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  • Pourquoi la centrale nucléaire de Zaporijia préoccupe?

    Pourquoi la centrale nucléaire de Zaporijia préoccupe?

    Ukraine, Russie, Zaporijia, centrale nucléaire, Occident,

    Les horreurs de l’invasion de la Russie ont jusqu’ici touché le peuple ukrainien. Mais l’intensification des combats autour d’une centrale nucléaire – la plus grande d’Europe – pourrait exposer des pans entiers du continent à une catastrophe radioactive.

    Le complexe de Zaporijia, dans la ville d’Enerhodar, dans le sud-est de l’Ukraine, a été capturé par la Russie au début de la guerre. Toujours exploité par des techniciens ukrainiens, il a alimenté l’alarme internationale croissante après que des bombardements aient frappé la centrale, dont les six réacteurs génèrent plus d’électricité que n’importe quelle installation de ce type aux États-Unis.

    L’Occident accuse la Russie de terrorisme nucléaire, y stationnant délibérément des centaines de soldats et des stocks d’armes pour l’utiliser comme «bouclier» pour le bombardement de cibles proches. L’Ukraine affirme également que les forces russes attaquent directement le site.

    De nombreuses affirmations de la Russie pendant la guerre ont poussé la crédulité, mais Moscou accuse Kyiv d’avoir attaqué à plusieurs reprises l’usine. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé que les bombardements ukrainiens sont « lourds de conséquences catastrophiques pour de vastes territoires, pour toute l’Europe ».

    En conséquence, les responsables de la ville de Zaporijia, qui reste sous contrôle ukrainien, ont commencé à préparer des plans pour évacuer les civils en cas de fuite radioactive.

    Voici pourquoi les observateurs sont si inquiets :

    Ce qui s’est passé?

    Construits par l’Union soviétique de l’époque dans les années 1980, les six réacteurs à eau légère de Zaporijia en font l’une des 10 centrales nucléaires les plus puissantes au monde.

    Après le début de l’invasion le 24 février, la machine de guerre du Kremlin a mis un peu plus d’une semaine pour capturer l’usine d’Enerhodar, une ville située à environ 2 heures de route au sud-ouest de la plus grande Zaporijia.

    La saisie de l’usine par les forces russes une semaine après le début de l’invasion a suscité des inquiétudes initiales lorsqu’un incendie s’est déclaré sur le site après le bombardement.

    Cette offensive a marqué la première fois dans l’histoire qu’une guerre éclate dans un pays doté d’une infrastructure nucléaire aussi vaste et avancée, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique basée à Vienne, qui relève des Nations Unies.

    Cette panique s’est renouvelée cette semaine après que des bombardements ont endommagé plusieurs bâtiments et un câble électrique, et mis un réacteur hors service, selon Energoatom, la compagnie énergétique nationale ukrainienne.

    La centrale fournit à l’Ukraine plus de 20 % de son électricité.

    Moscou « fait chanter le monde entier avec la possibilité d’une catastrophe nucléaire », selon Hryhoriy Plachkov, ancien chef de l’Inspection nationale de la réglementation nucléaire d’Ukraine.

    La Russie, qui occupe l’usine, a échangé des accusations de responsabilité avec l’Ukraine, qui semble monter une nouvelle offensive dans le sud du pays.

    On ne sait pas combien des 11 000 employés de l’usine d’avant-guerre continuent de travailler sur le site. Un ancien employé a déclaré qu’il était « très effrayant pour eux de travailler » sous contrôle russe, alors que certains d’entre eux étaient retenus en otage.

    Les affirmations des deux parties n’ont pas été vérifiées.

    Mais alors que les deux s’accusaient, le conseil municipal de Zaporijia préparait une campagne d’information publique « pour expliquer les règles de comportement de la population en cas de situation d’urgence », a déclaré mercredi Anatolii Kurtev, son secrétaire, dans un article de Telegram.

    « Cependant, pour l’instant, ce ne sont que des mesures préventives », a-t-il déclaré.

    Quels sont les risques ?
    L’Ukraine n’est bien sûr pas étrangère aux catastrophes nucléaires.

    La catastrophe de Tchernobyl de 1986 est considérée comme la pire du genre, entraînant l’évacuation de plus de 100 000 personnes et la détection de radiations dans toute l’Europe.

    El Telegraph, 13/08/2022

    #Ukraine #Russie #Zaporijia #Centrale_nucléaire

  • Russie-Algérie: La route maritime s’ouvre sur l’Afrique

    Russie-Algérie: La route maritime s’ouvre sur l’Afrique

    Russie, Algérie, Exercices militaires, Afrique, côte atlantique,

    Exercice conjoint Russie-Algérie en novembre, la route maritime s’ouvre sur l’Afrique

    Le bureau de presse de la région militaire du sud de la Russie a annoncé mardi que des exercices antiterroristes conjoints russo-algériens, baptisés le Bouclier du désert 2022, se tiendront en novembre pour la première fois en Algérie.

    L’Algérie s’est engagée avec son principal fournisseur d’armes, la Russie, à effectuer des exercices militaires. La formation se déroulera sur le terrain d’essai d’Hammaguir en Algérie.

    Le service de presse a indiqué que les exercices comprendront 80 soldats russes des unités de fusiliers motorisés stationnés dans le Caucase du Nord, et 80 soldats algériens. Les troupes s’entraîneront à rechercher, détecter et éliminer des groupes terroristes dans un décor désertique. Les premiers exercices conjoints russo-algériens ont eu lieu en Ossétie du Nord en octobre 2021, avec la participation de 200 soldats.

    Le calendrier 2022 du district militaire sud de la Russie comprend des exercices conjoints avec les forces armées égyptiennes, kazakhes et pakistanaises.

    Ce choix du lieu pour effectuer ces exercices n’est pas hasardeux, puisqu’il s’agit de la région militaire où opérait l’actuel chef d’État-Major de l’Armée nationale populaire, le général Saïd Chengriha, pendant de nombreuses années. Mais est-ce comme le disent certains médias marocains? L’idée de faire venir des soldats russes sur place pour effectuer des exercices conjoints, à Hammaguir, soit à seulement 50 kilomètres de la frontière marocaine est-elle la dernière forme de provocation qui matérialise les initiatives belliqueuses de l’Algérie vis-à-vis du Maroc? Rien n’est moins sûr.

    Certes l’exercice combiné américano-marocain « African Lion 2022 » s’est terminé le jeudi 31 juin à Cap Draâ (Tan Tan), avec un entraînement entre les forces armées marocaines et les forces armées américaines.

    Au cours de cet exercice, auquel a participé le général Stephen Townsend, commandant du Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), des manœuvres ont été effectuées avec des avions F-16, des hélicoptères Apache, des véhicules blindés, des chars Abrams et des lanceurs de missiles HIMARS. Soit une reproduction de la guerre telle qu’elle se déroule en Ukraine contre la Russie ou ce qui revient au même les USA cherchant à y créer le noyau d’une OTAN anti-Algérie au Maghreb.

    Or, le thème de l’exercice russo-algérien porte sur les actions tactiques pour rechercher, détecter et neutraliser les groupes terroristes soit le moyen de prédilection des forces US pour agir et opérer en Afrique. De toute évidence c’est dans le cadre d’une confrontation à grande échelle que l’Algérie a choisi d’impliquer la Russie; confrontation marquée par l’invasion programmée du Sahel et de son voisinage maghrébin, et ce dans le strict objectif de s’emparer des richesses et de couper les grandes voies de transit sino-russes à travers le continent.

    Selon le communiqué, les exercices impliqueront des éléments des brigades « motostrelki », l’infanterie mécanisée du Caucase russe. Le motostrelki est une partie importante des forces armées russes qui utilise des véhicules BMP, que l’Algérie a également achetés. Le pays aurait récemment acquis une centaine de BMP-3, le dernier modèle et aurait modernisé ses BMP-1 et BMP-2.

    L’annonce de ces exercices coïncide avec une tournée africaine du secrétaire d’État Antony Blinken, tandis que l’annonce initiale avait été faite par le ministère russe de la Défense peu après le début de la guerre en Ukraine et peu après la visite de Blinken au Maroc puis en Algérie.

