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Sahara Occidental : Le Pérou défend le rétablissement des relations avec la RASD
Sahara Occidental, Maroc, Pérou, RASD, #SaharaOccidental, #Maroc,Li Ministre des Affaires Etrangères du Pérou, Oscar Martua, a défendu, lundi dernier, devant la Commission des affaires étrangères du Congrès péruvien, sa décision de rétablir les relations diplomatiques avec la République arabe sahraouie démocratique.« Une décision qui reflète la trajectoire historique du Pérou en tant que pays de tradition démocratique respectant les principes et fondements du droit international», a déclaré Maurtua devant le Congrès péruvien au cours d’une audition sur la reprise des relations entre le Pérou la RASD.Selon EuropaPress, le ministre a indiqué que le Pérou avait agi dans le respect du droit à l’autodétermination des peuples et sur la base de l’arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) de 1975. Il a précisé que dans ce document de la CIJ faisant référence à la question du Sahara occidental, il est précisé «qu’il s’agit d’un territoire non autonome et par conséquent il n’y avait aucun obstacle empêchant le peuple sahraoui de jouir de son droit à l’autodétermination, exprimé en 1976 lors de la proclamation de son indépendance».Maurtua a ensuite souligné qu’avec cette décision le Pérou adopte une position selon laquelle les deux parties ((Maroc et Front Polisario) sont perçues sur un pied d’égalité en tant qu’acteurs impliqués dans le processus de dialogue sous l’égide de l’ONU, en vue de parvenir à une solution politique, négociée, équitable et conforme au droit international.Il a réitéré, à ce titre, le soutien de Lima à des négociations directes sous les auspices du secrétaire général des Nations unies rappelant que son pays avait reconnu la RASD comme «Etat souverain et indépendant» le 16 août 1984, à l’époque du gouvernement de Fernando Belaunde.La décision du gouvernement a été saluée par plusieurs hommes politiques au Pérou, notamment par le secrétaire général et fondateur du parti péruvien de gauche, Pérou Libre, Vladimir Cerron, qui a remercié le président Pedro Castillo, pour avoir rétabli les relations diplomatiques avec la RASD.Margot Palacios, membre du congrès péruvien, a également salué le président Castillo pour le rétablissent des relations diplomatiques, après une rupture de 25 ans.A l’international, le membre de la Chambre des représentants de Colombie, German Navas Talero, s’est félicité du rapprochement entre les deux pays, évoquant «une démonstration de respect pour l’autodétermination des peuples» de la part du Pérou.Le Pérou avait reconnu la RASD en 1984 sous le mandat du président Fernando Belaunde avant de rompre ses relations 12 ans après avec la République sahraouie durant le règne d’Alberto Kenya Fujimori.A l’époque, Fujimori, influencé par son conseiller Vladimiro Montesino, acquis aux thèses du Makhzen, avait pris cette décision contre une contrepartie financière, avaient révélé, à l’époque, des sources péruviennes à Lima. -
Algérie/ Diplomatie : le grand toilettage
Algérie, diplomatie, Maroc, Sahara Occidental, #Maroc, #Algérie, #SaharaOccidental,Longtemps presque en hibernation, la diplomatie algérienne connaît une certaine métamorphose. Depuis quelque temps déjà elle a entamé sa mue.Une mue qui va en s’accélérant dans le but de permettre à l’Algérie de jouer un plus grand rôle sur le plan international. Et cela est d’ores est déjà palpable puisque la diplomatie algérienne est déjà présente en force sur de nombreux dossiers régionaux notamment. L’on peut, à ce titre, citer la crise en Libye et la question malienne. Ou encore tout récemment le conflit sur le barrage de la renaissance entre le Soudan , l’Égypte ou et l’Éthiopie. Et cette présence promet de s’étendre à l’avenir et de se renforcer davantage.En effet, dans la lancée de ce redéploiement tous azimuts tous azimuts le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, vient d’opérer, dans le sillage de l’adoption du Plan d’action du gouvernement en Conseil des ministres, de nouveaux changements à l’effet de donner encore plus dedynamisme à la diplomatie nationale.Il a ainsi décidé de créer sept postes d’envoyés spéciaux pour booster la diplomatie algérienne. Cela aussi parallèlement à l’annonce d’un vaste mouvement dans l corps diplomatique qui concerne plus de 70 postes diplomatiques et consulaires. Cela augure d’un redéploiement inédit de l’Algérie sur la scène internationale.Cette décision à pour objectif de conférer à l’appareil diplomatique algérien la flexibilité pour faire face aux multiples enjeux de l’heure. Les sept envoyés spéciaux nommés, qu travailleront sous l’autorité directe du ministre des Affaires étrangères, vont conduire l’action internationale de l’Algérie sur sept axes d’efforts essentiels reflétant les intérêts du pays et ses priorités.Des diplomates chevronnés et qui on une carrière diplomatique très riche ont été choisis pour occuper ces sept postes diplomatiques de hauts rang. Le choix du chef de’ l’État pour les postes d’émissaires spéciaux s’est ainsi porté sur Amar Belani, chargé de la question sahraouie et des pays du Maghreb arabe, Ahmed Benyamina, en sa qualité de responsable des questions relatives à la sécurité internationale, Boudjemaa Dilmi, chargé des questions africaine, notamment les questions géostratégiques de la région du Sahel, le Sahara ainsi que la présidence du Comité de suivi de l’accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.Il s’agit aussi de Taous Haddadi Djellouli, chargée du dossier de la communauté nationale établie à l’étranger, d’Abdelkrim Harchaoui, chargé de la diplomatie économique, de Noureddine Aouam, chargé du dossier des États arabes et de Leila Zerrougui, chargée des grands partenariats internationaux.Comme on constate, ce sont là des diplomates aux compétences avérés qui vont certainement contribuer, puisque c’est le principal objectif de leur nomination, à donner à la diplomatie algérienne un nouveau souffle.Selon le communiqué de la présidence de la République, rendu public hier, cette création de ces sept émissaires spéciaux à pour objectif de redonner à la diplomatie algérienne une force de proposition et d’influence et consolider sa présence tant à l’échelle régionale qu’internationale.Par : KAMAL HAMEDLe Midi Libre, 06/09/2021 -
