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  • Roi Abdallah : tentative de médiation entre l’Algérie et le Maroc?

    Roi Abdallah : tentative de médiation entre l’Algérie et le Maroc?

    Tags : Jordanie, Algérie, Roi Abdallah, Abdelmadjid Tebboune,

    Par Mohamed Kouini

    Le Roi Abdallah II bin Hussein, souverain du Royaume hachémite de Jordanie, a achevé, ce dimanche 4 décembre, une visite d’Etat de deux jours en Algérie, à l’invitation du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Une visite inédite qui marque un changement de paradigmes dans les relations entre Alger et les pays du Moyen-Orient.

    Lors de cette visite, le Président Tebboune a réservé un accueil officiel au Roi de Jordanie au siège de la Présidence de la République avant de tenir des entretiens en tête-à-tête qui ont été élargis, par la suite, aux membres des délégations des deux pays.

    Ces entretiens ont été sanctionnés par la signature de plusieurs accords de coopération et de mémorandums d’entente portant sur de nombreux domaines, dont notamment les consultations politiques, les relations diplomatiques, l’information, l’enseignement et la formation maritime.

    Cependant, pour les milieux diplomatiques, cette visite requiert une grande importance, non seulement dans le registre de la coopération étroite entre les deux pays, mais aussi dans des démarches de dialogue et dans la gestion des crises et des tensions régionales.

    Il faut souligner qu’il s’agit de la première visite du Roi Abdallah II en Algérie, et que c’est connu que le souverain hachémite ne passe jamais, ou rarement, une nuit hors de ses demeures et palais, même chez les plus proches de ses amis ou alliés. Un fait guère anodin. C’est un signe relevé par des observateurs avisés, et qui dénote du grand intérêt du roi hachémite aux consultations qu’il a eues avec le président Tebboune et les hauts responsables de l’Etat.

    Les relations entre les deux pays, loin des exubérances médiatiques, ont toujours été excellentes. Les Algériens n’oublient pas que durant la décennie noire, marquée par la violence terroriste, alors que le pays était isolé sur le plan international, c’est encore Amman qui a soutenu l’Algérie dans sa lutte contre l’intégrisme armé notamment au sein des institutions onusiennes. La Jordanie avait elle aussi subi les effets néfastes des attentats terroristes jusqu’à un passé .

    La coopération militaire a pris durant cette période une autre dimension avec la formation de plusieurs contingents d’officiers et cadres de l’ANP au sein des académies militaires jordaniennes, de réputation internationale. Le souverain hachémite avait justement eu des entretiens avec le chef de l’Etat major de l’armée, le général de corps d’armée Said Chenegriha.

    Selon des sources jordaniennes, contactées par le Jeune Indépendant, le Roi Abdallah II devrait donner son quitus pour renforcer cette coopération militaire, d’autant que l’ANP veut diversifier ses partenaires et ne veut plus cantonner la formation de ses cadres uniquement dans les académies françaises, américaines ou russes.

    Les mêmes sources indiquent que l’industrie pharmaceutique devrait prendre un autre élan après cette visite. L’expertise jordanienne dans ce secteur est connue, notamment grâce aux premiers investissements lancés et chapeautés en Algérie par le fameux Kabariti Abdelkarim, alors Premier ministre jordanien.

    L’Algérie cherche de nouveaux investissements dans l’industrie pharmaceutique, notamment dans la fabrication des médicaments, la formation des techniciens et dans la recherche scientifique.
    Amman a maintenu le même intérêt dans cette optique et semble être prêt à renforcer sa relation avec les autorités algériennes dans ce secteur. En outre Amman qui fait face à une crise sans précédents dans l’approvisionnement en carburants et en huiles a engager des pourparlers avec Alger pour concrétiser des accords dans le domaine des hydrocarbures.

    Mais, il n’y a pas que des dossiers de coopération qui ont prévalu durant cette visite.
    Car, au-delà des dossiers économiques, et toujours selon des sources jordaniennes, le souverain hachémite aurait été sollicité par le Maroc pour lancer une médiation discrète entre le Makhzen et l’Algérie, dans le but de mettre fin aux tensions actuelles qui règnent entre les deux pays voisins.

    Les milieux jordaniens savent que leur Roi est très proche du palais de Rabat et les deux monarchies entretiennent de solides relations sur tous les plans. L’Algérie reste toutefois réfractaire envers toute médiation avec son voisin de l’Ouest.

    Le jeune Indépendant, 04/12/2022

    #Algérie #Jordanie #Roi_Abdallah #Tebboune

  • Fuites du Credit Suisse: les personnalités arabes concernées

    Fuites du Credit Suisse: les personnalités arabes concernées

    Fuites du Credit Suisse: les personnalités arabes concernées – roi Abdallah de Nordanie, Moubarak, Moyen-Orient, trafic de drogue, torture, corruption, blanchiment d’argent,

    Les fuites du Credit Suisse : Du roi Abdallah aux fils de Moubarak, les personnalités du Moyen-Orient concernées
    Une fuite d’informations provenant de la banque suisse a révélé l’accumulation massive de richesses par des personnalités politiques de la région.

    La fuite d’informations sur des milliers de comptes auprès du géant bancaire suisse Credit Suisse a une fois de plus plongé un grand nombre de personnalités politiques du Moyen-Orient dans un scandale majeur lié à la thésaurisation.

    Une série de médias ont reçu des détails sur les pratiques « immorales » employées par la société – comme l’a dit le dénonciateur – révélant des clients impliqués dans une série d’activités telles que le trafic de drogue, la torture, la corruption et le blanchiment d’argent.

    Le Credit Suisse a déclaré qu’il « rejette fermement les allégations et les déductions concernant les prétendues pratiques commerciales de la banque » en réponse à la fuite.

    Les données révèlent l’existence d’environ 18 000 comptes bancaires, ouverts pendant des décennies et remplis de centaines de millions de francs.

    Middle East Eye s’est penché sur les personnalités régionales qui ont été identifiées comme propriétaires de comptes par la nouvelle enquête.

    Le roi Abdallah et la reine Rania de Jordanie
    Le couple régnant sur le Royaume de Jordanie était des clients enthousiastes du Credit Suisse, a révélé la fuite de données. Depuis 2011, Abdullah a été le bénéficiaire d’au moins six comptes auprès de la banque, tandis que son épouse Rania en possédait également au moins un.

    L’un des comptes valait à un moment donné au moins 230 millions de francs suisses (250 millions de dollars), tandis que Rania aurait eu un compte d’une valeur d’au moins 39,1 millions de francs suisses (42,66 millions de dollars).

    Dans une déclaration au Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), les avocats de la famille ont déclaré que les « comptes concernés sont utilisés pour l’acquisition d’actifs, les investissements, les dépenses opérationnelles et personnelles et les débours généraux, y compris le financement de certaines initiatives royales » et que le couple n’a « jamais extrait, de quelque manière que ce soit, des fonds du Trésor, des actifs publics, de l’aide internationale ou du budget du gouvernement vers des comptes situés à l’étranger ou pour son enrichissement personnel ».

    À la suite de la fuite, la Cour royale a publié une déclaration accusant l’enquête de contenir des « inexactitudes et des informations obsolètes et trompeuses » visant à « diffamer la Jordanie et Sa Majesté, ainsi qu’à déformer la vérité ».

    Gamal et Alaa Mubarak
    Gamal et Alaa Moubarak, les fils du défunt autocrate égyptien Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en 2011 par la révolution égyptienne, avaient un solde maximum de plus de 277 millions de francs suisses (302 millions de dollars) sur des comptes du Credit Suisse.

    Un compte appartenant prétendument à Alaa avait accumulé 232 millions de francs suisses (environ 253 millions de dollars) en 2010.

    Les avocats des deux hommes ont déclaré à l’OCCRP que ni les enquêtes suisses ni les enquêtes égyptiennes n’avaient trouvé de preuve d’activité suspecte sur leurs comptes.

    Omar Suleiman
    Des proches d’Omar Suleiman, l’ancien chef des services de renseignement de Moubarak, ont ouvert un compte commun au Crédit Suisse en 2003, dont le solde a atteint 52 millions de dollars quelques années plus tard et qui est resté ouvert après sa mort. Un autre compte a été ouvert entre 1996 et 2005.

    Suleiman, qui est décédé en 2012, était connu pour avoir supervisé la torture de personnalités de l’opposition. Il a ensuite été nommé vice-président de l’Égypte juste avant l’éviction de Moubarak.