    « Le moment choisi pour cette annonce suggère une intention de la part des gouvernements algérien et russe de défier les États-Unis et leurs alliés dans la région », indique le média espagnol Atalayar.

    L’Algérie compte sur le soutien de la Russie pour appuyer sa candidature pour rejoindre le groupe des BRICS, un groupe économique et politique composé de la Russie, de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud.

    Moscou et Alger ont récemment renouvelé leur partenariat stratégique dans plusieurs domaines, dont un renforcement souhaité de leur coopération dans le domaine énergétique étant tous les deux des pays producteurs d’hydrocarbures. Et Alger sait que ces objectifs ne seront pas réalisés sans passer par une confrontation. Alger s’attend même à ce que le face-à-face se traduise dans le domaine de l’énergie, d’où ce corridor maritime qu’il a inauguré jusqu’en Mauritanie et qui vient de relier le Sénégal.

    L’Algérie n’a pas d’ouverture maritime sur l’Atlantique, et ce pays envisage de devenir un important partenaire commercial pour la Mauritanie et les pays de l’Afrique de l’Ouest par voie maritime.

    L’Algérie cherche à se positionner comme une deuxième voie sur ces marchés, quitte à avoir sa côte Atlantique. C’est important que US/Israël ont envahi le Maroc et que les Américains comptent ériger à Dakhla (Maroc) une base navale.

    Press TV, 13/08/2022

    #Algérie #Russie #Exercices_Militaires #Lutte_antiterroriste

  • Quand le non-alignement positif de l’Algérie dérange

    Quand le non-alignement positif de l’Algérie dérange

    Algérie, Russie, AFRICOM, Maroc, Etats-Unis, African Lion, Israël, Accords d’Abraham,

    Mehdi Messaoudi

    L’annonce de la tenue d’exercice militaire algéro-russe, appelé « Bouclier du désert 2022 », prévu au mois de novembre prochain dans la wilaya de Bechar, au Sud-ouest de l’Algérie, n’a pas laissé indifférent les medias marocains et espagnols et leurs experts-maison, qui ne pas tardé à impliquer l’Algérie dans des conflits de blocs.

    Pourtant, cet exercice est programmé de longue date et n’a rien à voir avec les manoeuvres d’Africom tenues le mois de juin dernier au Maroc appelées « Lion of Africa » . L’exercice militaire « Bouclier du désert 2022 » répond à celui tenu en octobre de l’année dernière en Russie, plus précisément à Tsarskoïe en Ossétie du Nord, dans le cadre de la coopération militaire entre l’Algérie et la Russie.

    L’indépendance de la décision, l’ADN de l’action algérienne

    A l’opposé de ce que tentent de faire croire, les médias marocains, espagnols et occidentaux, l’Algérie s’inscrit dans le registre des pays soucieux de l’indépendance de leurs décisions et n’est jamais prête à faire partie d’un bloc ou un autre. Sa détermination à adhérer au Brics, est liée à ses convictions d’un pays-non-aligné soucieux de développer ses capacités de développement socioéconomique au profit de son Peuple et son environnement géopolitique, nécessaire et indispensable à la fois à la préservation de sa souveraineté politique , intégrité territoriale et unité de son Peuple.

    Sa posture et son positionnement ( doctrine dogmatique de notre diplomatie ) équidistant des blocs lui interdit l’aventurisme des » connivences » de circonstance qui à court terme pourraient se transformer en carcan idéologico-culturel duquel il serait difficile de sortir à la moindre secousse ou crise systémique nouvelle. La persistance immuable de cette posture équidistante est l’ADN de notre diplomatie depuis des décennies et qui force d’ailleurs le respect des alliés et partenaires.

    Les analyses farfelues du Makhzen

    Comme nous l’avons déjà souligné, la tenue d’un exercice militaire algéro-russe dans le désert algérien, avait suscité les commentaires et analyses des médias pro-makhzen, tentant de justifier la présence militaire et sécuritaire de l’entité sioniste chez le voisin de l’Ouest. Des experts tentent de faire croire à l’opinion publique marocaine et occidentale, que l’Algérie est devenue un bastion de l’armée russe dans cette importante région du monde. C’est dans ce cadre, que Rachid Lazraq, professeur de sciences constitutionnelles à l’université de Tofail au Maroc, affirmait que « dans le contexte des transformations que connaît le monde, l’Algérie tente de se faire une place dans les grandes alliances » qui se forment.

    Lazraq estime que l’Algérie, en accueillant les manœuvres, envoie un message à Washington et aux autres puissances occidentales, à savoir qu’elle est prête à entamer des négociations et à réaliser des équilibres en se présentant comme une figure importante dans la région nord-africaine.

    Des propos démentis de facto par l’analyste algérien, Hakim Boughrara, dans une interview accordée à Al-Hurra que « l’adhésion de l’Algérie au Bouclier du désert avec la Russie s’inscrit dans un contexte de routine pour les manœuvres de l’Armée nationale populaire.

    Hakim Bougrara a exclu que les manœuvres soient dirigées contre le Maroc. Dans son interview à Al-Hurra, il a souligné que l’Algérie « est un allié de la Russie et un client important des armes russes ». Pour sa part, l’expert algérien en sécurité Ahmed Mizab a convenu dans une déclaration à Al-Hurra que les manœuvres « font partie du programme de coordination et de coopération en matière de sécurité entre l’Algérie et la Russie à la lumière des relations stratégiques bilatérales et des défis croissants. »

    Pour Ahmed Mizab, « ces manœuvres ne sont pas une réponse à d’autres manœuvres ou programmes militaires ».

    Et l’expert en sécurité de poursuivre, dans son entretien avec le site Al-Hurra : « Étant donné que les dates ont été fixées plus tôt, et que le programme de coopération militaire n’est pas soumis à de tels critères, mais a plutôt des dimensions au niveau stratégique dans le cadre du renforcement des capacités et la dimension tactique, qui est la réponse à divers défis. Mizab estime que « ces manœuvres ont leurs contextes objectifs et ne sont pas liées à des comptes étroits, mais sont basées sur des règles objectives.

    L’Africom et les accords d’Abraham

    Il est clair, que l’Africom est en parfaite symbiose avec le renforcement de la coopération militaire et sécuritaire entre l’entité sioniste et le Maroc. Une alliance destinée à justifier la présence sioniste dans la région du Maghreb, porte de l’Afrique, et pour contrer de qui est appelée « l’influence maligne » de la Chine, de la Russie et de l’Iran à travers l’Algérie en Afrique. D’ailleurs, l’Africom est favorable au renforcement de la capacité militaro-industrielle de Rabat et de la modernisation de l’armée du roitelet, et par voie de conséquence, l’Africom propose une feuille de route pour une situation qui va au-delà du « leadership stratégique dans la région ».

    Cette année, les premiers exercices menés par l’Africom ont été renforcés par des forces de l’armée sioniste. Le renforcement supplémentaire du partenariat israélo-marocain rendu possible dans le cadre des accords d’Abraham de 2020 permettra aux Etats-Unis de doubler leur présence stratégique en Afrique. »

    Lors de la tenue des manoeuvres » Lion of Africa » un responsable d’Africom indiquait « L’administration américaine doit offrir davantage d’opportunités aux armées « partenaires » marocaine et israélienne de s’entraîner côte à côte, quitte à se soumettre à la nécessité de promouvoir Israël pour une pleine participation au Lion d’Afrique, en plus d’intégrer Israël dans d’autres accords multilatéraux, exercices régionaux, afin d’améliorer l’interopérabilité entre Israël, le Maroc et d’autres partenaires régionaux, prétendant qu’il s’agit d’une première étape essentielle vers la création d’un filet de sécurité fonctionnel et semi-autonome… »

    Algérie54, 14/08/2022

    #Algérie #Russie #Maroc #Israël #Etats_Unis #African_Lion #AFRICOM

  • La France perd pied même en territoires francophones

    La France perd pied même en territoires francophones

    France, Afrique, Françafrique, Sahel, Mali, Emmanuel Macron, Cameroun, Russie,

    27 juillet 2022, un geste inattendu du chef de la diplomatie béninoise envers le président français est immortalisé dans une vidéo qui inonde sans tarder la toile. Du bout des doigts, le MAE vient de repousser la main paternaliste qu’Emmanuel Macron vient de poser sur son épaule.

