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  • Le Maghreb en ébullition (Analyse)

    Maghreb, Algérie, Maroc, Tunisie, Sahara Occidental, #Maghreb, #Algérie, #Maroc, #Sahara_Occidental, #Tunisie,

    – La crise entre Alger et Rabat, la situation politique et économique précaire en Tunisie, les provocations françaises à l’encontre de l’Algérie… autant d’épisodes qui menacent la stabilité du Maghreb

    Les crises qui secouent les pays du Maghreb arabe se sont multipliées, au cours de la période écoulée, et menacent la stabilité de la région, d’autant plus que ces crises ont des dimensions politique, sécuritaire et économique, avec l’intervention de parties étrangères, telle que la France, dans les conflits en cours dans la région ce qui est de nature à aggraver ces crises.
    Si nous écartons la Libye et la Mauritanie, au vu de des spécificités qui sont les leurs, et que nous focalisons l’attention sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie – noyau dur du Maghreb – la région fait face à des scénarios incertains, dont certains pourraient menacer la stabilité des Etats, si les crises ne sont pas contenues avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.

    – Le Sahara occidental : Un dossier épineux

    La crise du Sahara occidental fait partie des épineux dossiers en suspens entre le Maroc, d’une part, et le Front Polisario, appuyé par l’Algérie qui abrite des réfugiés de cette région depuis plusieurs décennies, d’autre part.
    Le Sahara occidental fait l’objet d’un conflit entre le Maroc et le Polisario, depuis 1975, date de la fin de l’occupation espagnole. Rabat propose une autonomie élargie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario, soutenu par l’Algérie, appelle à la tenue d’un référendum d’autodétermination.

    Avec l’annonce par l’ancien Président américain, Donald Trump, le 10 décembre 2020, de la reconnaissance par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara occidental, un nouvel épisode d’escarmouches et d’altercations entre le Maroc et le Polisario a été enclenché.

    Même si ces escarmouches paraissent limitées et n’ont pas atteint le stade de la « guerre totale », il n’en demeure pas moins que leur poursuite menacerait la stabilité de la région.

    Le dossier du Sahara occidental a contribué, également, à compliquer la crise entre l’Algérie et le Maroc de manière inédite, au vu des déclarations réciproques. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a évoqué ce sujet au cours de la rencontre virtuelle du Mouvement des non-alignés en Azerbaïdjan, les 13 et 14 juillet dernier, et le délégué permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hellal, a appelé à « l’indépendance du peuple kabyle », en Algérie.

    Parmi les retombées de la déclaration du diplomate marocain figurent les mesures de rétorsion prises par l’Algérie contre le Maroc, s’agissant notamment du rappel de l’ambassadeur, de la rupture des relations diplomatiques, du non-renouvellement du contrat d’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne via un oléoduc qui traverse le territoire marocain et l’interdiction faite aux avions marocains de survoler l’espace aérien algérien.

    – L’Espagne et le Maroc : Une relation en dents de scie

    Pas loin de l’Afrique du Nord, les relations entre l’Espagne le Maroc sont marquées par des hauts et des bas.
    En effet, la relation entre les 2 royaumes a été marquée par une tension et une crise sur fond de l’accueil par Madrid, du 21 avril jusqu’au début du mois de juin dernier, du chef du Front Polisario, Brahim Ghai, sous une « fausse identité », sous le motif de recevoir des soins après qu’il a été atteint de la Covid-19. Cet épisode a provoqué l’ire de Rabat qui accuse Ghali d’avoir « commis des crimes de guerre ».

    La crise a connu son point d’orgue lorsque 8 000 migrants clandestins, dont des mineurs, ont afflué, à la mi-mai dernier, du Maroc vers Ceuta (sous administration espagnole), ce qui a été considéré par des responsables espagnols et européens comme étant une tentative de Rabat d’exercer une pression sur Madrid après avoir accueilli Ghai.
    Au mois de juillet dernier, le Chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a nommé José Manuel Albares au poste de ministre des Affaires étrangères à la place de Arancha Gonzalez Laya, pour améliorer les relations avec le Maroc, selon des médias des deux pays.

    Le 20 août dernier, le souverain marocain a déclaré dans un discours télévisé que son pays « aspire à inaugurer une nouvelle phase inédite dans ses relations avec l’Espagne ».

    Le roi Mohammed VI a déclaré à ce propos : « Il est vrai que ces relations ont été marquées, au cours de la récente période, par une crise inédite, qui a secoué fortement la confiance mutuelle et soulevé de nombreuses interrogations sur le destin de nos liens. Toutefois, nous avons travaillé avec la partie espagnole dans le calme, la clarté et la responsabilité ».

    – L’Algérie au cœur de la campagne électorale française

    Le Président français, Emmanuel Macron, a, brusquement, intégré l’Algérie, de manière implicite, dans sa campagne électorale prévue au printemps 2022, lorsqu’il s’est interrogé sur l’existence d’une Nation algérienne avant la colonisation française du pays en 1830.

    Il s’est demandé dans ce cadre : « Existait-il une Nation algérienne avant la colonisation française? ».
    La réaction algérienne ne s’est pas fait attendre. Alger a rappelé son ambassadeur à Paris, convoqué l’ambassadeur français à Alger et fermé son espace aérien aux avions militaires français qui le survolaient pour rallier le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.

    Un communiqué de la Présidence algérienne a été, également, diffusé pour condamner les déclarations de Macron, qualifiés « d’irresponsables et qui constituent une atteinte inacceptable à la mémoire de 5 millions 630 mille martyrs, qui se sont sacrifiés à travers une résistance farouche et courageuse contre la colonisation française de 1830 à 1962 ».
    Macron, qui avait qualifié la colonisation française au cours de sa campagne électorale en 2017, de « crimes contre l’humanité » et qui a été considéré à l’époque par l’ancien et actuel ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, comme « ami » de son pays, a décidé de changer son aire de jeu en lorgnant les voix de l’extrême droite.
    En effet, la montée de l’extrême droite en France a fait que Macron a parié sur ce courant pour remporter un deuxième mandat présidentiel et le plus court chemin pour s’attirer les faveurs de cette tendance demeure de multiplier les restrictions et les attaques contre les immigrants en particulier les Maghrébins.

    La décision de Macron, portant réduction des visas d’entrée pour les Algériens, les Marocains et les Tunisiens s’inscrit également dans le cadre du rapprochement avec les électeurs de l’extrême droite hostiles aux immigrants, bien que le nombre des électeurs français d’origine algérienne s’élève à plus d’un million de personnes, sans oublier les électeurs d’origine marocaine et tunisienne qui ont eu, à leur tour, un rôle décisif dans la montée de Macron au deuxième tour de la Présidentielle en 2017.

    Plus on se rapproche de la date de la présidentielle française d’avril prochain et plus la tension entre Paris et Alger s’accentue, d’autant plus que l’Algérie est devenue, à l’époque du Président Abdelmadjid Tebboune, moins tolérante à l’endroit des dépassements français. On s’attend aussi à ce que l’Algérie annule les réunions bilatérales de haut niveau portant sur la « mémoire commune » entre les deux pays.

    Il est prévu, également, que l’Algérie renforce son alliance avec la Russie au Mali au cours de la prochaine phase, pour endiguer l’influence française dans la région du Sahel.

    Toutefois, nombre d’observateurs estiment que la tension entre Paris et Alger pourrait disparaître si la France élit un nouveau président et ce au vu de l’ampleur et des intérêts communs qui réunissent les deux pays et que les deux parties souhaiteraient préserver.

