Étiquette : Russie

  • La France gère l’argent de plusieurs pays africains

    France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, corruption, pots-de-vin, colonisation, Russie, esclavage,

    « La Russie est l’une des dernières puissances impériales coloniales ». Da gavarich Macron ! J’ai même lu dans un livre écrit par « Abou Doujaja », un illustre écrivain français né chez vous que les méchants Russes avaient envahis et soumis l’Afrique à l’esclavage pendant plusieurs siècles sur ordre de ce Poutine et qu’ils ont pris pleins de femmes noires pour en faire des mulâtres et devenir moins blonds. Manu, Manu, l’air du continent noir ne te va pas !

    D’ailleurs, comme des milliers d’internautes, j’ai failli étouffer de rire en t’écoutant dire aux Africains qu’ « On doit aider à réguler les sujets de corruption qui sont un fléau pour le continent africain » ! Mais Manu, c’est la France qui a ramené un sacré bouquin intitulé « comment toucher un pot de vin en dix leçons ? ».

    Et puis tu dois bien en savoir un bout depuis le temps que tu fréquentes les Rothschild. Tu dois bien savoir que ce n’est pas « les Dieux qui nous sont tombés sur la tête » mais c’est votre corruption qui nous a aliénés.

    Tiens parles-moi donc du fameux Franc CFA ! Comment donc un pays situé en Europe peut-il gérer l’argent d’un autre pays situé en Afrique et lui dicter sa politique ? Demandes donc à Emmanuel Moulin qui est à la tête de la direction générale du Trésor avec quoi sont remplis les caisses de la Banque de France ? Si, si vas-y demandes lui, il ne va pas le prendre mal. Il te dira que l’argent n’a pas d’odeur et qu’il est surtout kasher.

    La Sentinelle, 30/07/2022

    #France #Afrique #Corruption #Pot_de_vin

  • L’ère du pétrole cher est partie pour durer (très) longtemps

    Etats-Unis, Arabie Saoudite, MBZ, MBS, EAU, Russie, Ukraine, pétrole, gaz, prix, OPEP,

    Emmanuel Macron déroulant le tapis rouge à Mohammed ben Zayed Al Nahyane, président des Émirats arabes unis (EAU), pour discuter énergie; Joe Biden offrant les honneurs à l’autrefois honni prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) lors d’un voyage en Arabie saoudite, dont l’objectif était lui aussi clairement pétrolier…

    Alors que le prix de l’énergie flambe partout dans le monde, notamment aux États-Unis, où l’inflation que le phénomène engendre pour partie pourrait coûter cher aux Démocrates lors des élections de mi-mandat, ou au Sri Lanka, où la pénurie d’essence plonge le pays dans le chaos et la pauvreté, un vent de panique s’installe chez les décideurs et les économistes.

    Le temps de la pandémie, quand une chute de la demande et une production qui n’arrivait plus à trouver ses débouchés avaient fini par faire passer (brièvement) le prix du baril sous la drôle de barre des zéro dollar, semble loin: ainsi que l’explique Bloomberg, l’ère actuelle du pétrole cher est partie pour durer et, le cas échéant, vos pleins d’essence risquent de plomber de plus en plus lourdement votre budget.

    «Le monde n’a jamais connu une telle crise majeure de l’énergie en termes de profondeur et de complexité, a ainsi déclaré Fatih Birol, de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), lors d’un forum le 12 juillet. Nous n’avons peut-être pas encore vu le pire de cette crise, et cela affecte le monde entier.»

    Car à la guerre menée par la Russie en Ukraine et les vastes conséquences énergétiques qu’elle a sur le reste du monde s’ajoute un problème plus fondamental encore.

    Le monde tel qu’il se dessine ces jours-ci n’arrive ainsi plus à produire suffisamment de pétrole pour satisfaire une demande revenue à ses niveaux d’avant la pandémie, et qui devrait croître de 2% en 2023 selon l’AIE.

    Et alors que l’or noir génère à nouveau des «montagnes de cash», ses producteurs n’ont pas grand intérêt à inonder le marché et à faire baisser les prix, notamment les extracteurs américains de shale, ravis de mettre la main sur une telle manne après être passés si près de la banqueroute.

    À fond (dans le mur)
    Pour la plupart, ils ne le peuvent de toute façon pas réellement. Comme le note Bloomberg, des infrastructures vieillissantes et des investissements trop faibles, entre autres, font que les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEC), responsables de la fourniture de 40% du brut mondial, n’arrivent pas à atteindre leurs propres objectifs.

    Le média américain rappelle également qu’il y a quelques semaines, JP Morgan peignait un tableau apocalyptique, qui a certes peu de risques de se réaliser, dans lequel une coupure totale de la production russe d’or noir –actuellement acheté en masse et au rabais par la Chine et l’Inde– mènerait le baril vers un intenable sommet de 380 dollars, contre 106 à l’heure où ces lignes sont écrites.

    Qu’ont donc à offrir les géants du secteur, cette Arabie saoudite et ces Émirats arabes unis, que les leaders occidentaux draguent sans fard ni retenue? Peut-être pas grand-chose pour l’Arabie saoudite, dont le mastodonte d’État Aramco semble déjà proche de sa capacité maximale de production, à en croire Bloomberg.

    Sans doute pas beaucoup plus pour les EAU: on se souvient du «faux off» d’Emmanuel Macron fin juin, lorsqu’il interrompait Joe Biden en marge du G7 pour lui parler d’un appel infructueux à Mohammed ben Zayed Al Nahyane.

    À tout ceci, note Bloomberg, s’ajoute un ultime problème et non des moindres. La capacité mondiale à raffiner le pétrole a largement baissé ces dernières années, notamment du fait de la fermeture de vieilles installations lors de la pandémie.

    Cette pénurie déconnecte de plus en plus le prix du produit fini (essence pour les automobilistes ou kérosène pour un trafic aérien en plein rebond) de celui du baril de brut et risque de coûter très cher un peu partout sur la planète, sur le plan économique comme sur le plan social. Donc, in fine, sur le plan environnemental.

    Par Thomas Burgel

    L’Express, 26/07/2022

    #Pétrole #Gaz #Hydrocarbures #Prix

  • Economie mondiale : Les prévisions sombres du FMI

    FMI, économie, croissance, Russie, Ukraine, Allemagne, France, Espagne,

    L’économie mondiale est en berne et l’avenir s’annonce sombre. Le diagnostic est signé du Fonds monétaire international qui révise à la baisse ses prévisions de croissance et alerte sur le risque d’une récession mondiale. Ainsi cette année, il ne faudra pas s’attendre à une croissance supérieur à 3,2% , soit 0,4 point de moins que les dernières prévisions.

    « L’économie mondiale est encore sous le choc de la pandémie et de l’invasion russe de l’Ukraine. Nous sommes maintenant confrontés à des perspectives de plus en plus sombres et incertaines. La croissance de la production mondiale a été révisée à la baisse à 3,2 % cette année et à 2,9 % l’année prochaine, tandis que l’inflation a été révisée à la hausse à 6,6 % dans les économies avancées et à 9,5 % dans les économies émergentes et en développement. Les trois plus grandes économies du monde, les États-Unis, la Chine et l’Europe sont au point mort » explique Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef au FMI.
    La prévision de croissance des Etats-Unis pour cette année est abaissée de 1,4 point par rapport à avril, à 2,3%.

    Et la probabilité que la première économie du monde échappe à la récession est désormais faible, a averti M. Gourinchas lors d’une conférence de presse: « l’environnement actuel suggère que la possibilité que les Etats-Unis échappent à la récession est mince en effet (…) C’est un chemin très étroit ».

    La Chine a, elle, enregistré « un ralentissement pire que prévu », avec 3,3% de croissance projetée (-1,1 point) à cause des fermetures liées au Covid-19 et de « l’aggravation de la crise immobilière ».

    Quant à la zone euro, la prévision de croissance est abaissée de 0,2 point, à 2,6%, plombée par l’Allemagne, la France et l’Espagne, en conséquence, entre autres, de la guerre en Ukraine.

    La Russie en revanche, qui fait face à une vague de sanctions internationales, devrait s’en sortir mieux que prévu en 2022, enregistrant un plongeon de son PIB de 6%, et non de 8,5% comme anticipé il y a trois mois, ce qui reste « une récession très sévère », a commenté le chef économiste.

    Les prix ne cessent de grimper, partout dans le monde. L’inflation devrait atteindre 8,3% cette année à l’échelle mondiale. La guerre en Ukraine fait flamber les coûts de l’alimentation et de l’énergie. Des prix qui pourraient encore augmenter ; » l’arrêt complet des exportations de gaz russe vers les économies européennes en 2022 ferait largement augmenter l’inflation dans le monde » prévient le FMI.

    Face à cela, les Banques centrales, dont la Fed aux Etats-Unis et la BCE en Europe, ont commencé à refermer le robinet des liquidités pour restreindre la consommation et desserrer la pression sur les prix.

    Et elles doivent continuer, « parce qu’il est nécessaire de planter les graines de la stabilité macro-économique future », a commenté Pierre-Olivier Gourinchas.

    Mais cela ne se fera pas sans mal: « une politique monétaire plus stricte aura inévitablement des coûts économiques, mais tout retard ne fera que les exacerber ».

    El Khabar, 26/07/2022

    #FMI #Economie #Croissance

  • Le prix du pétrole se maintient, celui du gaz s’envole

    Hydrocarbures, pétrole, gaz, Russie, Ukraine, prix,

    Le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine continue d’avoir d’importantes répercussions sur le marché mondial de l’énergie. Sur fond de réduction des livraisons russes en Europe, les prix du pétrole se maintiennent alors que ceux du gaz s’envolent. Dans un contexte de craintes, les prix du Brent et du West Texas Intermediate (WTI) tentent de se maintenir.

    Hier 27 juillet, le site OilPrice a indiqué que le Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a augmenté de 0.90 % pour atteindre les 105.34 dollars le baril. Tandis que le baril de WTI américain pour livraison le même mois a gagné 1.12 % pour s’établir à 95.59 dollars le baril. D’après l’analyste Stephen Brennock de PVM Energy, « le spectre d’une pénurie d’approvisionnement découlant des limites imposées par la Russie aux livraisons de gaz en Europe contribue à renforcer le potentiel de hausse du pétrole ». Toutefois, l’analyste est revenu sur les estimations du Fonds monétaire international (FMI) concernant la probable récession aux États-Unis dans les mois à venir.

    De son côté, le pétrole algérien, le Sahara Blend, se maintient à 117.77 dollars le baril. Et ce, après un mois de juin exceptionnel, marqué par un record frôlant les 130 dollars le baril. Gaz : les prix s’envolent en Europe à cause de la réduction des livraisons russes, les prix des contrats à terme de fourniture de gaz se sont envolés pour atteindre les plus hauts niveaux depuis le mois de mars. En effet, le TTF néerlandais, la référence du gaz naturel en Europe, a augmenté de 9.11 % pour atteindre les 218.130 euros le mégawattheure (MWh). Lundi dernier, le géant gazier russe Gazprom avait annoncé la réduction des livraisons quotidiennes via le gazoduc Nord Stream dès mercredi, en raison d’une opération de maintenance sur une turbine. D’ailleurs, les membres de l’Union européenne (UE) se sont accordés, hier, sur un plan prévoyant la réduction de la consommation de gaz entre août 2022 et mars 2023.

    Dans ce même contexte, il convient de rappeler que l’Algérie avait signé un contrat de près de 4 milliards de dollars avec l’américain Occidental Petroleum, l’italien Eni et le français Total Energies. Portant sur le développement et l’exploitation du périmètre contractuel de Berkine, au Sud-Est de Hassi Messaoud (Ouargla). En outre, l’Algérie avait augmenté le volume de ses livraisons de gaz vers l’Italie avec quatre (4) milliards de m3 de gaz supplémentaires, que Sonatrach livrera au Groupe ENI et à ses autres partenaires italiens.

    Le Midi libre, 28/07/2022

    #Pétrole #Gaz #Hydrocrbures #Prix #Algérie #UE

  • Le rôle de l’Afrique dans la politique de la Russie va croître

    Afrique, Russie, Sergeï Lavrov, Occident,

    Le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergueï Lavrov en tournée en Afrique a souligné que le poids de l’Occident est en baisse et que le rôle de l’Afrique dans la politique étrangère de la Russie va fortement augmenter, tandis que le leadership occidental est  » aboli « , a déclaré Sergueï Lavrov.  » Je peux dire sans crainte de me tromper que le rôle du continent africain dans la conception de notre politique étrangère va augmenter, et de manière significative. Cela se produirait indépendamment de ce qui se passe dans la direction Ouest. La direction occidentale, comme vous le savez est annulée « , a déclaré Lavrov après avoir remontré le président ougandais Yoweri Muselvenis.

     » Etre en raison de nos intérêts de principe, à long terme et non conjoncturels l’importance de l’Afrique augmentera ; à cause de ce que l’Occident est en train de faire par rapport à notre pays, cela augmentera objectivement de la part du leadership africain dans notre travail « , a-t-il ajouté.

    La tournée du chef de la diplomatie russe en Afrique et sa rencontre avec les responsables de la Ligue des Etats arabes au Caire se veut donc de transmettre la version russe des événements concernant l’invasion de l’Ukraine et la crise alimentaire mondiale, ainsi que pour préparer le Sommet Russie-Afrique de 2023, Lavrov a affirmé que les objectifs de l’invasion russe ne se limitaient plus au Dombas, soulignant que la Russie  » est déterminée à aider la population de l’est de l’Ukraine à se libérer du fardeau de ce régime inacceptable -le gouvernement ukrainien). Il a expliqué que les accusations selon lesquelles la Russie était responsable de la crise alimentaire n’étaient rien d’autre que des  » fake news « . En effet,  » dans certains pays africains, jusqu’à 😯 % du blé venaient de la Russie et d’Ukraine. Avec les perturbations qui se produisent maintenant, il y a une situation urgente qui se matérialise, a alerté en mai dernier le sous-secrétaire générale des Nations unies, Ahunna Eziakonw « . L’ONU parle d’une crise sans précédent en Afrique, tant sur le plan alimentaire, énergétique qu’économique. En mars dernier, le président du Sénégal, président de l’Union africaine avait interpellé le président Vladimir Poutine à Sotchi en déplorant le fait que les Etats africains soient  » des victimes de cette crise au plan économique « . La flambée des cours des matières premières a en effet compliqué une situation alimentaire déjà très tendue sur une partie du continent africain.

    Au Caire en présence des ambassadeurs arabes apurés de la Ligue arabe le ministre des Affaires étrangères de Russie, Sergueï Lavrov a rejeté les accusations selon lesquelles Moscou serait à l’origine de la crise alimentaire mondiale, accusant les Occidentaux de déformer la réalité.  » Si quelqu’un peut être objectif, il n’a qu’à lire les conclusions du Programme alimentaire mondial et de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies « , a-t-il déclaré. Cela décrit bien les difficultés du marché alimentaire à partir de la pandémie de Coronavirus, lorsque les chaînes d’approvisionnement ont été affectées « .

    Des observateurs estiment que Sergueï Lavrov a programmé sa tournée après la signature la semaine dernière à Istanbul d’un accord entre Turcs, Russes et Ukrainiens qui doit garantir l’exploration, à destination notamment de l’Afrique et du Monde arabe, de 25 millions de tonnes de blé bloquées jusqu’ici par l’armée russe dans les ports ukrainiens.

    B.C.

    Lemaghreb.dz, 28/07/2022

    #Russie #Afrique Ukraine #Turquie

  • UE: RT France interdit de rapporter sur la guerre en Ukraine

    RT France, Russia Today, Ukraine, Russie, TJUE, CJUE, Union Européenne,

    La CJUE rejette le recours de RT France contre la décision de l’UE lui interdisant de rendre compte de la guerre en Ukraine sur le territoire de l’UE.

    Communiqués de presse
    N° 132/2022 : 27 juillet 2022
    Arrêt du Tribunal dans l’affaire T-125/22
    RT France / Conseil
    Relations extérieures PESC
    Le Tribunal, en grande chambre, rejette la demande de RT France d’annuler les actes du Conseil, adoptés à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, lui interdisant temporairement de diffuser des contenus

    N° 131/2022 : 14 juillet 2022
    Conclusions de l’avocat général dans l’affaire C-158/21
    Puig Gordi e.a.
    Espace de liberté, sécurité et justice
    Selon l’avocat général Richard de la Tour, une autorité judiciaire ne peut pas refuser d’exécuter un mandat d’arrêt européen en se fondant sur le risque de violation du droit à un procès équitable de la personne réclamée si l’existence de défaillances systémiques ou généralisées touchant le système judiciaire de l’État membre d’émission n’est pas démontrée

    N° 130/2022 : 14 juillet 2022
    Conclusions de l’Avocat général dans les affaires:
    C-176/19 P & Commission/Servier e.a. et C 201/19 P & Servier e.a./Commission
    Concurrence
    Commercialisation du périndopril : l’avocate générale Kokott propose à la Cour de juger que tous les accords conclus par le groupe Servier avec des sociétés de médicaments génériques constituaient des restrictions de la concurrence par objet et d’annuler les constatations du Tribunal concernant les accords entre Servier et Krka, d’une part, et la définition du marché pertinent aux fins de l’application de l’article 102 TFUE, d’autre part

    N° 129/2022 : 14 juillet 2022
    Arrêt de la Cour de justice dans l’affaire C-168/21
    Procureur général près la cour d’appel d’Angers
    DFON
    Mandat d’arrêt européen et condition de la double incrimination du fait : une correspondance parfaite n’est pas requise entre les éléments constitutifs de l’infraction concernée dans l’État membre d’émission et dans l’État membre d’exécution

    N° 128/2022 : 14 juillet 2022
    Arrêt de la Cour de justice dans l’affaire C-572/21
    CC (Transfert de la résidence habituelle de l’enfant vers un État tiers)
    Espace de liberté, sécurité et justice
    Une juridiction d’un État membre ne demeure pas compétente pour statuer en matière de garde d’enfant sur la base du règlement Bruxelles II bis lorsque la résidence habituelle de l’enfant a légalement fait l’objet d’un transfert, en cours de procédure, sur le territoire d’un État tiers qui est partie à la convention de La Haye de 1996

    N° 127/2022 : 14 juillet 2022
    Arrêt de la Cour de justice dans l’affaire C-110/21 P
    Universität Bremen / REA
    Principes du droit communautaire
    Un professeur de droit peut représenter sa propre université devant le Tribunal et la Cour de justice de l’Union européenne

    N° 126/2022 : 14 juillet 2021
    Arrêt de la Cour de justice dans les affaires jointes :
    C-59/18 & Italie/Conseil et C-182/18 & Comune di Milano/Conseil, dans les affaires jointes C-106/19 & Italie/Conseil et Parlement et C-232/19 & Comune di Milano/Parlement et Conseil, et dans l’affaire C-743/19 & Parlement/Conseil
    Droit institutionnel
    Fixation du siège de l’EMA et de l’ELA : la compétence pour en décider appartient au législateur de l’Union et non aux États membres

    N° 125/2022 : 14 juillet 2022
    Arrêt de la Cour de justice dans l’affaire C-159/20
    Commission / Danemark (AOP Feta)
    Agriculture
    Le Danemark a manqué à ses obligations en ne cessant pas d’utiliser l’appellation « Feta » pour des fromages destinés à l’exportation vers des pays tiers

    N° 124/2022 : 14 juillet 2022
    Arrêts de la Cour de justice dans les affaires:
    C 128/20 GSMB Invest, C-134/20 Volkswagen et C 145/20 Porsche Inter Auto et Volkswagen
    Rapprochement des législations
    Un logiciel, équipant des véhicules Diesel, qui réduit l’efficacité du système de contrôle des émissions lors de températures habituelles et durant la majeure partie de l’année, constitue un dispositif d’invalidation interdit

    N° 123/2022 : 13 juillet 2022
    Arrêt du Tribunal dans l’affaire T-227/21
    Illumina / Commission
    Concurrence
    Le Tribunal confirme les décisions de la Commission acceptant une requête de renvoi de la France, à laquelle se sont joints d’autres États membres, lui demandant d’évaluer le projet d’acquisition de Grail par Illumina
    Concurrence
    Le Tribunal confirme les décisions de la Commission acceptant une requête de renvoi de la France, à laquelle se sont joints d’autres États membres, lui demandant d’évaluer le projet d’acquisition de Grail par Illumina

    Source : CJUE, 27/07/2022

    #UE #Russia_Today #RT_France #Ukraine #Russie

  • Le gaz algérien courtisé par l’Europe

    Algérie, Union Européenne, Gaz, Russie,

    Le pays, vu comme stable et déjà doté de gazoducs vers l’Europe, voit défiler les dirigeants européens en quête de sources de gaz nouvelles. Mais l’augmentation des exportations est limitée par la forte consommation intérieure.

    Depuis le début de la guerre en Ukraine et les menaces qui planent sur les livraisons de gaz russe, l’Europe se tourne vers d’autres pays producteurs d’énergie pour sécuriser ses approvisionnements. Avec la visite du chancelier allemand Scholz en février, celles du président du Conseil des ministres italien Mario Draghi en avril puis en juillet et celle annoncée prochainement d’Emmanuel Macron, Alger est devenue le centre de toutes les convoitises.

    Le 19 juillet, un contrat pétrolier et gazier de quatre milliards de dollars sur vingt-cinq ans était signé entre la société nationale algérienne Sonatrach, le français Total Energie, l’italien l’ENI et l’américain Continental Petroleum. Cet accord porte sur le périmètre de 102 395 kilomètres carrés des blocs 404 et 208 de l’exploitation de Berkine, au sud-est de l’Algérie. Lors de la conférence de presse qui a suivi la ratification de ce contrat crucial pour l’avenir énergétique de l’Europe, Toufik Hakkar, PDG de Sonatrach, la société nationale algérienne des hydrocarbures, a annoncé que d’autres contrats pourraient être conclus avant la fin 2022.

    Bloqué depuis près de vingt ans par les prix attractifs du gaz russe et une législation nationale rigide compliquant les investissements étrangers, le secteur de l’énergie algérien semble…

    Lire la suite depuis la source Libération (abonnés)

    #Algérie #Gaz #Union_Européenne #UE #Russie

  • L’UE s’accorde sur les coupures de gaz pour cet hiver

    UE, Union Européenne, Gaz, Russie, hiver,

    L’Europe accepte des restrictions de gaz de compromis alors que la Russie réduit l’approvisionnement

    -Les ministres de l’UE conviennent de réduire d’urgence la consommation de gaz
    -Les réductions volontaires deviendraient contraignantes en cas d’urgence de l’approvisionnement
    -L’accord final exempte de nombreux pays, industries
    -L’UE se précipite pour économiser du gaz alors que la Russie réduit l’approvisionnement

    BRUXELLES, 26 juillet (Reuters) – Les pays de l’Union européenne ont approuvé mardi un plan d’urgence affaibli pour limiter leur demande de gaz, après avoir conclu des accords de compromis pour réduire les coupes pour certains pays, alors qu’ils se préparent à de nouvelles réductions de l’offre russe.

    L’Europe est confrontée à une pénurie accrue de gaz à partir de mercredi, lorsque le russe Gazprom (GAZP.MM) a annoncé qu’il réduirait les flux via le gazoduc Nord Stream 1 vers l’Allemagne à un cinquième de sa capacité.

    Alors qu’une douzaine de pays de l’UE sont déjà confrontés à une réduction des approvisionnements russes, Bruxelles exhorte les États membres à se préparer en économisant du gaz et en le stockant pour l’hiver, de peur que la Russie ne coupe complètement les flux en représailles aux sanctions occidentales concernant sa guerre avec l’Ukraine.

    Les ministres de l’énergie ont approuvé une proposition demandant à tous les pays de l’UE de réduire volontairement leur consommation de gaz de 15 % d’août à mars. Les réductions pourraient être rendues contraignantes en cas d’urgence de l’approvisionnement, mais les pays ont accepté d’exempter de nombreux pays et industries, après que certains gouvernements aient résisté à la proposition initiale de l’UE d’imposer une réduction contraignante de 15 % à chaque pays.

    Le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, a déclaré que l’accord montrerait au président russe Vladimir Poutine que l’Europe restait unie face aux dernières coupures de gaz de Moscou.

    « Vous ne nous diviserez pas », a déclaré Habeck.

    La Hongrie était le seul pays à s’être opposé à l’accord, ont déclaré deux responsables de l’UE.

    Le russe Gazprom a imputé sa dernière réduction à la nécessité d’arrêter le fonctionnement d’une turbine – une raison rejetée par le chef de l’énergie de l’UE, Kadri Simson, qui a qualifié cette décision de « motivée politiquement ».

    Reuters, 26/07/2022

    #UE #Gaz #Hiver #Russie

  • Les implications de la conversion de l’Europe au gaz méditerranéen

    Europe, Union Européenne, gaz, pétrole, Russie, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Espagne, Italie, Israël, Egypte, Qatar,

    Dans ses efforts pour se sevrer des approvisionnements énergétiques russes, l’Europe se tourne de plus en plus vers son voisinage méridional. Mais cela s’accompagne de son propre lot de défis géopolitiques.

    Alors que les canicules frappent l’Europe, les gouvernements du continent s’inquiètent déjà d’un hiver froid et d’une crise énergétique qui s’aggrave. Depuis que la Russie a déclenché sa guerre d’agression contre l’Ukraine il y a cinq mois, les pays européens se sont efforcés de réduire leur dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz russes, notamment pour limiter l’une des principales sources de revenus de Moscou. Cependant, ils craignent également que la Russie ne les devance et ne coupe les flux d’énergie vers l’Europe avant que des sources alternatives ne soient assurées. La Russie a déjà cessé de fournir du gaz à la Pologne, à la Bulgarie et à la Finlande, et réduit ses livraisons à l’Allemagne, à l’Italie et à d’autres États européens.

    Alors que l’Europe cherche des alternatives au gaz russe, les débats sur la fracturation hydraulique refont surface et les discussions sur la question de savoir si et quand l’Europe peut importer davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) des principaux exportateurs tels que les États-Unis et le Qatar attirent beaucoup d’attention. En outre, les États européens se tournent vers les anciens et les nouveaux producteurs de gaz de la Méditerranée orientale et occidentale, attirés notamment par la promesse de voies d’approvisionnement courtes le long desquelles des gazoducs existent déjà ou pourraient être construits.

    En Méditerranée orientale, Israël est en train de devenir un important producteur de gaz. En juin, l’UE, Israël et l’Égypte ont convenu de travailler sur un partenariat qui pourrait permettre de transformer le gaz israélien en GNL dans des usines égyptiennes de liquéfaction du gaz déjà existantes, avant de l’expédier en Europe. Dans le même temps, plus à l’ouest, l’Algérie, producteur de gaz de longue date qui envoie déjà environ un quart de son gaz à l’Espagne, a signé un accord avec l’Italie en mai afin d’augmenter ses approvisionnements vers l’Europe.

    Aucun de ces accords ne constitue une solution rapide. Il faudra probablement des années pour que les infrastructures nécessaires en Europe, en Israël et en Algérie soient construites et pour que les deux derniers pays augmentent suffisamment leur capacité de production pour commencer à remplacer les volumes de gaz que l’Europe importe de Russie. Tout aussi important, ces deux accords lient plus étroitement l’Europe à des contextes géopolitiques complexes et potentiellement explosifs. Si les pays européens doivent avoir appris quelque chose de la guerre de la Russie en Ukraine, c’est certainement que les accords énergétiques sont plus que de simples transactions commerciales ; il est donc vital de considérer leurs implications stratégiques pour la sécurité européenne.

    Le gaz israélien, les drones du Hezbollah et l’économie égyptienne

    La Méditerranée orientale est depuis longtemps un espace hautement contesté. Au cours de la dernière décennie, les rivalités qui se chevauchent et les alignements changeants entre les États de la région – Chypre, Égypte, Grèce, Israël, Liban, Syrie et Turquie – ont façonné (et ont été façonnés) par les conflits en Libye et en Syrie, et entre Israël et les Palestiniens, pour n’en citer que quelques-uns. À plusieurs reprises, ces conflits ont attiré des puissances extrarégionales, notamment des États européens, la Russie, les États-Unis et même l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU).

    Avec l’accord gazier conclu avec Israël et l’Égypte, l’UE a accru ses propres intérêts dans cet environnement complexe, au-delà des obligations qu’elle avait déjà envers ses États membres, Chypre et la Grèce. Deux aspects sont particulièrement importants à considérer.

    Si les pays européens ont dû apprendre quelque chose de la guerre de la Russie en Ukraine, c’est certainement que les accords énergétiques sont plus que de simples transactions commerciales.

    Premièrement, avec cet accord, l’UE s’immisce dans le conflit frontalier maritime qui oppose depuis longtemps Israël et le Liban. Le champ offshore de Karish, d’où est censé provenir le gaz destiné à l’Europe, est adjacent à la zone que les deux pays prétendent faire partie de leur propre zone économique exclusive. Le gouvernement américain a nommé un envoyé spécial, Amos Hochstein, pour servir de médiateur dans ce conflit, mais les négociations ont progressé lentement – voire pas du tout – ces derniers mois.

    Soumis à une crise économique sans précédent et à un système politique dysfonctionnel, la capacité de l’État libanais à s’engager efficacement sur ces questions est quelque peu limitée pour le moment. Mais le Hezbollah, qui a subi un revers lors des élections législatives libanaises de mai, semble voir dans le conflit frontalier et dans l’attention portée par la communauté internationale à l’exploration gazière en Méditerranée orientale une occasion utile de renforcer son image de marque anti-israélienne. Le 2 juillet, les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles avaient abattu trois drones du Hezbollah qui s’approchaient d’une plate-forme gazière à Karish.

    Le Hezbollah a déclaré par la suite que les drones n’étaient pas armés et faisaient partie d’une mission de reconnaissance, mais l’incident a certainement illustré la volatilité de la situation dans la région. Cela ne doit pas dissuader l’Europe de chercher à développer le commerce de l’énergie avec Israël ou d’autres producteurs de la Méditerranée orientale, mais les risques politiques évidents doivent être pris en compte à Bruxelles et doivent alimenter la réflexion sur les futurs accords de sécurité dans la région.

    Deuxièmement, l’accord gazier UE-Israël-Égypte intervient à un moment où les décideurs politiques européens sont de plus en plus préoccupés par la stabilité économique de l’Égypte. Frappé de plein fouet par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire, le gouvernement égyptien s’efforce de contenir une crise économique qui pourrait s’aggraver. Si les chiffres de la croissance macroéconomique sont restés relativement élevés, l’inflation et la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont à l’origine de tensions croissantes. Marquée par l’expérience de l’instabilité politique qui a frappé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la suite des soulèvements arabes de 2010/11, et en particulier par la crise migratoire déclenchée et facilitée par les violents conflits en Syrie et au Liban, une nouvelle instabilité en Égypte représente un scénario cauchemardesque pour de nombreux gouvernements européens.

    L’accord sur le gaz devrait apporter certains avantages économiques à l’Égypte, mais pas nécessairement d’une manière qui permette de lutter contre la pauvreté et les autres défis socio-économiques connexes de l’Égypte. L’UE devra donc veiller à ce que l’accord énergétique s’inscrive dans le cadre d’un engagement plus global avec Le Caire, visant à accroître la résilience de l’économie égyptienne par le biais de réformes.

    Le gaz algérien, le Maroc et le Sahara occidental

    En Méditerranée occidentale, l’Algérie est depuis longtemps un important fournisseur de gaz pour l’Europe. L’Espagne importe du gaz algérien via le gazoduc Maghreb-Europe, qui passe par le Maroc, depuis 1996, et via le gazoduc sous-marin Medgaz depuis 2011. Cependant, les relations entre Madrid et Alger, y compris le commerce de l’énergie entre les deux pays, ont toujours été affectées par le conflit entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara occidental, que le Maroc revendique comme son territoire, tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario qui cherche à obtenir l’indépendance du Sahara. Au cours des deux dernières années, les tensions n’ont cessé de croître.

    Les nouveaux partenariats avec les producteurs d’énergie méditerranéens doivent être reconnus pour les entreprises imparfaites et géopolitiquement complexes qu’ils représentent.

    En 2021, l’Algérie a décidé de mettre fin aux exportations via le gazoduc Maghreb-Europe et donc de couper l’approvisionnement du Maroc, prévoyant plutôt d’augmenter la capacité du gazoduc Medgaz. Par la suite, en mars 2021, Alger a subi la colère de l’Espagne qui est revenue sur sa position concernant le Sahara occidental. Alors qu’elle était auparavant restée neutre sur le statut du territoire, insistant sur le fait qu’il s’agissait d’une question à résoudre par l’ONU, Madrid a approuvé le plan de Rabat visant à conserver la souveraineté sur le Sahara occidental tout en lui accordant l’autonomie pour gérer ses affaires intérieures. Cette décision était dans une large mesure motivée par la nécessité pour l’Espagne d’approfondir sa coopération avec le Maroc afin de contenir la migration, en particulier vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melita.

    En l’état actuel des choses, l’Algérie a déclaré qu’elle continuerait à approvisionner l’Espagne en gaz via le gazoduc Medgaz. Mais son ambassadeur à Madrid, qu’Alger a retiré en mars, n’est pas revenu. En outre, le gouvernement algérien a mis en garde à plusieurs reprises l’Espagne contre la réexportation du gaz qu’elle reçoit d’Algérie vers le Maroc, qui peine à compenser les pénuries causées par l’arrêt des flux via le gazoduc Maghreb-Europe.

    Le nouvel accord conclu en mai entre le géant italien de l’énergie ENI et la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach doit être considéré dans ce contexte. Même si l’Italie peut éviter plus facilement d’être mêlée au conflit algéro-marocain, les tensions dans la relation Algérie-Espagne montrent que le commerce de l’énergie en Méditerranée occidentale ne peut être dissocié des réalités géopolitiques de l’Afrique du Nord.

    À la recherche d’une position européenne

    Dans sa recherche d’approvisionnements énergétiques non russes, l’Europe se tourne à juste titre vers son voisinage méridional. L’Algérie, Israël et l’Égypte – et peut-être, à terme, d’autres producteurs d’énergie méditerranéens (ré)émergents et des pays de transit comme la Libye et la Turquie – peuvent tous jouer un rôle important dans le renforcement de la sécurité énergétique du continent. Toutefois, ces nouveaux partenariats énergétiques doivent être reconnus pour les entreprises imparfaites et géopolitiquement complexes qu’ils sont. Plus que de simples transactions commerciales, ils lient plus étroitement l’Europe à la dynamique des conflits locaux, que ce soit entre Israël, le Liban et le Hezbollah, ou entre l’Algérie et le Maroc. Ils doivent donc s’inscrire dans une approche européenne stratégique et lucide du voisinage méridional de l’UE.

