Étiquette : Rif

  • Le Maroc provoque l’Algérie: Qui sème le vent récolte sa tempête

    Pour faire dans la manipulation de l’opinion publique internationale et retarder par la même occasion le referendum de l’autodétermination du peuple Sahraoui qui lutte pour son indépendance depuis 1975, le Makhzen fait dans la provocation comme d’habitude contre l’Algérie qui ne partage pas les même visions et stratégie politique.

    Le Maroc s’en prend encore une fois contre l’Algérie. L’Algérie répond avec sagesse politique et diplomatique sans failles. Se trompant souvent de cibles, le royaume marocain qui vie dans le désespoir distribue des tracts clandestinement ou de manière informelle dans une institution international qui a dit son mot depuis longtemps sur la justesse de la cause du peuple Sahraoui. 
    Le makhzen, ne sait pas que le mouvement autonome MAK est prêt à même se dissoudre pour répondre au makhzen qui réprime la région du RIF. Le RIF aussi est un mouvement populaire Marocain qui veut son autonomie et détachement du makhzen et du Royaume injuste et colonialiste. Le makhzen doit compter le nombre des prisonniers du RIF et du peuple Sahraoui avant de soutenir tel ou tel mouvement. 
     Le makhzen doit répondre au RIF qui réclame la démocratie dans un Royaume colonialiste et dictateur jusqu’aux dents. Surtout après avoir établi des rapports secrets entre les services et marocain avec des éléments du MAK. Eh bien, les éléments du MAK ne sont pas des boucs émissaires marocains pour se soumettre à votre ordre. L’adage populaire algérien le dit si bien « Je déteste mon frère, mais, je déteste beaucoup plus celui qui le frappe». 
    Il suffit de connaitre le terrain et nous sommes sur le terrain pour répondre au makhzen que votre soutien à tel ou tel mouvement est caduc d’avance. Ce n’est pas la première fois que le makhzen fait dans la provocation. Le makhzen ne sait plus à quel sain se vouer ni à quelle institution internationale se plaindre en raison de l’avancement de la cause du peuple Sahraoui. 
    Le Maroc fait face à une double pression interne et externe depuis son rapprochement avec l’entité sioniste, un autre colonisateur de la Palestine et qui se sème la mort et la honte dans le moyen orient dévasté par les guerres entre les pays de la région. 
    Le Maroc se trouve et se retrouve victime de la politique du makhzen qui exploite les richesses d’un autre pays voisions d’une part et d’autres part, alimente le marché mondiale de la drogue via les frontières algérienne, un autre pays voisin qui lutte pour le droit des peuples dans le cadre la légalité internationale. Ce sont deux politiques et deux pays incomparables. 
    L’Algérie active dans la transparence et la légalité internationale. Le Maroc, fait dans le chantage et la nuisance régionale et internationale. Il y a des limites à tout.
    A. C.
    Algérie62, 18/07/2021
    Etiquettes : Maroc, Algérie, Kabylie, Rif, Makhzen, répression, Sahara Occidental, autodétermination, 
  • Nouveau coup de poignard du Maroc dans le dos de l’Algérie

    Nouveau coup de poignard du Maroc dans le dos de l’Algérie

    Le Makhzen marocain a poignardé l’Algérie dans le dos après que le plan agressif qui se prépare dans les coulisses ait éclaté au grand jour avec la reconnaissance d’un témoin de son peuple ayant rang d’ambassadeur auprès des Nations Unies nommé Omar Hilale, qui a appelé publiquement à l’indépendance de la région de Kabylie de l’Algérie.

    Contrairement à toutes les attentes du Makhzen, la tentative de déstabilisation de l’Algérie à travers le projet de division de la nation, a contribué à unir les Algériens et à renforcer plus que jamais leur unité, tout comme ce fut le cas lorsque le Maroc a tenté d’exploiter les divergences des Moudjahidines et a lancé une attaque contre l’Algérie lors de la guerre des Sables en 1963.

    Les rêves du royaume se sont évaporés, et la manœuvre de partition s’est transformée en un motif de réunification des partis algériens qui, malgré leurs divergences politiques internes, n’ont pas hésité à rejoindre le front de bataille sur les frontières occidentales, comme les soldats du FFS.

    Les poisons que le Maroc veut planter en Algérie pour diviser le pays peuvent renverser le trône du royaume car le peuple algérien, qui est considéré par le Makhzen « sous occupation en Algérie », est le même peuple qui constitue un grand pourcentage de la société marocaine qui souffre d’abus et de toutes les formes d’oppression dans la région du RIF. Comme à Al Hoceima, où plusieurs militants amazighs sont détenus dans les prisons marocaines, comme le leader du mouvement du Rif, Nasser Zefzafi, qui a été condamné à 20 ans de prison.

    La tentative de Rabat de promouvoir un projet séparatiste en Algérie, pourrait d’abord prendre d’assaut les frontières internationalement reconnues du Royaume du Maroc et faire renaître le projet de République du Rif fondé par Abdelkrim el-Khattabi sous le nom de République fédérale des tribus du Rif.

    La machination malveillante qui se préparait contre l’Algérie, dénoncée par les autorités civiles et militaires, s’est avérée ne plus être des mots visant à intimider les Algériens, mais un véritable projet qui s’inscrit dans un agenda étranger, surtout après la normalisation sioniste-marocaine.

    Echourouk online, 17/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Makhzen, Kabylie, Rif, Nasser Zefzafi, Omar Hilale,

  • Le Maroc joue la carte de la division de l’Algérie

    IL S’EST FAIT LE PORTE-PAROLE DU MAK À L’ONU : Le Makhzen joue la carte de la division de l’Algérie

    Décidément, le Maroc ne rate aucune occasion pour verser dans la provocation contre l’Algérie. À chaque échec de sa diplomatie, il actionne ses relais pour tenter de justifier ses couacs en cassant du sucre sur le dos de son voisin de l’Est.

    Pour preuve, le Makhzen reconnaît explicitement qu’il œuvre pour la séparation de la Kabylie du reste de l’Algérie puisqu’il l’encourage à sombrer dans l’abîme. En mauvais élève, le Makhzen se plante encore une fois.
    La dernière déclaration de son représentant à l’ONU, Omar Hilale, est de la pure provocation.