    – La Tunisie en ébullition

    La Tunisie ne fait pas exception et fait partie intégrante de la situation tendue en Afrique du Nord. En effet, le bastion du Printemps arabe connaît une régression en matière de réalisations engrangées par la Révolution du Jasmin, qui a fait chuter le régime du Président Zine el Abidine Ben Ali en 2011.

    La suspension par le chef de l’Etat des travaux du Parlement, la levée de l’immunité parlementaire dont bénéficiaient les députés, le limogeage du Chef du gouvernement, Hichem Méchichi, la nomination d’une nouvelle cheffe de gouvernement, après la prolongation sine die des mesures d’exception et l’intention de Saïed d’amender la loi électorale selon une nouvelle vision radicalement différente par rapport à ce qui est connu dans plusieurs pays, sont autant d’éléments et de faisceaux « qui laissent prévoir l’abrogation des partis ».

    Cependant, ces mesures d’exception ne font pas l’unanimité parmi le peuple tunisien, scindé en deux parties, une première favorable au Président et une deuxième hostile à ses mesures. Cette division s’est d’ailleurs illustrée à travers les dernières manifestations dans la capitale Tunis.

    Ces mesures sont concomitantes avec une crise financière et économique aiguë, selon le gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi, laquelle crise, selon ce haut responsable, menace le pays de banqueroute, en particulier après que la dette du pays a atteint 90% de son PIB, à la fin de 2020, alors que ce ratio ne dépassait pas les 43% en 2009.

    Selon le magazine français « Jeune Afrique », le Président Saïed aurait besoin de 2,82 milliards de dollars pour pallier le déficit budgétaire, au moment où les institutions financières mondiales et les bailleurs de fonds internationaux ne semblent pas enclins à octroyer à la Tunisie un nouveau prêt avec garantie américaine, au vu du flou artistique qui caractérise la situation politique et des pressions exercées par Washington pour un retour à la situation antérieure aux mesures prises le 25 juillet dernier.

    Compte tenu de la crise politique aiguë qui secoue le pays, aggravée par une crise économique étouffante, la Tunisie se dirige pour devenir le « Liban du Maghreb arabe », en particulier avec les retombées de la pandémie de la Covid-19 aux plan sanitaire, économique et social.

    Cette ébullition politique, aussi bien en Algérie qu’en Tunisie ou au Maroc se doit d’être contenue, de manière bilatérale ou encore au plan local, pour éviter l’escalade et identifier des solutions raisonnables, tout en privilégiant l’accalmie. A défaut, la région pourrait s’enliser dans des dédales encore plus complexes que les situations qui prévalent actuellement.

    Anadolou, 07/10/2021

  • Le Maghreb en ébullition -Analyse-

    Maghreb, Algérie, Maroc, Tunisie, Sahara Occidental, #Maghreb, #Algérie, #Maroc, #Sahara_Occidental, #Tunisie,

    – La crise entre Alger et Rabat, la situation politique et économique précaire en Tunisie, les provocations françaises à l’encontre de l’Algérie… autant d’épisodes qui menacent la stabilité du Maghreb

    Les crises qui secouent les pays du Maghreb arabe se sont multipliées, au cours de la période écoulée, et menacent la stabilité de la région, d’autant plus que ces crises ont des dimensions politique, sécuritaire et économique, avec l’intervention de parties étrangères, telle que la France, dans les conflits en cours dans la région ce qui est de nature à aggraver ces crises.
    Si nous écartons la Libye et la Mauritanie, au vu de des spécificités qui sont les leurs, et que nous focalisons l’attention sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie – noyau dur du Maghreb – la région fait face à des scénarios incertains, dont certains pourraient menacer la stabilité des Etats, si les crises ne sont pas contenues avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.

    – Le Sahara occidental : Un dossier épineux

    La crise du Sahara occidental fait partie des épineux dossiers en suspens entre le Maroc, d’une part, et le Front Polisario, appuyé par l’Algérie qui abrite des réfugiés de cette région depuis plusieurs décennies, d’autre part.
    Le Sahara occidental fait l’objet d’un conflit entre le Maroc et le Polisario, depuis 1975, date de la fin de l’occupation espagnole. Rabat propose une autonomie élargie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario, soutenu par l’Algérie, appelle à la tenue d’un référendum d’autodétermination.

    Avec l’annonce par l’ancien Président américain, Donald Trump, le 10 décembre 2020, de la reconnaissance par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara occidental, un nouvel épisode d’escarmouches et d’altercations entre le Maroc et le Polisario a été enclenché.

    Même si ces escarmouches paraissent limitées et n’ont pas atteint le stade de la « guerre totale », il n’en demeure pas moins que leur poursuite menacerait la stabilité de la région.

    Le dossier du Sahara occidental a contribué, également, à compliquer la crise entre l’Algérie et le Maroc de manière inédite, au vu des déclarations réciproques. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a évoqué ce sujet au cours de la rencontre virtuelle du Mouvement des non-alignés en Azerbaïdjan, les 13 et 14 juillet dernier, et le délégué permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hellal, a appelé à « l’indépendance du peuple kabyle », en Algérie.

    Parmi les retombées de la déclaration du diplomate marocain figurent les mesures de rétorsion prises par l’Algérie contre le Maroc, s’agissant notamment du rappel de l’ambassadeur, de la rupture des relations diplomatiques, du non-renouvellement du contrat d’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne via un oléoduc qui traverse le territoire marocain et l’interdiction faite aux avions marocains de survoler l’espace aérien algérien.

    – L’Espagne et le Maroc : Une relation en dents de scie

    Pas loin de l’Afrique du Nord, les relations entre l’Espagne le Maroc sont marquées par des hauts et des bas.
    En effet, la relation entre les 2 royaumes a été marquée par une tension et une crise sur fond de l’accueil par Madrid, du 21 avril jusqu’au début du mois de juin dernier, du chef du Front Polisario, Brahim Ghai, sous une « fausse identité », sous le motif de recevoir des soins après qu’il a été atteint de la Covid-19. Cet épisode a provoqué l’ire de Rabat qui accuse Ghali d’avoir « commis des crimes de guerre ».

    La crise a connu son point d’orgue lorsque 8 000 migrants clandestins, dont des mineurs, ont afflué, à la mi-mai dernier, du Maroc vers Ceuta (sous administration espagnole), ce qui a été considéré par des responsables espagnols et européens comme étant une tentative de Rabat d’exercer une pression sur Madrid après avoir accueilli Ghai.
    Au mois de juillet dernier, le Chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a nommé José Manuel Albares au poste de ministre des Affaires étrangères à la place de Arancha Gonzalez Laya, pour améliorer les relations avec le Maroc, selon des médias des deux pays.

    Le 20 août dernier, le souverain marocain a déclaré dans un discours télévisé que son pays « aspire à inaugurer une nouvelle phase inédite dans ses relations avec l’Espagne ».

    Le roi Mohammed VI a déclaré à ce propos : « Il est vrai que ces relations ont été marquées, au cours de la récente période, par une crise inédite, qui a secoué fortement la confiance mutuelle et soulevé de nombreuses interrogations sur le destin de nos liens. Toutefois, nous avons travaillé avec la partie espagnole dans le calme, la clarté et la responsabilité ».

