Étiquette : sécurité

  • AFRICOM : L’Algérie campe sur son indépendance décisionnelle

    Algérie, Etats-Unis, AFRICOM, Sahel, Mali, sécurité, lutte antiterroriste, #Algérie,

    «L’Algérie est un partenaire fiable et très fort, et si je suis ici, c’est que nous sommes convaincus que l’Algérie peut jouer un rôle très important pour assurer la sécurité et la paix dans toute la région», a précisé le général d’armée Stephen Townsend, chef du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), à l’issue de sa rencontre avec le président de la République. 

    L a coopération militaire entre les deux parties se limite, aujourd’hui, à la formation et à l’échange de données techniques. Les Etats-Unis n’ont pas réussi à convaincre l’Algérie de déplacer le siège d’«Africom» de Stuttgart, en Allemagne, vers l’Afrique. Les pouvoirs publics avaient à maintes reprises exprimé leur refus quant à une présence militaire américaine dans la région, en dépit des assurances de Washington qui parle d’une activité purement logistique pour faire face aux menaces des groupes terroristes.

    Dans la perspective toujours de rassurer sur ses intentions, un responsable américain avait estimé à 9 milliards de dollars l’aide des Etats-Unis dans le cadre de l’Africom à l’Afrique. Mhand Berkouk, analyste spécialiste des questions géopolitiques, revient, dans ce cadre, sur cette visite qui relève, dit-il, «de la qualité des relations entre les deux pays qui entretiennent depuis 2005 un dialogue stratégique assez conséquent. Cette coopération souveraine entre deux Etats reflète le respect des Etats-Unis vis-à-vis du rôle que joue l’Algérie dans la consolidation de la paix et de la sécurité dans la sous-région, Afrique du Nord et Sahel, et dans le continent d’une manière générale». 

    Pour lui, «l’expertise algérienne en matière de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme constitue un cas d’école pour les pays qui font face à cette menace transnationale».  Sur la position immuable des autorités algériennes qui refusent totalement l’idée de l’installation de bases militaires étrangères sur son sol, il explique que «de par sa doctrine, l’Algérie a une politique étrangère souveraine basée sur une indépendance décisionnelle devenue presque sacro-sainte. C’est pourquoi elle refuse toute présence étrangère sur son sol et préfère prendre en charge elle-même ses besoins de sécurité nationale».

    PRÉSERVER NOTRE SOUVERAINETÉ À TOUT PRIX

    Evoquant la coopération militaire entre les deux pays et l’Africom qui avait appelé, en 2010, l’Algérie à développer une stratégie militaire aérienne conjointe, Berkouk affirme qu’«au vu de certaines analyses américaines notamment celle publiée récemment dans Military Watch Magazine spécialisé dans les études militaires et stratégiques, l’armée algérienne est la première puissance aérienne dans la région, dépassant de loin les pays du Maghreb», soulignant que «ses capacités de défense nationales sont, néanmoins, définies par une doctrine défensive liée à une lecture objective et reflétant des principes fondateurs de notre politique étrangère, à savoir le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays».

    Selon le géo-politologue, «les choix opérationnels ou stratégiques du pays sont essentiellement définis par des évaluations actuelles et prospectives des risques et menaces. Toutes les décisions sont ainsi étroitement liées au souci de préserver la souveraineté nationale». A la question de savoir quel est le rôle réel de l’Africom dans le Sahel, sachant que l’Algérie est chargée de coordonner la position du Commandement militaire conjoint des Etats de la région (Algérie, Niger, Mali et Mauritanie), il dira que «toute coopération est définie par des échanges de bonne pratique sécuritaire en matière notamment de lutte contre le terrorisme et le partage d’un savoirfaire opérationnel».

    Et de poursuivre  : «Le Sahel est considéré, cependant, comme une extension même de notre sécurité nationale. C’est pourquoi les autorités demeurent soucieuses de la préservation de cette souveraineté et de l’évolution des cas d’insécurité et de dynamique crisogène dans ces pays.» De l’avis de Mhand Berkouk, «la position algérienne est de principe même si nos besoins sont toujours en évolution au vu de la complexification de l’insécurité dans la région du Sahel et en Libye et la fragilité de la Tunisie».

    Sur l’impact que pourrait avoir la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc sur la coopération algérienne avec l’Africom, il estime que «notre pays est en position de pivot dans cette région au regard de nos capacités nationales endogènes et souveraines». «Nous défendons notre indépendance décisionnelle, contrairement au Maroc qui est dans une position de servitude stratégique au profit de l’Occident et du projet du sionisme mondial», précise-t-il.

    Et de conclure  : «Les Etats-Unis ont toujours essayé d’avoir des relations multi-variables avec l’Algérie en raison du rôle important des deux Etats et de l’identité militaire et sécuritaire des deux pays.»

