Étiquette : Sahel

  • Communiqué sur la participation de la Grèce à la réunion ministérielle de la Coalition internationale pour le Sahel

    Annonce du ministère des Affaires étrangères sur la participation du ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias à la réunion ministérielle de la Coalition internationale pour le Sahel (19 mars 2021)

    Le ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias a participé aujourd’hui, 19 mars 2021, à la réunion ministérielle de la Coalition internationale pour le Sahel («Coalition pour le Sahel»), qui s’est déroulée par vidéoconférence.

    Dans son intervention, le Ministre a noté que la situation dans la région du Sahel continue de requérir l’attention de la communauté internationale tant d’un point de vue humanitaire que sécuritaire. La coopération des partenaires internationaux avec le groupe G5 des pays du Sahel contribue à la réponse aux défis complexes auxquels la région est confrontée en raison de la fragilité de l’environnement sécuritaire. Les problèmes interdépendants comprennent la pauvreté croissante, les activités des organisations criminelles et terroristes et l’augmentation des flux migratoires illégaux.

    Le ministre a souligné que, dans ce contexte, la Grèce renforce sa présence dans la région à travers l’ouverture récente d’une nouvelle ambassade au Sénégal et la nomination de l’ambassadeur de Grèce à Dakar en tant qu’envoyé spécial du ministère des Affaires étrangères pour le Sahel. M. Dendias a souligné qu’il s’agissait d’une manifestation pratique de l’intérêt de la Grèce pour l’Afrique de l’Ouest et les pays du Sahel, dans le but de soutenir activement les efforts visant à renforcer la sécurité et la stabilité de la région, en collaboration avec les pays de la région, la Union et autres partenaires internationaux.

    Ministère grec des affaires étrangères, 19 mars 2021

    Tags : Sahel, Mali, Burkina Faso, Tchad, Niger, Mauritanie, Grèce, Coalition internationale pour le Sahel,

  • Les États Unis au Mali, quels enjeux géopolitiques ?

    Par Ezechiel KITA KAMDAR

    Au Sahel, la présence des Etats-Unis se manifeste désormais plus publiquement après de longues années de discrétion. La Libye, surtout la Somalie ( ou ils y sont présents depuis 1997) sont les deux pays du continent africain où les soldats américains seraient susceptibles de mener des opérations qui dépassent le cadre de la formation et de l’appui.

    La présence militaire des États-Unis en Afrique est aussi discrète que tentaculaire. Le pays a établi son unique base permanente à Djibouti, « hub » de ses activités militaires dans la Corne de l’Afrique où sont stationnés environ 4 000 soldats.
    Des documents déclassifiés, émanant du Commandement des opérations spéciales américaines dévoilés en 2016, seulement 1 % des soldats rattachés à ce Commandement, déployés à l’étranger, se trouvaient en Afrique. Ainsi est créé le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (en anglais United States Africa Command ou AFRICOM) est un commandement unifié pour l’Afrique, mis en place par le Département de la Défense des États-Unis en 2007 et entré en fonction en 2008. Il coordonne toutes les activités militaires et sécuritaires des États-Unis sur ce continent.

    En 2010, ce nombre est passé à 10 %, bondissant à 17 % en 2016. En volume, cela représente 1 700 militaires disséminés dans une vingtaine de pays où ils mènent une centaine de missions concomitantes. Cette donnée place l’Afrique juste après le Moyen-Orient en matière d’opérations spéciales menées par les États-Unis selon le même document déclassifié.

    Par ailleurs pour le cas précis du Mali et du Sahel, en octobre 2017, la mort de trois soldats américains tués dans une embuscade au Niger a révélé au grand jour la présence de forces armées américaines dans la région, c’est la première fois qu’une présence opérationnelle de soldats américains est reconnue dans la zone sahélo-saharienne.

    Et pourtant, les Américains y étaient présents avant toute autre puissance notamment la France ( l’Operation serval en janvier 2013), Les activités américaines y sont nombreuses depuis le début des années 2000 par le biais de l’initiative Pan Sahel Initiative (PSI) de lutte contre le terrorisme lancée en 2002, renommée en 2004 Trans-Sahara Counter Terrorism Initiative (TSCTI).

    Depuis lors, des programmes de formations, d’entraînement et d’équipement y sont effectués . Et, chaque année, des opérations conjointes d’exercice militaire en l’occurrence l’opération la plus médiatisée Flintlock qui s’est d’ailleurs déroulée à plusieurs reprises au Niger où ils ont une base militaire de drones de surveillance et de frappes. Le Mali, à maintes reprises, admis à participer à l’exercice Flintlock, la dernière en date de 2019 sur plusieurs sites en Mauritanie et au Burkina Faso.

    Les actions des Etats-Unis sur le continent s’accompagnent généralement de programmes d’entraînement des forces locales, (« train and equip », selon la terminologie militaire américaine) l’unité antiterroriste malienne nouvellement créée (les Forces spéciales anti-terroristes, ou FORSAT) a bénéficié plusieurs formations. Malgré les réticences de l’administration Trump sur le Sahel, cette dernière a créé en 2018, un poste d’envoyé spécial au Sahel face à la recrudescence des attaques terroristes et des groupuscules extrémistes.