Le Maroc continue le pillage du phosphate sahraoui
Sahara Occidental, Maroc, phosphates, #Maroc, #SaharaOccidental,Malgré son interdiction, le Maroc continue le pillage du phosphate sahraouiL’Association pour la surveillance des ressources et la protection de l’environnement du Sahara Occidental AREN a fait état de l’interception de 3 navires de différentes nationalités qui s’apprêtaient à transporter 175.959 tonnes de phosphate sahraoui, dans le cadre du pillage systématique des richesses sahraouies par le Maroc.L’Association pour la surveillance des richesses naturelles et la protection de l’environnement du Sahara Occidental a intercepté, vendredi, deux navires en face du port de Laâyoune occupée qui s’apprêtaient à entrer et récupérer une cargaison de phosphate livrée par l’occupation marocaine, a-ton révélé dans un communiqué publié dans sa page facebook.Il s’agit en fait, du navire battant pavillon libérien ILIA immatriculé IMO 9490650 et du navire battant pavillon suisse GENAVA, immatriculé IMO 9731248, ajoutant que le navire battant pavillon panaméen IVS HAYAKITA, immatriculé 9760158 les avait rejoint tard dans la soirée.Nassima A.Algérie62, 06/09/2021 -
Sahara Occidental : L’UA refuse de cautionner le coup de force du Maroc
Sahara Occidental, Maroc, Union Africaine, élections, #SaharaOccidental, #Maroc,Le Makhzen marocain veut s’essayer à la politique par « l’absurde». En effet, après avoir tenté des coups de bluff envers l’Algérie en versant tantôt dans le complot via des sous-traitants et tantôt par la menace en agitant l’épouvantail Israël voilà qu’il tente le coup de Jarnac avec l’Union africaine. Sinon comment expliquer la manœuvre du gouvernement d‘El-Othmani de solliciter cette organisation continentale pour déléguer des observateurs censés superviser les élections locales qu’il compte organiser dans les prochains jours. Et le hic est que ce scrutin concerne même les territoires occupés de la RASD. Feint-il d’oublier que parmi les pays fondateurs de l’UA figure la République arabe sahraouie démocratique, ce qui ne lui permet pas de cautionner un scrutin qui va se dérouler dans le territoire occupé d’un de ses membres ?Ce serait se déjuger, puisque l’UA soutient les résolutions onusiennes qui reconnaissent, au Sahara occidental, le statut de territoire occupé par le Maroc. Mais au fond, la filouterie du Makhzen ne s’arrête pas à de simples considérations de forme mais tend au final à faire admettre (in-fine ndlr), par l’Union africaine, la marocanité des territoires du Sahara occidentalLe refus de l’UA de « marcher » dans la combine du Maroc et de tomber dans le piège du Makhzen, en restant loin de son jeu machiavélique, prouve que la communauté internationale n’a pas adoubé la thèse de la marocanité des territoires occupés. Rabat qui avait, depuis quelques mois invité plusieurs pays à ouvrir des représentations diplomatiques à Laayoune, n’a pas réussi son coup.Mieux encore, le soutien des Etats-Unis qu’il agitait comme un argument massue n’est plus valable depuis le départ de l’administration Trump. Aujourd’hui, l’échec du Maroc à légitimer son occupation, depuis 1975, des territoires de la Rasd est évident.Il ne se passe pas un jour sans qu’un camouflet ne vienne lui rappeler que les résolutions onusiennes sont le seul cadre pour régler le problème de la plus ancienne colonie dans le continent.Il faut rappeler par ailleurs que le Maroc qui veut donner un air de transparence aux élections qu’il compte organiser est passé maitre dans l’art de la manipulation de l’opinion publique. Il a loué les services de plusieurs agences de communication pour véhiculer l’image d’une démocratie d’ouverture et de transparence qui s‘installe à l’ombre du Palais.En effet, malgré toutes les opérations de lifting de son image et les opérations de lobbying orchestrées par le Makhzen, le Maroc est aujourd’hui cité comme le pays où les droits de l’Homme sont foulés aux pieds. Tazmamart, la prison de sinistre mémoire a été certes fermée, mais aujourd’hui c’est tout le royaume qui s’est transformé en un vaste cachot où les militants du Rif, Sahraouis ou encore les militants pour les droits de l’Homme sont persécutés, torturés quand ils ne sont pas carrément liquidés.Les organisations internationales de défense des droits de l’Homme sont déclarées personna non grata au Maroc et le refus de l’UA de dépêcher des observateurs pour donner du crédit au simulacre d’élections qu’il compte organiser.Aujourd’hui, il ne lui reste que son nouvel allié pour fanfaronner et tenter de présenter cet évènement comme un tournant dans son histoire contemporaine.Slimane B.Le Courrier d’Algérie, 05/09/2021 -
Cowboys au Maghreb
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Jorge Dezcallar
On dirait que notre Maghreb voisin est devenu plein de cow-boys inexpérimentés, ceux qui, voulant tirer plus vite, appuient sur la gâchette avant d’avoir fini de dégainer et se tirent une balle dans le pied. C’est ce qui se passe ces jours-ci au Maroc et en Algérie, deux pays qui n’ont pas été touchés par les convulsions du printemps arabe parce que le roi Mohammed VI, qui l’avait vu venir, a procédé à des réformes constitutionnelles cosmétiques qui ont mis fin aux protestations sans céder un pouce de pouvoir, alors que les Algériens, échaudés par dix ans de guerre civile au début du siècle, se sont limités à des manifestations qui ont fait tomber le président Bouteflika, octogénaire et malade, sans toucher aux véritables maîtres du pays, l’armée et les services de renseignement.