    Les scènes qui se sont déroulées au Burkina Faso en novembre dernier restent vives dans les esprits. Durant plusieurs jours, un convoi militaire français devant se rendre au Niger a été bloqué par des manifestants burkinabés en colère. Hostiles à la présence (militaire) française dans leur pays, ces derniers ont érigé des barrages sur tout le parcours des camions. Un fort sentiment de méfiance pousse la foule à accuser y compris leurs otages de transporter des armes destinées à être livrées aux groupes terroristes qui frappent le territoire.

    La manifestation a été organisée par la Coalition des patriotes du Burkina Faso (Copa-BF). Dans une déclaration publique livrée à l’heure où se déroulaient ces évènements, une des responsables fustige « le pillage des ressources, l’exploitation monétaire (le CFA) », et lance cette phrase lourde de sens : « Les Français peuvent voyager librement vers le Burkina Faso mais pas le contraire. » Les promesses d’un partenariat gagnant-gagnant, nouvelle phrase fétiche, destinée à rassurer l’Afrique, ne sont pas prises au sérieux.

    Six mois plus tard, c’est vers le Tchad que se tournent les regards. Le 14 mai, des milliers de personnes prennent part à une immense manifestation contre la France, accusée de soutenir la junte militaire. Sept stations d’essence du groupe pétrolier Total sont attaquées, d’autres symboles français subissent de sérieuses dégradations, l’emblème tricolore est foulé au sol, les manifestants mettent le feu dans certaines villes, la tension est à son comble, accentuée par des rumeurs faisant état de l’installation de nouvelles bases militaires françaises au Tchad.

    À N’Djamena, l’ambassade de France dément et observe impuissante les manifestants défiler avec le drapeau russe puis le hisser en plein centre-ville. L’acte est lourd de sens, il symbolise le passage d’une époque à une autre, le dos tourné à Paris et l’ouverture vers les promesses de Moscou.

    L’élite africaine draine les foules

    « La Russie », un leitmotiv dans le discours d’Emmanuel Macron durant sa tournée africaine de juillet dernier avance rapidement sur des territoires très longtemps conquis, acquis mais désormais en proie à un très fort sentiment anti-français. L’élite africaine qui se rebiffe, exprime publiquement ce sentiment depuis plusieurs années, a désormais le pouvoir d’influencer, de drainer les foules. C’est ce qui s’est passé en Centre Afrique où l’idée selon laquelle Paris a conduit le pays au chaos s’est ancrée tellement fortement qu’elle a, ici, généré une campagne anti-France d’une telle puissance, qu’elle a fini par lui ôter toute chance de se repositionner et qui limite son influence actuelle à… l’aide humanitaire. Paris est supplantée par Moscou qui renforce notamment ses liens militaires et axe ses efforts sur la mise en place d’une stratégie et une aide à même de permettre aux Centrafricains de lutter contre le terrorisme. Aigri par la perte d’un territoire stratégique (une ancienne colonie aussi), le régime français accuse régulièrement le régime en place de laisser les Russes piller leurs ressources pour s’assurer de leur soutien militaire.

    L’histoire récente qui a modifié la donne en Centre-Afrique risque cependant de se répéter sur un autre territoire longtemps resté sous tutelle française, le Cameroun. En avril dernier, un accord militaire signé avec la Russie crée la panique à Paris qui tente alors de réagir très vite pour éviter la réédition du scénario de Bangui (CentreAfrique). Le Quai d’Orsay dépêche son directeur pour l’Afrique à Yaoundé, mais les accords militaires signés avec Moscou ont déjà tracé ce qui semble être l’avenir proche. Ces derniers prévoient des formations militaires aux soldats camerounais, des exercices militaires conjoints, des échanges de renseignements et laissent sous-entendre un probable passage vers l’achat d’armements russes à l’avenir.

    Devant l’ONU, l’Afrique lâche Paris en pleine crise dans le dossier Ukraine

    Avec le Burkina Faso, la Guinée, la Guinée-Bissau, Eswatini, l’Ethiopie, et le Togo, le Cameroun fait partie des pays africains qui se sont abstenus de voter contre l’expulsion de la Russie du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en avril 2022. Cette fois, l’heure est grave. La France se fait ainsi de nouveau humilier, alors que résonne encore la gifle de Bamako.

    Les troupes Serval puis Barkhane, restées neuf longues années stationnées au Nord, ont quitté le Mali sans gloire, laissant de surcroît derrière elles un terrain où ont, au contraire, avancé les groupes terroristes et un sentiment anti-français plus renforcé que jamais. Il débouche sur une rupture des accords de défense entre les deux pays et l’expulsion de l’ambassadeur français.

    Le 17 mars dernier, le gouvernement de transition annonce carrément la suspension définitive de deux médias lourds français, RFI et France 24. Le pouvoir en place leur reproche d’avoir évoqué des exactions commises par les militaires. Comme au Mali, la perte de l’influence française en Afrique devient une évidence.

    Le Soir d’Algérie, 10/08/2022

    #France #Afrique #Macron #Françafrique #Barkhane #Sahel #Russie

  • La  Russie menace de couper les relations avec Washington

    La Russie menace de couper les relations avec Washington

    Russie, Etats_unis, actifs russes, saisie,

    Ce contenu a été produit en Russie où la loi restreint la couverture des opérations militaires russes en Ukraine
    MOSCOU, 13 août (Reuters) – Une éventuelle saisie d’actifs russes par les Etats-Unis détruira complètement les relations bilatérales de Moscou avec Washington, a déclaré samedi le chef du département Amérique du Nord du ministère russe des Affaires étrangères, cité par l’agence TASS.

    Les relations de la Russie avec l’Occident se sont fortement détériorées depuis que Moscou a envoyé des dizaines de milliers de soldats en Ukraine le 24 février, qualifiant cette intervention d’ »opération militaire spéciale ».

    L’Occident a répondu par des sanctions économiques, financières et diplomatiques sans précédent, y compris le gel d’environ la moitié des réserves d’or et de devises étrangères de la Russie, qui s’élevaient à près de 640 milliards de dollars avant le 24 février.

    De hauts responsables occidentaux, dont le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, ont suggéré de saisir les réserves gelées pour aider à financer la future reconstruction de l’Ukraine.

    « Nous avertissons les Américains des conséquences néfastes de telles actions qui endommageront définitivement les relations bilatérales, ce qui n’est ni dans leur intérêt ni dans le nôtre », a déclaré Alexandre Darchiev dans une interview à l’agence TASS.

    Il n’a pas été immédiatement précisé à quels actifs il faisait référence.

    Les États-Unis et leurs alliés européens ont également gelé 30 milliards de dollars d’actifs détenus par de riches individus ayant des liens avec le président russe Vladimir Poutine, notamment des yachts, des hélicoptères, des biens immobiliers et des œuvres d’art, selon l’administration Biden.

    Le ministère américain de la Justice cherche à obtenir du Congrès une autorisation plus large pour saisir les avoirs des oligarques russes comme moyen de pression sur Moscou concernant ses actions en Ukraine, a déclaré un procureur en juillet.

    M. Darchiev a également déclaré que la Russie avait averti les Etats-Unis que les liens diplomatiques seraient gravement endommagés et pourraient même être rompus si la Russie était déclarée Etat sponsor du terrorisme.

    S’exprimant sur la situation en Ukraine, M. Darchiev a déclaré que l’influence des États-Unis sur Kiev avait augmenté au point que « les Américains deviennent de plus en plus une partie directe dans le conflit ».

    M. Darchiev a confirmé que Viktor Bout, un Russe emprisonné que les procureurs américains considèrent comme l’un des trafiquants d’armes les plus prolifiques au monde, ainsi que la star américaine du basket Brittney Griner et l’ancien Marine Paul Whelan, détenus par la Russie, font l’objet de discussions dans le cadre des pourparlers sur l’échange de prisonniers entre Moscou et Washington, selon TASS.