    L’occasion de rappeler que depuis l’indépendance du Mali, en dépit de son rapprochement idéologique et économique aux soviétiques, a toujours attisé l’intérêt stratégique américain, ainsi les États-Unis organisent des stages de formation pour les parachutistes maliens dès avril 1966 sans toutefois concurrencer la mainmise soviétique. L’assistance technique se résume en 1968 à huit experts en poste au Mali. Et plus loin, une affaire d’espionnage a terni les relations américano-maliennes en février 1966. Les services de renseignements américains via un sous-officier de l’armée malienne récoltaient des informations et des documents de l’État-major. Aussitôt la trahison découverte, le sous-officier fut immédiatement jugé et jeté en prison. S’il ne manque pas de refroidir les relations entre les deux pays, cet incident diplomatique atteste l’intérêt des États-Unis pour les affaires intérieures maliennes.

    Depuis le début de la crise malienne, les forces américaines ont travaillé étroitement avec les Français au Mali, les troupes françaises bénéficient sur le champ de bataille du soutien de drones américains Predators et les services de renseignements américains. Les Etats-Unis ont déployé plusieurs drones au Niger, sur une base de Niamey, d’où ils décolleront pour effectuer des vols de reconnaissance sur le Nord malien. Après avoir suspendu son aide militaire au Mali lors du coup d’État d’août 2020, Washington redémarre effectivement une collaboration plus solide avec les autorités de la transition, et le contexte semble bon du côté des État unis avec l’arrivée de l’administration Biden plus favorable à un engagement accru au Mali et au Sahel.

    Selon plusieurs spécialistes, cette augmentation de présence américaine dans la région peut être motivée par trois grands enjeux géostratégiques, premièrement la sempiternelle lutte contre la terreur ( le terrorisme). Deuxièmement la géopolitique du pétrole, pour sécuriser les approvisionnements américains par le golfe de Guinée afin d’amoindrir la dépendance aux réserves du Moyen-Orient et enfin la compétition économique, visant à contrer par un pré-positionnement militaire des États-Unis la montée en puissance de la Chine sur le continent africain.

    Le commandant des opérations spéciales américaines, Donald Bolduc dit ceci en 2016 dans le document déclassifié “Les défis auxquels est confrontée l’Afrique pourraient créer une menace qui surpasserait celle à laquelle les États-Unis font actuellement face à cause des conflits en Afghanistan, en Irak, et en Syrie ».

    Guindo Issiaka, Correspondant Tachad au Mali

    Tachad.com, 20 mars 2021

    Tags : Etats-Unis, USA, AFRICOM, Sahel, Mali,



  • Les États-Unis vont accorder plus de 80 millions de dollars d’aide humanitaire aux pays de la région du Sahel : Département d’Etat

    WASHINGTON (Reuters) – Les Etats-Unis vont accorder plus de 80 millions de dollars d’aide humanitaire aux pays de la région du Sahel, a déclaré vendredi la porte-parole du Département d’Etat américain, Jalina Porter.

    Le sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, David Hale, a annoncé cette aide lors d’une réunion sur la région, où 3 millions de personnes sont réfugiées ou déplacées à l’intérieur du pays au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie et au Niger, a précisé Mme Porter.

    Reuters, 19 mars 2021

    Tags : Sahel, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad,

  • Comment la France et les États-Unis peuvent travailler à la stabilisation du Sahel

    Après l’indifférence des années Trump, l’administration Biden devrait élargir et approfondir sa coopération avec la France au Sahel.

    Andrew Lebovich

    La gravité de la situation au Sahel a été rappelée une fois de plus. Cette semaine, une explosion de violence contre des soldats et des civils au Mali et au Niger a rappelé de manière brutale les risques considérables auxquels le Sahel est confronté. Pourtant, le mois dernier encore, un air de triomphalisme régnait lors d’un sommet organisé par la communauté internationale et les nations qui composent le groupement G5 Sahel, qui cherche à apporter la stabilité dans la région.

    Alors que la menace militante continue de s’étendre, des acteurs tels que la France et l’Union européenne – parmi les principaux acteurs internationaux de la sécurité et du développement au Sahel – ont besoin d’une aide accrue. Mais le soutien dont ils ont besoin ne se limite pas à une coopération militaire ou financière ; ils ont également besoin d’une assistance politique, d’autant que les pays de la région privilégient de plus en plus les négociations avec les groupes armés, y compris certains mouvements djihadistes.

    Les États-Unis peuvent contribuer à fournir cette aide, et devraient la cibler en particulier sur les questions difficiles de la stabilisation et de la réforme politique. Une telle assistance permettrait de s’appuyer sur un partenariat sécuritaire déjà solide entre la France et les États-Unis, d’approfondir le partenariat transatlantique tout en contribuant à pousser la France, l’UE et leurs partenaires sahéliens à poursuivre des mesures difficiles mais nécessaires axées sur la gouvernance dans la région.

