Étiquette : Sahel

  • Pour Macron, un retour à la realpolitik vis-à-vis de l’Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Mali, Sahel, Tchad, Burkina Faso, Guinée Conakry,

    Depuis le début de l’année, le président français se montre très actif sur le front diplomatique africain. La France ne veut plus laisser la propagande russe prospérer et entend pour cela renouer ses liens politiques, économiques et sécuritaires avec ses partenaires.

    Le président du Tchad Mahamat Idriss Déby et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, reçus à l’Élysée respectivement les 6 et 7 février, précédés du président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, le 25 janvier : en ce début d’année 2023, Emmanuel Macron s’active sur le front diplomatique vis-à-vis de l’Afrique. Et ce n’est pas tout : le chef de l’État doit se rendre début mars au Gabon, en République démocratique du Congo (RDC), en Angola et au Congo-Brazzaville.

    « L’ours russe a réveillé le coq gaulois », constate le journaliste et écrivain Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique et co-auteur du livre « Le piège africain de Macron » (Fayard, 2021), en référence à la place prise par la Russie, et en particulier par le groupe paramilitaire Wagner, sur le continent africain.

    « Lors de son premier mandat, à l’exception du Sahel et de la Côte d’Ivoire, Emmanuel Macron voulait éviter le traditionnel pré carré français en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, poursuit Antoine Glaser. Le début de son second mandat est marqué par un réinvestissement dans les pays qu’il avait jusqu’ici un peu boudés. C’est le retour de la realpolitik pour défendre les intérêts français stricto sensu. »

    La première tournée africaine du président français après sa réélection – au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau en juillet 2022 – a parfaitement illustré cette volonté. Le Cameroun occupe une place stratégique entre l’océan Atlantique et le Tchad, où sont positionnées les troupes françaises dans la région. Or, Yaoundé a signé un accord de coopération militaire avec la Russie en avril 2022. Y voyant une menace pour les intérêts de la France, Emmanuel Macron n’a cessé de dénoncer, dans les trois pays visités, les agissements de la Russie en Ukraine, l’accusant d’être « l’une des dernières puissances impériales coloniales ».

    « Contrecarrer la propagande russe »

    Le but poursuivi est clair : contrecarrer la propagande russe qui dépeind la France comme une puissance coloniale. En 2017, lors de son premier déplacement en Afrique, Emmanuel Macron avait pourtant misé, dans un discours prononcé à Ouagadougou, sur le « soft power » français. C’est le contraire qui s’est produit. Un sentiment anti-français s’est développé dans plusieurs anciennes colonies, comme au Mali, au Burkina Faso, au Niger ou au Sénégal, entraînant des manifestations et, in fine, le départ des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso.

    Le président français est donc désormais à l’offensive. Dans son discours devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée, le 1er septembre 2022, Emmanuel Macron a exhorté les diplomates à être « plus réactifs » face à la propagande hostile à France sur les réseaux sociaux, distillée par un « narratif russe, chinois ou turc » qui prétend que « la France est un pays qui fait de la néo-colonisation et qui installe son armée » sur le sol de pays africains.

    Il s’agit également, pour le chef de l’État français, de redynamiser les liens économiques. Car le constat d’échec est tout aussi frappant dans ce domaine, même si le recul de la France s’est amorcé bien avant l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Les parts de marché des entreprises françaises présentes en Afrique sont ainsi passées de 10,6 % en 2002 à 4,4 % en 2021, quand celles des entreprises de chinoises ont, dans le même temps, bondi de 3,8 % à 18,8 %, selon des chiffres rapportés par le magazine Challenges.

    La France espère toutefois renforcer à l’avenir sa présence dans les secteurs de l’agriculture, de l’automobile, du transport ferroviaire, de la pharmacie, des télécommunications et de la transition énergétique.

    « La France, qui avait une position centrale en Afrique dans la deuxième moitié du XXe siècle, ne s’est pas aperçue au tournant du XXIe siècle que l’Afrique changeait, explique Antoine Glaser. Elle n’a pas vu l’Afrique se mondialiser et a laissé d’autres puissances gagner en influence. »

    « Le ‘en même temps’ n’a pas fonctionné »
    En revenant à une diplomatie africaine plus classique et en misant davantage sur les liens politiques, économiques et sécuritaires, Emmanuel Macron espère rattraper le temps perdu. Au Bénin, en juillet dernier, il parlait ainsi de « partenariat gagnant-gagnant », mettant en avant le soutien de Paris à Porto Novo en matière de sécurité, en particulier pour le renseignement et les équipements.

    « Même si Emmanuel Macron ira au Gabon pour le One Forest Summit, ce voyage sera beaucoup plus géostratégique que ce qui est annoncé, estime Antoine Glaser. Les positions de la France sont affaiblies. Le ‘en même temps’ n’a pas fonctionné. La France veut reprendre sa place, mais ses marges de manœuvre sont très étroites car désormais, les chefs d’État africains ont le monde entier dans leur salle d’attente. »

    D’autant que cette future tournée africaine ne manquera pas de susciter des critiques. Le Gabon et la RD Congo sont en année électorale. Les oppositions aux présidents Ali Bongo et Félix Tshisekedi pourraient accuser Emmanuel Macron de vouloir apporter, par sa visite, un soutien au président sortant dans chacun de ces deux pays. Et ainsi de vouloir raviver la Françafrique.

    France24, 10/02/2023

    #France #Françafrique #Mali #Barkhane #Sahel #Burkina_Faso

  • Qu’ont réalisé les forces françaises au Sahel ?

    Qu’ont réalisé les forces françaises au Sahel ?

    Tags : France, Barkhane, Mali, Sahel, Burkina Faso, lutte antiterroriste,

    Les premiers succès ayant arrêté les djihadistes ont été suivis d’années d’échecs sanglants.

    l’armée française n’est pas étrangère au Sahel. La France a colonisé une grande partie de la bande semi-aride au sud du Sahara au XIXe siècle et, en 2013, les soldats du pays sont revenus. Alors que les séparatistes et les djihadistes armés du nord prenaient le contrôle de pans entiers du Mali et se dirigeaient vers Bamako, la capitale, le gouvernement malien a demandé de l’aide. Les avions de combat français ont plongé et stoppé l’avancée des djihadistes. Peu de temps après, François Hollande, alors président français, a triomphalement parcouru les rues de la ville nouvellement libérée de Tombouctou alors que les habitants dansaient et agitaient le drapeau tricolore .