    Le projet de reportage a tenté de joindre sa famille pour un commentaire, mais en vain.

    Abdelaziz Bouteflika
    Abdelaziz Bouteflika, l’ancien dirigeant de l’Algérie, qui a été évincé en 2019 après des mois de manifestations antigouvernementales, partageait un compte avec un certain nombre de proches qui détenait 1,1 million de dollars en 2005, selon les données divulguées.

    Son règne sur le pays depuis 1999 a vu la répression des libertés civiles et la répression des partis d’opposition, tandis que son gouvernement a été dénoncé comme « corrompu jusqu’à l’os » par les manifestants antigouvernementaux.

    Samir Rifai
    Le nom de l’ancien Premier ministre jordanien, Samir Rifai, qui a démissionné à la suite de manifestations antigouvernementales en 2011, apparaissait sur de multiples comptes, selon les données divulguées.

    Rifai, qui a été accusé à plusieurs reprises de corruption par des militants pour la démocratie, a déclaré à l’OCCRP qu’il pouvait « totalement, sans équivoque et complètement » exclure toute source illicite pour l’argent sur les comptes, dont certains étaient détenus conjointement avec des membres de sa famille.

    Les fonds d’un compte, dont le solde maximum s’élève à plus de 12 millions de francs suisses (13,1 millions de dollars), étaient ceux de sa femme, a-t-il déclaré.

    Abdul Halim Khaddam
    Abdul Halim Khaddam a occupé plusieurs postes en Syrie sous le régime du président Hafez al-Assad, qui a dirigé le pays d’une main de fer en recourant largement à la torture et à la violence d’État pour réprimer la dissidence, et en pratiquant une corruption endémique.

    Ministre des affaires étrangères et vice-président à plusieurs reprises, M. Khaddam a contribué à superviser l’occupation syrienne du Liban, qui a pris fin en 2005 à la suite de protestations.

    La fuite de données a montré qu’il avait un compte ouvert entre 1994 et 2006 avec un solde maximum de 89,7 millions de francs suisses (98 millions de dollars).

    Sultan Qaboos bin Said Al Said
    Le défunt sultan d’Oman, le plus ancien dirigeant de la région au moment de sa mort en 2020, possédait deux comptes au Credit Suisse, l’un contenant près de 126 millions de dollars en 2003 et l’autre 57 millions en 2015.

    En plusieurs décennies, Qaboos a supervisé la transformation de son pays, qui est passé d’une nation profondément appauvrie et sous-investie à une puissance régionale, mais il a gardé une mainmise sur les rênes du gouvernement, n’autorisant que peu ou pas d’opposition et monopolisant la richesse au sein de la famille royale et de ses associés.

    Hussein Salem
    Ce magnat égyptien, autre proche collaborateur de Moubarak, possédait plusieurs comptes au Crédit Suisse, dont l’un contenait en 2003 des actifs d’une valeur de 105 millions de francs suisses (79,3 millions de dollars).

    Middle East Eye, 21/02/2022

    #CréditSuisse #Leaks #Banques #Détournement_argent

  • Rencontre secrète entre Herzog et le roi de Jordanie

    Rencontre secrète entre Herzog et le roi de Jordanie

    Israël, Jordanie, Isaac Herzog, Roi Abdallah, #Israël, #Jordanie,

    Le président israélien Herzog a rencontré en secret le roi de Jordanie

    Le président israélien Isaac Herzog a rencontré en secret le roi Abdallah II de Jordanie à Amman, a-t-il révélé samedi, dans un contexte de réchauffement diplomatique entre les deux pays.

    «La semaine dernière, j’ai rencontré au cours d’une très longue conversation le roi de Jordanie, j’ai été dans son palais, une soirée entière. Cela a été une excellente rencontre», a déclaré le président Herzog dans une interview dont des extraits ont été diffusés lors d’une heure de grande écoute samedi soir par les chaînes de télévision israéliennes.

    L’interview doit être diffusée dans son intégralité dimanche, à la veille du Nouvel an juif dont les célébrations commencent lundi soir.

    «La Jordanie est un pays très important. J’ai un respect immense pour le roi Abdallah, un grand leader et un acteur régional très important», a également déclaré M. Herzog, cité dans un communiqué de ses services.

    Le texte fait état d’«une «rencontre chaleureuse», sur invitation du roi de Jordanie, et au cours de laquelle les deux dirigeants ont discuté de «problèmes stratégiques, au niveau bilatéral et régional».

    «Parmi les choses dont nous avons discuté figurent les sujets au coeur des relations entre nos deux pays, notamment un accord pour importer des produits agricoles (de Jordanie, NDLR) pendant l’année de « shmitah » (jachère intervenant tous les sept ans selon la loi religieuse juive), des questions énergétiques, le développement durable et des solutions à la crise climatique que nous pouvons promouvoir ensemble», ajoute le communiqué.

    La Jordanie est le seul pays arabe limitrophe d’Israël — avec l’Égypte — à avoir signé un traité de paix avec l’État hébreu.

    Les relations bilatérales entre les deux pays s’étaient détériorées sous le gouvernement de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu. Des critiques avaient reproché à ce dernier d’avoir négligé le royaume hachémite au profit de la normalisation, intervenue en 2020, des relations d’Israël avec d’autres pays arabes: les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

    Le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett, lui, s’est envolé pour Amman rencontrer le roi Abdallah II, peu de temps après sa prise de fonction en juin.

    Les deux pays ont notamment conclu un accord début juillet sur la vente de 50 millions de m3 d’eau par an par Israël au royaume hachémite, en plus des 55 millions de m3 déjà fournis chaque année gratuitement à la Jordanie.

    En vertu de cet accord, la Jordanie est autorisée à augmenter ses exportations à destination de la Cisjordanie occupé par Israël depuis 1967.

    La Tribune numérique, 21/09/2021

  • Le drame sans précédent du palais jordanien au tribunal

    AMMAN, Jordanie (AP) – La version jordanienne du procès du siècle débute cette semaine lorsqu’un proche du roi Abdallah II et un ancien chef de la cour royale sont introduits dans la cage des accusés de la cour de sécurité de l’Etat pour répondre aux accusations de sédition et d’incitation.

    Ils sont accusés d’avoir conspiré avec un membre de la famille royale – le prince Hamzah, un demi-frère du roi – pour fomenter des troubles contre le monarque tout en sollicitant une aide étrangère.

    Le drame du palais a éclaté au grand jour début avril, lorsque Hamzah a été placé en résidence surveillée. Depuis, il a brisé les tabous en Jordanie et a semé la panique dans les capitales étrangères, les puissances occidentales se ralliant à Abdullah, un allié indispensable dans une région instable.

    L’affaire a mis en lumière les rivalités au sein de la dynastie hachémite, traditionnellement discrète en Jordanie, et a suscité des critiques publiques sans précédent à l’encontre du monarque. Les accusés sont les plus hautes personnalités de l’establishment à comparaître devant la cour de sécurité, qui s’occupe généralement des délinquants toxicomanes ou des militants présumés.

    « Pour autant que je sache, il n’y a jamais eu d’affaire aussi importante dans l’histoire de la Jordanie », a déclaré l’avocat de la défense Ala Khasawneh. Il a déclaré que le procès pourrait commencer lundi.

    Hamzah, 41 ans, est le personnage central, bien qu’il ne soit pas accusé. Dans des récits contradictoires, il est soit un champion des Jordaniens ordinaires qui souffrent de la mauvaise gestion économique et de la corruption, soit un royal mécontent qui n’a jamais pardonné à Abdullah de lui avoir retiré son titre de prince héritier en 2004 en faveur du fils aîné du roi.

    L’acte d’accusation, qui a fait l’objet d’une fuite dans les médias liés à l’État, allègue que Hamzah « était déterminé à réaliser son ambition personnelle » de devenir roi. Il affirme que le prince et les accusés – Sharif Hassan bin Zaid, un membre de la famille royale, et Bassem Awadallah, un ancien conseiller royal – ont conspiré pour susciter le mécontentement.

    Les agences de sécurité ont commencé à les surveiller à la mi-mars, au moment où l’opinion publique s’indignait d’une panne d’oxygène dans un hôpital de la ville de Salt, qui a tué huit patients atteints du coronavirus.

    Hamzah a rencontré les familles endeuillées juste après la visite du roi à Salt. Selon l’acte d’accusation, le prince a « profité » de la douleur des familles pour diffuser un message populiste.

