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  • Le roi du Maroc ivre, où en est le « roi cool » -média belge-

    Le roi du Maroc ivre, où en est le « roi cool » -média belge-

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    Après les images du roi marocain trébuchant, qu’en est-il du « roi cool » ?

    Une vidéo circule sur les réseaux sociaux montrant le roi du Maroc Mohammed VI trébuchant dans les rues de Paris. Était-il ivre ou y a-t-il quelque chose d’autre qui se passe ? Cette question tracasse les médias marocains toute la journée, car la santé du roi suscite de vives inquiétudes depuis un certain temps.

    Heidi Van Rompuy

    Retour au 30 juillet. Normalement, de grandes festivités étaient prévues ce jour-là au Maroc pour la fête annuelle du couronnement. Cette fête nationale y est toujours célébrée avec beaucoup de cloches et de sifflets. Mais cette année, tout a été annulé à la dernière minute. Officiellement par précaution car le coronavirus circulait encore trop fortement. Mais il y a eu beaucoup de spéculations dans la presse selon lesquelles les problèmes de santé du roi Mohamed VI seraient la véritable raison de l’annulation tardive.

    Et maintenant, il y a cette vidéo bizarre. Les images ne durent que quelques secondes, mais elles montrent à quel point le roi doit être soutenu par son entourage. On dirait qu’il a du mal à se tenir debout. C’est un journaliste marocain qui a posté les images sur les réseaux sociaux et elles ont immédiatement fait le tour du monde.

    L’experte en royauté Joëlle Vanden Houden a également visionné les images : « Je les trouve très bizarres. On n’attend pas une telle chose d’un roi. Et certainement pas d’un roi musulman », déclare-t-elle dans « Le monde aujourd’hui » sur Radio 1. L’islam laisse faire, la consommation d’alcool n’est pas autorisée.

    Mais à quel point sommes-nous sûrs que le roi Mohammed VI est vraiment ivre d’images ? La vidéo dure à peine quelques secondes. « Certains prétendent qu’il n’a pas bu, mais qu’il faiblit tellement à cause des nombreux médicaments qu’il prend », explique Vanden Houden. « Selon d’autres, il a juste trébuché. En tout cas, ses lunettes sont plutôt étranges sur son nez. Il est l’ombre de qui il était. »

    Problèmes de santé
    La rumeur tourne à plein régime depuis quelque temps avec des informations sur la santé du roi Mohammed VI. Il a subi deux chirurgies cardiaques dans le passé. Il a également été infecté par le virus corona à la mi-juin. Ce n’est un secret pour personne que le roi n’est pas en meilleure santé. Mais ces derniers mois, il n’a guère été aperçu en public et cela a énormément accru l’inquiétude.

    « Quand il est devenu roi en 1999, c’était un très bel homme », explique Vanden Houden, spécialiste de la royauté. « Il s’appelait même le roi cool . Mais si vous comparez ces images avec celles d’aujourd’hui, je suis vraiment choqué. »

    Le roi a-t-il aussi de « mauvais amis » ?

    Tant de choses ont changé dans la famille royale marocaine en vingt ans. Mohammed VI est l’homme qui a apporté un vent nouveau au Maroc. Mais entre-temps, selon la presse, il fréquente d’étranges personnages. Ces dernières années, il a été régulièrement aperçu avec trois frères germano-marocains, qui auraient une mauvaise influence sur lui. « Ces trois hommes ont eu une fois une audience avec le roi après un match de boxe et maintenant ils traînent tout le temps dans son entourage », explique Vanden Houden. « Ils sont partout, au grand désarroi des employés du palais. »

    La famille royale marocaine ne répond à rien, Joëlle Vanden Houden, experte en royauté

    Et où est sa femme Salma ?
    Et puis enfin il y a sa femme, la princesse Salma. Elle est à peine apparue en public depuis fin 2017 et il y a eu beaucoup de spéculations à ce sujet depuis des années. « Cependant, ils ont d’abord eu un mariage très progressiste », explique Vanden Houden. « Jusqu’alors, il était impensable que vous voyiez l’épouse du roi du Maroc en public, mais elle l’a fait. Elle ne portait pas non plus de foulard. »

    Mais entre-temps, elle semble avoir disparu de la surface de la terre. On dit qu’elle est séparée du roi, bien que cela n’ait jamais été officiellement confirmé. « Elle vivrait en Grèce et reviendrait de temps en temps pour voir ses enfants. »

    Le palais lui-même est discret. « En fait, ils ne répondent presque à rien, on ne sait rien », note Joëlle Vanden Houden. Ainsi, le mystère entourant le roi Mohammed VI hantera encore un certain temps le Maroc.