    – L’Algérie au cœur de la campagne électorale française

    Le Président français, Emmanuel Macron, a, brusquement, intégré l’Algérie, de manière implicite, dans sa campagne électorale prévue au printemps 2022, lorsqu’il s’est interrogé sur l’existence d’une Nation algérienne avant la colonisation française du pays en 1830.

    Il s’est demandé dans ce cadre : « Existait-il une Nation algérienne avant la colonisation française? ».
    La réaction algérienne ne s’est pas fait attendre. Alger a rappelé son ambassadeur à Paris, convoqué l’ambassadeur français à Alger et fermé son espace aérien aux avions militaires français qui le survolaient pour rallier le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.

    Un communiqué de la Présidence algérienne a été, également, diffusé pour condamner les déclarations de Macron, qualifiés « d’irresponsables et qui constituent une atteinte inacceptable à la mémoire de 5 millions 630 mille martyrs, qui se sont sacrifiés à travers une résistance farouche et courageuse contre la colonisation française de 1830 à 1962 ».
    Macron, qui avait qualifié la colonisation française au cours de sa campagne électorale en 2017, de « crimes contre l’humanité » et qui a été considéré à l’époque par l’ancien et actuel ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, comme « ami » de son pays, a décidé de changer son aire de jeu en lorgnant les voix de l’extrême droite.
    En effet, la montée de l’extrême droite en France a fait que Macron a parié sur ce courant pour remporter un deuxième mandat présidentiel et le plus court chemin pour s’attirer les faveurs de cette tendance demeure de multiplier les restrictions et les attaques contre les immigrants en particulier les Maghrébins.

    La décision de Macron, portant réduction des visas d’entrée pour les Algériens, les Marocains et les Tunisiens s’inscrit également dans le cadre du rapprochement avec les électeurs de l’extrême droite hostiles aux immigrants, bien que le nombre des électeurs français d’origine algérienne s’élève à plus d’un million de personnes, sans oublier les électeurs d’origine marocaine et tunisienne qui ont eu, à leur tour, un rôle décisif dans la montée de Macron au deuxième tour de la Présidentielle en 2017.

    Plus on se rapproche de la date de la présidentielle française d’avril prochain et plus la tension entre Paris et Alger s’accentue, d’autant plus que l’Algérie est devenue, à l’époque du Président Abdelmadjid Tebboune, moins tolérante à l’endroit des dépassements français. On s’attend aussi à ce que l’Algérie annule les réunions bilatérales de haut niveau portant sur la « mémoire commune » entre les deux pays.

    Il est prévu, également, que l’Algérie renforce son alliance avec la Russie au Mali au cours de la prochaine phase, pour endiguer l’influence française dans la région du Sahel.

    Toutefois, nombre d’observateurs estiment que la tension entre Paris et Alger pourrait disparaître si la France élit un nouveau président et ce au vu de l’ampleur et des intérêts communs qui réunissent les deux pays et que les deux parties souhaiteraient préserver.

    – La Tunisie en ébullition

    La Tunisie ne fait pas exception et fait partie intégrante de la situation tendue en Afrique du Nord. En effet, le bastion du Printemps arabe connaît une régression en matière de réalisations engrangées par la Révolution du Jasmin, qui a fait chuter le régime du Président Zine el Abidine Ben Ali en 2011.

    La suspension par le chef de l’Etat des travaux du Parlement, la levée de l’immunité parlementaire dont bénéficiaient les députés, le limogeage du Chef du gouvernement, Hichem Méchichi, la nomination d’une nouvelle cheffe de gouvernement, après la prolongation sine die des mesures d’exception et l’intention de Saïed d’amender la loi électorale selon une nouvelle vision radicalement différente par rapport à ce qui est connu dans plusieurs pays, sont autant d’éléments et de faisceaux « qui laissent prévoir l’abrogation des partis ».

    Cependant, ces mesures d’exception ne font pas l’unanimité parmi le peuple tunisien, scindé en deux parties, une première favorable au Président et une deuxième hostile à ses mesures. Cette division s’est d’ailleurs illustrée à travers les dernières manifestations dans la capitale Tunis.

    Ces mesures sont concomitantes avec une crise financière et économique aiguë, selon le gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi, laquelle crise, selon ce haut responsable, menace le pays de banqueroute, en particulier après que la dette du pays a atteint 90% de son PIB, à la fin de 2020, alors que ce ratio ne dépassait pas les 43% en 2009.

    Selon le magazine français « Jeune Afrique », le Président Saïed aurait besoin de 2,82 milliards de dollars pour pallier le déficit budgétaire, au moment où les institutions financières mondiales et les bailleurs de fonds internationaux ne semblent pas enclins à octroyer à la Tunisie un nouveau prêt avec garantie américaine, au vu du flou artistique qui caractérise la situation politique et des pressions exercées par Washington pour un retour à la situation antérieure aux mesures prises le 25 juillet dernier.

    Compte tenu de la crise politique aiguë qui secoue le pays, aggravée par une crise économique étouffante, la Tunisie se dirige pour devenir le « Liban du Maghreb arabe », en particulier avec les retombées de la pandémie de la Covid-19 aux plan sanitaire, économique et social.

    Cette ébullition politique, aussi bien en Algérie qu’en Tunisie ou au Maroc se doit d’être contenue, de manière bilatérale ou encore au plan local, pour éviter l’escalade et identifier des solutions raisonnables, tout en privilégiant l’accalmie. A défaut, la région pourrait s’enliser dans des dédales encore plus complexes que les situations qui prévalent actuellement.

    Anadolou, 07/10/2021

  • Polisario: le processus de paix ne sera possible que si le Maroc met fin à l'occupation du Sahara occidental

    Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU? Staffan de Mistura, #Sahara_Occidental, #Maroc,

    BIR LEHLOU – Le Front Polisario a indiqué mercredi avoir « pris acte de la nomination par le SG de l’ONU de M.Staffan de Mistura en tant que nouvel envoyé personnel pour le Sahara Occidental », soulignant qu’aucun processus de paix crédible et viable, ne sera possible que si le Maroc mette fin à l’occupation des territoires sahraouis.
    « Le Front Polisario, qui a démontré par des actions concrètes son véritable engagement en faveur d’une solution pacifique et durable pour la décolonisation du Sahara occidental, souligne qu’aucun processus de paix véritable, crédible et viable, qui servirait la cause de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région, ne sera possible tant que l’Etat occupant du Maroc persiste, en toute impunité, dans ses actions illégales et ses tentatives d’imposer par la force un fait accompli colonial au Sahara occidental occupé », a réagi mercredi le Polisario à la nomination du nouvel émissaire Staffan de Mistura.
    Et rappelle que la nomination de De Mistura  » intervient à un moment où le processus de paix de l’ONU au Sahara occidental a connu, du 6 septembre 1991 au 13 novembre 2020, des développements extrêmement dangereux car le Maroc a sapé le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) tel qu’établi dans la résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité et les résolutions pertinentes, torpillé le cessez-le-feu et a de nouveau déclaré la guerre au peuple sahraoui », relève le Front Polisario dans un communiqué relayé mercredi soir.
    « Le cessez-le-feu de 1991 s’est complètement effondré sous les yeux de la Minurso en raison de l’acte d’agression perpétré par l’Etat occupant du Maroc sur le territoire libéré sahraoui le 13 novembre 2020, et qui continue à ce jour, alors que le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU garde un silence assourdissant », déplore-t-il.
    Il réaffirme que « la seule voie » à suivre pour parvenir à une solution pacifique, juste et durable garantissant la décolonisation du Sahara occidental est de permettre au peuple sahraoui d’exercer librement et démocratiquement son droit inaliénable et non négociable à l’autodétermination et à l’indépendance conformément à la légalité internationale et aux résolutions pertinentes des Nations Unies et de l’Union africaine.
    Le Front Polisario déclare « attendre avec intérêt » de discuter avec le nouvel Envoyé personnel du SG de l’ONU sur la manière dont il prévoit d’accomplir sa mission en vue de permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.
    SPS
  • Maroc-Algérie : quel avenir pour leurs relations ?