    L’armée française n’est pas étrangère au Sahel. La France a colonisé une grande partie de la bande semi-aride au sud du Sahara au 19e siècle, et en 2013, les soldats du pays sont revenus. Alors que les séparatistes armés du nord et les djihadistes s’emparaient de pans entiers du Mali et déferlaient vers Bamako, la capitale, le gouvernement malien a demandé de l’aide. Des avions de guerre français ont fait irruption et ont arrêté l’avancée des djihadistes. Peu après, François Hollande, alors président de la République française, a parcouru triomphalement les rues de la ville de Tombouctou nouvellement libérée, tandis que les habitants dansaient et brandissaient le tricolore.

    La France a transformé cette intervention en un effort de lutte contre le terrorisme appelé « Opération Barkhane ». L’objectif était d’empêcher les djihadistes du Burkina Faso, du Tchad, du Mali et du Niger de se regrouper dans des zones reculées, d’où ils pourraient lancer des attaques en Afrique de l’Ouest et, ajoutent parfois les responsables français, peut-être même en Europe. L’opération Barkhane a débuté avec quelque 3 000 soldats appuyés par six avions de combat et 20 hélicoptères, entre autres véhicules de soutien, opérant à partir de bases permanentes au Tchad, au Mali et au Niger. Plus tard, le gouvernement français a parlé de la nécessité du développement économique et d’un « retour de l’État » ; en pratique, l’armée a dominé. Barkhane n’a cessé de croître. En 2020, un président frustré, Emmanuel Macron, a demandé aux dirigeants régionaux s’ils voulaient que les forces françaises soient présentes sur place. Lorsqu’ils ont répondu par l’affirmative, il a augmenté le nombre de troupes françaises de 4 500 à 5 100.

    Ceux-ci sont soutenus par un millier de soldats et de drones américains. Environ 15 000 casques bleus des Nations unies patrouillent également au Mali. La France, qui se méfie des perceptions de néocolonialisme, travaille avec les armées régionales (qui ont subi de lourdes pertes) et a essayé d’ »européaniser » l’effort. L’Union européenne a lancé un programme de formation de l’armée malienne et les alliés de la France, dont la République tchèque et l’Estonie, ont envoyé des centaines de commandos dans le cadre d’une mission de forces spéciales appelée Takuba.

    Pourtant, les groupes djihadistes, qui profitent de la colère locale face aux massacres perpétrés par les armées nationales, se sont métastasés et renforcés. L’un d’eux, Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin, est vaguement affilié à Al-Qaïda. En 2016, un nouveau groupe, l’État islamique dans le Grand Sahara, qui a prêté allégeance à l’État islamique, a commencé à lancer des attaques.

    La France s’est souvent vantée d’avoir tué des djihadistes, y compris des chefs de haut rang. Pourtant, ces scalps n’ont pas arrêté leur progression sanglante. En 2016, environ 800 personnes sont mortes dans le conflit ; en 2020, plus de 6 000 ont été tuées (voir graphique). Le nombre de personnes contraintes de quitter leur foyer au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et au Niger a bondi d’environ un demi-million en 2016 à environ 3,5 millions aujourd’hui. Les djihadistes se sont étendus du nord au centre du Mali, au Niger et à des pans entiers du Burkina Faso. Désormais, ils menacent également des États côtiers comme le Bénin et la Côte d’Ivoire. La violence a encore déstabilisé la politique dans la région, où les gouvernements ont longtemps échoué à fournir des services de base, sans parler de la sécurité, dans les zones reculées. Au Mali, en août 2020, des soldats ont renversé le gouvernement élu et, après avoir installé quelques personnalités civiles au sein de leur gouvernement, la junte les a rapidement arrêtées lors d’un second coup d’État en mai 2021. En janvier 2022, les soldats du Burkina Faso ont fait de même. Tous deux ont affirmé que leurs actions étaient nécessaires pour mieux combattre les djihadistes.

    À mesure que la sécurité s’est détériorée, la popularité de la France s’est effondrée. En 2021, seul un tiers des Maliens étaient satisfaits, de quelque manière que ce soit, de l’opération Barkhane. Parmi les personnes mécontentes, 45 % pensaient que les Français étaient de mèche avec les terroristes et les séparatistes. La colère populaire contre les soldats français, encouragée par les campagnes russes sur les réseaux sociaux, a fait d’eux une cible utile pour la junte malienne. Après que M. Macron a annoncé en juillet 2021 que la France souhaitait réduire de moitié le nombre de ses troupes dans la région, le Mali a réagi en faisant appel au Groupe Wagner, des mercenaires russes dont le bilan en matière de droits de l’homme est épouvantable, pour un coût estimé à 10 millions de dollars par mois. La junte a récemment expulsé une centaine de soldats des forces spéciales danoises, sous prétexte qu’aucun accord n’avait été conclu pour leur déploiement. Peu après, elle a également expulsé l’ambassadeur français.

    Plutôt que de brandir le tricolore, certains Maliens et Burkinabés le brûlent désormais. Au Mali, des manifestants ont récemment mis le feu à des découpages en carton de M. Macron. Cette semaine, le président français et d’autres personnalités européennes rencontreront leurs homologues du Sahel (bien que les dirigeants en uniforme du Burkina Faso et du Mali brillent par leur absence) afin d’envisager un éventuel retrait du Mali et la suite des opérations dans la région. Un point de départ honnête serait d’admettre que, bien que la France ait empêché Bamako de tomber en 2013, elle n’a pas réussi à contenir une insurrection croissante et a perdu la bataille pour les cœurs et les esprits.

    The Economist, 14/02/2023

    #France #Barkhane #Mali #Sahel #Burkina_Faso

  • Visite de Lavrov : La Mauritanie « assume sa neutralité » !

    Tags : Sergeï Lavrov, Russie, Sahel,

    Mohamed Salem Ould Merzough a tout fait pour impulser une détente de l’atmosphère de visite « gênante » de Sergei Lavrov dans notre pays. Mais les circonstances et les alliances enveloppaient visiblement de leur lourd manteau la première visite d’un chef de la diplomatie russe dans notre pays. C’est un peu aussi le revers de la médaille quand on tente de jouer dans la Cour des Grands.

    Discours exagérément mesuré avec l’appui d’un aide-mémoire entre les mains, doublé d’un style télégraphique, Ould Merzough ne voulait pas donner l’ombre à une éventuelle interprétation désobligeante ni pour son hôte, encore moins pour « ceux » qui le suivaient de loin. Malgré son visage renfermé, Ould Merzough, entre le marteau et l’enclume, a presque réussi le pari d’imposer la perception d’une neutralité «assumée » du gouvernement mauritanien face au clivage Est-Ouest.

    Un hôte poids lourd !