    La popularité de Hamzah découle des liens qu’il a entretenus avec les tribus jordaniennes, le fondement du régime hachémite. Atef Majali, un chef de tribu de la ville de Karak, a déclaré que lui et d’autres cheikhs avaient rencontré le prince plus d’une douzaine de fois au fil des ans, mais a nié que le roi ait été critiqué lors de ces événements.

    Selon l’acte d’accusation, M. Hamzah et les deux accusés travaillaient sur des messages que le prince devait publier sur les médias sociaux, dans le but d’ »inciter certains groupes de la société à s’opposer au système en place et aux organismes publics ».

    Hamzah a nié les accusations de sédition, affirmant qu’il était puni pour avoir dénoncé la corruption et la mauvaise gestion.

    Le 3 avril, le jour où il a été placé en résidence surveillée, plus d’une douzaine de personnalités tribales et publiques ont été arrêtées, dont son principal assistant. Seuls Awadallah et bin Zaid sont toujours en détention.

    Le prince n’a pas d’ennuis judiciaires, le roi affirmant que l’affaire est gérée par la famille et que son demi-frère reste sous sa responsabilité. La cour royale s’est refusée à tout commentaire lorsqu’on lui a demandé si Hamzah pouvait quitter son palais d’Amman ou communiquer avec d’autres personnes. Atef Majali a déclaré que le personnel d’Hamzah n’était pas autorisé à reprendre le travail.

    Khasawneh, qui représente bin Zaid, un cousin éloigné du roi, a déclaré que son client est « sous le choc » et prévoit de plaider non coupable. Outre la sédition et l’incitation, Bin Zaid est également accusé de possession de stupéfiants après la découverte présumée de deux morceaux de haschisch à son domicile.

    L’avocat a déclaré qu’il prévoyait d’appeler Hamzah à la barre – ce qui pourrait amplifier la nature sensationnelle du procès. Il n’est pas certain que le palais, désireux d’apaiser la crise, permette au prince de plaider sa cause sur une scène aussi publique.

    Khasawneh a déclaré que son client avait l’intention de se battre contre les accusations et a balayé les questions sur un éventuel accord de plaidoyer. Lors des procès devant les cours de sécurité, les accusés se tiennent debout dans une cage de la salle d’audience. Awadallah et bin Zaid devraient également être confinés dans la cage, portant les uniformes bleus des détenus, a déclaré l’ancien président de la Cour de sûreté de l’État, Mohammad al-Afeef, qui représente Awadallah. Les accusés, qui sont détenus dans un centre de renseignement à Amman, risquent jusqu’à 20 ans de prison.

    Dans les jours qui ont précédé le procès, un récit plus large a fait surface, bien qu’il ne soit qu’évoqué dans l’acte d’accusation.

    Dans cette version, les conspirateurs présumés ont cherché une aide étrangère pour exploiter la vulnérabilité perçue du roi à un moment où il subissait des pressions de la part des États-Unis et de l’Arabie saoudite pour qu’ils acceptent un plan pour le Proche-Orient de l’administration Trump, aujourd’hui abandonné, souvent appelé le « Deal du siècle ». La Jordanie a exprimé son inquiétude quant au fait que le plan affaiblirait le rôle historique du monarque en tant que gardien de la mosquée Al Aqsa, un sanctuaire majeur dans la partie contestée de Jérusalem et un pilier des revendications de légitimité des Hachémites.

    Les allégations concernant les relations avec l’étranger se concentrent sur Awadallah, qui possède la nationalité jordanienne, américaine et saoudienne, a déjà été l’envoyé officiel du roi en Arabie saoudite et entretient des liens étroits avec le puissant prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed bin Salman.

    En Jordanie, Awadallah a été largement blâmé pour des politiques économiques considérées comme bénéficiant principalement aux riches et a été poursuivi par des soupçons de corruption. À Riyad, il a été visiblement impliqué dans les efforts visant à attirer les investissements étrangers.

    L’acte d’accusation allègue que Hamzah et bin Zaid ont invité Awadallah à les rejoindre en raison de ses liens avec l’étranger. À un moment donné, Hamzah aurait demandé à Awadallah : « Si quelque chose m’arrivait en Jordanie, les responsables saoudiens m’aideraient-ils ou non ? »

    L’Arabie saoudite, un important bailleur de fonds de la Jordanie, a immédiatement envoyé son ministre des affaires étrangères dans le royaume après l’éclatement de la crise, réaffirmant publiquement son soutien au roi.

    Mohammed Momani, membre du sénat jordanien et ancien ministre de l’information, a maintenu qu’il y avait un lien entre le prétendu complot de sédition et la politique régionale.

    « Lorsque vous voyez que la Jordanie est sous pression de la part de ses principaux alliés en raison de l’accord du siècle, alors vous avez probablement vu cela comme une ouverture ou une possibilité ou une opportunité de solliciter un certain soutien du monde extérieur », a allégué Momani, qui a dit avoir été informé de l’enquête.

    Momani a affirmé que bin Zaid avait contacté une ambassade étrangère, « essayant de leur demander leur réaction » si les conspirateurs présumés mettaient leur plan à exécution. Il n’a pas identifié l’ambassade.

    Les autorités jordaniennes ont déclaré que le complot présumé avait été découvert à temps mais qu’il représentait une menace pour la stabilité.

    Les critiques ont déclaré que les allégations de menace semblent exagérées, notant que tout complot aurait nécessité le soutien des forces de sécurité.

    « Je ne peux trouver aucune preuve qui conduirait à ce genre de procès », a déclaré l’analyste politique Amer Sabaileh. Lui et Momani font partie des 92 membres d’un comité de réforme politique formé par le roi pour gérer la crise.

    Selon M. Sabaileh, cette saga pourrait avoir causé des dommages durables.

    « Cela a ouvert la porte des Hachémites pour que les gens ordinaires puissent regarder à l’intérieur, et je pense que ce n’est pas bon, indépendamment de la façon dont cela s’est passé », a-t-il déclaré. « Il vaut mieux que cette famille soit unie et qu’elle ne montre pas qu’il y a ce genre de compétition ou de sentiment de vengeance ».

    Associated Press, 20 juin 2021

    Etiquettes : Jordanie, Roi Abdallah, Hamzah Husein,

  • L’intrigue de palais en Jordanie et l’échec de l’ »accord du siècle ».

    Le président Donald Trump rêvait d’un « accord du siècle » diplomatique pour la paix israélo-arabe qui unirait ses alliés, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman.

    Il n’a jamais eu lieu, en grande partie parce que le roi de Jordanie Abdallah II n’a pas voulu céder à la pression et faire des concessions sur le statut de Jérusalem et d’autres questions touchant les Palestiniens. Sa résistance a eu un prix : Le royaume d’Abdullah a été secoué par des tremblements au cours des dernières années, encouragés par la pression exercée par les principaux dirigeants politiques des États-Unis, d’Israël et d’Arabie saoudite.

    Les problèmes d’Abdullah ont éclaté au grand jour début avril, lorsque les forces de sécurité du roi ont arrêté trois éminents Jordaniens qu’il soupçonnait de comploter pour déstabiliser son régime : Le prince Hamzah, l’ancien prince héritier que sa mère d’origine américaine avait préparé au trône, Sharif Hassan bin Zaid, un parent du roi et un puissant chef tribal, et Bassem Awadallah, un ancien ministre jordanien qui était devenu un confident du prince héritier saoudien, souvent connu sous ses initiales MBS.

    Le 2 juin, un procureur jordanien a saisi la Cour de sûreté de l’État des accusations portées contre bin Zaid et Awadallah, mais les détails n’ont pas été rendus publics. Un rapport d’enquête jordanien sur l’affaire, partagé avec moi par un ancien agent des services de renseignement occidentaux bien informé, affirme que les actions des conspirateurs présumés « ne constituent pas un coup d’État au sens juridique et politique du terme, mais qu’il s’agit d’une tentative de menacer la stabilité de la Jordanie et d’inciter à la sédition ».

    Hamzah n’a pas été inculpé. Le rapport d’enquête indique que lui et sa famille « sont à leur domicile sous la garde de Sa Majesté [Abdullah] ». Le rapport affirme que Hamzah n’a « jamais accepté » sa destitution en 2004 du poste de prince héritier et a cherché à « se présenter comme une alternative » à son demi-frère, le roi.

    Le rapport jordanien poursuit : « Awadallah s’efforçait de promouvoir le ‘deal du siècle’ et d’affaiblir la position de la Jordanie et celle du roi sur la Palestine et la garde hachémite des lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem. »

    Hamzah, bin Zaid et Awadallah n’ont pas pu être joints pour un commentaire, et les efforts pour contacter les avocats qui parlent publiquement en leur nom n’ont pas abouti.

