu sous le nom d’Abdelkrim, a annoncé que les Kabyles (nations autochtones du Rif), s’étaient mis d’accord pour proclamer l’indépendance du territoire, qui serait constitué comme une république présidée par lui-même.
Cette proclamation est entrée en vigueur deux semaines plus tard (18 septembre 1921) ; et la République du Rif, était une entité politique pendant cinq ans (jusqu’en 1926).
Cette annonce était la première conséquence de ce que la presse espagnole et la classe politique de l’époque appelaient la catastrophe d’Anoual.
Quatre semaines plus tôt, les forces kabyles avaient infligé une série de défaites militaires aux troupes coloniales espagnoles. Le premier était dans Anoual (22/07/1921); qui a anéanti à plus de 9000 soldats de l’armée coloniale (dont beaucoup étaient catalans) pris en embuscade et massacrés en raison de la mauvaise planification du général Fernández Silvestre. Anoual serait la première tuile d’un château de dominos, qui culminerait à Nador, à deux pas de Melilla (09/08/1921).
L’annonce d’Abd el-Krim a déclenché toutes les alarmes de la sombre puissance économique espagnole qui protégeait la vie politique espagnole.
Ce pouvoir, formé par les lignées de banquiers basques et madrilènes et de propriétaires terriens castillans et andalous avait massivement investi dans le Rif qui, avec le départ des forces coloniales espagnoles, était menacé.
Garcia Prieto (ancien président du gouvernement et ancien ministre de plusieurs portefeuilles) a tenté de prédisposer l’opinion publique espagnole en faveur d’une nouvelle intervention armée au Maroc, proclamant que dans Anoual, l’Espagne avait touché le fond. À peine deux ans plus tard (15/09/1923), après plusieurs gouvernements de courte durée, le général Primo de Rivera a effectué un coup d’État avec la promesse de « mettre fin au problème africain ».
Elnacional.cat, 04/09/2021
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Région du Rif : Le Maroc sur une poudrière
Maroc, Rif, #Maroc, #Rif,FRACTURE POLITIQUE ET SOCIO-ÉCONOMIQUE ET MARGINALISATION DE LA RÉGION DU RIF : Le Maroc sur une poudrièreLa triple fracture sociale, économique et politique et la marginalisation persistante de la région du Rif risque de donner lieu à des troubles populaires majeurs contre la monarchie alaouite, dans la région du Rif en raison de la répression permanente qui s’y exerce.Selon une analyse parue sur le site « Arab center Washington », de Houda Chograni, écrivaine tunisienne, « la marginalisation persistante de la région du nord du Rif et des groupes vulnérables au Maroc en général déclenchera très probablement des troubles populaires contre le gouvernement central (marocain) ».Au cours de la dernière décennie, les suicides pour certains marocains et les manifestations de rue pour d’autres sont devenus les moyens de dernier recours pour protester contre la hogra et la contestation qui s’est poursuivie au Maroc, atteignant un crescendo fin 2016 et 2017 avec le mouvement Hirak dans le nord du Rif marginalisé, observe-t-elle. Le Hirak du Rif déclenché par la mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson mort broyé dans un camion à ordures alors qu’il tentait de récupérer son poisson confisqué, a attiré la solidarité nationale et transnationale entre les Marocains.Le mouvement a subi une répression sévère de la part de l’État, ses leaders éminents, dont Nasser Zefzafi, ont été condamnés à des peines excessives allant jusqu’à 20 ans de prison. De décembre 2017 à mars 2018, les Marocains de Jerada, une ville minière marginalisée, ont protesté contre la mort accidentelle de deux mineurs informels et exigé la création d’emplois et l’amélioration de leurs conditions socio-économiques. Comme pour d’autres manifestations, les autorités ont eu recours à « une répression violente », souligne-t-elle, estimant que « le Maroc est assis sur une poudrière de griefs sociaux, économiques et politiques ».Au Maroc, les ‘’élus’’ du peuple « ne sont pas responsables devant l’électorat mais inféodés aux intérêts de la cour royale, le makhzen », écrit Mme Chograni. Ceci explique, selon elle, « l’agitation sociale permanente et la participation de