    Au-delà de la coïncidence de cette visite avec la célébration prochaine des 60 ans de relations diplomatiques entre les deux pays, l’arrivée à Nouakchott de Serguei Lavrov dont le pays accapare l’actualité internationale en Europe (Ukraine) et en Afrique (Wagner en Afrique de l’Ouest), est loin d’être un fait anodin. Elle intervient après une autre visite similaire –première du genre- du président du Conseil de l’Europe, en novembre 2022 et surtout de l’accueil remarquable du Sg de l’Otan, en janvier 2021, à la visite du président Ghazouani au cœur de l’Otan. Et c’est sans cette posture entre deux puissances de feu qui indispose. Mais à quelque chose « équilibrisme » est bon. La Mauritanie, naguère souvent ignorée sur les questions de géopolitiques internationales, se redécouvre subitement un rôle important sur l’échiquier international. Les visites et la coopération tous azimuts avec les différents «belligérants» du nouvel ordre mondial s’intensifient. Mais encore faudrait-il que le gouvernement en tire le maximum de dividendes avant leur tarissement. C’est ce que donne l’impression de faire, notre chef de la diplomatie, Mohamed Salem Ould Marzough, en cherchant à ménager la chèvre et le chou et ne tarissait pas d’éloges sur la coopération bilatérale. Il a, cependant, rappeler que la conviction du gouvernement mauritanien est que le monde affecté par la guerre en Ukraine éprouvait « la nécessité de trouver une solution rapide », en privilégiant le «dialogue pour lui épargner plus de tragédies humaines ». Merzough, tout en rappelant la primauté du droit international dans la gestion des relations au sein de la Communauté internationale, a encore souligné que les Peuples africains qui pâtissent déjà de l’impact de la guerre (problèmes d’approvisionnement), auraient aussi «des appréhensions quant au risque de son embrasement et de son extension».

    Un nouvel ordre mondial plus équitable (Lavrov)

    Même s’il sait ne pas être en territoire acquis à son invasion en Ukraine et que les milices «Wagner » à la frontière du pays ne rassurent pas les autorités mauritaniennes, le Chef de la diplomatie russe espère voir la Mauritanie, en même temps que d’autres Etats africains, servir de soutien politique à son pays face à la tentative d’isolement que chercheraient à lui imposer les Etats-Unis et les autres pays de l’Otan. «Avec d’autres partenaires comme la Chine, nous sommes contre l’hégémonie que l’Occident veut nous imposer » rappelant que son pays est jaloux de l’égale souveraineté des Etats qui forment la Communauté internationale et qu’ils sont favorables à des conventions internationales plus équilibrées. «Nous sommes prêts à aider la Mauritanie pour ses besoins énergétiques et alimentaires » souligne Lavrov comme pour répondre aux inquiétudes formulées par Ould Merzough, sans jamais évoqué l’accord militaire signé entre les deux pays ; encore moins celui qui fait de notre pays le seul partenaire militaire de l’Otan dans la sous-région. Mieux, le diplomate russe cajole la neutralité de la Mauritanie qui pourrait, dit-il, jouer un rôle clé dans la résolution des crises en Afrique. A-t-il voulu parler du Mali, du Burkina, pays du G5 Sahel, et en Centrafrique où la présence officielle des russes se confond avec celle de «Wagner » ?

    Lavrov évoquera, par ailleurs, la coopération notamment dans le secteur de la pêche et révèlera que son pays a décidé d’octroyer 40 bourses supplémentaires aux étudiants mauritaniens et qu’une mission médicale se déplacera à Nouakchott dans les prochains jours avant d’ajouter que le président Ghazouani l’a assuré de sa participation au prochain sommet entre la Russie et l’Afrique. Enfin qu’il a invité son homologue mauritanien à une visite en Russie pour échanger sur tous les aspects de la coopération bilatérale.

    La Dépêche, 09/02/2023

    #Mauritanie #Russie #Sergei_Lavrov #Sahel

  • Mauritanie : Visite de Sergueï Lavrov

    Tags : Russie, Sahel, Mali, Burkina Faso, Soudan, lutte antiterroriste,

    Lavrov: le président Ghazouani assistera au sommet russo-africain

    Le président Ghazouani a confirmé sa participation au deuxième sommet russo-africain, prévu au mois de juillet prochain à Saint-Pétersbourg, a déclaré ce mercredi 8 février courant, ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

    Nous avons invité le ministre des Affaires étrangères Mohamed Salem Ould Merzoug à se rendre à Moscou afin de poursuivre la discussion sur les points convenus aujourd’hui, a-t-il ajouté, au cours d’une conférence de presse tenue après ses entretiens avec le président Ghazouani.

    Le ministre russe des Affaires étrangères, qui effectue actuellement une visite à Nouakchott, a été reçu en audience ce mercredi par le président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, avec lequel il a eu des entretiens au palais présidentiel dans le centre-ville, rappelle-t-on

    Essahraa, 08/02/2023

    La Russie accepte la demande de la Mauritanie de lui fournir des céréales, engrais et de l’énergie

    Spoutnik a déclaré que la Mauritanie a exprimé son désir d’obtenir des engrais et des énergies russes, selon l’annonce du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aujourd’hui, mercredi, lors d’une conférence de presse dans la capitale, Nouakchott.

    « Nos amis sont intéressés par la livraison de combustibles fossiles, de denrées alimentaires et d’engrais, nous en avons parlé en détail aujourd’hui », a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue Mohamed Salem Ould Merzoug.

    « Nous sommes prêts à répondre à cette demande mauritanienne, ainsi qu’aux demandes d’autres pays africains », a ajouté Lavrov.

    Pour sa part, le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, a affirmé : « La Russie doit occuper sa position distinguée sur la scène internationale et continuer à jouer son rôle important pour assurer la sécurité en Europe ».

    Taqadomy, 08/02/2023

    Sergueï Lavrov : Nous avons invité le Président de la République à prendre part au Sommet Russie-Afrique qui se tiendra à Saint Pétersbourg

    Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a reçu en audience, mercredi au palais présidentiel à Nouakchott, le ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergueï Lavrov.

    L’audience a porté sur la coopération entre les deux pays amis et les moyens permettant de la renforcer davantage en plus des questions d’intérêt commun.

    A sa sortie d’audience, le ministre des affaires étrangères de la fédération de Russie a déclaré à l’AMI, qu’il a adressé, au nom de son pays, une invitation au Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pour assister au deuxième Sommet Russie-Afrique qui se tiendra du 27 au 29 juillet à Saint Pétersbourg.

    Il a précisé que ses discussions avec le Président de la République ont porté sur les relations mauritano-russes et les moyens de les développer davantage. M. Sergueï Lavrov a salué le niveau de ces relations soulignant la détermination des deux pays à les améliorer afin de toucher les domaines des matières premières et de la prospection.

    Le ministre des affaires étrangères a également ajouté que les discussions ont abordé le renforcement de la coopération dans le domaine de la pêche avant de remercié la Mauritanie pour les facilités accordées aux pêcheurs et navires russes. Il a souhaité la poursuite de ces facilités, précisant que la réunion des hommes d’affaires des deux pays se tiendra après de Sommet de Saint Pétersbourg.