    Rattraper les négligences du passé

    Sous l’administration Trump, la coopération transatlantique sur le Sahel a été l’un des rares domaines de coopération multilatérale à s’en sortir largement indemne, et pourrait même s’être renforcée. Grâce à des efforts concertés nés d’abord de leur expérience commune en Afghanistan, les forces françaises et américaines opèrent de mieux en mieux ensemble, la France étant désormais considérée comme l’un des partenaires de sécurité les plus importants et les plus fiables des États-Unis. En retour, le soutien américain en termes d’approvisionnement, de transport et de renseignement est essentiel aux opérations françaises au Sahel, tant dans le cadre de l’opération Barkhane que de la Special Operations Task Force Sabre. Et, malgré les menaces de l’administration Trump de réduire la présence américaine au Sahel, le coût relativement faible de l’assistance – environ 45 millions de dollars par an – et la relative indifférence de l’ancien président pour l’Afrique signifiaient que le soutien pouvait largement se poursuivre sans relâche. Les dirigeants français ont également salué à plusieurs reprises la coopération américaine en matière de sécurité au Sahel, qui a joué un rôle important dans l’élimination des chefs djihadistes et dans les opérations françaises et du G5 en cours. Les États-Unis siègent également au sein du Comité de suivi de l’Accord d’Alger, aux côtés d’autres représentants de la communauté internationale.

    Cela dit, sous Trump, le soutien de plus haut niveau pour tout ce qui dépasse les initiatives de sécurité dans la région est resté largement absent. Pendant cette période, les États-Unis étaient loin d’être aussi investis dans la région que leurs homologues européens ; lorsque la communauté internationale organisait des conférences de donateurs majeurs pour des initiatives telles que l’Alliance Sahel ou pour soutenir le G5 Sahel, les États-Unis étaient souvent représentés par des fonctionnaires de niveau inférieur à ceux des autres pays présents. Dans l’ensemble, l’administration a peu fait pour donner la priorité à l’Afrique, et encore moins au Sahel.

    Jusqu’à présent, l’administration Biden a donné un ton différent, non seulement en poussant au renforcement des liens transatlantiques, mais aussi en soulignant l’importance de renouveler et de renforcer la politique étrangère américaine en Afrique, y compris au Sahel. Il s’agit notamment d’un langage positif sur la recherche de liens plus profonds avec le continent, le soutien aux institutions africaines, et l’engagement sur une variété de questions au-delà de la politique de sécurité. Le soutien américain aux opérations militaires françaises est également relativement peu controversé à Washington, et la géopolitique de la région favorise une collaboration étroite entre l’Europe et les États-Unis, notamment dans un contexte d’inquiétude des deux côtés de l’Atlantique face à l’influence croissante de la Russie, de la Chine et de la Turquie en Afrique.

    Une alliance qui fonctionne mieux pour tous

    Vers la fin d’une récente discussion avec le Conseil Atlantique, Emmanuel Macron a noté que les Etats-Unis et la France travaillent « main dans la main » dans la région, et que « dans les mois à venir, notre partenariat avec les Etats-Unis au Sahel, à la fois sur la sécurité mais aussi sur les questions de développement, sera absolument crucial ». Mais ce serait une erreur de limiter une telle coopération aux domaines où la France pense avoir le plus besoin d’aide, et où elle a précédemment demandé plus de soutien à ses partenaires européens également.

    Au contraire, elle devrait également englober des domaines plus délicats tels que la politique régionale et les questions épineuses de gouvernance. Une coopération et une participation américaines plus étroites et plus actives aux efforts déployés au Sahel, plutôt qu’une simple assistance visant à soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme, pourraient permettre d’atteindre plusieurs objectifs clés. Elle peut créer une plus grande pression et un élan pour le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU aux efforts politiques, ainsi que les réformes politiques nécessaires et une poussée vers des objectifs de longue date tels que la mise en œuvre plus complète de l’accord de paix d’Alger pour le Mali. L’expérience américaine (et les leçons tirées de graves erreurs) dans d’autres zones de conflit peuvent contribuer à informer ces approches politiques au Sahel.

    En outre, dans leur empressement à participer plus activement aux opérations menées par la France, comme la Task Force Takuba, certains responsables européens ont exprimé en privé leur inquiétude d’être entraînés trop loin dans des initiatives ostensiblement « multilatérales » qui restent souvent dominées par la France, ou guidées par le poids de la politique et de l’influence françaises dans la région. Une présence politique américaine plus active pourrait contribuer à apporter non seulement un soutien, mais parfois un contrepoids nécessaire à ces préoccupations. Elle contribuerait également à maintenir l’accent promis sur les solutions politiques, qui est un élément important de la doctrine de stabilisation américaine.

    Dans ses remarques au Conseil atlantique, M. Macron a décrit l’autonomie stratégique comme un moyen d’alléger le fardeau de la politique étrangère des États-Unis, en particulier dans des régions du monde telles que l’Afrique et le Moyen-Orient qui sont « voisines » de l’Europe, plutôt que des États-Unis. Mais, au Sahel, les États-Unis pourraient soulager la France non seulement d’une partie de la charge militaire, mais aussi de la charge politique. Les États-Unis pourraient aider la communauté internationale à définir une nouvelle stratégie indispensable dans la région tout en continuant à approfondir la relation franco-américaine.

    European Council on Foreign Relations, 19 mars 2021

    Tags : Sahel, Union Européenne, France, UE, Mali, Barkhane, Emmanuel Macron, Etats-Unis, USA, AFRICOM,

  • La solution malienne sera à 90% algérienne

    Cette perception de la crise malienne, exprimée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, traduit l’engagement et le soutien indéfectibles de la nouvelle Algérie fortement attachée au retour à la stabilité en fondement de la sécurité nationale. En puissance d’équilibre reconnue et, dans un environnement régional miné par les ingérences étrangères, en acteur de la paix et de la réconciliation, conforté par une expérience réussie, l’Algérie entend peser de tout son poids pour consolider le processus de paix et de réconciliation nationale.