    L’agitation jordanienne a surpris les observateurs, dont certains ont soupçonné Abdallah de réagir de manière excessive à la politique familiale. Mais une reconstitution minutieuse de l’histoire, recueillie auprès de sources américaines, britanniques, saoudiennes, israéliennes et jordaniennes, montre que la pression sur le roi était réelle et s’était accentuée depuis que Trump avait commencé à faire pression pour son méga plan de paix, avec Netanyahu et MBS comme alliés clés. Rétrospectivement, il s’agissait d’un complot qui se cachait au grand jour.

    Jared Kushner, le gendre de Trump et conseiller principal sur les négociations, a embrassé Netanyahu et MBS – mais est devenu de plus en plus antagoniste envers le roi de Jordanie. « C’est devenu une conviction de Trump que le roi était une entrave au processus de paix », dit un ancien haut fonctionnaire de la CIA. Si Trump, Netanyahu et MBS ne semblent pas avoir œuvré pour renverser le roi, leurs actions l’ont clairement affaibli et encouragé ses ennemis.

    La campagne de Trump pour la normalisation des relations arabes avec Israël était louable. Elle a donné lieu aux accords dits d’Abraham qui ont tissé de nouveaux liens entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Mais le prix que Trump et Kushner voulaient le plus était l’Arabie saoudite – et pour dégager la voie, ils ont essayé de muscler la Jordanie, pendant des décennies l’un des plus proches alliés arabes des États-Unis.

    Aujourd’hui, les vents ont tourné : Trump a quitté ses fonctions, et Netanyahu semble être sur le chemin de la sortie. La Jordanie est de nouveau en faveur, et les conseillers d’Abdullah disent qu’il visitera la Maison Blanche cet été, le premier dirigeant arabe à rencontrer personnellement le Président Biden. MBS est dans les limbes de l’administration Biden et attend toujours un coup de fil ou une invitation présidentielle.

    Ce compte-rendu de l’intrigue du palais est tiré de discussions avec 10 responsables actuels ou anciens ayant une connaissance détaillée des événements. Ils ont requis l’anonymat pour décrire des informations sensibles sur l’un des jeux de pouvoir les moins visibles mais potentiellement les plus déstabilisants de ces dernières années au Moyen-Orient.

    Au centre de cette histoire se trouve Jérusalem, la capitale politique d’Israël et un trésor religieux pour les chrétiens et les musulmans, ainsi que pour les juifs. La monarchie hachémite de Jordanie doit une grande partie de sa légitimité à son rôle de gardienne de la mosquée al-Aqsa. Abdullah a décrit la protection du sanctuaire sacré musulman comme une « ligne rouge » pour la Jordanie. Au cours des trois dernières années, Abdullah a eu le sentiment que Trump, Netanyahu et MBS essayaient tous de le déloger de ce rôle, selon un Américain qui connaît bien le roi.

    Jusqu’au dernier jour de Trump à la Maison Blanche en janvier, Kushner a continué à faire pression pour une percée qui permettrait à un MBS hésitant et à l’Arabie saoudite d’embrasser la normalisation, selon plusieurs fonctionnaires bien informés. À ce moment-là, les Jordaniens avaient rassemblé un dossier de messages interceptés des comploteurs présumés qui, selon le document jordanien, montraient une « incitation contre le régime politique » et des « actions qui … créeraient une sédition. » L’affaire du siècle n’était plus qu’un lointain souvenir.

    La pression sur Abdullah a commencé avec son couronnement en 1999, après la mort de son père, le charismatique et rusé roi Hussein. Malgré tout le charme de la cour d’Hussein, il avait régné sur un siège perpétuellement chaud, survivant à de multiples complots de coup d’État, tentatives d’assassinat et jeux de pouvoir de ses voisins. Un traité de paix avec Israël en 1994 a donné au royaume une protection israélienne en plus de celle des États-Unis. Mais Abdullah a hérité du même équilibre délicat qui avait conduit Hussein à intituler ses mémoires « Uneasy Lies the Head » [qui porte la couronne].

    Abdullah est rapidement devenu la coqueluche de l’Occident. Avec sa femme, la reine Rania, élégante et libre penseuse, il était le symbole d’un leadership jeune, modernisé et pro-occidental dans le monde arabe. Il rencontrait chaque été l’élite économique et politique des États-Unis lors d’une réunion parrainée par Allen & Co. à Sun Valley, dans l’Idaho. Il incarne les espoirs américains et israéliens de paix et d’un islam modéré au Moyen-Orient.

    Les relations d’Abdullah avec l’Arabie saoudite étaient plus compliquées. La dynastie hachémite avait autrefois régné sur La Mecque et Médine, mais maintenant, transplantée en Jordanie, pays pauvre en ressources, elle avait besoin d’injections régulières de fonds de la part de la Maison des Saoud et d’autres monarchies du golfe Persique pour survivre. Le roi saoudien Abdallah, qui a régné de 2005 à 2015, a été généreux. L’intérêt de Riyad pour Amman était « la stabilité, la stabilité, la stabilité », se souvient une source du renseignement saoudien.

    Le statut du monarque jordanien en tant que meilleur ami des États-Unis dans le monde arabe a commencé à changer avec l’ascension de MBS, après que son père, le roi Salman, ait accédé au trône saoudien en 2015. MBS est devenu une célébrité instantanée aux États-Unis, avec son plan Vision 2030 pour moderniser son royaume, ses démarches pour réduire l’establishment religieux saoudien, et son charme effronté.

    L’engouement pour MBS s’est accéléré lorsque Trump est devenu président en 2017 et a fait de Riyad son premier arrêt à l’étranger. MBS a été présenté comme un réformateur, alors même qu’il supprimait les droits des dissidents et des militantes. Sa prise de pouvoir est devenue plus impitoyable en 2017, lorsqu’il a purgé un rival en tant que prince héritier et emprisonné plus de cent Saoudiens éminents à l’hôtel Ritz-Carlton jusqu’à ce qu’ils jurent allégeance et remettent une partie de leur argent. Puis vint le meurtre macabre d’un journaliste dissident, le chroniqueur collaborateur du Post Global Opinions Jamal Khashoggi, en octobre 2018, une mission qui, selon la CIA, a été approuvée par MBS.

    Dans l’entourage de MBS se trouvait Awadallah, un Jordanien qui avait été ministre de la planification et chef de la cour royale. Il était devenu une figure controversée en Jordanie, les critiques affirmant qu’il avait bénéficié financièrement de sa proximité avec le roi. Le roi Abdallah l’a encouragé à s’installer à Riyad, où il a pris un nouveau départ en conseillant MBS sur les plans de privatisation et de modernisation. Awadallah a aidé à présider des rassemblements semblables à ceux de Davos, comme le forum 2018 de la Future Investment Initiative, qui s’est tenu trois semaines seulement après le meurtre de Khashoggi.

    Selon une source saoudienne qui a parlé avec un ami d’Awadallah, le Jordanien a dit à l’ami saoudien que MBS s’est exclamé après leur première rencontre : « Pourquoi ne vous ai-je pas rencontré avant ? » Le message implicite, selon la source saoudienne, était : Maintenant, tu es à moi.

    En 2018, le monarque jordanien s’était inquiété du fait que la nouvelle proéminence de MBS se faisait aux dépens de la Jordanie. Lors d’une visite à Amman en février 2018, j’ai entendu cette inquiétude de la part de hauts fonctionnaires jordaniens. Ils craignaient que la Jordanie, après tant d’années en tant que partenaire loyal, ne soit évincée en raison de l’engouement de Trump pour MBS et les Saoudiens – et de son empressement à conclure  » l’accord ultime  » sur le problème israélo-palestinien, malgré les réticences jordaniennes.

    En mai 2018, Trump a officiellement déplacé l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, malgré les fortes objections du roi Abdallah. Ce déménagement, associé aux éternels problèmes économiques de la Jordanie, a entraîné des manifestations de rue en juin 2018. Un roi saoudien Salman inquiet s’est joint à d’autres dirigeants du Golfe pour promettre jusqu’à 2,5 milliards de dollars d’aide d’urgence. Mais les Jordaniens disent que la plupart de cet argent n’a jamais été livré.