    Algérie, Maroc, Tunisie, Sahara Occidental, #Algérie, #Maroc,#Tunisie, #Sahara_Occidental,

    Les relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc se sont récemment durcies et leur avenir devient incertain. Dans le même temps, les conditions de vie de la population des pays du Maghreb stagnent malgré les revendications. Le point avec Brahim Oumansour, chercheur associé à l’IRIS.

    Traditionnellement difficiles, les relations entre l’Algérie et le Maroc ont connu une récente dégradation en août avec la rupture de leurs relations diplomatiques, puis avec l’annonce de l’Algérie de fermer son espace aérien à tous les avions marocains. Comment expliquer et analyser cette rupture au regard de l’histoire des relations entre ces deux pays ?

    Les relations entre le Maroc et l’Algérie sont historiquement difficiles et froides. Elles sont caractérisées par une rivalité pour le leadership de la région, mais également par des périodes de tensions. On l’a dans un premier temps vu lors du contentieux territorial qui a mené à l’affrontement entre l’armée algérienne et l’armée royale en 1963 lors de la guerre des Sables (1963-1964). Puis, ces tensions se sont cristallisées autour du conflit du Sahara occidental suite au soutien qu’a apporté Alger au Front Polisario qui revendique l’indépendance du territoire disputé entre le Polisario et le Maroc. Ces tensions se sont enfin traduites par la fermeture des frontières terrestres depuis 1994.

    Cependant, on observe une récente dégradation des relations et une rapide escalade des tensions entre les deux États. Elles sont relatives à plusieurs facteurs. Elles tiennent d’abord à la diplomatie unilatérale adoptée par le roi Mohamed VI sur le dossier du Sahara occidental depuis son retour au sein de l’Union africaine en 2017. Cette diplomatie a notamment permis l’ouverture de consulats par certains pays, tels que les Émirats arabes unis, traduisant ainsi la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par une voix unilatérale. La reconnaissance de cette souveraineté a par ailleurs été opérée par Donald Trump, durcissant les relations entre Maroc et Algérie. Puis, elle été effectuée de façon conditionnée, par la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, moment diplomatique marquant des nouvelles tensions entre Alger et Rabat. L’escalade s’est en outre accélérée ces derniers mois suite à la déclaration du représentant marocain à l’ONU, Omar Hilal, en juillet dernier, en faveur de ce qu’il considère être le droit à l’autodétermination du peuple kabyle, jouant sur les revendications du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

    D’autres évènements ont également envenimé les relations entre les deux pays : l’affaire d’espionnage Pegasus, ainsi que les propos tenus par le ministre israélien des Affaires étrangères à l’encontre de l’Algérie lors de sa visite au Maroc les 11 et 12 août derniers. Cette situation a particulièrement suscité la colère des dirigeants algériens, considérant ces propos comme une déclaration ouverte d’hostilité envers l’Algérie, en rupture avec les accords signés lors de la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA) prônant des relations de bon voisinage et d’amitié entre les pays du Maghreb.

    Dans la course à l’hégémonie entre ces deux puissances, ces tensions illustrent-elles un tournant pour le rayonnement diplomatique de ces pays ? Quelles réactions de la part de la communauté internationale ?

    Certes, la course à l’hégémonie régionale reste un mobile de taille pour les deux pays. Alger cherche à réaffirmer son poids dans la région après plusieurs années de repli qui avaient laissé la voie ouverte au rayonnement de Rabat aux niveaux régional et international. La stratégie africaine de Rabat lui a permis de développer des relations et des accords commerciaux avec les groupes régionaux comme la CEDEAO et retourner certains États africains en sa faveur sur le dossier du Sahara occidental. Les accords commerciaux avec l’Union européenne intégrant le territoire disputé sont considérés comme un exploit par Rabat tant pour sa revendication de la marocanité du Sahara occidental que sur son positionnement de leader régional. Un activisme diplomatique qui risque d’irriter Alger et relancer la compétition entre les deux voisins.

    Mais les instabilités régionales, en Libye et au Sahel notamment, exercent beaucoup de pression sur les deux pays, et contribuent également à l’escalade des tensions. L’Algérie et le Maroc sont deux pays pivots de la région Maghreb-Sahel considérés comme des partenaires clés par les puissances internationales afin de garantir la stabilité de la région, lutter contre le terrorisme et enrayer le crime organisé. La montée des tensions entre les deux pays pourrait venir ternir le tableau aux yeux de la communauté internationale, ou tout du moins susciter son inquiétude. De fait, ces tensions pourraient entraver la stabilité régionale, déjà très fragile.

    Toutefois, même si Alger a choisi l’escalade en refusant de renouveler le contrat sur le gaz et en fermant son espace aérien, ces mesures se font avec une certaine retenue. Les deux États ont conscience qu’une telle escalade serait mal vue au niveau international. Ils feront donc tout pour éviter de subir la pression de la communauté internationale.

    Entre relations tendues entre le Maroc et l’Algérie, et une démocratie tunisienne de plus en plus étouffée par son président Kaïs Saïed, quel avenir pour la population de ces pays du Maghreb ?

    Les révoltes de 2011 en Tunisie, au Maroc et le récent soulèvement de la population algérienne depuis février 2019, illustrent une évolution au sein de la population maghrébine : elle est en quête de plus de libertés, de démocratie et de justice. Ces revendications apparaissent lors des manifestations, regroupant une jeunesse plus éduquée et ouverte au monde, notamment grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Mais, cette évolution de la société maghrébine se heurte à l’immobilisme des politiques en place, d’une élite vieillissante et des systèmes de gestion économique, politique et sociale obsolètes. Effectivement, la réaction des pouvoirs en place se caractérise la plupart du temps par une absence de réponse, ou bien par quelques réformes institutionnelles et constitutionnelles qui n’apportent pas de changement sur le terrain. Les réformes structurelles, politiques et sociales qui pourraient satisfaire les revendications de ces populations ne voient donc pas le jour.

    C’est le cas au Maroc. En effet, malgré les réformes constitutionnelles en réaction au mouvement de février 2011, le roi dirige le pays d’une main de fer, contrôlant la vie politique, économique et sociale du pays. On observe aussi un retournement de situation en Algérie par rapport au début de la mobilisation, avec une montée en puissance d’une politique répressive sur les militants et la presse. Enfin, la Tunisie voit son président Kaïs Saïed concentrer le pouvoir entre ses mains, prenant le risque d’une dérive autoritaire, allant à l’encontre de l’esprit de la révolution tunisienne.

    Ainsi, face aux revendications démocratiques de ces populations, les pouvoirs en place s’accrochent encore au paradigme sécuritaire, ce qui les rend réticents à conduire leur pays respectif à une démocratisation réelle, à des réformes profondes sur le plan politique, économique et social. Le paradigme sécuritaire est également soutenu par les puissances étrangères pour lesquelles prime la stabilité de ces États et de la région. Par extension, cette primauté à la stabilité se fait aux dépens des droits à la liberté, la justice, et au développement. D’autant que la corruption continue de gangréner les différents pays et entrave tout développement.