Les relations entre l’Algérie et le Maroc n’ont jamais été bonnes. Le Maroc a soutenu l’héroïque lutte anticoloniale de l’Algérie dans l’espoir naïf qu’après l’indépendance, elle lui rendrait les vastes territoires sahariens que Paris lui avait arrachés d’un trait de carte en se retirant du Maroc en 1956 et en pensant que l’Algérie serait toujours française. Lorsque l’Algérie refuse de le faire, la « guerre des sables » éclate, que le Maroc perd en 1963.
Depuis lors, il existe un mauvais sentiment entre les deux pays, qui s’est aggravé avec le soutien de l’Algérie au Front Polisario et sa décision de fermer la frontière en 1994 après un attentat terroriste à Marrakech dont Rabat l’a accusé. Tout cela a fait de l’Union du Maghreb arabe une lettre morte et a empêché la région de partager ses nombreuses ressources naturelles et humaines et de devenir un interlocuteur uni et fort de l’UE.
Aujourd’hui, l’Algérie a décidé de faire un nouveau pas dans la mauvaise direction et de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc. Elle accuse le Maroc de soutenir les mouvements indépendantistes kabyles, de l’espionner à l’aide de technologies israéliennes sophistiquées et même de mettre le feu à ses forêts. Et le roi du Maroc, qui une fois de plus l’a vu venir, a décidé qu’il ne pouvait pas être en désaccord avec ses deux plus importants voisins en même temps et a fait de son mieux pour raccommoder la relation bilatérale avec l’Espagne, qu’il avait lui-même ruinée en prétendant que nous suivions les traces de Donald Trump. Car la racine du problème actuel n’est autre que la déstabilisation que Trump a produite dans la région du Maghreb avec ses accords d’Abraham, qui l’ont conduit à reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara en échange de l’établissement par Rabat de relations diplomatiques avec Israël, ce qui a profondément irrité Alger.
Derrière le différend actuel se cache une lutte sans merci pour l’hégémonie régionale, dans laquelle le Sahara occidental joue un rôle clé. En effet, un Sahara indépendant et peu peuplé serait une marionnette aux mains de l’Algérie qui « cernerait » le Maroc contre la pointe nord-ouest du continent, tandis qu’un Sahara sous souveraineté marocaine éviterait un tel étau et l’ouvrirait sur l’Afrique subsaharienne.
C’est là le véritable problème. Le Maroc, voyant à juste titre que l’Algérie traverse actuellement une période de faiblesse interne, a fait pression sur elle et Alger a répondu en rompant ses relations… peut-être aussi pour détourner l’attention de ses nombreux problèmes internes.
Ce qui s’est passé nous affecte parce que l’instabilité du Maghreb n’est jamais une bonne nouvelle et parce qu’Alger a décidé de ne plus nous envoyer de gaz par le gazoduc du Grand Maghreb (GGM) – qui traverse le territoire marocain sur 145 kilomètres jusqu’à Gibraltar – afin de priver son voisin des taxes qu’il perçoit pour le transit (environ 100 millions d’euros par an, bien que le chiffre varie fortement) et aussi du gaz bon marché dont bénéficient 45 % de sa population.
En même temps – et pour ne pas nous nuire – elle a renforcé le gazoduc Medgaz (Duran-Farrell) à travers la mer d’Alboran, puisque l’Algérie fournit 29% du gaz que nous consommons. Mais la fermeture du GGM présente l’inconvénient qu’en cas de besoin d’exporter plus de gaz ou de panne de Medgaz, l’Algérie n’aurait pas de voie d’exportation alternative et ce serait nous (et l’Algérie elle-même) qui en souffririons.
Comme je l’ai dit, des cow-boys amateurs qui se tirent une balle dans le pied et nuisent à leurs citoyens avant tout, puis à leurs voisins.
Diario de Mallorca, 05/09/2021
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Le Maroc essuie un nouveau revers diplomatique au Royaume Uni
Sahara Occidental, Maroc, Royaume Uni, Grande-Bretagne, #SaharaOccidental, #MarocLE ROYAUME-UNI EXPOSE UNE CARTE OÙ LE SAHARA OCCIDENTAL APPARAIT SÉPARÉ DU MAROC : Rabat essuie un nouveau revers diplomatiqueLe Maroc et ses décideurs s’enferment dans leur bulle et vont même jusqu’à déclarer, à l’instar du clown-diplomate qui représente son pays à l’ONU, que la question du Sahara occidental est un «dossier clos».Mais la réalité géopolitique se rappelle à eux. Ainsi nouveau revers pour le Maroc, le gouvernement britannique a invité les ressortissants du Royaume-Uni à éviter de se rendre au Sahara occidental en raison des risques liés au coronavirus (Covid-19), dans un avis publié sur son site et dans lequel il a affiché une carte géographique où le territoire sahraoui apparaît séparé de celui du Maroc.« Le ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement international déconseille tout voyage sauf essentiel, dans l’ensemble du Sahara occidental sur la base de l’évaluation actuelle des risques liés à la Covid-19″, peut-on lire dans le message illustré par une carte des pays de l’Afrique du Nord où le Sahara occidental apparaît distinct et séparé du Maroc, comme il l’est dans les cartes internationales. De plus et pour des raisons de sécurité, le département des AE déconseille tout déplacement vers les zones du Sahara occidental à moins de 30 km au nord-ouest du mur de sable et les zones du Sahara occidental au sud-est du mur, ajoute-t-on.Le message du gouvernement britannique constitue une « réponse dure » à une campagne de propagande menée par le Maroc récemment concernant « une reconnaissance imminente par Londres de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et son intention d’ouvrir un consulat dans les territoires sahraouis occupés ».Une propagande relayée par des analystes mercenaires en Europe qui font croire que la folle décision de Trump de reconnaître la prétendue « souveraineté » du Maroc sur le Sahara occidental va changer la donne , alors que cette décision ne sera pas valide par le président Biden ni par le Congrès américain, les USA appelant a chaque fois à la mise en œuvre du processus de paix au Sahara occidental.Après la rupture des relations diplomatiques décidée par l’Algérie et ses implications, c’est le désespoir à Rabat où l’on singe le nouvel allié sioniste en faisant dans la fuite en avant.M. BendibLe Courrier d’Algérie, 05/09/2021 -
Espagne : la bourde dans l’enquête sur l’affaire Ghali
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Nekkache n’était pas le médecin, mais l’hôpital : la bourde dans l’enquête sur l’affaire Ghali – Le véritable nom du docteur est Lamine
Les rapports de police qui expliquent le passage du leader du Front Polisario à travers l’Espagne pour se faire soigner pour covid identifient le médecin personnel qui l’accompagnait avec des noms différents
Par Pablo Gabilondo
A minuit le 2 juin, l’aéroport de Pampelune a ouvert sa porte nord pour que deux personnes entrent dans une ambulance médicalisée : le leader du Front Polisario, Brahim Ghali, et son médecin personnel Atba Mohamed Lamine. L’identité de son compagnon est contenue dans un rapport de police du 30 août qui explique comment le leader sahraoui a quitté l’Espagne cette nuit-là. Jusque-là, les rapports précédents avaient identifié le médecin comme étant Mohamed Seghir Nekkache.