    Kushner, un magnat de l’immobilier, espérait que les incitations économiques pourraient persuader les Palestiniens (et les Jordaniens) de soutenir l’offre de paix de Trump. Kushner a dévoilé ses propositions économiques lors d’une conférence baptisée « Peace to Prosperity » à Bahreïn les 25 et 26 juin 2019. Son espoir est que les Palestiniens finissent par accepter une forme limitée de souveraineté, et une formule différente pour le contrôle de Jérusalem, en échange de largesses financières.

    Le roi Abdallah s’est rendu à Washington en mars 2019 pour un briefing sur le plan. Le même mois, il a fait de vives déclarations publiques d’opposition. Dans des remarques capturées dans une vidéo YouTube du 21 mars 2019, traduite de l’arabe par le Post, Abdullah a déclaré : « Je ne changerai jamais ma position sur Jérusalem … indépendamment de ce que disent les autres. Nous avons un devoir historique envers Jérusalem et les lieux saints. … Y a-t-il des pressions sur moi de l’étranger ? Oui, il y a des pressions sur moi de l’étranger. Mais, pour moi, c’est une ligne rouge ».

    Abdullah a été encore plus catégorique dans une interview capturée dans une vidéo YouTube datée du 26 mars 2019 et traduite par le Post. « Moi, en tant qu’Hachémite, comment pourrais-je faire marche arrière ou laisser tomber Jérusalem ? Impossible. … Les gens parlent de ‘l’accord du siècle’, ou d’une patrie alternative. Comment ? N’avons-nous pas une voix ? »

    Le rêve de Kushner était que le soutien saoudien et d’autres pays arabes à son plan écrase l’opposition jordanienne et palestinienne. Cet espoir aurait pu être soutenu par une tribune publiée dans le journal israélien Haaretz le 3 juillet 2019, peu après la conférence de Bahreïn, par Malik Dahlan, un avocat saoudien à Londres qui est un proche confident du prince Hamzah.

    Dahlan a fait valoir que « les coûts peuvent être sévères » si le plan Kushner s’effondrait. « S’il échoue, il est probable qu’il fasse tomber l’Initiative de paix arabe [parrainée par l’Arabie saoudite] avec lui et mette fin à tout nouvel élan régional vers la paix. Ce serait une catastrophe ».

    L’avocat saoudien a ensuite exposé une formule de compromis qui commencerait « par un accord sur la gouvernance de Jérusalem. … Cette approche de Jérusalem d’abord impliquerait l’idée d’une ‘internationalisation intégrative’, que, soit dit en passant, je prescris également pour [La Mecque] et Médine. » Lors d’une interview téléphonique jeudi, Dahlan a déclaré que l’approche de l’ »internationalisation intégrative » visait à attirer d’autres pays islamiques et occidentaux, mais n’avait pas pour but de remplacer la garde jordanienne ou hachémite d’al-Aqsa.

    Alors que la pression sur le monarque jordanien s’intensifiait dans le pays et à l’étranger, ses services de sécurité ont commencé à enquêter sur d’éventuelles menaces contre son régime. Les preuves qu’ils ont recueillies n’ont pas encore été examinées par les tribunaux jordaniens ou les instances internationales, et il est donc difficile de porter un jugement définitif. Mais la rapidité avec laquelle les États-Unis et d’autres pays occidentaux ont pris le parti d’Abdallah après que des informations sur le prétendu complot ont fait surface en avril laisse penser qu’ils ont pris les inquiétudes du roi au sérieux.

    L’enquête a commencé il y a deux ans, selon le rapport d’enquête jordanien que j’ai examiné, qui indique : « À la mi-2019, les renseignements indiquent que Sharif Hassan bin Zaid… a rencontré deux fonctionnaires d’une ambassade étrangère pour s’enquérir de la position de leur pays sur le soutien au prince Hamzah comme alternative au roi, et Sharif Hassan a continué à communiquer avec l’ambassade par la suite. » L’ancien fonctionnaire des services de renseignement occidentaux qui a fourni le rapport dit croire que l’ambassade en question était probablement celle des États-Unis.

    Le rapport jordanien poursuit : « Au cours de l’année 2020, un certain nombre de personnalités tribales ont contacté les agences de sécurité et ont attiré leur attention sur les tentatives des assistants du prince Hamzah de solliciter leur soutien et celui des membres de leur famille. » Vers la fin de 2020, note le rapport, « les renseignements obtenus par les agences de sécurité indiquaient une intensification de la communication entre le prince Hamzah, Sharif Hassan et Bassem Awadallah. »

    Kushner a accéléré sa poussée pour l’accord de paix de Trump en 2020. Il a publié les détails politiques pour un règlement palestinien en janvier, mais en raison de la résistance palestinienne, il était mort à l’arrivée. Des développements plus prometteurs ont eu lieu en août, avec l’annonce d’un accord de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, et en septembre, avec un accord similaire entre Israël et Bahreïn.

    Mais le monarque jordanien restait un problème. Awadallah s’est plaint à un ancien officier de renseignement américain de la frustration de MBS. « Un point d’achoppement pour nous est al-Aqsa. Le roi [Abdallah] l’utilise pour nous intimider et conserver son rôle au Moyen-Orient », a déclaré Awadallah, selon l’ancien fonctionnaire américain. À un autre moment, l’ancien fonctionnaire dit, Awadallah avait déclaré : « MBS est contrarié parce qu’il ne peut pas obtenir un accord parce qu’il ne peut pas gérer les réactions des Palestiniens si le roi maintient sa position sur Jérusalem. »

    Benny Gantz, un chef d’état-major des Forces de défense israéliennes à la retraite qui occupait le poste de ministre de la défense de Netanyahou, s’est tellement inquiété de la détérioration des relations entre Netanyahou et le roi Abdallah qu’il a effectué une visite secrète à Amman pour rassurer le roi au début de 2021, selon un article de All Israel News.

    Gantz a déclaré plus tard lors d’un appel Zoom avec des partisans : « Je pense que la Jordanie est un grand atout pour Israël. … Malheureusement, Netanyahu est une figure indésirable en Jordanie et sa présence nuit à l’avancement des relations. » C’était un signe de l’inquiétude de l’establishment sécuritaire israélien quant à une éventuelle déstabilisation de la Jordanie.

    Le rythme du complot présumé s’est accéléré en 2021, affirme le rapport d’enquête jordanien. Il indique que les agences de sécurité ont intercepté des messages WhatsApp entre les trois comploteurs présumés « encourageant le prince Hamzah à « passer à l’action » et indiquant également – via des références codées – l’implication d’autres individus et parties. »

    Awadallah aurait été désigné dans les messages WhatsApp interceptés comme « No Lube » parce qu’il ne boit pas, selon l’ancien responsable du renseignement occidental. Dans un message intercepté, le rapport affirme qu’Awadallah a déclaré que les contacts avec Hamzah et les chefs tribaux ont le soutien de « mon patron », ce qui signifie vraisemblablement MBS, selon l’ancien fonctionnaire. Le rapport accuse Awadallah de « conspirer avec des agendas étrangers » et de chercher à « affaiblir » le rôle de la Jordanie en tant que gardienne des sites religieux musulmans à Jérusalem.

    Alors que la Jordanie luttait contre la pandémie de covid-19, Hamzah a intensifié ses contacts avec les anciens des tribus et d’autres groupes jordaniens, organisant plus de 30 réunions de ce type au début de 2021, selon le rapport d’enquête. Lorsque Awadallah a soudainement avancé d’une semaine son départ prévu pour l’Arabie saoudite, au 4 avril, les autorités ont décidé qu’il était temps de bouger.

    Awadallah et bin Zaid ont été arrêtés le 3 avril, avec au moins une douzaine d’autres personnes, et Hamzah a été placé en résidence surveillée.

    Le prince Hassan, frère de feu le roi Hussein et autrefois candidat au trône, a négocié un accord de paix familial. Dahlan a envoyé à l’Associated Press une déclaration indiquant que Hamzah avait accepté la médiation et « j’attends une résolution sous peu. » Il a ajouté : « Le prince Hamzah a beaucoup à offrir au Royaume et au monde arabe. »

    Des représentants des services de renseignement et de sécurité israéliens, le Mossad et le Shin Bet, ont envoyé des messages privés au monarque jordanien, désavouant tout rôle dans le prétendu complot. Le thème, selon un ancien responsable des services de renseignement américains qui a lu les messages, était le suivant : « Ce n’est pas nous. Cela vient de devant nous » – ce qui signifie vraisemblablement Netanyahou.