plus en plus faible d’un cycle électoral à l’autre ‘’.Sur le terrain, « la monarchie monopolise toujours les pouvoirs religieux, politiques et économiques qui assurent et consolident l’autorité ultime et suprême du roi Mohammed VI dans le pays », rappelle l’auteur.C’est pourquoi, d’après elle, « le prétendu pluralisme politique est avant tout une façade, d’autant plus que les partis politiques doivent accepter la primauté du roi et faire continuellement preuve de soumission et de loyauté envers le palais pour garantir leur survie politique ».Le roi préside le Conseil des ministres où sont prises les grandes décisions politiques, s’assurant qu’il a « un contrôle total » sur les actions du gouvernement, écrit Mme Chograni, soulignant que « cette réalité dénie au Maroc tout statut de pays en voie de démocratisation ». Aussi, le système judiciaire et juridique marocain est sous le contrôle du monarque. De même pour la presse. « Le Makhzen recherche de plus en plus une presse complaisante en muselant les voix dissidentes des journalistes », selon elle. Les autorités marocaines ciblent la presse d’opposition et emprisonnent des journalistes pour des motifs douteux. Taoufik Bouachrine, l’éditeur d’Akhbar Al-Youm, purge une lourde peine de prison de 15 ans pour de multiples chefs d’accusation.Le journaliste Soulaimane Raissouni, ancien rédacteur en chef d’Akhbar Al-Youm, a également été persécuté par le régime pour avoir critiqué ouvertement la corruption du gouvernement et les violations des droits de l’Homme et plaidé en faveur d’une réforme politique. Gravement malade à la suite d’une grève de la faim, Raissouni purge cinq ans de prison pour des accusations d’agression sexuelle douteuses.Omar Radi, un journaliste d’investigation dont le travail est principalement axé sur la corruption et les violations des droits humains et qui était un ancien militant du Mouvement du 20 février et du Hirak du Rif, a récemment été condamné à six ans de prison pour espionnage.Dans cette atmosphère « étouffante et menaçante », plusieurs journalistes comme Hajar Raissouni, Hicham Mansouri et Afaf Bernani ont opté pour l’exil, indique l’activiste tunisienne. Il est évident, selon cette dernière, que « le régime vise à museler la dissidence et à créer une atmosphère générale de peur afin de dissuader les critiques du gouvernement et de forcer l’autocensure ».M. B.Le Courrier d’Algérie, 30/08/20 -
Maroc : Le Rif, grenier à cannabis au vu et au su des autorités
Maroc, Rif, cannabis, haschich, Kif,Les autorités marocaines ferment les yeux sur la culture du cannabis (ou kif, une fois séché) dans les montagnes du nord du Maroc où cette plante, cultivée en famille, « pousse comme du chiendent » et est même devenue « source de revenu essentielle » pour les Rifains, écrit le magazine français mensuel GEO citant des géographes et des chercheurs.« On l’appelle ici kif, de l’arabe kayf, +plaisir+, lorsqu’on le fume mélangé à du tabac noir », raconte Abdellatif Adebibe, président de la confédération des associations de Sanhaja du Rif, une importante coalition de tribus berbères, cité par le magazine. Depuis sa maison familiale juchée à 1.800 mètres d’altitude sur les flancs du mont Tidirhine (nord), Abdellatif Adebibe résume: « Ici, c’est le point culminant du massif du Rif, pays du cèdre et du kif ».Pour sa part, un cultivateur qui a souhaité garder l’anonymat de Ketama, commune située dans la province d’al-Hoceima, assure: « Le cannabis est la seule plante qui daigne pousser ici ».« Le seul à avoir jamais réussi à interdire le cannabis ici, c’est Abdelkrim el-Khattabi, l’illustre chef de guerre qui avait établi, entre 1921 et 1926, une éphémère république du Rif », explique de son côté, le géographe français Pierre-Arnaud Chouvy, spécialiste de la géopolitique des drogues, cité par GEO. En 1959, trois ans après l’indépendance du Maroc, les habitants du Rif furent réprimés pour s’être soulevés contre un gouvernement qui les avait exclus.En représailles, leur région fut privée d’investissements quatre décennies durant. Et l’on détourna les yeux de leur moyen de subsistance, explique le magazine.Dans les années 1960 et 1970, les