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Sahara Occidental : Le Rubicon a-t-il été franchi ?
Et maintenant ? En intervenant militairement à Guerguerat, zone tampon au sud-ouest du Sahara Occidental, l’armée royale marocaine a-t-elle franchi le Rubicon sans se soucier des graves conséquences sur la sécurité dans la région ? Revigoré par la résolution 2548 (2020) du Conseil de sécurité de l’ONU, qui ne pouvait qu’attiser les tensions dans la région, comme on le soulignait sur ces colonnes le 3 novembre dernier, invitant en cela le Maroc et le Front Polisario, ainsi que l’Algérie et la Mauritanie de progresser sur la voie d’une solution politique, non sans tarir d’éloges à l’égard du Maroc, se félicitant même de ses efforts pour aller de l’avant vers un règlement du conflit, le Maroc a repris pied militairement dans une zone normalement sous contrôle de l’ONU. L’argument de ce qui est dénoncé par les Sahraouis comme une agression militaire odieuse et désespérée contre des civils isolés relève, selon un communiqué de l’armée marocaine, d’une intervention qui consiste en la mise en place d’un cordon de sécurité en vue de sécuriser le flux des biens et des personnes, et ce, suite au blocage du passage par des civils sahraouis qui manifestaient sur les lieux depuis le 20 octobre dernier contre l’exploitation de ce passage par les Marocains.Selon le même communiqué de l’armée marocaine, il s’agit d’une opération « non offensive et sans aucune intention belliqueuse », qui se déroule « selon des règles d’engagement claires, prescrivant d’éviter tout contact avec des personnes civiles et ne recourir à l’usage des armes qu’en cas de légitime défense ». Côté sahraoui, on parle d’une « riposte défensive » des forces armées du Front Polisario, qui se sont accrochées avec les militaires marocains. Sommes-nous, déjà, en plein dans l’escalade militaire ? Rappelons qu’une situation similaire a été vécue en 2017, au même endroit, mais le Maroc a dû retirer ses troupes militaires après une conversation téléphonique entre le roi du Maroc Mohammed VI et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, fraîchement installé dans ses fonctions en ces moments-là. Le même scénario se répétera-t-il en 2020 ? Pas évident si l’on tient compte de l’évolution des rapports géostratégiques et l’entêtement du Makhzen à lier, plus que jamais, le destin du Maroc à la « marocanité » du Sahara Occidental.En décidant d’intervenir militairement dans une zone tampon, le Maroc bafoue la légalité internationale et porte le risque d’embrasement dans la région à son summum. Des appels à la retenue et à la sagesse sont lancés d’un peu partout à travers le monde, notamment le président sud-africain et président en exercice de l’Union africaine (UA), Cyril Ramaphosa, qui a appelé à l’apaisement des tensions dans la région d’El Guerguerat, prônant le respect du plan de règlement du conflit au Sahara Occidental qui prévoit un cessez-le-feu et la tenue d’un référendum autodétermination. Mais la reprise des hostilités militaires entre le Front Polisario et l’armée marocaine n’a jamais été si pesante. Pour le gouvernement sahraoui, qui a saisi le Conseil de sécurité à la suite de l’agression militaire en question, nous y sommes déjà de plain-pied dans la guerre. Considérant qu’ « en fin de compte, les batailles ont commencé », et appelant l’ensemble du peuple sahraoui à se « dresser comme un seul homme avec fermeté et courage pour riposter à une éventuelle agression brutale et achever la libération de la partie occupée avec tout ce que cela implique comme sacrifices ».Tags : #SaharaOccidental #Maroc #Polisario -
Sahara Occidental : Le Maroc mise sur l’escalade
par Tarek Hafid
L’armée marocaine a mené, hier, une agression militaire à Guerguerat, dans l’extrême sud-ouest du Sahara Occidental. Par cette offensive, le roi Mohammed VI met un terme définitif au cessez-le-feu signé entre le Maroc et le Front Polisario en septembre 1991.Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Mohammed VI a choisi d’engager son pays dans une nouvelle guerre contre le Front Polisario un vendredi 13, mettant ainsi fin au cessez-le-feu qui dure depuis 31 ans.Hier matin, des unités de l’armée marocaine ont mené une opération militaire en ouvrant trois brèches dans la zone de Guerguerat. Selon une source diplomatique sahraouie, l’attaque s’est produite dans la zone où des civils sahraouis manifestent depuis le 21 octobre pour exiger la fermeture d’une brèche illégale ouverte dans le mur de défense marocain. «Nos militaires ont réussi à mettre à l’abri tous les civils avant de riposter par des tirs aux agresseurs», assure notre source.De son côté, le Maroc a tenté de justifier cette attaque comme «opération du génie militaire visant à colmater une brèche», rapporte l’AFP en citant un responsable du ministère marocain des Affaires étrangères.Rabat profite depuis de nombreuses années de ce passage ouvert illégalement pour faire transiter des marchandises vers la Mauritanie et les pays d’Afrique de l’Ouest.Une situation que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dénonce officiellement auprès de l’ONU depuis 2001. Mais la communauté internationale s’est montrée incapable d’imposer au Maroc la fermeture de cette brèche.Lundi 9 novembre, le gouvernement sahraoui avait averti, dans un communiqué officiel, que l’entrée du Maroc sur le territoire libéré sera considérée comme une «agression flagrante» et enclenchera «une nouvelle guerre dans la région».«De nouveau encore, le gouvernement sahraoui avertit et réitère fermement que l’entrée de tout élément militaire, sécuritaire ou civil marocain, dans cette partie des zones libérées de la République sahraouie, ou la soi-disant bande de séparation, sera considérée comme une agression flagrante, à laquelle la partie sahraouie répliquera énergiquement, en légitime défense et en défendant sa souveraineté nationale. Ce qui signifiera, également, la fin de l’accord de cessez-le-feu et enclenchera une nouvelle guerre dans toute la région», précise ce communiqué.À ce titre, notre source indique que toutes les unités combattantes des 7 régions militaires se trouvent «en état d’alerte rouge» depuis plusieurs jours. «Il est évident que l’attaque marocaine donnera lieu à une riposte armée sur toute la ligne de front.Le statu quo imposé par Rabat avec la complicité de ses alliés fait que le peuple sahraoui n’a absolument rien à perdre. Mohammed VI vient de déclencher une guerre qui aura des conséquences désastreuses sur le Maroc», indique notre interlocuteur.Brahim Ghali, le Président sahraoui, a saisi officiellement le secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres ainsi que Rhonda King la représentante permanente de Saint-Vincent-et-les Grenadines auprès des Nations-Unies, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité, pour dénoncer l’agression marocaine.Pour le gouvernement sahraoui, la communauté internationale porte l’entière responsabilité de la situation qui prévaut depuis une trentaine d’années au Sahara Occidental.L’ONU a montré son incapacité à organiser un référendum d’autodétermination, seul objectif de l’accord de cessez-le-feu signé le 6 septembre 1991 entre le Front Polisario et le Maroc.T. H.Le Soir d’Algérie, 14 nov 2020Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, -
Sahara Occidental : Le poste frontalier d'El Guerguerate détruit par les bombes du Polisario
Selon une dépêche de l’agence sahraouie SPS, l’armée sahraouie a poursuivi ses attaques contre les positions marocaines.
Ce samedi, plusieurs « bases militaires, points d’appui ainsi que des centres d’approvisionnements » ont été pilonés par l’artillerue sahraouie. « Le dernier en date a été la 13ème base du 67ème bataillon dans le secteur de El Beggari, près de Tinilig ». Mahbes et El Guerguerate aussi ont été bombardés par des unités sahraouies.Selon des témoins oculaires, le poste frontalier d’El Guerguerate a été entière,ent détruit par le feu des combattants sahraouis.« Hier soir, nous n’avons pas fermé l’oeil de la nuit », a déclaré un officier de l’armée mauritanienne de la localité de Boulanouar, cité par le site « Maurinews« . L’officier affirme avoir « entendu d’intenses bombardements sans pouvoir déterminer leur ubication ».Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, El Guerguerate, -
Conflit du Sahara occidental : "La trêve était une erreur" (média allemand)
De Paul HildebrandtLe conflit du Sahara occidental, que le Maroc occupe depuis 1976, est à nouveau négocié sous la direction des Nations Unies. Les Sahraouis se battent pour leur indépendance. Ils considèrent la trêve en place depuis 1991 comme une erreur.
L’air est encore froid et clair au petit matin. Deux élèves hissent un drapeau dans la cour d’une école primaire. Une quarantaine d’enfants se tiennent autour et crient des slogans en arabe comme: Coupez la tête du conquérant. Et: nous sommes prêts pour la révolution.