    En mai, l’UE a publié sa nouvelle stratégie pour le Golfe, qui offre au moins un cadre conceptuel sur la manière dont les gouvernements européens entendent équilibrer l’expansion des relations énergétiques avec les monarchies du Golfe avec d’autres intérêts, allant de l’engagement économique aux préoccupations relatives aux droits de l’homme. Le document est loin d’être parfait, et il est loin d’être certain que nombre de ses intentions ambitieuses seront mises en œuvre. Mais si l’UE veut devenir un acteur géopolitique plus sérieux et accroître sa résilience face à des chocs politiques tels que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il est nécessaire de développer des stratégies similaires pour la Méditerranée orientale et/ou occidentale.

    Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 25/07/2022

    #Union_Européenne #UE #Gaz #Pétrole #Russie #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Israël #Egypte #Qatar

  • Crise ukrainienne: Fiasco américain au Proche-Orient

    Ukraine, Russie, OTAN, Occident, Proche Orient,

    par Abdelhak Benelhadj

    La Russie est sous embargo depuis très longtemps, au moins depuis 2014. Les sanctions sévères qui lui ont été infligées après le 24 février sont dans la continuité d’une longue série dont la crise ukrainienne n’a fait qu’accélérer le rythme et l’intensité.

    « Quoi qu’il en coûte »

    Il y a de la cohérence en cela dans la politique américaine. L’objectif est clair et tout aussi cohérent : casser l’axe eurasiatique en formation, consolider le lien atlantique, changer le régime au Kremlin et s’occuper de la Chine ensuite avec un message universel limpide : le monde ne connaît et ne connaîtra qu’une seule hyperpuissance. Washington et ses « alliés » font le nécessaire pour qu’il ne vienne à quiconque l’idée de la situer en Asie ou ailleurs que sur les rives de l’Atlantique. En attendant, l’Amérique du nord et l’Union Européenne courent contre la montre en une chorégraphie tortueuse pas toujours facile à suivre. La situation d’urgence et cette dramatisation sont pour une large part factices. Que Gazprom suspende ou non fournisse son gaz cela ne change rien au projet de rupture décidée par les pays occidentaux. Il serait définitivement établi que « V. Poutine n’est pas fiable et qu’il décidera de rompre la vente de son gaz ». Avec cette précision qu’ils veulent, aux yeux de leurs opinions publiques, le faire endosser par la Russie.

    Il en est des hydrocarbures comme il en est d’ailleurs des céréales sur lesquels nous reviendrons dans un prochain papier. Ils hurlent à la famine dont la cause principale serait là aussi la Russie alors qu’elle dérive directement du boycott occidental décidé et confirmé.

    Le boycott du pétrole et du gaz ainsi que tous les produits exportés russes fait flamber les cours et provoque une inflation de moins en moins maîtrisable. Les Banques Centrales monétaristes croient pouvoir la juguler en augmentant leurs taux d’intérêt et, ce faisant, étouffent toute croissance économique au moment où la fin de la pandémie exigeait une relance.

    Pourtant, il s’agit clairement d’un choc de l’offre délibérément organisé qui ne peut en aucun cas être résoudre le problème : aucune augmentation de taux ne ferait venir plus gaz ou de pétrole en Europe ou en Amérique.

    L’industrie européenne serait pour moitié à l’arrêt. Et partout on clame que la suspension des fournitures russes aggraverait la situation dans des proportions qui dépasseraient les crises des années 1970.

    Aucun bouclier tarifaire (en France) ne serait suffisant pour faire face au choc et à la panique qui commence à s’ensuivre. Il suffirait de suivre les travaux de l’Assemblée Nationale française.

    La semaine dernière, nous avions examiné ce scénario et avions proposé que la rupture par les Russes de leurs livraisons de gaz était peu probable et serait contraire à leurs intérêts.(1)

    « Gazprom a rempli, continue de remplir et remplira pleinement ses obligations, si quelqu’un en a besoin », a affirmé le chef du Kremlin, lors d’une conférence de presse après des pourparlers à Téhéran. « Il ne fait aucun doute que nos partenaires rejettent ou essayent de rejeter toutes leurs propres erreurs sur la Russie et Gazprom », a-t-il ajouté. Rien n’y fait.

    La Russie reste l’ennemi et tout lien avec lui devra être rompu, « quoi qu’il coûte ».

    Au reste, Gazprom signale que Nord-Stream 2 est toujours disponible prêt à servir… Mais pour cela, il est nécessaire que les Européens s’affranchissent de la tutelle américaine. Et cela, ce n’est pas pour l’instant d’actualité…

    Deux solutions possibles s’offrent alors à ces pays dépendants et fortement consommateurs d’énergie :

    1.- Réduire leur consommation. Cela permet de concilier deux objectifs longtemps opposés : réduire les importations et la dépendance à l’égard de la Russie tout en se conformant enfin aux recommandations écologistes de lutte contre le réchauffement climatique et le gaspillage des ressources non renouvelables.

    On peut y ajouter l’investissement dans les énergies alternatives renouvelables (solaire, éolien, usines marémotrices, hydrogène…) et l’économie circulaire. Mais il s’agit là de solutions à moyen-long terme.

    2.- Le recours aux réserves stratégiques dans lesquelles les pays occidentaux, les Etats-Unis notamment, ont abondamment puisé. Mais cela semble loin de suffire.

    3.- Envisager l’importation de ces ressources de pays tiers, pour l’essentiel du Proche-Orient. Les hypothèses vénézuélienne ou iranienne ont peu à peu été abandonnées.

    Il y a bien évidemment une quatrième solution que les exécutifs renoncent pour le moment à considérer officiellement : revoir la politique des sanctions contre la Russie et renégocier le sort de l’Ukraine…

    Pour que cette option soit considérée avec sérieux, il faut d’abord (même sans illusions) maintenir médiatiquement la pression militaire et examiner la faisabilité d’une solution proche-orientale, envisagée d’ailleurs dès le mois de mars. C’est à cette alternative qu’est consacré ce qui suit.

    Mais avant cela il faut se demander pourquoi le Proche-Orient est-il happé par le conflit ukrainien ?

    Pourquoi le Proche-Orient ?

    Cette région traîne ses problèmes depuis la « Question d’Orient », toujours d’actualité du reste. La Turquie d’Erdogan a remplacé l’Empire Ottoman de la « Sublime Porte ».

    Ici, on est au coeur d’une multitude de conflits et d’enjeux :

    – C’est là où mers et continents se rencontrent

    – C’est là qu’ont fleuri les premières civilisations urbaines depuis la fin du paléolithique. Et là où il y a civilisations, il y a conflits d’intérêts. Et là où il y a conflit d’intérêt, il y a histoire qui commençait à s’écrire il y a plus de 5 000 ans.

    – La région est riche de ses ressources énergétiques qui ont fait son malheur.

    – L’intrusion d’Israël depuis la fin de la dernière guerre a accru l’insécurité régionale Comment et pourquoi le conflit ukrainien déborde-t-il sur cette région ?

    1.- Les rives de la mer Noire sont devenues un enjeu de première importance depuis que la Turquie a appliqué la Convention de Montreux (1936) qui a donné à la Russie un incontestable avantage stratégique. Le blocage du port d’Odessa asphyxie l’économie ukrainienne et ses exportations de céréales. Les négociations ont repris à Istanbul entre les Russes et leurs voisins.

    2.- Les sanctions portant sur le commerce extérieur russe pour lui interdire de vendre ses produits ou d’en acheter ont été une erreur capitale.

    Les Etats-Unis savaient pourtant que les capacités de production des membres de l’OPEP étaient technologiquement limitées. Ils savaient aussi que si le Qatar restait proche de Washington, Riyad et Abou Dabi se montraient très réticents à les suivre.

    Branle-bas de combat

    La mise en scène et le spectacle sont saisissants.

    Les Occidentaux semblent prendre conscience, dans la précipitation, de leurs inconséquences et s’appliqueraient à les aggraver.

    J. Biden se rend en Arabie Saoudite, M. Draghi (Premier ministre en sursis) le 18 juillet à Alger bientôt suivi par E. Macron, le jour même, la présidente de la Commission européenne se rend en Azerbaïdjan… pour tenter de doubler l’importation de gaz vers l’Europe, avec l’idée de créer une sorte de cartel des consommateurs pour faire pièce à l’OPEP+ et tenter de peser sur les prix.2

    Disons-le tout de suite : c’est un fiasco sur toute la ligne. Mais on pourra compter sur les services de presse de ces dirigeants pour en décrire le succès. Les échecs ont commencé avant ces pérégrinations au plus haut niveau.

