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  • Algérie. Saut qualitatif

    Algérie. Saut qualitatif

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    Que de chemin parcouru depuis la décennie 1990, qui a vu se mettre en place une stratégie de développement d’une industrie pharmaceutique nationale ! L’Algérie disposait bien de quelques unités de production et surtout du complexe antibiotiques de l’entreprise publique Saïdal, mais cela était loin de constituer un tissu industriel conséquent.

    La facture en médicaments ne cessait d’augmenter et les prévisions en la matière n’étaient pas optimistes alors que l’Algérie était déjà plongée dans une crise multiforme sous le joug du FMI. Envisager le développement d’une filière pharmaceutique dans ces conditions semblait une gageure, d’autant plus que des lobbies à l’œuvre étaient redoutablement puissants et opposés à ce projet, tandis que d’autres tentaient de faire croire que les Algériens étaient encore incapables d’accéder à cette compétence afin de maintenir le pays dans le giron de l’importation.

    Ce ne fut donc pas un long fleuve tranquille, mais la volonté politique, en dépit de quelques reflux, n’a jamais fait défaut pour soutenir les entrepreneurs privés qui se sont lancés dans ce créneau. Ces derniers ont non seulement réussi à s’arrimer dans ce secteur d’activité, mais aussi à faire preuve d’efficacité dans leurs réponses aux difficultés de l’environnement économique national que chacun connaît. Les résultats ont été suffisamment éloquents pour encourager les pouvoirs publics à persévérer dans leur stratégie. Un impératif encore mis exergue avec l’irruption de la pandémie de coronavirus et les difficultés d’approvisionnement qui s’en sont suivies, qui a d’ailleurs permis à l’écosystème de se renforcer et s’enrichir, de sorte que, aujourd’hui, l’Algérie arrive à satisfaire près de 70 % de ses besoins en médicaments grâce à la production locale. La mise en place d’un ministère dédié au secteur de la pharmacie a permis de dégager la vue devant la filière qui a de nouveaux objectifs à atteindre.

    En matière de production, il est ciblé la fabrication des matières premières, les médicaments à forte valeur ajoutée et les vaccins, tandis que sur le plan de la commercialisation, il est attendu que la filière participe à la diversification des sources de revenus du pays en allant à la conquête des marchés extérieurs, notamment dans la zone de libre échange africaine. Ce sont des objectifs à la portée de l’industrie pharmaceutique nationale. Mieux, elle prépare d’ores et déjà le saut qualitatif qu’elle sera dans l’obligation d’exécuter pour se mettre au diapason des procédés de fabrication à base de biotechnologies, en se lançant dans la R&D, en nouant des relations plus étroites avec l’Université et des partenariats pour des transferts technologiques.

    Ouali Mouterfi

    Horizons, 24 mai 2022

    #Algérie #Industrie #Pharmacie

  • Industrie pharmaceutique : Saidal nourrit des ambitions africaines

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    On attendait Spoutnik V, le russe, en septembre, mais c’est finalement le CoronaVac, le chinois, qui s’est imposé. Le démarrage de la production dès demain nourrit les ambitions du secteur qui se voit déjà en puissance régionale en matière de vaccination.

    L’Algérie rejoint les pays africains qui ont décidé d’assurer leur « souveraineté pharmaceutique et médicale » en annonçant la fabrication, localement et dès demain, de son vaccin anti-covid-19 en partenariat avec le Chinois Sinovac.

    C’est Le groupe public Saidal qui se chargera de produire le CoronaVac, nom commercial du remède, dont il espère devenir un fournisseur régional.

    Dans un premier temps, la société algérienne se limitera au fill and finish (répartition aseptique) du bulk dans des flacons ». Autrement dit, le remplissage et la finition des flacons de vaccin ainsi que l’emballage du médicament et sa distribution. Le « full process (production complète du vaccin) » n’interviendra que des mois plus tard. Il faut d’abord passer par l’étape des « lots de validation », des quantités qui seront contrôlés sur la totalité des paramètres et se verront attribuer une durée de validité et d’étude de stabilité plafonnée à trois mois, avant l’obtention du quitus de mise sur le marché, selon les explications du Dr. Bouabdallah.

    Saidal aura ainsi le privilège d’être l’un des premiers fabricants de vaccins anti-covid sur le continent. Elle sera, cela dit, en concurrence avec, notamment, l’Egyptian Holding Company for Biological Products and Vaccines (Vacsera) qui l’a devancé sur ce terrain en signant avec Sinovac en décembre 2020 et en commençant sa production en juin dernier.

    Cette compétition n’a, cependant, pas entamé l’enthousiasme du ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed.

    Celui-ci a affirmé, hier, sur les ondes de la radio nationale que l’Algérie « va se projeter dans l’exportation du CoronaVac dans le cadre de l’initiative « Africa-Vac » en vue de répondre aux besoins des pays africains »

    Plateforme africaine de fil and finish

    Il a précisé que son secteur a » les possibilités d’être une plateforme africaine de fil and finish avec une capacité de production de 200 millions de doses par an ». Il a avancé que « le groupe Saidal est le seul producteur africain à avoir obtenu la licence de production du CoronaVac ».

    « Il ne s’agit pas d’un générique, a-t-il tenu à souligner. La société chinoise Sinovac a donné son nom au groupe Saidal pour l’utiliser. L’Algérie fait partie désormais du club des pays producteurs du vaccin anti-Covid. C’est une première, sachant que ce vaccin n’a qu’une année d’existence ».

    Benbahmed a indiqué que la seule ligne de fabrication dont dispose Saidal au niveau de l’usine de Constantine est en mesure d’assurer les besoins du pays et de répondre à ceux des pays africains.

    Lui qui avait prévu en avril le lancement, ce mois de septembre, de la fabrication, sous licence russe, du Spoutnik V a assuré que les négociations sont « toujours en cours » et que que « le projet n’est pas abandonné ».

    Pourquoi le vaccin chinois ?

    Selon Nadia Bouabdallah, le choix du CoronaVac a été motivé par le fait qu’il s’agit d’un « vaccin classique avec un virus inactivé » ; une technologie que les Algériens connaissent et « dont l’efficacité est connue, reconnue et prouvée ».

    Quant à la réticence de certains citoyens par rapport à son efficacité et sa non homologation par l’Agence européenne de médicament, la responsable a prédit que le sérum « sera certainement homologué en Europe, pour des considérations touristiques et politiques qui imposent son acceptation ».

    Neuf pays de l’Union européenne l’ont agréé pour l’instant, y compris la France qui a publié, la semaine dernière, un décret autorisant son utilisation sur son territoire.

    Mourad Fergad

    La Nation