    Reuters

    #Russie #Ukraine #Etats_Unis

  • La mission de la Bundeswehr au Mali est suspendue

    La mission de la Bundeswehr au Mali est suspendue

    Mali, Allemagne, MINUSMA, Barkhane, Russie, Wagner,

    Les doutes sur l’engagement de la Bundeswehr au Mali avaient récemment grandi – maintenant l’Allemagne suspend la mission de reconnaissance jusqu’à nouvel ordre. La raison sont des désaccords avec le gouvernement militaire malien. Les droits de survol ont de nouveau été refusés et l’Allemagne suspend temporairement la mission de la Bundeswehr au Mali en Afrique de l’Ouest. Le ministère fédéral de la Défense a annoncé que les vols de transport et les opérations de reconnaissance seraient suspendus jusqu’à nouvel ordre. La raison invoquée était que le gouvernement malien avait refusé à plusieurs reprises les droits de survol de la Bundeswehr. Avec le vol, le personnel sur place devrait être mis en rotation.Le comportement du gouvernement militaire entrave le déploiement dans le cadre de la mission de l’ONU, a déclaré le ministère. « Un changement de personnel planifié n’est donc pas possible – cela a un impact sur notre engagement. » La sécurité des soldats a la plus haute priorité.

    En principe, l’Allemagne est toujours disposée à participer à la mission internationale de paix, a assuré le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit. Cependant, cela n’a de sens que s’il est soutenu par le gouvernement local. Christian Buck, chef du département politique du ministère fédéral des Affaires étrangères pour l’Afrique, l’Amérique latine, le Proche et le Moyen-Orient, s’est rendu au Mali pour des négociations au début de la la semaine. Il a ensuite été dit que la partie malienne avait signalé que la rotation des troupes pourrait reprendre dans un avenir proche.La ministre de la Défense Christine Lambrecht aurait reçu jeudi des assurances lors d’un appel téléphonique à son homologue malien Sadio Camara. Camara a déclaré au ministre qu’il ne devrait y avoir aucune autre exigence pour la mission – maintenant, les droits de survol ont de nouveau été refusés, a déclaré un porte-parole. « Les actions de Camara parlent un langage différent de ses paroles », a critiqué Lambrecht sur Twitter.

    Le plus grand déploiement étranger de la Bundeswehr Le Mali, avec ses quelque 20 millions d’habitants, a connu trois coups d’État militaires depuis 2012 et est considéré comme extrêmement instable politiquement. Depuis le dernier coup d’État de mai 2021, le pays est dirigé par un gouvernement militaire intérimaire chargé de maintenir des liens étroits avec la Russie. Depuis lors, la mission de la force de maintien de la paix de l’ONU MINUSMA, dans laquelle la Bundeswehr est également impliquée, a été entravée à plusieurs reprises. Le gouvernement malien a récemment provoqué l’indignation en décidant de suspendre temporairement la rotation des casques bleus dans le pays. Il y a également eu des problèmes avec les droits de survol.

    Les tensions ont également augmenté en raison de la coopération de la junte militaire avec le groupe de mercenaires russes Wagner, qui entretiendrait des liens étroits avec le Kremlin et serait soupçonné d’avoir commis des violations massives des droits de l’homme. La France a déjà retiré une grande partie de ses soldats, la mission onusienne Minusma est présente au Mali depuis 2013 et le Conseil de sécurité de l’ONU n’a prolongé son mandat que d’un an fin juin. Pour la Bundeswehr, la mission est actuellement la plus grande mission étrangère et est également considérée comme la plus dangereuse. Le Bundestag avait prolongé la mission en mai – mais avec une mise en garde : le nouveau mandat contient une clause de retrait au cas où la sécurité des soldats de la Bundeswehr au Mali ne pourrait plus être garantie.

    Tagesschau.de, 12/08/2022

    #Mali #Allemagne #MINUSMA #Barkhane #Russie #Wagner

  • Assimi Goïta : Merci, Vladimir Poutine !

    Assimi Goïta : Merci, Vladimir Poutine !

    Mali, Russie, Assimi Goïta, Vladimir Poutine, coopération,

    La Russie et le Mali renforceront leur coopération pratique pour la livraison de nourriture, d’engrais et de carburants russes au pays, a rapporté le service de presse du Kremlin sur un autre détail de la conversation entre Poutine et Goita.

    Lors d’une conversation téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, le chef de la junte militaire et président par intérim du Mali, Assimi Goita, a parlé de la lutte contre les terroristes et d’autres efforts pour stabiliser la situation dans le pays, a rapporté le service de presse du Kremlin, a rapporté TASS.

    « Assimi Goita a décrit en détail les processus qui se déroulent au Mali et a informé des efforts des dirigeants du pays pour stabiliser la situation et lutter sans compromis contre les groupes terroristes », indique le communiqué.

    La Russie et le Mali renforceront leur coopération pratique pour la livraison de nourriture, d’engrais et de carburants russes au pays, a rapporté le service de presse du Kremlin sur un autre détail de la conversation entre Poutine et Goita.

    « Les deux hommes ont discuté de la poursuite du développement de la coopération bilatérale dans le commerce, l’économie et d’autres domaines. Parmi les sujets abordés figuraient les éventuelles livraisons de nourriture, d’engrais et de carburants russes au Mali. Il a été convenu que les bureaux russes et maliens concernés renforceront leur coopération pratique », a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

    Les dirigeants ont exprimé leur satisfaction quant au niveau d’interaction entre la Russie et le Mali dans le domaine de la politique étrangère, y compris la coordination des positions au sein de l’ONU.

    Pour sa part, le président russe a exprimé l’espoir que le sommet Russie-Afrique prévu, qui aura lieu à Saint-Pétersbourg en 2023, contribuera à renforcer les relations traditionnellement amicales de Moscou avec tous les pays du continent africain.

    Poutine et Goita ont également exprimé leur satisfaction quant à la coopération bilatérale en matière de politique étrangère.

    Goita a remercié le dirigeant russe pour le soutien multilatéral fourni par Moscou, a déclaré TASS.

    Hier, la junte au Mali a reçu cinq avions militaires et un hélicoptère de Russie, rappelle France Presse. En mars, la Russie a livré plusieurs hélicoptères de combat au Mali. Le Mali a également accueilli un grand nombre d’instructeurs russes. Or, selon la France et ses partenaires, la junte a eu recours aux services du groupe paramilitaire privé russe « Wagner », ce que démentent pourtant les dirigeants de Bamako.

    Depuis août 2020, la République du Mali a connu deux coups d’État militaires. Lors du premier, le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keita a été évincé du pouvoir. Un groupe militaire dirigé par le colonel Assimi Goita a nommé Ba Ndao président par intérim du Mali. Cependant, le 26 mai 2021, il a été renversé par le même groupe militaire et la Cour constitutionnelle du Mali a nommé Goita chef de l’État par intérim.

    The European Times, 12/08/2022

    #Mali #Russie #Wagner

  • Mali: entretien téléphonique entre Goïta et Poutine

    Mali: entretien téléphonique entre Goïta et Poutine

    Mali, Assimi Goïta, Vladimir Poutine, Russie,

    Le chef de la junte au Mali a eu un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine au lendemain de la réception de nouveaux équipements militaires de son allié russe, a indiqué mercredi 10 août Assimi Goïta sur son compte Twitter, une information confirmée à l’AFP par la présidence malienne.

    «Nous avons évoqué l’appui de la Fédération de Russie à la transition politique malienne et j’ai salué la qualité de notre partenariat respectueux de la souveraineté du Mali et des aspirations de sa population», a déclaré le président Goïta sur les réseaux sociaux. Les colonels, qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 dans ce pays en pleine tourmente sécuritaire, ont décidé de se séparer du vieil allié français engagé militairement contre les terroristes depuis 2013 et de relancer ardemment la coopération avec la Russie. Mardi, l’armée malienne a réceptionné de nouveaux équipements militaires, dont cinq avions et un hélicoptère de combat au cours d’une cérémonie officielle en présence du chef de la junte et de diplomates russes, durant laquelle le «partenariat gagnant-gagnant avec la fédération de Russie» a été vanté. Le Mali a accueilli en grand nombre depuis le début de l’année ce que la junte présente comme des instructeurs russes.