    Assia Boucetta

    Horizons, 29/09/2021

  • Immigration

    Par Fouzia Mahmoudi

    Durant la période précédant la campagne présidentielle de 2017 en France, la droite a presque totalement abandonné le discours sur l’immigration pour se positionner, notamment par rapport aux centristes. D’ailleurs, plusieurs personnalités de droite ont même décidé de quitter Les Républicains sous la présidence de Laurent Wauquiez, ce dernier étant accusé de faire le jeu de l’extrême-droite en ayant un discours ferme sur l’immigration et la sécurité. Xavier Bertrand, candidat à la présidentielle de 2022, qui aujourd’hui mise sur les thématiques sécuritaires, assurait pourtant en 2017 lorsqu’il quittait LR : «Je ne reconnais plus ma famille politique». «Je n’aime pas sa politique de l’agressivité et des boucs émissaires», avait-il également dit de Wauquiez, critiquant notamment ses déclarations sur «le cancer de l’assistanat».

    Même son de cloche chez Valérie Pécresse qui avait alors également quitté son parti car en désaccord avec la nouvelle direction et ses idées trop droitières. Mais aujourd’hui celle qui ambitionne de porter les couleurs de la droite à la prochaine présidentielle, change elle aussi de discours. Pécresse est revenue hier sur l’attaque au commissariat de Rambouillet et développé ses propositions pour lutter contre le terrorisme. «Il faut cesser de nier le lien entre terrorisme et immigration», estime-t-elle . «On a frappé le visage de la France. La police, c’est la Nation, l’État», a réagi Pécresse, avant d’énumérer plusieurs propositions pour mieux lutter contre le terrorisme. «Dans cette guerre, il n’y a pas de risque zéro, pas de réponse à tous les risques», explique l’ex-LR. Mais, ajoute-t-elle, «il y a toute une série de failles dans nos dispositifs qui doivent être comblées».

    Sur la question de l’immigration, Pécresse martèle qu’il faut «contrôler nos frontières», puis «travailler sur l’immigration clandestine» en posant la question de la «régularisation». «Il faut renvoyer les clandestins dans leur pays d’origine», insiste la fondatrice de Libres ! «Il y a aujourd’hui un vrai sujet sur les frontières. C’est un sujet qui n’est pas que national, mais aussi européen», dit l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy.

    Aussi, ajoute-t-elle, «nous devons organiser à la frontière de l’Union européenne ce qu’on appelle la procédure d’asile à la frontière». Autrement dit, «cela veut dire que tous les migrants qui arrivent sans papiers aux frontières, qui demandent l’asile, ne doivent pas pouvoir pénétrer sur le sol européen. On doit pouvoir examiner leur demande d’asile aux frontières et les renvoyer chez eux s’ils ne sont pas persécutés».

    Depuis 2012, le séjour illégal sur le territoire français n’est plus un délit. Une situation qui doit être revue, selon la présidente de la région Île-de-France. Ainsi, celle qui il y a encore cinq estimait que d’aborder ses thématiques faisait le jeu du Rassemblement National réalise, au vu de l’actualité et des sondages d’opinions, que les Français, dans une large majorité, réclament des mesures sérieuses que ce soit sur l’immigration ou la sécurité.

    Reste à voir si les électeurs seront convaincus par les revirements opportuns de Pécresse et Bertrand sur ces dossiers, ou s’ils leur préféreront des candidats plus constants dans leurs positions.

    Le Jour d’Algérie, 26 avr 2021

    Etiquettes : France, immigration, sécurité, campagne électorale, élections présidentielles, droite, exttrême droite, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Les Réoublicains, Rassemblement National,



  • Sécurité : droite et extrême droite accusent Macron d’inaction

    Droite et extrême droite critiquent lundi la nouvelle offensive d’Emmanuel Macron sur la sécurité, n’y voyant que des « slogans électoraux » après quatre années de présidence « du chaos ».

    Avant un déplacement lundi matin à Montpellier sur le thème de la sécurité, le chef de l’Etat a notamment promis dans un entretien au Figaro dimanche soir de tenir son objectif de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires et de mettre l’accent sur la lutte contre les trafics de drogue.

    « Quand vous êtes président de la République, vous n’annoncez pas, vous faites. Il est président depuis 2017 : les effectifs de police et de gendarmerie, ils sont où ? », a réagi lundi matin la maire LR du VIIe arrondissement de Paris et ex-ministre de la Justice Rachida Dati sur RTL.

    Pour le député LR Eric Ciotti, l’interview dans Le Figaro « ne rassemble que des slogans électoraux à un an de la présidentielle alors que depuis quatre ans les actes défaillants ont conduit à l’explosion de la délinquance, à des niveaux d’immigration records et à une montée inédite de l’islamisme », a-t-il estimé dans un tweet dimanche soir.

    Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) a déploré lundi sur France 2 qu’il n’y ait « rien sur la justice des mineurs, rien sur des peines planchers pour les récidivistes, rien sur les rappels à la loi (…), rien sur l’expulsion des délinquants étrangers ».

    A l’extrême droite, la présidente du RN Marine Le Pen a jugé que « le Président du chaos, de la violence partout, tout le temps, de la division, de l’injustice sociale, fiscale, territoriale, nous vend aujourd’hui ‘la vie paisible’. Rien ne nous sera épargné », a-t-elle déploré sur Twitter dimanche.

    De l’autre côté de l’échiquier politique, l’ex-LREM Aurélien Taché est aussi critique, mais pour d’autres raisons : « Emmanuel Macron fait ce qu’a toujours fait la droite quand elle est en difficulté, ce que Nicolas Sarkozy a fait 10 ans avant lui. Passer sur la sécurité, la laïcité et l’immigration quitte à stigmatiser toute une partie des Français. C’est un début de campagne à droite toute ! », a-t-il jugé dans un tweet.