    La visite du président malien, Bah N’Daw, reçu à l’aéroport Houari-Boumediene, par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, et le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, sera, à coup sûr, une bonne opportunité pour renforcer les relations bilatérales et les acquis du processus de paix. Le devoir d’accompagnement pour une transition démocratique apaisée, porteuse d’espoirs de stabilisation institutionnelle, et l’approfondissement de l’Accord d’Alger constituent la voie idoine pour sortir d’une crise multidimensionnelle aggravée par l’intervention militaire étrangère aujourd’hui menacée d’enlisement.

    A la faveur des traditions de dialogue, acquis au règlement pacifique des conflits, l’Algérie a marqué, de son empreinte indélébile, une dynamique jugée positive par l’ONU et la communauté internationale. Il est important de souligner le caractère stratégique de la percée de Kidal qui a abrité la dernière réunion du comité de suivi de l’Accord d’Alger, présidé par l’Algérie. Pour la première fois depuis six ans, l’armée et l’administration sont de retour dans cette région. Les progrès attestent de la volonté de dialogue et de réunification des parties maliennes confortées par l’engagement des autorités de transition en faveur du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) ouvert désormais à l’intégration des groupes armés dans l’armée malienne.

    Sur le chemin de la paix et de la stabilité, le Mali a indéniablement trouvé dans la nouvelle Algérie le partenaire précieux pour panser les blessures d’un drame
    incommensurable.

    Horizons, 14 mars 2021

    Tags : Algérie, Mali, Sahel,

  • Mali-Algérie : Des chiffres et des dates

    Tout ce qui touche le Mali touche l’Algérie. C’est, depuis longtemps, clair et net. La profondeur africaine de l’Algérie se matérialise surtout avec ce pays, et pour plusieurs raisons. Il y a ainsi des chiffres qui peuvent éclairer davantage la donne. Deux précisément. Le premier est 1329, et qui est le nombre de kilomètres de frontières terrestres entre les deux pays. Un chiffre loin d’être négligeable. Sur les sept pays avec lesquels l’Algérie partage des frontières terrestres, le Mali est en seconde position (le premier étant le Maroc avec 1739) en nombre de kilomètres.

    Le second chiffre à relever est 7000. Il représente le nombre de Maliens installés en Algérie. Une diaspora dont l’image est parfois liée à celle des migrants, alors qu’elle ne représente pas uniquement cette «catégorie» souvent en situation irrégulière et soumise aux «campagnes» d’expulsion vers les frontières.

    La «maîtrise» de ces deux chiffres est une sécurisation des intérêts et une stabilité renforcée pour les deux pays.

    Entre l’Algérie et le Mali, il y a également des dates à relever, en relation avec les soubresauts enregistrés dans la région, depuis moins d’une décennie. La première d’entre elles est le 20 juin 2015, jour de la finalisation de ce qui est communément connu comme les Accords d’Alger pour la paix au Mali. Un événement majeur et pour le Maghreb et pour le Sahel, qui ont sombré dans la cacophonie totale depuis la chute de Kadhafi en Libye. Un accord qui avait été mis de côté par IBK (Ibrahim Boubacar Keïta), le président malien de l’époque, et dont les conséquences ont été les principales raisons de sa propre mise à l’écart. Là, arrive la seconde date à mentionner, le 18 août 2020. Elle coïncide avec la prise de pouvoir à Bamako par le CNSP (Comité national pour le salut du peuple) et qui a «déclenché» une période de transition qui devrait aboutir aux élections programmées pour mars 2022.

    Les deux chiffres et les deux dates cités plus hauts donnent un aperçu de l’importance à accorder à la visite officielle, entamée hier, du président malien, Bah N’Daw à Alger. Une occasion d’aborder concrètement la situation entre les deux pays, et de mettre sur table les thèmes épineux. L’un d’eux ne peut être évité, celui qui est lié à un chiffre, 200 et une date, le 8 octobre 2020. Ce jour là les nouvelles autorités maliennes avaient relâché 200 terroristes en échange de la libération de quelques otages européens. Un deal dénoncé par l’Algérie, notamment à cause du versement d’une rançon auprès des groupes terroristes de la région. Un épisode qu’Alger n’a pas oublié, et ne pourra pas oublier. La sécurité de la région en dépend. Il va falloir revoir les «mécanismes» liant les deux pays.

    Reporters, 14 mars 2021

    Tags : Algérie, Mali, Sahel, IBK, terrorisme, CNSP, Comité national pour le salut du peuple,

  • Stratégie de capitalisation et d’institutionnalisation HEA dans les 5 pays (Nigeria, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

    Fond

    Le Sahel est l’une des régions les plus pauvres du monde, où au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, au Niger et au Sénégal, près de 40% vivent avec moins de 1,90 dollar par jour. La région est confrontée à une insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique, à des conflits armés croissants et à des déplacements forcés, tout en étant également extrêmement vulnérable aux impacts du changement climatique, aux risques naturels et aux épidémies.