    Des «préoccupations communes»

    Les partenaires occidentaux dénoncent pour leur part le recours de la junte aux services de la société privée russe de sécurité Wagner, aux agissements décriés. La junte dément et parle de partenariat ancien avec l’armée russe. La Russie avait admis en mai une présence de Wagner au Mali «sur une base commerciale». Le colonel Assimi Goïta a par ailleurs reçu mercredi Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale de l’ONU et Mahamat Saleh Annadif, chef du bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel dans un contexte de tensions avec l’organisation. Ils ont évoqué des «préoccupations communes», selon la présidence malienne. Amina J. Mohammed avait été reçue auparavant à Abidjan, a indiqué une source diplomatique à l’AFP.

    Depuis un mois, 49 soldats ivoiriens sont détenus à Bamako, accusé par les militaires au pouvoir au Mali d’être des «mercenaires», ce que nie Abidjan qui assure qu’ils étaient en mission pour l’ONU. Le Mali est plongé dans la tourmente depuis 2012. La propagation extrémiste, d’abord confinée dans le nord du pays, s’est étendue au centre et au sud du Mali, ainsi qu’aux Burkina Faso et Niger voisins. Quarante-deux soldats maliens ont été tués dimanche dans le nord-est du Mali, près des frontières du Burkina Faso et du Niger, dans l’attaque la plus meurtrière attribuée à des extrémistes contre les forces maliennes depuis 2019, selon un nouveau bilan donné mercredi.

    Par AlAhed avec AFP

    Source : AlAhed

    #Mali #Russie #Sahel

  • Les ramifications croissantes du fossé maghrébin

    Les ramifications croissantes du fossé maghrébin

    Algérie, Maroc, Union Européenne, Gaz, Ukraine, Russie, Sahara Occidental, Espagne, Pedro Sanchez,

    Les retombées mondiales du conflit en Ukraine ont été particulièrement visibles dans le domaine de l’énergie, où les sanctions mises en place contre la Russie ont contraint l’Europe à chercher ailleurs ses approvisionnements énergétiques. Dans cette ruée vers le gaz, particulièrement controversée car elle reporte irrémédiablement des agendas ambitieux de sortie des énergies fossiles, les Etats membres européens ont déplacé leur attention de l’Est désormais turbulent, où le découplage économique avec Moscou semble inéluctable, vers le Sud, périphérie régionale la plus souvent négligée, et qui n’attire l’attention de Bruxelles et de Washington que lorsque des préoccupations urgentes en matière de sécurité deviennent trop impossibles à ignorer. Dans la plus récente poussée énergétique qui a emmené des diplomates étrangers, des dignitaires et des officiers de haut rang en tournée dans plusieurs capitales du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord riches en pétrole, il y a un endroit qui a immédiatement été en tête de liste des plus destinations recherchées capables de compenser en partie la baisse des approvisionnements énergétiques en provenance de Russie : l’Algérie.

    Une opportunité incontournable

    Compte tenu de sa géographie et de ses infrastructures de gazoducs, l’Algérie est un partenaire de longue date de l’Europe dans le secteur de l’énergie. Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, le pays est un important producteur de pétrole et de gaz fortement tributaire des exportations d’hydrocarbures.[1] Par rapport à une Libye de plus en plus instable, où la dernière bifurcation politique a déjà eu un impact sur la fragile industrie pétrolière du pays, l’Algérie offre également des conditions beaucoup plus stables. L’époque du mouvement d’opposition Hirak, lorsque les manifestations de masse ont mis fin au régime du président Abdelaziz Bouteflika en 2019, semble révolue et l’opposition a été muselée par une combinaison de facteurs, notamment un virage autoritaire répressif et la décision des manifestants de suspendre les rassemblements à la suite de la pandémie de COVID-19. La brève transition, qui comprenait des changements cosmétiques à la constitution, une lutte instrumentale contre la corruption et des élections marquées par un faible taux de participation, a abouti à un changement de leadership qui a donné à l’ancien Premier ministre Abdelmajid Tebboune la présidence, tandis que le pouvoir réel repose fermement entre les mains de les militaires guidés par le général de division Saïd Chengriha.

    La transition politique a été caractérisée et partiellement entraînée par un ralentissement économique causé par la chute du pétrole de 2014, qui a considérablement érodé les réserves de change (passant de 121,9 milliards de dollars en octobre 2016 à 42 milliards de dollars en mars 2021). Cependant, la guerre en Ukraine a représenté un tournant, offrant à l’Algérie une occasion incontournable de réaliser ses ambitions pour devenir enfin un hub énergétique capable de satisfaire les exigences des partenaires européens cherchant désespérément à diversifier les approvisionnements en gaz loin de la Russie. Poussé par une demande mondiale plus élevée, le pic pétrolier relance la production pétrolière de l’Algérie, aidant à équilibrer le déficit budgétaire qu’Alger a accumulé au cours des dernières années.[2] La conjoncture économique favorable attire également des investissements directs étrangers (IDE) indispensables qui pourraient contribuer à moderniser une industrie pétrolière vieillissante et à renforcer la capacité de production. Dans ce contexte, les récents accords signés entre la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach et son homologue italien ENI sont particulièrement remarquables. Le protocole d’accord (MoU), signé à l’occasion de la visite de Tebboune à Rome et à Naples en mai 2022, devrait stimuler l’exploration gazière et le développement de l’hydrogène vert en Algérie, et prévoit un projet d’interconnexion électrique via des câbles sous-marins. [3] L’accord a également confirmé l’augmentation des exportations de gaz de l’Algérie vers l’Italie, passant de 22 milliards de mètres cubes (bcm) par an à 31 bcm, suite à un accord conclu en avril lors de la visite du Premier ministre italien Mario Draghi à Alger. Les 9 milliards de m3 supplémentaires de gaz supplémentaire par an (qui, selon le calendrier convenu, seront livrés d’ici 2023-2024) pousseront le gazoduc offshore transméditerranéen (TransMed) reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie à pleine capacité.

    La faille qui coupe les ailes de l’Algérie

    Les accords récents contribueront certainement à consolider la position de l’Algérie en tant que l’un des principaux fournisseurs d’énergie de l’Italie, contribuant à compenser la réduction de l’approvisionnement en gaz de Moscou. Cependant, cette réalisation remarquable ne suffira peut-être pas à réaliser les rêves de l’Algérie de jouer un rôle central dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe à partir de son flanc sud. Parallèlement à des années de sous-investissement dans l’industrie pétrolière, des obstacles politiques sont également susceptibles de limiter la capacité de l’Algérie à augmenter ses exportations de pétrole et de gaz. En effet, le renforcement des relations bilatérales entre Alger et Rome contraste fortement avec la détérioration des relations entre l’Algérie et l’Espagne, toutes deux engagées dans une querelle diplomatique exacerbée par les développements récents. La suspension du traité d’amitié et de coopération de 2002 n’est que la dernière étape d’une détérioration rapide des relations bilatérales principalement motivée par le ressentiment de l’Algérie envers le nouveau cap de politique étrangère fixé par le gouvernement espagnol sur le Sahara occidental, qui a jusqu’à présent été le point principal de discorde qui anime la compétition régionale entre l’Algérie et le Maroc. En effet, dans une décision surprenante annoncée en mars, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé que Madrid reconnaissait enfin le plan d’autonomie du Maroc pour la région contestée comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour résoudre le conflit, soutenant efficacement la position de Rabat.