    La Provence, 19 avr 2021

    Etiquettes : France, droite, extrême droite, Emmanuel Macron, sécurité, inaction,

  • L’aéroport d’Orly teste la reconnaissance faciale à l’embarquement avec Transavia

    VU AILLEURS Repoussée d’un an à cause de la pandémie de Covid-19, l’expérimentation de la reconnaissance faciale à l’aéroport d’Orly vient d’être lancée sur les vols vers le Maroc avec la compagnie Transavia. Grâce à la captation de données biométriques, les voyageurs n’ont plus besoin de présenter leur titre de transport, ce qui fluidifie l’embarquement. D’ici deux mois, les voyageurs partant vers les DOM-TOM devraient être inclus dans le test.

    L’aéroport d’Orly teste depuis quelques jours la reconnaissance faciale pour fluidifier l’embarquement des voyageurs, d’après Le Parisien. L’expérimentation devait débuter il y a un an mais a été retardée par la pandémie de Covid-19, qui a cloué les avions au sol.

    PLUS BESOIN DE PRÉSENTER SON BILLET
    La technologie a été fournie par la société française Idemia, spécialisée dans les dispositifs biométriques. Au moment de déposer son bagage, une caméra va filmer et capturer le visage du passager. Le logiciel va établir un gabarit er comparer ses traits avec les données inscrites sur le passeport.

    Ainsi, à l’embarquement, il suffira au voyageur de scanner son visage sur une borne dédiée pour accéder à l’avion. En d’autres termes, plus besoin de présenter ses billets. Ce qui constitue un gain de temps considérable, d’après Paris Aéroport (anciennement ADP).

    LES VOLS À DESTINATION DU MAROC
    Actuellement, seuls les vols à destination du Maroc avec la compagnie Transavia, filiale du groupe Air France-KLM, sont concernés par ce test. N’étant pas encore complets, ces vols seraient un bon terrain d’expérimentation. Mais un déploiement à une plus large échelle est déjà envisagé : d’ici deux mois, seront inclus des vols de plus de 200 passagers d’Air Caraïbes vers les DOM-TOM.

    En application du Règlement général sur la protection des données (RGPD), les voyageurs ne sont pas forcés d’utiliser ce dispositif. D’ailleurs, certains auraient refusé craignant pour la protection de leurs données biométriques. Sur ce sujet, ADP affirme que « les données sont supprimées automatiquement dès que l’avion décolle ».

    UNE EXPÉRIMENTATION SIMILAIRE À LYON
    Orly n’est pas le premier aéroport à tester la reconnaissance faciale. En octobre 2020, l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry a lancé « Mona », une solution pour fluidifier le parcours passager du domicile jusqu’à l’avion. Sont concernés les passagers des compagnies Transavia sur les vols vers Porti et TAP Air Portugal vers Lisbonne. C’est Idemia qui, encore une fois, supervise l’aspect technologique de la solution qui s’articule autour d’un système de reconnaissance faciale et d’une solution de marketing relationnel.

    Ces dispositifs restent encore au stade expérimental et leur généralisation semble compromise tant que la France ne se dotera pas d’un cadre autorisant par principe la reconnaissance faciale.

    L’Usine Digitale, 23 mars 2021

    Tags : Maroc, aéroport d’Orly, reconnaissance faciale, vols, voyages, sécurité,

  • Algérie / DGSN: Farid Bencheïkh, un nouveau patron sous haute pression

    La Police nationale a un nouveau chef. Farid Zineddine Bencheïkh a été nommé, hier, en remplacement de Khelifa Ounissi, à la tête de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Juriste et criminologue de formation, auteur de plusieurs ouvrages, il prend la tête de ce corps de sécurité avec un profil d’«intellectuel» qui devra faire face à un contexte de fortes pressions…

    Par Halim Midouni

    Farid Zineddine Bencheïkh, plus connu du public sous le nom de Farid Bencheïkh, présente en effet un profil que la haute direction des Tuniques bleues ne connaissait pas.