hippies qui avaient découvert le Maroc et le chanvre vendu au souk entre des bottes de menthe et de persil, initièrent les paysans rifains à la transformation de cet « or vert » en haschisch, la résine de cannabis. Technique venue du Liban et d’Afghanistan. « C’est un Anglais qui nous a montré comment fabriquer le meilleur haschisch, précise le cultivateur anonyme.Et en vingt ans, la région, avantageusement située aux portes de l’Europe, est devenue son grenier à kif. Ainsi, le Maroc s’est retrouvé parmi les principaux producteurs et exportateurs de haschisch dans le monde.Dans son dernier rapport publié en 2020, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a indiqué que le Maroc continue d’être le premier producteur de cannabis dans le monde avec 47.500 ha de culture de cette substance en 2018.D’après l’ONUDC également, le Maroc est cité dans un cinquième des cas de saisie de résine de cannabis opérés à travers le monde au cours de la période 2014-2018.Des capitaux illicites internationaux investissent directement au MarocLes régions pauvres du Rif, chaîne montagneuse qui s’étend sur 500 km entre Tanger à l’ouest et le fleuve Moulouya à l’est, cultivent le kif en profitant d’une tolérance ancienne, qui remonte au XIXe siècle et au sultan Moulay Hassan 1, rappelle le magazine français. Cependant, Abdelatif Adebibe, le dirigeant de la confédération des associations de Sanhaja du Rif, accuse que ceux qui contrôlent ce secteur-là viennent d’autres régions du pays et de l’étranger, et ils financent des gens d’ici. « Ils restent cachés mais profitent de l’argent généré ».Khalid Tinasti, le directeur de la Commission mondiale sur la politique des drogues, confirme: « Le marché du Rif a totalement changé ces dix dernières années. La production n’est plus entre les mains de petits cultivateurs. Aujourd’hui, des capitaux illicites internationaux investissent directement au Maroc et maîtrisent toute la chaîne de production, jusqu’au trafic vers l’Europe ».Dans le même contexte, le magazine français note que si le haschisch est cultivé au Maroc, son parcours pour arriver vers les consommateurs en Europe traverse plusieurs pays que ce soit par voie terrestre ou maritime. Parmi ces pays, le magazine cite l’Espagne: L’itinéraire « historique » des trafiquants entre par le détroit de Gibraltar. La marchandise est cachée dans des ferries et bateaux de plaisance mais, depuis une vingtaine d’années, cette voie est devenue plus hasardeuse car les contrôles s’intensifient.La drogue, poursuit la même source, fait un grand détour par le sud et les pays sahariens (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad) où la surveillance est bien moindre. Et elle débouche en Libye avant de poursuivre sa route vers la Méditerranée et l’Europe ou vers l’est, direction l’Egypte.Pour rappel, le Conseil du gouvernement marocain a validé en mars dernier le projet de loi légalisant l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques. -
Maroc-Algérie: Un dealer de kif s’autoproclame avocat des Kabyles algériens
Par Omar ChaalalLa vérité et la justice sont souveraines, car elles seules assurent la grandeur des nations. Emile ZolaL’histoire reflète la vérité et la diplomatie le sérieux d’une nation. L’histoire classe l’avocat Omar parmi les ignorants et la diplomatie le déclasse dans la case des débiles politiques. Il plaide pour le droit à l’autodétermination de la Kabylie et oublie l’histoire de bled Siba.IntroductionJe commencerai mon propos par le traité de Tanger, lequel fut signé le 10 septembre 1844. Le Makhzen y reconnaissait la présence française en Algérie et cessait tout soutien officiel à l’émir Abd el-Kader déclaré hors-la-loi au Maroc et en Algérie. Dans ce traité, l’article quatre dévoile le vrai visage du Maghzen. Hadj Abdelkader est mis hors la loi sir toute l’étendue du royaume du Maroc, aussi bien qu’en Algérie. Il sera en conséquence poursuivi par les Français sur le territoire de l’Algérie, et par les Marocains sur leur territoire jusqu’à ce qu’il en soit expulsé ou qu’il soit pris par l’une ou l’autre nation. Dans le cas où Abdelkader tomberait aux mains des troupes françaises, le