    Les enfants, ainsi que les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées, sont particulièrement vulnérables aux impacts incrémentiels du changement climatique. Les pays du Sahel font face à des augmentations de température à un rythme alarmant, 1,5 fois plus élevé que la moyenne mondiale, exacerbant un modèle de précipitations historiquement faibles et en baisse et des sécheresses récurrentes. La fréquence et la gravité croissantes des chocs climatiques récurrents dans la région exercent une pression incessante sur les communautés et leurs moyens de subsistance pour survivre, car les cultures et le bétail ne résistent pas aux changements rapides et drastiques des conditions. Parallèlement à la détérioration de la situation sécuritaire, aux conflits armés en cours, y compris les conflits locaux intercommunautaires qui ont continué de se propager dans de grandes parties de la région, les populations les plus pauvres du Sahel sont de plus en plus vulnérables. Les derniers chiffres du Cadre Harmonisé (CH) pour la période entre juin et août 2020 montrent que près de 20 millions de personnes seront en insécurité alimentaire et nutritionnelle (analyse du Cadre Harmonisé, mars 2020). Il s’agit d’une augmentation de 76% par rapport à la même période il y a un an, en 2019.

    Depuis 2010, Save the Children dirige un effort régional multi-agences, connu sous le nom de projet d’analyse économique des ménages (HEA) Sahel, initialement financé par ECHO et cofinancé par l’OFDA depuis 2013. Le projet a été mis en œuvre dans huit pays. phases, qui ont progressivement contribué à l’institutionnalisation croissante de la HEA dans la région. En particulier, il y a eu une augmentation progressive de la capacité d’effectuer des analyses HEA et d’utiliser les informations HEA dans les systèmes d’alerte précoce (GE) de la région. En outre, le projet informe l’analyse CH en fournissant des résultats HEA en temps opportun dans tous les pays couverts par le projet où l’analyse CH a été entreprise (Burkina, Tchad, Mali, Niger, Nigéria, Mauritanie, Sénégal, et récemment les pays du Golfe de Guinée) .

    La troisième année de la stratégie d’institutionnalisation HEA est une étape critique dans le transfert d’expertise du consortium dirigé par SC pour l’intégrer dans les systèmes nationaux d’alerte précoce (SAP) dans cinq pays de la région du Sahel. Il est vital de s’appuyer sur le succès de la stratégie à ce jour, en aidant le SAP national à être en mesure de faire progresser l’application de la HEA à la fin de cette année dans certains pays, ainsi que l’inclusion progressive de la HEA dans certains pays Budgets EWS.

    L’institutionnalisation du cadre HEA dans les pays du Sahel et le désengagement progressif des ONG internationales, et une plus grande implication de la société civile, sont des étapes essentielles pour construire un système durable de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les pays du Sahel.

    Objectif global du conseil

    Afin de soutenir la durabilité et l’efficacité de la HEA au Sahel, il est tout d’abord très important que les enseignements critiques soient recueillis auprès de toutes les parties prenantes clés, que les recommandations soient partagées et adoptées par les partenaires de la région et plus largement. De plus, la stratégie de HEA spécifique au pays et les plans d’action de durabilité sont élaborés et adoptés par les institutions nationales de chaque pays (Tchad, Niger, Nigeria, Mali et Mauritanie).

    Objectifs spécifiques

    Produire une étude de capitalisation HEA qui documente les meilleures pratiques et les leçons apprises sur le processus d’institutionnalisation HEA dans les cinq pays et la diffuser dans les pays et à travers la région pour soutenir la reproduction future des succès.

    Développer et adopter des stratégies nationales HEA approuvées par les SAP nationaux et régionaux et construire la feuille de route pour l’appropriation locale de HEA. Les plans documenteront la vision de chaque SAP concernant la HEA.

    Étendue des travaux

    A. Depuis le début des activités HEA dans le pays, qu’est-ce qui a fonctionné? quelles sont les meilleures pratiques (principales leçons apprises) qui ont fait leurs preuves? A l’inverse, quels aspects ont moins bien fonctionné et lesquels connaissent jusqu’à présent de réelles difficultés.

    B. Quelles sont les avancées et réalisations les plus significatives grâce à la mise en œuvre des activités HEA? Quel est l’avantage (valeur ajoutée) de l’adoption de l’approche HEA dans la politique nationale de sécurité alimentaire.

    C. Aujourd’hui, quelle stratégie pour pérenniser la HEA au sein du système d’alerte précoce? Quelle vision à 5 ans? Quels sont les objectifs du SAP pour les outils HEA? Quels sont les besoins en termes d’analyse et les évolutions souhaitables pour répondre à ces besoins? Quels sont les défis à relever?

    D. Une fois les objectifs identifiés, comment les atteindre? Quels sont les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs? Les principaux déficits techniques / politiques / de financement et l’évaluation des besoins, les ressources garanties et les besoins en suspens pour les trois prochaines années.

    E. Enfin, un atelier d’une journée présentera brièvement la capitalisation et validera la stratégie nationale HEA et le jalon pour sécuriser HEA

    Le processus et la stratégie de capitalisation devront être développés dans les cinq pays avec les représentants nationaux du SAP et les GT HEA et validés par le gouvernement et le CILSS (et le Comité permanent interétatique de lutte contre la sécheresse au Sahel).

    livrables

    teneur

    Rapport de démarrage **

    Ce rapport fournira plus de détails sur la méthodologie du conseil, les personnes et les structures à consulter, les différentes sections du rapport, une nouvelle planification de l’étude, etc.