    Il a une double formation de juriste et de criminologue qu’il a fait connaître aux lecteurs algériens à travers diverses publications dont «la Repentance», un livre sorti en mai 2016 chez Casbah Editions mettant en scène un dialogue entre un terroriste islamiste et un imam. Cette fiction basée sur des faits réels s’inspire de l’histoire algérienne récente et renvoie précisément à la décennie noire, ou rouge, lorsque les groupes islamistes armés perpétraient des massacres à grande échelle durant les années 1990. Outre cet ouvrage connu du public algérien et qui sans doute ne manquera pas de susciter un intérêt nouveau chez les habitués des librairies, Farid Bencheïkh a publié chez l’Harmattan «la Symbolique de l’acte criminel : une approche psychanalytique». Ce livre est plus ancien et a paru en 1998, alors que le terrorisme massif était encore d’une actualité sanglante et dramatique dans notre pays, bien que le discours officiel de l’époque utilisait la formule de violence «résiduelle». Sur les années 1990, Farid Bencheïkh a publié aux Editions Rocher noir «Du terrorisme, autopsie de la tragédie algérienne aujourd’hui». Plus ancien, son «Essai de criminologie» édité par l’ENAL et «La pénologie» sorti en langue arabe chez Dahleb.
    En somme, Farid Bencheïkh affiche l’image d’un intellectuel et d’un enseignant universitaire, familier des facultés de droit, des instituts spécialisés en Algérie et à l’étranger et des colloques internationaux sur les questions de criminologie, de terrorisme, de violences extrêmes et de la recherche sur les milieux carcéraux. Ce n’en est pas moins un homme de terrain, car le nouveau Directeur général de la Sûreté nationale a, notamment, occupé le poste d’inspecteur régional de la région Centre de la Sûreté nationale depuis septembre 2019. Il a aussi été chef de Sûreté de wilaya à Jijel à partir de 2011 et Commissaire divisionnaire auparavant. Son curriculum-vitae, conforme aux standards internationaux et un tant soit peu différent de ceux de ces prédécesseurs, apparaît comme une casquette protectrice pour un homme désormais chargé de diriger sous une haute pression un corps sécuritaire de première importance, confronté à une instabilité très remarquée au niveau de la hiérarchie.

    Instabilité remarquée au niveau de la hiérarchie

    Le prédécesseur de Farid Bencheïkh, Khelifa Ounissi, nommé un 24 août 2019, est resté moins de deux ans à la tête de la DGSN. Il avait été nommé en remplacement de l’ancien patron de la police des frontières Abdelkader Kara Bouhadba, limogé six mois après sa nomination en février 2019 par l’ancien président Abdelaziz Bouteflika pour prendre la place de Lakhdar Lahbiri, qu’on avait fait basculer de la tête de la Protection civile à celle de la Police nationale en juin 2018. M. Lahbiri prenait alors la place d’Abdelghani Hamel, tout-puissant premier flic d’Algérie, entre juillet 2010 et juin 2018, avant de terminer en 2020 sa carrière en prison après avoir fait les grands titres des rubriques judiciaires des médias dans des affaires de corruption industrielle et de détournements en tous genres.

    Il est vrai qu’entre 2018 et 2019, la situation n’était pas reluisante au sommet du corps de la Police nationale en raison des crises politiques et institutionnelles dont le point d’orgue a été la démission forcée de l’ancien chef de l’Etat, M. Bouteflika, en avril 2019. Elle peut donc expliquer en grande partie l’instabilité observée au sein de sa haute hiérarchie. Il n’empêche que le limogeage de M. Ounissi et son remplacement par M. Bencheïkh semble répondre à d’autres considérations.

    Pistes et lourds dossiers

    Certaines sont liées à l’enjeu de la rue et son grand acteur, le Hirak, qui a repris ses marches hebdomadaires depuis le 22 février dernier. D’autres paraissent avoir une relation avec des manquements à la sécurité, notamment après l’assaut des ultras du Mouloudia Club d’Alger contre le siège de la Sonatrach, le 1er février 2021. Un débordement de supporters qui a coûté au groupe pétrolier des dommages estimés à plusieurs millions de dinars, entre 3 et 5 millions de dinars selon des estimations non vérifiées.

    Cet incident a entraîné la chute de l’officier responsable de la Sûreté de la daïra de Birmandreis, de son collègue des renseignements généraux et du chef de la Sûreté urbaine d’Hydra et de Bab-El-Oued. Durant le mandat de M. Ounissi, la Police nationale a eu à faire face à de graves accusations après la mort, dans un commissariat d’Oran, en décembre 2020, d’un dealer dans des circonstances troubles interprétées par les réseaux sociaux tantôt comme une «bavure» tantôt comme une «affaire de suicide». En octobre et juillet 2020, des suspects interpellés sont décédés à Khenchela et à Alger, dans le faubourg d’Hussein-Dey. Ces affaires ont créé un malaise sur lequel le nouveau Directeur général de la Sûreté nationale devra se pencher.
    Il devra regarder de plus près le bilan haussier de la criminalité durant l’année 2020. Fin janvier 2021, lors de la présentation, à l’Ecole supérieure de police Ali-Tounsi, à Châteauneuf, du bilan 2020 des activités des services de la Police judiciaire, le Directeur de la police judiciaire, Hadj Saïd Ourezki, avait alors signalé «une hausse nette de la criminalité sous toutes ses formes», précisant que les affaires traitées «concernaient, particulièrement, les crimes et délits contre les individus et les biens, outre les crimes économiques, familiaux, cybernétiques, de drogues et de mœurs».
    A propos des affaires liées à la cybercriminalité, M. Hadj Saïd a fait état d’une hausse à hauteur de 5 163 en 2020 contre 4 210 en 2019, ayant trait, dans leur ensemble, à l’atteinte aux personnes et aux systèmes informatiques, à l’escroquerie, au cyberterrorisme, à la pédopornographie et à la publication de contenus provocateurs. Pour ce qui est des violences faites aux femmes, 6 782 affaires avaient été enregistrées durant l’année écoulée, dont 4 839 en rapport à la violence physique et 163 autres à la maltraitance.