gouvernement de sa Majesté, le roi des Français s’engage à le traiter avec égard et générosité. Dans le cas où il tomberait dans celles des troupes marocaines, sa Majesté le souverain du Maroc s’engage à l’interner dans l’une des villes du littoral ouest jusqu’à ce que les deux gouvernements aient adopté de concert les mesures indispensables pour qu’Abdelkader ne puisse en aucun cas reprendre les armes et troubler de nouveau la tranquillité de l’Algérie et du Maroc. Cet article fut mis à exécution par Moulay Abderrahmane, au printemps de l’année 1847.Je suis un Algérien d’origine berbèreRevenant à l’avocat Omar, je lui dis «Je suis un Algérien d’origine berbère et mon nom de famille m’oblige à vous répondre.Pour rafraîchir votre mémoire, si tant est qu’il en existe dans votre petite cervelle, je vous invite à lire un extrait du discours du premier président de la République du Rif, Son Excellence Moulay Mohand. Son Excellence Moulay a réussi à établir une république libre sur une partie du royaume du Makhzen quand son sultan vendu acceptait le protectorat français». Il s’exprimait ainsi «Nous considérons que nous avons le droit, comme toute autre nation, de posséder notre territoire, et nous considérons que le parti colonial espagnol a usurpé et violé nos droits, sans que sa prétention à faire de notre gouvernement rifain un protectorat ne soit fondée. […] Nous voulons nous gouverner par nous-mêmes et préserver entiers nos droits indiscutables». Qui dit mieux ? Un dealer de kif s’est autoproclamé avocat des Kabyles algériens?L’histoire de la République Bled SibaPour l’historien Henri Terrasse, la politique du Makhzen a toujours été commandée par l’existence d’un bled El Makhzen et d’un bled Siba. Cela nous conduit à dire que le Maroc comprend deux parties, le Bled El Makhzen et le Bled Siba. La politique coloniale française durant le protectorat a renforcé l’idée de bled Siba et bled Makhzen à partir des oppositions qui existent entre les intérêts du centre et de la marge, référence, Burke II 2013 : 39.Situé entre la mer Méditerranée et la rivière Ouergha, le Rif ou bled Siba est délimité à l’est par la rivière Moulouya et à l’ouest par l’océan Atlantique. Dans cet environnement rude, les villes sont rares et les villages sont organisés selon un système tribal qui sert de socle à la vie politique, sociale et économique des Berbères rifains. En dépit du relief tourmenté de la région, les Rifains possèdent une très forte identité dont témoigne leur réticence à toute domination étrangère. Ils refusent catégoriquement la soumission au pouvoir central. Le Rif a depuis longtemps, des problèmes avec l’autorité du pouvoir central du Makhzen. C’est ainsi qu’entre 1921 et 1926, une république rifaine a été proclamée par Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi.Qui est Mohammed ben Abd el-Krim al Khatabi ?El Khatabi est considéré comme le héros de cette région. Né dans la tribu Beni Ouriaghel en 1882, Mohammed ben Abd el-Krimal Khabati étudie la théologie et les lois coraniques à Fez. Avec le consentement du gouvernement espagnol, il devient Cadi à Melilla. En 1921, son père lui demande de revenir au pays (le Rif) et de lui succéder à la tête de la révolte contre les troupes espagnoles.Son statut sacré de Commandeur des croyants, les Français l’avaient prévu. Comme l’Emir Abdelkader en Algérie, Abd el-Krimal Khabati était un homme-charnière dans l’histoire du nationalisme maghrébin. Abdelkrim était un véritable homme d’État, réhaussé d’une grande dignité puisée aux sources de l’Islam. Il ne peut plus s’agir seulement d’interdire le Rif à l’Espagne, mais de remporter un djihad contre le sultan du Maroc, solide allié des Français qui protègent son statut sacré de Commandeur des croyants. Puisque vous ignorez l’histoire de votre Makhzen, je vais être plus clair avec vous monsieur l’ambassadeur, je vous renvoie aux paroles du Général Lyautey qui remet votre Makhzen à sa valeur réelle: «Abdelkrim est considéré ouvertement comme le seul et unique sultan du Maroc depuis Abdelaziz, vu que Moulay Hafid a vendu le pays à la France par le traité du Protectorat et que Moulay Youssef est seulement