Les couleurs du drapeau sont noir-blanc-vert. Au centre, il y a un croissant rouge qui entoure une étoile. C’est le drapeau de la République arabe démocratique du Sahara – un État qui ne comprend que six camps de réfugiés dans le sud de l’Algérie.
Les enfants doivent apprendre: leur véritable foyer n’est pas l’Algérie, mais le soi-disant Sahara occidental. Et leur ennemi s’appelle le Maroc. Vous devez vous préparer à partir en guerre.
À qui appartient le Sahara occidental?
Le Sahara occidental est une région de la côte atlantique en Afrique du Nord, coincée entre le Maroc et la Mauritanie. Et un différend de dix ans fait rage dans ce domaine. Le Royaume du Maroc se tient d’un côté du conflit, et les Sahraouis, un peuple nomade indigène, de l’autre. Tous deux revendiquent le Sahara occidental pour eux-mêmes. Ce conflit est à nouveau négocié à Genève. Sous la direction de l’ONU, il faut enfin clarifier: à qui appartient le Sahara occidental?
Je voyage dans la partie algérienne du Sahara à environ quatre-vingts kilomètres de la frontière avec le Sahara occidental. Des routes goudronnées sombres serpentent à travers les collines de sable, des chameaux parcourent le paysage aride. Entre les deux, six camps surgissent de la poussière: des petites villes faites de huttes de terre, dans lesquelles vivent environ 170 000 personnes. Ce sont des réfugiés qui ont été déplacés du Sahara occidental il y a plus de 40 ans.
A quelques mètres de l’école primaire, je rencontre une femme qui a fui le Sahara Occidental pendant la guerre civile. Son nom est Fatimatu, 61 ans, et elle m’attend dans une grande tente. Elle est assise sur un tapis moelleux en train de préparer du thé vert sucré. Avec des mouvements habiles, elle verse le liquide chaud d’un verre à l’autre.
«J’ai marché en Algérie avec des centaines de femmes, sans vêtements ni possessions. Juste avec ma mère et la mère de mon mari. Nous nous sommes cachés des bombardiers marocains pendant douze jours, puis nous avons atteint les camps. «
Le Maroc a annexé le Sahara occidental
En février 1976, l’Espagne s’est retirée de sa dernière colonie, le Sahara occidental. Dans le même temps, le Royaume du Maroc a annexé de grandes parties de la zone. Une guerre civile sanglante a alors éclaté entre le Maroc et le Polisario, une armée de guérilla sahraouie.
Fatimatu vit dans les camps depuis plus de quarante ans. Elle possède plusieurs maisons en terre battue, une télévision, un smartphone. Votre grande tente est recouverte de tapis épais. Elle dit que les souvenirs du vol du Sahara occidental sont toujours présents
«Nous avons été poussés indéfiniment, d’un endroit à l’autre. Sans-abri, sans droits. Beaucoup d’entre nous ont été assassinés et les femmes maltraitées. Ce fut longtemps plein d’horreur. «
La guerre civile a duré plus de 15 ans. Ce n’est qu’en 1991 que les opposants ont négocié un cessez-le-feu sous la direction de l’ONU. Cela tient encore aujourd’hui.
Les camps de réfugiés sont maintenant devenus de petites villes avec des écoles, des hôpitaux et des magasins. Dans le grand marché de Camp Al-Ayyoun, de petites boutiques s’alignent le long d’une rue poussiéreuse. Ça sent le thé et la viande frite.