    Les conseillers du roi Abdallah s’attendent à ce qu’il arrive aux États-Unis à la fin du mois de juin. Sa visite à la Maison Blanche illustrera une fois de plus une vérité sur les membres de la dynastie hachémite : Au milieu de l’agitation sans fin de la politique du Moyen-Orient, ce sont des survivants.

    The Washington Post, 11 juin 2021

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  • La dispute royale en Jordanie embarrasse l’Arabie saoudite

    Ces dernières années, Bassem Awadallah était apparu au côté de Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, lors du Davos du désert à Riyadh. Il a également été photographié en train de prier aux côtés du dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, un rare privilège.

    L’Arabie saoudite a nié toute implication dans la crise au sein de la famille royale jordanienne mais l’arrestation à Amman d’un conseiller du prince héritier Mohammed ben Salmane a provoqué un malaise à Riyadh, qui a fait pression pour sa libération. L’Arabie saoudite a publiquement apporté son soutien au roi Abdallah II de Jordanie dans sa querelle avec son demi-frère, le prince Hamza, ce qui n’a pas totalement dissipé les soupçons sur un rôle de Riyadh dans la crise de la monarchie hachémite. Ces soupçons ont été alimentés par la suggestion faite par Amman qu’une main «étrangère» était à l’origine de la crise, ce qui a fait tourner les regards vers Riyadh, les deux pays arabes étant pourtant de proches partenaires.

    Mais Riyadh n’a «aucun intérêt à déstabiliser la Jordanie», a affirmé une source proche des dirigeants saoudiens. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a même conduit une délégation à Amman la semaine dernière pour exprimer la solidarité de son pays avec le roi Abdallah II.
    Les dirigeants saoudiens pensaient que le prince Fayçal devait, «en personne et non par téléphone», dissiper des «rumeurs», selon la source.

    La source saoudienne a toutefois démenti que la délégation était partie chercher Bassem Awadallah, un Jordano-saoudien lié au prince héritier saoudien et ancien émissaire à Riyadh qui fait partie des 16 personnes arrêtées dans le cadre de ce qu’Amman a décrit comme un complot visant à saper sa stabilité. Mais des proches du dossier ont fait état de pressions exercées par la délégation saoudienne à Amman pour sa libération. Ces dernières années, Bassem Awadallah était apparu au côté de Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, lors du Davos du désert à Riyadh.
    Il a également été photographié en train de prier aux côtés du dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, un rare privilège. «Non seulement le ministre des Affaires étrangères (saoudien) est allé chercher Bassem, mais le directeur des renseignements et le chef de cabinet de MBS ont fait le déplacement» avec lui, a déclaré Bruce Riedel, un ancien de la CIA, aujourd’hui analyste au centre de réflexion américain Brookings Institution.

    «Bassem Awadallah a une relation personnelle avec le prince héritier (saoudien). Le fait qu’il soit en prison nuit à l’image saoudienne, tant en Jordanie qu’à l’étranger, car les soupçons sur l’implication saoudienne (dans la crise) ne se trouvent pas totalement dissipés», a expliqué un responsable occidental basé dans le Golfe.
    Pour Besma Momani, professeure à l’Université de Waterloo au Canada, Bassem Awadallah compte en raison de sa connaissance de nombreux projets économiques, stratégiques et politiques «que les Saoudiens ne veulent pas voir divulgués».

    Les autorités jordaniennes n’ont pas précisé les accusations portées à l’encontre de Bassem Awadallah, mais la crise semble être liée au fait que le prince Hamza avait été écarté de la succession au profit du fils du roi Abdallah II. «L’arrestation de (Bassem) Awadallah détourne l’attention des rivalités au sein de la famille royale jordanienne et laisse entrevoir une possible implication étrangère», a estimé le responsable occidental basé dans le Golfe.

    La crise en Jordanie fait écho aux jeux de pouvoir et aux purges au sein de la famille royale en Arabie saoudite, où le roi Salmane a écarté en 2017 le prince héritier en titre au profit de son jeune fils, le prince Mohammed. «Il reste à voir si le roi Abdallah II a la volonté et ou le pouvoir et l’autorité de faire taire son frère, mais un échec dans ce domaine affaiblira la monarchie (jordanienne), peut-être fatalement», a écrit Ali Shihabi, un conseiller du gouvernement saoudien, sur Twitter.

    Selon lui, si le roi Salmane n’avait pas été «si ferme» contre les rivaux lors de la désignation de MBS comme prince héritier, il aurait été exposé à de multiples «épisodes Hamza».

    L’Expression, 14 avr 2021

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  • Le roi Abdallah de Jordanie et le prince Hamza font leur première apparition commune depuis leur dispute.


    AMMAN (Reuters) – Le roi Abdallah de Jordanie et son ancien prince héritier et demi-frère, le prince Hamza, ont fait leur première apparition commune depuis la rupture qui a secoué le pays, en assistant dimanche à une cérémonie marquant les 100 ans de l’indépendance.

    Les médias d’État ont montré le monarque et d’autres membres de la famille royale déposant des couronnes au mémorial du soldat inconnu et aux tombes de la royauté dans le palais de Raghdan à Amman.

    Hamza a prêté allégeance au roi Abdallah tard dans la journée de lundi, à la suite d’une médiation de la famille royale, deux jours après que l’armée l’a mis en garde contre des actions qui, selon elle, portent atteinte à la sécurité et à la stabilité de la Jordanie.

    Mercredi, le roi de Jordanie a déclaré que la sédition avait été annulée et que Hamza était « sous ma garde » avec sa famille dans son palais. Mais l’absence de Hamza, après qu’il soit apparu dans une vidéo le 3 avril disant qu’il avait reçu l’ordre de rester chez lui, a donné lieu à des spéculations sur son sort.

    En annonçant la semaine dernière que l’armée avait mis en garde Hamza contre ses agissements, le gouvernement a déclaré que Hamza était en contact avec des personnes liées à des partis étrangers cherchant à déstabiliser la Jordanie et qu’il faisait l’objet d’une enquête depuis un certain temps.

    On s’attendait à ce que Hamza succède à Abdullah en tant que prochain roi de Jordanie, jusqu’à ce que le monarque fasse du prince Hussein son héritier en 2004, conformément à la tradition familiale.

    Reuters, 11 avr 2021

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  • Tentative de révolution de palais en Jordanie: l’ombre de l’Arabie saoudite et d’Israël?

    Putsch au sein de la famille royale jordanienne? Le prince Hamza aurait fomenté une sédition contre le roi Abdallah II à l’aide de puissances étrangères.

    Malgré une réconciliation de façade, l’affaire a dévoilé la corruption interne et l’hostilité des voisins de la Jordanie, estime Karim Sader, politologue, consultant spécialiste du Moyen Orient.

    Contre toute attente, le prince Hamza Ben Hussein et le roi de Jordanie Abdallah II se sont finalement réconciliés. Le temps d’un week-end, la famille hachémite a été au bord de la rupture.

    D’habitude soucieux de se tenir à l’écart des tensions régionales et connu pour sa relative stabilité, ce partenaire clé des Etats-Unis au Moyen-Orient a été sur le point de sombrer dans un scandale d’Etat. Le samedi 3 avril, le pouvoir central avait en effet ordonné l’arrestation du prince Hamza, ainsi que de plusieurs personnalités politiques de haut rang. Le prince Hamza Ben Hussein, demi-frère du roi Abdallah II, a été accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat et placé en résidence surveillée.

    Le ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, a déclaré le 3 avril lors d’une conférence de presse que « les services de sécurité » avaient suivi « durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein, de Cherif Hassan ben Zaid et de Bassem Awadallah et d’autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie. »

    Dans une vidéo postée sur son compte Twitter dans la nuit du dimanche 4 avril, le prince Hamza avait répondu négativement aux injonctions du roi Abdallah II lui demandant « d’obéir aux ordres ». Le divorce semblait ainsi consommé entre les deux hommes.

    Le Maghreb,10 avr 2021

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  • L’affaire Hamzah : Contexte et implications de la crise royale en Jordanie

    par Ghaith al-Omari, Robert Satloff

    La crise immédiate semble avoir pris fin pour le moment, mais la querelle hachémite, qui a fait l’objet d’une publicité étonnante, nous rappelle que la stabilité de la Jordanie doit être préservée et qu’elle ne doit pas être considérée comme acquise par Washington ou les amis régionaux d’Amman.