un fantoche entre mes mains». C’est honteux mais c’est l’amère vérité. Qui dit mieux ? Hilale s’est autoproclamé avocat des Kabyles algériens.Bled Siba entre 1959 et 1958Je vous rappelle, qu’en 1958 et 1959, deux ans après l’indépendance du Maroc (1956), les Rifains continuaient à avoir des revendications, en particulier concernant la reconnaissance de leur spécificité culturelle. Ils sont en effet des Amazighs (Berbères), ils ont une culture et une langue qui leur sont propres. En 1959, la riposte du Makhzen a été très dure. Selon certains historiens comme Mohamed Ameziane, on parle de milliers de morts, de centaines de femmes violées et beaucoup d’exilés. Je vous informe qu’une partie de la famille de Mohamed Ameziane vit toujours en Algérie à la suite de ces évènements. Qui dit mieux à monsieur Omar Hilale qui s’est autoproclamé avocat des Kabyles algériens.Selon le chercheur marocain Hsain Ilahiane, les révoltes de 1958-1959 ont été aggravées par la fermeture de la frontière algérienne à la migration rifaine. La fermeture de nos frontières conduit au chômage et vous causent des problèmes. Je vous demande de tourner sept fois votre langue dans votre bouche avant de parler d’un pays qui vous nourrit. Qui dit mieux à monsieur Omar Hilale qui s’est autoproclamé avocat des Kabyles algériens.L’image actuelle de Bled El MakhzenMonsieur Omar Hilale, je sais que vous n’avez pas lu le rapport du journaliste français Pierre Puchot «Au Maroc, on te traite comme un insecte». Dans ce rapport, j’ai vu que votre éducation et votre système de santé sont très en retard.Je vous invite à lire les dires de madame Samira T, une enseignante et les constatations d’Othmane Boumaalif, médecin généraliste.Samira T., 30 ans, enseignante dans un collège public nous déclare «Le Maroc, c’est simple : il n’y a rien à faire, la galère est partout, même pour retirer le moindre papier administratif… On te traite comme un insecte». Elle continue «j’ai enseigné quatre ans dans un environnement difficile, à Fnideq, une ville très conservatrice d’où sont partis beaucoup d’hommes ayant rejoint l’Organisation de l’État islamique. Mors de ma mutation à Tanger, je pensais que mon quotidien allait s’améliorer. Mais non, au contraire, ça a été le vrai début de l’enfer». Dix-huit mois d’une dépression traitée aux anxiolytiques, dont la jeune femme se remet à peine. Pourtant, le quartier n’est pas spécialement pauvre. Les élèves ont presque tous des tablettes. Mais les conditions d’enseignement sont insupportables. «J’ai grandi dans un village perdu, dépourvu de tout. Mais au moins, avec l’école publique, on avait une chance de s’en sortir. Aujourd’hui, le niveau est très bas».«Au Maroc, c’est simple : c’est tout un système de santé qu’il faudrait créer», remarque Othmane Boumaalif. À 38 ans, ce médecin généraliste appartient à la génération des militants du mouvement dit «du 20-Février», apparu en 2011 dans le sillage des révoltes populaires en Tunisie et en Égypte. Il préside Anfass (« souffles » en arabe) démocratique, une association qui produit régulièrement des notes sur l’économie et la société. «Le problème est structurel, nous n’avons pas de première ligne, le médecin traitant qui ausculte puis oriente le patient selon sa pathologie. Au Maroc, le patient va soit chez le médecin, s’il obtient un rendez-vous avant six mois, soit au centre hospitalier universitaire [CHU], quand il existe, soit au dispensaire… C’est le chaos total, et les gens ont souvent recours à l’automédication». Que pense-t-il des établissements flambant neufs construits en partenariat avec les États du Golfe? «On bâtit une poignée d’hôpitaux-vitrines, très bien équipés. Mais personne ne peut se les payer ! À côté, le Maroc demeure un gigantesque désert médical, d’autant que beaucoup de nos praticiens émigrent en Allemagne, où leur diplôme est désormais reconnu». Qui dit mieux? Hilale s’est autoproclamé avocat des Kabyles algériens.Le Podcast Journal, 28/07/2021Etiquettes : Maroc, Algérie, Rif, Kabylie, Omar Hilale, Abdelkrim El Khattabi, #Maroc #Algérie #Kabylie #Rif -
La République du Rif : un État autoproclamé et non reconnu internationalement.