C’est l’histoire d’une danse des noms, de la façon dont le docteur de Ghali a été pris pour un homme clé du mouvement indépendantiste algérien décédé il y a plus d’une décennie.
Le premier chapitre remonte au mois de mai, lorsque trois agents se sont rendus à l’hôpital de Logroño où Ghali a été admis pour l’identifier sur ordre du juge. Ils y ont eu un « entretien confidentiel » avec un responsable de l’hôpital qui leur a expliqué que, le 18 avril, le leader sahraoui était arrivé accompagné de deux personnes : la première « un proche, sans autre information d’affiliation ». Le second est un « médecin de nationalité étrangère, éventuellement algérienne », qui leur remet un rapport médical dans lequel figure « Dr Mohamed Seghir Nekkache ».
La conclusion des agents était claire : le médecin accompagnant Ghali est « probablement » Nekkache lui-même. « Ghali est arrivé à l’aéroport dans une ambulance médicale, avec Atba Mohamed Lamine, qui prétendait être son médecin personnel »
En tout cas, cela « probablement » est rapidement devenu une déclaration peu de temps après. Plus précisément, le 10 mai, lorsque les agents sont retournés à l’hôpital pour remettre à Ghali le document avec lequel la Haute Cour nationale l’a convoqué à témoigner en tant qu’accusé le 1er juin. Le leader sahraoui a refusé de le signer car avant il voulait le consulter « avec l’ambassade d’Algérie et avec des personnes de confiance », explique ce deuxième rapport. « C’était aussi le souhait de Brahim de remettre la convocation au Dr Mohamed Seghir Nekkache, qui lui rend visite quotidiennement aux soins intensifs », ajoute-t-il.
À partir de là, Nekkache a commencé à apparaître dans la presse comme le médecin qui accompagnait Ghali. L’identification du médecin personnel du leader du Front Polisario reposait ainsi sur une simple hypothèse jusqu’au 2 juin à minuit, date à laquelle les agents de l’aéroport de Pampelune lui ont demandé de leur montrer ses papiers avant son départ d’Espagne : « Brahim Ghali est arrivé à ledit aéroport dans une ambulance médicale, accompagné d’Atba Mohamed Lamine, qui prétendait être son médecin personnel », explique le rapport de police du 30 août. « Des responsables de la Brigade provinciale des étrangers et des frontières de Pampelune ont procédé aux identifications pertinentes de toutes les personnes qui allaient embarquer dans l’avion à destination de l’Algérie.
Pourquoi alors a-t-il été identifié comme étant le Dr Nekkache en premier lieu ? Comme l’annonçait El Confidencial en mai dernier, l’erreur s’explique par les rapports médicaux que l’entourage accompagnant Ghali a remis à l’hôpital de Logroño après son admission le 18 avril.
On y lit « le docteur Mohamed Seghir Nekkache », mais ce n’est pas le nom de son médecin, mais de l’hôpital militaire d’Alger où le leader sahraoui avait été soigné pour le covid avant d’arriver en Espagne. Le centre a été nommé en l’honneur de Mohamed Seghir Nekkache, médecin et homme clé du mouvement indépendantiste algérien devenu en 1962 ministre de la Santé.
Et pourquoi n’a-t-il pas été correctement identifié lorsqu’il est arrivé en Espagne avec Ghali en avril ? Cette question correspond à l’enquête que le chef du tribunal d’instruction numéro 7 de Saragosse, Rafael Lasala, a en main. Le magistrat maintient un dossier ouvert pour d’éventuels délits de falsification de passeport, il soupçonne qu’il passe par la manière dont l’entrée et la sortie du leader sahraoui d’Espagne ont été orchestrées.
Pour le moment, Lasala a déjà convoqué Camilo Villarino, l’ancien directeur du cabinet d’Arancha González Laya, à témoigner en tant qu’accusé, qui a donné l’ordre que Ghali et son entourage n’aient pas à passer le contrôle douanier à leur arrivée à Pampelune. « La personne qui a communiqué par téléphone avec l’état-major de l’armée de l’air le 18 avril était le soussigné, Camilo Villarino Marzo », a-t-il expliqué dans une lettre du 9 juillet.
« Au cours des communications, relatives à l’arrivée de l’avion objet d’intérêt, tout au long du 18 avril entre le soussigné et le deuxième chef d’état-major général de l’Air, Francisco Javier Fernández Sánchez, il a demandé à propos des heures 17 : 30 si nous voulions (MAUC) faire effectuer les procédures douanières ou d’immigration. Le soussigné a répondu que ce n’était pas nécessaire. «
Quelques heures plus tard, le leader sahraoui est arrivé à Logroño avec son médecin personnel : Lamine, pas Nekkache.