    M. Sergueï Larov a rappelé l’historique des relations sanitaires entre les deux pays, relations marquées par l’envoi d’experts russes dans le domaine de la santé pour former les mauritaniens avant d’assurer que 1.500 étudiants, dont un nombre important occupent d’importantes responsabilités dans les différents structures gouvernementales, sont formés en Russie.

    Le ministre a aussi précisé que la rencontre avec le Président de la République a également porté sur les questions internationales et régionales et la nécessité de redynamiser le dialogue afin de présenter des idées communes, fondées sur le droit international et la Charte des Nations Unies. “Nous avons décidé de poursuivre la coordination dans ce domaine”, a-t-il dit.

    M. Sergueï Lavrov a noté que les échanges ont abordé les situations préoccupantes dans la région du Sahara et du Sahel ainsi que la nécessité de redoubler d’efforts pour faire face avec succès à la menace du terrorisme qui devient de en plus dangereux.

    Le ministre appelé a plus d’efforts pour parvenir à un règlement juste du problème du Sahara occidental avant d’indiquer, au sujet de la guerre en Ukraine, que les deux parties ont évoqué les moyens pouvant empêcher que les deux pays soient affectés par les répercussions négatives de cette guerre, en particulier dans les domaines de l’alimentation et de l’énergie.

    M. Sergueï Lavrov a enfin remercié lui et la délégation qui l’accompagne la Mauritanie pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité généreuse dont ils ont été l’objet avant d’inviter son homologue à visiter la Russie le moment qu’il juge favorable.

    L’entrevue s’est déroulée en présence côté mauritanien, du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, M. Mohamed Salem Ould Merzoug, du directeur de cabinet du Président de la République, M. Ismail Ould Cheikh Ahmed, de l’ambassadeur de Mauritanie à Moscou, SEM Mohamed Mahmoud Ould Dahi et de M. Harouna Traoré, chargé de mission à la Présidence de la République.

    Et du côté russe, de M. Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial du Président de la fédération de Russie pour le Moyen Orient et l’Afrique, vice-ministre des affaires étrangères, de l’ambassadeur de la Fédération de Russie en Mauritanie, SEM. Boris Zhilko, du chef de la division Moyen Orient et du directeur adjoint du département Proche Orient et Afrique du nord.

    AMI, 08/02/2023

    #Mauritanie #Sergei_Lavrov #Mauritanie #Sahel #Mali #Burkina_Faso #Lutte_antiterroriste

  • La Mauritanie intéressée par les carburants et produits agricoles russes

    Tags : Mauritanie, Russie, Sahel, Mali, Burkina Faso, lutte antiterrotiste, Sergeï Lavrov,

    Selon Agenzia Nova, la Mauritanie s’intéresse à l’approvisionnement en carburant et en produits agricoles de la Russie. Cela a été annoncé par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergej Lavrov, qui était en visite officielle à Nouakchott.

    « Nos amis sont intéressés par la fourniture d’hydrocarbures, de nourriture et d’engrais russes. Nous en avons parlé en détail aujourd’hui. Nous sommes prêts à répondre aux demandes de la Mauritanie et d’autres pays africains », a déclaré M. Lavrov lors d’une conférence de presse à l’issue de la rencontre avec son homologue mauritanien, Mohamed Salem Ould Merzoug.

    Agenzia Nova

    Lavrov offre le soutien de Moscou à la Mauritanie

    Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a offert mercredi son soutien à la Mauritanie dans la lutte contre le djihadisme au Sahel, affirmant respecter la position du pays dans la guerre en Ukraine.

    Son homologue mauritanien a souligné le « respect par son pays des règles du droit international », tout en disant « comprendre » les préoccupations russes en matière de sécurité.

    La visite de Lavrov à Nouakchott fait partie d’une offensive diplomatique plus large de la Russie en Afrique, où la guerre a intensifié la concurrence stratégique entre les grandes puissances.

    Mardi, il s’est rendu au Mali, où la Russie est devenue un partenaire clé de la junte au pouvoir.

    Là, il a promis d’aider les pays du Sahel et du golfe de Guinée dans la lutte contre le djihadisme, et a fait allusion à une implication accrue sur le continent.

    La Mauritanie est un pays charnière entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.

    Le djihadisme s’est propagé dans les pays sahéliens du Mali, du Burkina Faso et du Niger et menace désormais le golfe de Guinée plus au sud, bien que la Mauritanie n’ait pas connu d’attaque depuis 2011.

    Le vaste pays de 4,5 millions d’habitants, principalement désertique, a voté en mars 2022 en faveur d’une résolution de l’ONU appelant la Russie à cesser immédiatement ses opérations militaires en Ukraine.

    De nombreux pays africains se sont abstenus ou n’ont pas voté.

    En octobre, la Mauritanie a voté une résolution contre l’annexion par la Russie de quatre régions de l’Ukraine. Mais en novembre, il s’est abstenu lors d’un vote sur les réparations de guerre que la Russie devrait verser à l’Ukraine.

    « Nous avons exprimé notre respect pour la politique constante de neutralité de la Mauritanie sur tous les axes », a déclaré M. Lavrov aux journalistes mercredi.

    Mais, a-t-il dit, cette neutralité n’a pas empêché la Mauritanie de s’attaquer activement aux « problèmes » de la région.

    « Je parle de la menace terroriste dans la région sahélo-saharienne », a déclaré Lavrov.

    Il a également cité le conflit entre le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie au sujet du Sahara occidental, qui borde la Mauritanie.

    « Nous soutiendrons activement ces efforts de nos amis africains, partant du principe qu’ils sont intéressés à être aidés dans ce travail », a-t-il ajouté.

    Lors d’une conférence de presse conjointe, le ministre mauritanien des Affaires étrangères Mohamed Salem Ould Merzoug a évoqué « certaines constantes » dans la diplomatie mauritanienne dont « le respect des règles du droit international et des principes de la Charte des Nations unies ».

    Mais il a déclaré que « la Mauritanie comprend les préoccupations de sécurité de la Russie et estime qu’elles doivent être prises en considération pour son rôle important dans la sécurité et la stabilité en Europe et au niveau international ».

    Lavrov a été reçu par le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a rapporté l’agence de presse nationale.

    Barron’s, 08/02/2023

    #Russie #Mauritanie #Sahel #Mali #Burkina_Faso #Lutte_Antiterroriste

  • Lavrov au Soudan pour une impulsion diplomatique dans le Sahel africain

    Tags : Russie, Sahel, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Soudan, lutte antiterroriste,

    KHARTOUM, 9 février (Reuters) – Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov devait rencontrer jeudi des responsables au Soudan, dans le cadre d’une tournée africaine visant à étendre son influence à un moment où les pays occidentaux ont cherché à isoler Moscou avec des sanctions sur la guerre en Ukraine .