    Le passage diplomatique d’une approche basée sur le respect des résolutions de l’ONU et du principe d’autodétermination au plan d’autonomie, sur lequel Rabat insiste depuis 2007, est en effet le résultat d’une année de vie dangereuse à travers l’étroit détroit de Gibraltar . L’origine du réalignement en cours doit en effet être recherchée dans une querelle diplomatique qui a opposé en avril 2021 Madrid à Rabat à la suite de l’hospitalisation du chef du Front populaire de libération de Saguia el-Hamra et Rio de Oro (Front Polisario, le groupe rebelle mouvement luttant pour l’indépendance du Sahara Occidental vis-à-vis du Maroc et soutenu par l’Algérie) Brahim Ghali en Espagne pour le COVID-19. Apparemment amené en Espagne par un avion algérien et sous un faux nom, Ghali a passé quelques semaines à l’hôpital de Logroño, provoquant de véhémentes manifestations à Rabat. L’augmentation sans précédent du nombre de migrants tentant d’entrer dans l’enclave espagnole de Ceuta en mai 2021 (avec plus de 9 000 entrées enregistrées en deux jours seulement, dont 1 500 enfants) ressemblait à une représaille inévitable après que des informations suggéraient que la police et les gardes-frontières marocains contrôles détendus.[4] Le nombre croissant de migrants arrivant en Espagne le long de la route de la Méditerranée occidentale a probablement convaincu la Moncloa de revenir sur sa position. Le limogeage de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Maria Aranzaz « Arancha » Gonzalez Laya, qui a payé le prix de l’affaire Ghali, a certainement été un premier signe de la réélaboration de la politique du Sahara occidental en cours à Madrid depuis l’été dernier.

    L’épreuve décisive du Sahara occidental

    En intensifiant la pression migratoire vers Ceuta et Melilla, souvent la cible de la rhétorique irrédentiste de Rabat, le Maroc a touché une corde sensible dans le processus décisionnel espagnol, où le gouvernement de coalition minoritaire de Sanchez a récemment subi une pression croissante à la suite de révélations sur son utilisation du puissant logiciel espion Pegasus.[5] Il a également confirmé la confiance croissante du Maroc dans l’imposition de son programme, dont l’objectif principal est de rallier un soutien plus large pour légitimer ses revendications sur un Sahara occidental qui ressemble de plus en plus à un test décisif pour voir où se situent réellement les principaux partenaires dans un Maghreb reconfiguré et multipolaire. L’affirmation du Makhzen s’est certainement accrue après la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur les territoires contestés en échange du rétablissement des relations diplomatiques entre Rabat et Israël. L’accord, conclu au crépuscule de l’administration Trump, représentait l’aboutissement d’une politique transactionnelle qui a poussé le Maroc sur le front de la normalisation établi après les accords d’Abraham, qui comprenait Bahreïn, Israël, le Soudan et les Émirats arabes unis. Dans le même temps, le nouveau cap des États-Unis sur le Sahara occidental, qui n’a pas été inversé par l’administration Biden, a certainement contribué à l’escalade militaire dans les territoires contestés, où le Front Polisario avait déjà déclaré la fin du cessez-le-feu le 13 novembre 2020 dans un contexte caractérisé par la reprise des combats dans la zone tampon de Guerguerate.

    L’effondrement d’un conflit gelé, qui s’est jusqu’à présent limité à des raids sporadiques du Polisario contre l’avant-poste des Forces Armées Royales (FAR, l’armée marocaine) et à des frappes aériennes et de drones marocains contre des combattants sahraouis, a réintroduit une nouvelle point chaud en Afrique du Nord. Conjuguée au conflit gelé en Libye et à la spirale de la violence djihadiste au Sahel, la reprise de la lutte au Sahara occidental risque de plonger toute la région nord-africaine dans une nouvelle saison de chaos, une décennie après les bouleversements politiques du printemps arabe. Le contrôle des dégâts a jusqu’à présent réussi à contenir les tensions, et les exercices militaires des deux côtés de la frontière (fermée depuis 1994) ressemblent plus à une posture qu’à de véritables menaces à la paix et à la sécurité de la région. Tant à Alger qu’à Rabat, il n’y a clairement aucun appétit pour une nouvelle guerre des sables ou un nouveau conflit sur le Sahara occidental. Le Maroc tire parti du changement de politique étrangère des États-Unis pour consolider sa position, poussant les partenaires européens à embarquer dans la reconnaissance de son contrôle territorial sur le territoire contesté. Dans le même temps, les difficultés intérieures ont certainement découragé l’Algérie d’utiliser son pouvoir dur pour soutenir le Polisario pour le moment. Cependant, alors que le régime cherche à consolider sa légitimité et que de nouveaux amendements constitutionnels permettent à l’Armée nationale populaire (ANP, l’armée algérienne) d’assumer une approche proactive dans la région, le Sahara occidental peut encore être une carte utile à jouer pour unir l’opinion publique contre un ennemi commun tout en détournant l’attention de problèmes nationaux plus urgents.

    La militarisation de tout

    De manière générale, les nouvelles générations en Algérie semblent beaucoup plus soucieuses d’accroître leur représentativité et d’instaurer un véritable système démocratique que de soutenir une cause qui plonge ses racines dans un passé très lointain et lointain. Pour cette raison, il apparaît de plus en plus évident que les tensions diplomatiques les plus récentes entre l’Algérie et le Maroc ont été beaucoup plus motivées par la tendance à la normalisation et la décision de Rabat de rétablir les liens avec Israël que par la reprise du conflit au Sahara Occidental. En effet, la décision d’Alger de resserrer les relations diplomatiques avec le Maroc est intervenue immédiatement après la visite du ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid à Rabat en août 2021. Il est intéressant de noter qu’à cette occasion, Lapid a déclaré que l’Algérie se rapprochait de l’Iran, un indication supplémentaire d’une politique étrangère élaborée en fonction de la constitution de nouveaux blocs régionaux issus du réalignement impulsé par le processus de normalisation. La remarque de Lapid a certainement contribué à la rupture diplomatique algéro-marocaine, dans un contexte marqué par l’escalade des tensions suite au soutien de Rabat à l’autodétermination de la région kabyle en Algérie, qui faisait le parallèle avec le soutien d’Alger au Polisario.[6]

    La nouvelle fracture maghrébine a également produit des externalités négatives qui sont allées au-delà du contexte local déjà clivant, notamment après la décision de l’Algérie de ne pas renouveler le contrat de 25 ans pour la fourniture de gaz au Portugal et à l’Espagne via le Maroc via le Gazoduc Maghreb-Europe (MEGP) . Le gazoduc de 12 milliards de m3 par an a cessé ses activités en octobre 2021, privant de fait le royaume alaouite de ses redevances d’une valeur de 0,5 milliard de m3 de gaz, qui représentaient la moitié de la consommation intérieure moyenne du Maroc par an. Alors que l’Algérie a confirmé qu’elle continuerait néanmoins à respecter son engagement d’approvisionner Madrid en gaz naturel via le gazoduc offshore Medgaz de 10,5 milliards de mètres cubes par an, et en stimulant l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis ses ports, la politique pétrolière est devenue la nouvelle frontière de l’affrontement entre les deux rivaux maghrébins.[7] Tout comme les pressions migratoires sur l’Espagne facilitées par Rabat lors de l’affaire Ghali, la décision de l’Algérie de fermer le MEGP pour punir le Maroc de s’être rapproché d’Israël s’inscrit dans ce qui a été décrit avec succès comme une militarisation de tout[8], dans laquelle les prétendants utilisent tous les moyens et toutes les mesures à l’exception de la guerre pour atteindre leurs objectifs stratégiques.

    A posteriori, la fermeture du MEGP pourrait bien être interprétée comme une blessure auto-infligée à l’Algérie, surtout en période de manne gazière. À y regarder de plus près, cependant, la hausse des prix sur le marché du pétrole cette année signifie que les revenus continueront à être importants, permettant également aux autorités algériennes de choisir de déplacer une partie de leurs approvisionnements en gaz des contrats à long terme les moins rentables vers les plus marché au comptant lucratif. Ayant déjà réduit de moitié le volume de gaz exporté vers l’Espagne avant l’actuelle querelle diplomatique avec Madrid, l’Algérie se sent certainement plus confiante pour trouver un juste équilibre entre la tentation de tout mettre en œuvre et de couper complètement l’approvisionnement en gaz de Madrid pour sa politique remaniée au Sahara Occidental et le maintien le flux constant de revenus entrant dans ses coffres. Les menaces d’augmentation du prix du gaz livré aux clients espagnols, proférées en avril par le PDG de Sonatrach Toufik Hakkar, en sont un exemple et sont intervenues, pas par hasard, alors que les relations entre Alger et Madrid allaient de mal en pis. En effet, à cette époque, le Maroc et l’Espagne discutaient de la manière de détourner le flux de la MEGP pour fournir à Rabat du gaz naturel acheté sur les marchés internationaux. Les discussions ont mis Alger de plus en plus mal à l’aise, poussant le gouvernement algérien à menacer de résilier le contrat avec l’Espagne si le gaz naturel en provenance d’Algérie était détourné vers le Maroc.