El Confidencial, 04/09/2021
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L’affaire Ghali : entre espionnage, justice et zone grise
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Par Nestor Prieto*
L’accueil par l’Espagne pour soigner le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a été le prétexte officiel utilisé par le Maroc pour déclencher une crise bilatérale de premier ordre avec l’Espagne, malgré le fait que le fond du conflit réside dans la position sur le Sahara occidental.
Tout ce qui a entouré son arrivée, son séjour et son départ a été surnommé « l’affaire Ghali » et, au-delà des implications avec le Maroc, a eu un impact sur la presse espagnole – qui a fait les gros titres de cette question pendant des semaines – et sur la politique intérieure. élément d’usure utilisé par l’opposition contre le gouvernement.
Il est bien connu que recevoir un traitement médical dans les pays européens est la norme et non l’exception parmi les dirigeants africains : Ghali a été soigné en Espagne, Mohamed VI fréquente les meilleures cliniques de Paris et cette même année le président algérien Tebboune se remettait également du COVID- 19 en Allemagne. En effet, les forts liens hispano-sahraouis ont permis à plusieurs hauts fonctionnaires et diplomates de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) d’être soignés dans l’ancienne métropole pendant des décennies.
Alors, qu’est-ce qui est différent maintenant dans l’accueil du leader du Polisario pour qu’une telle crise puisse se déclencher ? Le Maroc a lu le contexte international et a vu dans l’entrée de Gahli la possibilité de faire monter les enchères et de faire pression sur l’Espagne pour qu’elle modifie sa position sur le Sahara occidental en faveur de sa thèse. L’arrivée du leader sahraoui -prétexte- a été systématiquement exploitée pour rapprocher Madrid de ses positions annexionnistes -objectif-. Bien que la position espagnole concernant le conflit du Sahara soit celle d’une passivité consciente, qui permet de maintenir un statu quo qui profite au Maroc, Mohamed VI sait que l’Espagne, de par son rôle d’ancienne métropole et de puissance administrante de droit du territoire, aurait le possibilité de casser le pont à un certain moment et de changer l’équilibre du conflit; Bien que l’ambiguïté hispanique ne nuise pas à la position alaouite, un changement de position en faveur de l’autonomie pourrait gravement nuire au processus des Nations Unies pour la décolonisation du territoire.
La déclaration de Donald Trump en décembre 2020 reconnaissant la « marocaine » du Sahara a enhardi la diplomatie alaouite qui, parallèlement à la crise avec l’Espagne, entretient depuis des mois une campagne agressive avec d’autres pays pour suivre dans le sillage nord-américain ; stratégie infructueuse car aucun pays n’a fait une déclaration similaire. Cette campagne a également eu des échos en Allemagne, où le refus de Berlin d’abandonner le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui en tant que politique d’État a conduit Rabat à couper le travail entre les ambassades.
L’« Affaire Ghali » illustre cette politique hostile et habile de Rabat, dont la diplomatie évolue mieux dans l’ombre que sous la lumière des officiers internationaux. La crise générée n’a été possible que par une combinaison de différentes actions, la plupart sans rapport avec ce que devraient être des « relations bilatérales de bon voisinage ». Un mélange de pression diplomatique, d’espionnage, de droit et de zone grise, qui englobe largement tout ce qui précède.
Espionnage
Le transfert de Brahim Ghali vers l’Espagne a été minutieusement planifié de trois manières entre les services de l’Intérieur et de la Défense de l’Espagne, de la RASD et de l’Algérie, médiateur nécessaire dans l’équation. La relation bilatérale hispano-algérienne, bonne, stable et discrète depuis des décennies, a facilité la gestion.
L’Espagne avait auparavant accueilli des dirigeants sahraouis, mais la réception du secrétaire général du Polisario pourrait encore resserrer la corde dans les relations toujours complexes et imprévisibles avec le Maroc. D’un commun accord, les parties ont opté pour effectuer le transfert avec la plus grande discrétion possible, évitant les fuites et permettant au gouvernement espagnol de gérer les délais pour communiquer -ou non- au Maroc et à la presse l’accueil du président sahraoui.
Ghali a quitté Alger dans un avion médicalisé le 18 avril vers l’aérodrome de la base militaire de Saragosse, d’où il a été transféré en ambulance à Logroño. Le voyage a été organisé dans le cadre d’un protocole diplomatique strict et d’un secret absolu. Dans la nuit de ce même dimanche 18, Ghali se trouvait déjà au troisième étage de l’hôpital Riojan. Une réussite totale : l’arrivée sans incident, la santé du président stable dans la gravité et l’absence de fuites ou de presse.
Mais la joie aux Affaires étrangères n’a pas duré longtemps, car trois jours plus tard, le 21 avril, le média francophone Jeune Africaine, dont la ligne éditoriale est proche de Rabat, publiait en exclusivité l’arrivée de Ghali en Espagne dans les moindres détails. Une carafe d’eau froide pour les trois parties impliquées dans le déménagement ; pas seulement un scandale de communication mais un grave problème de sécurité intérieure. Existence de « taupes », espionnage, peu de sécurité dans les protocoles ?
Le prétexte a été servi au Maroc pour lancer une prise de contrôle hostile sur l’Espagne comme cela s’est produit, provoquant une cascade de déclarations et de réactions qui conduiraient à la crise bilatérale susmentionnée.
Mais qu’est-ce qui s’est mal passé pour que la nouvelle sorte ? Seule une poignée de hauts fonctionnaires des trois administrations étaient au courant du voyage. La presse algérienne, espagnole et marocaine a spéculé sur une fuite de Jeune Africaine qui n’a même pas mentionné l’origine de la source. Ce qui est certain, c’est que l’obtention et la fuite de l’information ont été le déclencheur de la crise, l’élément nécessaire pour que la situation dégénère.