    Rapport préliminaire

    La première ébauche du rapport d’étude compilera chacun des éléments attendus des pays

    Rapport final

    Le rapport final de l’étude dressera une tendance régionale sur l’institutionnalisation des HEA

    comment s’inscrire
    Veuillez envoyer vos offres à:

    wcaro.tender@savethechildren.org, et dans la ligne d’objet: Consultant: Capitalisation et stratégie d’institutionnalisation HEA

    Reliefweb, 11 mars 2021

    Tags : Sahel, Mauritanie, Niger, Nigeria, Tchad,

  • Algérie : Frontières

    Tout ce qui touche aux pays limitrophes à l’Algérie ne peut passer inaperçu, et quand la nouvelle semble aller dans le bon sens, alors c’est évidemment à «prendre» avec intérêt. Celle provenant, hier, de la ville libyenne de Syrte, est à mettre dans la case «espoir». La nouvelle vient éclaircir des cieux d’une région à feu et à sang depuis plus de 10 ans. Ainsi, l’approbation du gouvernement intérimaire libyen par le Parlement, qui s’était réuni dans l’ancien fief de Mouamar Kadhafi, vient conforter un processus politique déclenché juste après le cessez-le feu du 23 octobre 2020. Un acte important en vue de la tenue des élections générales prévues le 24 décembre prochain.

    La réussite de ces étapes en terre libyenne est (tant que la stabilité est au bout) évidemment bénéfique pour l’Algérie. Les guerres fratricides à nos frontières Est, qui durent depuis 2011, ont été la base arrière de l’insécurité qui a régné après en Tunisie, au Niger, et surtout au Mali. Même l’Algérie n’a pas été épargnée, et Tiguentourine est toujours dans les mémoires.
    Du côté libyen, c’est rassurant, mais par contre, à l’Ouest, la situation suscite de plus en plus d’inquiétude. Le dernier foyer colonial en Afrique qu’est le Sahara occidental n’a pas trouvé encore une solution juste et permanente.

    L’intervention du Président Tebboune lors de la réunion, en visioconférence, du CPS (Conseil de paix et de sécurité) de l’UA (Union africaine) est venue rappeler la position algérienne envers ce dossier de décolonisation qui n’a que trop tardé. Une fidélité à la cause sahraouie qui n’est pas du goût du Makhzen, et il le démontre par ses «réactions». Ces dernières ne sont pas uniquement affichées par les médias marocains, mais d’autres formes ont été actionnées, et avec force. Il s’agit surtout des attaques électroniques qui ne sont pas négligeables et dont l’impact est parfois ahurissant sur les réseaux sociaux algériens.

    La manipulation et les Fake news qui pullulent sur la toile sont très souvent élaborés dans les laboratoires de Rabat. C’est pour au moins ces raisons qu’il est primordial de riposter, mais avec intelligence. Peut-être que la journée d’étude, portant sur la guerre de l’information, organisée samedi passé par l’INESG (Institut national d’études de stratégie globale) va pouvoir apporter du «concret».

    Reporters, 11 mars 2021

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Libye, Mali, Sahel,

  • Le conflit entre Al-Qaida et l’État islamique au Sahel, un an après


    Héni Nsaibia

    Une année s’est écoulée depuis que les relations entre la Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affiliée à Al-Qaida, et l’État islamique du Grand Sahara (ISGS) se sont détériorées en une véritable guerre de territoire au Sahel, rejoignant la ligue de conflit entre Al-Qaida (AQ) et l’État islamique (IS). Le conflit entre le JNIM et l’ISGS est l’un des plus meurtriers au monde. Ce que les batailles inter-jihadistes dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique ont en commun, c’est qu’elles sont soit cycliques, soit en déclin progressif. Il est probable que les combats entre le JNIM et l’ISGS suivront une voie similaire, surtout étant donné la pression extérieure à laquelle les deux groupes sont confrontés du fait de l’opération Barkhane menée par les Français.

    Le JNIM et l’ISGS – respectivement les filiales régionales des organisations terroristes mondiales Al-Qaeda et l’État islamique – ont des origines communes dans le réseau d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI). L’ISGS s’est formé en 2015 après s’être séparé d’Al-Mourabitoun, affilié à Al-Qaida, bien que ses relations avec ses homologues d’Al-Qaida soient restées caractérisées par la collusion, la coexistence et des accords territoriaux tacites. Créé en 2017, le JNIM a rassemblé plusieurs groupes jihadistes disparates – dont la branche saharienne d’AQMI, Al-Mourabitoun, Ansar Dine et Katiba Macina dans un conglomérat sahélien – et a également lié le groupe jihadiste burkinabé local Ansaroul Islam à l’alliance.

    La relation unique entre les deux groupes a été façonnée par des liens personnels de longue date, des actions coordonnées pour faire face aux ennemis communs et l’absence de luttes intestines entre jihadistes. Elle est souvent décrite comme « l’exception sahélienne ». La configuration du JNIM et de l’ISGS d’avant l’entre-deux-guerres a permis de mettre en commun les ressources, d’échanger des techniques commerciales et d’apporter un soutien dans un écosystème insurrectionnel complexe et ambigu pour confondre les ennemis sur la nature des affaires du jihad et le paysage de contrôle. L’ISGS est apparu comme un petit groupe d’ombre dépendant d’une infrastructure médiatique rudimentaire, ce qui lui a donné un net désavantage dans la promotion de sa lutte par rapport au JNIM, qui a en revanche hérité de la force numérique, des capacités militaires et médiatiques combinées de ses groupes constitutifs déjà bien connus.