    VRT.BE, 31/08/2022

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  • Maroc: Ivre à Paris ? Ce que la presse tait sur son roi

    Maroc: Ivre à Paris ? Ce que la presse tait sur son roi

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    La vie privée de Mohamed VI revient sur le devant de la scène après une vidéo controversée enregistrée dans la capitale française

    Ricard G. Samaranch

    La semaine dernière, une vidéo d’environ quatre secondes est devenue virale sur les réseaux. Tourné avec un téléphone portable depuis une voiture, il montre une demi-douzaine d’hommes dans les rues d’une ville qui ressemble à Paris. Un zoom vous permet de voir qu’au centre du cercle se trouve un homme qui se tient à peine debout, apparemment à cause de l’effet de l’alcool. C’est Mohamed VI, le roi du Maroc, comme s’exclame surpris l’auteur de la vidéo, qui est immédiatement coupé lorsqu’un homme s’approche de lui en alerte. Il serait l’un des membres de l’équipe de sécurité du monarque.

    Malgré le scandale capital, aucun média n’a couvert la vidéo au Maroc, où la presse est de plus en plus bâillonnée. La vie privée du roi est une ligne rouge, et encore plus lorsqu’elle fait l’actualité pour une mauvaise raison. Par conséquent, il n’y a eu aucune sorte de déclaration officielle de la Maison Royale clarifiant si c’était vraiment le roi, quand la vidéo était et quelle était la raison du trébuchement de Mohamed VI. Et quand les chaînes officielles ne donnent aucune information, le terrain est pavé pour toutes sortes de rumeurs. Et sur la vie privée du roi du Maroc, il y en a beaucoup : de sa prétendue homosexualité au fait qu’il souffre d’une maladie en phase terminale qui le conduirait à se rendre souvent dans la capitale de France pour se faire soigner.

    Le fait que la maison royale se taise ne signifie pas que les services de sécurité ne disposent pas d’une légion de trolls, ou de faux profils, afin d’empoisonner les réseaux sociaux. Ali Lmrabet, un journaliste marocain dissident exilé en Catalogne, ironise sur la situation sur Twitter : « Certains fous qui, il y a quelques jours seulement, m’ont sauté dessus pour avoir expliqué que le roi était malade et ne pouvait pas se lever, utilisent maintenant mes arguments dans défense de Mohamed VI [affirmant que la raison de l’apparition qu’il présente dans la vidéo est la maladie et non l’alcool]. » Et le fait est qu’un roi malade vaut mieux qu’un roi ivre, surtout lorsqu’il porte le titre pompeux de « prince des croyants » et se vante d’être un descendant direct du prophète Mahomet.

    Monarchie absolutiste ?

    En dépit d’être, en théorie, une monarchie parlementaire, le système politique au Maroc ressemble plus à une monarchie absolutiste. Les gouvernements démocratiquement élus ont un pouvoir limité car ce sont les conseillers du roi, connus sous le nom de makhzen, qui prennent les décisions importantes. Pour cette raison, la vie privée controversée du monarque, dissolu et entouré de luxe selon les commentaires, est un motif de plainte, ne serait-ce que sur les réseaux sociaux ou parmi la communauté émigrée. « Que fait Mohamed VI à Paris alors que son pays traverse une grave crise économique, en situation de sécheresse et avec une jeunesse qui ne croit en rien ? », a tweeté Lmrabet.

    L’étalage fréquent par le roi de sa richesse, évaluée à environ 5 milliards d’euros, contraste avec l’austérité projetée par son père, Hassan II, et n’est pas conforme à la politique marketing de la maison royale qui le définissait lors de sa montée sur le trône comme « le roi des pauvres ». Cette nouvelle attitude du roi est associée au Maroc à sa relation avec les frères Abu Baker et Otman Azaitar, deux boxeurs élevés au sein de la diaspora marocaine en Allemagne. Les frères Azaitar sont pratiquement installés au Palais Royal, ils voyagent toujours avec Mohamed et participent à ses soirées, c’est pourquoi la presse étrangère les appelle sarcastiquement « sa nouvelle famille ». De plus, ils ne s’exhibent pas sur les réseaux sociaux avec les cadeaux que le roi leur offre, notamment des voitures de sport.