Il a fallu plusieurs mois pour que la cause de la fuite soit découverte de manière collatérale. Le consortium médiatique Forbidden Stories a publié fin juillet l’utilisation massive du logiciel espion israélien « Pegasus » par une dizaine de pays. L’enquête a détaillé avec une grande précision comment cette technologie, développée par le Groupe des ONG, pénètre dans les appareils mobiles des victimes et permet d’accéder à tous leurs fichiers et conversations.
Le Maroc est l’un des pays qui utilise ce logiciel, et bien que sur le plan de la communication les coups du royaume alaouite à Macron ou à Charles Michel aient été les plus notoires, la vérité est que c’est l’Algérie qui a le plus souffert des conséquences de Pégase. Au total, plus de 6 000 mobiles algériens ont été touchés selon l’enquête, dont ceux de ministres, de militaires, de responsables et de la société civile. Dans ce groupe il faut aussi situer la direction du Polisario, qui opère avec la téléphonie algérienne depuis ses camps de réfugiés à Tindouf, un territoire de ce pays.
Bien qu’il y ait eu silence d’Alger et de Rabuni (capitale administrative des camps sahraouis), leurs alentours laissent présager l’utilisation de Pégase comme cause de la fuite du transfert du président. Bien que l’utilisation alaouite de cette technologie devienne plus tard publique, dès l’éclatement de l’affaire Ghali, les procédures et protocoles de sécurité algériens ont été revus, conscients qu’ils étaient les victimes prévisibles du logiciel espion. C’est la seule façon d’expliquer que quelques semaines après l’éclatement de l’affaire Ghali, le président algérien Tebonne a publié un décret accordant 10 jours aux entreprises algériennes qui utilisaient des logiciels marocains pour résilier tous les contrats.
Le président a exigé que les entreprises algériennes fassent preuve de « responsabilité dans leurs relations avec les partenaires étrangers, assurant en tout état de cause la préservation des intérêts supérieurs de l’Etat ». Il a estimé que ces contrats « conclus sans concertation, mettent à la disposition d’entités étrangères des informations sensibles pouvant nuire aux intérêts vitaux de notre pays et à sa sécurité ».
Bref, l’espionnage marocain était un élément essentiel de l’affaire Ghali, permettant avec la fuite à la presse de déclencher une offensive contre l’Espagne pour forcer un changement de position à Madrid. L’utilisation de Pégase était le facteur nécessaire pour que Rabat démarre sa machinerie.
Droit
Une fois le scandale éclaté, la diplomatie marocaine a lancé la seconde de ses tactiques, la guerre judiciaire ou judiciaire. Un terme qui a gagné en pertinence au cours des dernières décennies et qui sert à définir l’usage abusif voire illégal de la justice, utilisant les tribunaux pour déformer et user un adversaire.
Rabat, qui utilise déjà cette technique dans plusieurs pays, a relancé un procès déposé en 2014 resté en hibernation devant la justice espagnole – faute de témoignages – contre Brahim Ghali. La plainte accusait le leader sahraoui de « génocide, meurtre, torture et disparitions », une accusation sans doute grave et préoccupante présentée par l’Association sahraouie des droits de l’homme (ASADEDH). Mais alors pourquoi parle-t-on de droit ?
L’ASADEDH est présidée par le Sahraoui Ramdan Messaoud, un transfuge du Polisario qui a quitté l’organisation en 1992 en raison de « désaccords avec la direction ». Quelques années après son abandon, il est parrainé par Rabat, qui utilise habilement la dissidence sahraouie à son avantage ; ainsi Messaoud a été nommé par Mohamed VI membre du Conseil Royal Consultatif pour les Affaires du Sahara (CORCAS) le 25 mars 2006. Le CORCAS est un organe de conseil et d’accompagnement du roi composé de Sahraouis -principalement les dissidents précités- qui soutiennent sa thèse d’autonomie pour le Sahara.
Un an et demi seulement après cette nomination, l’ASADEH a déposé plainte auprès de la justice espagnole, désignant 27 personnalités du gouvernement et de l’armée sahraouie comme responsables de ces crimes. Sur cette liste figurait Brahim Ghali.
L’objectif était clair, la criminalisation générale de la cause sahraouie en créant un cas artificiel avec peu ou pas de support dans des événements réels. Cette conclusion a été donnée par le juge Santiago Pedraz, en charge de l’affaire, qui a assuré que : il est responsable de tout crime ; car il a simplement souligné qu’il s’agissait de crimes très graves, qu’il y avait des indices sans en indiquer aucun (un rapport de l’ONU, comme il disait (?)) ». L’affaire a été définitivement close le 29 juillet 2021, mais avant que les effets de la loi n’aient déjà porté leurs fruits.
La fuite que Ghali était en Espagne a permis à divers groupes de pression marocains en Espagne d’exiger devant l’opinion publique que le juge rouvre la plainte – jusqu’alors hibernée – pour prendre une déclaration du président sahraoui, qui depuis le début de l’affaire avait refusé de témoigner pour avoir qualifié le procès de « farce ».
Rapidement les pressions se sont multipliées et les crimes dont Ghali était accusé ont été considérés comme vrais par un groupe de médias non négligeable qui ont consacré des reportages approfondis et spéciaux à l’affaire. L’amplification du message a remis en cause la figure de Ghali, qui a finalement accepté de témoigner depuis l’hôpital par visioconférence. Son avocat, Manuel Ollé, a assuré que l’affaire répondait à « des fins politiques (…) pour tenter une nouvelle fois de saper la crédibilité du peuple sahraoui ». Bien que l’accusation ait nié que Rabat soit à l’origine de la plainte, aucune des parties n’a clarifié la relation entre le CORCAS et l’ASADEH.
Zone grise
La zone grise est l’espace intermédiaire entre la compétition pacifique -blanche- et le conflit armé entre acteurs -noirs- ; harcèlement par différents moyens avec lesquels on cherche à atteindre un objectif, mais sans forcer le casus beli. Un mode de confrontation en deçà du seuil de la guerre pour faire pression et épuiser l’adversaire géopolitique sans tomber dans un affrontement militaire. C’est une politique agressive dans le fond (atteinte d’un objectif stratégique), mais pas dans ses formes, puisque les moyens utilisés évitent le militaire.