    En accusant l’Algérie de verser dans un respect sélectif des droits des peuples à l’autodétermination, il a tenté de détourner le débat sur la question sahraouie et le droit du peuple à décider librement de son sort. C’est de l’affabulation et le sommet de l’idiotie politique, car les Kabyles n’ont jamais sollicité un tuteur pour parler en leur nom. Ils sont viscéralement attachés à leur algérianité qu’ils ont défendue au prix de leur sang contre un occupant qui avait tenté de jouer la carte de la division des composantes du peuple algérien pour perpétuer sa présence dans son ancienne colonie.

    Les Kabyles sont des Algériens. Ils ne sont pas opprimés et ils seront les premiers à défendre le pays en cas de danger venant, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Ils sont prêts à faire face à tous les dangers. Et le meilleur exemple qu’on pourrait jeter à la face au Makhzen marocain est la réaction des combattants des maquis du FFS, qui avaient cessé toutes leurs actions pour rejoindre la région de Béchar et défendre l’intégrité du pays agressée par le Maroc lors du conflit de 1963, plus connu sous le nom de Guerre des Sables. Les Kabyles avaient administré une gifle à la face de ceux qui tentaient de jouer la division ou la sécession.

    Le représentant du Maroc à l’ONU se fait le porte-parole du séparatiste Ferhat Mehenni. Et cela ne fait que confirmer que le mouvement qu’il dirige, le MAK, est un outil de déstabilisation du pays d’autant plus pour une organisation classée comme terroriste. Il confirme les liens de cette organisation avec le Makhzen, certains cercles français et israéliens et certaines officines aux desseins obscures.

    Réprimer la révolte du Rif et « défendre » la Kabylie !

    Et au lieu de chercher noise à l’Algérie, le Maroc aurait dû justifier pourquoi il a réprimé dans le sang, l’insurrection du Rif et pourquoi il maintient en détention ses symboles à l’instar de Nacer Zefzafi. Ce dernier qui a été le porte-drapeau des insurgés de la région du Rif est considéré par toute la classe politique marocaine comme un séparatiste et un sécessionniste alors que les Kabyles en Algérie sont « colonisés ». Pourquoi le Maroc qui est si prompt à défendre ce qu’il appelle « le droit des Kabyles à l’autodétermination » se terre dans le silence quand il s’agit d’évoquer la répression des populations amazighes de la région du Rif ? L’exemple du Rif marocain est une preuve supplémentaire de la politique de deux poids deux mesures du Makhzen et traduit la panique qui s’en est emparé suite à la nomination de Ramtane Lamamra aux Affaires étrangères.

    La diplomatie marocaine est à court d’arguments, et sa stratégie pour perpétuer son occupation des territoires de la RASD est à bout de souffle. Son armée subit de lourdes pertes depuis la rupture du cessez-le-feu avec le Front Polisario en novembre dernier. Au lieu de choisir la voie de la raison, le Makhzen a choisi de s’attaquer à son voisin en usant de mauvaises armes et de procédés éculés. L’Algérie est une et indivisible. Le Maroc doit comprendre que ses attaques contre son voisin de l’Est ne sont pas productives et qu’elles constituent une entrave à la volonté des peuples de la région de construire un espace géostratégique pour faire face aux nombreux défis qui s’annoncent pour eux.

    Slimane B.

    Le Courrier d’Algérie, 17/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Kabylie, Sahara Occidental, Rif,

  • Espagne-Rif: Le centenaire de la catastrophe

    Les troupes espagnoles ont succombé à une collection hétéroclite de groupes tribaux rifains sans formation ni structure militaire de type occidental. Le nombre officiel de victimes s’élève à 12 214.

    JOSÉ MARÍA MENA

    La seconde moitié du mois de juillet 1921 est la défaite la plus catastrophique de l’histoire des armées espagnoles. Nous fêtons aujourd’hui le 100e anniversaire de la catastrophe du Rif, dans le nord du Maroc. Les troupes espagnoles ont succombé à une collection hétéroclite de groupes tribaux du Rif, sans formation ni structure militaire de type occidental. Le nombre officiel de victimes, y compris les morts et les disparus entre le 17 juillet et le 10 août, s’élève à 12 214. D’autres sources non officielles avancent le chiffre de 20 000 morts. À l’occasion du centenaire de la catastrophe, il semble juste de consacrer quelques lignes à la mémoire des victimes de cette aventure colonialiste sanglante, irresponsable et inutile.

    Lorsque les puissances coloniales européennes, lors de la conférence d’Algésiras de 1906, se sont réparti les zones d’influence en Afrique du Nord, l’Espagne s’est vue confier le protectorat de la partie la plus montagneuse et la plus pauvre du nord du Maroc. Cambó a déclaré au Congrès en 1922 que l’Espagne était au Maroc, non pas parce que nous le voulions, mais parce que nous y étions forcés. C’est ce que les grandes puissances nous ont accordé après que la perte de Cuba et des Philippines nous ait jeté le discrédit.

    Mais en plus de l’objectif discutable du prestige militaire, il y avait un autre objectif dans l’aventure marocaine : l’objectif économique. La Compañía Española de Minas del Rif S.A. y était exploitée. L’élite espagnole y avait d’importants intérêts économiques, comme le comte de Romanones, le marquis de Comillas, la famille Güell et le roi Alfonso XIII.

    Les relations entre les Rifains et les Espagnols n’ont jamais été sincèrement cordiales. Ils ont alterné des périodes de méfiance et d’hostilité, parfois graves, comme en 1909, lorsque 250 soldats sont morts dans le ravin de Barranco del Lobo, ce qui a déclenché les grandes manifestations à Barcelone qui ont culminé avec la Semana Trágica (Semaine tragique).

    Les relations se sont poursuivies de cette manière jusqu’en 1920. À cette époque, le commandant général de Melilla était le général Fernández Silvestre, un homme aguerri, incontrôlable et ami du roi. Sans tenir compte des ordres de prudence et de retenue des supérieurs, il envahit le Rif avec une rapidité et un succès surprenants. Alphonse XIII lui a envoyé un célèbre télégramme qui n’a pas été retrouvé, mais dont l’authenticité a été attestée par Jaime de Capmany en ABC. Ça disait « olé tus cojones ». Une façon impopulaire, économiquement insupportable, nauséabonde, de promouvoir la poursuite de l’aventure colonialiste, avec des pieds d’argile. Silvestre a semé le territoire conquis de blockhaus, des forts précaires défendus par de petites garnisons. Il y avait plus d’une centaine de positions isolées couvrant 5 000 kilomètres carrés, avec de très sérieuses difficultés d’approvisionnement en eau, en munitions et en nourriture. Les troupes espagnoles étaient mal équipées, armées et nourries, en raison de l’indolence, de l’ineptie et de la corruption de nombreux commandants et dirigeants. Abd el Krim, chef des Kabyles rifains, a su combiner la ferveur atavique du djihad avec l’ardeur populaire de la guerre de libération. Il attaque sur toutes les lignes, qui succombent en 72 heures, encerclant Silvestre à Annual. Lorsque le général ordonna la retraite, celle-ci se transforma en une fuite désordonnée de panique, de démoralisation et d’indiscipline, les Rifains massacrant des hommes en fuite, désarmés, épuisés, affamés et assoiffés. Silvestre est mort à l’année, et son corps n’a jamais été retrouvé. 300 généraux, chefs et officiers ont été faits prisonniers et Abd el Krim a exigé quatre millions de pesetas pour eux, qui ont finalement été payés par l’industriel Horacio Echevarrieta. Alfonso XIII, dans un geste d’inhumanité qui le qualifie, se limite à dire « quelle chair de poule j’ai sur le visage ».

    L’enquête sur les responsabilités de la catastrophe est confiée au général Picasso, grand-oncle du génial peintre. On lui refuse les documents militaires et on lui interdit d’enquêter auprès des plus hautes autorités. Cependant, Picasso a produit un dossier rigoureux qui va au-delà de ces limites. En outre, un débat parlementaire a été ouvert sur la responsabilité, et l’on savait que l’opposition ne pardonnerait pas l’implication du monarque. Le coup d’État de Primo de Rivera, capitaine général de Catalogne, avec le soutien d’Alfonso XIII, suspend le débat sine die. Le Conseil suprême de la guerre et de la marine poursuit l’instruction du dossier pour déterminer les responsabilités militaires, sur la base du dossier Picasso, et ne condamne le général Berenguer, le supérieur de Silvestre, qu’à la peine légère de la révocation du service, que le roi amnistie immédiatement. Puis vint la République, le roi partit, et finalement la Cour suprême dut rejeter l’affaire pour cause de chose jugée par la justice militaire. Juridiquement, c’était peut-être inévitable, mais l’impunité éhontée de ceux qui ont causé tant de morts et de souffrances inutiles, qui méritent aujourd’hui notre respect et notre souvenir, est scandaleuse.

    José María Mena a été procureur en chef du Tribunal supérieur de justice de Catalogne.

    El Pais, 15/07/2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Rif, Abdelkrim El Khattabi, Alfonso XIII,

  • La police de Catalogne tente de recruter le journaliste Ali Lmrabet

    Un journaliste marocain dénonce la tentative des Mosso de le recruter comme informateur

    Ali Lmrabet s’indigne du traitement de la police catalane, qui a insisté malgré son refus

    Cristina Mas

    BARCELONE.- En septembre de l’année dernière, le prestigieux journaliste marocain Ali Lmrabet a reçu un appel d’un inconnu : une personne se présentant comme un agent des services d’information des Mossos d’Esquadra qui demande de le rencontrer. L’intérêt de l’équipe de renseignement de la police catalane pour Lmrabet est logique : ancien diplomate, ex-professeur, écrivain et journaliste connu et maintes fois récompensé pour sa défense de la liberté de la presse au Maroc, c’est un grand connaisseur du pays et de son régime. Mais Lmrabet est indigné par le traitement qu’il a subi de la part de la police catalane et surtout par le fait que, après avoir clairement indiqué qu’il est engagé dans le journalisme et ne veut parler aux services de renseignement d’aucun pays, il a continué à recevoir appels du même agent jusqu’à une douzaine de fois, la dernière il y a quelques semaines à peine. Pendant ce temps, le journaliste continue de faire son travail : il y a quelques semaines un des principaux hebdomadaires marocains a publié sa photo dans une ligne de mire comme menace pour avoir publié que l’auteur de la plainte déposée par le leader du Front Polisario, Brahim Ghali, au tribunal le mois dernier avait été un agent de la DGED, les services de renseignement marocains.

    « Je suis indigné que la police veuille qu’un ancien professeur assistant à la Sorbonne, un ancien diplomate, collaborateur de divers médias internationaux et avec une vingtaine de prix internationaux de journalisme, devienne un vulgaire crétin », déplore M. Lmrabet.

    Il explique que les appels des Mossos ont commencé quelques semaines après que le journaliste a eu un problème de cohabitation avec un voisin, qu’il a dénoncé pour agression raciste, dans une affaire qui est en cours de justice. En effet, lorsque le journaliste a reçu le premier appel du service de renseignement, il pensait que les Mossos le contactaient à ce sujet : « Je m’étais plaint du traitement reçu par un sergent des Mossos et je pensais qu’ils le réclamaient, mais tout de suite la voix de l’autre côté m’a dit que l’appel venait des services de renseignements, qui avaient vu ma plainte mais m’ont appelé pour autre chose », se souvient-il.

    « Il m’a dit qu’il avait assisté à une de mes conférences en janvier, mais j’ai donné des centaines de conférences, ainsi que des interventions à la télévision et à la radio, et personne de la police ne m’avait jamais appelé. J’ai insisté pour qu’il me dise pourquoi il voulait me parler, et à un moment de la conversation, peut-être pour m’impressionner, il m’a dit le nom de ma femme. Il m’a dit qu’il voulait que nous nous rencontrions. Le journaliste a refusé, insistant sur le fait qu’il ne s’adressait pas aux services d’espionnage et que s’ils voulaient des informations générales ils pouvaient lire ses articles ou l’inviter à suivre un cours à l’école des Mossos : « Sinon ils pouvaient me payer je ferais le même par respect pour ce pays, mais toujours en public, pas dans un bureau ».

    Ce n’est pas la première fois que les services secrets tentent de contacter Lmrabet. Selon le journaliste, en 2007, deux agents du Centre national de renseignement (CNI) lui ont rendu visite à l’hôtel de Saragosse où il préparait une conférence et a également décliné la proposition.

    Lmrabet a reçu plus d’appels, toujours du même interlocuteur, qui a décidé d’enregistrer et a finalement accepté la rencontre. « Je voulais savoir s’ils étaient vraiment des Mossos et quand ils m’ont rappelé, je leur ai proposé de nous rencontrer dans une cafétéria de la Plaça Catalunya. Une fois là-bas, je les ai invités chez moi ». Deux agents qui se sont identifiés avec leurs plaques y ont assisté. « J’ai été surpris que l’un d’eux m’accueille avec l’expression salam alaikum, qui n’est pas très utilisée dans le monde francophone où je me déplace », se souvient-il. Les agents ont cité des allégations d’agression de la part du voisin, pour lesquelles Lmrabet avait déposé une plainte pour crime de haine et également une plainte contre un sergent des Mossos qui s’est présenté à son domicile le jour de l’incident. Au cours de la conversation, les agents lui ont posé des questions sur la communauté rifaine en Catalogne et le journaliste s’est étonné qu’apparemment les agents n’aient pas compris « l’abîme entre la première vague d’immigration du Rif et les suivantes ».

    Un porte-parole des Mossos a confirmé à ARA que la rencontre a eu lieu et qu’il y a eu par la suite plus de contacts téléphoniques avec Lmrabet mais qu’en aucun cas ils n’avaient l’intention de le recruter comme confident, mais que la rencontre a eu lieu dans le cadre des contacts avec les experts pour obtenir des informations plus précises sur la situation dans le Rif, où en 2017 il y a eu une révolte pour exiger l’amélioration des conditions de vie qui l’année suivante a été durement réprimée. Selon leur version, ils voulaient connaître des détails sur le danger que le conflit aurait un impact en Catalogne. Ils décrivent la réunion comme « productive », mais disent que la relation est restée ici, et que les appels ultérieurs n’étaient qu’un suivi de leur conflit de quartier. Ils soulignent également que les services de renseignement de l’organisme ne se tournent jamais vers les journalistes pour servir d’informateurs.

    Lmrabet a été impressionné par le fait qu’ »ils ne s’intéressaient pas à mes conférences ». Le journaliste, lauréat du prix de la solidarité de l’Institut catalan des droits de l’homme en 2003, regrette que « quelqu’un qui n’a pas d’antécédents de violence dans aucun des pays où il a vécu au Maghreb, en Europe ou en Amérique latine, ce qui surveillé de près et persécuté au Maroc, est devenu, après l’âge de 60 ans, une brochette de quartier pour les Mosso ».

    ARA.CAT, 03/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Mossos, Ali Lmrabet, espionnage, Rif, communauté rifaine, Catalogne,

  • Maroc : Zefzafi, hospitalisé d’urgence à Tanger

    Le leader du Rif emprisonné, Nasser Zefzafi, admis d’urgence à l’hôpital de Tanger.

    Le leader du soulèvement du Rif a fait un malaise jeudi. C’est la troisième fois qu’il est traité à l’hôpital depuis février.

    Nasser Zefzafi, prisonnier politique du Mouvement populaire du Rif (Hirak), a été admis mardi matin dans un hôpital de Tanger après avoir été victime d’un évanouissement et d’une aggravation de son état de santé jeudi dernier, selon des sources du Hirak. Ce jour-là, Zefzafi s’est plaint d’uriner du sang. Personne ne sait ce qui pourrait être à l’origine de l’hémorragie qui l’a obligé à être transféré de la prison à l’hôpital.

    C’est la troisième visite dans un centre de santé depuis qu’il s’est évanoui en février. Le prisonnier politique rifain a été retrouvé par les geôliers inconscient sur le sol de sa cellule autour d’une mare de sang après s’être frappé lui-même suite à une baisse considérable du taux de sucre dans le sang (hypoglycémie), causée par la grève de la faim qu’il menait alors avec d’autres prisonniers. En mai, la famille de Zefzafi a signalé que le militant détenu à la prison de Tanger avait été emmené dans un hôpital extérieur à la prison pour y subir des examens médicaux, après quoi il avait été renvoyé à l’hôpital de la prison. À cette époque, on lui a diagnostiqué une paresthésie, une sensation anormale de picotement et de fourmillement accompagnée de froid et de chaleur dans certaines parties du corps. Ces symptômes sont compatibles avec un trouble du système circulatoire et peuvent être dus aux conditions de vie difficiles auxquelles il est soumis en prison.

    La famille et les avocats du leader rifain continuent de dénoncer le fait que les autorités pénitentiaires marocaines ne fournissent pas les rapports permettant d’établir sa situation médicale.

    Les tortures et les humiliations subies après son arrestation, son maintien à l’isolement pendant 18 mois et les grèves de la faim qu’il a menées ont pu réduire la condition physique du prisonnier politique rifain.

    Tout cela se passe après la sentence de la Cour de cassation la semaine dernière, où elle rejette le recours de la défense pour revoir les peines des principaux leaders qui ont mené les protestations dans le Rif en 2016, qui ont été durement réprimées par l’État marocain, conduisant à l’arrestation de plus de 800 militants rifains.

    Zefzafi a déclaré dans une interview à ce média qu’il avait subi des tortures et des humiliations lors de son arrestation puis de son emprisonnement, comme l’a ratifié son compagnon de cellule, Jamal Mouna, dans un témoignage publié par ELMUNDO.es après avoir fui le Maroc et obtenu l’asile politique en Espagne.

    D’autre part, une déclaration de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) publiée à l’occasion de la Journée internationale des Nations unies pour le soutien aux victimes de la torture, qui est célébrée le 26 juin de chaque année, a révélé que « la pratique de la torture ou d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants est encore courante et est largement pratiquée dans plusieurs centres de détention au Maroc ».

    Dans la déclaration, l’association note que « les services de sécurité recourent à ces pratiques lors d’arrestations et de détentions arbitraires, que ce soit en garde à vue, dans les prisons ou dans les hôpitaux psychiatriques, et lors de la répression de manifestations pacifiques avec l’usage excessif de la force pour les disperser ».

    Les militants rifains ont dénoncé le fait qu’ils ont été victimes de torture et d’humiliation lors des arrestations, comme l’a exprimé Nasser Zefzafi dans l’interview accordée à ce média : « Ils m’ont demandé de dire vive le roi d’une voix forte pour que la torture cesse. Tout cela s’est passé pendant qu’ils filmaient avec un téléphone. Mon corps ne pouvait pas le supporter et j’ai dit « Longue vie au roi ».

    El Mundo, 29 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Rif, Hirak, Nasser Zefzafi,

  • Maroc : « La résistance du Rif a été brisée »

    INTERVIEW DE L’ACTIVISTE JAMAL MOUNA
    Jamal Mouna et le Rif se sont battus pour leur liberté il y a cinq ans. Maintenant, leur résistance a été brisée
    La mort d’un poissonnier, écrasé par l’anarchie dans le Rif, a enflammé le nord du Maroc il y a cinq ans. Le gouvernement marocain est intervenu très durement. Les activistes ont été condamnés à des peines de prison allant jusqu’à vingt ans. D’autres, comme Jamal Mouna, ont fui vers l’Europe en bateau. Nous avons besoin d’un leader.

    Dion Mebius

    La conversation dure depuis 40 minutes lorsque Jamal Mouna fouille dans la poche intérieure de son manteau et en sort un paquet rouge. Il le déplie : c’est un drapeau rouge avec un losange blanc, avec un croissant et une étoile verts à l’intérieur. Il y a un siècle, c’était le drapeau du Rif, lorsque la région n’était pas opprimée par le Maroc, mais formait brièvement sa propre république.

    Que représente ce mince morceau de tissu pour Mouna ? Dignité. Liberté. Origine. Patrie. C’est notre nation, ce drapeau.

    C’est aussi le drapeau qui a valu à Mouna d’être emprisonnée au Maroc. Et le drapeau avec lequel il a failli se noyer sur la Méditerranée, fuyant la justice marocaine. Maintenant, il est assis ici, sur le canapé d’un petit appartement de Barcelone, pour la première fois en 41 ans d’existence, loin de sa terre natale bien-aimée et de sa famille. Son drapeau lui a fait perdre presque tout, mais garder la chose la plus importante : l’espoir d’un Rif libre.

    Il y a presque cinq ans, ce même espoir a embrasé la région montagneuse du nord du Maroc. Des dizaines de milliers de Rifains, un groupe de population ayant sa propre culture berbère et une langue qui s’écarte de la norme arabe, ont défié les autorités et sont descendus dans la rue. L’élément déclencheur des manifestations a été la mort, le 28 octobre 2016, du vendeur de poisson Mohsin Fikri, écrasé dans un camion à ordures après une prise de bec avec les autorités au sujet d’un lot de poisson.

    Prise d’étranglement

    C’était la mèche dans le baril de poudre, rempli de mécontentement à propos de la suppression de la culture berbère et du manque d’investissement et d’emploi dans le Rif. Elle est restée agitée pendant des mois. Le gouvernement marocain, dirigé par le puissant roi Mohammed VI, est intervenu avec une grande férocité. Les troupes d’autres régions ont réprimé la révolte, les dirigeants du mouvement de protestation Hirak ont été condamnés à des années d’emprisonnement.

    Cette prise suffocante fonctionne. Le mécontentement n’a pas disparu, mais la protestation est brisée. Sans le leader Nasser Zafzafi, qui a été condamné à vingt ans de prison, le mouvement de protestation s’est désintégré. Le Maroc veut que cela reste ainsi. C’est pourquoi Zafzafi ne sera pas libéré, contrairement à des dizaines d’autres militants du Rif qui ont purgé de courtes peines de prison ou ont été graciés par le roi. La fuite de certains d’entre eux vers l’Europe montre à quel point leur situation est menaçante.

    Quelques-uns obtiennent l’asile politique aux Pays-Bas, où environ 70 % des Néerlandais d’origine marocaine ont leurs racines dans le Rif. Le plus souvent, les militants riffins se retrouvent en Espagne, seulement séparée du Maroc par un petit détroit. En janvier de cette année, douze militants ont reçu un permis de séjour temporaire en Espagne, après un périlleux voyage en bateau.

    Jamal Mouna était l’un d’entre eux. Depuis l’obtention de son permis de séjour, il loue une petite chambre à Vendrell, une ville côtière de Catalogne. Nous nous sommes rencontrés dans une banlieue de Barcelone avec Lodfi el Khattabi, une connaissance dr rifain et un ami à lui. C’est le réseau sur lequel Mouna s’appuie depuis sa fuite vers l’Europe.

    Piégé à Casablanca

    Les mois de Mouna ont été difficiles mais ses yeux sont souriants. Il s’entraîne et, dans le Rif, une ancienne zone d’occupation espagnole, il a déjà appris certaines choses.

    Par où commencer ? Sa propre vie avant les protestations. Mouna, célibataire, travaillait comme serveur dans un café d’Al-Hoceima, la capitale officieuse du Rif. Travail dur et bas salaires, la vie de la plupart des Rifains. Tu vas d’un emploi à l’autre.

    Si tant est que vous puissiez trouver un tel emploi, car le chômage est énorme. Les soins de santé et l’éducation dans le Rif sont loin d’être adéquats. Et il y a toujours ce sentiment d’anarchie – voir la mort du poissonnier Fikri, qui est monté dans un camion à ordures pour empêcher la police de détruire son espadon (pêché hors saison), après quoi le mécanisme cpmpresseur a été activé.

    Avant même le Hirak, Mouna organisait des réunions au cours desquelles les habitants d’Al-Hoceima partageaient leurs critiques. Lorsque les protestations s’enflamment, en octobre 2016, il est en première ligne. Mouna descend dans la rue et parle dans ses rassemblements de la nécessité de la résistance.

    Le rôle de Mouna dans les manifestations n’est pas sans conséquences. La police l’arrête, ainsi que des centaines d’autres personnes. Le 8 juin 2017, il est condamné à deux ans de prison. Avec le chef du Hirak, Zafzafi, dont il était proche, Mouna a été emmené à la prison de Casablanca, loin du Rif.

    Quinze jours de faim

    Afin d’exiger une alimentation décente, des soins médicaux et des visites familiales, les prisonniers politiques ont entamé une grève de la faim. Mouna n’a rien mangé pendant quinze jours,  » presque comme une torture « . Il n’a jamais vraiment souffert de torture physique en détention. Nasser Zefzafi l’a fait, le leader du Hirak nous l’a dit dans un clip audio sorti clandestinement de prison en 2019. En lui, des objets auraient été insérés dans son anus, entre autres.

    Après deux ans, en juin 2019, Mouna est libéré, pour aussitôt redescendre dans la rue pour protester – qu’il ait dû laisser ses amis en prison, il ne peut l’avaler. Il porte son drapeau de la République du Rif libre lors d’une manifestation à Tamassint, un village près d’Al-Hoceima. Quelques jours plus tard, il est arrêté par la police. Mère Habiba ne peut rien faire, des larmes coulent sur ses joues.

    Et puis le bateau a fui

    Il est à nouveau accusé. Manifester avec le drapeau du Rif est très sensible au Maroc : le régime considère la mémoire de la république du passé comme une menace pour l’unité nationale. Avant tout, Mohammed IV attachait de l’importance à l’ordre dans son royaume, après le chaos qu’il a vu dans les pays qui l’entouraient pendant le printemps arabe. Il reste peu de choses des idées éclairées qu’il a présentées lors de son accession au trône en 1999. La liberté de la presse est limitée. Le Parlement a peu de pouvoir : il n’y a pas de démocratie.

    Mouna a été autorisé à attendre son procès en liberté. Via via via, il a reçu des menaces. Il ferait mieux d’arrêter son activisme, lui a-t-on dit, sinon les choses pourraient très mal tourner pour lui. On a même proposé à Mouna de l’argent pour ouvrir sa propre entreprise. Une tentative, dit-il, de le faire taire. En octobre 2020, il est condamné à 8 mois de prison, mais le régime ne se presse pas de l’enfermer à nouveau.

    Pour continuer à se battre pour le Rif, il doit quitter le Rif, réalise Mouna. Avec cinq autres personnes, il réunit l’argent pour un simple bateau à moteur. Le 18 janvier de cette année, ils ont quitté Al-Hoceima pour la côte espagnole. C’était un voyage plein d’embûches : des problèmes de moteur, une fuite. Mouna a montré une vidéo d’eux en train d’écoper l’eau du canot pneumatique, les pieds trempés. Il y a des moments où il pense qu’ils ne vont pas y arriver. Mais ils ne reviennent jamais en arrière.

    Ils sont finalement secourus par des pêcheurs espagnols de Malaga, qui ont navigué pour attraper la pêche du jour. Les pêcheurs attachent une corde au bateau des réfugiés et les tirent vers la côte sud de l’Espagne. Après un voyage exténuant de 26 heures, les réfugiés ont posé le pied en Europe, continent de la liberté et de la démocratie.

    Nous avons besoin d’un leader

    Les premières fissures n’ont pas tardé à apparaître dans cette image idéalisée. Dans le centre pour demandeurs d’asile de Murcie, où les conditions sont pires que dans la prison de Casablanca, Mouna apprend qu’il sera expulsé avant de pouvoir raconter son histoire. Lui, un réfugié politique, n’en croit pas ses oreilles. Il venait de partir pour une telle injustice, n’est-ce pas ?

    Les Marocains qui atteignent l’Espagne en tant que migrants sont généralement renvoyés immédiatement. Cela ne se fait pas sans problèmes. Le Maroc n’a pas l’habitude d’utiliser ses citoyens comme une arme politique, comme l’a fait à Ceuta, l’enclave espagnole proche du Maroc qui a été submergée par 10000 migrants en mai. Des règles différentes s’appliquent aux réfugiés politiques : ils ne doivent pas être expulsés immédiatement. En 2018, pour la première fois, l’Espagne a reconnu un Rifain qui était venu en tant que réfugié politique.

    Après cinq jours, et grâce à l’intervention d’un avocat, Mouna est libéré de son incertitude : il peut rester pour l’instant. Il montre un morceau de papier vert, son permis de séjour temporaire. Bien sûr, ses parents lui manquent, et il leur manque. Mais le fait que leur fils soit en sécurité est la chose la plus importante pour eux.

    Et maintenant ? Il veut poursuivre son combat depuis la Catalogne, avec des messages sur les médias sociaux et des manifestations dans les rues, pour attirer l’attention sur la cause rifaine. La colère dans le Rif est toujours aussi grande, mais il voit aussi que la situation ne s’est pas améliorée au cours des cinq dernières années – le fait qu’il ait dû fuir en dit long. Nous avons besoin d’un leader qui puisse nous unir ».

    En attendant, Mouna continue de travailler. Hasta el final », conclut-il en espagnol, la langue de son nouveau pays. Jusqu’à la fin, et il pourra être libre dans le Rif.

    De Volkskrant, 20 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Rif, Jamal Mouna, asile politique, exile, répression,

  • Maroc-Pays Bas : Nawal Benaïssa dénonce l’harcèlement d’agents du Makhzen marocain

    Nawal Benaïssa a dénoncé jeudi 27 mai l’harcèlement et les menaces dont elle est l’objet de la part d’agents à la solde du régime du Maroc, a rapporté vendredi le site Arrif Daily.

    Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, l’activiste des droits de l’homme rifaine a indiqué qu’elle est constamment harcelé par des éléments du Makhzen, depuis qu’elle a déposé la demande d’asile politique aux Pays Bas, demande qui a été suivie par différentes publications de la presse néerlandaise.

    Condamnant ces actes, Mme Benaïssa a révélé que, dans ce cadre, sa sœur a été empêchée d’obtenir un passeport pour voyager.

    Benaïssa a rappelé que les rifains sont un peuple fier et ne capitulera pas quelle que soit la répression qui s’abat sur lui.

    Etiquettes : Maroc, Rif, Hirak, Nawal Benaïssa, Nasser Zefzafi, Makhzen, harcèlement,

  • Maroc: des partis politiques demandent la libération des journalistes et militants

    Maroc: des partis politiques à la rescousse de journalistes et militants emprisonnés

    Des partis politiques ont récemment joint leurs voix à celles des défenseurs des droits humains pour demander la libération de journalistes et militants emprisonnés au Maroc, au nom d’un souci d’ »apaisement ».

    Alors que les procès de deux journalistes incarcérés depuis près d’un an sont en cours, ce souci est affiché par trois formations de l’opposition -Authenticité et modernité (PAM), Istiqlal (PI) et Progrès et socialisme (PPS)- ainsi que par le Parti justice et développement (PJD), à la tête de la coalition gouvernementale.

    « Il est nécessaire de créer un climat général positif basé sur un apaisement politique et la protection des droits humains », ont affirmé le PAM, le PI et le PPS dans un récent communiqué.

    Le conseil national du PJD a lui évoqué « la nécessité d’un apaisement » en souhaitant que soit trouvée « la formule appropriée pour la libération des personnes condamnées dans le cadre de manifestations sociales et des journalistes détenus ».

    « Notre pays a besoin d’un nouveau souffle », a affirmé à l’AFP Driss Azami, le président du conseil national du PJD, précisant que l’appel de son parti concernait « tous les condamnés dans le cadre de mouvements sociaux mais également tous les journalistes emprisonnés ».

    « Nous ne supportons pas les pressions étrangères » en leur faveur, « nous ne voulons recevoir de leçons de personne, d’où ces appels à l’apaisement », a-t-il encore dit.

    – « Dérapages » –

    En écho, le secrétaire général du PAM Abdelatif Ouahbi juge « primordial de trouver une solution pour libérer l’ensemble des journalistes et ce qui reste des détenus du Hirak », en référence aux militants condamnés à des lourdes de peines de prison en lien avec le mouvement de protestation sociale ayant agité le nord du Maroc en 2016-2017. Au total, ils sont encore sept emprisonnés.

    Dans un entretien à l’AFP, M. Ouahbi reconnaît des « dérapages ne reflétant pas la tendance générale » et la nécessité de les « réparer », en s’inquiétant notamment de l’impact négatif sur l’image du pays.

    Ces appels concernent notamment les cas de deux journalistes, Soulaimane Raissouni, 48 ans, et Omar Radi, 33 ans, qui ont entreprise des grèves de la faim pour protester contre leur détention « arbitraire ».

    Le premier a cessé de s’alimenter le 8 avril et a perdu 25 kilos depuis son incarcération, selon son épouse. Le second a suspendu son mouvement après 21 jours mais reste très affaibli, selon son père.

    Ils attendent depuis plusieurs mois leur jugement sur des accusations de viol -accompagnées pour M. Radi de poursuites pour espionnages- qu’ils nient tous deux.

    Raissouni, rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum, a été interpellé il y un an après une plainte déposée par un militant LGBT.

    Radi est pour sa part en détention préventive depuis près dix mois, après une plainte d’une des ses collègues de travail. Ce reporter indépendant est parallèlement poursuivi pour « financements étrangers » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ».

    – « Droit des victimes » –

    Plusieurs pétitions, dont deux récentes signées par plus de 500 personnalités dont des anciens ministres et par 160 journalistes, ont appelé à leur remise en liberté provisoire, systématiquement rejetée par la justice marocaine.

    Les soutiens de ces deux hommes connus pour leur ton critique dénoncent des « procès politiques », en rappelant que d’autres journalistes marocains ont été poursuivis dans le cadre d’affaires d’agressions sexuelles ces dernières années.

    Le fondateur du quotidien Akhbar Al Yaoum Taoufik Bouachrine, incarcéré depuis 2018, a été condamné à 15 ans de prison pour « viol », « traite d’être humain » et « agressions sexuelles ». Il a toujours nié les faits dénonçant lui aussi « un procès politique ».

    Face aux critiques, les autorités marocaines mettent en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures. Les avocats des plaignants, eux, en appellent au « respect du droit des victimes ».

    Co-fondateur d’une nouvelle association de défense des droits des victimes d’agressions sexuelles, l’avocat Mohamed Karout l’invoque également, se disant « surpris » des appels politiques à l’apaisement.

    « Qu’en est-il des droits des victimes. Ne sont-elles pas des être humains? », dit-il à l’AFP.

    Après plusieurs renvois, les prochaines audiences des procès de MM. Raissouni et Radi ont été fixées au 18 mai.

    La Libre Afrique, 13 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, partis politiques, libération des prisonniers, journalistes, activistes, militans, Hirak, Rif,

  • Maroc / Le Hirak rifainn est à la dérive sans son leader, Zafzafi.

    Maroc A la fin du Ramadan, certains militants ont été graciés mercredi. Mais le feu semble s’être éteint dans le mouvement de protestation du Riffin Hirak.

    Nous sommes tous des Zafzafi », a crié mercredi une foule de Riffins devant les portes de la prison de la ville d’Al Hoceima, sur la côte marocaine. Ils ont salué la libération, à la fin du Ramadan, de dix-sept militants du Hirak, le mouvement de protestation riffin, dont Hassan Barba et Wassim El Boustati, qui avaient été condamnés à vingt ans de prison. Leur joie n’était cependant pas complète. Tant que le roi Mohammed VI ne gracie pas leur chef Nasser Zafzafi (41 ans), ils ne voient aucune raison de faire la fête.

    C’est ainsi que les habitants d’Al Hoceima ont commencé le festival du sucre sans grand espoir d’un avenir meilleur. La répression croissante – en partie sous couvert de mesures de couronnement – a entraîné un nouvel isolement de la population riffine au cours de l’année écoulée. Leur mouvement de protestation est à la dérive depuis que Zafzafi a annoncé, dans une lettre envoyée de prison fin avril, qu’il ne voulait plus en être le leader. « Depuis ma cellule, je ne peux pas décider de l’avenir du Hirak », a expliqué Zafzafi dans une interview au journal espagnol El Mundo. « Le peuple riffin devra le faire lui-même par un dialogue ouvert. »

    La question est de savoir dans quelle mesure ce souhait est réaliste. Le Rif semble muet après avoir brisé les protestations de 2016 et 2017, lorsque le mouvement populaire riffin, Zafzafi en tête, est descendu dans la rue pendant des mois pour réclamer de meilleures conditions de vie.

    En mai 2017, après une chasse à l’homme de plusieurs jours, Zafzafi a été arrêté pour séparatisme. Il a été maltraité et condamné à vingt ans de prison. Pendant plusieurs semaines, les gens sont descendus dans la rue pour demander sa libération, mais presque chaque manifestation s’est accompagnée de nouvelles arrestations.

    Un silence étrange

    Aujourd’hui, « un étrange silence règne dans la ville », déclare Jamal El Mahdali, philosophe et militant de 55 ans, à propos de l’atmosphère qui règne à Al Hoceima, sa ville bien-aimée. « Il ne reste plus rien du centre dynamique du Rif », s’appesantit le Riffinien. « Les protestations ont été écrasées. Le chômage est énorme. La pauvreté est affligeante. Les jeunes veulent partir en masse. Il n’y a plus personne pour se lever au nom du peuple engourdi. »

    Les mesures Corona et la répression croissante ont encore aggravé la situation des Riffins ces dernières années. Al Hoceima a été de plus en plus  » barbarisé  » sur ordre du gouvernement de Rabat. De toutes les régions du Maroc, des agents ont été amenés dans le Rif pour maintenir l’ordre. Les médias internationaux ont été tenus à l’écart.

    La population se fait peu d’illusions sur les élections nationales de septembre. El Mahdali : « Qui va nous réveiller de ce cauchemar pour que nous puissions vivre librement ? »

    Dans le Rif, le mécontentement passe ainsi d’une génération à l’autre. Les Riffins plus âgés n’ont pas oublié qu’en 1958 – deux ans après l’indépendance du Maroc – le prince héritier de l’époque, Hassan II, les a massacrés, faisant des centaines de victimes. En 1984, un autre soulèvement a éclaté. Celle-ci est également écrasée par Hassan II, cette fois-ci en tant que roi. Pendant toutes ces années, pratiquement aucun investissement n’a été réalisé dans cette région isolée, ce qui a entraîné un taux de chômage élevé et des soins de santé insuffisants. Un grand projet d’investissement annoncé pour le Rif au début du siècle ne s’est jamais concrétisé, alimentant les protestations qui ont éclaté fin octobre 2016.

    « Le Rif et ses relations conflictuelles avec le pouvoir central au Maroc sont un fait récurrent », explique l’expert du Maroc Paolo De Mas, qui a récemment coédité une édition révisée de History of Morocco avec Herman Obdeijn et Nadia Bouras. « Le gouvernement ne parvient pas à canaliser les protestations et à satisfaire des demandes qui sont en soi raisonnables. Et parmi les Riffins, il y a plusieurs mouvements qui ne veulent céder à rien et qui se jouent donc facilement les uns des autres. Si vous n’êtes pas prêt à faire des compromis, vous n’obtenez souvent rien. C’est pourquoi les choses dans le Rif se terminent presque toujours dans la violence. »

    Pour l’autorité centrale, en outre, les problèmes du Rif central sont gérables, ajoute M. De Mas. « Rabat est plus préoccupé par les grandes villes, en raison de la massivité des problèmes socio-économiques qui s’y accumulent. »

    Un imam militant

    Mais les Riffins ne cèdent pas facilement. L’imam militant Elmortada Iamrachen, par exemple, a été condamné à cinq ans de prison en 2017 pour avoir exprimé des « sympathies terroristes » sur Facebook. L’été dernier, il a été gracié par « M6 ». Iamrachen souffre de problèmes psychologiques, mais abandonner n’est pas dans son caractère. « Si le roi veut vraiment une percée politique, il aurait dû libérer tous les prisonniers du Hirak. En commençant par Zafzafi », dit Iamrachen via Whatsapp depuis Al Hoceima. « Les jeunes sont prêts à prendre la relève. Mais ils ne peuvent le faire que s’il y a des réformes qui améliorent la situation économique. Aujourd’hui, nous sommes aussi loin que nous l’étions au début des manifestations en 2016. »

    El Mahdali, professeur de philosophie, espère que la nouvelle génération poursuivra son combat pour la liberté. Mais la pratique est récalcitrante. La démission de Zafzafi menace de créer une vacance du pouvoir au sein du mouvement populaire. De nouveaux leaders notables parmi la jeune génération n’ont pas émergé, que ce soit au Maroc ou dans la diaspora. De nombreux jeunes Riffins préfèrent partir en Europe plutôt que de combattre dans le Rif. Et ce, malgré l’appel explicite que leur a lancé Zafzafi depuis sa prison : « Il s’agit de la liberté dans tout le pays », a-t-il écrit. « Le prix que nous payons est élevé. Mais ça fait partie de ce genre de processus. J’ai moi-même survécu à deux attaques et j’ai été condamné à 20 ans de prison. Je ne me suis jamais rendu. »

    « Vous non plus », déclare fermement El Mahdali, « Je ne crois pas que Zafzafi ferait bien de se retirer. Il a été désigné par les Riffins comme le visage du Hirak en raison de son dévouement et de sa loyauté. Il serait préférable que Zafzafi persiste. Le Hirak n’a pas besoin d’un chef. Non. Le Hirak a besoin de Zafzafi. Il est irremplaçable. »

    NRC.NL, 13 mai 2021

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