    Lavrov est arrivé à Khartoum mercredi soir, cherchant à renforcer les liens économiques des deux pays, en particulier dans les infrastructures, a indiqué l’agence de presse officielle SUNA. La tournée de Lavrov a également inclus l’Irak, la Mauritanie et le Mali , et la semaine dernière, il s’est rendu en Afrique du Sud.

    Le Soudan a été coupé de milliards de dollars de financement international après que les chefs militaires ont renversé un gouvernement de transition soutenu par l’Occident en 2021. En même temps qu’ils recevaient Lavrov, les autorités soudanaises accueillaient cette semaine des envoyés des États-Unis, de Grande-Bretagne et de France, qui vont soutenir les pourparlers pour former un nouveau gouvernement civil démocratique au Soudan.

    Les pays occidentaux s’inquiètent de l’influence croissante de la Russie dans le Sahel africain et ses régions frontalières. Le conseil militaire au pouvoir au Soudan a précédemment envisagé d’autoriser la Russie à ouvrir une base navale sur la côte de la mer Rouge, une région stratégique où les pays du Golfe et la Turquie se disputent également l’influence .

    Reuters n’a pas pu établir immédiatement si la base était à l’ordre du jour de Lavrov lors de la visite.

    Des diplomates occidentaux et des sources officielles ont déclaré que l’entrepreneur militaire privé russe du groupe Wagner a travaillé au Soudan pour développer l’extraction de l’or, entre autres activités.

    Le ministère soudanais des Affaires étrangères a précédemment nié la présence de Wagner , qui appartient à Yevgeny Prigozhin, un allié du président russe Vladimir Poutine.

    A Khartoum, Lavrov devait rencontrer le ministre des Affaires étrangères désigné, Ali al-Sadeq, ainsi que d’autres responsables, a indiqué la SUNA.

    Le Soudan a courtisé le soutien de la Russie au cours des dernières années avant que l’ancien président Omar el-Béchir ne soit renversé lors d’un soulèvement en 2019. Avant le coup d’État d’il y a 15 mois, les partis civils soudanais qui partageaient le pouvoir avec l’armée après le renversement de Bashir avaient noué des liens plus étroits avec l’Occident.

    Le chef adjoint du conseil au pouvoir du Soudan et chef de ses puissantes forces paramilitaires de soutien rapide (RSF), le général Mohamed Hamdan Dagalo, mieux connu sous le nom de Hemedti, s’est rendu en Russie la veille de l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022 et s’est dit ouvert à l’accueil d’un base russe.

    Reuters, 09/02/2023

    #Russie #Sahel #Mali #Burkina_Faso #Mauritanie #Soudan

  • Mali : la CMA demande une réunion d’urgence avec l’ensemble de la médiation internationale

    Mali : la CMA demande une réunion d’urgence avec l’ensemble de la médiation internationale

    Tags : Mali, Algérie, Accords d’Alger, Sahel, Coordination des Mouvements de l’Azawad, CMA,

    Dans une correspondance adressée à Ramtane Lamamra, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) demande une réunion d’urgence avec l’ensemble de la médiation internationale dans un lieu neutre. Décision qu’elle justifie par le besoin d’examiner la viabilité du processus d’Alger.

    #Mali #CMA #Sahel #algerienne

  • Les moyens d’actions d’Al-Qaida au Maghreb Islamique

    Les moyens d’actions d’Al-Qaida au Maghreb Islamique

    Tags : Al Qaïda au Maghreb Islamique, AQMI, EIGS, MUJAO, Etat Islamique, Daech, ISIS, Sahel,

    Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), branche du réseau Al-Qaida, a fait allégeance à Oussama Ben Laden le 13 septembre 2006 et est implanté dans la région du Sahel où il opère principalement. AQMI est organisée en deux commandements pour l’exécution de ses opérations : à l’Ouest sahélien, Mokhtar Belmokhtar dirige une unité qui concentre ses actions principalement sur la Mauritanie. A l’Est, Abou Zeid dirige et exécute des opérations armées au Nord du Mali jusqu’au Sud de la Tunisie.

    AQMI a pour objectif de créer un « Emirat Islamique » à l’échelle du Maghreb, le but étant de fondre l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie dans un unique Etat qui serait placé sous l’autorité d’un chef religieux, d’où la déstabilisation volontaire des régimes politiques de la sous-région. AQMI distingue généralement deux types d’ennemis : l’ennemi proche ou voisin qui fait référence aux pays maghrébins (qui se positionnent comme étant l’ennemi prioritaire à combattre) et l’ennemi lointain, qui renvoie à l’occident (et aux alliés des ennemies proches).

    A l’image des autres groupes terroristes existants, Al Qaida dispose de divers modes d’actions. En effet, une première fatwa, remonte au début des années 90, autorisait le financement du djihad par des activités illicites. Mais c’est 2001 qu’une autre fatwa de l’égyptien Abou Bassir al-Tartousi, légitime le recours au vol, au trafic en tout genre, à la contrebande et au racket, si cela pouvait servir le djihad. Depuis, ces pratiques ont largement été mis en œuvre et restent les principaux modes d’actions de l’AQMI.

    I. La prise d’otage ou les enlèvements

    La prise d’otage pour les groupes terroristes et plus particulièrement pour AQMI, reste le moyen le plus sure pour s’attirer tout le réseau média et l’attention de toute la communauté internationale. Le rapt, souvent accompagné de menaces de mort si les revendications de ses auteurs ne sont pas respectées, reste la source financièrement la plus rentable.

    Ainsi, les terroristes d’Al Qaida n’hésitent pas à recourir à ce moyen dès que l’occasion se présente pour d’une part, obtenir des rançons pour financer leur structure et acquérir des armements de plus en plus sophistiqué et puissants, et d’autre part, pour exiger la libération de membres terroristes emprisonnés dans les pays du Sahel. De ce fait, 90% des ressources d’AQMI proviennent des rançons versées et on évoque aussi 90 millions d’euros réclamés par AQMI, pour la libération des 4 otages (français enlevés au Niger en septembre 2010) encore retenus. Ce montant représente plus de deux fois l’aide annuelle de la France au Mali ou au Niger.

    1. Aperçu sur le nombre d’otages enlevés et tués dans le Sahel et au Nigeria depuis 2009

    3 juin 2009 : AQMI revendique la mort du Britannique Edwin Dyer, enlevé le 22 janvier dans la zone frontalière entre le Mali et le Niger. Trois autres touristes européens, deux Suisses et un Allemand enlevés avec lui sont libérés en avril et juillet.

    25 juillet 2010 : AQMI revendique l’exécution du Français, Michel Germaneau, un ancien ingénieur de 78 ans, enlevé dans le nord du Niger le 19 avril puis transféré au Mali.

    8 janvier 2011 : Antoine De Léocour et Vincent Delory (deux français) sont tués au cours d’une opération de sauvetage franco-nigérienne en territoire malien, au lendemain de leur enlèvement par des membres d’Aqmi dans un restaurant de Niamey.

    24 novembre 2011 : Philippe Verdon et Serge Lazarevic (deux Français) sont enlevés par des hommes armés dans le Nord-Mali. Un rapt qui porte aussi la griffe d’AQMI.

    25 novembre 2011 : Un Allemand est tué en tentant de résister à son enlèvement à Tombouctou (nord du Mali) par des hommes armés qui kidnappent trois autres touristes se trouvant avec lui. AQMI, qui a revendiqué l’enlèvement, a menacé en janvier dernier de tuer les trois otages, un Suédois, un Néerlandais et un Britannique ayant aussi la nationalité sud-africaine.

    8 mars 2012 : Deux ingénieurs britannique et italien, otages au Nigeria depuis le 12 mai 2011 sont tués. Les otages ont été « assassinés » par leurs ravisseurs appartenant au groupe islamiste Boko Haram.

    Les prises d’otages les plus marquantes restent celles des deux humanitaires espagnols Albert Vilalta et Roque Pascual enlevé en novembre 2009 puis libéré en mars 2010 en contrepartie d’une rançon estimée entre 5 et 10 millions de dollars versés à AQMI. Un français Pierre Camatte enlevée au Mali en 2009 a quant à lui été libéré en échange de la libération de quatre islamistes de l’organisation détenu par Bamako. Aujourd’hui, au total, 12 Européens dont 6 Français, sont encore retenus au Sahel par AQMI et le MUJAO.

    Si AQMI qui dispose de réseaux dans plusieurs pays sahéliens (Mauritanie, Mali, Niger, nord du Nigeria…) est bien derrière l’enlèvement des nombreux occidentaux, elle a aussi démontré qu’elle pouvait frapper les intérêts occidentaux dans toute la région sahélienne. Pour rappel, après la fin de la rébellion touareg au Niger en 2009, certains membres de la communauté touareg ont tissé des liens avec des islamistes armés et il leur arrive de vendre leurs services pour des enlèvements ou des trafics, sans pour autant partager leur idéologie, le but étant purement financier.

    Aussi, pour repérer ses cibles, AQMI s’appuie également sur le soutien des populations locales qui informe le groupe de la présence de touristes ou d’humanitaires dans la région et ce, par intérêt ou pour des raisons de solidarité ou par complicité. C’est dans ce sens que des groupes autonomes sans appartenance terroriste kidnappent et revendent des otages.

    Aujourd’hui il est difficile de chiffrer le nombre de prises d’otages dans le Sahel en raison de la nature même de ce type de crime. Les informations restent peu fiables et peu vérifiables car ce genre d’événements n’est pas toujours publiquement rapporté et les autorités des pays « victimes » ne sont pas toujours coopératifs. Cependant des consultants spécialisés dans la prise d’otage estiment qu’il y aurait annuellement entre 20.000 et 30.000 enlèvements dans le monde.

    2. Evolution de l’industrie de l’enlèvement dans le Sahel

    Au cours de cette décennie, ce sont près de 120 millions de dollars qui ont été collectés par les organisations terroristes en matière de paiements de rançons, avec en tête l’AQMI qui a encaissé le plus d’argent depuis 2008.

    A titre d’exemple, l’Espagne aurait payé 8 à 9 millions d’euros pour obtenir la libération de ses otages, le Canada quelques millions d’euros, l’Autriche entre 2 et 3,5 millions d’euros pour la libération de deux Autrichiens. L’Italie 3 millions d’euros en 2002/2003, l’Allemagne aurait payé 5 millions d’euros pour la libération d’otages européens, idem pour la Suisse. Des pays comme la Grande-Bretagne ne paient jamais de rançons.

    L’autre constat inquiétant, est l’augmentation continue des montants des rançons exigées, passant de 4,5 millions de dollars en 2010 à 5,4 millions de dollars en 2011. A titre d’exemple, une filiale d’Al-Qaïda aurait tenté d’extorquer des paiements annuels importants, estimés à des millions d’euros, auprès d’une société (probablement Areva) basée en Europe, en échange de la promesse de ne pas porter atteinte à ses intérêts en Afrique. Mais cela n’est que le début d’un cercle vicieux : en réalité payer une sorte de redevance annuelle à des groupes terroristes reviendrait à financer d’autres opérations d’enlèvements qui, à leur tour, conduisent à la demande d’autres rançons.

    Les américains appelleraient donc les gouvernements européens à ne plus payer de rançons, alors que les européens acceptent mal cette position car au final, tous les pays concernés finissent sous la pression et sous la menace d’exécuter les otages par payer des rançons pour voir libérer leurs ressortissants otages d’AQMI au Sahel. Lorsque ce ne sont pas les gouvernements qui paient, ce sont des entreprises privées qui sont sollicitées pour régler la rançon.

    II. Trafics, contrebande et racket

    Si le Sahel est considéré comme étant un véritable « hub » énergétique, il en est de même en matière de trafics en tout genre et de contrebande. La zone sahélienne est devenue le lieu de passage privilégié pour de nombreuses filières criminelles qui font aujourd’hui du Sahel une plaque tournante de plusieurs trafics. Aux portes de l’Europe (premier consommateur mondial), cette zone reste incontrôlée et l’Amérique du Sud n’est pas la seule région d’où provient la drogue qui transite par le Sahel : cocaïne et héroïne en provenance d’Afghanistan transit aussi par cette zone. Les marchandises remontent, ensuite vers l’Europe, empruntant des itinéraires clandestins à travers le Tchad, le Mali et le Niger. On estime ainsi aujourd’hui que le Sahel sert de transit à 50 voire 70 tonnes sur les 200 à 250 tonnes de cocaïne produite en Amérique du Sud.

    AQMI n’intervient donc pas directement dans le trafic, mais prélève une taxe imposée et illégale sur les transits de drogue, en contrepartie du contrôle et de la sécurité qu’elle assure aux trafiquants chargés d’approvisionner les pays du Sahel et lors des passages de convois.

    La contrebande de cigarettes à travers le Sahel est également une pratique très courante et génératrice de revenus difficilement chiffrable, mais qui se compterait annuellement en plusieurs centaines de millions d’euros. Les marchés visés par ces trafics sont d’abord ceux du Maghreb, de l’Egypte et du Moyen-Orient. Cette contrebande très lucrative attire fortement les groupes terroristes locaux qui, s’ils ne s’impliquent pas directement, imposent un « service de protection » aux contrebandiers contre une dîme sur la marchandise, d’où l’implication particulière de Mokhtar Belmokthar, un des responsables d’AQMI alias « Mister Marlboro», dans le trafic de cigarettes au Sahel.

    III. Appuis et investissements extérieurs

    Ces appuis sont constitués de dons plus ou moins volontaires en provenance des communautés maghrébines installées en Europe et plus généralement à l’étranger. Ces fonds sont transférés via des organismes financiers de transferts de fonds (Western Union…). Le rapatriement de ces fonds est peu contrôlé et les traces difficiles à remonter, compte tenu du fait que de faux documents et renseignements justifiant l’origine et la destination des fonds sont présentés.

    Aussi, AQMI serait soutenu voire assister financièrement et militairement par des pays comme : l’Arabie Saoudite, la Libye, l’Iran ou encore le Pakistan. L’objectif étant de bénéficier de la protection d’AQMI pour ce qui est de leurs intérêts économiques et financiers dans la région du Sahel.

    Depuis la prise en otage de 16 personnes travaillant pour la multinationale Areva, au Niger, en septembre 2010, AQMI tirerait aussi ses soutiens financiers de firmes multinationales qui utilisent AQMI comme un moyen criminel pour atteindre des fins stratégiques.

    IV. Recrutements, Kamikazes et le réseau Internet

    AQMI ne compterait aujourd’hui que 500 combattants actifs, autour de Abdelmalek Droukdal, le chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, au nord-est de l’Algérie. On compte 400 autres combattants logés dans le nord du Mali, soit un faible nombre de terroristes, au sein d’une organisation marquée par des tensions internes entre chefs rivaux et dont certains sont idéologiquement intransigeants et d’autres tout simplement des trafiquants.  Au total, d’après les données qui circulent dans le milieu du renseignement, il y aurait entre 500 et un millier de terroristes membres d’AQMI, essentiellement répartis entre les katibas du Sahel et celles du nord de l’Algérie. Pour information, au moins 150 terroristes auraient été arrêtés, tués ou se sont rendus entre janvier et octobre 2012.

    Les moyens d’action d’AQMI ne sont pas que financiers, ils sont aussi humains, notamment à travers le recrutement des jeunes maghrébins généralement en détresse pour en produire des postulants au martyre. Le recrutement se fait principalement en Algérie, dont 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le recrutement se fait également au niveau des prisons (notamment françaises) où cohabitent délinquants mineurs et terroristes. Ces derniers enrôleraient des jeunes en leur inculquant une idéologie meurtrière durant des séances d’endoctrinement.

    Si ce n’est pas au sein des prisons, c’est sur le réseau Internet que le groupe AQMI attire des volontaires à travers des vidéos (diffusées en plusieurs langues pour toucher le maximum de zones géographiques) et des messages de vengeance à l’encontre des apostats, des juifs et des « mécréants ». Le but étant une propagande très bien étudiée pour promouvoir le djihad et inciter les jeunes au service de la cause d’AQMI.

    Enfin pour reprendre Jean Luc Marret, spécialiste des questions de violence, du terrorisme et des Etats fragiles, AQMI est « une entreprise politique, composée de professionnels, exigeant une formation, poursuivant une carrière et pratiquant un métier, ayant des partenaires (…) disposant d’un capital, à la recherche de publicité et dont le nom équivaudrait à une marque ».

  • Instabilités sur la frontière sud de l’Europe : questions de sécurité dans la région Sahel-Maghreb ?

    Instabilités sur la frontière sud de l’Europe : questions de sécurité dans la région Sahel-Maghreb ?

    Tags : Sahel, Maghreb, EIGS, État Islamique au Grand Sahara, GSIM, Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans, Al Qaida, ISWAP, Etat Islamique en Afrique de l’Ouest, Boko Haram, Libye,

    La COVID-19 doit être appréhendée comme un flux mondialisé dans un contexte international en dégradation rapide et durable (Revue stratégique et de sécurité nationale, 2017). La pandémie a constitué un événement qui introduit du trouble. Comme pour tout événement « extraordinaire » de ce type, certains acteurs y ont vu une opportunité pour remettre en cause le fonctionnement et les rapports ordinaires dans les relations internationales. C’est particulièrement vrai dans les zones les plus belligènes du monde. Or, si l’on adopte le point de vue d’Edgar Morin, on peut voir au sud de l’Europe « une ligne sismique (qui) partant du Caucase et s’avançant en Méditerranée, concentre en elle de façon virulente, l’affrontement de tout ce qui s’oppose sur la planète : Occident et Orient, richesse et pauvreté ».

    En d’autres mots, cela revient à considérer que la frontière sud de l’Union européenne est un espace qui concentre une série de problématiques liés à cette ligne de fracture. La Méditerranée se caractérise comme une interface entre deux espaces très contrastés. Dans le cadre de la globalisation, cela se traduit notamment par des flux illicites, humains ou matériels, des Sud vers le Nord.

    La région Sahel-Maghreb constitue ainsi un espace d’importantes circulations migratoires mais aussi une voie d’acheminement d’armes, de drogues (cannabis, cocaïne, etc.)… La configuration géographique de la Méditerranée explique que les différents flux se concentrent plus particulièrement dans certaines zones (notamment les détroits de Gibraltar et de Sicile). Le traitement nécessairement sécuritaire des uns (drogues,…) s’est largement étendu aux autres (migrations à but économique) avec notamment le rôle de Frontex et les évolutions du fonctionnement cette agence. Le rôle des organisations criminelles transnationales dans ces circulations illicites est également un paramètre explicatif du prisme sécuritaire des politiques publiques, nationales ou européennes, sur les flux migratoires passant la frontière extérieure.

    Après les « printemps arabes », alors que se déroule une guerre civile en Libye, les coopérations précédemment nouées entre l’Union européenne et les Etats du Maghreb sont fortement fragilisées. On observe dès lors à des occurrences croissantes de morts et/ou de situations de détresse de migrants en Méditerranée qui participent à des tensions entre acteurs, institutionnels ou de la société civile, voire entre Etats.

    À ces éléments de contexte proprement méditerranéen viennent s’ajouter d’autres problématiques à l’échelle Maghreb-Sahel. Le contexte géographique (très faible densité dans le Sahara) et géopolitique (notamment la poussée de l’islamisme radical) a fait de la bande sahélo-saharienne un espace de fixation de groupes djihadistes (actuellement l’EIGS- État Islamique au Grand Sahara – ; le GSIM -Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans – affilié à Al Qaida, et plus au sud, ISWAP – Etat Islamique en Afrique de l’Ouest – et Boko Haram). Après l’intervention française Serval (2013-2014), des dispositifs de maintien de la paix ont été mis en place : Minusma, coopération régionale dans le cadre du G5 Sahel, appui français avec l’opération Barkhane pour ne citer que les principaux.

    Les récents coups d’Etat au Mali et au Burkina Faso et leurs conséquences (notamment la fin de l’opération Barkhane) ouvrent la voie à de nouvelles recompositions des dispositifs de maintien de la paix et de la sécurité dans la région. Ces recompositions doivent être interrogées et mises en regard avec les évolutions internes des Etats du Maghreb. Par ailleurs, la crispation des relations entre Maroc et Algérie complexifie les processus de politiques régionales de paix et de sécurité. Enfin, dans un contexte de recompositions des domaines de conflictualités (multi-champs, multi-domaines), l’émergence stratégique et militaire de puissances non riveraines de la Méditerranée occidentale ou du Sahel participent aux dynamiques de déstabilisation de la zone.

    On observe ainsi une nette réaffirmation de l’influence russe dans la région. Elle s’est notamment traduite par des propositions d’assistance militaire, directe ou indirecte (groupe Wagner), en Libye ou encore au Mali, mais aussi plus largement par un travail sur l’information et les perceptions du jeu international par les populations locales. Les enjeux sur la frontière sud de l’Union européenne doivent ainsi être posés à plusieurs échelles géographiques et temporelles.

    A l’échelle géographique la plus resserrée, après la période de gestion exceptionnelle qu’a pu entraîner la pandémie de Covid, il s’agit de redéfinir une politique de contrôle de la frontière extérieure de l’Union européenne, en partenariat avec les Etats de transit des différentes formes de flux illicites sur la rive Sud.

    Cette politique doit prendre en compte les enjeux pour les sociétés du Maghreb : enjeux sociétaux générationnels, démocratiques, de développement économique, place de l’islamisme, … A une échelle plus large, il s’agit de réorganiser les politiques de stabilisation de la zone sahélienne ou de la Libye, de mettre en place ou de consolider ces politiques dans une articulation des trois D (défense, diplomatie, développement) prenant en compte le paramètre des changements climatiques. Pour ce faire, il convient d’analyser le jeu de l’ensemble des acteurs, et pas seulement régionaux ou étatiques, qui interagissent.

    Walter BRUYÈRE-OSTELLS (modérateur), professeur des Universités en Histoire contemporaine à Sciences Po Aix, co-responsable du master Géostratégie, défense et sécurité internationale et du mastère spécialisé Renseignement

    Source : Revue Diplomatie, décembre

    #Maghreb #Sahel #Mali #Burkina_Faso #Libye

  • L’Irlande poursuivra sa mission controversée au Mali mais avec un engagement de troupes réduit

    L’Irlande poursuivra sa mission controversée au Mali mais avec un engagement de troupes réduit

    Tags : Mali, Irlande, EUTM, formation militaire, Sahel,

    Les dirigeants de l’UE cherchent à repousser l’augmentation de l’influence russe dans la région

    Les troupes irlandaises participeront à une mission de formation mise à jour au Mali l’année prochaine dans le cadre des efforts de l’UE pour repousser l’influence russe dans la région.

    L’Irlande participe à la mission de formation de l’UE (EUTM) au Mali depuis ses débuts en 2013, le personnel des Forces de défense formant des membres de l’armée malienne pour les aider à stabiliser le pays et à sécuriser les zones contrôlées par des militants islamiques.

    Cependant, la mission a été en proie à une controverse ces derniers mois à la suite d’allégations selon lesquelles des troupes de l’armée malienne, dont certaines formées par les forces de l’UE, auraient été impliquées dans des violations des droits de l’homme aux côtés de Wagner, une société militaire privée russe étroitement liée au Kremlin.

    Cela inclut un incident dans le village de Moura en mars dernier au cours duquel plus de 200 civils auraient été massacrés par des soldats maliens et des mercenaires wagnériens.

    Peu de temps après, l’UE a suspendu l’entraînement opérationnel des unités de l’armée et de la garde nationale maliennes « afin d’éviter tout risque de réputation dû au fait que les forces de défense et de sécurité maliennes formées par l’UE tombent sous le contrôle ou s’engagent aux côtés des forces affiliées à la Russie », a déclaré le ministre de la Défense. dit Simon Coveney.

    Cette décision a incité l’Irlande à réduire son engagement à 14 soldats des Forces de défense. D’autres pays de l’UE, dont l’Allemagne et la République tchèque, ont récemment annoncé qu’ils se retiraient complètement de l’EUTM Mali.

    Les troupes irlandaises sont mandatées pour servir dans le pays jusqu’en mars 2023. Après cela, l’Irlande continuera à fournir du personnel à une version mise à jour de la mission.

    La taille globale de l’EUTM Mali passera de 1 100 à 300. L’Irish Times comprend qu’au moins sept officiers et sous-officiers des Forces de défense participeront à cette nouvelle phase à partir de 2023.

    La mission ne sera plus impliquée dans la formation militaire directe des soldats maliens. Au lieu de cela, les forces de l’UE se concentreront sur le mentorat et les conseils de sécurité aux commandants maliens.

    Les dirigeants de l’UE ont exprimé leur inquiétude face à l’influence croissante de la Russie dans la région agitée du Sahel en Afrique et à l’activité de Wagner là-bas. L’organisation, qui a également été utilisée lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fait l’objet de sanctions de l’UE en raison d’atteintes aux droits humains commises par son personnel. On pense qu’il opère dans 23 pays africains.

    « Le Sahel reste une priorité. On ne lâche pas le Sahel, loin de là. Nous voulons nous engager encore plus dans cette région », a déclaré ce mois-ci le chef de la politique étrangère de l’UE, Joseph Borrel.

    « L’UE a pris une décision très ferme selon laquelle nous devons maintenir notre position sur le terrain », a déclaré le mois dernier le représentant militaire de l’Irlande auprès de l’UE, le général de brigade Gerard Buckley, à l’Irish Times.

    La mission n’en fait peut-être pas autant que l’UE voudrait le faire, mais « si vous quittez le terrain, un tiers entrera sur ce terrain », a déclaré le général. « L’Irlande maintiendra une présence, mais une présence réduite », a-t-il déclaré.

    Une porte-parole du ministère de la Défense a déclaré qu’aucune décision finale n’avait été prise quant à l’étendue de la participation future des Forces de défense, mais que « l’Irlande reste attachée à la mission ». Elle a déclaré que « l’hypothèse de planification est que la prochaine rotation verra une nouvelle réduction par rapport à notre engagement actuel de 14 personnes ».

    L’Irlande a mis fin à sa participation à la mission distincte de la Minusma des Nations Unies dans le nord du pays en septembre.

    #Mali #Irlande #EUTM