En bref, il s’agit d’une pratique politique qui combine différents éléments de pression et d’usure qui poursuivent un objectif stratégique précis. Tout cela a le soutien militaire conventionnel nécessaire, car pour appliquer cette stratégie sans tomber dans la guerre, il est nécessaire d’avoir une armée opérationnelle qui fonctionne comme dissuasion afin que l’escalade ne dépasse jamais cette ligne rouge.
C’est le « modus operandi » de plusieurs pays, parmi lesquels on trouve le Maroc, qui l’utilise depuis des années contre l’Espagne ; C’est le facteur déterminant qui explique l’escalade progressive des tensions sur différents fronts, foyers avec lesquels le royaume alaouite cherche à conditionner la politique espagnole de manière planifiée sans tomber dans l’affrontement direct.
Le Maroc contourne et dépasse magistralement la légalité internationale et les relations de voisinage entre les États à travers une stratégie qui combine différents éléments tels que les cas d’espionnage et de justice susmentionnés, qui doivent être compris dans une large mesure comme des éléments cohésifs et coordonnés qui répondent à cette logique de conflit. dans la zone grise.
En plus de ces aspects, le Maroc utilise également la guerre économique (asphyxie Ceuta et Melilla), la guerre communicationnelle, la guerre diplomatique, l’immigration irrégulière, les flux de trafic de drogue, entre autres.
Sous prétexte de l’affaire Ghali, le Maroc a joué à ce jour la plus grande manifestation de conflit dans la zone grise contre l’Espagne, à l’exception de la Marche verte de 1975. Une fois l’affaire filtrée et le procès contre le président sahraoui lancé, Rabat se considérait prêt à franchir plusieurs autres étapes dans sa stratégie :
Sur le plan diplomatique, avec des déclarations dures pour avoir accueilli le chef d’une « organisation terroriste », appelé l’ambassadeur d’Espagne à des consultations, retiré l’ambassadeur alaouite à Madrid et coupé la coopération sur différents sujets entre les deux gouvernements – notamment en matière de lutte contre le terrorisme et de sécurité. – .
Sur le plan de la communication, avec une campagne médiatique brutale, qui avait déjà commencé depuis l’arrivée de Ghali mais qui s’est aggravée au fil des jours. En interne, en fédérant l’opinion publique nationale en soulevant un nationalisme exacerbé (Sahara et Ceuta et Melilla) et en externe en présentant l’Espagne comme une puissance coloniale et en accueillant des criminels.
Mais sans aucun doute l’aspect le plus important était le recours à l’immigration irrégulière. Les 18 et 19 mai, plus de 15 000 migrants sont entrés à Ceuta depuis le territoire marocain. L’entrée de ces personnes, à l’évidence, n’était pas accidentelle mais encouragée et facilitée par le gouvernement de Rabat, qui dans les heures précédentes avait retiré son personnel des postes frontières ou leur avait donné l’ordre de laisser passer quiconque s’approchait. Dans le même temps, des informations sur « l’ouverture » du poste frontière ont été diffusées via les réseaux sociaux et la presse. L’arrivée massive a complètement bouleversé les autorités espagnoles, qui plusieurs mois plus tard continuent d’en gérer les conséquences.
Cet épisode, de par sa gravité, a mis en évidence l’utilisation de stratégies non conventionnelles par le Maroc. Mais ces techniques sont utilisées depuis des années face à la surprenante passivité espagnole. L’affaire Ghali n’a servi que de prétexte pour aiguiser le pari alaouite.
Le prétexte, l’hospitalisation de Ghali, a pris fin le 1er juillet. Cette nuit-là, le leader sahraoui a quitté l’hôpital de San Pedro pour l’aéroport de Noain (Navarre), d’où il partirait pour Alger. Le chef du polisario quittait l’Espagne avant d’avoir complètement terminé le traitement, bien que sa santé soit déjà bien meilleure.
Les 44 jours de séjour du président sahraoui en Espagne ont été une démonstration de realpolitik de la part du Maroc, qui en un peu plus d’un mois a pressé toutes les ficelles à sa disposition pour forcer par des méthodes « pas très propres » un changement de position en Espagne avec respect au Sahara occidental. Le refus espagnol a amené les relations bilatérales à un point de rupture presque total de facto ; maintenant le Maroc prend l’initiative et adoucit le ton avec Madrid, proposant de reprendre des relations, conscient que la rupture récente avec l’Algérie, la guerre du Sahara et la crise avec l’Allemagne sont trop de fronts pour rester ouverts en même temps. Cependant, il est clair que Rabat utilisera à nouveau ce type de technique lorsque le contexte le permettra ; la question est donc de savoir quelle sera la réponse espagnole à cette occasion.
*Étudiant en Sciences Politiques à l’Université de Salamanque. Essayer d’offrir un regard critique sur la géopolitique. Militant. J’ai parcouru et vécu sur le terrain les processus migratoires en Grèce, en Italie et à Melilla. Maintenant, j’écris sur l’Amérique latine.