    Cependant, l’appropriation des griefs de l’ISGS, en particulier les demandes de protection et la négligence de l’État, et l’exploitation des rivalités entre les populations pastorales dans la région marginalisée et hostile de la « frontière des trois États » (ou le Liptako-Gourma), ont permis sa croissance. En tirant parti d’une série de conflits et de problèmes locaux, l’ISGS a également réussi à intégrer des unités JNIM affaiblies ou marginalisées. Dans la région rurale de Gao, il a instauré la confiance en s’engageant dans la lutte entre les communautés Imghad, principalement arabes et touareg, et en attirant Katiba Salaheddine dans ses rangs. Des désaccords sur l’accès aux pâturages dans le delta intérieur du Niger (les zones humides inondables et riches en végétation des régions de Mopti et de Ségou, au centre du Mali) ont provoqué des dissensions au sein de Katiba Macina et ont incité les combattants à changer d’allégeance à l’État islamique. La violence le long des lignes de fractures ethniques dans le nord du Burkina Faso a également permis à l’ISGS d’attirer des unités islamiques Ansaroul en marge.

    La concurrence croissante entre le JNIM et l’ISGS a mis en parallèle la collusion des deux groupes. La réticence du JNIM à partager le territoire de certains de ses bastions traditionnels et le braconnage incessant de l’ISGS à l’encontre des membres du premier ont probablement engendré des perceptions mutuelles de trahison. L’ouverture du JNIM à engager le dialogue avec le gouvernement malien et à signer des accords avec les miliciens de Donso a suscité la méfiance à l’égard de l’engagement et de la crédibilité de la coalition tacite. L’intégration de l’ISGS dans la structure globale de l’État islamique en tant que faction distincte de la Province de l’Afrique de l’Ouest de l’État islamique (ISWAP) a mis le dernier clou dans le cercueil de la coalition tendue entre le JNIM et l’ISGS.

    L’insurrection a atteint son point culminant en 2019 lorsque le JNIM et l’ISGS, dans une offensive simultanée, ont envahi les avant-postes militaires dans la région frontalière des trois États, forçant les armées locales à se retirer. Cette année-là, les activités de l’ISGS avaient atteint un niveau presque équivalent à celui du JNIM. Au début de l’année 2020, la France a déclaré l’ISGS « ennemi numéro un » après que le groupe ait tué plus de 400 soldats maliens, burkinabés et nigériens en un an au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

    Pour contrer l’assaut de l’ISGS, la France a renforcé ses troupes et intensifié les opérations militaires aux côtés des forces locales. Plus de 430 combattants de l’ISGS ont été tués dans 70 opérations françaises en 2020, contre environ 230 combattants du JNIM tués dans 20 opérations pendant la même période. Après avoir affaibli les capacités de l’ISGS, les forces françaises en octobre 2020 se sont concentrées sur le JNIM, qui était considéré par les hauts responsables militaires français comme « l’ennemi le plus dangereux » pour les forces internationales et maliennes. Cela a été démontré par une série d’attaques meurtrières menées récemment par le JNIM contre les forces françaises, la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et les forces maliennes.

    Cependant, la désunion et les combats entre l’ISGS et le JNIM ont finalement affaibli l’insurrection, les groupes se disputant par intermittence l’influence et le territoire entre eux plutôt qu’avec leurs adversaires communs. Cela a entraîné un gaspillage de ressources humaines et a exposé les groupes à la surveillance et aux frappes aériennes. Depuis les premières escarmouches en 2019 jusqu’à aujourd’hui (au 2 janvier 2021), les deux groupes se sont affrontés au moins 125 fois, ce qui a entraîné la mort de 731 combattants des deux côtés.

    Lors de la première escalade entre janvier et avril 2020 dans le delta intérieur du Niger, le JNIM a largement poussé l’ISGS hors de la zone, bien que l’ISGS maintienne des poches discrètes comme à Dialloube et Kounari, dans la région de Mopti. Les combats se sont rapidement étendus à d’autres zones. L’est du Burkina Faso, le long des frontières avec le Niger et le Bénin, a connu des combats sporadiques, mais c’est dans la région frontalière des trois États que les combats les plus acharnés ont eu lieu (voir figure ci-dessous). La région frontalière des trois États constitue un terrain d’action essentiel que le JNIM et l’ISGS continuent de contester – dans la propagande de l’État islamique décrit comme le « triangle de la mort ».