    La ruée vers le gaz africain

    L’hybridation de la guerre transforme non seulement les États membres de l’UE en importateurs nets de la spirale du fossé maghrébin, mais pousse également leurs politiques pétrolières sur une trajectoire de collision, selon les différentes politiques adoptées sur la question du Sahara occidental. En outre, les ramifications de cette lutte pour la suprématie régionale s’étendent également au continent africain, où les politiques régionales d’Alger et de Rabat sont toujours empêtrées dans le jeu à somme nulle qui alimente déjà la détérioration de leurs relations bilatérales. En particulier, le secteur de l’énergie devient un champ de bataille, où la ruée vers le gaz africain s’est accélérée, notamment au lendemain du conflit en Ukraine. Le Maroc, par exemple, a accéléré ses plans à long terme pour rivaliser avec son voisin oriental, sur la base d’une stratégie ambitieuse qui ferait à terme de Rabat une puissance dans l’exportation de combustibles fossiles et d’énergies renouvelables. Dans le cadre de sa nouvelle politique africaine, soulignée par le retour de Rabat à l’Union africaine (UA) en 2017, le gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP) de 5 560 km a récemment été accéléré suite à l’approbation du gouvernement d’Abuja. Le gazoduc serait une extension du gazoduc existant qui fournit du gaz nigérian au Bénin, au Ghana et au Togo depuis 2010. Le 2 juin, le gouvernement nigérian a chargé la Nigeria National Petroleum Company de conclure un accord avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest pour la construction du gazoduc, qui acheminera à terme le gaz nigérian vers l’Afrique de l’Ouest et le Maroc, et de là vers l’Europe également à partir de 2046.

    Fait intéressant, l’accélération est intervenue après les récents progrès réalisés par l’Algérie dans l’avancement d’un projet rival connu sous le nom de gazoduc transsaharien (TSGP). D’une capacité de 30 milliards de mètres cubes par an, le TGSP est un projet de 4 128 km qui acheminerait à terme le gaz naturel du Nigéria vers l’Algérie via le Niger, renforçant la capacité d’Alger à satisfaire ses besoins intérieurs et à stimuler les exportations de gaz vers l’Europe. La déclaration de Niamey signée en février 2022 entre les ministres du pétrole algérien, nigérien et nigérian a relancé le projet, qui était en sommeil depuis plusieurs années en partie en raison de problèmes de sécurité concernant le pipeline transitant par une région sahélienne de plus en plus instable, où plusieurs groupes terroristes sont actifs. . Compte tenu de ses réserves abondantes, le Nigeria est évidemment bien placé pour fournir à l’Europe une quantité croissante de gaz naturel qui compenserait en partie l’approvisionnement réduit de la Russie en raison du conflit en cours en Ukraine. En outre, le NMGP et le TSGP seraient évidemment des instruments précieux pour satisfaire la demande intérieure croissante des États en développement d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. Le risque, cependant, est que ces projets de gazoducs soient victimes de l’approfondissement du fossé entre l’Algérie et le Maroc, qui oblige à la fois les exportateurs de pétrole et de gaz en Afrique (comme le Nigeria) et les importateurs d’énergie en Europe (comme l’Italie et l’Espagne) à naviguer un contexte hautement conflictuel et clivant, irradié par une rivalité régionale qui s’étend bien au-delà des frontières traditionnelles du Maghreb.

    Références

    [1] Selon les données de la Banque mondiale, sur la période 2015-2020, les exportations pétrolières algériennes représentaient 19 % du produit intérieur brut (PIB), 94 % des exportations totales et 40 % des recettes budgétaires : https://thedocs. worldbank.org/en/doc/65cf93926fdb3ea23b72f277fc249a72-0500042021/related/mpo-dza.pdf.

    [2] La production de pétrole est déjà passée de 175,9 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) en 2020 à 185,2 millions en 2021, tandis que les recettes d’exportation sont passées de 20 milliards de dollars à 34,5 milliards de dollars. Voir, Francisco Serrano, « Higher Oil Prices are Giving Algeria’s Regime Breathing Room », 25 mai 2022, Middle East Institute, https://www.mei.edu/publications/higher-oil-prices-are-giving-algerias- régime-respiratoire.

    [3] La production de gaz dans les zones couvertes par le protocole d’accord devrait atteindre 3 milliards de mètres cubes (bcm) par an et contribuera à augmenter la capacité d’exportation de gaz de l’Algérie vers l’Italie. Le protocole d’accord couvre également l’évaluation technique et économique d’un projet d’hydrogène vert à Bir Rebaa Nord. Voir, « Le géant italien de l’énergie Eni signe un accord pour stimuler l’approvisionnement en gaz algérien », Al-Jazeera, 26 mai 2022, https://www.aljazeera.com/economy/2022/5/26/italys-power-giant-eni -encres-deal-pour-booster-les-importations-de-gaz-algeriennes.

    [4] Umberto Profazio, « Les relations Maroc-Europe atteignent un point d’inflexion », 6 septembre 2021, Institut international d’études stratégiques (IISS), https://www.iiss.org/blogs/analysis/2021/09/morocco -relations-européennes.

    [5] Le gouvernement a été accusé d’avoir utilisé le logiciel espion de la société israélienne NSO Group pour pirater les téléphones portables de personnalités politiques des mouvements indépendants de Catalogne. Les révélations, qui ont provoqué le limogeage de Paz Esteban (chef de l’agence de renseignement espagnole), ont également conduit à une tournure inattendue, après que le gouvernement a déclaré que les téléphones portables de Sanchez et de la ministre de la Défense Margarita Robles avaient également été piratés par un tiers anonyme. faire la fête. Voir, Raphael Minder, « Spain Says Cell Phones of Prime Minister and Defence Minister Were Hacked », 2 mai 2022, New York Times, https://www.nytimes.com/2022/05/02/world/europe/spain -premier-ministre-pegasus-spyware.html. Les allégations selon lesquelles le Maroc aurait fréquemment utilisé Pegasus sont apparues l’année dernière mais ont toujours été démenties par Rabat.

    [6]Dans le même temps, Alger a décidé d’aller de l’avant avec l’inscription sur la liste noire du mouvement séparatiste pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) et a blâmé le Maroc pour les incendies qui ont englouti la région agitée à l’est d’Alger au cours de l’été de l’année dernière .

    [7] Umberto Profazio, « Oil Politics Set to Worsen the Maghreb Rift », 29 septembre 2021, Fondation du Collège de défense de l’OTAN, https://www.natofoundation.org/maghreb/oil-politics-set-to-worsen-the -maghreb-rift/.

    [8] Mark Galeotti, The Weaponization of Everything : A Field Guide to the New Way of War (New Haven et Londres : Yale University Press, 2022).

    Dr. Umberto Profazio

    Trends, 11/08/2022

    #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #UE #Gaz #Espagne #Maghreb

  • Espagne: Les importations de gaz russe augmentent de 15%

    Espagne: Les importations de gaz russe augmentent de 15%

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    L’Espagne augmente ses importations de gaz russe malgré la guerre en 2022 tout en réduisant son lien énergétique avec l’Algérie

    Sur les sept mois de l’année, les achats de gaz à Moscou ont augmenté de 15 % et les importations en provenance d’Alger ont chuté de 42 %.
    La Russie reste le quatrième fournisseur mondial derrière l’Algérie, les États-Unis et le Nigeria.

    L’Espagne a ouvert une double interdiction du point de vue énergétique: au cours des sept mois de 2022, elle a acheté plus de gaz à la Russie et beaucoup moins à l’Algérie, à la fois au milieu de l’invasion de l’Ukraine et au milieu du conflit diplomatique avec le pays africain en raison du changement de position du gouvernement de Pedro Sánchez sur le Sahara. En effet, les achats en provenance de Russie ont augmenté de 15,6 % depuis janvier, tandis que les importations en provenance d’Algérie ont chuté de 42 %, selon le Bulletin statistique Enagás.