    Bien sûr, l’instabilité de la région n’encourage pas non plus ces pays à mener des réformes politiques sereines vers une démocratisation. Elle conduit au contraire à pérenniser l’immobilisme politique à l’origine même des différentes crises, y compris économiques et sociales, qui crée un sentiment de désespoir que l’on observe au sein de la population maghrébine et visible dans la montée des flux migratoires. On le voit notamment avec les migrations illégales des boat people : des dizaines de milliers de personnes sont arrivées en Espagne ces derniers mois en plus de l’augmentation des demandes de visas. Ces crispations politiques conjuguées avec la dégradation de la situation économique et sociale de ces pays transforment malheureusement les sociétés maghrébines en une poudrière. Cela suscite ainsi beaucoup d’incertitude et d’inquiétude pour ces pays et pour la région.

    Brahim Oumansour

    IRIS, 07/10/2021

  • Saïd Ayachi : « la France soutient le Maroc dans ses manœuvres pour assurer ses intérêts »

    Sahara Occidental, Maroc, Staffan de Mistura, ONU, #Sahara_Occidental, #Maroc,

    Saïd Ayachi, président du Comité national algérien de soutien au peuple sahraoui, est intervenu jeudi à l’émission l’Invité de la Rédaction de la Radio algérienne pour commenter les dernières évolutions de la situation du peuple sahraoui, notamment avec la nomination de Staffan de Mistura envoyé personnel pour le Sahara occidental.

    « L’Algérie a été parmi les pays qui ont le plus insisté sur la nomination de cet envoyé personnel de la part de l’ONU avec l’Afrique du Sud, l’Union africaine, et tout récemment l’administration Biden. Le Maroc n’avait pas le choix dans cette affaire pour pouvoir nommer un envoyé personnel marocophile », déclare Saïd Ayachi.
    Pour ce président du Comité national algérien de soutien au peuple Sahraoui, tous les dossiers internationaux du Sahara occidental subissent les pressions de la France, qui, en soutenant le Maroc « se tient contre le droit international au sein du Conseil de sécurité et s’oppose à l’application de sa résolution qui reconnait le droit au peuple sahraoui de bénéficier d’un référendum. »
    « La France s’oppose à protéger et à défendre les droits de l’homme au Sahara occidental. Elle soutient, également, le Maroc dans ses manœuvres au sein de l’Union européenne. Nous la retrouvons partout et nous sommes en droit de chercher une explication qui n’est valide qu’avec le fait d’avoir un esprit colonialiste dont même ses instances officielles n’arrivent pas à se détacher », souligne Saïd Ayachi.
    Dans le même contexte, il estime que la France, par l’intermédiaire du Maroc, « impose cette occupation puisqu’il s’agit du pont des intérêts français dans l’Afrique de l’Ouest principalement. »
    Radio Algérienne, 07/10/2021
  • Sahara occidental, Maroc et UE : comment une bonne loi fait une bonne politique

    Sahara Occidental, Maroc, Union Européenne, UE, TJUE, #Maroc, #Sahara_Occidental,