    Plus important encore, les combats reflètent un changement dans le rapport de force entre les deux groupes et la capacité de l’ISGS à défier sérieusement le JNIM. Ni le JNIM ni l’ISGS n’ont réussi à pénétrer loin dans les bastions traditionnels de l’adversaire ou à y maintenir une présence plus que négligeable, ce qui souligne l’importance du niveau d’enracinement de chaque groupe et le rôle des affinités géographiques et ethniques. L’État islamique se vante souvent des prétendues victoires de l’ISGS contre le JNIM dans sa propagande. Cela reflète la demande de l’État islamique central à sa filiale régionale d’adopter une position plus hostile envers son concurrent d’Al-Qaida, après avoir intégré l’ISGS dans l’infrastructure organisationnelle en mars 2019. Le JNIM, en revanche, s’est donné beaucoup de mal pour étouffer les hostilités, et a plutôt utilisé de manière plus subtile des récits de victimes pour discréditer le fait que l’ISGS cible souvent de manière excessive les civils. Cela fait partie de l’approche plus globale du JNIM visant à obtenir un large soutien populaire en relocalisant et en intégrant sa lutte. Ainsi, l’ISGS et le JNIM présentent des trajectoires opposées et des approches différentes. Néanmoins, les deux plateformes ont prouvé leur efficacité pour la mobilisation armée dans une région en proie à un conflit. Pour l’instant, elles représentent deux visions incompatibles de l’ordre social insurgé.

    Malgré les fréquents combats entre le JNIM et l’ISGS, le premier continue de mener une guerre sur plusieurs fronts et maintient un rythme opérationnel important. Cependant, la guerre entre le JNIM et l’ISGS devient de plus en plus coûteuse car les deux sont confrontés à la pression soutenue des forces contre-insurrectionnelles menées par la mission française de l’opération Barkhane. Des déconflits ont peut-être déjà eu lieu dans certains endroits, comme dans l’est du Burkina Faso, où les combats étaient sporadiques. Par conséquent, l’ISGS et le JNIM pourraient convenir d’un modus vivendi, même s’il est peu probable que la relation revienne au statu quo ante bellum.



    ISPI (Istituto per gli Studi di Politica Internazionale), 7 mars 2021

    Tags : Sahel, France, Barkhane, Mali, Nusrat al-Islam wal-Muslimin, JNIM, Al-Qaida, État islamique du Grand Sahara, ISGS, ISIS, Al Qaida,





  • Fragilité dans la corne de l’Afrique et au Sahel

    Donner la priorité aux moyens de subsistance
    Peer Schouten

    La Corne de l’Afrique et le Sahel font partie des régions les plus fragiles du monde: pauvres, dépourvus d’infrastructures de base et de présence de l’État sur une grande partie de leurs territoires respectifs, et tous deux forment des foyers de conflits et d’instabilité politique aggravés par le changement climatique.

    Ce document de travail DIIS se concentre sur l’identification des notions évolutives de fragilité qui pourraient renforcer les efforts de stabilisation danois dans la Corne et le Sahel. Il met en avant les notions de fragilité qui s’éloignent d’une focalisation sur des institutions étatiques fortes vers les capacités d’adaptation des populations de l’arrière-pays de la Corne et du Sahel à faire face aux conflits et à la variabilité climatique. Le document donne un aperçu de ce domaine en évolution rapide et distille les idées clés, les défis et les options futures en explorant la question, comment pouvons-nous aider les populations du Sahel et de la Corne à rétablir leur responsabilité pour leurs territoires respectifs et la gestion de leur environnement naturel. Ressources?

    Le document aborde cette question en explorant les implications des récentes recherches sur le changement climatique et les moyens de subsistance sur la façon dont nous abordons la fragilité et, par extension, la stabilisation. Sur la base de ces recherches, le document de travail préconise de passer d’une compréhension sectorielle de la fragilité à une manière de travailler plus conforme aux réalités contextuelles, parallèlement à «  l’approche globale  » de la stabilisation que le Danemark promeut.

    Le message clé est que, sur le plan programmatique, les efforts de stabilisation danois dans les deux régions pourraient bénéficier d’une focalisation plus explicite sur le soutien de la variabilité qu’exigent les stratégies de subsistance dominantes et qui doivent être prises en compte si l’on veut obtenir des résultats durables en matière de sécurité et de développement. Ne pas le faire ne servira qu’à marginaliser les communautés clés et pourrait les pousser encore plus dans les bras de groupes radicaux.

    Nous affirmons que les agriculteurs et les éleveurs sont des experts dans la gestion de la variabilité, et nous discutons des meilleures pratiques et des options politiques émergentes pour exploiter ces compétences afin d’atténuer et de relever efficacement les défis liés au changement climatique et aux conflits. Les principales recommandations sont:

    -Mettre explicitement l’accent sur la variabilité dans le soutien des moyens de subsistance adaptatifs et résilients, en fonction de la mobilité saisonnière.

    -Adopter une approche «système de systèmes» de stabilisation pour soutenir la complémentarité de l’élevage et de l’agriculture dans des écologies de ressources partagées.

    -Impliquer les communautés locales dans la gouvernance des arrière-pays éloignés.

    -Ramenez l’État grâce à la maintenance et à la prestation de services inclusifs.

    -Inclure des discussions sur le retour de l’autorité de l’État dans les négociations de paix.

    -Intégrer la maintenance des infrastructures locales.

    -Promouvoir la cohérence et une focalisation géographique entre les efforts de stabilisation régionaux et nationaux qui se chevauchent.

    -Adopter une perspective de mobilité sur les efforts de développement, en les alignant sur les chaînes d’approvisionnement en bétail, les couloirs de transhumance et les routes de migration saisonnière.

    Institut danois d’études internationales, 2 mars 2021

    Tags : Sahel, Mali, Barkhane, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie,