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  • Mali-Burkina: les coups d’État ont-ils stoppé les attaques?

    Mali, Burkina Faso, Sahel, groupes armés, djihadistes,

    Par Natasha Booty

    La colère généralisée face à l’insécurité chronique dans les pays d’Afrique de l’Ouest que sont le Mali et le Burkina Faso a ouvert la voie aux militaires qui ont chassé les gouvernements défaillants au cours des deux dernières années.

    « Il n’y a plus de place pour l’erreur », a déclaré le putschiste malien lors de sa prise de pouvoir en août 2020.

    « Nous avons plus que ce qu’il faut pour gagner cette guerre », a fait écho le nouveau responsable du Burkina Faso plus tôt cette année.

    Alors, les citoyens sont-ils désormais plus en sécurité ?

    La réponse courte est non.

    Dans les deux pays, les attaques de militants islamistes contre des civils n’ont fait qu’augmenter. Il en va de même pour les civils tués – davantage de gens ordinaires sont tués par des islamistes, des militants et des militaires.

    Les données fournies à la BBC par Acled en juin comparent les 661 jours avant et après le coup d’État au Mali en août 2020, et les 138 jours avant et après le coup d’État au Burkina Faso en janvier 2022.

    Pour recueillir ces données, l’Acled s’appuie sur un réseau « d’informateurs et de professionnels » ainsi que sur les reportages des médias, mais M. Nsaibia affirme qu’il est particulièrement difficile de traquer la violence au Sahel en raison de « la désinformation menée par la Russie, et les États eux-mêmes alimentent souvent les médias avec de faux rapports pour les faire paraître plus réussis qu’ils ne le sont réellement ».

    La Russie, qui soutient la junte malienne, a toujours nié de telles allégations dans le passé. Les gouvernements du Mali et du Burkina Faso n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de la BBC.

    L’un des mois les plus meurtriers jamais enregistrés a été mars 2022. Selon Acled, 790 civils ont été tués au Mali.

    Graphique du Mali montrant l’augmentation des morts civiles et des attaques islamistes contre des civils
    Certains de ces civils ont été tués par des militants de la branche locale du groupe État islamique à Ménaka, selon Acled, et il y a eu d’autres attaques de moindre envergure. Mais la grande majorité étaient des civils massacrés dans la ville de Moura par l’armée malienne, conviennent les groupes de défense des droits.

    « Selon plusieurs rapports, l’armée malienne et des mercenaires russes sont entrés dans Moura à la recherche de ce qu’ils prétendaient être une réunion de chefs djihadistes. Ils ont attaqué des civils et l’ONU affirme avoir tué environ 500 civils en trois jours », déclare International Crisis. Groupe (ICG) Directeur du projet Sahel, Richard Moncrieff.

    Les autorités maliennes ont nié que des civils aient été tués à Moura, affirmant que seuls des militants islamistes étaient morts. Il a depuis refusé l’accès à l’ONU pour une enquête sur les décès et a lancé la sienne à la place.

    « Il s’agit d’un problème classique, parfois appelé la question des ‘morts disparus’ », explique M. Nsaibia d’Acled. « La violence sanctionnée par l’État n’est pas signalée, mais parfois même présentée comme étant perpétrée par quelqu’un d’autre. »

    Il dit que la couverture médiatique peu fiable présente un obstacle majeur, tout comme les sites ruraux souvent éloignés de telles attaques dans les pays du Sahel – de plus « il y a une peur dominante parmi les communautés à l’idée de s’exprimer ».

    Dans certains cas, les frontières entre l’acteur étatique et la milice civile peuvent également sembler floues – le Burkina Faso en particulier a une tradition de milices communautaires armées, dit M. Moncrieff, pour lesquelles le gouvernement a créé un rôle officiel en 2020.

    De telles milices au Sahel sont de plus en plus sollicitées pour faire face à la menace djihadiste, mais sont souvent en sous-armement et en infériorité numérique. Certains ont également été accusés d’avoir commis des exactions violentes contre des civils.

    « Armées clandestines »
    Selon un récent rapport de l’ONU, les autorités maliennes ne contrôlent pleinement que 15 % du territoire du pays . Pendant ce temps, au Burkina Faso, seulement environ 60% du pays est sous contrôle de l’État, selon le bloc régional ouest-africain de la CEDEAO .

    Les militants islamistes au Mali et au Burkina Faso disposent d’une énorme puissance de feu, selon les analystes.

    « C’est une guerre entre une armée et une armée clandestine » et dans de larges pans de ces pays « la pérennité de l’État n’est pas là », argumente le politologue Abdourahmane Idrissa, basé à l’université de Leiden.

    Au Burkina Faso comme au Mali, les islamistes se livrent à une « guerre asymétrique classique », explique M. Moncrieff d’ICG, « où ils ne prennent le contrôle d’aucune ville. Ils encerclent de plus en plus les villes et les coupent pour se muscler, et autrement sont devenus très ruraux. »

    L’un des catalyseurs du coup d’État de janvier au Burkina Faso a été un raid effronté au cours duquel des djihadistes ont tué 57 gendarmes au camp d’Inata, dans le nord du pays. Les gendarmes avaient eu recours à la récupération de nourriture avant l’attaque, après que leurs demandes de rations et de munitions supplémentaires soient restées lettre morte.

    « Ce fut un choc – presque toute une unité a été anéantie – et ils sont morts dans des conditions que tout le monde jugeait déplorables », a déclaré à la BBC l’ancien soldat burkinabè devenu analyste Mahamoudou Sawadogo.

    Depuis lors, sous la nouvelle junte, dit M. Sawadogo, les forces armées se sont vu promettre de meilleures conditions, plus de ressources et une révision de la stratégie antiterroriste – « mais cela n’a pas résolu le problème ».

    « Les attaques se multiplient, il y a plus de violence contre les civils et plus de contrôle territorial a été perdu au profit des groupes armés – la stratégie des putschistes n’est donc pas adéquate contre la menace », ajoute-t-il.

    Les changements structurels visant à unifier les forces armées du Burkina Faso sous un commandement unique ont également échoué, déclare M. Sawadogo.

    « Exploiter le vide »
    Le Mali voisin, avec sa plus longue histoire d’insurrection, ne s’en sort pas mieux.

    Il a été l’épicentre de la violence islamiste au Sahel au cours de la dernière décennie, les djihadistes ayant permis aux rebelles touareg de s’emparer du contrôle d’une grande partie du nord en 2012.

    Les troupes françaises ont été appelées pour lutter contre l’insurrection l’année suivante, les Maliens se félicitant initialement de l’intervention de son ancien colonisateur. Mais après neuf ans, ils quittent le Mali après s’être brouillés avec la junte, et le Mali a également décidé de quitter la force multinationale du G5 Sahel qui a été créée conjointement pour combattre les djihadistes.

    Alors que la force Barkhane dirigée par la France a déplacé le centre de son opération anti-jihadiste au Niger, les militants de l’État islamique dans le Grand Sahara ont « exploité le vide laissé derrière eux » pour mener « des niveaux de violence sans précédent » dans les régions de Menaka et Gao, selon M. Nsaibia.

    Certains analystes affirment que les activités de la junte malienne depuis son arrivée au pouvoir – notamment l’embauche de troupes de l’entrepreneur de sécurité russe Wagner et l’achat d’un grand nombre d’armes à la Russie – ont échoué faute de stratégie cohérente.

    « L’armée est maintenant plus active – la corruption massive qui l’empêchait d’être plus active a été éliminée – mais cela ne veut pas dire qu’elle contrôle désormais mieux », fait valoir M. Idrissa.

    M. Moncrieff convient que depuis le début de l’année, l’armée malienne adopte « une approche beaucoup plus frontale et mène la lutte contre les groupes djihadistes », probablement parce qu’elle se sent « enhardie par le soutien des mercenaires russes et un afflux d’armes ». – beaucoup d’entre eux de Moscou ».

    « Les rapports indiquent qu’ils ont réussi à sécuriser certaines zones au moins pendant des périodes prolongées et ont chassé les groupes djihadistes », ajoute-t-il.

    Le Mali nie la présence d’entrepreneurs militaires russes dans le pays, mais les deux parties sont accusées par des groupes de défense des droits d’avoir commis des abus et des massacres de civils , et Acled a déclaré à la BBC que la violence contre les civils avait « monté en flèche » depuis le début de l’implication russe en décembre.

    Dans de nombreux cas, les civils tués par les forces maliennes appartiennent au groupe ethnique peul, qu’ils considèrent comme la principale base sociale à partir de laquelle les islamistes recrutent, et parfois des civils sont ciblés sur de simples soupçons d’avoir collaboré avec des militants, ont déclaré des analystes à la BBC.

    Le Mali, cependant, a toujours nié cela.

    Ces dernières années, alors que leur influence s’est affaiblie au Moyen-Orient, le groupe État islamique et al-Qaïda ont de plus en plus concentré leurs efforts sur le Sahel.

    Ils ont exploité les tensions existantes dans les communautés, dit M. Moncrieff, « le changement climatique et la diminution des ressources agricoles s’ajoutant à ce mélange très violent ».

    « C’est un cercle vicieux », ajoute-t-il, « les gens étant exclus de leurs champs par l’insécurité, alors que cela les rend plus susceptibles de rejoindre des groupes qui sont soit de nature djihadiste, soit simplement des gangs criminels qui visent à voler du bétail, etc. »

    La propagation de la violence djihadiste du nord au centre du Mali au cours des sept dernières années, et son émergence au Burkina Faso au cours des deux dernières années, a des implications ailleurs en Afrique de l’Ouest.

    « On le voit aussi dans les Etats côtiers, notamment le Bénin, et plus récemment le Togo », précise M. Nsaibia.

    « Jusqu’à présent, seul le Ghana a été épargné, pour ainsi dire, même s’il y a de fortes indications que des groupes militants utilisent le territoire ghanéen comme lieu de repos et de récupération. »

    ‘Un dernier recours’
    De nombreuses personnes dans les pays sahéliens qui recherchent désespérément des solutions pensent que les gouvernements militaires peuvent mieux gérer l’insécurité que les gouvernements démocratiquement élus, mais les analystes préviennent que ce soutien populaire pourrait bientôt se détériorer.

    « Nous vivons cela maintenant au Burkina Faso et au Mali », déclare M. Sawadogo. « Toute implication de l’armée dans les affaires politiques aggrave la situation sociale et sécuritaire de la nation… C’est un dernier recours. Chaque coup d’État au Burkina Faso a retardé le progrès du pays. »

    « L’acclamation s’estompe lorsque les gens prennent conscience que l’armée au pouvoir n’a pas plus de poids dans les zones périphériques que les gouvernements civils », convient M. Moncrieff.

    C’est un point de vue partagé par le président nigérien Mohamed Bazoum – qui a résisté à une tentative de coup d’État quelques jours avant sa prestation de serment officielle – ainsi que par le président ghanéen et chef de la CEDEAO Nana Akufo-Addo, qui a déclaré à la BBC en avril que « les preuves initiales ne Cela n’indique pas que le Mali fait mieux que le gouvernement civil contre l’insécurité et la lutte contre les djihadistes. »

    Alors, comment le Burkina Faso et le Mali peuvent-ils apporter un changement durable ?

    « Une meilleure gestion et organisation de leurs forces de sécurité, et une meilleure gestion des processus électoraux dans leurs pays », suggère M. Moncrieff d’ICG.

    « La principale leçon est que vous devez avoir un plan – que vous soyez une puissance militaire ou civile – parce que le gouvernement civil n’en avait pas non plus », explique le politologue M. Idrissa.

    Les démonstrations de puissance militaire, telles que les raids et la répression des groupes armés, ne suffisent finalement pas à établir le pouvoir de l’État, ajoute-t-il. Pour cela, il faut un État réformé, capable de garder le contrôle de son territoire.

    Pour l’instant, la sécurité de base que les chefs militaires avaient promise aux populations du Burkina Faso et du Mali semble bien loin.

    BBC, 30/07/2022

    #Mali #Sahel #France #Russie #Wagner #Groupes_armés

  • Maroc: La CEN-SAD contre l’influence de l’Algérie au Sahel

    Maroc, Afrique, CEN-SAD, Union Africaine, Algérie, Sahel, Libye, Tunisie, Egypte,

    L’ambassadeur du Maroc à Tripoli a fait part du souhait des autorités Libyennes de voir notre pays donner une nouvelle dynamique à la CEN-SAD. Ce message lui a été transmis par le chef de la Diplomatie libyenne qui soutient que seule la redynamisation de cet éspace peut mettre fin aux tentatives de mainmise sur la région de la part de l’Algérie et des autres puissances africaines qui la soutiennent.
    Selon le résponsable libyen, la situation en Egypte, en Tunisie et en Lybie laissent les mains libres à l’Algérie et à ses alliés pour la domination de la région sahelo-saharienne et seul le Maroc à travers la CEN-SAD peut aider à faire contrepoids à cette hégémonie.
    A cet effet, Ouali Tagma, le directeur du Département Afrique au MAE marocain a élaboré une fiche sur l’organisation avec des recommandations pour un plan d’action à court terme.

    Fiche sur La CEN-SAD

    1/ La conférence
    Président en exercice actuel Président Tchadien DRISS DEBY ITNO

    Décisions du dernier Sommet Extraordinaire ( NDJAMENA 16 FEVRIER 2013)  :

    Adoption de la Convention révisée de la CEN-SAD
    Deux nouveaux organes ont été institués  :
    Le Conseil de Paix et de Sécurité  ;
    Le Conseil du développement durable
    La Conférence a demandé au Secrétariat Permanent de convoquer des réunions d’Experts pour la création effective de ces deux organes, et ce avant la tenue de la réunion du Conseil Exécutif prévue à Khartoum à la fin de l’année 2013.
    La Conférence a décidé de tenir sa prochaine session ordinaire à Rabat en 2014.

    Depuis la tenue de la dernière conférence, le Secrétariat Permanent n’a pas invité les pays membres à aucune réunion.

    Aujourd’hui le constat est  :
    Aucune réunion d’expert n’a été tenue pour l’exécution des recommandations de la dernière conférence  ;
    La date de la prochaine réunion du Conseil Exécutif prévue à Khartoum n’a pas encore été arrêtée  ;

    2/Le Secrétariat Permanent  : Son Siège est à Tripoli, sa direction est assurée par un Vice Secrétaire Général du Niger M. ABANI SANNI. Le Poste de Secrétaire permanent est vacant.

    3/ Le Conseil Exécutif  : Sa dernière réunion a été tenue à N’Djamena juste avant la Conférence, la prochaine réunion est prévue à Khartoum, bien que la date n’ait pas encore été arrêtée.

    4/la banque Sahélo saharienne pour le Développement et le Commerce

    Son siège est à Tripoli, 14 pays participent au capital de la Banque (le Maroc n’y participe pas) son Directeur General est de Nationalité libyenne.

    La Banque s’active, à travers des agences commerciales, dans les pays suivants  : Libye, Bénin, Burkina Faso, Centrafrique, Gambie, Ghana, Mali, Niger, Sénégal, Soudan, Tchad, Togo, Guinée Conakry, Côte d’Ivoire, et deux agences d’assurances en Libye et au Soudan.

    5/ Le Conseil Economique, Culturel et Social
    Son siège est à Bamako, à sa tête M. Moussa Bala Coulibaly de nationalité malienne.
    Le conseil connaît beaucoup de problèmes d’ordre financier et n’arrive pas à honorer sa mission.

    6/ le Conseil permanent de Paix et de Sécurité

    7/ le Conseil du développement Durable

    Recommandations  :

    La CEN-SAD constitue l’une des principales priorités de la diplomatie marocaine en Afrique sur laquelle Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, a insisté dans son message à la Conférence des Ambassadeurs.

    La mise en œuvre des Hautes Instructions Royales nécessitent d’entreprendre les actions suivantes pour la redynamisation de cet important espace pour le renforcement du positionnement de notre pays dans la zone sahélo saharienne.

    1-Procéder à la nomination à Tripoli d’un Haut fonctionnaire pour aider le Vice Secrétaire Général à organiser la prochaine réunion du Conseil Exécutif, le prochain sommet et la mise en œuvre des décisions relatives à la création du Conseil de paix et de Sécurité et du Conseil de Développement Durable.

    2- Préparer le terrain à la candidature de notre pays pour le Secrétariat Permanent

    3-Mener les démarches nécessaires pour obtenir le siège du Conseil de Paix et de Sécurité et en prendre la Direction.
    4-Elaborer en concertation avec le Secrétariat Permanent une stratégie Sahel qui sera le pendant et le complément des Stratégies UN et UE pour le Sahel.

    5-Entreprendre des consultations avec les Etats membres et avec les autres partenaires (UN-UE-France-USA-CEDEAO) pour une coopération ciblée.

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    Selon l’ancien ambassadeur américain à Rabat, Edward Gabriel, « depuis 2012, le Maroc tente discrètement de combler le vide de leadership au sein de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) laissé par le renversement du colonel Kadhafi de Libye, en accueillant un sommet du groupement régional en octobre 2013. Plus récemment, la ministre adjointe des Affaires étrangères du Maroc, Mbarka Bouaida (qui se trouve être d’origine sahraouie), a eu de nouveaux entretiens avec le secrétaire général de la CEN-SAD au cours de la dernière semaine de janvier à Addis Abeba, où elle avait été envoyée pour mener des réunions informelles avec les délégations participant au 22e sommet de l’Union africaine (dont, bien sûr, le Maroc n’est pas membre) ».

    Gabriel indique que « Kadhafi a contribué à la création de la CEN-SAD à la fin des années 1990, et a fourni la majeure partie de son financement. Irritée par les tendances hégémoniques de Kadhafi, l’Algérie – seule parmi les États de la région – est restée en dehors, mais le Maroc a adhéré à partir de 2001. En juin 2012, Rabat a accueilli une réunion de la CEN-SAD visant à relancer l’organisation récemment orpheline ».

    Source : Maroc-leaks

    #Maroc #CEN_SAD #Algérie #Sahel

  • Le Sahel a besoin d’une coordination africaine et des partenaires

    Le Sahel a besoin d’une coordination africaine et des partenaires

    Chidi Blyden, Etats-Unis, Sahel, Afrique, Etat Islamique, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso,

    Blyden déclare que les problèmes du Sahel nécessitent une coordination africaine et des partenaires

    L’Afrique est un continent immense et complexe. Ses problèmes sont tels qu’il faudra que les nations africaines travaillent avec d’autres pays partenaires pour résoudre les problèmes complexes qui l’assaillent, a déclaré Chidi Blyden, sous-secrétaire adjoint du ministère de la Défense pour les affaires africaines, à la commission sénatoriale des relations étrangères.

    Blyden a témoigné aux côtés de représentants du Département d’État et de l’Agence américaine pour le développement international. Le trio a souligné la nécessité pour les trois entités de travailler ensemble et de travailler avec des partenaires africains pour accomplir la stratégie américaine.

    L’audience a porté spécifiquement sur la région du Sahel en Afrique – une large bande qui s’étend entre le sud du désert du Sahara et les terres de savane au sud. Il abrite certains des pays les plus pauvres du monde et la sécurité est précaire dans les nations, certains souffrant de coups d’État militaires.

    La stratégie de défense nationale des États-Unis définit trois priorités en matière de sécurité en Afrique : lutter contre les organisations extrémistes violentes ; renforcer les alliés et les partenaires pour soutenir les objectifs de sécurité mutuels ; et répondre aux problèmes de concurrence stratégique ciblés qui présentent un risque militaire pour les États-Unis.

    « Au Sahel, ces trois priorités se recoupent d’une manière qui nécessite non seulement une approche intégrée, mais une approche pangouvernementale », a déclaré Blyden. « Au cours des six derniers mois, nous avons vu que l’intersection de ces trois défis au Sahel a entraîné des coups d’État militaires et des transitions politiques constitutionnelles, un recul démocratique en Afrique de l’Ouest, la propagation inhérente des VEO et une augmentation exponentielle de leurs attaques. « 

    Elle a noté que le groupe russe de mercenaires Wagner est actif dans la région. « Ces défis transcendent les frontières nationales et nécessitent donc une approche régionale coordonnée », a-t-elle déclaré. « A ce titre, il nous incomberait de les aborder avec nos partenaires africains ».

    Les groupes extrémistes exploitent les vides de pouvoir, l’instabilité, les tensions locales et la faiblesse des institutions gouvernementales et des pratiques de gouvernance, a-t-elle déclaré. « Ces groupes compromettent la stabilité, la démocratie et la paix, ce qui offre en outre des opportunités à l’extrémisme de proliférer, créant une boucle de rétroaction vicieuse alimentée par un manque de bonne gouvernance et de responsabilité en matière de droits de l’homme », a déclaré Blyden. « Lorsque les gouvernements luttent pour maintenir la sécurité, fournir des services essentiels, faire respecter les principes humanitaires ou même offrir des opportunités économiques et des environnements de conflit, les conditions sont réunies pour que les VEO exploitent et attirent les populations marginalisées vulnérables et non protégées. »

    Ces groupes terroristes utilisent le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains pour se financer.

    Blyden a déclaré qu’il y avait plus d’une douzaine d’affiliés/cellules actifs de l’État islamique et d’Al-Qaïda en Afrique, qui s’étendaient « du Sahel au bassin du lac Tchad, de la Somalie à [la République démocratique du Congo] ».

    Ces groupes présentent un danger pour les autres nations d’Afrique, y compris celles d’Afrique de l’Ouest. « Le DOD travaille en étroite collaboration avec [le Département d’État et] l’USAID pour développer des programmes pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest dans le cadre de la loi sur la fragilité mondiale, … et de la stratégie américaine de prévention des conflits et de promotion de la stabilité », a-t-elle déclaré.

    Un groupe de personnes descend les marches.

    Mais toute solution dans la région doit être une solution africaine. « Nous devons intégrer l’ensemble de notre approche au Sahel avec nos partenaires africains, sinon nous risquons de saper nos propres efforts et d’offrir des opportunités supplémentaires aux VEO et aux concurrents stratégiques d’accéder et d’influencer », a-t-elle déclaré.

    « Alors que le Tchad reste l’un des partenaires les plus capables de la région et que N’Djamena est le nouvel hôte du siège du G5 Sahel, la fin de la coopération américaine en matière de sécurité a affecté notre engagement bilatéral », a déclaré Blyden. « Alors que le Conseil militaire de transition travaille à un retour à un gouvernement démocratiquement élu et dirigé par des civils, nous restons déterminés à soutenir le peuple tchadien. Le Tchad était l’un des six seuls pays du continent africain à approuver la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Le Tchad est confronté à des menaces terroristes, à des crises humanitaires et à l’influence malveillante de la Russie dans sa propre région. Les États-Unis ont le potentiel de fournir une coopération significative en matière de sécurité pour former les services militaires et civils du Tchad, en particulier compte tenu de son rôle de contributeur de troupes à l’ONU et à la paix régionale. opérations. »

    Les États-Unis ne sont pas le seul pays à pouvoir travailler avec les nations de la région. « Nous encourageons nos alliés européens et nos partenaires africains opérant au Sahel à adopter une approche similaire à… la stratégie du Sahel, une approche qui recherche des solutions intégrées à l’ensemble du gouvernement et dirigées par les Africains », a-t-elle déclaré. « Nous estimons que l’action militaire unilatérale est insuffisante pour faire face à l’ampleur des menaces auxquelles nous sommes confrontés sur le continent. Et bien que le continent regorge de nouvelles initiatives, il bénéficierait vraiment de la gestion de la communauté internationale pour soutenir nos partenaires et leurs efforts soutenus localement. . »

    Le rôle des États-Unis est de permettre aux partenaires africains de réussir à créer et à maintenir leur propre sécurité. Les nations doivent « s’approprier » leur sécurité, a-t-elle déclaré. « La meilleure façon de les aider à s’approprier leur propre sécurité est de leur permettre de diriger l’élaboration de notre soutien à leurs efforts », a-t-elle déclaré.

    L’Afrique est aussi une scène de compétition stratégique. La Russie et la Chine voient le potentiel stratégique du continent. La Chine consacre de l’argent et du temps à cultiver les nations africaines. « Dans le cadre de son engagement, la Russie et la RPC fournissent régulièrement des articles d’entraînement et de défense aux nations africaines », a déclaré Blyden. « Alors que nos partenaires africains ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils préféraient nos articles d’entraînement et de défense, ils se tournent vers nos concurrents lorsque nous ne répondons pas à leurs demandes. Nous devons travailler pour être plus réactifs et plus présents si nous voulons réussir dans ce domaine. « 

    Département de Défense USA, 12/07/2022

    #Sahel #Mali #Russie #Chine #

  • Les pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel

    Les pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel

    Maghreb, Sahel, OTAN, Europe, Algérie, Mali, Niger, Maroc, Libye, Mauritanie,

    Avec sept frontières terrestres africaines et deux autres frontières maritimes européennes, avec l’Espagne et l’Italie, l’Algérie surveille un très large espace géographique de l’ordre d’un continent. Et pour la première fois depuis 1962, les périls sont pratiquement présents de tous les côtés. De quel côté que le regard se pose, il y observe périls et jeux de Monopoly : la Tunisie, fragilisée par des soucis politiques, n’alimente pas encore le réconfort ; la Mauritanie, qui tente de faire de la realpolitik, fait en sorte de suivre, principalement, ses intérêts économiques ; le Mali est soumis à une pression euro-française intense pour en chasser les Russes, une pression qui n’exclut aucun moyen pour désarticuler Bamako, qui résiste avec succès, jusque-là; le Niger, maillon faible des pays du champ, fait une fois de la résistance, mais deux fois le porte-voix de la France ; la Libye est le pays qui donne le plus d’inquiétude pour le moment, car soumis aux groupes paramilitaires, très puissants aussi bien dans le Cyrénaïque, la Tripolitaine que le Fezzan, peut basculer dans la violence à tout moment, avec possibilité de l’ « exporter », également. Du côté marocain, les choses ont le mérite d’être claires pour inciter à un redoublement d’attention.

    Malheureusement, l’Europe et l’Otan ont joué, jouent, et joueront encore sur les points de dissension qui existent dans cet espace. Si la guerre doit changer de camp, c’est certainement sur cet espace qu’ils la planteront en essayant de trouver le maillon faible. Et c’est pour cette raison, comme pour d’autres, également, il faut faire attention aux pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel.

    Les ballons-sondes lancés épisodiquement pour tâter le pouls des Africains n’échappent à personne, comme ce fut le cas récemment pour le Mali, qui, selon l’Espagne (qui, subrepticement, se trouve en train de jouer le rôle de l’ « éclaireur » pour l’Otan dans la région maghrébo-sahélienne), peut motiver une intervention otanienne.

    L’antécédent libyen ne doit pas être perdu de vue. L’entêtement franco-atlantiste à déboulonner la Libye par ses fondements avait été un acte assez brutal qui a durablement châtié le Maghreb et le Sahel pour très longtemps.

    L’Express, 14/07/2022

    #Algérie #Sahel #Mali #Mauritanie #Russie #Niger #Maroc #Maghreb #OTAN #Espagne

  • Nouvelle reconfiguration régionale: L’Algérie en pole position

    Nouvelle reconfiguration régionale: L’Algérie en pole position

    Algérie, Maghreb, Sahel, G5 Sahel, Serval, Barkhane, MINUSMA, Mali,

    Le «décès» du G5 Sahel a été acté, il y a quelquessemaines, parla décision du Mali de se retirer du groupe. Une démarche qui, pour bon nombre d’observateurs et autresspécialistes des questionssécuritaires, est amplement justifiée. Ces derniers soutiennent, en effet, que les critiques faites autour de ce dispositif sont fondées. Bamako a expliqué sa décision de retrait : «L’instrumentalisation d’une institution comme le G5 Sahel dont le mandat est de mutualiser les moyens pour garantir des conditions de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres est fondamentalement contraire aux intérêts de nos pays et de nos peuples qui font face à d’importants défis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme», ont souligné les autorités maliennes de transition. Pour autant, pour les spécialistes, toutes les opérations militaires et les forces multinationales expérimentées ou présentes au Sahel, de Serval à Barkhane, en passant par la force mixte et la MINUSMA jusqu’à Takuba ne sont pas parvenues à résoudre la crise sécuritaire qui menace aujourd’hui l’existence même du continent.

    Et force est de rappeler aussi qu’au cours des dix dernières années, les pays du Sahel ont tenté de coordonner leurs efforts pour faire face à la détérioration de la situation sécuritaire marquée par une forte propagation des groupes terroristes sans pour autant parvenir à rétablir la stabilité à leurs frontières ou dans la région.

    Cet échec est expliqué par le professeur des universités et spécialistes des questions géopolitiques et internationales, Makhlouf Sahel, qui estime que «l’initiative G5 Sahel avait comme objectif le redéploiement de la présence française dans la région pour contrer d’un point de vue stratégique la venue d’un certain nombre de puissances qui commençaient à s’intéresser de très près à cet espace géopolitique qu’est le Sahel, soit pour des considérations géostratégiques pour certains ou géoéconomiques pour d’autres».

    Et d’ajouter que «l’autre objectif inavoué, mais clairement identifiable pour tout observateur averti, était le torpillage de l’expérience des pays du champ qui commençait à être perçue comme une dynamique d’émancipation et de coordination de la région sur le plan sécuritaire, ce qui contredisait totalement les desseins hégémoniques de la France». Et de poursuivre en indiquant que «l’échec du G5 Sahel était prévisible dès le départ, car il y avait un décalage structurel au sein de ce groupe». Mais pas que puisque, il avance une autre raison. Elle consiste selon lui en «le manque de conviction dans la mise en place de l’initiative en elle-même, car non seulement elle n’émanait pas des réalités profondes de la région mais elle semblait aussi être le pendant politique et économique sahélien de l’opération militaire française Barkhane, ce qui arrangeait les objectifs de la France, mais pas ceux des pays membres du G5».

    C’est pourquoi, estimera le spécialiste, «il serait plus judicieux pour les pays de la région du Sahel à adopter une approche qui mène sur la voie structurée de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel de manière identique et complémentaire à l’architecture africaine de paix et de sécurité qui est sous la tutelle de l’Union africaine». Dans cette nouvelle configuration qui se dessine pour la sous-région, l’Algérie est appelée à jouer un rôle crucial. Pour le professeur Barkouk, sa position lui permet d’être «la locomotive pour la constitution d’un système de sécurité régional soucieux du respect de la souveraineté des autres pays et refusant toute ingérence étrangère».

    Elle est aussi, selon lui, «capable de créer une dynamique de coopération sécuritaire sur le long terme qui pourrait associer les quatre pays du Centre, à savoir l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger avant d’être élargis à d’autres pays, notamment le Burkina Faso, le Tchad et le Nigeria». Un rôle qui est écrit pour elle et que nul autre pays ne saurait jouer ou assumer. Et pour cause, le professeur Sahel tient à rappeler que «l’Algérie est pionnière et leader en matière de construction et d’engineering sécuritaire tant au niveau continental (en Afrique) que régional (au Sahel)».

    Et de souligner que «les efforts de notre pays pour édifier une assise sécuritaire collective sous-régionale, en complément à ces efforts dans le cadre de la mise en place de l’architecture de paix et de sécurité en Afrique (APSA), ont été des efforts considérables et foncièrement importants pas seulement pour l’Algérie mais pour toute la région du Sahel et au-delà pour le continent». Il poursuivra en indiquant que «l’importance et l’efficience de toutes ces initiatives résident particulièrement dans la consécration des préalables de souveraineté des Etats africains à mettre en orbite le principe d’africanisation des solutions et des mécanismes dédiés à la prévention des conflits, la gestion des crises et aussi à la lutte antiterroriste». Et si l’Algérie risque une nouvelle fois de porter l’Afrique en matière de sécurité, c’est aussi parce que son expertise en la matière est reconnue et recherchée.

    Le professeur Sahel indiquera que «forte de son expérience amère du fléau terroriste et de sa victoire seule dans sa lutte contre le terrorisme, l’Algérie a de tout temps eu comme conviction que pour faire face aux menaces sécuritaires actuelles, la coordination et la coopération sont des variables indispensables». Elle s’est également efforcée de «contribuer efficacement et en permanence à la construction de perceptions communes, que ce soit au niveau continental ou régional et même à l’international, sachant qu’elle est membre fondateur du Forum mondial antiterroriste».

    En outre, il ne faut pas oublier que le Traité sur la prévention du terrorisme a été conclu en Algérie en 1999, où il évoquait déjà dans son préambule et bien avant les événements du 11 septembre 2001, que le phénomène du terrorisme constitue une menace à la sécurité mondiale et affecte la cohésion de la communauté internationale ; il représente également un grave danger pour les droits de l’homme.

    Dans le prolongement de cet accord, le Plan d’action d’Alger a été approuvé en 2002, ce qui a abouti à la création du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme le 13 octobre 2004. Il sera aussi indiqué que c’est «l’Algérie qui a contribué de façon significative au développement d’un certain nombre de règles internationales, à l’image de la résolution 19-04 de l’ONU interdisant le payement des rançons». Pour notre interlocuteur «Toutes ces données permettent de dire que l’Algérie a été le précurseur de cette logique de coordination et de coopération en matière de lutte antiterroriste, particulièrement en Afrique et dans la région du Sahel, ce qui lui permet de se mettre en pole position de leader pour la reconsolidation d’une architecture régionale de paix et de sécurité».

    Nadia Kerraz

    El Moudjahid, 12/07/2022

    #Algérie #Sahel #Maghreb #Mali #France #G5_Sahel #Serval #Barkhane


  • Marocleaks : La folle course du Maroc au Sahel

    Marocleaks : La folle course du Maroc au Sahel

    Sahel, Mali, Maroc, pays du chaps, CEN-SAD, Sahara, terrorisme, groupes armés,


    • Les deux réunions qui ont eu lieu au Mali au sujet d’abord du suivi de la feuille de route « ensemble pour le renouveau du Mali » (donateurs) et ensuite de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, ont permis à la délégation du Maroc de se positionner fortement dans le soutien et l’appui aux processus visant la stabilité du Mali et du Sahel.

    • Le concept avancé par notre délégation que  » c’est la menace qui détermine l’espace  » et qui vise à mettre un terme au concept  » pays du champ » a été repris par un grand nombre de délégations présentes qui ont souligné que c’est ce concept qui devrait déterminer l’étendue de la zone « sahel » et non l’inverse.

    • Ainsi sur le plan conceptuel la notion « pays du champ » est dépassé et n’a été citée aucune fois tout au long de la réunion.

    • Par extension, il peut même être avancé que le « G5 », notion inventée par l’Europe et principalement par la France, n’a pas connu un grand soutien.
    • Le nouveau concept que c’est « la menace qui détermine l’espace » a été enrichi par la notion que le Sahel est avant tout un espace homogène du point de vue géographique et culturel qui s’étend de l’Atlantique à la mer rouge et que par rapport aux critères de la menace et de la sécurité, il devra être approché dans sa totalité, sans distinction, ni différenciation.

    • Admettant la pertinence du concept « la menace qui détermine l’espace », délégation du Mali et de la Mauritanie ont souligné que le G5 est un groupement non exclusif et reste ouvert à la participation de tout autre pays du Sahel qui en manifeste le souhait.
    • Le Président IBK a d’ailleurs souligné que le Président Macky Sall a abordé avec lui la question et il lui a affirmé que le G5 n’est pas un groupe fermé et que le Sénégal pouvait y adhérer.
    • Le représentant du Bénin a souligné dans son intervention que le Bénin se considère comme appartenant au Sahel.

    • Tout concourt finalement à ce que la CEN-SAD soit l’organisation idoine pour peu qu’elle saisisse cette opportunité. En effet la CENSAD correspond largement à cette configuration.
    • S’agissant de la situation au Mali , il était prévu qu’ une réunion ait lieu le Samedi à KIDAL sous présidence algérienne entre le gouvernement et les groupes armés du Nord . Le MAE mauritanien m’a confirmé la tenue de cette réunion mais m’a affirmé que la Mauritanie, le Niger et le Tchad qui y étaient conviés ont fait savoir qu’ils n’y prendront pas part. Le MAE mauritanien estime que le jeu n’est pas clair et que la partie malienne n’a pas précisé ses attentes. D’autres sources, ont souligné que l’attitude « trop discrète » du gouvernement malien quand à ses objectifs, n’est pas à même de faire adhérer autour de lui un maximum de pays.

    • La Secrétaire d’État Française au développement et à la Francophonie qui avait pris part à la réunion « Ensemble pour le Mali » s’est rendue à Tombouctou le Vendredi et semblait optimiste par rapport au retour de la sécurité dans le Nord Mali. Les événements survenus à KIDAL démentent ce sentiment et ont torpillé la réunion prévue.

    Sahel / « la menace qui détermine l’espace »

    • Les deux réunions qui ont eu lieu au Mali au sujet d’abord du suivi de la feuille de route « ensemble pour le renouveau du Mali » (donateurs) et ensuite de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, ont permis à la délégation du Maroc de se positionner fortement dans le soutien et l’appui aux processus visant la stabilité du Mali et du Sahel.

    • Le concept avancé par notre délégation que  » c’est la menace qui détermine l’espace  » et qui vise à mettre un terme au concept  » pays du champ » a été repris par un grand nombre de délégations présentes qui ont souligné que c’est ce concept qui devrait déterminer l’étendue de la zone « sahel » et non l’inverse.
    • Ainsi sur le plan conceptuel la notion « pays du champ » est dépassé et n’a été citée aucune fois tout au long de la réunion.
    • Par extension, il peut même être avancé que le « G5 », notion inventée par l’Europe et principalement par la France, n’a pas connu un grand soutien.

    • Le nouveau concept que c’est « la menace qui détermine l’espace » a été enrichi par la notion que le Sahel est avant tout un espace homogène du point de vue géographique et culturel qui s’étend de l’Atlantique à la mer rouge et que par rapport aux critères de la menace et de la sécurité, il devra être approché dans sa totalité, sans distinction, ni différenciation.

    • Admettant la pertinence du concept « la menace qui détermine l’espace », délégation du Mali et de la Mauritanie ont souligné que le G5 est un groupement non exclusif et reste ouvert à la participation de tout autre pays du Sahel qui en manifeste le souhait.
    • Le Président IBK a d’ailleurs souligné que le Président Macky Sall a abordé avec lui la question et il lui a affirmé que le G5 n’est pas un groupe fermé et que le Sénégal pouvait y adhérer.

    • Le représentant du Bénin a souligné dans son intervention que le Bénin se considère comme appartenant au Sahel.
    • Tout concourt finalement à ce que la CEN-SAD soit l’organisation idoine pour peu qu’elle saisisse cette opportunité. En effet la CENSAD correspond largement à cette configuration.

    • Il vous appartiendra lors de la réunion « 5+5 » de continuer à faire prévaloir ce concept.

    Source : Document officiel de la diplomatie marocaine

    #Maroc #Sahel #Mali #Terrorisme

  • Mali: quels sont les effets des sanctions de la CEDEAO?

    Mali: quels sont les effets des sanctions de la CEDEAO?

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    Presque tous les secteurs de l’économie malienne ont été affectés par les sanctions imposées au pays par la CEDEAO à la suite d’un coup d’Etat militaire.

    En début juillet, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, a décidé de lever les sanctions imposées contre le Mali depuis le début de l’année.

    A part le gel des avoirs maliens dans toutes les banques de la CEDEAO, les pays membres de la communauté avaient fermé leurs frontières avec le Mali et suspendu les transactions commerciales avec celui-ci. Seuls les produits médicaux et de première nécessité étaient épargnés.

    Ces sanctions ont porté un grand coup à tous les secteurs d’activité du pays qui a frôlé la récession en début d’année.

     »Les impacts ont été assez négatifs parce qu’en fait, déjà en début d’année, on tablait sur une croissance de 5% et un peu plus », explique Pr Abdoul Karim Diamoutene, économiste et enseignant chercheur à l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako.

    « Donc, il était prévu que, si durant le premier trimestre les sanctions avaient été levées, on aurait assisté à un ralentissement de la croissance. Mais déjà, le fait que nous soyons dans le second trimestre, l’on table sur une récession. Par conséquent, ça veut dire une croissance négative », poursuit-il.

    Selon lui, « on ne peut dire que les conséquences sont très négatives en perspective pour l’économie malienne ».

    Même si l’universitaire assure qu’il faut d’abord attendre les différents rapports, pour pouvoir chiffrer quantitativement l’impact des sanctions sur l’économie malienne, il précise qu’on peut bien se faire une idée des différents secteurs qui ont été nettement affectés et puis essayer de parler des conséquences.

    Selon Pr Diamoutene, les secteurs tertiaire et secondaire ont été les plus affectés.

    « Au niveau du secteur tertiaire, c’est le commerce qui a un peu pâti de la fermeture des frontières et aussi le secteur de l’hôtellerie et également du tourisme », dit-il.

    Le chercheur précise également que parce que l’Etat était privé de ses moyens, les missions nationales, souvent effectuées à l’intérieur du pays, la restauration et l’hébergement, ont été complètement bloqués et paralysés.

    « L’Etat est un véritable acteur économique dans nos pays, principalement un peu au Mali parce qu’à travers les grands chantiers de l’Etat, les infrastructures routières, les grands projets, donc, il y a un effet indu sur l’ensemble des secteurs », poursuit-il.

    « Donc, dès lors que l’Etat était privé de ses moyens au niveau de la Banque centrale, il a automatiquement réduit ses dépenses au strict minimum. Et je crois qu’ici, c’est presque environ 15 % du budget courant qui ont été autorisés à être utilisés », dit-il.

    Par ailleurs, cette situation a entraîné un effet négatif et réduit les opportunités pour les entreprises qui ont aussi été affectées.

    Mais les difficultés ont touché d’autres secteurs jadis très fonctionnels.

    « L’autre secteur qui a aussi été affecté, c’est le secteur de la construction, bâtiments et travaux publics. A ce niveau, la fermeture des frontières a été nettement ressentie, sur le Sénégal par où le ciment rentrait et peut-être aussi le Togo. Donc, le ciment est très cher », précise-t-il.

    « Pour preuve, le ciment qu’on pouvait acheter à environ 100 000 à 105 000 FCFA la tonne, à un moment, on l’obtenait jusqu’à entre 135 000 et 140 000 FCFA. Vous voyez déjà ? Les différents chantiers ont été arrêtés. Or, ce secteur-là a un effet amplificateur sur les autres secteurs », affirme Pr Diamoutene.

    « Quand on construit, les maçons, les menuisiers métalliques, les peintres, c’est toute une chaîne qui est en activité. Même les camions qui transportaient le sable, tous ces secteurs ont été complètement bloqués », explique-t-il.

    Le Mali reprend son souffle

    Le Pr Abdoul Karim Diamoutene estime que la levée des sanctions est une bonne chose pour le Mali dans la mesure où « les contraintes au niveau des différentes frontières seront levées », ce qui va faciliter l’acheminement du ciment et de différents produits à l’intérieur du pays.

    « Il faut reconnaître qu’avec la crise, l’Etat s’est orienté vers des pays comme la Guinée et la Mauritanie. Mais ces ports-là n’ont pas les mêmes commodités que les ports de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. Du coup, ils n’ont pas pu annihiler les effets liés à cette crise. »

    « Mais l’élément important qui a secoué un peu, c’est le gel des avoirs de l’Etat au niveau de la Banque centrale et aussi le fait de priver l’Etat de l’accès au marché financier sous-régional », rappelle Diamoutene.

    « Donc, avec cette levée des sanctions, l’Etat va avoir accès à ses ressources, ce qui va lui permettre d’injecter de l’argent dans le circuit économique et également de faire face à d’autres échéances de dettes, etc. », explique-t-il.

    Selon lui, le fait que l’Etat puisse regagner sa prérogative au niveau de la Banque centrale lui permettra de reconvertir tous ces différents éléments au profit de l’économie nationale.

    « C’est la levée des sanctions au niveau de la Banque centrale qui constitue vraiment un véritable ouf de soulagement pour l’Etat et pour l’économie malienne », suggère le chercheur.

    Pour sa part, le Pr Aly Toukara, analyste politique, fondateur et Directeur du Centre des Études Sécuritaires et Stratégiques au Sahel basé au Mali, estime que cette levée des sanctions est une « bouffée d’air » pour le pays.

    Etant donné, dit-il, que tous les efforts étaient tournés vers le paiement des salaires des fonctionnaires de l’Etat et le soutient de l’effort militaire.

    « C’est une sorte de bouffée d’oxygène, pas forcément une victoire, ni pour la junte au pouvoir, ni pour la CEDEAO, car les deux parties étaient aux abois », dit-il.

    Une économie exceptionnelle qu’il faut relever

    Pour Pr Diamoutene, le Mali n’aura pas forcément besoin de refaire un long chemin pour retrouver son rythme économique d’antan.

    « Il faut comprendre la structure de l’économie malienne qui est fortement primaire, avec un poids important de l’informel… », dit-il.

    « Quand vous voyez la croissance de l’économie malienne, elle repose sur le secteur primaire qui est agricole, etc. et la performance de ce secteur dépend de la nature de la pluviométrie et aussi d’autres mesures d’appui et de soutien vers les intrants que l’Etat accorde », poursuit-il avant d’évoquer le secteur des mines, avec le commerce de l’or qui n’a pas souffert de la crise.

    Toutefois, il estime que les petites et moyennes entreprises qui ont été en difficulté pourront bien se remettre dans les prochains six mois.

    Pour assurer la reprise économique, Pr Abdou Karim Diamoutene estime que « le secteur agricole est fondamental. »

    « Le secteur agricole au Mali a besoin d’un certain nombre d’appuis dont les intrants agricoles. Et nous avons vu cette année avec la crise entre l’Ukraine et la Russie, que les prix ont presque doublé, triplé », remarque-t-il.

    « Donc, l’Etat ayant été privé de ses moyens, a eu du mal à faire face à ces différentes subventions, etc. Si ces mesures ne sont pas poursuivies et si la campagne agricole n’a pas pu obtenir les résultats escomptés, cela risque d’affecter nettement le processus de croissance du pays. »

    « Je crois que l’urgence, c’est beaucoup s’atteler à ce niveau-là d’autant plus que nous sommes dans la période hivernale », dit-il.

    M. Diamoutene craint que l’inflation au niveau mondial ne ralentisse la situation au Mali.

    « Tous les coûts de production ont augmenté. Donc, l’Etat n’ayant pas assez de moyens pour continuer à subventionner, cela risque de créer une tension sociale qui ne dit pas son nom », prévient le chercheur.

    BBC News, 8 jui 2022

    #Sahel #Mali #CEDEAO #Sanctions

  • Les vétérans du Mossad investissent la région maghrébine

    Les vétérans du Mossad investissent la région maghrébine

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    Les vétérans du Mossad à la tête de NSO, Pegasus et Silicone Valley, investissent la région maghrébine: Les technologies israéliennes impactent le quotidien

    Comme on le sait, la question du Sahara occidental a été au cœur de l’espionnage par le Maroc via le logiciel Pegasus de tout le voisinage, y compris la France. Dans la proche périphérie de l’Algérie, au sud, dans la région saharo-sahélienne, IAI, Israël Shipyards, Mer Group et toute l’industrie militaire israélienne tentent de s’implanter.

    Le monde des logiciels israéliens exploités contre les Palestiniens produit de nouvelles armes cybernétiques qui sont rapidement intégrées aux plateformes numériques à l’échelle mondiale.

    Les armes de l’ère numérique développées par Israël pour opprimer les Palestiniens sont rapidement réutilisées pour des applications beaucoup plus larges, contre les populations occidentales qui ont longtemps considéré leurs libertés pour acquises.

    Le statut d’Israël en tant que « nation startup » a été établi il y a plusieurs décennies. Mais sa réputation d’innovation en haute technologie a toujours reposé sur une face obscure, de plus en plus difficile à ignorer.

    Il y a quelques années, le critique israélien Jeff Halper a averti qu’Israël avait joué un rôle central dans la fusion des nouvelles technologies numériques avec l’industrie de la sécurité intérieure. Le danger était que nous devenions tous progressivement des Palestiniens.

    Israël, a-t-il noté, a traité efficacement – comme des cobayes dans des laboratoires à ciel ouvert – les millions de Palestiniens soumis à son régime militaire. Ils ont servi de banc d’essai pour mettre au point non seulement de nouveaux systèmes d’armes classiques, mais également de nouveaux outils de surveillance et de contrôle de masse.

    Comme l’a récemment signalé un rapport publié sur Haaretz, l’opération de surveillance menée par Israël contre les Palestiniens est « parmi les plus vastes du genre au monde. Cela inclut la surveillance des médias, des médias sociaux et de la population dans son ensemble ».

    Commercialiser Big Brother

    Mais ce qui a commencé dans les territoires occupés ne va jamais rester confiné en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza. Il y avait tout simplement trop d’argent et d’influence à gagner d’un commerce de ces nouvelles formes hybrides de technologie numérique agressive.

    Aussi petit soit-il, Israël est depuis longtemps un chef de file mondial dans un commerce [trafic] d’armes extrêmement lucratif, vendant à des régimes autoritaires du monde entier ses systèmes d’armes testés sur le champ de bataille des Palestiniens.

    Ce commerce de matériel militaire est de plus en plus éclipsé par un marché de logiciels agressifs : des outils pour mener une guerre cybernétique.

    Ces armes de nouvelle génération sont très demandées par les États, non seulement contre les ennemis extérieurs, mais aussi contre des citoyens et des militants des droits de l’homme considérés comme dissidents.

    Israël peut légitimement prétendre être une autorité mondiale en la matière, contrôlant et opprimant les populations placées sous son autorité militaire. Mais il a tenu à marquer ses empreintes digitales sur une grande partie de cette nouvelle technologie à la « Big Brother », en externalisant le développement de ces outils informatiques au profit de diplômés de ses infâmes unités de sécurité et de renseignement militaire.

    Néanmoins, Israël valide implicitement ces activités en fournissant des licences d’exportation à ces entreprises – et les plus hauts responsables de la sécurité du pays sont souvent étroitement associés à leurs travaux.

    Tensions avec la Silicon Valley
    Une fois abandonné l’uniforme, les Israéliens peuvent tirer profit des années d’expérience acquises grâce à l’espionnage des Palestiniens en créant des sociétés développant des logiciels similaires pour des applications à plus grande échelle.

    Les applications utilisant une technologie de surveillance sophistiquée d’origine israélienne sont de plus en plus courantes dans nos vies quotidiennes et numériques. Certaines ont été utilisées pour des usages relativement [et prétendument] bénins. Waze, qui surveille la congestion du trafic, permet aux conducteurs d’atteindre les destinations plus rapidement, tandis que Gett met les clients en liaison avec les taxis à proximité via leur téléphone.

    Mais certaines des technologies les plus secrètes produites par les développeurs israéliens restent beaucoup plus proches de leur objectif militaire initial.

    Ce logiciel agressif est vendu à la fois aux pays qui souhaitent espionner leurs propres citoyens ou des États rivaux, et à des sociétés privées qui espèrent gagner un avantage sur leurs concurrents ou mieux exploiter et manipuler commercialement leurs clients.

    Une fois intégrés aux plateformes de médias sociaux comptant des milliards d’utilisateurs, ces logiciels espions offrent aux agences de sécurité des États une portée potentielle quasi mondiale. Cela explique la relation parfois difficile entre les sociétés de technologie israéliennes et la Silicon Valley, cette dernière luttant pour prendre le contrôle de ce malware [ensemble des logiciels sur le réseau considérés comme nocifs] – comme le montrent deux exemples récents et assez contrastés.

    « Kit d’espionnage » pour téléphone portable
    Signe des tensions, WhatsApp, une plate-forme de médias sociaux appartenant à Facebook, a engagé la semaine dernière un premier recours de ce type devant un tribunal californien contre NSO, la plus grande société de surveillance israélienne.

    WhatsApp accuse NSO de cyberattaques. Au cours d’une courte période de deux semaines se terminant début mai et scrutée par WhatsApp, NSO aurait sphonné les téléphones mobiles de plus de 1400 utilisateurs dans 20 pays.

    Le logiciel espion de la NSO, appelé Pegasus, a été utilisé contre des défenseurs des droits de l’homme, des avocats, des responsables religieux, des journalistes et des travailleurs humanitaires. Reuters a révélé la semaine dernière que de hauts responsables de pays alliés des États-Unis avaient également été pris pour cibles par la NSO.

    Après avoir pris le contrôle du téléphone de l’utilisateur à son insu, Pegasus copie les données et active le microphone pour enregistrer les conversations. Le magazine Forbes l’a décrit comme « le kit d’espionnage mobile le plus intrusif au monde ».

    La NSO a octroyé une licence d’utilisation de ce logiciel à des dizaines de gouvernements, notamment à des régimes réputés pour violer les droits de l’homme, tels que l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Kazakhstan, le Mexique et le Maroc.

    Amnesty International s’est plaint de ce que son personnel figure parmi les personnes visées par les logiciels espions de la NSO. Il soutient actuellement une action en justice contre le gouvernement israélien pour avoir délivré une licence d’exportation à cette même société.

    Liens avec les services du renseignement israélien
    NSO a été fondée en 2010 par Omri Lavie et Shalev Hulio, tous deux censés être des diplômés de la fameuse unité de renseignement militaire 8200 d’Israël.

    En 2014, des lanceurs d’alerte ont révélé que l’unité espionnait régulièrement les Palestiniens, cherchant des preuves d’inconduites sexuelles, de problèmes de santé ou de difficultés financières pouvant les obliger à collaborer avec les autorités militaires israéliennes d’occupation.

    Ces lanceurs d’alerte [des soldats] écrivaient que les Palestiniens étaient « complètement soumis à l’espionnage et à la surveillance par les services du renseignement israélien, à des fins de persécution politique et pour créer des divisions au sein de la société palestinienne en recrutant des collaborateurs et en incitant des membres de la société palestinienne contre elle-même. »

    Alors que ce sont les autorités qui ont délivré des licences d’exportation à la NSO, le ministre israélien Zeev Elkin a nié la semaine dernière « l’implication du gouvernement israélien » dans le piratage de WhatsApp. Il a prétendu à la radio israélienne : « Tout le monde comprend que cela n’a rien à voir avec l’État d’Israël. »

    Un « Mossad privé à louer »
    Deux exemples notoires de ce genre d’entreprise ont un court moment fait les manchettes. La société Psy-Group, qui s’est présentée comme un « Mossad privé à louer« , a été fermée l’année dernière après que le FBI a ouvert une enquête pour ingérence dans l’élection présidentielle américaine de 2016. Son « Project Butterfly » [projet papillon], selon le New Yorker, visait à « déstabiliser et perturber les mouvements anti-israéliens de l’intérieur ».

    Black Cube, quant à elle, a fait parler d’elle l’année dernière pour avoir exercé une surveillance hostile sur les principaux membres de la précédente administration américaine alors dirigée par Barack Obama. Cette entreprise semble étroitement lié aux services de sécurité israéliens et a été basée pour un temps sur une base militaire israélienne.

    Un avenir cauchemardesque
    L’élite de la sécurité israélienne tire profit de ce nouveau marché de la cyberguerre, exploitant – comme elle l’a fait pour le commerce des armes classiques – une population palestinienne totalement captive, sur laquelle il peut tester sa technologie.

    Il n’est pas surprenant qu’Israël normalise progressivement dans les pays occidentaux des technologies intrusives et oppressives subies depuis longtemps par les Palestiniens.

    Les logiciels de reconnaissance faciale permettent un profilage racial et politique toujours plus sophistiqué. La collecte et la surveillance secrètes de données effacent les frontières traditionnelles entre les espaces privés et publics. Et les campagnes de doxxing [divulgation sur Internet de données privées avec la volonté de nuire] qui en résultent permettent d’intimider, de menacer et de fragiliser ceux qui sont dans l’opposition ou qui veulent – comme ceux qui défendent les droits de l’homme – que les puissants rendent des comptes.

    Si cet avenir de cauchemar continue de se concrétiser, New York, Londres, Berlin et Paris ressembleront de plus en plus à Naplouse, Hébron, Jérusalem-Est et Gaza. Et nous comprendrons tout ce que cela signifie que vivre dans un État de surveillance, engagé dans une guerre cybernétique contre ceux qu’il a sous sa férule.

    Jonathan Cook a obtenu le Prix Spécial de journalisme Martha Gellhorn. Il est le seul correspondant étranger en poste permanent en Israël (Nazareth depuis 2001). Ses derniers livres sont : « Israël and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the to Remake the Middle East » (Pluto Press) et « Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair » (Zed Books). Consultez son site personnel.

    Par Jonathan Cook

    L’Express, 06 jui 2022

    #Algérie #Maroc #Israël #Mossad #Sahel #Pegasus #Espionnage

  • Afrique de l’Ouest et le Sahel : Briefing et consultations

    Afrique de l’Ouest et le Sahel : Briefing et consultations

    Sahel, Mali, Burkina Faso, Tchad, Niger, OWAS, CCP, UNOWAS,

    Demain (7 juillet), le Conseil de sécurité tiendra un briefing et des consultations sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Le Représentant spécial et chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mahamat Saleh Annadif, fera un exposé. Le président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), l’ambassadeur Rabab Fatima (Bangladesh), et un représentant de la Coalition populaire pour le Sahel, une alliance d’organisations de la société civile basées au Sahel, devraient également faire un exposé. Le Ghana et l’Irlande, les co-titulaires du OWAS, prévoient de proposer une déclaration présidentielle à l’occasion de cette réunion.

    Annadif présentera le dernier rapport du Secrétaire général sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, qui couvre la période du 22 décembre 2021 au 22 juin. La région a connu une recrudescence des coups d’État, notamment des prises de pouvoir militaires au Tchad, en Guinée et au Mali en 2020 et 2021. Dans un contexte d’aggravation de la violence djihadiste, le Burkina Faso est devenu le dernier pays à connaître un coup d’État, lorsque des soldats ont renversé le président Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier. Quelques jours plus tard, le 1er février, une tentative de coup d’État en Guinée-Bissau a été déjouée après une fusillade au palais présidentiel, qui aurait fait 11 morts et incité la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à déployer une mission de stabilisation dans le pays.

    Lors de la session de demain, l’Annadif devrait rendre compte des décisions que la CEDEAO – qui dirige les efforts internationaux visant à rétablir l’ordre constitutionnel au Burkina Faso, en Guinée et au Mali – a prises le week-end dernier lors d’un sommet des dirigeants ouest-africains à Accra, au Ghana. La CEDEAO a décidé de lever les sanctions économiques et financières que le bloc régional avait imposées au Mali le 9 janvier, tout en maintenant les sanctions de gel des avoirs et d’interdiction de voyager établies en novembre 2021 à l’encontre des personnes appartenant aux autorités de transition. En levant les sanctions économiques plus larges, qui comprenaient la fermeture des frontières terrestres de la CEDEAO avec le Mali, la CEDEAO a cité la soumission par les autorités maliennes d’un nouveau calendrier pour la tenue d’élections visant à rétablir un régime civil d’ici le 29 mars 2024. La CEDEAO a rejeté une prolongation de deux ans en mars, mais les discussions sur un calendrier plus court sont au point mort. Entre-temps, en représailles aux sanctions, le Mali bloque depuis février la rotation de 2400 casques bleus de plusieurs contingents ouest-africains de la mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies au Mali (MINUSMA).

    Lors du sommet de ce week-end, la CEDEAO a également accepté le nouveau calendrier proposé par le Burkina Faso pour une transition de 24 mois, à compter du 1er juillet. Le bloc régional continue cependant de rejeter le calendrier de trois ans proposé par la Guinée, et a menacé de sanctions supplémentaires si un calendrier acceptable n’est pas élaboré d’ici le 1er août.

    Dans une déclaration hier (5 juillet), le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué les décisions de la CEDEAO concernant le Mali, se disant encouragé par les récentes mesures prises par les autorités pour conclure la transition d’ici mars 2024 « au plus tard ». Les membres du Conseil pourraient également exprimer leur soutien à la CEDEAO lors de la réunion de demain. Les membres pourraient rappeler, comme la CEDEAO l’a souligné dans son communiqué publié à l’issue du sommet de ce week-end, qu’aucun membre des autorités de transition du Mali ne peut se présenter aux prochaines élections.

    M. Annadif devrait faire le point sur l’évolution de la situation sécuritaire dans la région. Le centre du Sahel reste l’épicentre de la violence des groupes affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique dans le Grand Sahara. Rien qu’au cours des dernières semaines, les attaques de groupes terroristes ont tué au moins 89 personnes dans la ville burkinabé de Seytenga le 11 juin, et au moins 132 civils dans trois villages du district de Bankass au Mali les 18 et 19 juin. Comme le décrit le rapport du Secrétaire général, il existe un risque croissant de propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent aux États côtiers d’Afrique de l’Ouest, comme l’ont montré ces derniers mois les attaques perpétrées dans le nord du Bénin et du Togo. Le Nigeria est également confronté à la violence persistante de Boko Haram et de groupes dissidents dans le bassin du lac Tchad, tandis que le banditisme armé dans les États du nord-ouest et du centre-nord du Nigeria a entraîné la mort de 1 600 personnes entre janvier et mai.

    Security Council Report, 06 jui 2022

    #Sahel #Mali #BurkinaFaso #Tchad #Niger #ONU

  • Le MAE espagnol n’exclut pas une intervention de l’OTAN au Mali

    Le MAE espagnol n’exclut pas une intervention de l’OTAN au Mali

    Espagne, José Manuel Albares, OTAN, Mali, Sahel,

    MADRID, 30 juin (Reuters) – Le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Albares a déclaré jeudi qu’il n’excluait pas une intervention de l’OTAN au Mali si nécessaire, après que le sommet de l’alliance à Madrid a mentionné le terrorisme parmi les « menaces hybrides » que des puissances hostiles peuvent utiliser pour porter atteinte à sa stabilité.

    Interrogé sur une intervention de l’OTAN au Mali, il a déclaré à la radio locale RNE : « Non, nous ne l’excluons pas ».

    « Si c’était nécessaire et si cela représentait une menace pour notre sécurité, nous le ferions », a-t-il ajouté.

    Le nouveau concept stratégique de l’OTAN mentionne le terrorisme et les migrations comme des éléments à surveiller au cours de la prochaine décennie, et désigne le flanc sud comme une nouvelle source de risque pour la stabilité.

    Déclaration d’Albares à la Radio Nationale d’Espagne

    Reuters, 30 juin 2022

    #Espagne #Mali #OTAN #Albares