Les jeunes sahraouis sont frustrésJama a 29 ans. Il transporte des tissus, des parfums et des articles ménagers dans de grandes boîtes de l’autre côté de la rue. Il dit que la plupart de l’argent est dépensé en téléphones portables et en articles de mariage. Il n’y a pratiquement rien à faire pour les jeunes«Personne n’a de travail permanent ici, parfois il y a un peu de travail, parfois on gagne plus, parfois moins. Cela rend les choses si difficiles. «Tout tourne autour du retour au Sahara occidental. Beaucoup de jeunes sahraouis sont donc frustrés. Tout comme Nih, il a 29 ans aussi, il ne trouve pas non plus de vrai travail. Il travaille comme bénévole dans la station de radio locale et travaille comme gardien de parc.«Les jeunes voient à la télévision comment vivent les jeunes en Europe. Tout le monde a un travail et peut voyager partout dans le monde. C’est là que vous étudiez et lorsque vous avez terminé, vous revenez et ne trouvez pas d’emploi. Il n’y a pas d’usines, pas d’entreprises ici. Vous devez rechercher un travail acharné et mal payé et vous ne pouvez pas subvenir aux besoins de votre famille. «Beaucoup d’amis de Nih ont déjà fait leur chemin vers le nord, certains d’entre eux vivent maintenant en Espagne. Nih dit qu’il aimerait rester avec sa famille, mais il ne peut pas réaliser ses rêves dans les camps.«J’ai un plan ferme pour émigrer bientôt en Europe, peut-être en Espagne. Je vais d’abord travailler dur et gagner de l’argent, puis acheter des caméras et faire ma propre émission sur YouTube. Je veux montrer aux jeunes qu’il y a des gens dans d’autres parties du monde qui ont des vies plus difficiles qu’eux. «Les gens dans les camps mènent une vie d’attente. Parce qu’à l’armistice de 1991, il a été décidé: un référendum doit déterminer l’avenir du Sahara occidental. Mais cela n’a pas encore été réalisé. La raison: le Maroc et le Front Polisario ne pouvaient pas s’entendre sur qui pouvait voter: seuls les habitants de 1974, lorsque l’Espagne gouvernait encore la région – ou aussi les Marocains nouvellement arrivés?L’un des murs les plus longs du mondeAhmed Bashir, 52 ans, soldat. Il est Sahraui, né au Maroc et en a fui. Je l’accompagnerai en patrouille dans le désert. Dans une jeep, nous sortons des camps par une piste de poussière jusqu’au mur que le Maroc a jadis tiré à travers le Sahara. Il s’étend comme une bande jaune à l’horizon. Il traverse le désert sur 2 500 kilomètres. C’est l’un des murs les plus longs du monde et Bashir le regarde jour après jour.«Je pense que la trêve était une erreur. Le monde entier est venu et a regardé, ils ont même négocié au Conseil de sécurité de l’ONU, mais cela n’a pas aidé. Nous sommes toujours là et la situation ne changera tout simplement pas. «Bashir pense que les Sahraouis devraient retourner à la guerre. C’est la seule façon de changer quelque chose dans la situation. Mais l’équilibre des pouvoirs a changé depuis les années 80. Derrière le mur marocain se trouve une armée moderne avec plus de cent mille soldats et un budget annuel d’environ quatre milliards de dollars. Le sol devant le mur est criblé d’innombrables mines terrestres. S’il y avait une guerre, ce serait un combat inégal.Attendez qu’il recommenceAvec Bashir, je conduis au bout d’un oued sec. Ses soldats y attendent avec du thé et de la viande de chèvre. Beaucoup d’entre eux sont encore très jeunes, les premières peluches ne font que germer sur leurs visages.Bashir était un soldat toute sa vie. Depuis l’armistice, il attend que les choses recommencent. Pour me le prouver, il montre une vidéo de la guerre civile sur son téléphone portable. Des soldats marocains peuvent être vus assis sur le sol du désert. Lorsqu’on leur demande pourquoi ils ont été capturés, ils répondent: L’ennemi était supérieur à nous.Pour Bashir, c’est la preuve que son armée pourrait se défendre contre le Maroc à l’avenir.Le conflit semblait avoir été oublié par la politique mondiale. Puis, en décembre 2018, des représentants des deux parties se sont à nouveau réunis à Genève pour la première fois depuis de nombreuses années pour négocier. Après une deuxième réunion au printemps, ils ont décidé de se réunir une troisième fois à la fin de l’été.Il s’agit de beaucoup d’argentLe conflit concerne beaucoup d’argent: il y a d’énormes quantités de phosphate au Sahara Occidental, qui est utilisé comme engrais dans le monde entier. Les entreprises allemandes s’intéressent depuis longtemps aux ressources naturelles. Mais tant que la question du droit international n’a pas été clarifiée, les membres de l’UE ne sont pas autorisés à y investir.Des centaines de milliers de Sahraouis vivent toujours sous la domination marocaine au Sahara occidental. Ils disent qu’ils sont opprimés par le Maroc. Les militants ont publié des vidéos de manifestations en ligne et ont signalé des attaques violentes de la police. Cela est difficile à