    Sa relation étroite avec les frères Azaitar, présents dans la vidéo précitée, a débuté principalement en 2019 après le divorce de Mohamed VI avec Lalla Salma, avec qui il a deux enfants, la princesse Khadija et le prince héritier Hassan. Les frères Azaitar agissent comme s’ils étaient les favoris du roi et on dit qu’ils ont un jour forcé les services de sécurité à se mobiliser pour retrouver un chien qu’ils avaient perdu dans les rues de Rabat. Le makhzen déteste les deux boxeurs, qu’il considère comme des « gangsters », car ils représentent un grave danger pour l’image de la monarchie et donc une mauvaise influence sur Mohamed VI. En fait, ils sont connus pour avoir été poursuivis en Allemagne pour de multiples délits, dont le vol, la fraude, l’agression physique et le trafic de drogue.

    Source: Ara.cat, 30/08/2022

    #Maroc #Mohammed_VI #Frères_Azaitar #Paris #Lalla_Salma

  • Maroc : Voici la vidéo-scandale de Mohammed VI

    Maroc : Voici la vidéo-scandale de Mohammed VI

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    Les scandales s’accumulent autour de Mohammed VI. Au-delà de sa politique vivement controversée, le roi du Maroc véhicule mal son image. Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, on voit M6 titubant dans les rues de Paris.

    Un verre à la main, le monarque chancelait, trébuchait. Il est facile de constater qu’il était en état d’ivresse.

    «Par Dieu c’est Mohammed VI !», commente l’homme qui a filmé le scandale. Après moins d’une minute, la vidéo prend fin. La scène prise par la caméra de cet homme qui se trouvait à l’intérieur de sa voiture est vite coupée, lorsque l’un des accompagnateurs du roi s’aperçoit qu’il enregistrait. Ce dernier se dirige vers le véhicule et ordonne à l’automobiliste d’arrêter de filmer.

    Sur les lieux du scandale, le monarque était accompagné des frères Azaitar. Selon les informations relayées par les médias, ces derniers sont depuis des années les amis très proches du monarque. Il s’agit d’Abu Bakr, Ottman et Omar Azaitar, spécialistes en arts martiaux mixtes. Cette famille a occupé le devant de la scène depuis son entrée au Palais, en avril 2018. Elle est, en effet, citée dans plusieurs affaires ayant suscité de nombreuses réactions.

    Ce nom qui pèse lourd dans la société marocaine inquiète l’opinion publique vu son influence grandissante. Cette famille a été pointée dans l’affaire du divorce de Mohammed VI avec sa femme. Selon le journal Periodico, la «relation étroite» avec Azaitar aurait été «la cause du divorce» du monarque.

    #Maroc #Mohammed_VI

  • Maroc. Dans l’intimité des trois(3) rois

    Maroc. Dans l’intimité des trois(3) rois

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    Malgré leur tropisme moderniste, l’intimité des trois rois du Maroc indépendant a toujours été régie par d’obscures habitudes et des codes de bienséance archaïques, en grande partie méconnus.

    TelQuel lève le voile, en dressant des profils psychologiques croisés de Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI.

    Pourquoi parler des trois rois alors que la monarchie marocaine est millénaire ? Pourquoi s’arrêter à Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI, alors que l’intimité makhzénienne et les codes dont elle use se veulent immémoriaux ? Posez la question à Mohammed VI… C’est lui-même qui, à son avènement, a voulu ressusciter la mémoire de son grand-père tout en maintenant vivace celle de son père. à sa demande, Bank Al-Maghrib a alors imprimé des billets estampillés “trois rois”, avec trois portraits judicieusement juxtaposés par ordre chronologique. L’humour populaire marocain, grinçant comme on le connaît, a immédiatement rebaptisé ce tableau historique : “bbat l’malik, l’malik, ould l’malik” (le père du roi, le roi, le fils du roi).

    La figure centrale était bien sûr celle de Hassan II, “roi-soleil” qui a frappé l’imagination de ses sujets au point d’incarner, à leurs yeux, l’expression ultime de la royauté – toute autre, y compris celles de ses père et fils, ne pouvant être perçues que comme des ersatz. Et pourtant… Chacun à sa manière, Mohammed V, Hassan II, comme l’actuel monarque, ont marqué une nette évolution dans la manière de vivre et de faire vivre, intimement, le pouvoir suprême.

    Choisir d’évoquer l’intimité de nos trois derniers rois, c’est ainsi évaluer la perméabilité de la monarchie marocaine aux assauts de la modernité.

    C’est découvrir des souverains humains (y compris dans leurs excès), en prise – sinon aux prises – avec leur temps (y compris pour le nier en ressuscitant des coutumes hors d’âge), assaillis de dilemmes (politiques comme personnels), et qui évoluent en même temps que change un royaume, parfois plus vite, souvent plus lentement. Sonder l’intimité des trois rois, c’est entrouvrir les portes du sérail, pour éclairer les fêlures et les expériences marquantes d’une vie de monarque. C’est, en définitive, raconter l’histoire intime du Maroc.

    Derrière les murs

    La vie privée des rois se cache derrière les hautes murailles de leurs palais, véritables forteresses inaccessibles au commun des mortels. Elle est cachée aux regards, mais parfois mise en scène médiatiquement, notamment lors des interviews-photos accordées de temps à autre à certains magazines étrangers. Quelques rares indiscrets ont cependant révélé au grand public des bribes de cette intimité jalousement préservée. Comme Hicham Mandari (il se disait le fils caché de Hassan II) qui a défrayé la chronique à la fin des années 90, en volant des chèques et des bijoux à un monarque mourant, puis en menaçant de s’épancher dans la presse internationale sur les frasques de la famille royale – il s’est même payé une pleine page du New York Times pour faire chanter Hassan II.

    Cela n’a pas choqué grand monde qu’il finisse en 2004, abattu d’une balle dans la nuque dans un parking de Marbella, en Espagne. La vague de procès qui, ces dernières années, a touché d’anciens serviteurs du Palais, a de la même manière contribué à jeter un éclairage nouveau sur la vie intérieure des palais royaux. Dans la foulée de ce grand remue-ménage, on apprenait que Mohammed VI avait mandaté son homme d’affaires Mounir Majidi pour faire un audit général des palais en vue de réformer leur fonctionnement. Un temps, le bruit a même couru que Mohammed VI n’était pas contre l’ouverture au public de certaines de ses résidences. Une belle idée, mais qui n’a hélas pas fait long feu…

    Les petites vengeances de Hassan II

    Très “vingt-et-unième siècle”, cette médiatisation des problèmes d’intendance aura en tout cas été l’occasion d’un grand déballage, qui tranche étonnamment avec la loi du silence en vigueur sous Hassan II. Non pas que le règne précédent ait été pauvre en vols, détournements, histoires scabreuses et autres inconvenances, mais tout se réglait alors en famille, dans le secret des palais. De plus, les 3bid el 3afia (littéralement, “esclaves du feu” – corps aujourd’hui dissout) étaient là pour punir les indélicats.

    Au menu des sanctions : “Cachot, punitions corporelles, châtiments devant témoins et bien d’autres joyeusetés”, énumère un familier des palais. Mais le défunt roi-soleil savait aussi savourer des vengeances plus amusantes (pour lui, en tout cas). Un membre éloigné de la famille royale rapporte à cet égard une anecdote savoureuse : “Hassan II avait un proche collaborateur dont la fille, d’une grande beauté, lui plaisait beaucoup.

    Mais celle-ci était réticente aux avances du roi et avait menacé son père de se suicider s’il la livrait au monarque. Devant cet inébranlable refus, Hassan II n’eut d’autre choix que de renoncer à elle. Mais quelques mois plus tard, le roi prit son collaborateur en aparté et lui dit en substance : ‘Tu as aussi un fils en âge de se marier. Je me charge de tout. J’ai trouvé la perle rare qui lui conviendra’. Le jour des noces, l’heureux marié découvrit sa promise : un laideron réputé pour sa vertu”. Et notre source de commenter : “Voilà une vengeance typique de Hassan II… sibylline”.

    Le sultan confiné

    Si les monarques protègent toujours jalousement leur intimité, Mohammed V fait exception à la règle. Sa légende dorée a fait de lui un roi accessible et simple, soumis de force aux exigences du Protectorat. Dans Mohammed V, Hassan II, tels que je les ai connus (Tarik éditions, 2003), son médecin personnel, le Docteur Henri Dubois-Roquebert, se remémore le contexte de sa première entrevue avec celui qui n’était alors que le sultan Mohammed Ben Youssef : “En 1937, la personnalité intime du sultan était complètement ignorée du grand public (…) Les relations qu’il entretenait avec le monde extérieur ne pouvaient exister que par l’intermédiaire d’un fonctionnaire (français) qui portait le titre de ‘conseiller du gouvernement chérifien’.

    Les demandes d’audience n’étaient reçues qu’à condition d’être transmises par ce conseiller, qui assistait souvent aux entrevues”. Ben Youssef est ainsi, aux débuts de son règne, un sultan esseulé, coupé de la réalité marocaine par le Protectorat. Conséquence directe, le souverain cherche à mieux comprendre son peuple. D’où sans doute, d’après plusieurs de ses proches, sa propension à s’évader de son palais pour quelques heures d’anonymat. Le mythe est ainsi vivace d’un roi, habillé très simplement, qui circule anonymement en voiture, les yeux grands ouverts sur son peuple. Plus fidèlement, Dubois-Roquebert écrit : “Souvent, alors qu’il conduisait sa voiture, il lui arrivait de répondre à l’appel d’un auto-stoppeur, de le faire monter à ses côtés et d’entamer avec le voyageur auquel il avait soin de ne pas révéler son identité, une conversation dont il faisait son profit”.

    La simplicité d’un prince

    Près d’un demi-siècle plus tard, c’est cette image du souverain “en phase avec son peuple” qu’a voulu cultiver Mohammed VI. Bien avant son avènement, il avait déjà la réputation d’un homme simple, qui veillerait à alléger le protocole une fois intronisé. Prince héritier, il lui arrivait souvent d’aller danser au Jefferson ou à l’Amnesia, comme la jeunesse dorée r’batie, ou de fréquenter le resto à la mode de l’époque, le Crep’uscule. Et tout cela sans jamais déranger la clientèle habituelle, parfois même en régalant quelques connaissances… qui prenaient soin de garder la facture, en guise d’autographe !

    Sidi Mohammed était donc un prince simple – pas forcément accessible, mais simple. Devenu roi, il affiche clairement ses intentions : il n’habitera pas au palais du quartier Touarga, où il se contentera d’établir son bureau, mais dans sa résidence princière des Sablons, à Salé. Le nouveau souverain entend ainsi marquer la frontière entre sa vie privée et ses fonctions publiques.

    De fait, sous Mohammed VI, la vie du palais n’est plus ce qu’elle était : “Il n’y a tout simplement plus de palais, on est passé de 3000 à quelque 300 employés. D’ailleurs, tout le cérémonial qui préexistait avait été totalement inventé par Hassan II, très inspiré par l’exemple de Louis XIV”, commente un proche de la famille royale. Mohammed VI, soucieux de sa liberté de mouvement, a certes réduit les dépenses protocolaires, mais a-t-il pour autant des goûts simples ? Outre son goût, qu’il confesse lui-même, pour la “musique commerciale”, on connaît son penchant pour le jet-ski, un sport pas spécialement accessible.

    Surtout, on glose encore, à aujourd’hui, sur le montant de ses dépenses de vacances. A cet égard, les goûts de luxe de Mohammed VI le rapprochent plus de son père que de son grand-père. “Hassan II était un grand collectionneur. Il affectionnait particulièrement les montres de luxe et était très tatillon. Il choisissait toujours la même marque de costumes, des Smalto taillés sur mesure, et très cintrés”, se souvient un familier de la cour.

    Un roi pingre ?

    Si Hassan II avait un goût prononcé pour le clinquant, il savait engranger plus d’argent qu’il n’en dépensait. Un appétit financier sans doute hérité de Mohammed V. Dans Les trois rois (Fayard, 2004), le journaliste Ignace Dalle rapporte le témoignage d’un commis de l’Etat qui a recueilli les confidences d’anciens serviteurs de Mohammed V : “Il (Mohammed V) se faisait inviter par des bourgeois pour qu’ils lui fassent des cadeaux. Mais à peine arrivé, il téléphonait aussitôt à plusieurs de ses proches pour qu’ils le rejoignent, et il fallait aussi leur faire des cadeaux. On en était arrivé à un point tel que la plupart des familles bourgeoises essayaient d’éviter à tout prix ce type d’invitations…” Cet amour immodéré de l’argent avait aussi des ressorts beaucoup plus politiques. Mohammed V avait conscience de ce que pouvait lui permettre sa fortune, et il n’a eu de cesse de la protéger.

