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  • Ukraine – Sahara Occidental, une « hypocrisie américaine »

    Ukraine – Sahara Occidental, une « hypocrisie américaine »

    Ukraine – Sahara Occidental, une « hypocrisie américaine » – Maroc, Joe Biden, Russie,

    Alors que l’administration Biden a condamné l’invasion russe d’une Ukraine souveraine et indépendante, elle a refusé de reconnaître ou de soutenir de la même manière le Sahara occidental, qui est occupé par le Maroc depuis 1975. Des groupes de défense des droits de l’homme ont documenté la répression brutale des militants indépendantistes et la Population autochtone, connue sous le nom de Sahraouis. La disparité entre le traitement américain des deux pays révèle l’hypocrisie et la discrimination occidentales lorsqu’il s’agit de pays qui ne sont pas blancs, chrétiens et européens, déclare Stephen Zunes, professeur de politique et d’études internationales à l’Université de San Francisco. Il ajoute que la politique américaine sur le Sahara occidental renforce les revendications de Poutine sur l’Ukraine, car elle montre que les États-Unis manquent d’opposition de principe à l’expansion territoriale illégale. « Quand Biden dit que la Russie n’a pas le droit de modifier unilatéralement les frontières internationales, que les pays ne peuvent pas étendre leur territoire par la force, il a certainement raison. Mais il semble penser que ce n’est pas grave si vous êtes un allié des États-Unis comme le Maroc.

    Transcription

    (Il s’agit d’une transcription urgente. La copie peut ne pas être dans sa forme finale)

    AMY GOODMAN : C’est la démocratie maintenant ! , Democracynow.org, Le rapport sur la guerre et la paix. Je suis Amy Goodman.

    Alors que nous continuons à regarder l’invasion russe de l’Ukraine, nous sommes rejoints par le professeur Stephen Zunes de l’Université de San Francisco. Il a récemment publié un article dans The Progressivetitrait « L’hypocrisie américaine sur l’Ukraine ». Zunes condamne l’invasion russe mais critique ce qu’il considère comme l’hypocrisie du président Biden. Il écrit : « Si Biden croyait vraiment que les pays ont un droit à l’autodétermination, il ne refuserait pas de reconnaître ce droit pour le Sahara occidental, comme l’ont demandé la Cour internationale de justice et pratiquement tous les pays de la planète, et il ne refuserait pas non plus de soutenir L’autodétermination palestinienne en dehors des paramètres convenus par leurs occupants israéliens. Ce sont les mots du professeur Zunes. Il a beaucoup écrit sur le Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975.

    Dans quelques minutes, nous allons passer à une interview que j’ai réalisée vendredi avec un éminent défenseur sahraoui des droits de l’homme qui est de facto assigné à résidence depuis novembre 2020. Mais nous nous tournons d’abord vers le professeur Zunes. Ses livres incluent Western Sahara: War, Nationalism, and Conflict Irresolution .

    Bienvenue à la démocratie maintenant ! Alors que nous voyons se dérouler l’invasion russe de l’Ukraine, Stephen Zunes, expliquez pourquoi vous parlez du Sahara occidental.

    STEPHEN ZUNES : Eh bien, Trump a reconnu, officiellement reconnu, l’annexion illégale du Sahara Occidental par le Maroc au cours des dernières semaines de sa présidence. Et comme un certain nombre de décisions impétueuses de Trump, on a supposé que Biden l’annulerait dès son arrivée au pouvoir, d’autant plus qu’un groupe bipartisan de membres du Congrès, de fonctionnaires de carrière du Département d’État et de gouvernements alliés l’encourageait à le faire. Il a cependant refusé de le faire.

    Les États-Unis sont pratiquement le seul pays au monde, le seul pays, à reconnaître formellement l’annexion illégale du Maroc. Si vous regardez des cartes des Nations Unies, de Google, de Rand McNally, de National Geographic , peu importe, elles sont représentées comme deux pays distincts. Les cartes du gouvernement américain, en revanche, montrent le Sahara occidental comme faisant partie du Maroc, sans démarcation entre eux. Ainsi, lorsque Biden dit que la Russie n’a pas le droit de modifier unilatéralement les frontières internationales, que les pays ne peuvent pas étendre leur territoire par la force, il a certainement raison. Mais il semble penser que ce n’est pas grave si vous êtes un allié américain comme le Maroc.

    AMY GOODMAN : Donc, pour ceux qui ne connaissent pas la dernière colonie d’Afrique, pouvez-vous expliquer, très rapidement, comment le Maroc a occupé le Sahara Occidental ?

    STEPHEN ZUNES :Le Maroc s’est emparé du territoire en 1975 au bord de son indépendance de l’Espagne. Et le Sahara occidental – son nom officiel est la République arabe sahraouie démocratique – a été reconnu par plus de 80 pays. C’est un État membre à part entière de l’Union africaine. Donc, ce que Biden fait, c’est qu’il reconnaît essentiellement la conquête d’un État africain reconnu par un autre à un moment où il parle de façon moralisatrice de la façon dont le monde doit s’unir contre l’agression russe parce qu’elle viole des normes juridiques internationales de longue date. La Cour internationale de Justice, le Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Assemblée générale des Nations Unies, l’Organisation de l’unité africaine ont tous appelé au retrait des forces marocaines et à un acte d’autodétermination tel qu’un référendum. Mais les États-Unis ont discrètement soutenu l’occupation depuis 1975.

    AMY GOODMAN : Et parlez de pourquoi vous aussi, dans les mêmes articles, parlez à la fois de la Palestine et du Sahara Occidental. Et puis il y a un lien avec Trump poussant le Maroc et acceptant leur pouvoir sur le Sahara Occidental.

    STEPHEN ZUNES : Eh bien, les États-Unis sont aussi le seul pays au monde à avoir formellement reconnu l’annexion illégale par Israël des hauteurs du Golan syrien. Nous avons reconnu de facto l’annexion par Israël du grand Jérusalem-Est. Et depuis l’administration Trump, nous considérons les colonies illégales comme faisant partie d’Israël. Et donc il y a un lien là. Mais en ce qui concerne — mais nous parlons de toute une nation quand nous parlons du Sahara Occidental.

    Et ce qui est intéressant – et ce développement vient de se produire la semaine dernière – nous pensions avoir remporté une grande victoire lorsque le Congrès a bloqué la coopération militaire américaine avec les forces armées répressives du Maroc jusqu’à ce que le Maroc accepte de trouver une solution politique mutuellement acceptable au Sahara occidental, mais le L’administration Biden a récemment affirmé que le Maroc l’avait fait via son plan d’autonomie douteux, qui nie au peuple son droit à l’autodétermination, comme l’ont exigé les Nations Unies et la Cour mondiale. Elle exclut l’indépendance et pérennise l’occupation. Je veux dire, si la Russie conquérait 80 % de l’Ukraine et offrait une vague forme d’autonomie sous souveraineté russe, Biden trouverait-il que cela constituait une solution politique mutuellement acceptable ? Mais c’est ce qu’est la politique américaine. Et encore une fois, nous sommes une grande valeur aberrante ici.

    Democracy Now, 21/03/2022

    #Maroc #SaharaOccidental #JoeBiden #Ukraine #Russie

  • Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole

    Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole

    Sahara occidental: Dangereux revirement de la position espagnole – Maroc, Espagne, Algérie, Front Polisario, autonomie,

    L’Algérie a décidé le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat, suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un « brusque revirement » de position concernant le dossier du Sahara occidental, a indiqué hier, un communiqué du Ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

    « Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat », souligne le communiqué.

    Cet incident diplomatique intervient dans un mauvais moment, alors que le contexte international, marqué par la guerre russo-ukrainienne, observe avec appréhension les imprévisibles développements du conflit.

    Le revirement espagnol est-il en relation avec ce conflit ? Certainement oui, même indirectement. Le timing indique de lui-même la manœuvre. Même les journalistes espagnols en sont à la fois étonnés et embarrassés. Nous avions hier, tenté d’avoir un commentaire de la part de Rosa Meneses Arenda, responsable Desk Maghreb, au quotidien El Mundo, et grande experte du dossier maghrébin, en vain ; de même nous avions essayé d’arracher un mot à Carla Fibla, ex-journaliste à La Vanguardia, toujours sans succès.