vérifier car les journalistes ne sont pas autorisés à se rendre au Sahara occidental. C’est pourquoi je parle à un activiste au téléphone«Il est toujours vrai que le Maroc interdit les manifestations. Ils arrêtent des militants des droits humains et les font disparaître. Les Sahraouis sont attaqués dans les rues et lors des manifestations. S’ils se retrouvent en prison, ils subiront de mauvais traitements de la part des autorités marocaines. «Aminatou Haidar a 52 ans, elle est devenue mondialement connue pour sa manifestation pacifique contre le Maroc et a reçu de nombreuses récompenses pour cela.Il n’y a pas de Sahara occidental pour le MarocLe Royaume du Maroc nie les allégations de Haidar. Pour le Maroc, il n’y a ni pays du Sahara Occidental ni sahraouis. Le Polisario est une minorité marocaine radicale. L’ambassade du Maroc souhaite uniquement répondre à mes questions par écrit:«Il n’y a pas de violation systématique des droits de l’homme dans les provinces du sud. Les allégations et allégations d’Amnesty International sont souvent fondées sur de fausses déclarations non fondées. «En Algérie, j’organise un entretien avec le président du Polisario. Son nom est Brahim Ghalil, un homme de grande taille avec une moustache grise. Les Sahraouis le considèrent comme un héros de guerre dans la lutte contre le Maroc. Aujourd’hui, il règne sur un pseudo-état: dans son palais, le plâtre s’effrite des murs, des tubes néons vacillants illuminent les couloirs.Ghalil me reçoit dans une grande salle avec de lourds meubles sur lesquels repose la poussière du désert.«Les Sahraouis sont pacifiques. Ce ne sont pas des gens agressifs, ils n’ont jamais mené une guerre d’agression. Chaque guerre que nous avons menée a été pour notre défense. C’est pourquoi nous croyons en une solution pacifique. Les Sahraouis doivent pouvoir déterminer leur propre avenir. «Sahara occidental, la « dernière colonie d’Afrique »De nombreux États africains comme l’Afrique du Sud, l’Éthiopie et le Botswana se sont politiquement rangés du côté des Sahraouis. Vous voyez le Maroc comme le butin de l’Europe et décrivez le Sahara occidental comme la «dernière colonie d’Afrique».«J’ai commencé avec peu, mais au bout d’un an, j’ai pu construire ma propre boutique. J’ai beaucoup travaillé, souvent jusqu’à deux heures du soir. Mais bon, tout a fonctionné. Bien sûr, il y a des gens ici avec peu d’argent, mais il y a beaucoup de jeunes qui ne veulent tout simplement pas travailler. Quiconque souhaite travailler trouvera également du travail. «La vie dans les camps s’est normalisée depuis longtemps pour de nombreux résidents. Depuis quelques années, les camps reçoivent de l’électricité d’Algérie et il existe une école de cinéma et des cours d’informatique pour les femmes.Et Mohamad Salko ne rêve pas de guerre, il rêve de football«Je veux voir un match de Manchester United et je le ferai l’année prochaine, si Dieu le veut. Je n’ai pas de grands rêves, mais ceux que j’ai – je les réalise. «Source : Deutchlanffundkultur, 2029 -
Réaction de l'Union Africaine au sujet de la reprise des hostilités au Sahara Occidental
Suite à la reprise des hostilités entre le Front Polisario et le Maroc, l’Union Africaine a réagi par le communiqué suivant :
Communiqué du Président de la Commission de l’Union africaine, S.E. Moussa Faki Mahamat, sur la tension dans la zone de Guerguerat14 November 2020, Addis Ababa: Le président de la Commisson de l’union africaine Moussa Faki Mahamat exprime sa profonde préoccupation suite à la détérioration de la situation au Sahara occidental, notamment dans la zone des Guerguerat, et des menaces graves de rupture du cessez le feu en vigueur depuis 1991.Il salue les efforts du secrétaire-général des Nations Unies et des pays de la région pour encourager vivement les parties à s’abstenir de tout changement du Status Quo et de revenir dans les meilleurs délais à la table de négociation.A cette fin, le Président de la Commission de l’union africaine souhaite que le secrétaire-général des Nations Unies accélère le processus de désignation de son représentant personnel.Le Président de la Commission réaffirme la disponibilité de l’union africaine pour soutenir activement les efforts des Nations Unies pour une solution politique juste et acceptable par toutes les parties de ce conflit.Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, El Guerguerate, Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, -
Sahara Occidental : Clarifications sur le mur, le cessez-le-feu et l'accord nº1
Un retour à la guerre au Sahara occidentalPar Nick Brooks
Vous avez peut-être entendu ou pas dire que le cessez-le-feu qui a eu lieu pendant près de 30 ans au Sahara occidental s’est effondré hier et que le territoire est à nouveau en guerre. Il n’y a rien sur le site Web d’informations de la BBC à ce sujet, bien qu’il ait été brièvement mentionné sur le World Service.
Les deux parties au conflit – le Maroc et le Polisario – ont leur version de ce qui s’est passé, et le Maroc aura probablement la voix la plus forte. Alors, voici mon avis.
Le Maroc a envahi le Sahara occidental en 1975, lorsque l’Espagne s’est retirée. Le Polisario, formé quelques années plus tôt pour lutter pour l’indépendance de l’Espagne, s’est opposé à l’occupation marocaine. Une guerre a été menée jusqu’en 1991, lorsque l’ONU a négocié un cessez-le-feu et mis en place un maintien de la paix pour – la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental, connue sous son acronyme français, MINURSO. Comme son nom l’indique, cette force a été mandatée pour organiser un référendum sur l’autodétermination. Cela ne s’est jamais produit et la MINURSO reste la seule force de maintien de la paix sans mandat de surveillance des droits de l’homme. Le Sahara occidental reste un territoire non autonome tel que défini par le Comité des Nations Unies sur la décolonisation. En d’autres termes, le processus de décolonisation n’a pas été concurrencé. Le Sahara occidental est souvent appelé la dernière colonie d’Afrique.
Tout au long du conflit de 1975-1991, le Maroc a sécurisé le territoire qu’il avait pris derrière des terrassements défensifs ou des bermes. En 1991, ceux-ci avaient fusionné en une seule structure – le Berm – qui s’étend sur 2700 km (environ 1700 miles) à travers le territoire, le divisant effectivement en une zone contrôlée par le Maroc à l’ouest et au nord, et une zone contrôlée par le Polisario à l’est et au sud. (Figure 1). Une analyse détaillée du Berm et de son évolution est fournie par Garfi (2014).
Aux termes du cessez-le-feu, le Sahara occidental est divisé en trois zones (Figure 1):
I) une bande tampon s’étendant sur 5 km à l’est et au sud du Berm du côté du Polisario, qui est en fait une zone d’exclusion ou un no man’s land, dans laquelle aucun personnel ni équipement militaire n’est autorisé;
II) deux zones réglementées, s’étendant sur 30 km de chaque côté du Berm, dans lesquelles les activités militaires sont interdites; et
III) deux zones à restrictions limitées, qui comprennent tout le territoire restant du Sahara occidental, dans lesquelles des activités militaires normales peuvent être menées à l’exception de celles qui représentent une escalade de la situation militaire.
Les informations ci-dessus, y compris les cartes montrant les différentes zones et le texte du cessez-le-feu (Accord militaire n ° 1) figuraient auparavant sur le site Web de la MINURSO, mais ont été supprimées il y a quelques années. Lorsqu’on leur a demandé, la MINURSO et le Département de Maintien de la paix des Nations Unies n’ont pas expliqué pourquoi, ce qui a amené beaucoup à conclure que c’était le résultat du lobbying marocain. Le récit du Maroc est qu’il contrôle tout le Sahara occidental à l’exception d’une bande tampon établie par l’ONU pour sa protection, et que le Polisario n’est pas présent au Sahara occidental. Les cartes et l’accord militaire en apportent un démenti clair.
Depuis 1991, le Maroc renforce son occupation du Sahara occidental et développe ses ressources naturelles, contre les conventions internationales qui interdisent aux puissances occupantes d’exploiter les ressources des territoires occupés à leur propre profit. Ces ressources comprennent les phosphates, les pêcheries et les ressources en eau – le Maroc a développé l’agriculture au Sahara Occidental occupé, y compris la production de cultures à forte consommation d’eau comme les tomates (y compris la marque Azera).
De nombreuses exportations, y compris du poisson provenant des eaux du Sahara occidental, sont destinées à l’UE, et certaines d’entre elles transitent par la Mauritanie vers le sud. Cet itinéraire implique le trafic passant par le Berm au sud de la position de Guergerat (Figure 3), puis traversant la bande tampon sur 5 km jusqu’à la frontière avec la Mauritanie (Figure 4).
Fin octobre 2020, des manifestants sahraouis ont commencé à bloquer la route entre le passage de la berme de Guergerat et la frontière mauritanienne (figure 4), dans la bande tampon. Ils protestaient contre l’exportation des ressources naturelles, notamment du poisson destiné au port mauritanien de Nouadhibou, du Sahara Occidental occupé par le Maroc. Ils ont également accusé le Maroc de faciliter le trafic de drogue et de personnes via Guergerat.
Les 12 et 13 novembre, le Maroc a envoyé des troupes pour disperser les manifestants et prendre le contrôle du tronçon de route traversant la bande tampon. En entrant simplement dans la bande tampon, le Maroc a violé le cessez-le-feu. Le 13 novembre, le Polisario a déclaré que cette rupture marquait la fin du cessez-le-feu et la reprise des hostilités, et qu’ils étaient désormais en guerre avec le Maroc. Plus tard le 13, le Maroc a signalé des affrontements le long du Berm dans le nord du Sahara occidental, et le 14, il est apparu que des combats avaient lieu à proximité de Mahbes et Hauza au nord du Sahara occidental, et d’Aouserd et Guergerat au sud.
Tout cela sur fond de 45 ans de conflit et d’exil pour les Sahraouis. Quelque 100.000 Sahraouis vivent sous l’occupation marocaine, tandis que peut-être 200.000 vivent dans cinq camps de réfugiés dans le désert algérien autour de la ville de Tindouf. Ces camps sont gouvernés par le Polisario et sont en fait une société et un État en exil. Le Polisario contrôle également les zones à l’est et au sud du Berm, connues des Sahraouis sous le nom de territoire libéré.
Pendant des décennies, le mécontentement dans les camps a augmenté, en particulier parmi les jeunes Sahraouis, en réponse à l’impasse, à l’échec de l’ONU à organiser le référendum promis depuis longtemps, et à une perception compréhensible qu’ils ont été oubliés et abandonnés par le reste des pays du monde. Beaucoup considèrent le retour à la guerre comme le seul moyen d’avoir un espoir de résoudre le conflit, que ce soit par des moyens militaires ou grâce à une diplomatie facilitée par ce qu’ils espèrent être un regard renouvelé sur le territoire si les hostilités reprennent. Pendant de nombreuses années, le Polisario a réussi à contenir ce mécontentement et a évité l’affrontement. Il semble que la dernière provocation du Maroc ait été trop flagrante pour que cette approche reste viable.
Nick Brooks a beaucoup voyagé au Sahara Occidental, en tant que codirecteur du Western Sahara Project, un projet de recherche axé sur l’archéologie et les changements environnementaux passés sur le territoire. Entre 2002 et 2009, il a mené six saisons de travail sur le terrain dans la zone contrôlée par le Polisario au Sahara occidental, et s’est rendu sur le territoire à sept reprises, passant également du temps dans les camps de réfugiés sahraouis autour de Tindouf. Le travail de terrain impliquait de fréquents détours en Mauritanie pour éviter le Berm marocain.
Source : Sand & Dust, 14 nov 2020
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Réaction de la Russie au sujet des affrontements de Guerguerate
Suite à la montée de la tension dans la zone de Guerguerate, la Russie a réagi avec la publication d’un communiqué sur le site du ministère russe des affaires étrangères dont voici le contenu:
Commentaire du Service Information et Presse sur les développements au Sahara OccidentalNous avons pris note de la tension croissante dans la bande tampon de Guerguerat, une ville près de la frontière mauritanienne dans la zone de responsabilité de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO). Des manifestants locaux bloquent la circulation au point de passage depuis quelques jours.Nous exhortons les parties concernées du Sahara Occidental – le Maroc et le Front POLISARIO – à faire preuve de la plus grande retenue, à s’abstenir de prendre des mesures qui peuvent exacerber la situation et à respecter strictement l’accord de cessez-le-feu.L’approche cohérente de la Russie à l’égard du conflit au Sahara occidental est qu’une paix juste et durable peut être obtenue exclusivement par des moyens politiques fondés sur le droit international, en premier lieu les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et de l’Assemblée générale, et dans le cadre de procédures qui correspondent aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies. Nous appelons à la reprise des pourparlers directs entre le Maroc et le POLISARIO dans les meilleurs délais, afin de redoubler d’efforts pour promouvoir un règlement, notamment la nomination d’un nouvel envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies à cet effet, et d’assurer la sécurité et l’efficacité de la MINURSO.Nous continuerons d’utiliser nos contacts avec toutes les parties concernées pour promouvoir une solution mutuellement acceptable à ce problème récurrent.Tags : Sahara Occidental, Maroc, El Guerguerate, Polisario, Russie, -
L’Armée Sahraouie répond à l’intervention militaire marocaine à El Guerguerat
Les forces armées marocaines ont mené vendredi une agression militaire dans la région d’El Guerguerat, au sud ouest du Sahara Occidental, où des Sahraouis civils manifestaient pacifiquement depuis le 21 octobre, a indiqué l’Ambassadeur de la République arabe sahraoui démocratique en Algérie, M. Abdelkader Taleb Omar, dans une déclaration à la Chaine de télévision algérienne A3.