    Les nouvelles qui émergent d’Amman – l’ancien prince héritier Hamzah bin Hussein a fini par prêter allégeance à son demi-frère le roi Abdullah II après avoir été placé au centre de rumeurs de coup d’État, et d’autres anciens hauts fonctionnaires ont été arrêtés – sont très inhabituelles dans le royaume traditionnellement calme du Moyen-Orient qui approche de son centenaire dans quelques semaines. Bien qu’il soit peu probable que le tableau complet soit dévoilé bientôt, voire jamais, ces développements attirent l’attention sur la situation interne du pays et soulignent la nécessité de renforcer la stabilité d’un allié clé des États-Unis après une période de désintérêt relatif de Washington.

    Épreuve de force royale potentielle au milieu de l’agitation publique
    Les mesures de sécurité visibles prises à l’encontre du prince Hamzah – le privant de sa garde rapprochée et limitant ses déplacements et son accès aux communications – diffèrent fortement des moyens habituellement utilisés par le royaume pour gérer ses affaires internes. Des nouvelles de tensions au sein de la famille royale hachémite font occasionnellement surface, mais elles ont tendance à être résolues rapidement et discrètement, loin des yeux du public.

    Par exemple, en 2017, le roi Abdallah a relevé deux de ses frères et sœurs – le frère complet Faisal et le demi-frère Hashim – de leurs commandements militaires, alimentant ainsi les rumeurs de discorde familiale. Pourtant, les deux princes sont rentrés dans le rang, faisant taire les rumeurs. Une dynamique similaire s’est produite en 1999 lorsque le roi Hussein a remanié la ligne de succession quelques semaines avant sa mort des suites d’un cancer, remplaçant son frère Hassan, qui était prince héritier depuis 1965, par son fils aîné Abdullah, un officier militaire. Malgré le choc et le choc personnel profond, Hassan n’a pas protesté contre ce changement et a toujours exprimé publiquement son soutien à son neveu en tant que roi. En effet, il faut remonter aux jours de tension qui ont suivi l’assassinat, en 1951, du fondateur du royaume, Abdullah Ier, pour trouver un précédent de princes jordaniens rendant publiques leurs querelles – et même à cette époque, il n’était pas question de complot de coup d’État.

    Le prince Hamzah est le demi-frère du monarque actuel et le fils aîné du mariage du roi Hussein avec sa quatrième épouse, la reine Noor. Lorsqu’il est monté sur le trône en 1999, Abdullah a nommé Hamzah prince héritier, conformément aux dernières volontés de leur père ; on dit que Hussein adore Hamzah, qui a une réputation de piété, de modestie et de lien avec les tribus de Jordanie. Cinq ans plus tard, Abdullah a déchu Hamzah de ce titre en faveur de son propre fils aîné, Hussein, ce qui n’est pas inhabituel étant donné que le défunt roi Hussein a nommé trois princes héritiers différents au cours de son règne. Hamzah ne s’est pas publiquement opposé à cette décision à l’époque, mais il s’est ensuite positionné comme une figure sympathique et un avatar de la réforme parmi les Jordaniens mécontents de la situation socio-économique du pays, en particulier les éléments tribaux mécontents.

    Dans un premier temps, les autorités ont cherché à minimiser les dernières actions de Hamzah, qui, de loin, semblaient se situer quelque part dans la zone grise entre la critique ouverte et les manœuvres opérationnelles pour exécuter un coup d’État. Mais cela a changé lorsqu’il a publié deux messages vidéo le 3 avril, l’un en arabe, l’autre en anglais. Les vidéos décrivent les restrictions imposées à ses déplacements et à ses communications par le chef de l’état-major jordanien, puis critiquent la corruption et la mauvaise gouvernance dans le royaume, qui, selon lui, durent depuis « quinze à vingt ans », soit la durée du règne d’Abdullah et la décision de le destituer en tant que prince héritier. À la suite de ces messages, le gouvernement a adopté un ton plus dur à l’égard de Hamzah, le ministre des affaires étrangères Ayman Safadi l’accusant d’ »activités… visant la sécurité et la stabilité du pays » lors d’une conférence de presse le 4 avril. Hamzah est ensuite monté d’un cran en jurant publiquement de « désobéir » aux ordres lui ordonnant de s’abstenir de communiquer avec le monde extérieur.

    Pour éviter un affrontement frontal qui aurait pu ternir la monarchie, le roi a proposé à Hamzah une voie alternative de réconciliation dans la tradition bédouine de la sulha, en confiant à son oncle Hassan, très respecté, le soin de gérer les discussions sensibles. Cela a abouti à une réunion des princes de haut rang au domicile de Hassan, où Hamzah a signé une lettre extraordinaire dans laquelle il jurait fidélité à Abdallah et à l’actuel prince héritier Hussein, déclarant : « À la lumière des développements de ces deux derniers jours, je me remets entre les mains de Sa Majesté le roi. » Cette escalade semble marquer la fin de l’épisode actuel, même s’il est peu probable que ce soit le dernier chapitre du conflit entre les demi-frères. Un éventuel face-à-face n’est pas à exclure, mais même dans ce cas, il est plus probable qu’Hamzah quitte le pays plutôt que d’être emprisonné et transformé en martyr de l’opposition.

    Les responsables ont également annoncé l’arrestation de Bassem Awadallah et de Hassan bin Zaid ainsi que de « seize à dix-huit » autres personnes, principalement des assistants et des membres de la sécurité de Hamzah. Awadallah, ancien ministre et chef de la Cour royale, est une figure controversée que de nombreux Jordaniens identifient à la corruption. Lui et bin Zaid – arrière-petit-fils du premier roi Abdallah et petit-fils d’un ancien Premier ministre – ont des liens régionaux étendus et ont été à plusieurs reprises les envoyés privés du roi actuel en Arabie saoudite. Ces liens, associés à des affirmations officielles répétées concernant des contacts avec des « milieux extérieurs », ont alimenté les rumeurs selon lesquelles d’autres États régionaux pourraient être impliqués dans la crise.

    Ces événements surviennent à un moment tendu pour le royaume sur le plan intérieur. Le COVID-19 y est endémique, avec 633 000 infections et 7 201 décès sur une population totale de 10 millions d’habitants, faisant des premiers succès du gouvernement en matière d’endiguement un lointain souvenir. L’économie, qui souffrait déjà, a été durement touchée par la pandémie, avec un taux de chômage record à la fin de 2020 et un taux de pauvreté qui a augmenté de 39 % au cours de l’année dernière. La confiance dans les institutions publiques – à l’exception notable de la monarchie et du secteur militaire/sécurité – est très faible en raison des perceptions répandues d’inefficacité et de corruption. Ces opinions ont été amplifiées par une série d’accidents tragiques attribuables à des manquements au devoir public au cours des dernières années, notamment après que plusieurs patients du COVID-19 soient décédés dans un nouvel hôpital public le mois dernier en raison de défaillances dans l’approvisionnement en oxygène. Les appels à manifester lancés ces dernières semaines n’ont pas suscité une grande participation – en grande partie à cause des mesures de sécurité préventives – mais ils ont néanmoins suscité des inquiétudes quant au mécontentement public qui couvait. Tout au long de la campagne, Hamzah a été perçu comme un sympathisant de ces préoccupations et un opposant au roi.

    Implications nationales et régionales

    Bien qu’il soit trop tôt pour tirer des conclusions définitives, certains schémas familiers commencent à se dessiner. Traditionnellement, les menaces intérieures graves dans le royaume ont tendance à produire une dynamique de « rassemblement autour du drapeau ». À l’instar des attentats à la bombe perpétrés en 2005 par Al-Qaïda dans un hôtel d’Amman et des attentats plus récents perpétrés par l’État islamique contre des Jordaniens, l’affaire Hamzah est utilisée pour établir un contraste frappant entre deux réalités : les circonstances moins qu’idéales mais stables qui caractérisent actuellement la vie dans le royaume, et le chaos qui règne dans les pays voisins depuis le printemps arabe. Les messages officiels ont également souligné les liens présumés de Hamzah avec des dissidents jordaniens à l’étranger, dont beaucoup sont publiquement discrédités.

    Des preuves anecdotiques indiquent que ces messages trouvent un écho auprès d’un grand nombre de personnes dans le public ; en effet, pratiquement aucune personnalité publique de premier plan ne s’est exprimée en faveur d’Hamzah, à l’exception de sa mère. Et bien qu’elle ait mis à nu une querelle hachémite qui couvait depuis longtemps, la situation pourrait finir par alléger la pression intérieure sur le palais à court terme en détournant l’attention du COVID et d’autres défis socio-économiques.