    08-09 juillet. G20 des ministres des AE à Bali (Indonésie)

    Les Etats-Unis, soutenus par une partie de leurs alliés occidentaux, avaient appelé à ce que la Russie soit exclue des forums internationaux. Mais l’Indonésie, qui veut maintenir une position de neutralité en tant que pays hôte du G20, avait confirmé son invitation au ministre des Affaires étrangères russe tout en invitant aussi son homologue ukrainien pour faire bonne mesure. Pour marquer son grand intérêt, Sergueï Lavrov s’est absenté lors des interventions du ministre des AE ukrainien Dmytro Kuleba qui s’est adressé à distance vendredi 08 juillet aux chefs de la diplomatie du G20. Il s’est aussi retiré lors des interventions des représentants des principaux pays occidentaux.

    Mario Draghi a été imprudent à annoncer par avance l’absence du président russe, V. Poutine au G20 des chefs d’Etats en novembre prochain en Indonésie. Il a été démenti par Jakarta.

    16 juillet. G20 des ministres des finances et gouverneurs des Banques Centrales.

    Echec à nouveau. La réunion à Bali s’est achevée sans communiqué commun.

    La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen avait accusé vendredi la guerre menée par la Russie d’avoir « envoyé une onde de choc à travers l’économie mondiale », et plusieurs ministres occidentaux ont accusé les responsables économiques russes de complicité dans les atrocités commises en Ukraine. Ces allégations n’eurent aucune suite. Le bloc des membres non occidentaux du G20 n’ont rien cédé.

    Sur 14 paragraphes, deux n’ont pas pu obtenir l’unanimité des membres, car ils concernent « les implications de la guerre et comment y répondre », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale d’Indonésie Perry Warjiyo. (AFP, S. 16 juillet 2022)

    16 juillet. Arrivée de J. Biden en Arabie Saoudite.

    Le président américain avait entamé mercredi 13 juillet sa tournée dans la région par une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens avant de se rendre en Arabie saoudite pour assister à un sommet réunissant à Jeddah (ouest) les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l’Egypte, la Jordanie et l’Irak.

    Nous reviendrons plus loin sur l’objet du détour en Israël. Et commençons par les déconvenues américaines.

    1.- MBS n’a pas attendu son prestigieux homologue au pied de Air Force One, sur le tarmac de l’aéroport mais sur le perron de son palais. Ni embrassades ni poignée de mains.

    En copains, Biden et MBS ont préféré un check des phalanges.

    C’était « pire qu’une poignée de main », a déploré le PDG du Washington Post, Fred Ryan, dans un communiqué. « Cela produisait une impression d’intimité et d’aisance qui donne à MBS la réhabilitation inconditionnelle qu’il voulait tant ». (AFP, D. 17/07/2022)

    MBS n’avait pas oublié qu’en mars 2021, Joe Biden avait promis de faire de l’Arabie saoudite un « État paria ».

    J. Biden, face à la presse, a déclaré vendredi avoir prévenu le prince héritier d’Arabie saoudite d’une « réponse » de sa part en cas de nouvelle attaque contre des dissidents, en référence à l’assassinat « scandaleux » du journaliste Jamal Khashoggi. « J’ai juste fait comprendre que si une telle chose se reproduit, ils auront cette réponse et bien plus encore », a-t-il déclaré devant des journalistes à Jeddah, disant avoir évoqué cette affaire avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, accusé par Washington d’avoir commandité cet assassinat. (AFP, V. 15 juillet 2022).

    Mme Khashoggi sait ce qu’il en est des « réponses » de Washington quand leurs intérêts sont en jeu. Sa forfanterie à menacer l’Arabie Saoudite et ses dirigeants, comme les tambours, sonne creux.

    Si les Etats-Unis était attachés aux principes moraux au point de guerroyer pour les défendre où qu’ils soient menacés, cela se saurait. Ils commenceraient par les respecter chez eux et s’abstiendraient de les violer ailleurs.

    J. Biden perd pied aussi bien sur le plan de la défense de ses intérêts que sur le plan des valeurs.

    2.- L’Arabie saoudite et les Etats-Unis annoncent avoir conclu 18 accords de coopération dans des domaines très variés (espace, finance, énergie, santé), selon un communiqué de la monarchie du Golfe. Mais cela ne change rien à l’essentiel.

    Parce que l’essentiel, la hausse de la production pétrolière, n’a pas été clairement évoqué. Or, c’est pour cette raison que le président américain s’est déplacé en Arabie Saoudite. Encore faut-il que le royaume disposât des capacités nécessaires pour augmenter sa production de manière significative. Ces dernières années l’investissement dans ce domaine n’a pas été suffisant pour qu’aujourd’hui le marché puisse fournir ce qui est demandé.

    Comme en fin mars, les Etats-Unis peinent à ruiner les liens d’intérêt qui unissent les membres de l’OPEP+ que la Russie co-préside. La demande d’augmentation de la production de l’organisation recevra une réponse polie qui se monte à quelques barils/j. Très loin des besoins occidentaux jusque-là couverts par le pétrole russe.

    Depuis plusieurs années, le royaume importe du mazout russe, ce qui lui permet de réduire ses besoins en raffinage de pétrole brut pour ses produits et de baisser la quantité de pétrole qu’il doit utiliser pour produire de l’électricité. Cette stratégie permet à l’Arabie saoudite de garder ainsi plus de stocks de brut destiné à l’exportation mieux rémunérés sur les marchés internationaux et de répondre à la forte demande actuelle, liée à la période estivale.

    L’Arabie saoudite, aurait ainsi plus que doublé ses importations de mazout de Russie via les ports russes et estoniens entre avril et juin (647.000 tonnes, soit 48.000 barils par jour) contre 320.000 tonnes sur la même période il y a un an.(3)

    Cela, Biden le savait. A-t-il pensé y mettre un terme ?

    A noter la contradiction interne aux Etats-Unis (et aussi ailleurs) entre ceux qui se réjouissent de voir les prix du pétrole exploser, au-dessus du seuil de rentabilité de leurs investissements, et les consommateurs et entreprises qui en souffrent car cela réduit leur pouvoir d’achat, leur compétitivité-prix, leurs parts de marché et leurs profits. Le pouvoir des « sept sœurs » est intact.

    3.- L’Arabie Saoudite dément toute initiative de normalisation avec Israël.

    La normalisation entre Israël et certains pays arabes, dans lequel Washington voulait embarquer aussi l’Arabie saoudite, (M. Biden a salué la décision « historique » de Ryad d’ouvrir son espace aérien à « tous les transporteurs », y compris israéliens) a été démentie par l’Arabie Saoudite.

    Peu après son départ, le ministre des Affaires étrangères saoudien déclare que l’annonce de J. Biden « n’a rien à voir avec des liens diplomatiques » avec l’Etat hébreu. Pour le prince Fayçal ben Farhane, il s’agit seulement « d’assurer une connexion entre les différents pays du monde » et ce n’est « en aucun cas un prélude à une quelconque étape » vers la normalisation. Même si Ryad est très ambiguë sur ses relations avec Israël, ce démenti est un camouflet pour J. Biden.

    La confirmation de l’échec de J. Biden est venue de Wall Street.

    Lundi 18 juillet, à la clôture, les cours du baril de Brent comme du West Texas Intermediate ont grimpé de plus de 5%, le marché ne recevant aucun soulagement sur l’offre d’or noir signifiant ainsi l’échec de la visite du président américain Joe Biden au Proche-Orient.

    4.- Les Etats-Unis, Israël et le cas iranien.

    Le 14 juillet 2015 à Vienne, un accord « 5+1 » avait été trouvé entre l’Iran, la Russie, la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis sous la présidence B. Obama.

    C’était un accord raisonnable favorable à la paix dans la région.

    Il permettait de s’assurer que le nucléaire iranien resterait confiné au domaine civil et les sanctions contre lui devaient peu à peu disparaître.

    Hélas, c’était compter sans le bellicisme d’Israël et des « faucons » américains qui travaillent de concert, sans que l’on sache très exactement qui est au service de qui.(4)

    Le 08 mai 2018, D. Trump dénonce l’Accord trouvé en 2018. Israël a joué un grand rôle dans cette erreur. Pourquoi cela ? Qu’est-ce qui se cache réellement derrière cet accord et sa rupture ?

    1.- Les Iranien n’ont jamais cherché véritablement à se doter de la « Bombe ». Ils ont sans doute fait mine de la vouloir pour négocier la levée des sanctions américaines qui faisaient tant de mal à l’économie et à la société iranienne depuis la chute du régime des Pahlavid (1979-1980).

    2.- Pour Israël et ses soutiens américains, l’Accord n’est pas satisfaisant et n’a rien résolu car il ne s’attaque pas à ce qu’ils veulent réellement obtenir de l’Iran. D’ailleurs, D. Trump n’a pas rompu l’accord, il demandait, comme les Israéliens le demandaient depuis le début à B. Obama sa renégociation.