    Un de ses médecins, le docteur François Cléret, rapporte comment Mohammed V a, en 1960, une époque où le maintien de la monarchie était tout sauf garanti, mis sa fortune à l’abri, essentiellement en Italie. Pour le docteur, le succès de l’opération aurait notablement transformé l’humeur du roi qui se serait montré dès lors plus sûr de lui et beaucoup plus décontracté, alors que quelques semaines auparavant, il parlait encore d’abdication, usé par les coups de boutoir des nationalistes et des gauchistes. L’enrichissement de la famille royale a ainsi commencé dès Mohammed V. Hassan II, par la suite, ne fera qu’amplifier un mouvement déjà amorcé. Mais il donnera à sa fortune une visibilité nationale, en construisant palais sur palais, en initiant de grands travaux aux factures pas toujours vérifiables, et en accroissant immodérément son domaine foncier.

    Un enfant sur le trône

    Mohammed V a donc facilité la tâche à sa descendance. Plus que la mettre financièrement à l’abri, il a permis la résurrection de sa dynastie. Pourtant, rien ne le prédestinait à jouer un tel rôle. Les observateurs des années 1920 parlent unanimement d’un prince effacé, oublié de son père, le sultan Moulay Youssef, et perdu au milieu de ses multiples belles-mères. Il a 17 ans lorsqu’il monte sur le trône, à l’étonnement de tous. Sidi Mohammed Ben Youssef revient de loin. Il est le troisième fils d’une fratrie de quatre. Son aîné Moulay Driss est atteint d’une affection nerveuse. Son deuxième frère, Moulay Hassan, passe pour un agitateur enclin au jeu. Le benjamin, Moulay Abdeslam, a le désavantage de l’âge.

    Quand la santé de Moulay Youssef commence à se détériorer, c’est donc sur Sidi Mohammed que se porte le choix du Résident général Théodore Steeg.

    Le jeune homme, qui vient de se marier, s’est entiché de son épouse et semble très loin de toute préoccupation politique : aux yeux des Français, le candidat idéal pour le poste de sultan. C’est pourtant interné au palais de Meknès et séparé de sa femme que Sidi Mohammed apprend la mort de son père. Le jeune prince, en complète disgrâce, était notamment accusé d’un vol de tapis par un gardien de palais, un certain Ababou. Mais les manœuvres de l’ambitieux grand chambellan n’ont pas payé. Et c’est presque un enfant qui monte sur le trône, que les autorités françaises croient pouvoir manier à leur guise.

    En fait, le nouveau sultan a reçu une éducation traditionnelle, peu compatible avec les exigences d’un rapport de forces constant avec la France. Le sultan, qui maîtrise mal la langue de Molière, aime à fréquenter son petit personnel français, au contact duquel il enrichit ses connaissances et s’ouvre à d’autres horizons. C’est par exemple à leur contact qu’il apprend la pétanque, loisir qu’il pratiquera jusqu’à la fin de sa vie.

    Les regrets de Mohammed V

    “Le sultan était très désireux d’apprendre et d’approfondir ses connaissances, d’autant que l’accession, très tôt, aux hautes charges royales, l’avait empêché d’aller jusqu’au terme de ses études”, écrit Abdelhadi Boutaleb dans Un demi-siècle dans les arcanes de la politique (Editions Az-Zaman, 2002). Et l’ancien précepteur de Hassan II d’ajouter : “C’est en raison notamment de cet arrêt prématuré qu’il a décidé de mettre en place, à l’intention de ses deux enfants, un établissement scolaire à deux niveaux. Par cette initiative, il cherchait, me semble-t-il, à assurer à ses enfants ce qu’il ne pouvait s’offrir lui-même, à savoir une formation solide, du plus haut niveau”.

    Mohammed V était donc conscient des limites de son savoir, conscient aussi qu’il devait donner à ses enfants une éducation sans faille, en adéquation avec un Maroc en mouvement. C’est au début des années 1940 qu’il décide de créer le Collège royal. Celui-ci compte au départ deux classes, une pour chacun des deux fils du sultan, Moulay Hassan et Moulay Abdallah. Les princes sont entourés d’une dizaine de camarades triés sur le volet, choisis dans toutes les régions du Maroc parmi les élèves les plus méritants. L’enseignement du Collège royal se veut à la fois ancré dans la tradition et résolument moderne. Les élèves, logés en internat, se lèvent aux aurores et doivent se soumettre à une discipline de fer. Leurs enseignants sont souvent de grands noms, appelés à jouer un rôle important dans la vie du royaume : Mehdi Ben Barka, Abdelhadi Boutaleb, Mohamed El Fassi, entre autres.