    Reporters, 17 mars 2021

    Tags : Algérie, DGSN, police, sécurité, Farid Bencheïkh,

  • Le Conseil de sécurité échoue à adopter une résolution « commémorative » sur les femmes, la paix et la sécurité

    Cet après-midi, le Conseil de sécurité n’a pas réussi à s’entendre sur l’adoption d’une résolution destinée à commémorer le vingtième anniversaire de la première résolution du Conseil sur « Les femmes et la paix et la sécurité », à savoir la résolution 1325 (2000).

    Le projet de résolution présenté par la Fédération de Russie a recueilli 10  abstentions (Allemagne, Belgique, Estonie, États-Unis, France, Niger, République dominicaine, Royaume-Uni, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Tunisie) et seulement 5 voix en sa faveur (Afrique du Sud, Chine, Fédération de Russie, Indonésie, Viet Nam).

    En raison de la pandémie de COVID-19, le Conseil de sécurité s’était déjà réuni hier par visioconférence pour son débat public annuel sur la question. Il a procédé au vote par voie de correspondance électronique. Les votes ont été envoyés au Directeur de la Division des affaires du Conseil de sécurité qui les a transmis au Président du Conseil. Le représentant de la Fédération de Russie, Président pour le mois d’octobre, a donc convoqué les membres du Conseil par visioconférence pour annoncer le résultat du vote.

    Après des négociations difficiles, il semblerait que la majorité des délégations aient renoncé à appuyer un texte qui reprenait essentiellement les termes des résolutions précédentes, sans répondre à certaines de leurs préoccupations, notamment en ce qui concerne le rôle de la société civile, les violences sexuelles à l’égard des femmes en période de conflit ou encore leurs droits à la santé sexuelle et reproductive.

    Tant qu’à commémorer le vingtième anniversaire de la première résolution sur la question des femmes et de la paix et de la sécurité, ces délégations auraient en outre penché pour un format plus percutant, l’essentiel étant la mise en œuvre du programme y relatif.

    Par ce projet de résolution, le Conseil de sécurité aurait commémoré le vingtième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000), « occasion unique de faire le bilan des progrès accomplis à ce jour ainsi que de s’engager à faire appliquer plus avant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité », sachant que l’année  2020 coïncide aussi avec le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing sur les femmes.

    Conscient qu’il doit accorder une attention plus systématique au respect des engagements pris à ce sujet dans son propre travail, le Conseil aurait exhorté les États Membres « à s’engager à appliquer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et les priorités qui y sont fixées en assurant et en facilitant la participation pleine et véritable des femmes, sur un pied d’égalité, à toutes les étapes des processus de paix, notamment en prenant systématiquement en considération les questions de genre ».

    À l’entame de ce projet, le Conseil aurait exprimé « sa profonde inquiétude » quant à l’impact négatif disproportionné de la pandémie de COVID-19, notamment du point de vue socioéconomique, sur les femmes dans le monde, en particulier celles qui vivent dans des pays ravagés par des conflits armés ou dans des situations postconflit, et celles qui sont touchées par des crises humanitaires.

    UN Press release, 30 oct 2020

    Tags : UN, ONU, Conseil de Sécurité, femmes, paix, sécurité,

  • 1980 : quand l’Occident soutenait Saddam …

    La guerre a duré huit ans et a fait près d’un million de morts. À l’époque, le président irakien était soutenu par les États-Unis, la France et les pays du Golfe, y compris lorsqu’il a utilisé l’arme chimique de masse.

    Lorsque, le 22 septembre 1980, les troupes irakiennes franchissent la frontière et envahissent l’Iran, Saddam Hussein est persuadé que l’offensive sera de courte durée, que son voisin se pliera à ses volontés. Très mauvais calcul du président de la République d’Irak. C’est bien une guerre qu’il déclenche ce jour-là. Elle durera huit ans, jusqu’en août 1988, et fera près d’un million de morts. Une véritable hécatombe pour un affrontement qui n’est pas sans rappeler la Première Guerre mondiale. Les deux armées face à face sont importantes. Des tranchées sont creusées. Des assauts lancés pendant lesquels les hommes, dans chaque camp, sont fauchés, vague après vague. Parmi les photographes qui ont documenté ce conflit, le travail d’ Alfred Yaghobzadeh est sans doute l’un des plus poignants parce que d’une terrible humanité. Des images qui en disent beaucoup plus que les mots.

    Qu’est-ce qui a déclenché ce conflit ? Pourquoi à ce moment-là ? Quelles sont les puissances réellement impliquées ? Pour tenter de comprendre, quarante après, il convient d’abord de revenir à l’un des épisodes des relations entre l’Iran et l’Irak : la signature des accords d’Alger, le 6 mars 1975. Les tensions entre les deux pays concernaient essentiellement, à cette époque, le Chatt-el-Arab, fleuve formé par la jonction du Tigre et de l’Euphrate. Pour Bagdad, il constitue le seul accès à la mer et il est vital. Mais il l’est tout autant pour Téhéran, qui possède une raffinerie (Abadan) et un port (Khoramshahr) sur les bords du Chatt. De plus, nombre de puits de pétrole iraniens se trouvent à proximité. Par les accords d’Alger, l’Irak reconnaissait une partie de la souveraineté de l’Iran sur le Chatt et obtenait en échange l’arrêt de l’aide iranienne aux Kurdes.