    Renégociations à quelles fins ?

    Les Israéliens et les Américains voulaient :

    1.- Que les Iraniens abandonnent la mises au point et la fabrication de leurs missiles à longues et moyennes portées qui menacent Israël ;

    2.- Qu’ils cessent leur soutien à la Syrie et au Hezbollah libanais.

    La destruction de cet axe n’a jamais cessé d’être le vrai objectif américano-israélien. Il n’était pas consigné dans les Accords « 5+1 ». Ce qui explique sa dénonciation en 2018.5

    Les Israéliens voulaient éliminer la menace iranienne pour terminer son processus de colonisation.

    Les Etats-Unis voulaient se débarrasser de la présence russe dans la région et en Méditerranée pour la confiner dans la mer d’Azov sous contrôle ukrainien et turc, en attendant de favoriser l’avènement d’un régime à Moscou plus docile. B. Eltsine a été beaucoup regretté à Washington.

    Lors de son passage en Palestine la semaine passée, J. Biden n’a renié aucune des décisions de D. Trump qui violaient pourtant les Résolutions des Nations Unies sur la colonisation et sur Jérusalem. L’ambassade américaine y a été déplacée et elle y reste.

    Pour ce qui est de l’Iran et de l’accord de 2015, J. Biden confirme tout ce sur quoi D. Trump s’était engagé. Mieux : il a signé un pacte stratégique israélo-américain explicitement hostile à Téhéran pour s’assurer que l’Iran ne se dote «jamais» de l’arme nucléaire.

    Alors que la visite de Joe Biden au Moyen-Orient se poursuit, sur fond de montée des tensions avec l’Iran, les Emirats arabes unis (EAU) font un pied de nez à Washington et optent pour l’apaisement avec Téhéran qui ne manque pas d’alliés, et ils le font savoir.

    Vendredi 15 juillet, avant la visite à Paris du président émirati, Mohammed Ben Zayed (« MBZ »), son conseiller diplomatique Anwar Gargash a annoncé qu’Abou Dhabi envisageait de renvoyer prochainement un ambassadeur en Iran, six ans après avoir abaissé le niveau de sa représentation à Téhéran.

    « Nous sommes en plein processus pour envoyer un ambassadeur en Iran, a affirmé M. Gargash lors d’un point de presse. Notre ministre de l’environnement et du changement climatique [Mariam Bint Mohammed Saeed Hareb Almheiri] était en Iran il y a quelques jours [le 12 juillet]. Nos échanges avec l’Iran se poursuivent au niveau ministériel. Ainsi, nous donnons le signal que la confrontation avec Téhéran n’est pas une option pour nous. Si cela a lieu, nous n’en ferons pas partie. » (Le Monde, S. 16 juillet 2022)

    Mardi 19 juillet Téhéran confirme ce processus en accueillant ses homologues turc et iranien.

    N’oublions pas qu’une part du pétrole russe sanctionnée par les Européens passe par l’Iran, via la mer Caspienne, pour être raffinée en Inde et renvoyée en Europe au plus grand profit de New Delhi.

    En sorte qu’entre avant les sanctions et après, c’est le consommateur européen qui paie la différence.

    La décote affectant le prix du pétrole russe vendu aux Indiens est compensée par l’augmentation importante du baril du fait même des sanctions.

    N’est-ce pas à cette « performance » que songeait Orban, le Premier ministre hongrois quand il déclarait le vendredi 15 juillet, dans une allocution à la radio nationale :

    « Bruxelles croyait que la politique des sanctions pénaliserait les Russes, mais elle nous pénalise encore plus ». « Au début, j’ai pensé que nous nous étions simplement tiré une balle dans le pied, mais l’économie européenne s’est tiré une balle dans les poumons et est asphyxiée »

    « Washington, en essayant de créer des tensions dans la région a une fois de plus eu recours à la politique de l’iranophobie et c’est raté. » Nasser Kanani, porte-parole iranien des Affaires étrangère. (LCI, D. 17 juillet 2022).

    L’Iran n’avait « pas pris la décision de fabriquer une bombe atomique » mais possède « les capacités techniques de fabriquer une bombe nucléaire », avait déclaré dimanche 17 juillet Kamal Kharrazi, président du Conseil stratégique des relations internationales iranien (sur le site de Al-Jazeera, AFP, L. 18 juillet 2022).

    Il ajoute, pour être bien compris de ceux qui seraient tentés par une réédition de l’opération « Opéra »6 qui a détruit le 06 avril 1979 le réacteur nucléaire Osirak, vendu par la France à l’Irak en 1976, que l’Iran avait mené de « vastes manœuvres pour pouvoir frapper Israël en profondeur si ses installations sensibles sont prises pour cibles ».

    A bon entendeur… si les Etats-Unis persistaient dans leur obstruction dans les négociations de l’Accord de 2015 et continuait à le menacer, l’Iran lancerait son programme nucléaire militaire.

    Rien ne saurait en compromettre le succès ou les conséquences, si d’aventure on essayait de l’arrêter.

    Un Emir à Paris.

    E. Macron déroule le tapis rouge devant « MBZ » en visite d’État en France. Le président émirati reçoit les insignes de grand’croix de l’Ordre national de la Légion d’Honneur, et une édition de 1535 de la carte du géographe allemand Lorenz Fries de la péninsule arabique et du golfe.

    Après un accueil au château de Versailles, ponctuée lundi soir par un dîner royal au Trianon, « MBZ » se rendra au Sénat, à l’Assemblée nationale et à Matignon.

    Dans son discours de bienvenue, E. Macron a fait allusion à la guerre que la Russie a déclenchée en Ukraine et à la menace nucléaire que fait peser l’Iran sur la région.

    Ce n’était que rhétorique destinée aux médias. Il savait parfaitement que « son ami MBZ » venait de décider de rétablir ses liens avec Téhéran et que les Emirats ont accueilli – pour fuir les sanctions américaines- dix fois plus d’entreprises russes qu’avant le 24 février.

    Qu’a donc fait cet honorable émirati émérite pour mériter ce faste et tous ces honneurs ?7

    Il suffit pour cela de mettre de côté les sirupeuses références aux principes occidentaux que l’Occident ne respecte pas pour en venir à l’essentiel.

    Les Emirats accueillent une base militaire française (à Abou Dhabi, juste en face de l’Iran) et sont devenus l’un des premiers clients de l’industrie militaire tricolore, symbolisé par le contrat du siècle fin 2021 : 80 avions Rafale pour 14 Mds€.

    Mais il y a plus urgent : Paris doit impérativement négocier avec les Émirats la livraison de diesel raffiné pour remplacer celui que la Russie ne fournit plus à la France.

    Est-il nécessaire d’ajouter que « MBZ » est à la tête de fonds souverains, alimentés en pétrodollars, qui frôlent les 1 500 Mds€ dont 1.5 Mds€ ont été investis dans un fonds de la BPI, le principal pompier d’une l’économie française en grande difficulté ?

    Tout le reste est littérature…

    Le président français connaît le format de ses illusions. Mais comme ce n’est pas lui le gardien des règles du jeu et qu’il ne distribue pas les cartes…

    Tout a une fin. Un autre monde est possible.

    Il est un fait que très tôt, Riyad et Abou Dabi s’étaient montrés très réticents à suivre les Américains.

    Le 25 février dernier, lors du vote du Conseil de sécurité des Nations unies, sur le projet américain et albanais de résolution relatif à l’Ukraine et condamnant la Russie, les Émirats avaient résisté à la pression de Washington en s’abstenant lors du vote. Sous forte pression, ils avaient fini par se rallier à cette résolution, le 02 mars, mais ils avaient bien nuancé leurs déclarations en sorte d’éviter de condamner nommément la Russie.

    Mieux.

    1.- Les dirigeants de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, Mohammed ben Salmane et Mohammed ben Zayed al Nahyane, ont tous deux décliné une proposition de s’entretenir avec Joe Biden au sujet d’une augmentation de la production de pétrole pour compenser les hausses de prix mondiales du brut qui profitent à Moscou.

    Le journaliste américain Fareed Zakaria, y voit le signe d’un déclin que les Européens ne discernent pas (encore) : « La Pax Americana des trois dernières décennies est terminée. Vous pouvez en voir les signes partout. Considérez le fait que les dirigeants des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite –deux pays qui dépendent de Washington pour leur sécurité depuis des décennies– ont refusé de prendre les appels téléphoniques du président américain! » 8

    Comme V. Poutine a fini par refuser ceux de son homologue français…

    2.- 17 mars, en visite à Moscou ; le ministre des Affaires étrangères émirati, Abdullah ben Zayed al Nahyane, déclarait que les Émirats souhaitaient coopérer avec la Russie pour améliorer la sécurité énergétique mondiale.