    Le Maroc avait, rappelez-vous, daigné voter contre la Russie au début de la guerre en Ukraine. Rabat tentait par ce coup d’atteindre deux objectifs : montrer à la Russie toute « sa bonne volonté » vis-à-vis des Russes, et c’était là un clin d’œil pour le Plan d’autonomie au Sahara occidental, mais surtout afficher sa colère aux Européens, qui n’ont été à la vitesse souhaitée concernant le même volet, et pis encore, ont montré pour certains un visage bienveillant aux Sahraouis.

    L’Europe, englué dans la guerre qu’elle sous-traite à son corps défendant au profit des Etats Unis, devait prévoir tous les scénarios d’une guerre qui menace de se diluer. De ce fait, le Maroc est un élément de la démarche, du fait de sa position à la pointe de la Méditerranée, à l’embouchure de l’Atlantique. Comme les pays d’Europe, conscients de leur grande fragilité face aux deux blocs Russie-Chine et USA-GB, tentent de trouver la parade.

    Concernant le Maroc, c’est apparemment l’Espagne qui a été envoyée au charbon, pour une question de proximité et d’indécision sur le dossier sahraoui.

    De toute évidence, l’Algérie est comptée parmi les soutiens potentiels de Moscou, malgré la neutralité qu’elle observe depuis le début de la guerre.

    L’Espagne est bel et bien la source du problème du Sahara occidental, en l’abandonnant de la sorte en 1975. Depuis lors, elle a fait des efforts pour rattraper ses erreurs ; elle a eu tantôt des positions honorables, tantôt moins. Mais contribuait certainement à un équilibre dans ce dossier épineux de décolonisation.

    De ce fait, les conséquences peuvent s’avérer désastreuses dans l’avenir. Le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en Espagne en est une. Commis en pleine guerre ukrainienne, l’acte madrilène est préjudiciable autant pour l’Espagne elle-même que pour ses partenaires les plus sérieux. On attendra la réaction officielle de Madrid sur le sujet.

    L’Express, 20/03/2022

    #SaharaOccidental #Maroc #FrontPolisario #Espagne #PedroSanchez #Algérie

  • Libye: Le Maroc et Haftar s’engagent en Ukraine contre l’armée russe

    Libye: Le Maroc et Haftar s’engagent en Ukraine contre l’armée russe

    Libye: Le Maroc et Haftar s’engagent en Ukraine contre l’armée russe – Russie, France, Israël,

    Une rencontre secrète s’est tenue ces derniers jours en Libye, sous l’égide d’une équipe mixte américano- marocaine.

    Cette rencontre a été marquée par la présence des lieutenants du Maréchal Haftar, et des membres des services de renseignements français et sionistes.

    L’objectif de cette réunion, était l’organisation d’une opération d’acheminement de milices basées en Libye, vers l’Albanie, en vue de rejoindre l’Ukraine en vue d’exécuter des opérations spécifiques contre l’armée russe en Ukraine.

    Par ailleurs, il faut noter que cette opération en préparation bénéficie d’un financement américano-marocain.

    Algérie54, 16/03/2022

    #Maroc #Libye #Ukraine #Russie

  • Un site pro russe traite BHL de « chien de guerre »

    Un site pro russe traite BHL de « chien de guerre »

    Un site pro russe traite BHL de « chien de guerre » – Ukraine, Russie, Odessa, Bernard-Henri Levy,

    Le site Newsfront, proche de la Russie traite BHL de « chien de guerre » à l’occasion de sa visite à Odessa. Il écrit : « L’idéologue notoire des campagnes militaires américaines en Syrie, en Libye et en Yougoslavie, Bernard-Henri Levy, est arrivé à Odessa. Cela a été annoncé dans sa chaîne de télégrammes par le journaliste d’Odessa Yuri Tkachev. »

    « Rien de tel, juste le gouverneur militaire de la région d’Odessa effectue une tournée d’Odessa pour le » chien de guerre « euro-atlantique Bernard-Henri Levy », a-t-il écrit.

    Tkachev a rappelé que Levi est l’un des idéologues du bombardement de la Serbie, de la Syrie et de la Libye. Selon le journaliste, son apparition à Odessa pourrait être une mauvaise nouvelle pour les habitants de la ville.

    Le site publie une photo du journaliste Yuri Tkachev montrant Levy accompagné du gouverneur militaire d’Odessa le journaliste Yuri Tkachev.

    Le Soir d’Algérie, 18/03/2022

    #Russie #BHL #Ukraine #Odessa

  • L’Algérie face aux stratégies de l’OTAN

    L’Algérie face aux stratégies de l’OTAN

    L’Algérie face aux stratégies de l’OTAN – pétrole, gaz, sécurité alimentaire, Russie, Ukraine, Sahel, Afrique,

    Avec l’impact de la crise du coronavirus et récemment avec la crise ukrainienne, plus jamais le monde ne sera comme avant préfigurant d’importantes mutations dans les relations internationales, sécuritaires, politiques et économiques, où la crise ukrainienne a des impacts sur le cours du pétrole/gaz, mais également sur la sécurité alimentaire. Les années à venir devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires.

    Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités, expert international. Docteur d’Etat 1974

    Cette contribution est une synthèse remaniée d’une étude sous ma direction parue à l’Institut français des relations internationales – IFRI Paris décembre 2011 d’une brûlante actualité sur le Maghreb face aux enjeux géostratégiques, de quatre interventions, à New York organisé par les fondations –Bill Gates- Rockefeller à New York en novembre. 2012, sur les relations USA/Maghreb-Afrique, en mars 2015 au Sénat français à l’invitation de Jean Pierre Chevènement, de l’association internationale africaine ARGA en mai 2015 et à Malte à l’invitation de la commission européenne en avril 2016 sur les enjeux géostratégiques en Méditerranée. En effet, privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), l’Algérie acteur stratégique de la stabilité régionale du point de vue sécuritaire et énergétique comme j’ai eu à l’affirmer, en tant qu’expert international, lors de plusieurs interviews internationaux lors de mon récent séjour en Europe, et lors d’un débat au Sénat français le 9 novembre 2022 en présence d’importantes personnalités internationales. L’Algérie lors du récent vote à l’ONU sur la crise ukrainienne, ayant opté pour la neutralité, agit en fonction d’un certain nombre de principes fondement de sa politique étrangère, et d’une volonté de contribuer à la sécurité et la stabilité dans la région que ce soit dans le cadre d’une coopération avec l’Otan, avec les structures de défense que l’Union Européenne entend mettre en place, et également avec la Russie, ou la Chine, pour ne citer que les principaux acteurs.