    Si les données de juillet 2021 et de juillet 2022 sont comparées, on constate un changement de tendance qui favorise des pays comme les États-Unis, le Nigeria, précisément la Russie, et dans un échelon inférieur également le Qatar. De l’autre côté, le tournant fait mal à l’Algérie. Dans le cas du pays d’Afrique du Nord, l’Espagne a acheté 8 572 gigawattheures (GWh) en juillet de cette année, contre 16 192 au même mois de 2021, avant l’affrontement sur la question sahraouie. Avec les États-Unis, la dynamique s’est inversée, puisque 8 530 GWh ont été importés dans le mois qui vient de s’achever, alors qu’en juillet 2021 ils étaient 2 664. La Russie est passée, par rapport aux mois de juillet, de 2 204 l’an dernier à 5 317 cette année et le Nigeria a exporté 1 142 GWh vers l’Espagne en juillet de l’année dernière et 5 882 le même mois cette année.

    Au cours du premier semestre, l’Espagne a acheté 64 534 gigawattheures de gaz à l’Algérie, dont 60 056 GWh (environ 93 %) sont venus par tube, via le Medgaz et le reste dans des méthaniers sous forme de gaz naturel liquéfié. En un an, la dépendance vis-à-vis de l’Algérie s’est considérablement réduite : jusqu’en juillet, le quota d’importation algérien s’élevait à 24,5 %, contre 48,8 % un an plus tôt au cours des sept premiers mois.

    L’Algérie (23,3%), les États-Unis (23,2%) et le Nigeria (16%) sont les trois principaux exportateurs de gaz vers l’Espagne en juillet 2022, et la Russie occupe déjà la quatrième place avec 14,5% du total, juste devant le Qatar. , qui est loin derrière avec 5,5 %. Dans une moindre mesure, d’autres pays comme Trinidad, la France, l’Angola ou l’Egypte ont eu une certaine pertinence. Dans ce scénario, l’Espagne a acheté 28 265 GWh à Moscou jusqu’en juillet et 5 317 GWh seulement pendant le septième mois de l’année.

    Le chiffre du mois qui vient de se terminer, oui, représente une réduction de pratiquement 40% par rapport aux données de juin. Ensuite, un total record d’importations en provenance de Russie a été atteint, avec un total de 8 752 GWh. Il y a peu de changements si l’on regarde le cumul entre janvier et juillet : la Russie y représente une part de 10,7 % du total de gaz acheté par l’Espagne, un chiffre très similaire à celui qui s’est produit à la même période de 2021.

    Un changement important a également été observé avec les importations en provenance des États-Unis. Depuis le début de la guerre, le pays s’est positionné en termes d’exportations de gaz vers l’Espagne avec une part de 32,9%, soit près de 10 points de plus que l’Algérie, après avoir cumulé des achats pour 86 609 GWh au cours des sept premiers mois de 2022. En outre, ce qui est frappant, c’est que sur la même période mais en 2021, les États-Unis ne représentaient que 9,1 % des importations de gaz. En conclusion, les États-Unis, l’Algérie et la Russie continuent de représenter 70 % des importations de gaz de l’Espagne.

    Concernant les exportations avec la France, à travers l’interconnexion VIP Pyrénées, elles s’élevaient en juillet à 3 077 GWh, contre 3 051 GWh en juin 2022. Habituellement utilisé pour importer du gaz naturel du pays voisin, depuis la guerre d’Ukraine a entraîné un changement total, faisant de l’Espagne un exportateur vers l’Europe.

    Déjà en avril, un chiffre d’exportation de l’Espagne vers la France de 5 618 GWh a été atteint et en mai, il a augmenté de 10 % par rapport au mois précédent, jusqu’au chiffre record de 6 185 GWh. En juillet, il a également mis en évidence l’augmentation significative du rejet des navires, qui a doublé par rapport au même mois de l’année précédente, jusqu’à 26 448 GWh. Ainsi, le nombre de navires déchargés a augmenté de 92,9 % au cours du mois de juillet, pour s’établir à 27 unités, soit treize de plus qu’au même mois de 2021.

    Il y a eu des voix qui ont critiqué ces données sur les importations de gaz par l’Espagne, et de Vox son porte-parole Jorge Buxadé a directement pointé du doigt le PP et le PSOE. « Je me demande combien d’anciens politiciens du PSOE et du PP profitent désormais du boom des prix, de l’utilisation et des exportations du gaz des conseils d’administration des opérateurs alors qu’ils prêchent en faveur du confinement énergétique », a écrit l’eurodéputé sur ses réseaux sociaux.

    Le rôle de l’Espagne dans la crise énergétique
    Dans un scénario aussi compliqué, l’Espagne aspire à jouer un rôle fondamental. À tel point que le ministre des Affaires étrangères Olaf Scholz s’est entretenu ce jeudi avec Madrid et Lisbonne pour faire part de son idée qu’ils pourraient augmenter les exportations de gaz de la péninsule ibérique vers l’Allemagne, l’un des pays les plus dépendants du gaz russe dans toute l’UE. Ainsi, Berlin veut un gazoduc qui facilite le transfert sud-nord, de manière à réduire la dépendance vis-à-vis de Moscou.

    La France joue alors un tour important, car l’infrastructure traverserait son territoire. Et le projet existe déjà : c’est le MidCat, qui, oui, est paralysé depuis des années en raison de ses coûts élevés et du faible prix de l’offre russe. Il reste encore 226 kilomètres de canalisations à construire entre la ville catalane d’Hostalric et la ville française de Barbaira, et l’Espagne demande à l’UE de couvrir les coûts.

    Scholz sait qu’il est en retard et suppose que si les connexions avec la péninsule ibérique avaient été renforcées plus tôt, cela aurait été « une contribution massive pour atténuer et alléger la situation » de l’approvisionnement en gaz, que l’Allemagne a essentiellement reçu de la Russie ces dernières années. En septembre, il présentera cette idée à la fois à Sánchez et à Costa, ainsi qu’à Emmanuel Macron et à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, puisque Bruxelles prévoit de présenter ce même mois son plan de choc pour réduire le lien énergétique. avec le régime de Vladimir Poutine.

    Du côté du gouvernement, la vice-présidente et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, a ramassé le gant. « Nous apprécions positivement le message du ministre des Affaires étrangères », a-t-il déclaré. Ribera a également souligné que l’intégration des politiques énergétiques européennes présente « de grands avantages pour tous et nécessite une plus grande et meilleure coordination des infrastructures ». Là, l’Espagne veut être un protagoniste et la vice-présidente a rappelé qu’ »elle a toujours montré sa disponibilité et exigé une plus grande interconnexion », d’autant plus dans une crise qui, dit-elle, « montre les avantages d’avoir plus d’intégration européenne ».

    Actuellement, seuls deux gazoducs passent du sol espagnol à l’autre côté des Pyrénées et totalisent une capacité d’à peine 8 000 millions de mètres cubes par an, quand Nord Stream 2, le projet raté proposé pour exporter du gaz de la Russie vers l’Allemagne, peut transporter quelque 55 000 millions de mètres cubes.

    Révision à la hausse des prix du pétrole
    D’autre part, les prix élevés du gaz dans le sillage de la crise d’approvisionnement russe entraînent un virage « vertigineux » vers l’utilisation du pétrole pour la production d’électricité, incitant l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à revoir à la hausse ses prévisions de consommation mondiale. L’augmentation de l’offre de pétrole et les inquiétudes croissantes concernant une détérioration des perspectives économiques ont fait chuter les prix d’environ 30 dollars le baril par rapport aux sommets de juin.

    Cependant, l’agence s’attend à ce que la demande mondiale de pétrole augmente de 2,1 millions de barils par jour en 2022, ce qui représente une augmentation de 380 000 barils par jour par rapport à la projection précédente. « Avec plusieurs régions connaissant des vagues de chaleur torrides, les dernières données confirment une augmentation de la consommation de pétrole dans la production d’électricité, en particulier en Europe et au Moyen-Orient, mais aussi dans toute l’Asie », a-t-il noté.

    20minutos.es, 11/08/2022

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