    La plus haute juridiction de l’UE a de nouveau soutenu l’autodétermination du Sahara occidental. Il est maintenant temps pour les institutions politiques de l’UE de mettre leur politique en conformité avec la loi – au profit de la paix régionale.
    La Cour européenne de justice (CJUE) a une fois de plus démontré que l’Union européenne reste une communauté fondée sur l’État de droit. Pour la cinquième fois, il a rejeté les efforts du Conseil de l’UE et de la Commission européenne – qui sont conjointement responsables des relations commerciales de l’UE – pour étendre les dispositions des accords agricoles et de pêche UE-Maroc au territoire du Sahara occidental.
    Les deux décisions en faveur du Polisario, en tant que représentant du peuple du Sahara occidental, auront des implications de grande envergure pour les relations de l’UE avec le Maroc et façonneront son implication dans le conflit plus large entre le Maroc et le Polisario.
    À la suite de la décision de la Cour, les pêcheurs de l’UE ne seront plus autorisés à opérer dans les eaux du Sahara occidental avec des permis marocains, tandis que les exportations agricoles marocaines en provenance du territoire seront exclues des tarifs préférentiels de l’UE. Les importateurs et opérateurs de pêche de l’UE qui ne respectent pas ces décisions se retrouveront dans une situation juridique dangereuse en dehors du cadre réglementaire de l’UE. Et, en effet, l’avocat du Polisario a déjà mis en garde contre sa détermination à faire appliquer le droit de l’UE contre les entreprises capricieuses.
    Plus généralement, les arrêts ont réaffirmé la politique de différenciation naissante de l’UE – en vertu de laquelle elle est légalement obligée d’exclure le territoire du Sahara occidental de ses accords avec le Maroc. Ceci est basé sur deux déterminations fondamentales. Le premier est le statut du Sahara occidental en tant que territoire « séparé et distinct » du Maroc (et le devoir concomitant de l’UE de non-reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le territoire). La seconde est la nécessité d’obtenir le consentement du peuple du Sahara occidental lors de la conclusion d’accords relatifs à son territoire. L’effet de ces doubles exigences légales ira au-delà des exportations agricoles et de l’accès à la pêche, parallèlement dans une certaine mesure à l’élaboration de mesures par l’UE d’exclure le territoire palestinien de ses relations avec Israël.
    C’est loin d’être un feu de paille. En 2018, la CJUE a jugé que l’accord aérien de l’UE avec le Maroc ne couvrait pas le Sahara occidental, laissant les transporteurs de l’UE (qui continuent d’opérer des vols vers le territoire) dans un vide réglementaire. Même la Commission européenne semble avoir compris. L’année dernière, il a exclu le territoire d’un projet d’ accord Interbus (régulation du trafic des autocars) avec le Maroc. Avec le temps, cette politique de différenciation affectera inexorablement d’autres aspects des relations de l’UE avec le Maroc – des programmes de financement aux projets de recherche et développement. En outre, la décision de la Cour peut influencer l’issue d’une contestation distincte mais similaire de la société civile contre le nouvel accord de partenariat post-Brexit du Royaume-Uni avec le Maroc.
    Cet « effet papillon » juridique constitue un défi important pour le Maroc. Sa position intransigeante sur l’inclusion du Sahara occidental dans ses accords bilatéraux est en partie motivée par des intérêts financiers : les entreprises marocaines, dont beaucoup seraient liées au roi et à ses associés, ont profité du Sahara occidental et de son inclusion dans les relations commerciales avec l’UE. Mais il y a aussi une forte dose d’idéologie puisque cela constitue un moyen de légitimer l’ occupation marocaine du territoire.
    Mais les positions marocaines entreront de plus en plus en conflit avec les contraintes juridiques de l’UE telles qu’appliquées par la CJUE. Avec les mains de Bruxelles liées par la Cour, Rabat devra soit accepter les termes de l’UE, soit risquer de perdre l’accès aux accords nouveaux et existants. En ce qui concerne l’accord Interbus de l’UE, le gouvernement marocain a pu faire passer l’idéologie avant tout sans trop perdre. Mais ces coûts pourraient rapidement dégénérer lorsque des accords de financement et de coopération de l’UE seront mis en jeu.
    Le Conseil doit maintenant réduire ses pertes, en s’appuyant sur la capacité avérée de l’UE à rester relativement unie et à résister aux efforts du Maroc pour « militariser les migrations ».
    La perte du Maroc est bien sûr le gain du Polisario. Les efforts soutenus de la Commission et du Conseil pour supprimer l’autodétermination sahraouie ont eu un impact négatif sur les perspectives de résolution du conflit du Sahara occidental, en amplifiant la dynamique de pouvoir négative qui a conduit à l’échec des tentatives passées de rétablissement de la paix. Les décisions de cette semaine pourraient progressivement commencer à inverser la tendance.
    La Cour a également renforcé la position internationale du Polisario, en réaffirmant son statut de représentant légal international du territoire du Sahara occidental et de son peuple – une chose contre laquelle le Maroc, la Commission et le Conseil ont vigoureusement plaidé. Comme la Cour l’a souligné, l’autorité du Polisario se limite non seulement à sa participation au processus de paix sans issue mené par l’ONU, mais aussi à l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental. Cela a donné au Polisario un coup de pouce important après la proclamation l’année dernière par le président américain Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. (Une déclaration qui s’est d’ailleurs avérée sans rapport avec les délibérations de la Cour).
    L’UE a subordonné sa politique du Sahara occidental (et l’autodétermination sahraouie) à sa volonté de développer et de maintenir des relations bilatérales étroites avec le Maroc. C’est ce qui ressort de la déclaration commune publiée par le Service européen pour l’action extérieure au nom du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères Josep Borrell et du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, quelques minutes seulement après l’arrêt de la Cour, s’engageant à renforcer la coopération dans « un climat de sérénité ». Cet effort pour apaiser Rabat reflète à quel point l’UE se sent dépendante du Maroc vis-à-vis de ses intérêts fondamentaux, à savoir la coopération antiterroriste, le contrôle des migrations et le transit du gaz.d’Algérie. Le gouvernement marocain a à son tour volontairement exploité ces intérêts pour dissuader l’UE et ses États membres d’adopter des positions jugées trop favorables au Polisario ou sapant les revendications marocaines sur le territoire.
    Mais en considérant la question du Sahara occidental exclusivement à travers le prisme de ses relations avec le Maroc, le Conseil se retrouve aujourd’hui pris entre ses volontés politiques et ses obligations juridiques, sans aucune voie réaliste. Comme la Cour l’a indiqué, la seule base légale pour les relations de l’UE avec le Sahara occidental est d’obtenir le consentement du peuple du Sahara occidental représenté par le Polisario. Bien que juridiquement simple, les responsables de l’UE et des États membres ont continuellement exclu une telle possibilité étant donné la profonde colère que cela provoquerait à Rabat. Malgré l’épuisement des arguments juridiques, le Conseil peut encore faire appel des décisions – à la demande de la France et de l’Espagne qui (avec une organisation agricole marocaine) se sont jointes à la procédure judiciaire pour défendre les accords passés.
    Plutôt que de continuer à travailler main dans la main avec le Maroc pour retarder l’inévitable, le Conseil ferait bien d’affronter la réalité, aussi meurtrière soit-elle. Après avoir soutenu publiquement Rabat à plusieurs reprises, au détriment de l’engagement de l’UE envers le droit international, le Conseil doit maintenant réduire ses pertes. Cela risquera sans doute une nouvelle crise. Mais il devrait tirer confiance de la capacité avérée de l’UE à rester relativement unie et à résister aux efforts du Maroc pour « armer la migration » – comme elle l’a fait en mai lorsqu’elle a encouragé des milliers de migrants à entrer dans la ville espagnole de Ceuta, sur la côte nord-africaine. Si l’UE a clairement intérêt à maintenir des relations étroites, elle ne doit pas accepter la poursuite du « chantage » marocain .
    Par-dessus tout, le Conseil devrait apprécier le bien politique qui peut découler de la mise en œuvre correcte des lois de l’UE. Au-delà de la défense de l’intégrité de l’ordre juridique de l’UE, la Cour a fourni un moyen de rééquilibrer les relations avec le Maroc, et a donné au Conseil un alibi parfait : il n’a d’autre choix que de respecter les décisions de la Cour. En tant que partie la plus forte, l’UE a beaucoup moins à perdre de toute perturbation des relations à plus long terme, surtout à un moment où la situation socio-économique du royaume reste fragile.
    Comme le dernier épisode le révèle à nouveau, un conflit non résolu au Sahara occidental continuera d’avoir un impact sur les intérêts européens, en particulier la coopération bilatérale avec le Maroc. Ignorer l’éléphant dans la pièce n’est plus une option. Comme la Cour l’a clairement indiqué, il ne peut y avoir de séparation entre les relations de l’UE avec le Sahara occidental et le Maroc du conflit plus large. Le résoudre est donc dans l’intérêt de l’UE.
    Plutôt que d’essayer encore une fois de supprimer l’autodétermination sahraouie et de contester les décisions de la CJUE, le Conseil devrait saisir la nomination prévue du diplomate vétéran de l’UE Staffan de Mistura comme nouvel envoyé des Nations Unies au Sahara occidental pour relancer un processus de paix crédible dirigé par l’ONU. . En cours de route, l’UE pourrait constater que la décision de cette semaine – combinant les pouvoirs normatifs et commerciaux de l’UE – lui donne un levier précieux pour aider à pousser et pousser les parties vers un futur accord basé sur le concept de libre association (une solution signalée par le Rechercher). Cela permettrait de réaliser l’autodétermination sahraouie grâce au partage du pouvoir avec le Maroc conformément au droit international, fournissant enfin une base juridique et politique solide pour le commerce avec le Sahara occidental.
    Hugh Lovatt
    Chercheur principal en politique
  • Andalousie : Crise à cause des tomates sahraouies

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    La fraude des tomates sahraouies vendues comme des tomates marocaines, qui fait sombrer les producteurs andalous, atteint Bruxelles
    -Les producteurs de tomates espagnols perdent 25 millions d’euros en raison de la « concurrence déloyale » du Maroc
    -Double invasion du Maroc : 150 tonnes de fruits déversés à Almeria pour protester contre les prix bas
    -Barcode 611 : Les agriculteurs sont invités à éviter d’acheter des produits marocains dans les supermarchés

    Des importations frauduleuses de tomates originaires du Sahara Occidental, que le Maroc ré-étiquette et vend en Europe comme produit local, ont atteint le Parlement européen. Les exportations détruisent l’agriculture andalouse et le producteur national et Bruxelles devra prendre position sur la question.

    L’eurodéputé Cs et porte-parole du commerce international au Parlement européen, Jordi Cañas, a demandé qu’une mission de la commission du commerce international du Parlement européen se rende au Maroc pour enquêter sur cette fraude.

    Un rapport de l’ONG Mundubat souligne qu’entre 7 et 14% des tomates que le Maroc exporte vers l’Europe proviennent des champs de Dakhla, situés au Sahara occidental, qui est illégalement occupé par le Maroc. De là, elles sont transportées à Agadir, déjà sur le sol marocain, et mélangées à des tomates de la région du Souss. Enfin, ils sont emballés et étiquetés comme un produit du royaume alaouite.

    Pas plus tard que ce mercredi, le Tribunal de l’Union européenne (TUE) a annulé les accords de pêche et agricoles entre l’UE et le Maroc pour avoir inclus des produits du Sahara occidental dans leur application, bien qu’il maintienne l’application de ces accords commerciaux « pour une certaine période » afin de « préserver l’action extérieure de l’Union et la sécurité juridique de ses engagements internationaux ».