    En 1978, tout commence à basculer. Saddam Hussein, jusque-là vice-président, devient le numéro 1 du régime baassiste et amplifie la répression contre le clergé chiite. En 1979, la révolution iranienne et la chute du shah rebattent les cartes dans la région. Saddam craint une révolte des chiites en Irak, où ils sont majoritaires, alors que les pays occidentaux voient d’un très mauvais œil cette révolution qui pourrait se répandre comme une traînée de poudre dans l’ensemble du Moyen-Orient et remettre en cause leurs intérêts. L’imam Khomeini annonçant même : « Nous exporterons notre révolution dans le monde entier. »

    Aux yeux de Saddam, l’heure est à l’offensive. Le shah, qui l’a humilié en le forçant à signer les accords d’Alger, est parti. Quant à l’Iran, il semble affaibli. Le moment semble opportun pour mettre la main sur la province iranienne du Khuzestan, riche en pétrole et peuplée surtout de populations arabes. Le 17 septembre 1980, il abroge unilatéralement les accords d’Alger. Cinq jours plus tard, il lance son offensive, qu’il présentait alors comme la « Qâdisiyya de Saddam ». Une référence à la victoire, en 636, des armées musulmanes sur la Perse, qu’elles voulaient convertir à l’islam.

    Si, les premiers jours, tout se passa comme prévu – l’armée irakienne rencontrant peu de résistance et se positionnant sur les principaux axes de la province, notamment dans la montagne Zagros –, la guerre s’est vite s’enlisée. Saddam Hussein est pourtant adoubé tant par les États-Unis (qui trouvent là un moyen de punir ce pays retenant en otage des ressortissants américains), la France et le Royaume-Uni, que par les pétromonarchies du Golfe qui voient en lui le rempart contre l’Iran.

    Les livraisons d’armes s’enchaînent, y compris les armes chimiques qui seront utilisées pour gazer les Kurdes à Halabja (nord-est de l’Irak), faisant près de 5 000 morts civils, en mars 1988, soit six mois avant la fin de cette guerre. Celle-ci aurait sans doute pu se poursuivre plusieurs années encore, si les bombardements réciproques sur les raffineries et l’interception de pétroliers dans le Golfe persique n’avaient fait craindre une crise énergétique de grande ampleur. Le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 598, le 20 juillet 1987, mais le cessez-le-feu décidé est refusé par l’Iran. Celui-ci comprend qu’il est en train de jouer ses dernières cartes, avant de négocier un véritable arrêt de la guerre. Le cessez-le-feu prend effet le 8 août 1988 et les combats cessent le 20 août.

    Il n’y eut ni vainqueur, ni vaincu. Mais les deux pays en sont sortis exsangues et les peuples endeuillés, meurtris. Saddam Hussein pensait que son statut de leader régional était approuvé par les pays occidentaux et du Golfe. Il allait déchanter moins de trois ans plus tard. Après avoir envahi le Koweït, il en a été délogé par ses anciens amis. Le début de la chute, qui s’est terminée en 2003 avec son éviction. Aujourd’hui, à Bagdad, règnent ainsi beaucoup de ses opposants qui se trouvaient à Téhéran pendant la guerre…

    Source : Decryptnewsonline

    Tags : Armement, Économie, sécurité, sanctions, négociations, islam, iran, international, guerre, défense, dictature, Politique, géopolitique, Saddam Hossein, Occident,

  • Le Soudan et l’Algérie, nouveaux alliés des Etats-Unis ?

    Washington veut passer par Khartoum pour convaincre les pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël, et par Alger pour lutter contre le terrorisme sur le continent.

    L’Afrique revient dans le viseur des Etats-Unis. Alors que le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, est engagé dans une course contre la montre pour dénouer le contentieux de son pays avec le Soudan avant l’élection présidentielle aux Etats-Unis, le chef du Commandement militaire américain en Afrique (Africom), Stephen Townsend, s’est rendu mercredi 23 septembre en visite en Algérie.

    « Les Etats-Unis ont une occasion qui ne se présente qu’une fois d’assurer enfin une compensation aux victimes des attentats terroristes de 1998 menés par Al-Qaïda contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie », a écrit Mike Pompeo dans une lettre à des sénateurs dont l’AFP a eu connaissance. « Nous avons aussi une fenêtre unique et étroite pour soutenir le gouvernement de transition dirigé par un civil au Soudan, qui s’est enfin débarrassé de la dictature islamiste », a-t-il ajouté.

    Au cœur de ce dossier, l’inscription du Soudan dans la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme. Cette sanction, synonyme d’entrave aux investissements pour le pays, remonte à 1993. La crise s’est envenimée avec les attentats de 1998, qui avaient fait plus de 200 morts. Le Soudan d’Omar al-Bachir était alors devenu un paria pour avoir accueilli le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden.

    Ces dernières années, Washington a changé de ton lorsque l’ex-autocrate soudanais a commencé à coopérer dans la lutte antiterroriste et joué le jeu de la paix au Soudan du Sud. Les Etats-Unis ont renoué avec Khartoum, déjà sous l’ex-président démocrate Barack Obama, puis engagé un dialogue pour retirer le Soudan de leur liste noire. La révolution qui a balayé Omar al-Bachir, en 2019, n’a fait qu’accélérer le mouvement. Depuis, Mike Pompeo ne ménage pas son soutien au premier ministre de transition, Abdallah Hamdok.