Descifrando la guerra, 03/09/2021
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Observation électorale au Sahara Occidental : L’UA dit « non » au Maroc
Sahara Occidental, Maroc, Union Africaine, élections législatives, #SaharaOccidental, #Maroc,L’Union africaine ne cautionnera jamais la politique expansionniste du royaume du Maroc au Sahara occidental dans la mesure où l’Acte constitutif de l’organisation lui dicte des principes inaliénables. Faut-il rappeler quelques règles de base de l’article 4 qui stipule l’ « Égalité souveraine et interdépendance de tous les États membres de l’Union » et le « Respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance ».Ainsi, en prévision des élections législatives du 8 septembre, le Maroc a sollicité l’UA pour l’envoi des observateurs pour superviser l’opération qui concernera non seulement le territoire du royaume, mais aussi et surtout celui du Sahara occidental. La demande marocaine ne passe pas, pour la simple raison que le Sahara occidental est un territoire occupé et reconnu comme tel par les textes officiels de l’organisation panafricaine.En effet, en réponse à la demande du royaume, l’UA a opposé un refus net quant à dépêcher une mission d’observation électorale pour couvrir le déroulement des élections législatives qui devaient inclure illégalement les territoires sahraouis occupés.En revanche, l’organisation a dit « oui » à la République arabe sahraouie démocratique, dont la position soutenant l’illégalité de l’opération électorale marocaine, étendue aux territoires sahraouis occupés, a été prise en considération et est validée en conséquence n’en déplaise au Maroc qui tente en vain de mener en bateau l’UA.Avec cette décision, l’UA venait à donner un nouveau camouflet à Rabat qui voulait impliquer les citoyens sahraouis dans un processus électoral qui ne les concerne ni de près ni de loin. Et pour cause, les Sahraouis sont dans leur propre territoire qu’ils aspirent à recouvrer en toute souveraineté dans le cadre du référendum d’autodétermination. C’est d’autant plus encore que le Royaume engage ses forces d’occupation militaires avec toute la machine répressive et de violations des droits humains des Sahraouis dans leur propre territoire.Il convient de rappeler que le président sahraoui, Brahim Ghali, avait appelé le SG de l’ONU à intervenir afin d’empêcher le Maroc d’inclure le Sahara occidental occupé dans ces élections législatives et à mettre un terme à toutes les activités illégales menées par Rabat dans ces territoires. Dans sa missive, Ghali avait fermement rejeté « le processus illégal », préparant la tenue d’élections prévues en septembre.C’est « une violation flagrante du statut légal du Sahara occidental, un territoire en attente de décolonisation sous la responsabilité des Nations unies », écrit alors Ghali dans sa lettre au SG de l’ONU.Farid GuellilLe Courrier d’Algérie, 04/09/2021 -
Sahara Occidental : Les Illusions perdues du Maroc
Sahara Occidental, Maroc, #SaharaOccidental, #Maroc,Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a annoncé, vendredi, avoir nommé Alexander Ivanko, de la Fédération de Russie, en tant que nouveau Représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).La question du Sahara occidental est depuis quatre décennies entre les mains de la commission onusienne de décolonisation. Les Nations-Unies considèrent le Sahara occidental comme une colonie.Le quitus onusien renseigne si besoin est que le dossier du Sahara occidental est sans équivoque et qu’il s’agit d’une question de décolonisation inachevée conformément aux résolutions de l’ONU dont certaines avaient été appuyées par des responsables marocains avant que le Maroc n’envahisse le territoire sahraoui le 31 octobre 1975. Il existe suffisamment d’arguments juridiques et historiques pour couper court aux allégations sans fondements de l’occupant marocain.Depuis 1963, l’ONU a inscrit à son agenda le territoire du Sahara occidental comme territoire non autonome et n’a cessé de réaffirmer résolutions après résolutions le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.La Quatrième Commission de décolonisation a réitéré ce droit imprescriptible du peuple sahraoui à l’autodétermination et que le Sahara occidental figure toujours sur la liste des territoires non autonomes. D’ailleurs, ce n’est pas sans raison que l’ONU a dépêché dans le territoire la MINURSO, en vertu du plan de paix qu’elle a signé conjointement en 1991 avec le Front POLISARIO et le Royaume du Maroc. La Cour de justice de l’Union européenne a elle aussi rendu publiques deux sentences, on ne peut plus claires, en 2016 et 2018, confirmant le caractère distinct et séparé du Sahara occidental et du Maroc et attirant l’attention sur l’interdiction d’exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental sans le consentement préalable du peuple sahraoui.La présence de la République arabe sahraouie démocratique à l’Union africaine, siégeant aux côtés du Maroc avec les mêmes droits et devoirs et entretenant des relations diplomatiques suivies avec de nombreux pays dans le monde, est un coup dur qui enterre définitivement les prétendus droits historiques du Maroc. Il est clair que les prétentions marocaines concernant le statut juridique du Sahara occidental ne sont rien d’autre que des paroles creuses. Si le Maroc est convaincu de la marocanité du Sahara occidental, pourquoi alors le partager avec la Mauritanie suite aux accords tripartites de Madrid en novembre 1975 ?Si le Maroc est fort du bien-fondé de ses ‘‘droits historiques’’, pourquoi s’oppose-t-il au référendum d’autodétermination ?Le Palais royal a induit en erreur une large partie du peuple marocain et l’a convaincue que le Sahara est une partie intégrante du Maroc et que le destin, l’avenir, la prospérité, la sécurité et la stabilité du peuple marocain consiste en «la marocanité» du Sahara occidental. Il est aujourd’hui otage de ses allégations et sait que tout changement au Sahara occidental est à même de renverser la monarchie. Le Maroc a toujours agi unilatéralement à l’effet de remettre en cause la dynamique onusienne, en mettant en doute la sincérité et la probité de l’Envoyé personnel du SG de l’ONU, considérant l’option référendaire comme définitivement écartée.Un royaume hautement bellicisteLe régime marocain a toujours été et demeure une source d’instabilité dans la région. Au lendemain de l’indépendance de la Mauritanie en 1960, il l’a revendiquée au nom des mêmes droits historiques.Trois années plus tard, brandissant le leitmotiv des supposés droits historiques, il poignarda dans le dos l’Algérie alors sortie exsangue d’une longue guerre de libération nationale.La publication par un consortium composé de plusieurs médias avec Amnesty International a révélé une grave affaire d’espionnage par les services marocains, de personnalités algériennes, de militaires hauts gradés, de ministres, de membres de la société civile, à l’aide d’un logiciel israélien.M. BouraïbEl Moudjahid, 29/08/2021