    1.-C’est que la fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001, représentent un tournant capital dans l’histoire contemporaine. Le premier évènement marque la fin d’un monde né un demi-siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l’Algérie ? Interpellée et sollicitée, l’Algérie s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du dialogue méditerranéen de l’Otan ou du partenariat euro-méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l’Algérie devant faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. Sept pays appartenant à la région méditerranéenne sont aujourd’hui des partenaires de l’Organisation de l’Atlantique Nord dans le cadre de ce qu’on appelle le dialogue méditerranéen de l’Otan. Ce partenariat que l’Otan, et à travers lui les Etats-Unis, rentre dans une stratégie de multiplication et de diversification des partenariats qui touchent plusieurs régions : les anciennes républiques soviétiques, le Caucase, l’Asie centrale, la Russie, la Chine, etc. Toutefois, du fait de l’intégration à l’Otan qui a touché en novembre 2002 sept pays de l’ex-bloc soviétique le texte signé à Paris le 19 novembre 1990 entre l’Alliance Atlantique et le Pacte de Varsovie devient un projet caduc. Dès lors, le dialogue méditerranéen de l’Otan est l’objet de toutes les attentions de la part de cette organisation qui a décidé de le transformer en partenariat stratégique. La région Maghreb d’une manière particulière et la Méditerranée d’une manière générale représentent pour l’Otan son flanc sud tout en étant le passage obligé vers le Moyen-Orient qui recèle de fabuleuses richesses pétrolières et où se trouve un allié stratégique de tout premier plan pour les Etats-Unis, Israël. L’intérêt que portent ces derniers à la Méditerranée occidentale n’est pas nouveau, tant le projet du Grand Moyen- Orient, (GMO notamment à travers les résolutions du sommet de Rabat le dernier semestre 2004) que le ‘projet américain Eizenstat. Mais le contrôle de l’énergie, cœur de la sécurité des Nations, au niveau mondial détermine la stratégie géo- stratégique américaine chinoise et européenne. C’est que la consommation d’énergie a connu une évolution depuis que le monde est monde expliquant bon nombre de conflits, depuis la révolution industrielle à nos jours en précisant que les différentes sources d’énergie sont en concurrence : charbon – pétrole , gaz, nucléaire, les énergies renouvelables dont le solaire, éolienne, géothermique et l’hydrogène 2030/2050, en cas d’épuisement dans 40 à 50 ans des réserves de pétrole et de gaz, deux pays du Maghreb étant relativement bien dotés l’Algérie et la Libye. L’énergie est au cœur de la stratégie de la sécurité mondiale, le problème du contrôle des réserves stratégiques est à l’origine des tensions en Irak et son alliance stratégique avec l’Iran, ( 2e puissance pétrolière après l’Arabie saoudite ), d’étroites relations Iran/Qatar, avec respectivement 35 000 et 15 000 milliards de mètres cubes des réserves gazières mondiales contre 45 000 pour la Russie, l’Iran contrôlant une grande partie du passage maritime des exportations des hydrocarbures des principaux pays du Golfe à travers le détroit d’Ormuz, dont les réserves mondiales sont de plus de 60% de la planète, des tensions au Soudan (dont la Chine est présente dans ce pays pour le pétrole ). C’est dans ce cadre que rentre la résolution du Parlement américain (juillet 2007), qui a voté une motion contre un cartel de gaz et ayant une stratégie de limiter l’influence du cartel OPEP, bien que cette organisation représente moins de 33% à l’heure actuelle de la production commercialisée du pétrole, mais ayant acquis une plus grande influence en avec l’appui de la Russie et bon nombre d’autres pays OPEP+. Dans ce cadre, il est utile de préciser que le marché pétrolier étant un marché mondial et le marché gazier actuellement étant un marché segmenté, ( prédominance des canalisations, le GNL étant marginal) le prix indexé sur celui du pétrole, le coût élevé et la marge bénéficiaire réduire, (d’où la non-rentabilité des gisements marginaux contrairement à ceux du pétrole) et il est très difficile dans la conjoncture actuelle d’ imaginer un marché OPEP du gaz répondant au marché boursier classique, peut-être à moyen terme avec la généralisation des GNL. Concernant la conjoncture actuelle, l’embargo décidé par le président américain, dont les USA qui ne dépendent pas de l’énergie russe, moins de 7%, étant devenu autonome grâce au pétrole/gaz de schiste, étant devenu exportateur et surtout la position mesurée des pays de l’Union européenne des 27 lors de la dernière rencontre à Versailles à Paris, le 10 mars 2022 fortement dépendants du gaz russe pour 45/47% et 27% pour le pétrole, surtout l’Allemagne et l’assurance de la Russie de continuer à approvisionner l’Europe a fait que le cours du gaz a perdu 50 % depuis son sommet atteint le 7 mars 2022 à 345 mégawattheure, ayant reculé depuis le 11 mars 2022, de 18,09 % à 175,75 euros le mégawattheure mais reste en hausse de 147 % depuis début janvier 2022. Idem avec une accalmie du cours du pétrole qui a été coté le 14 mars 2022 20h GMT, à 105,22 dollars pour le Brent et pour le Wit 101,38 dollars. Alors que certains prévoyaient rapidement un cours à 200 dollars alors qu’actuellement aucun expert ne peut prédire l’évolution des cours, étant fonction des facteurs déterminants de la géopolitique. L’alternative de la Chine où les relations commerciales de Pékin et de Moscou étant régies à 17,5% par le yuan, le système de paiement CIPS étant principalement utilisé pour régler les crédits internationaux en yuan et les échanges liés à l’initiative «Belt and Road», agissant comme un système alternatif au traditionnel Swift créé en 1973, bien qu’il n’en soit pas encore totalement indépendant et récemment de la proposition de l’Inde ,selon des agences internationales en date du 12/03/2022 d’importer le pétrole russe et d’autres matières premières moyennent un règlement de la transaction dans un système rouble/roupie, contrebalancera-t-il les prévisions de la Commission européenne dans sa note officielle du 8 mars 2022 d’un plan visant à supprimer sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes «bien avant 2030, prévoyant notamment de réduire la demande européenne en gaz russe de deux tiers d’ici à la fin de l’année 2022 et cela est – réalisable Mais à terme se dessine une autre stratégie, à moyen terme l’accélération de la transition énergétique et à court terme, le paradoxe, de se tourner vers d’autres pays pour leur approvisionnements, les ennemis d’hier, sous la pression de la conjoncture, les émissaires américains envoyés au Venezuela, premier réservoir de pétrole brut au monde, 266 milliards de barils ( certes un pétrole lourd) et l’accélération des négociations avec l’Iran deuxième réservoir mondial de gaz 35 000 milliards de mètres cubes gazeux après la Russie 45 000, qui est disposé selon son ministre de l’énergie à augmenter sa production également de pétrole avec environ 55 milliards de barils de réserve de pétrole, le seul pays sous réserve d’investissements massifs avec le Qatar à contrebalancer la Russie pour le gaz, tout en faisant pression sur les pays l’OPEP dont l’Arabie saoudite 267 milliards de barils de pétrole de réserve, les Emiraties 98 milliards de barils de pétrole de réserve, ce dernier ayant annoncé son intention d’accroître sa production.

    N’oublions pas les négociations en cours avec le Qatar 15 000 milliards de mètres cubes gazeux de réserve, le Mozambique 5000 milliards, le Nigeria 5500 milliards, la Libye 42 milliards de barils de pétrole et 1500 milliards de mètres cubes de gaz, l’Algérie plus de 10 milliards de barils de pétrole et 2500 milliards de mètres cubes, pour le gaz, approvisionnant 11% l’Europe malgré sa forte consommation intérieure, devant renforcer son investissement dans le cadre de la transition énergétique dans le cadre d’un partenariat gagnant -gagnant.

    2.- Le dialogue méditerranéen de l’Otan (DM) a été lancé dès 1995. Pour rappel, on notera qu’en juillet 1997 le Sommet de Madrid des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Otan crée le Groupe de coopération méditerranéenne (MCG) qui est placé sous l’autorité du Conseil de l’Atlantique Nord. A partir de cette date, les pays de l’Otan et leurs partenaires méditerranéens se réunissent de manière régulière « à 19+1 ou 19+7». Le Conseil de l’Atlantique Nord prend ensuite des mesures pour renforcer les « dimensions politiques et pratiques » du DM, mesures qui ont été entérinées par le Sommet de Washington (avril 1999) des chefs d’Etat et de gouvernement. Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le Conseil prend d’autres mesures destinées à renforcer le DM et ce, en janvier 2002 et en juin de la même année. Parmi ces mesures, citons l’organisation de consultations entre l’Otan et les partenaires méditerranéens sur la question du terrorisme. Lors de la réunion de Reykjavik, tenue en mai 2002, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan décident de renforcer les dimensions politique et pratique du dialogue méditerranéen, notamment en menant des consultations avec les partenaires méditerranéens sur des questions de sécurité d’intérêt commun, y compris en rapport avec le terrorisme. Mais c’est surtout le sommet de l’Otan qui s’est tenu le 29 juin 2004 à Istanbul, mettant l’accent concrètement sur l’urgence de l’approfondissement, qui a ouvert le dialogue méditerranéen de l’Otan en le transformant en véritable partenariat et de lancer l’initiative de coopération avec certains pays du DM, dialogue qui s’est poursuivi entre 2005/2021. Le document officiel publié par l’Otan et intitulé «renforcement du dialogue méditerranéen, avec établissement d’un inventaire des domaines de coopération possibles » résume ainsi cet aspect du renforcement du DM.

    Le but recherché serait d’établir entre l’Otan et les pays du DM des relations à long terme axées sur ce processus en fonction des intérêts mutuels de sécurité, ainsi que de permettre à l’Otan de contribuer de façon significative à promouvoir le dialogue et la coopération dans la région méditerranéenne. Par ailleurs, la dimension politique du dialogue méditerranéen devrait être renforcée par une plus large exploitation des possibilités qu’offre le dialogue multi/bilatéral existant ; la poursuite de l’action en faveur des contacts de haut niveau et d’une implication des décideurs, selon le cas; des mesures visant à rapprocher encore les partenaires méditerranéens de l’Otan et enfin le renforcement de la complémentarité avec d’autres initiatives internationales».

    A cet effet, l’intensification des relations politiques peut se faire selon plusieurs formules notamment les réunions à 19+1 et à 19+7. Ces réunions remontent à la création du MCG (Groupe de coopération méditerranéenne) en 1997 et se tiennent régulièrement depuis. Nous avons une autre formule, émanant du Conseil de l’Atlantique Nord, les réunions au niveau des Ambassadeurs des pays de l’Otan et du DM (NAC+1 et NAC+7) que se tiennent depuis octobre 2001. S’agissant des réunions annuelles à 19+1 au niveau des ambassadeurs (NAC+1), elles continuent de se tenir pour des échanges de vues sur la situation régionale et des débats sur l’évolution et les perspectives de développement du DM. Quant aux réunions à 19+7 au niveau des Ambassadeurs (NAC+7), elles continuent d’être organisées au moins deux fois par an, en particulier après les réunions ministérielles et les sommets des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Otan, afin d’informer les Ambassadeurs des pays du DM des résultats de ces réunions et de procéder à des échanges de vues sur des questions en rapport avec le DM.

    Dans ce cadre, le Conseil de partenariat euro- atlantique (CPEA) et le Partenariat pour la paix (PPP) sont deux cadres qui ont été institués. A cet effet, il est prévu d’explorer les possibilités d’associer les pays du DM, cas par cas, à des activités du CPEA et du PPP spécialement choisies et d’encourager les partenaires méditerranéens à participer de façon plus large aux activités auxquelles la coopération dans le cadre du CPEA et du PPP leur permet déjà d’accéder. Deux initiatives internationales peuvent être citées : le processus de Barcelone de l’Union européenne et le dialogue méditerranéen de l’OSCE. Le Conseil de l’Atlantique Nord a décidé que l’Otan proposerait à l’UE l’organisation périodique d’exposés et d’échanges d’informations sur les activités de chacune des deux organisations dans le domaine de la sécurité et de la stabilité dans la région méditerranéenne. Ainsi, il est envisagé d’organiser des réunions d’experts de l’Otan et de l’OSCE pour examiner des questions d’intérêts communs. Dans cette perspective, la démarche à suivre consisterait à prévoir notamment des activités ciblées, l’objectif consistant à couvrir des secteurs où l’Otan dispose d’un avantage comparatif reconnu et pouvant apporter une «valeur ajoutée», en particulier dans le domaine militaire, et pour lesquels les partenaires méditerranéens ont manifesté de l’intérêt. Deuxièmement, l’accent est mis sur la mise à profit de l’expérience acquise dans le cadre du partenariat pour la paix (PPP), avec notamment l’ouverture d’activités PPP supplémentaires aux pays du DM et/ou l’adaptation d’activités PPP à leurs besoins spécifiques, le document insistant, à ce niveau, sur la nécessaire consultation préalable des pays du dialogue méditerranéen (DM). (Etude du professeur Abderrahmane MEBTOUL parue à l’Institut français des relations internationales (IFRI Paris France)» la coopération Maghreb Europe face aux enjeux géostratégiques » (novembre 2011)- chapitre III- « la stratégie de l’OTAN face aux enjeux géostratégiques en Méditerranée» Débat à l’Université d’Oran 2, le 27 mai 2015 lors d’une conférence-débat sur «le monde qui vient– enjeux géostratégiques- et perspectives pour l’Algérie», animé par l’Amiral Jean Dufourcq ancien directeur de la revue défense (France), expert auprès des organisations internationales CEE-OTAN à l’invitation du professeur Abderrahmane Mebtoul)

    3.-Les domaines de coopération inventoriés par l’Otan peuvent être résumées au nombre de quatorze : 1.-la formation, l’entraînement et la doctrine militaire;- 2.-les exercices militaires et les activités d’entraînement connexes;— 3-les contacts entre militaires aux niveaux des chefs d’état-major de la défense, des états-majors et des experts ;- 4.-la médecine militaire ; – 5.-les échanges d’informations dans le domaine de la logistique; — 6.-les consultations au niveau des experts sur les efforts politiques et de défense avec pour objectif de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive (ADM) ; – 7.-l’action humanitaire globale de lutte contre les mines (GHMA); 8.-la tenue de séminaires et de réunions d’experts sur les plans civils d’urgence (PCU) ; — 9.-la participation à certaines activités des bureaux et comités d’études ; – 10.- la gestion des crises, cet aspect important de la coopération comprenant des exposés sur les exercices de gestion des crises; – 11.- la science et l’environnement ; – 12.- l’encouragement des pays de l’Otan et du DM à contribuer au MDWP; – 13.- l’ intensification des efforts d’information de l’Otan dirigés vers la société civile des pays du DM ; – 14.- le renforcement du rôle des ambassades points de contact de l’Otan dans les pays du DM. L’inventaire des domaines de coopération possibles fait ressortir huit axes directeurs. Le but recherché est d’améliorer l’aptitude des pays du DM à contribuer à des opérations de réponse aux crises hors article cinq que dirige l’Otan, y compris l’entraînement à une participation éventuelle à un centre de coordination logistique interarmées multinational (MJLC) : – 1.- l’introduction du concept d’unités de soutien logistique intégré multinational (MILU), la préparation à la mise en œuvre du concept du carburant unique (SFC) et la coopération dans le domaine des matériels tactiques de manutention des carburants (TFHE) ; – 2.-la réforme de la défense incluant les meilleures pratiques en matière de gestion économique et civile des forces armées, y compris les aspects «sécurité» du développement économique et les aspects économiques de la lutte internationale contre le terrorisme liés à la sécurité; – 3.-Les consultations sur le terrorisme, par la prise en compte du partage de données du renseignement, des réunions d’experts sur la menace terroriste et les mesures prises, individuellement ou avec d’autres pays, pour faire face à cette menace ; – 4.-les consultations et la coopération relative la sécurité aux frontières; – 5.- la «participation aux travaux du Groupe de la conférence des directeurs nationaux des armements (CDNA) pour le partenariat sur le système Otan de codification (NCS) ; 6.-l’ invitation aux activités du Groupe de la CDNA pour le partenariat» qui concernerait les conditions de sécurité dans le transport et le stockage des munitions et des explosifs militaires ; – 7.-des consultations sur des questions de gestion de la circulation aérienne dans l’optique d’une plus grande sécurité des vols et échanges d’informations sur les procédures civilo-militaires de contrôle de la circulation aérienne ; – 8.-la gestion des catastrophes. La question du financement étant posée, deux situations sont envisagées : d’une part, la règle de l’autofinancement des activités menées au titre du DM est retenue ; d’autre part, une aide financière exceptionnelle. Le cadre définit au sommet de l’Otan de promouvoir le dialogue méditerranéen de l’Otan au rang de «véritable partenariat», (le même sommet d’Istanbul faisant une offre de coopération à la région du Moyen-Orient élargi qui est adressée aux pays qui le souhaite, ceux qui sont membres du conseil de coopération du Golfe étant cités explicitement) ambitionne de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région méditerranéenne par le truchement de cinq d’actions. 1.-le renforcement de la dimension politique du dialogue méditerranéen avec l’Otan ; – 2.- l’appui au processus de réformes de la défense ; – 3.- la coopération dans le domaine de la sécurité des frontières; – 4.- la réalisation de l’interopérabilité; – 5- la contribution à la lutte contre le terrorisme. L’objectif poursuivi par l’initiative d’Istanbul est de renforcer la sécurité et la stabilité par le biais d’un nouvel engagement transatlantique en fournissant un avis adapté sur la réforme de la défense, l’établissement des budgets de défense, la planification de la défense, les relations civilo-militaires et l’encouragement de la coopération entre militaires afin de contribuer à l’interopérabilité ; lutter contre le terrorisme par le partage de l’information, la coopération maritime, lutter contre la proliférations des armes de destruction massive et contre les trafics. Face à ces propositions, quelle est l’attitude des pays du Maghreb devant consolider l’intégration maghrébine pour devenir une entité économique fiable au moment de la consolidation des grands ensembles ?

    4.- Quelle est la politique de défense et de sécurité de l’Europe encore embryonnaire et remis sur le tapis avec al crie ukrainienne? La fin de la guerre froide, les velléités d’émancipation de l’Europe de la tutelle américaine – particulièrement en matière de défense et de sécurité – et la volonté de construire avec les pays de la région des relations économiques privilégiées accroît de manière significative cet intérêt surtout actuellement avec la crise ukrainienne. Qu’il s’agisse en effet de crises régionales, de scissions d’Etats, de prolifération d’armes de destruction massives ou de conflits internes (ethniques, religieux, culturels ou autres), l’Otan est perçu par les Européens comme une organisation incapable de réagir à ces nouveaux types de menaces. C’est pourquoi va revenir à la surface le vieux rêve d’Europe de la défense que caressaient un certain nombre de pays du vieux continent. C’est pourquoi aussi les Européens se mettent à la recherche d’une alternative à l’Otan et à l’Union de l’Europe occidentale (UEO) laquelle, pour d’autres raisons, ne pouvait prétendre combler le vide de sécurité en question. Il convient aussi d’ajouter que la traduction en termes concrets de la subordination juridique de l’UEO à l’Union européenne rencontre des difficultés qui laissent présager un avenir incertain de l’UEO en tant que «bras armé de l’Union» : la non-appartenance à l’Union européenne de pays classés comme «membres associés» et l’attachement à l’Otan ou la neutralité de pays observateurs. Par ailleurs, l’UEO est non seulement absente du théâtre européen mais aussi, elle connaît un phénomène d’ «otanisation» qui rend difficile son autonomie et son usage donc en tant qu’instrument au service d’une politique européenne de sécurité et de défense autonome. Ces atermoiements se retrouvent dans le traité de Maastricht qui jette, de manière timide, les bases de ce que certains Européens souhaitent être une politique commune de sécurité et de défense. Les divergences ne vont pas manquer entre les trois principales puissances européennes, en l’occurrence la France et l’Allemagne d’un côté et le Royaume-Uni de l’autre. Pour la France et l’Allemagne, l’UEO peut être réactivée en fonction des nouvelles données et des missions qu’elle serait appelée à mener. Elle deviendrait le «bras armé de l’UE». Le Royaume-Uni, surtout depuis la décision de sortir de l’Europe économique, défend l’idée de mettre en place un pilier européen de l’Alliance Atlantique». Ces divergences vont se retrouver dans le texte du traité qui stipule, d’un côté que la politique étrangère et de sécurité inclut l’ensemble des questions relatives à la sécurité de l’Union européenne, y compris la définition à terme d’une politique de défense commune, qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune et de l’autre que la politique de l’Union au sens du présent article n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres du traité de l’Atlantique Nord. Par ailleurs, le traité mentionne clairement que l’UEO est une «composante de défense de l’Union européenne et un moyen de renforcer le pilier européen de l’Alliance atlantique». Autant dire donc que ces deux dispositions d’un même article et l’annexe qui accompagne le traité contentent à la fois la position franco-allemande et celle de la Grande-Bretagne. Dans ce contexte, quel cadre pour un partenariat euro-méditerranéen en matière de défense et de sécurité d’autant plus que les résultats de ce partenariat issus du processus de Barcelone sont mitigés ? C’est pourquoi des tentatives sont faites aujourd’hui pour redynamiser le dialogue euro-méditerranéen avec deux initiatives : d’une part, la politique européenne de voisinage ; d’autre part, le partenariat stratégique entre l’Union européenne d’un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l’autre. D’ailleurs, la stratégie européenne de l’Union pour la Méditerranée avait le même objectif stratégique bien que se différenciant sur les tactiques, de relance du partenariat méditerranéen rentre dans ce cadre sous tendant une zone tampon de prospérité Europe-Afrique via la Méditerranée pour freiner l’émigration massive de l’Afrique subsaharienne. D’une manière générale, sur le plan militaire et géostratégique c’est à travers les activités du groupe dit des 5+5 que peut être appréciée aujourd’hui la réalité d’une telle évolution, structure à laquelle participe régulièrement l’Algérie. C’est que la lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d’argent. En matière de défense et de sécurité, des consultations relatives à la mise en place d’un dialogue entre le l’Algérie et l’Union européenne ont eu lieu sous forme de consultations informelles et de réunions formelles, l’Algérie entretenant des relations régulières également avec deux alliés stratégiques la Russie.et la Chine. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales : d’une part, la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l’Otan : d’autre part, la coopération en matière de lutte contre le terrorisme entre l’Algérie et l’UE dans le cadre de la PESD.

    En conclusion, le seul pays qui pourrait avoir une influence déterminante pour le dialogue entre la Russie et l’Ukraine, conciliant les deux points de vue qui doivent faire des concessions réciproques, est la Chine dont ses flux d’échange avec les USA et l’Europe sont dominants, car une récession économique menacerait sa croissance et sa future stratégie de la route de la soie. Les menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener l’Algérie à se doter d’une politique extérieure globale des enjeux, des problèmes et des crises que connaît le monde et à déployer ses capacités, ses moyens et son savoir-faire dans une logique de juste et fécond équilibre.

    Le dialogue et la concertation entre les peuples et entre les acteurs sont la clef et en même temps la meilleure des garanties pour instaurer la paix et la stabilité de manière juste et durable. C’est sur cette base que me semble que doit s’engager le dialogue méditerranéen de l’Otan et dans d’autres initiatives régionales ou sous régionales. Mais face à l’Otan, existe une volonté politique de l’Union européenne d’avoir une stratégie de défense et de sécurité étant encore embryonnaire. Face aux menaces communes et aux défis lancés à la société des nations et à celle des hommes, les stratégies de riposte doivent être collectives. Cependant, dès lors qu’elles émanent d’acteurs majeurs et de premier plan, elles s’inscrivent dans une perspective globale et cachent mal des velléités hégémoniques. Incluse dans une sous région qui n’en finit pas de vouloir se construire et évoluant dans un environnement géopolitique régional que des acteurs majeurs façonnent aujourd’hui à partir de leurs intérêts et des préoccupations stratégiques qui leurs sont propres, l’Algérie est appelée de se déterminer par rapport à des questions cruciales, face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements au Sahel, à ses frontières, les récents évènements en Ukraine se posent l’urgence des stratégies d’adaptation et d’une coordination, internationale et régionale afin d’agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis dépassent en importance et en ampleur les défis que l’Algérie a eu à relever jusqu’à présent.

    Abderrahman Mebtoul
    ademmebtoul@gmal.com

    #Algérie #OTAN #Russie #Ukraine #Sahel #Afrique

  • Ukraine : Un conflit et des leçons

    Ukraine : Un conflit et des leçons

    Ukraine : Un conflit et des leçons – Russie, Algérie

    La guerre russo-ukrainienne met en avant encore une fois les questions de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaire. Quinze jours de conflit entre la Russie et l’Ukraine ont, en effet, suffi à étaler au grand jour l’insoutenable fragilité économique de nombreux pays qui dépendent pour leurs besoins vitaux à plus de 70% de l’étranger.

    Selon le Sommet mondial de l’alimentation de 1996, la sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine.

    Malheureusement, l’Algérie, malgré les réformes engagées et les programmes de développement mis en place, n’a pas encore acquis, loin s’en faut, sa sécurité alimentaire. Le fait qu’elle ait obtenu en 2021, la première place en Afrique en matière de sécurité alimentaire, selon le classement du Programme alimentaire mondial (PAM), n’enlève en rien à la réalité actuelle qui établit, chiffres à l’appui, une réelle dépendance de l’Algérie des importations pour son pain quotidien. L’Afrique, dans les rapports établis par la FAO, le PAM et le FIDA , est classé comme le continent le plus touché dans le monde par le problème de la sécurité alimentaire, et l’Algérie en fait partie quelque soit son classement sur ce continent.

    Depuis de longues années qu’on parle en Algérie de développement de la production agricole, d’exploitation rationnelle des terres agricoles, de la promotion des zones steppiques, de l’agriculture saharienne…etc. mais on est toujours là à dépendre dangereusement de l’étranger malgré toutes les potentialités dont dispose le pays. L’Algérie trône toujours en tête des podiums des plus gros pays importateurs de blé, de lait, de médicaments et autres biens alimentaires et de consommation. Une situation qui doit impérativement changer au risque de voir le pays tanguer à chaque petit conflit dans le monde. L’autosuffisance et l’affranchissement de la dépendance alimentaire doivent être les deux objectifs majeurs auxquels on doit être attaché dès maintenant. La hausse des prix des hydrocarbures doit être utilisée au maximum dans la réalisation de ces objectifs. Tout retard dans la mise en place de véritables réformes visant à améliorer la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires ne fera que fragiliser davantage l’Algérie et menacer sérieusement l’avenir des futures générations. C’est maintenant qu’il faut mettre tout en œuvre pour atteindre les objectifs nationaux en matière de sécurité alimentaire, de création d’emplois et de gestion des ressources naturelles.

    L’agriculture constitue actuellement en Algérie 12,4% du produit intérieur brut, c’est très peu au regard des potentialités existantes. Il faudrait au minimum augmenter ce taux à 20% avant 2024.

    L’Express, 15/03/2022

    #ukraine #russie

  • La tour Eiffel bombardée dans une vidéo fictive du Parlement ukrainien

    La tour Eiffel bombardée dans une vidéo fictive du Parlement ukrainien

    La tour Eiffel bombardée dans une vidéo fictive du Parlement ukrainien – France, Ukraine, Russie,

    Vendredi, le parlement ukrainien (la Rada) a mis en ligne sur Twitter un petit clip montrant le célèbre monument parisien -la tour Eiffel- visé par des bombes, sur fond de cris et de sirènes.

    Les images sont volontairement choquantes. Dans ce clip, diffusé par le Parlement ukrainien sur Twitter vendredi 11 mars, une touriste se prend en photo devant la tour Eiffel, avant d’être soufflée par un violent bombardement, selon Le Point. S’ensuivent des scènes apocalyptiques dans lesquelles le célèbre monument parisien est visé par des avions de chasse, enfumé par de gigantesques nuages de poussière.

    Sur fond de cris et de sirènes, cette vidéo d’une attaque factice dans la capitale française vise a interpeller les Européens sur la guerre ravageant l’Ukraine. «La célèbre tour Eiffel a #Paris ou la porte de Brandebourg a #Berlin resteraient-elles debout sous les bombardements sans fin des troupes russes?» se demande la Rada d’Ukraine, qui exhorte l’Otan a imposer une « no-fly zone » au-dessus du pays.

    Envahie par les troupes russes depuis le 24 février, l’Ukraine réclame en outre des avions de combat pour faire face a l’offensive de Vladimir Poutine. «Pensez-vous que cela ne vous concerne pas? Aujourd’hui, c’est l’Ukraine, demain, ce sera l’Europe tout entière. La Russie ne s’arrêtera pas», complète le Parlement ukrainien dans son tweet, relayant ainsi les demandes répétées du président Zelensky. Ce dernier souhaite l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Ukraine, un périmètre dans lequel les avions russes seraient interdits. Ce qu’a refusé l’Otan, une telle décision étant synonyme de guerre entre le Kremlin et l’Alliance atlantique. «Tous les gens qui mourront après aujourd’hui mourront a cause de vous», a réagi le chef d’Etat ukrainien, dans une vidéo dont s’est fait l’écho Le Monde.

    Echourouk Online, 13/03/2022

    #Ukraine #France #Russie #TourEiffel

  • La Russie pourra-t-elle faire tomber la Station Spatiale Internationale?

    La Russie pourra-t-elle faire tomber la Station Spatiale Internationale?

    La Russie pourra-t-elle faire tomber la Station Spatiale Internationale? –

    L’agence spatiale Roscosmos vient de demander la levée des sanctions occidentales contre la Russie, sinon le fonctionnement des vaisseaux russes ravitaillant l’ISS va être perturbé, ce qui risque d’affecter le segment russe de la station qui sert notamment à corriger l’orbite du géant de 500 tonnes.

    Cela pourrait provoquer « l’amerrissage ou l’atterrissage de l’ISS », estime-t-elle. C’est Dmitri Rogozine, patron de l’agence spatiale russe Roscosmos, qui a brandi la menace d’une chute de la station spatiale internationale (ISS) si les pays occidentaux maintenaient leurs sanctions envers Moscou du fait de la guerre en Ukraine. Il a ainsi demandé à ce que ces mesures économiques soient levées. Pour appuyer sa position, il n’a pas hésité à dévoiler comment la Russie pourrait faire s’écraser l’ISS. Cela dit, il semble peu probable que dans les faits, cela se produise, même si le risque ne peut pas non plus être totalement écarté.

    Selon Rozogine, les sanctions auront un impact direct dans les modules russes de l’ISS, notamment dans celui chargé de corriger son orbite. D’après lui, cela entrainerait «l’amerrissage ou l’atterrissage de l’ISS pesant 500 tonnes». «Le segment russe veille à ce que l’orbite de la station soit corrigée (en moyenne onze fois par an), y compris pour éviter les débris spatiaux», indique-il.

    Dans sa publication sur Twitter, il présente même une carte de la zone possible d’impact sur Terre. La Russie serait en très grosse partie à l’abri «mais les populations des autres pays, notamment ceux dirigés par les « chiens de guerre » (les Occidentaux, ndlr) devraient réfléchir au prix des sanctions contre Roscosmos», écrit-il. Rozogine est connu pour ses positions pro-Kremlin. Déjà en 2014, lors de l’invasion de la Crimée, il avait soutenu Vladimir Poutine et s’était montré hostile envers les Occidentaux qui avaient déjà émis plusieurs sanctions.

    Quels sont les risques réels en cas de retrait russe ?

    Tout d’abord, il faut relever que le programme de la Station spatiale Internationale a été un bon exemple de coopération pacifique réalisée dans un esprit pragmatique et constructif et des relations cordiales. Ainsi, l’Agence spatiale européenne, engagée dans plusieurs programmes avec la Russie, rappelle que « même en période de fortes tensions politiques, les missions spatiales ont toujours été des exemples de coopération pacifique et concrète dans le domaine de la science et de la technologie, au bénéfice de l’humanité ».

    Mais qu’en est-il aujourd’hui avec les menaces russes ? D’abord, beaucoup d’observateurs relèvent que Poutine ne mettra pas à exécution une quelconque attaque contre l’ISS. Le site scientifique de référence Futura relève dans ce sens que « si la Russie peut facilement perturber le bon fonctionnement du complexe orbital, voire le désorbiter de façon incontrôlée et le faire retomber sur Terre, ce n’est pas aussi simple que cela y parait. En janvier 2031, date de la fin de vie de l’ISS, trois cargos russes Progress seront nécessaires pour le désorbiter de façon contrôlée au-dessus du point Nemo. Aujourd’hui, le seul cargo Progress amarré à l’ISS n’est pas suffisant pour cela.

    Dans la pire des situations, Poutine pourrait ordonner aux cosmonautes russes à bord de l’ISS de l’évacuer, puis d’allumer les moteurs du Progress en accélérant très fortement avec un biais pour l’amener sur une orbite aussi basse que possible jusqu’à un stade où il ne serait plus possible de la remonter. Parmi les autres possibilités, celle de générer un très fort couple de façon à la faire tournoyer sur elle-même de façon irrattrapable. Dans les deux cas, la Nasa ne pourrait rien faire. »

    Il était une fois… Mir !

    Mais d’autres scientifiques, tout en écartant une menace directe sur la station, pensent que les russes pourraient faire des dégâts en orbite basse. Le dernier tir Asat du 15 novembre 2021 n’était pas gratuit. En détruisant l’un de leurs vieux satellites à partir du sol, les russes avertissaient l’Occident : si une guerre éclate avec vous, les hostilités ne se limiteront pas à la Terre. Mais la destruction proprement dite de ce satellite ne semblait pas être l’objectif des russes. Voici ce qu’en pensent d’autres spécialistes : « En soit, la destruction d’un satellite en vol n’est pas nouveau mais ce qui a changé dans ce cas, et très peu de personnes s’en sont rendu compte dans un premier temps, c’est que ce tir Asat avait comme objectif caché de perturber le bon fonctionnement des satellites Starlink de SpaceX qui se trouvent sur une orbite complémentaire.

    La distribution des débris telle que produite par l’explosion du satellite avait certainement pour but de contraindre les satellites Starlink à réaliser de nombreuses manœuvres. Il faut savoir que les débris russes génèrent des salves, des grappes d’alertes pour de nombreux satellites ! Et ça, c’est inédit. »

    Concrètement, plutôt que d’attaquer frontalement un satellite militaire américain, typiquement de type Keyhole, l’idée serait de détruire un satellite russe qui se trouve à proximité, de sorte que le nuage de débris généré, soumette le satellite à un « mitraillage » de débris en règle… »

    Pour revenir à la Station, il faut savoir qu’elle dépend de composants russes. Sans allumer les moteurs nécessaires, la station pourrait théoriquement sortir de son orbite. Mais il faut savoir que d’autres éléments ne donnent pas toute sa crédibilité à ces menaces. Explication des experts : « depuis le 21 février, l’équipe américaine de la station dispose d’un moteur d’urgence permettant de faire le travail des Russes depuis leur module en cas de besoin, du moins en partie. Les propulseurs et le guidage seraient en effet toujours russes. Autrement dit, Moscou pourrait non pas faire tomber directement l’ISS mais la faire partir en vrille. À force, les panneaux solaires pourraient ne pas capter assez d’énergie et là, ça deviendrait vraiment problématique. Interrogé sur le sujet, l’ancien cosmonaute Terry Virts ne croit toutefois pas qu’un tel scénario soit possible. Le pire serait une confrontation dans l’espace des astronautes russes avec leurs collègues occidentaux, mais il n’y songe pas sérieusement non plus compte tenu de leur professionnalisme. Enfin, il faut noter que le 1er mars, la Nasa a indiqué travailler à des solutions pour maintenir définitivement la station en orbite sans l’aide de la Russie. L’espace est un des derniers domaines de coopération russo-américaine. »

    Rappelons enfin que la Russie dispose d’une longue expérience avec sa station Mir qui permit de battre pas mal de record de longévité de séjours dans l’espace. Les russes, qui ont désorbité et fait descendre Mir à la fin de sa mission, en connaissent certainement un peu plus que leurs collègues occidentaux sur la fin de ces Stations spatiales.

    M.F.

    Le Soir d’Algérie, 12/03/2022

    #Russie #Occident #StationSpatiale #Ukraine

  • Paris empêche l’Algérie d’être l’alternative énergétique à la Russie

    Paris empêche l’Algérie d’être l’alternative énergétique à la Russie – Ukraine, gaz, MIDCAT, Espagne,

    La mort du gazoduc MIDCAT. Le veto français qui empêche l’Espagne et l’Algérie d’être l’alternative énergétique à la Russie.

    L’Espagne est à peine interconnectée avec la France pour exporter du gaz vers le Vieux Continent et l’Algérie peut difficilement augmenter sa production. Les présidents français successifs l’en ont empêché.

    L’une des sanctions les plus sévères imposées à ce jour à la Russie pour son agression contre l’Ukraine a été le report sine die, par le chancelier allemand Olaf Scholz, de l’entrée en service du gazoduc Nord Stream II construit pour fournir du gaz russe à l’Allemagne. Avec cette décision, le message est envoyé au Kremlin que l’Europe peut, peut-être, réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.

    Aujourd’hui, 47% du gaz qu’elle consomme provient de ce pays. Les hydrocarbures fournissent à l’État russe 36 % de ses revenus. L’Europe aurait pu réduire sa dépendance au gaz russe depuis longtemps. Pour cela, elle aurait dû opter pour une interconnexion gazière entre l’Espagne et la France plus puissante que les deux gazoducs existants de Navarre et du Pays basque d’une capacité totale de 7 000 millions de mètres cubes. Le projet existait, il s’appelait MIDCAT, et il reliait le Midi français à la Catalogne. Il était budgété à 3 000 millions d’euros, dont 400 pour l’interconnexion. Une petite section du côté espagnol de la frontière a été construite. Il a même fini par figurer sur la liste des projets d’intérêt commun préparée par la Commission européenne, mais il a été parqué en 2018. Le principal fossoyeur pour lui est le président Emmanuel Macron. « Nous n’allons pas construire de nouveaux gazoducs, sauf si la consommation est importante », a-t-il déclaré en septembre 2018.

    Son entourage expliquait qu’il n’y avait pas de risque de demande ou d’offre. Son avis coïncidait avec celui de la Commission de régulation de l’énergie française et avec celui du cabinet de conseil finlandais Poyry, sur lequel la Commission européenne a commandé un rapport. L’annonce présidentielle a réjoui les écologistes et le lobby nucléaire français, qui craignait la concurrence du gaz. Quatre ans plus tard, les tensions avec la Russie ont ravivé, du moins chez les experts, l’intérêt pour MIDCAT. « Le gazoduc MIDCAT transformerait la région [de la péninsule ibérique] en une plaque tournante énergétique et aiderait l’Espagne, le Portugal et la France à devenir un élément indispensable du futur système énergétique européen », ont écrit cette semaine dans le magazine « Real Clear Energy », Sam Buchan, ancien directeur économique international du Conseil économique national des États-Unis, et Ricky Gill, qui, au Conseil national de sécurité des États-Unis, s’est occupé de la sécurité énergétique de l’Europe.

    L’Espagne est le pays européen qui possède la plus grande capacité de regazéification de GNL (gaz naturel liquéfié). Avec le Portugal, elle dispose de huit usines dans ses ports, actuellement sous-utilisées, mais qui pourraient traiter jusqu’à 76 000 millions de mètres cubes par an, auxquels il faudrait ajouter 10 000 autres, fournis par l’Algérie par le biais du MEDGAZ, le seul gazoduc qui fonctionne aujourd’hui. Alger a fermé le 31 octobre le Maghreb-Europe qui, après avoir traversé le Maroc, se termine dans la province de Cadix.

    Si les usines de regazéification fonctionnaient à plein régime, s’il existait un MIDCAT de grande capacité (conçu à l’origine pour 7 000 millions de m3) et si l’Algérie rouvrait le Maghreb-Europe, la péninsule ibérique pourrait alléger la dépendance énergétique de la Russie vis-à-vis de pays comme l’Allemagne et l’Autriche. La Norvège, deuxième fournisseur de gaz après la Russie, est au maximum de ses capacités et ne peut augmenter sa production. Les Etats-Unis, et c’est pourquoi leurs deux anciennes positions se manifestent ainsi, sont intéressés à faire de l’Espagne un hub énergétique.

    Depuis que l’Algérie a fermé fin octobre le Maghreb-Europe, son principal gazoduc, les exportations de GNL américain vers l’Espagne ont augmenté (+134% en décembre dernier) au détriment de celles du fournisseur traditionnel algérien (-22%). Les deux pays sont désormais pratiquement à égalité. Si le GNL pouvait être réexporté vers l’Europe depuis la péninsule, les affaires seraient encore plus importantes pour les compagnies gazières américaines. En plus de la motivation économique, Washington a une autre politique qui a encore plus de poids : désengager l’Europe de la Russie. Le porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a déclaré le 25 janvier que, dans ce but, les Etats-Unis avaient contacté les grands pays producteurs de gaz dans le monde pour « savoir s’ils avaient la capacité et la volonté d’augmenter temporairement leur production et d’allouer ces quantités aux acheteurs européens ».

    Deux semaines plus tard, l’agence de presse Reuters a révélé que des fonctionnaires du département de l’énergie avaient maintenu des contacts avec les principales compagnies opérant en Algérie, telles que l’italienne ENI, la française TotalEnergies et la norvégienne Equinor ASA. Ils voulaient savoir s’ils pouvaient augmenter leurs ventes sur le Vieux Continent afin que l’Algérie passe du troisième au deuxième fournisseur de l’Europe, dépassant ainsi la Norvège. « L’Algérie n’est pas, pour l’instant, en mesure d’augmenter significativement ses livraisons de gaz et de GNL (…) », déclare l’expert algérien Mustapha Mekideche dans une interview au journal numérique algérien TSA.

    « L’Algérie a renouvelé ses contrats avec l’Espagne et, surtout, avec l’Italie, qui absorbe beaucoup de gaz à travers l’Enrico Mattei », le gazoduc qui passe par la Tunisie. Elle a même supplanté la Russie comme premier fournisseur de l’Italie. « J’ajouterai une autre raison : l’explosion de la demande interne de gaz en Algérie (…) », souligne Mekideche. Aurelia Mañé, professeur d’économie politique de l’énergie à l’Université de Barcelone, ajoute encore une autre raison pour expliquer pourquoi l’Algérie ne peut pas faire l’effort qui lui est demandé : « Elle a opté pour les gazoducs et, grâce à eux, elle est compétitive ». « Mais au contraire, elle a quelque peu négligé ses infrastructures d’exportation de GNL, qui sont quelque peu obsolètes », affirme-t-elle. Mme Mekideche estime que la crise actuelle avec la Russie peut toutefois canaliser « un flux d’investissements étrangers, notamment européens » vers le secteur des hydrocarbures.

    La modernisation de l’industrie permettrait à long terme d’augmenter les exportations. « Si c’est le cas, ce serait surtout par l’Italie », prévient Aurélia Mañé. Ce pays est relié à l’Algérie par deux gazoducs alors que l’Espagne n’en a qu’un seul après la fermeture du Maghreb-Europe. Pour l’Algérie, accepter d’approvisionner partiellement la Russie en tant que fournisseur d’énergie n’est pas une décision facile, même si cela lui apportera plus de revenus et un plus grand poids géopolitique. Les deux pays entretiennent une relation étroite qui s’est encore renforcée depuis que le Maroc a établi des relations diplomatiques avec Israël, avec lequel il a également signé un accord de coopération militaire en novembre.

    L’Algérie est le troisième client de l’industrie de l’armement russe, derrière la Chine et l’Inde, à laquelle elle achète 15 % de ses exportations, selon un rapport de novembre du Congressional Research Center américain. Les relations bilatérales portent également sur le secteur de l’énergie. La société algérienne SONATRACH et la société russe Gazprom ont annoncé au début du mois qu’elles allaient forer et exploiter conjointement 24 nouveaux puits de gaz dans le bassin algérien de Berkine. La véritable alternative au gaz russe en Europe implique la construction de deux nouveaux gazoducs et n’en est qu’à ses débuts. Ils pourraient même ne pas voir le jour. Le premier, le Transsaharien, a été promu par l’Algérie dès 2009. Il partirait de Warri, au Nigeria, pour atteindre Hassi R’Mel, le plus grand des champs gaziers algériens, en passant par le Niger. De là, il se raccorderait au réseau de gazoducs qui mène à l’Europe. Sa capacité atteindrait 30 000 millions de mètres cubes par an. Le long de ses 4 128 kilomètres, il traverserait des zones aux mains des djihadistes. C’est l’une des raisons de douter de sa viabilité.

    Malgré cela, les gouvernements des trois pays concernés ont signé le 18 février à Niamey une déclaration réitérant leur engagement en faveur du projet. Déterminé à rivaliser avec son voisin, le Maroc promeut depuis 2017, de son côté, un autre gazoduc encore plus long (5 000 kilomètres), l’African Atlantic. Il consisterait à prolonger le gazoduc ouest-africain qui relie le Nigeria au Bénin, en passant par le Togo et le Ghana. Pour atteindre le Maroc, il devrait traverser sept autres pays, en plus du Sahara occidental. Obtenir l’accord d’autant de pays est une tâche ardue. Il s’agit d’un projet encore plus embryonnaire que celui promu par l’Algérie.

    El Confidencial, 27/02/2022 (traduction non officielle)

    #Espagne #France #Algérie #Gaz #Russie #Ukraine

  • Crise en Ukraine: Les prix des céréales flambent, l’Algérie affectée

    Crise en Ukraine: Les prix des céréales flambent, l’Algérie affectée – Russie, blé,

    La situation géopolitique semait un vent de panique sur les marchés mondiaux des céréales, ce jeudi 24 février, après le début des opérations militaires russes en Ukraine, une situation qui aura un impact négatif sur les importations de l’Algérie contrainte désormais à acheter plus chères ces denrées alimentaires vitales.

    Les prix des céréales ont atteint des niveaux record en séance sur le marché européen, avec un pic totalement inédit pour le blé à 344 euros la tonne sur Euronext, ce qui alourdira la factures des importations même si le pétrole de son côté a dépassé les 104 dollars ce jeudi 24 février.

    Les cours du blé et du maïs, dont l’Ukraine est le quatrième exportateur mondial, se sont envolés dès l’ouverture, quelques heures après le début de l’invasion russe de l’Ukraine.

    Le précédent record pour le blé remonte au 24 novembre 2021, qui avait atteint 313,5 euros la tonne en séance sur l’échéance de décembre (et au 23 novembre pour le cours à la clôture à 311,5 euros)
    l’Ukraine est le cinquième exportateur mondial de blé, le quatrième de maïs.

    Première puissance agricole de l’Union européenne, la France dispose de stocks de céréales. Les réserves françaises et américaines pourraient, de fait, pallier en partie la baisse des exportations ukrainiennes, selon les analystes. L’Elysée estimait jeudi que la crise aurait «davantage un impact sur les cours mondiaux que notre propre approvisionnement».

    Les conséquences de l’attaque lancée dans la nuit par la Russie sont encore difficiles à prévoir pour les marchés agricoles. «C’est totalement inédit, souligne Sébastien Poncelet, du cabinet de conseil Agritel. Quand on voit qu’il y a des explosions à Odessa, qui est le premier port ukrainien, on présume qu’il n’y aura pas beaucoup de grains à charger aujourd’hui».

    L’Ukraine représente 20 % des importations de maïs en Italie, et 5 % des importations de blé, la confédération agricole italienne Coldiretti s’est alarmée dès jeudi de cette flambée des cours. «La guerre aggrave les problèmes du secteur agricole national déjà éprouvé par les effets de la volatilité des cours alors que l’Italie est un pays fortement déficitaire dans certaines filières», a observé son président, Ettore Prandini dans des déclarations à la presse.

    En raison des rendements faibles des champs de blé, l’Algérie est contrainte à l’importation pour répondre aux besoins de sa population. En moyenne, l’Algérie importe entre 5 et 7 millions de tonnes de blé (tendre et dur) par an de France, Russie, Allemagne, Ukraine, Pologne et Argentine. Pour 2022, elle projette d’importer quelque 7,5 millions de tonnes.

    Le Jeune Indépendant, 24/02/2022