    Quand Hassan II recevait des coups

    Hassan II perpétuera pour ses enfants le système du Collège royal. Il montrera la même propension que son père à suivre de très près l’éducation de ses fils, des princes éduqués à la dure. Nombre d’observateurs se rappellent les querelles violentes qui ont opposé Hassan II au futur Mohammed VI. Principal sujet de dispute : les sorties du prince et ses virées en boîte de nuit qui déplaisaient au plus haut point à Hassan II. Le défunt monarque aurait ainsi cherché à reproduire le modèle d’éducation qu’il avait lui-même reçu.

    Dans Mémoires d’un roi (Plon, 1994), il se souvient : “Jusqu’à l’âge de dix, douze ans, j’ai reçu des coups de bâton et j’étais heureux que ce soit mon père qui me les donne plutôt qu’un autre.
    Vous savez, aujourd’hui encore, dans les écoles coraniques, le fqih possède toujours un bâton. On l’applique de préférence sur les poignets. J’ai fait preuve de la même sévérité parentale envers mes propres enfants et, grâce à Dieu, je n’ai pas eu avec eux de problèmes d’éducation”.

    Dans Le défi (Albin Michel, 1976), Hassan II se fait aussi l’écho d’une des remontrances de son père qui, s’inquiétant de le voir s’adonner à trop de frivolités, le remet sur le droit chemin: “Nous allâmes ensemble dans la pièce où je vivais au Collège impérial. En un clin d »œil je vis disparaître fusils de chasse, raquettes de tennis, attirail de pêcheur et de cavalier, livres et magazines illustrés de sport, poste radio, pick-up et disque ‘up to date’, comme on disait alors”.

    La revanche d’un fils

    Mais Hassan II a rapidement pris l’ascendant sur son père, de son vivant. Les deux ans d’exil du sultan sont du pain bénit pour le jeune prince. Vu l’isolement de Mohammed Ben Youssef en Corse, puis à Madagascar, Moulay Hassan devient le collaborateur principal de son père. Les taquineries du sultan, à valeur de tests, n’ont plus prise sur lui. Ignace Dalle rapporte par exemple le côté manipulateur de Mohammed V, décrit par l’un de ses bouffons. Celui-ci raconte que le souverain lui demandait de temps à autre de provoquer ses fils, Moulay Abdallah et Moulay Hassan, et de les dresser l’un contre l’autre. “Hassan II détestait ces pratiques, ce qui l’a conduit à se débarrasser, à la mort de son père, de ce curieux entourage”, écrit Dalle.

    Mais l’exil à Madagascar est justement l’occasion pour le fils aîné du sultan d’asseoir son statut en se rendant indispensable aux yeux de son père, tout en s’attirant la bienveillance de son frère. “A Antsirabé, le prince Moulay Hassan était le principal collaborateur du souverain. Il lui servait à la fois de conseiller, de chef de cabinet et de secrétaire particulier”, se souvient Dubois-Roquebert. Et de continuer : “L’exil avait eu comme conséquence de rapprocher le prince Moulay Hassan de son frère le prince Moulay Abdallah. Celui-ci avait séduit sans calcul et avec une grande simplicité tous ceux qui l’entouraient par ses qualités de bon sens, de cœur et d’esprit”.

    Une timidité royale
    Si Hassan II a rapidement pris sa revanche sur son père, affaibli par l’exil, Mohammed VI a dû attendre plus longtemps pour enfin parvenir à s’émanciper. En fait, ce n’est qu’avec la maladie de Hassan II, au début des années 1990, que Sidi Mohammed est de plus en plus associé aux affaires du royaume. Jusqu’alors, le prince héritier avait donné l’image d’un jeune homme effacé et timide. Le journaliste Ignacio Cembrero se souvient de l’interview accordée par Hassan II à plusieurs médias espagnols, juste avant sa visite d’Etat à Madrid en 1989 : “A la fin de l’entretien, le roi a tenu à nous présenter ses fils. C’est là que j’ai vu le futur roi pour la première fois (en 2005, il reverra Mohammed VI à l’occasion d’une interview accordée à El Pais, ndlr).