    « Manque de respect » pour le Parlement européen

    Jordi Cañas, qui espère que les autres forces politiques se joindront à cette initiative, a reproché au commissaire à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, de prendre le parti du Maroc et de ne pas décider d’enquêter sur les plaintes qu’il lui a transmises, selon une note du parti.

    L’eurodéputé a écrit au commissaire en juin pour l’avertir de cette possible fraude, qui a été dénoncée par le secteur agricole et commercial européen, les ONG et la société civile.

    Dans sa réponse, Wojciechowski nie ces allégations et défend les autorités marocaines, « qui sont néanmoins complices de la situation dénoncée par leur participation dans des sociétés impliquées dans la production et l’exploitation irrégulières de tomates au Sahara occidental », a dénoncé Jordi Cañas.

    L’eurodéputé libéral a critiqué l’attitude du commissaire qui fuit ses responsabilités et n’enquête pas sur les faits, alors qu’il s’agit d’une pratique qui viole les règles européennes et l’accord d’association entre l’UE et le Maroc.

    « La réponse reçue montre un manque d’engagement politique pour aborder et enquêter sur les problèmes signalés par cette institution, ainsi qu’un manque de respect et de déférence envers les représentants des citoyens qui composent cette Assemblée et interrogent la Commission », a critiqué Jordi Cañas, qui a soumis à nouveau les questions qu’il a déjà enregistrées, mais en exigeant que la réponse soit adéquate et argumentée.

    Avec environ 4 millions de tonnes par an, l’Espagne est l’un des principaux producteurs de tomates de l’Union européenne, mais elle a besoin des exportations pour la survie du secteur et l’augmentation des ventes marocaines sur les marchés de l’UE a entraîné une chute des prix et des ventes, qui sont passées de plus d’un million de tonnes à 711 000 l’année dernière.

    OK Diario, 29/09/2021

  • Victoire historique du peuple sahraoui

    Sahara Occidental, Maroc, TJUE, #Maroc, #Sahara_Occidental, 

    LE TRIBUNAL EUROPÉEN ANNULE LES ACCORDS COMMERCIAUX MAROC-UE AU GRAND DAM DU ROYAUME DE M6 : Victoire historique du peuple sahraoui
    Le peuple sahraoui venait à recouvrer l’un des droits fondamentaux d’exercice de sa souveraineté sur ses propres territoires occupés par le royaume marocain qui, à travers l’accord commercial arbitraire et injuste à tous points de vues conclu avec l’Union européenne, se donne le droit de spolier les richesses d’un peuple qui, plus, est soumis à la colonisation.
    Pas que, en déclarant que le Front Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui qui a toute la latitude d’agir comme tel, la justice européenne inflige un autre camouflet au Maroc dans sa politique d’expansion.
    En effet, fort attendue par les Sahraouis depuis plusieurs semaines, le Tribunal de l’Union européenne a statué hier sur deux accords sur la pêche et l’agriculture liant le Maroc à l’UE et étendus au Sahara occidental occupé par une décision d’annulation pure et simple. Le verdict a été accueilli avec beaucoup de satisfaction au Sahara occidental, peuple et gouvernement, alors qu’il est tombé tel un couperet sur le royaume marocain. 
    Autrement dit, les Sahraouis sont rétablis dans un droit naturel et le régime marocain est acculé davantage dans sa politique colonialiste et mis à nu aux yeux du monde entier. « Le Tribunal annule les décisions du Conseil relatives d’une part à l’accord entre l’UE et le Maroc modifiant les préférences tarifaires accordées par l’UE aux produits d’origine marocaine ainsi que d’autre part à leur accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable », souligne ainsi le communiqué du Tribunal à l’issu de l’examen du recours introduit par le Front Polisario.
    En sus, la justice européenne a affirmé que le Front Polisario est le seul représentant légal du peuple du Sahara qui dispose de l’autonomie et de la responsabilité pour agir devant la justice européenne au nom du peuple sahraoui. « Le tribunal constate que le requérant est reconnu sur le plan international en tant que représentant du peuple du Sahara occidental, même à supposer que cette reconnaissance s’inscrit dans le cadre limité du processus de ce territoire. 
    En outre sa participation à ce processus implique qu’il dispose de l’autonomie et de la responsabilité nécessaire pour agir dans ce cadre », souligne le communiqué, reconnaissant de fait le droit absolu des Sahraouis de décider en toute souveraineté sur le sort de leurs propres richesses. 
    Enfin, affirme le tribunal, « les exigences de la protection juridictionnelle effectives imposent de reconnaître au requérant la capacité d’introduire un recours devant le tribunal pour défendre le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », affirme le tribunal.
    Seul le consentement du peuple sahraoui importe désormais
    Également décidé par le tribunal de l’UE, le critère des bénéfices inscrit comme clause dans ces accords aux Sahraouis ne peut pas se substituer à l’exigence de l’expression du consentement du peuple sahraoui. Sur ce, le Tribunal relève que « les institutions ne sauraient valablement se fonder sur la lettre du 29 janvier 2002 du conseiller juridique de l’ONU pour substituer le critère des bénéfices des accords litigieux pour les populations concernées à l’exigence de l’expression dudit consentement ». Cependant, précise le tribunal dans ses résolutions, « les démarches entreprises par les autorités de l’Union avant la conclusion des accords litigieux ne peuvent être considérées comme ayant permis de recueillir le consentement du peuple du Sahara occidental à ces accords, conformément au principe de l’effet relatif des traités, tels qu’interprété par la Cour ».
    Avec cette décision, le Tribunal européen corrobore l’arrêt de justice de 2016 stipulant alors que « les investissements au Sahara occidental doivent être faits avec le consentement du peuple sahraoui et met fin à la notion du bénéfice aux populations » prévue dans l’avis de 2002 du Conseiller juridique de l’ONU, de Hans Corell.
    Réagissant, hier, à cette décision pour le moins historique, le Front Polisario s’est réjoui d’une « victoire triomphale du peuple sahraoui devant la justice européenne ce mercredi 29 septembre 2021, le Tribunal de l’Union européenne a rendu deux arrêts historiques pour la cause sahraouie ».
    Farid Guellil
  • EUCOCO : Les relations privilégiées de l'UE avec le Maroc ont contribué à déstabiliser la région