L’agence sahraouie SPS a rapporté de son côté, que les forces marocaines ont ouvert trois brèches dans la région d’El Guerguerat, où ils ont mené l’agression contre les civils sahraouis.Depuis plus de trois semaines, des Sahraouis civils (hommes et femmes) représentant notamment des associations de jeunesse, des femmes, des travailleurs, d’organisations de défense des droits de l’homme et plusieurs ONG opérant dans le domaine socioculturel, observent des sit-in à différents endroits le long du mur de sable érigé par l’occupant marocain.Ils manifestent pour exiger notamment la fermeture définitive de la brèche illégale d’El-Guerguerat dans l’extrême sud-ouest du Sahara occidental.Les manifestations, se veulent, selon les organisateurs, un moyen de faire face aux manœuvres et provocations marocaines et réclamer l’organisation du référendum d’autodétermination, l’objectif pour lequel a été créée la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso).Aussi, les manifestants appellent à mettre un terme à la souffrance inacceptable du peuple sahraoui face au silence de l’ONU notamment dans les territoires occupées.Ils exigent également le retrait immédiat des troupes marocaines des territoires sahraouis occupés et de dévoiler le sort des disparus ainsi que la libération de tous les prisonniers civils sahraouis détenus dans les geôles marocaines.Echourouk Online, 13 nov 2020 -
Sahara Occidental : Le commissaire politique de l'armée annonce officiellement la fin du cessez-le-feu (vidéo)
Depuis Rabouni, le centre administratif du Front Polisario, Youssef Ahmed, le directeur du Département d’Orientation Politique de l’armée sahraouie a annoncé la fin du cessez-le-feu en cours depuis plus de 19 ans.
Se prononçant devant une multitude de jeunes sahraouis, le responsable militaire sahraoui a a annoncé la reprise de la guerre et a appelé les militaires sahraouis à regagner leurs postes et aux jeunes volontaires à s’engager immédiatement dans les rangs de l’Armée Populaire de Libérations Sahraouie (APLS).M. Youssef a insiste sur le fait que c’est le Maroc qui a violé le cessez-le-feu, ce qui a poussé le Front Polisario à s’en désengager.Dans les camps des réfugiés sahraouis au sud-ouest de l’Algérie les manifestants de joie se sont multiplié depuis l’annonce ce matin des accrochages avec l’armée marocaine dans la région d’El Guerguerate.Entre-temps, la MINURSO brille par son absence et son silence. Certaines sources l’accusent d’être au courant de l’attaque marocaine du fait qu’elle a quitté El Guerguerate à 4 heures du matin pour dégager la voie devant les marocains.Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, El Guerguerate, -
Sahara Occidental : Réaction du SG de l'ONU sur les affrontements à El Guerguerate
Dans un point de presse ce matin, le porte-parole du Secrétaire Général des Nations Unies, Stephane Dujarric a fait la déclaration suivante au sujet des événements à El Guerguerate:
« Ces derniers jours, les Nations Unies, y compris le Secrétaire général, a participé à de multiples initiatives visant à éviter une escalade de la situation dans la bande tampon de la région de Guerguerguerat et à mettre en garde contre les violations du cessez-le-feu et les conséquences graves de tout changement du statu quo.Le Secrétaire général regrette que ces efforts se soient révélés infructueux et se déclare vivement préoccupé par les conséquences possibles des derniers développements.Le Secrétaire général reste déterminé à tout mettre en œuvre pour éviter l’effondrement du cessez-le-feu en place depuis le 6 septembre 1991 et il est déterminé à tout mettre en œuvre pour lever tous les obstacles à la reprise du processus politique.La MINURSO s’engage à poursuivre la mise en œuvre de son mandat et le Secrétaire général appelle les parties à assurer la pleine liberté de circulation de la Mission conformément à son mandat. Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général, New York, 13 novembre 2020. »Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, El Guerguerate, ONU,, MINURSO,