La République du Rif (Tagduda n Arrif) en berbère, est un État bordé par la mer Méditerranée au nord, l’Algérie à l’est, les plaines qui le séparent du Maroc au sud et l’océan Atlantique à l’ouest. Composé de montagnes et de plaines, le Rif s’étend sur près de 500 km de Tanger à Berkane et Kebdana (frontière entre l’Algérie et le Maroc), irrigué par la Moulouya, en passant d’ouest en est, par Ceuta, Tétouan, Chefchaouen, Targuist, Al Hoceïma, Driouch, Melilla et Nador.
Par Rabah Arkam
La guerre entre la République du Rif d’Abdelkrim, les Espagnols et les Français entre 1921 et 1926 reste largement méconnue. Cette guerre coloniale extrêmement violente marque pourtant une étape décisive dans l’histoire de l’anticolonialisme et dans la construction de la nation rifaine.
Après l’indépendance du Maroc où l’histoire du protectorat, qui reste pertinente dans le contexte actuel où la dette extérieure est toujours perçue comme synonyme de perte de souveraineté où la suprématie de la France sur le Maroc est établie.
En 1958, 30 000 soldats marocains, dirigés par le futur Hassan II, alors chef d’état-major des armées, répriment un 1er soulèvement dans le Rif (près de 3 000 morts).Sous la domination de la monarchie marocaine, l’État du Rif se trouvera, de fait, exclu de la vie politique marocaine tout au long du règne d’Hassan II. Un deuxième soulèvement a eu lieu dans la région en 1984 et, selon diverses sources, a fait des dizaines de morts et des emprisonnements avec de lourdes peines. Auparavant, le rôle principal était tenu par Abdelkrim El-Khattabi, originaire du petit village d’Ajdir dans la tribu des Aït Ouriaghel, était enseignant et journaliste pour le quotidien de Melilla, Le Télégramme du Rif. Il pensait que cela rapprocherait culturellement les deux peuples. Mais découvrant le travail forcé dans les mines du Rif qui alimentent l’industrie militaire espagnole, et le travail forcé dans les champs, Abdelkrim retourne dans son village natal pour soulever les tribus du Rif et commencer la Résistance et la rébellion pour un peuple souverain.
La pauvreté dans le Rif oblige des dizaines de milliers de Rifains à se rendre massivement chaque année dans les pays européens pour travailler d’abord dans les mines de charbon du nord de la France et celles de la Belgique, puis aux Pays-Bas et plus récemment en Espagne. Cette émigration permet, malgré l’isolement relatif de cette région, une amélioration relative des conditions de vie des populations locales. Une grande partie de la population rurale est analphabète. Mais la population des grandes villes du Rif fait partie de la classe moyenne, pour certains aisée, pour tous cultivée. De ce fait, le taux d’analphabétisme dans les villes du Rif est l’un des plus bas.
Mais la mort atroce de Mohcine Fikri, un vendeur de poisson, a soudainement réveillé la République du Rif. Depuis, les habitants de la commune d’Al-Hoceïma manifestent pacifiquement contre, pêle-mêle, l’autoritarisme, la corruption, le chômage de masse, la pauvreté… Et maintenant contre la répression : une trentaine de leaders du mouvement ont été arrêtés, dont la figure de la contestation, Nasser Zefzafi, 39 ans, après deux jours de cavale.
La République du Rif revient sur le devant de la scène, un demi-siècle après les odieux événements qui ont vu l’armée marocaine réprimer dans la violence, pour ne pas dire plus, la moindre source de révolte parmi cette population considérée comme ennemie. Si les acteurs ont changé, le fond de l’affaire reste le même.
Les sources locales et étrangères de défense des droits de l’homme affirment que les tortures subies par les populations du Rif, les plus atroces existent toujours, les sévices même dans les parties les plus intimes de leurs corps. La question reste à poser, peut-être le jour viendra-t-il où la question sera reconnue.
Rabah Arkam
Rabah Arkam, né en Kabylie (Algérie), ingénieur de profession, militant de la cause et de l’identité amazighes (berbères) en Algérie et en Afrique du Nord, est un militant des droits de l’homme, lutte pour la démocratie et la laïcité en Algérie dans un État fédéral, il est l’auteur de plusieurs articles.Pressenza, 26/07/2021
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