    3.- L’Arabie saoudite va plus loin. Officiellement, elle déclare préserver sa relation avec Moscou et Pékin, et aurait entamé des pourparlers avec la Chine pour abandonner le dollar américain au profit du yuan dans les transactions pétrolières, ce qui irait dans le sens de la dédollarisation souhaitée par le Kremlin.

    Conclusion.

    1.- Il ne faut jamais présumer de sa clairvoyance et de la faiblesse de l’adversaire.

    Des mois auparavant, les Etats-unis n’avaient pas cessé d’annoncer l’« invasion » russe imminente de l’Ukraine. Personne, ne semblait donner crédit à une nouvelle inlassablement répétée. Ni les autorités européennes, ni même les autorités ukrainiennes. Ils avaient tort.

    Le 24 février la machine de guerre russe passait à l’action. Washington en a-t-il fait suffisamment pour cela ? Sa Sainteté le pape François en est convaincu.

    Mais les Etats-Unis n’avaient pas toujours raison. Ils avaient même tort de laisser croire qu’ils avaient tout prévu.

    La Russie aurait-elle sous-estimé la résistance ukrainienne (rien ne le prouve)9 et l’aide considérable que les Etats-Unis lui ont apporté ? Les Etats-Unis n’auraient-ils pas, à leur tour, sous-estimé l’anticipation russe des événements ?

    Dès le début des hostilités, il n’aurait pu y avoir et même dû y avoir qu’une seule vague de sanctions. Pourquoi deux, trois… sept vagues successives et les pays occidentaux ne cessent d’en prévoir de nouvelles ? N’est-ce pas parce que ces sanctions s’avéraient, l’une après l’autre, insuffisantes ?

    Mieux, les sanctions se retournent contre leurs auteurs. La Russie en souffre sans doute. Mais pour l’instant le régime du Kremlin tient. Il ne semble menacé ni par la rue, ni par une révolution de palais. Elles produisent un « effet boomerang » qui menace bien davantage les pays occidentaux, européens en l’occurrence, que la Russie. N’auraient-elles pas été conçues à cette fin ?

    Mardi 1er mars 2022, face au Congrès, le président américain dans son discours « sur l’état de l’union », se vantait d’avoir tout prévu. « Poutine avait tort. Nous étions prêts » lançait-il.

    J. Biden avait tort.

    C’est précisément parce qu’il n’avait pas « tout prévu » qu’il se retrouve contraint d’avaler son chapeaux en Arabie Saoudite. Et il n’est pas sûr que cet acte de résipiscence soit digeste et productif.

    Les pays occidentaux ont choisi la fuite en avant et poussent leur offensive aux dernières limites de la résistance de leurs populations.

    Question : mais qu’avaient-ils donc à faire dans cette galère ? Pour la protection de l’Ukraine, de son peuple et de son très médiatique président ?

    2.- Il ne faut jamais faire confiance à un tiers pour la défense de ses intérêts.

    Et se méfier des promesses de ceux qui vous invitent à combattre pour eux…

    Si le voyage de J. Biden en Arabie devait confirmer une règle c’est bien celle-ci : les principes moraux s’effacent systématiquement devant les intérêts. Avec cette différence : Biden a perdu sur les deux plans. Il a démontré le peu de cas que les Etats-Unis font des valeurs au nom desquelles ils prétendent gouverner le monde. Et que même en les bafouant ils n’obtiennent rien en retour.

    « Comme prévu, le président Biden n’a rien accompli, à part se ridiculiser, lui et les Etats-Unis, devant les Saoudiens », a sévèrement jugé Stephen Schork10. (AFP, mardi 19 juillet 2022)

    Les Etats-Unis et ce qui lui font office d’« alliés » qui leur ont fait confiance ou cédé à leur pression, se retrouvent face aux in-conséquences de leurs décisions.

    Kashoggi, le journaliste assassiné, a été enterré une deuxième fois. Sa veuve, Hatice Cengiz, n’a plus que ses yeux pour pleurer. Et tous les donneurs de leçons de démocratie, professionnels de la com’, devront aussi avaler leurs parapluies.

    Hatice Cengiz a publié un tweet avec une capture d’écran du compte de son défunt mari adressé au président américain : « est-ce ainsi que exigez comme promis de rendre des comptes pour mon meurtre ? » « Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains »11, est-il ajouté, avec une photo du « check » du poing que M. Biden a fait au prince saoudien, après avoir juré de faire de lui un paria.

    La démocratie, la liberté, le respect des règles ce sont des contraintes qui s’imposent aux vassaux et aux supplétifs, pas aux maîtres du monde.

    Kurdes et, demain, Ukrainiens et aussi Européens, devront payer la note d’une Amérique habituée à envoyer la facture de leurs déconvenues à leurs plus fidèles « alliés ».

    On a vu ce qu’il en fut des « auxiliaires » trahis en août dernier qui les ont aidé en Afghanistan, ainsi d’ailleurs que leurs alliés, unilatéralement abandonnés, comme naguère les Vietnamiens qui ont combattu le Vietkong ou encore les harkis algériens en 1962.

    Jetés après usage.

    En Ukraine, on meurt par milliers sous les bombes. Les villes dont dévastées, les campagnes brûlent, l’emploi rare, les revenus insignifiants, le PIB du pays effondré, les populations contraintes à l’exile intérieur ou vers l’étranger… Plus de 10 millions d’Ukrainiens ont quitté leur foyer.

    Les Ukrainiens sont sidérés et même indignés à suivre les débats en Europe. Pendant que leur pays est détruit, les Européens se préoccupent de pouvoir d’achat, de hausse rapide des prix de leurs produits alimentaires, de leur essence, de leur loyer…

    Déjà, un peu partout en Europe, des voix s’élèvent pour qu’on mette fin à cette divagation.

    Les Ukrainiens n’ont pas fini de s’indigner.

    « Les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer. » Michel Audiard

    Notes

    1- A. Benelhadj : « Crise ukrainienne. La guerre du gaz ».

    Le Quotidien d’Oran, J. 14 juillet 202

    2- L’OPEP+, présidée par Riyad et Moscou, réunit les 13 membres de l’OPEP et dix exportateurs de pétrole non membres.

    3- Reuters, via La Tribune, V. 15 juillet 2022.

    4- Ces éminences grises US qui encadrèrent l’arrivée de R. Reagan au pouvoir en 1981, s’étaient manifestées par une lettre adressée au président William Clinton (26 janvier 1998), avant d’occuper les principaux postes dans le gouvernement de G.-W. Bush et ouvrir des boucheries en Afghanistan (07 oct. 2001 – 30 août 2021) et en Irak (mars 2003- ). L’érection de tribunaux et de potences pour juger et condamner les « criminels de guerre » russes qui auraient commis des « crimes de guerres », voire des « génocides » en Ukraine devraient attendre leur tour.

    Les faucons US ont des carrières et des priorités à faire valoir. Sans doute, seul le tribunal de l’histoire se chargera de les juger. Les uns après les autres ils meurent paisiblement dans leur lit comme Donald Rumsfeld (juin 2021) ou Peter W. Rodman (août 2008).

    5- Lire A. Benelhadj : « L’Iran et la bombe », Le Quotidien d’Oran, 23 décembre 2021.

    6- Appelée également opération « Babylone » ou opération « Ofra » (en hébreu). Lire Pierre Péan (1982-1991) : « Les deux bombes ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975. » Fayard, 199 p.

    7- Pourtant, l’émirat de Dubaï est loin de respecter les plus élémentaires et les plus compréhensives valeurs occidentales : les arrières cours de la Fédération présidée par Abou Dhabi sont le théâtre d’une surveillance de masse de l’internet ou de l’espace public. La moindre voix dissidente est impitoyablement réprimée. Le plus célèbre opposant, Ahmed Mansour, survit dans un isolement quasi total depuis 2017. (Ouste France, L. 18 juillet 2022)

    8- La Tribune (AFP), mardi 05 avril 2022.

    9- L’opération autour de Kiev et dans le nord de l’Ukraine au début de l’offensive russe suivie de la concentration sur le Donbass mériterait, lorsque le conflit aura cessé, un retour circonstancié

    sur les événements pour mieux connaître et mieux comprendre ce qui s’était passé.

    10 « On a eu une correction qui nous a fait descendre sous 100 dollars le baril », en grande partie liée à la peur d’une récession et d’une chute de la demande, « mais maintenant, on revient à la réalité, et rien n’a changé », a commenté Stephen Schork analyste et auteur du Schork Report, un bulletin d’information (fondé en 2005) destiné aux professionnels, sur l’évolution des marchés financiers, notamment du secteur de l’énergie.

    11- AFP, V. 15 juillet 2022

    Le Quotidien d’Oran

    #Ukraine #Russie #OTAN #Occident #Proche_Orient