    Mais les négociations achoppaient sur l’épineux dossier judiciaire de l’indemnisation des familles des victimes des attaques de 1998. Le secrétaire d’Etat pense désormais qu’une solution est en vue et en a fait « une de ses premières priorités », a dit à l’AFP une porte-parole de la diplomatie américaine. Son « plan » prévoit le versement par Khartoum, sur un compte bloqué, de fonds qui ne seront versés que sous conditions aux Etats-Unis pour indemniser les plaignants. Des médias américains ont cité le montant total de 335 millions de dollars (environ 287 millions d’euros).

    Parmi ces conditions, le retrait du Soudan de la liste noire antiterroriste et l’adoption d’un texte de loi proclamant la « paix légale » avec Khartoum, pour écarter le risque de nouvelles poursuites. Dans son courrier, Mike Pompeo fait pression sur le Congrès américain afin qu’il vote cette disposition. « Cette loi doit entrer en vigueur mi-octobre au plus tard afin de garantir le paiement des indemnisations aux victimes dès que le Soudan sera retiré de la liste des Etats soutenant le terrorisme », ce qui interviendra « très probablement » d’ici fin octobre, a-t-il expliqué. C’est-à-dire avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre. Au sein du gouvernement, on s’inquiète toutefois d’une résistance de quelques influents sénateurs démocrates.

    Pourquoi un tel empressement de la part d’un secrétaire d’Etat par ailleurs peu intéressé par l’Afrique ? C’est probablement au nom d’un autre dossier cher à l’administration Trump. Mike Pompeo s’est rendu fin août à Khartoum lors d’une tournée pour convaincre des pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël. Le camp du président-candidat veut capitaliser sur les accords historiques conclus sous son égide par l’Etat hébreu avec les Emirats arabes unis et Bahreïn – un succès qui manquait à son bilan diplomatique, qui plus est favorable aux intérêts israéliens et donc susceptible de galvaniser son électorat évangélique.

    Abdallah Hamdok avait semblé doucher les espoirs américains, en affirmant qu’il n’avait « pas de mandat » pour trancher cette question sensible. Mais les tractations se poursuivent en coulisses, avec des positions peut-être moins figées. Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil souverain au Soudan, qui avait rencontré en février le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a eu trois jours de pourparlers cette semaine à Abou Dhabi avec une délégation américaine. Au menu, bien entendu, la sortie de la liste noire, mais aussi, selon l’agence officielle soudanaise Suna, « l’avenir de la paix arabo-israélienne » et « le rôle que le Soudan devrait jouer dans la réalisation de cette paix ».

    En parallèle à ce front, mais plus au nord sur le continent, le général Stephen Townsend, chef de l’Africom, a effectué mercredi une visite à Alger dans un contexte de tensions régionales, en particulier en Libye et au Mali, a-t-on appris de source officielle. Le général Townsend, « accompagné de membres de l’ambassade américaine en Algérie », a été reçu par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, précise un communiqué de la présidence algérienne, qui ne divulgue pas la teneur des discussions. Le gradé de haut rang américain a également eu des entretiens avec le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chanegriha, et le ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum.

    « Nous avons beaucoup à apprendre et à partager les uns avec les autres. Renforcer cette relation est très important pour nous », a expliqué le chef de l’Africom, cité dans un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis en Algérie. « L’Algérie est un partenaire engagé dans la lutte contre le terrorisme. Affaiblir les organisations extrémistes violentes, les activités malveillantes et renforcer la stabilité régionale est une nécessité mutuelle », a plaidé le général Townsend. Il s’agissait de la première visite en Algérie d’un commandant de l’Africom depuis 2018.

    L’Algérie, qui craint les risques d’instabilité à ses frontières, s’efforce de réactiver son rôle sur la scène diplomatique régionale et tente d’endosser un rôle de médiateur dans les crises en Libye et au Mali.

    Source : Decryptnews.com, 27 sept 2020

    Tags : Afrique, Armement, Économie, terrorisme, sécurité, sanctions, sahel, pauvreté, négociations, mali, islam, international, Algérie, Soudan, Etats-Unis,

  • La Banque Mondiale au coeur d’une arnaque africaine ?

    Une partie de l’aide aux pays pauvres est détournée par les élites africaines qui placent l’argent dévoyé dans les paradis fiscaux, accuse une étude. Papa Demba Thiam, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, appelle à des réformes en profondeur et suggère que l’institution aiderait davantage l’Afrique en y menant une politique active d’industrialisation.

    Dévoilé il y a une dizaine de jours, le scandale de détournement de l’aide au développement versée par la Banque mondiale à des pays pauvres défraie la chronique, particulièrement en Afrique. Selon l’étude «Elite Capture of Foreign Aid» réalisée par l’un de ses cadres et deux collaborateurs extérieurs, une partie des financements serait dévoyée par les élites des pays assistés et placée dans des comptes offshore en Suisse, au Luxembourg et dans d’autres paradis fiscaux. Pour Papa Demba Thiam, un économiste sénégalo-suisse qui a travaillé pendant quatorze ans à la Banque mondiale, le rapport qui incrimine les dirigeants africains corrompus reflète la réalité. Mais ce n’est que le côté pile de la pièce.

    Côté face, selon Papa Demba Thiam, «la corruption est à la Banque mondiale. Ses cadres sont présents à chaque étape – de la conception à l’évaluation finale, en passant par le financement par tranches – de tout projet, détaille-t-il. Le décaissement ne se fait pas sans avoir obtenu le satisfecit de la mise en œuvre. Il y a forcément des complicités à l’intérieur.»

    Ce n’est pas la première fois que la Banque mondiale est confrontée à de telles accusations. Pour ne pas rester les bras croisés, elle a mis en place une unité spécialisée dans la lutte contre la corruption. Une unité qui traque les pots-de-vin dans l’exercice d’appel d’offres pour des projets financés par elle. Mais pour Papa Demba Thiam qui dit connaître le mal de l’intérieur, la bureaucratie étouffe les initiatives. «Des lanceurs d’alerte sont censurés et dans certains cas, ils sont licenciés sous des prétextes divers», accuse-t-il. Mais plus généralement, selon lui, des collaborateurs ne daignent pas dénoncer leurs collègues ou leurs supérieurs.

    L’économiste sénégalais tient à signaler que des centaines de collaborateurs de la Banque mondiale, originaires d’Afrique et d’Asie, se complaisent dans leurs rôles respectifs par peur d’être licenciés. «Ils préfèrent garder leur emploi de fonctionnaire international avec les privilèges (le salaire moyen est de 15 000 dollars, sans taxe) qui vont avec, y compris le permis de séjour aux Etats-Unis, raconte-t-il. Pour certains, il est impensable de sacrifier leur emploi dans la mesure où leurs enfants sont scolarisés aux Etats-Unis ou ont des prêts à rembourser.» Et d’ajouter: «Le système se nourrit de lui-même et tous les maillons sont solidaires.»

    La Banque Mondiale au coeur d’une arnaque africaine ?
    La Banque mondiale est mise dans une position inconfortable par l’étude. Cette dernière était prête déjà en novembre 2019 mais, pour la direction, les conclusions étaient trop à charge. C’est seulement après que l’un des auteurs l’a publiée sur son propre site internet, faisant éclater le scandale au grand jour, que la Banque mondiale l’a adoptée et finalement fait paraître le 18 février, non sans avoir nuancé certains propos. C’est dans le sillage de cette affaire que sa cheffe économiste Pinelopi Goldberg a démissionné de son poste.

    Dans une note laconique postée sur son site internet le même jour, l’institution reconnaît que l’étude commençait à attirer beaucoup l’attention. «La direction prend au sérieux la corruption et les risques de fiduciaire, peut-on lire. L’étude «Elite Capture of Foreign Aid» a été revue plusieurs fois et a, par conséquent, été améliorée.»

    Selon Papa Demba Thiam, cette étude serait restée dans les tiroirs sans le courage de ses auteurs. Le fait qu’elle a été réalisée par trois économistes ressortissants de pays nordiques a joué un rôle décisif. «Ils ont une culture de bonne gouvernance et du respect de la loi, commente-t-il. Ils ont bravé le système d’autant plus que leurs pays sont les premiers pourvoyeurs d’aide.»

    La Banque mondiale reste-t-elle tout de même pertinente? Papa Demba Thiam, qui la qualifie de «gestionnaire de la pauvreté», affirme que David Malpass, son président depuis avril 2019, est partisan des réformes. «Il faut aller revoir la mission de cette institution de sorte qu’elle fonctionne comme une banque commerciale. Elle ne doit prêter que pour financer des projets solides et avérés. Mais surtout, elle doit promouvoir en Afrique une politique d’industrialisation fondée sur les matières premières locales, avec des partenaires qui acceptent qu’une partie de la valeur ajoutée revienne au continent.»

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    Tags : Afrique, banque mondiale, arnaque, détornement, corruption, développement, crime, éducation, emploi, environnement, économie, sécurité, pauvreté, Sahel,



  • Maroc : Une malédiction frappe la sécurité royale

    L’étrange histoire des gardes du corps royaux

    Le 9 juillet 2012, Souleïm Abdellah Saïdi, un des gardes du corps du roi Mohammed VI, est mort par balles, selon l’agence de presse officielle MAP.

    Le 10 août 2013, 16 membres de la garde royale ont été tués et 42 autres blessés dans un accident de la route près d’Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc, où ils se rendaient pour préparer une visite du roi Mohammed VI. Le véhicule est tombé dans un ravin, profond de 200 mètres.

    Le 12 août 2017, Khalid El Wahi, chargé de la sécurité du prince Moulay El Hassan, est mort d’une crise cardiaque, selon la presse officielle.

    Et la dernière des dernières? Mohamed Mediouri, le beau-père de Mohammed VI et garde du corps de son père a été l’objet d’une mise en scène ressemblant à une tentative d’assassinat par une meute de 7 hommes dont au moins un était armé. C’est dire que la malédiction a frappé fort et très haut.

    Il y a lieu de se demander, qu’est-ce qu’il se passe avec la sécurité royale?

    Tags : Maroc, Mohammed VI, sécurité, garde du corps,