    Cependant, les sources sous-jacentes de mécontentement que Hamzah a exploitées sont réelles et se manifesteront inévitablement à nouveau à l’avenir si Amman ne les aborde pas. Il s’agit de questions d’urgence comme la pandémie, ainsi que de questions plus structurelles comme une réforme économique, politique et de gouvernance plus large. Comme par le passé, les suites immédiates de l’affaire Hamzah verront probablement un renforcement du secteur de la sécurité au détriment de la réforme, comme le suggère le rôle central joué par le général Yousef al-Huneiti, officier supérieur de l’armée, dans l’isolement du prince. La situation pourrait même inverser l’impact de la lettre très médiatisée que le roi a adressée le 17 février au chef de la Direction des renseignements généraux pour réduire le rôle de cette puissante institution dans certains domaines économiques et politiques. Avant même la crise de ce week-end, le gouvernement avait déjà fermé la populaire plateforme de discussion Clubhouse pour éviter toute critique en ligne malvenue.

    À l’extérieur, les responsables jordaniens se sont souvent plaints d’être pris pour acquis par les États voisins et Washington. Ce sentiment s’est transformé en crainte sous l’administration Trump, qui a maintenu une aide substantielle au royaume mais a été perçue comme se désintéressant des vues d’Amman sur les politiques régionales, notamment en ce qui concerne la question palestinienne. Les événements de ce week-end semblent avoir rappelé à de nombreuses capitales que les développements intérieurs en Jordanie peuvent jouer un rôle central dans la sécurité régionale. L’Arabie saoudite a rapidement exprimé son soutien au roi et son engagement en faveur de la stabilité du royaume, suivie par d’autres États arabes. De même, le porte-parole du département d’État, Ned Price, a décrit le roi Abdallah comme un « partenaire clé » qui bénéficie du « soutien total » de l’administration Biden. Si l’on se fie au passé, ce soutien politique sera le prélude à un soutien financier renouvelé, voire élargi, de la part des amis de la Jordanie, en particulier dans le Golfe – une importante bouée de sauvetage potentielle dans le contexte de la récession induite par le COVID.

    Dans ce contexte, Amman doit faire preuve de délicatesse dans ses accusations, jusqu’à présent infondées, de liens étrangers importants avec la conspiration présumée. Parmi les pays dont les noms ont été cités – l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Israël – aucun n’a intérêt à alimenter l’instabilité en Jordanie ou n’aurait pu croire qu’un complot amateur construit autour d’un prince mécontent et d’une poignée d’acolytes aurait pu renverser l’Abdullah bien établi. Si les allégations spécifiques concernant Awadallah et bin Zaid aboutissent à des preuves irréfutables de la complicité des responsables saoudiens dans ce type de complot, cela pourrait nuire aux relations des États-Unis avec Riyad. Cependant, en l’absence d’une telle preuve, la Jordanie doit éviter de transformer une relation en dents de scie entre les maisons royales saoudienne et hachémite en une véritable explosion diplomatique, notamment en raison du soutien financier et politique crucial de Riyad à son voisin beaucoup plus pauvre.

    Implications politiques pour les États-Unis

    La stabilité de la Jordanie a toujours été un atout précieux pour faire avancer les intérêts régionaux américains, qu’il s’agisse de développer la paix israélo-arabe ou de contrer l’État islamique. Dans l’immédiat, les États-Unis doivent donc continuer à exprimer leur soutien ferme à la Jordanie et à exhorter leurs alliés – États arabes, Israël et autres – à concrétiser ce soutien. Un appel téléphonique entre le président Biden et le roi Abdallah enverrait un message puissant à cette fin. Washington devrait également travailler avec Amman pour déterminer toute dimension étrangère substantielle de la crise, soit en la clarifiant, soit en faisant taire les rumeurs potentiellement dommageables. À cet égard, le directeur de la CIA, William Burns, ancien ambassadeur en Jordanie, pourrait jouer un rôle utile.

    Pour l’instant, la priorité devrait être d’aider Amman à traverser cet épisode de manière à garantir la stabilité. Mais parallèlement à cela – et plus encore une fois que l’anxiété initiale liée à l’affaire Hamzah se sera apaisée – Washington devrait inciter discrètement Amman à accélérer sa poursuite des réformes économiques, politiques et de gouvernance, tout en maintenant les changements substantiels à un rythme progressif et digeste. La secrétaire au Trésor Janet Yellen aurait transmis ce conseil lors d’une conversation avec le ministre des Finances Mohamad Al-Ississ le 1er avril, et d’autres responsables américains devraient faire de même. Ce n’est qu’avec une attention de haut niveau de la part de Washington et un soutien adéquat de la part d’autres amis qu’Amman a une chance d’entreprendre les réformes plus profondes nécessaires pour protéger le royaume des accès récurrents d’instabilité, qui pourraient avoir un impact négatif sur les intérêts américains dans toute la région au fil du temps.

    Ghaith al-Omari est chargé de recherche au Washington Institute et ancien conférencier en droit international en Jordanie. Robert Satloff est le directeur exécutif de l’Institut et l’auteur de deux livres sur la politique et l’histoire de la Jordanie.


    The Washington Institute for Near East Policy, 5 avr 2021

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  • Le roi de Jordanie rompt le silence après le drame royal qui a frappé le pays

    Amman (CNN)Le roi de Jordanie a rompu le silence sur le drame de la famille royale qui a secoué le pays, qualifiant cet épisode de « plus douloureux » de ses 22 ans de règne.

    La saga a débuté le week-end dernier, lorsque les autorités jordaniennes ont arrêté une quinzaine de personnes, dont une personnalité politique de premier plan et au moins un membre de la famille royale. Un prince populaire, Hamzah bin Al Hussein, a affirmé avoir été placé en résidence surveillée effective dans une vidéo envoyée aux médias.
    Les autorités ont affirmé que le prince Hamzah faisait partie d’un complot soutenu par des entités étrangères anonymes visant à « déstabiliser » le royaume – une affirmation qu’il a démentie.

    « La sédition est venue de l’intérieur et de l’extérieur de notre maison unique, et rien n’est comparable au choc, à la douleur et à la colère que j’éprouve en tant que frère, en tant que chef de la famille hachémite et en tant que dirigeant de ce peuple fier », a déclaré le roi Abdallah dans une déclaration écrite publiée mercredi.

    En réponse aux spéculations sur l’endroit où se trouve le prince Hamzah, qui est le demi-frère d’Abdallah, le roi a déclaré que le populaire prince était « avec sa famille, dans son palais, sous ma garde ».

    La « sédition » dans le royaume a maintenant été « étouffée dans l’œuf », a-t-il également déclaré.

    Ce qu’a dit le prince Hamzah

    Le prince Hamzah a été le prince héritier de Jordanie pendant cinq ans après la mort de son père, le roi Hussein, en 1999. En 2004, le roi Abdallah l’a déchu de son titre d’héritier présomptif et a nommé son fils, alors âgé de 13 ans, le prince Hussein bin Abdullah, prince héritier.

    Dans des enregistrements vidéo transmis à la BBC le week-end dernier, le prince Hamzah a nié les allégations de complot antigouvernemental, a fustigé les dirigeants du pays et a déclaré qu’il était effectivement assigné à résidence, les lignes téléphoniques et Internet ayant été supprimées.
    Mais la débâcle a semblé se calmer lundi soir lorsque la cour royale de Jordanie a publié un document signé par le prince Hamzah dans lequel il s’engage à prêter allégeance au roi.

    « L’intérêt national doit rester au-dessus de tout, et nous devons tous soutenir Sa Majesté le Roi dans ses efforts pour sauvegarder la Jordanie et ses intérêts nationaux, et assurer le meilleur pour le peuple jordanien », peut-on lire dans la lettre, qui porte l’en-tête du prince.

    Les autorités jordaniennes ont également assoupli l’interdiction faite aux médias de parler de l’affaire du prince Hamzah, ce qui a permis de reprendre les discussions sur les médias sociaux sur un sujet qui a polarisé les Jordaniens.

    La Jordanie est en proie à des problèmes économiques et à un tollé croissant contre la corruption et la mauvaise gestion du gouvernement. La colère monte chez les jeunes, qui représentent la majorité de la population, face à la détérioration de l’économie, aggravée par la pandémie.
    Les taux de chômage et de pauvreté ont atteint des sommets. Le mécontentement a poussé les Jordaniens dans les rues, mais la tolérance à l’égard des protestations a considérablement diminué.

    CNN, 8 avr 2021

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