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    COMMUNIQUÉ DE PRESSE
    L’arrêt du Tribunal de la Cour de Justice européenne à Luxembourg vient d’annuler les accords d’association UE-Maroc
    L’arrêt du Tribunal de la Cour de Justice européenne à Luxembourg, de ce 29 septembre 2021, vient d’annuler les accords d’association UE-Maroc tels qu’ils ont été signés en 2019 et confirme par ailleurs que le Front Polisario est le représentant légitime du peuple sahraoui, habilité à le représenter devant les instances internationales.1
    Les accords d’association UE-Maroc sont déclarés contraires à la règle de consentement nécessitant la consultation du peuple sahraoui, représenté par le Front Polisario. Le tribunal reconnaît en effet la capacité d’agir en justice du Front Polisario devant les juridictions européennes pour défendre les droits fondamentaux du peuple sahraoui.
    Il ne peut dès lors y avoir d’accords économiques et commerciaux au Sahara Occidental qu’avec le consentement du « peuple sahraoui » qui est souverain chez lui.
    Dès lors la cour précise que les consultations et démarches entreprises par les autorités de l’U.E. avant la conclusion des accords litigieux, tels qu’elles ont été menées par la Commission européenne, sont illégales et ne peuvent pas remplacer le consentement libre et authentique du peuple sahraoui.
    Cet arrêt est historique et réaffirme clairement le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’autodétermination et la souveraineté du peuple sahraoui sur la totalité de son territoire.
    Pour donner l’éclairage le plus complet sur cet important arrêt du Tribunal de la Cour Européenne de Justice, la Task Force et l’Intergroupe Paix pour le peuple sahraoui du Parlement européen organiseront ces prochains jours à Bruxelles une conférence internationale de juristes éminents.
    La Task Force de l’EUCOCO appelle les Etats membres, la Commission européenne et le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell, à respecter la lettre et l’esprit de cet arrêt de justice. La Task Force de l’EUCOCO appelle le Conseil et la Commission européenne à rééquilibrer leurs relations privilégiées et non conformes aux prescrits du droit international avec le Royaume du Maroc, qui ont contribué à déstabiliser la région.
    Bruxelles le 29 septembre 2021
  • Sahara Occidental: Une nouvelle gifle pour le Maroc

    Sahara Occidental: Une nouvelle gifle pour le Maroc

    Sahara Occidental, Maroc, TJUE, UE, #Maroc, #Sahara_Occidental, accord de pêche,

    Le Front Polisario vient de remporter une importante manche dans sa bataille économique contre l’occupant marocain. Le Tribunal de l’Union européenne a prononcé ce mercredi 29 septembre l’annulation des deux accords de pêche et d’agriculture liant le Maroc à l’Union européenne et étendus au Sahara Occidental occupé.

    Le Tribunal a affirmé que ces accords ont été conclus en violation de la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de 2016 et sans le consentement du peuple du Sahara Occidental.
    “Le Tribunal annule les décisions du Conseil relatives d’une part à l’accord entre l’UE et le Maroc modifiant les préférences tarifaires accordées par l’UE aux produits d’origine marocaine ainsi que d’autre part à leur accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable”, souligne le communiqué du Tribunal de l’Union européenne. Ces accords resteront toutefois en vigueur pendant deux mois « afin de préserver l’action extérieure de l’Union et la sécurité juridique de ses engagements internationaux », selon l’arrêt de ce Tribunal.

    Le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne (UE), Oubi Bachir Bouchraya s’est félicité sur Twitter du verdict qui vient de tomber en annulant les deux accords de partenariat et de pêche signés entre Bruxelles et Rabat.

    “Une grande victoire pour la question sahraouie. La CJUE annule les deux accords de partenariat et de pêche signés entre l’UE et le Maroc à cause de la violation des décisions précédentes de la Cour “, a twitté Oubi Bachir Bouchraya.
    “Cette décision, rappelle le diplomate sahraoui, intervient après deux recours introduits par le Front Polisario en 2019”, ajoutant qu’un “communiqué officiel sera publié prochainement”.

    Il faut souligner que cet arrêt du Tribunal basé à Luxembourg était très attendu, après les recours déposés par le Front Polisario, qui dénonce depuis des années l’exploitation honteuse des ressources halieutiques et naturelles que recèle le territoire sahraoui.

    Le Maroc et l’UE sont liés par un accord d’association, signé en 1996 et entré en vigueur le 1er mars 2000, qui englobe le Sahara occidental. Ce partenariat prévoit l’application de tarifs préférentiels aux produits du territoire et stipule que ces derniers bénéficient de préférences commerciales.

    Pour les 27 membres de l’UE, l’un des principaux enjeux porte sur le déploiement de la flotte de pêche européenne dans les eaux adjacentes du Sahara occidental. Le protocole de pêche conclu entre l’Union et le Maroc – renouvelé en mars 2019 et annulé hier — permet à 128 navires européens d’accéder durant quatre ans aux zones de pêche des eaux atlantiques marocaines, y compris au large du Sahara occidental.

    Or, cet accord signé à l’époque n’avait pas pris en considération le statut du territoire sahraoui, tel que défini par les résolutions du Conseil de Sécurité et l’organisation des Nations unies, ainsi que par la situation qui prévale dans les territoires occupés. L’existence déjà de la Minurso, depuis la signature des accords de cessez le feu en septembre 1991, et qui est un organe qui doit préparer et organiser un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, est une preuve éclatante du fait colonial marocain et de sa politique d’exploitation des richesses de ce territoire.

    Pour rappel, en décembre 2016, la Cour de justice de l’Union (CJUE) a jugé que l’accord d’association UE-Maroc ne s’appliquait pas au Sahara occidental car le territoire sahraoui dispose d’un statut séparé et distinct de celui du Royaume du Maroc.

    “Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la charte des Nations Unies et du principe d’autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l’expression ‘territoire du Royaume du Maroc’, qui définit le champ territorial des accords d’association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire”, avait souligné la CJUE dans sa décision.

    En outre, le peuple Sahraoui n’avait pas donné son consentement à l’application de cet accord à son territoire national.

    Par une série trois arrêts rendus en 2018 et 2019, les juridictions européennes ont étendu cette solution à l’ensemble des accords UE-Maroc, excluant le Sahara occidental du champ d’application de l’accord de pêche et de l’accord d’aviation UE-Maroc.

    Toutefois, la Commission européenne, sous la pression de la France, avait négocié deux nouveaux accords avec le Royaume du Maroc – un accord agricole et un accord de pêche – incluant explicitement la zone sous occupation marocaine du Sahara occidental, en mettant en avant de prétendues consultations avec l’occupant marocain et les colons.

    Dans une déclaration à la presse, à la veille du verdict du Tribunal, Me Gilles Devers avocat du Front Polisario, avait estimé que la décision qui sera prononcé par le Tribunal européen conforte l’arrêt de 2016 qui “a déclaré l’illégalité des pratiques antérieures et cela nous permet de fonder le recours en responsabilité” (action à travers laquelle il est possible d’exiger des dédommagements).

    Me Devers fera remarquer, par ailleurs, que la Commission européenne a dit souhaiter ( énième subterfuge français) consulter les populations du Sahara occidental pour savoir si elles étaient d’accord que les contrats conclus avec le Maroc soient étendus au Sahara occidental, or “les représentants de la Commission européennes sont allés consulter des colons et des entreprises européennes travaillant au Maroc”.

    Avec cette nouvelle victoire juridique du peuple sahraoui, beaucoup d’observateurs s’attendent à un changement important chez les pays européens, qui vont décider de ne plus avantager un régime occupant un territoire et pillant ses richesses halieutiques et minières. Selon eux, la pseudo-souveraineté marocaine sur le Sahara occidental est une énorme fiction. Il n’en demeure pas moins que la France est le plus grand moteur de l’investissement européen dans les territoires occupés, et veut à tout prix maintenir ce statut privilégié. Elle est suivie par des entreprises de pêche espagnoles, notamment en raison de leur proximité territoriale et linguistique.

    Selon des estimations des experts et juristes, chaque année, c’est 500 à 600 millions d’euros sont volés au peuple sahraoui grâce à ce pillage systématique.
    Situé sur la côte Atlantique et bordé par le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie, le Sahara occidental est riche en phosphates et son littoral, long de 1,100 km, est l’une des zones les plus poissonneuses dans le monde.

    Par Mohamed K.

    Le Jeune Indépendant, 30/09/2021