    Il était très discret et n’a quasiment pas parlé. Son frère, Moulay Rachid, a été beaucoup plus volubile”. Dix ans plus tard, à la mort de Hassan II, des observateurs témoignent de l’attitude du nouveau souverain : “Alors que Moulay Hicham s’affairait ici et là, donnait des ordres, et était le véritable maître de cérémonie, Mohammed VI était discret, visiblement ému, mais aussi très digne. Il faisait les cent pas, seul dans un salon, on voyait sa grande silhouette arpenter la pièce en silence”. Déjà, le nouveau roi imprimait sa marque : se recueillir avant de gérer la crise, être homme avant d’être roi.

    Le chef de famille

    A son arrivée sur le trône, Mohammed VI était déjà considéré comme une énigme. Sa réputation de simplicité le précédait, mais ses apparitions publiques avaient été trop rares pour être marquantes ou révélatrices. Dalle traduit bien le sentiment général et l’impression que dégage le nouveau roi : “Le contraste entre l’homme public et l’homme privé surprend. Le premier, timide, raide, lit péniblement ses discours, n’accorde que très peu d’interviews (…) De l’avis unanime, l’homme privé est beaucoup plus détendu et sympathique, même s’il est susceptible et colérique. Il aime rire, a conservé en partie le sens de l’humour et l’esprit de fête qui étaient les siens quand son père vivait encore et le laissait tranquille”.

    L’homme privé est aussi un père qui veille à l’éducation de ses enfants et n’a pas peur d’instaurer des règles nouvelles. “Mohammed VI insiste pour que son fils, le prince héritier Moulay Hassan, fasse la bise à tout le monde quand il est mis en présence d’invités”, note par exemple un membre de la famille royale qui poursuit : “Moulay Hassan doit être couché à 20h30 et il n’y a aucune exception”. Mohammed VI témoignerait aussi un souci constant de donner une bonne image de son épouse, Lalla Salma. “C’est lui qui choisit ses tenues officielles”, confie notre source.
    Ainsi, si Mohammed V et Hassan II ont été des patriarches, au sens féodal du terme, régnant aussi bien sur un harem que sur une famille, avec Mohammed VI, la donne a changé.

    Celui-ci s’apparente davantage à un chef de famille au sens classique du terme. C’est d’ailleurs le rôle qu’il joue avec les enfants de son cousin Moulay Hicham (à aujourd’hui, persona non grata au palais), qui seraient régulièrement vus auprès du roi pendant leurs vacances marocaines.

    On a parfois glosé sur les colères légendaires de Mohammed VI, mais on a peu dit qu’elles étaient généralement de courte durée. Emporté, oui, mais pas rancunier. Fouad Filali, ex-mari de Lalla Meriem (sœur de Mohammed VI) et ex-PDG de l’ONA, est par exemple revenu en grâce, malgré son éviction plutôt musclée, au tout début du règne de Mohammed VI.

    S’il y a cependant un secret que peu de gens ont réussi à pénétrer, c’est la relation du roi avec sa mère Lalla Latifa, plusieurs années exilée en France après le décès de Hassan II, aujourd’hui installée à Marrakech. “C’est un point sur lequel peu de courtisans osent interroger le roi et qui reste un grand mystère”, avoue un membre de la famille royale. Après tout, chacun a droit à son jardin secret !

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  • Maroc : Momo VI et ses Bodyguards

    Maroc : Momo VI et ses Bodyguards

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    « Moulay » veut devenir un champion de la boxe comme son nouvel ami « Abu Azaitar ». Il a déjà choisi son coach, ça sera donc « Zaït’ra ». Comme il n’est pas facile d’être une star quand on a un nom de famille difficile à porter, l’outsider, qui compte acheter ses futurs combats ainsi que les équipes de lutte anti-dopage et anti-drogue, aurait déjà choisi son patronyme.

    Ce sera « Momo la frappe… gauche » en raison de sa terrible gauche. C’est du moins ce que laissent croire certaines indiscrétions et des fuites organisées par ses proches écartés depuis par les frères « Abu Azaitar » qui ont travesti le palais royal, devenu une salle de boxing.

    La fratrie, que les mauvaises langues et sous les effets d’une mauvaise herbe accusent d’être des repris de justice connue pour leurs frasques en Allemagne.

    Ils seraient même, selon certains sites marocains, des multirécidivistes condamnés pour « vols, extorsion de fonds, fraudes, violences physiques, association de malfaiteurs, vols qualifiés et récidive, escroquerie informatique, conduite sans permis, atteinte à l’intégrité physique causant une incapacité permanente, coups et blessures, trafic de stupéfiants, faux et usages de faux et résistance à force de l’ordre ».

    La Sentinelle, 23 juin 2022

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