SERGE GAINSBOURG. Le chanteur Serge Gainsbourg, connu tant pour sa musique que pour ses frasques, est à l’origine de paroles qui font toujours débat en 2021.
Peut-on encore écouter les chansons en 2021 de Serge Gainsbourg la conscience tranquille ? La question se pose, alors que le chanteur nous a quitté, ce mardi 2 mars, il y a trente ans jour pour jour, à 62 ans. Génie incontesté et incontestable de la musique, certaines de ses paroles sont aujourd’hui plus sensibles que de son vivant. « Mon père serait condamné, pour chaque chose qu’il a faite. Tout est si politiquement correct aujourd’hui. Si ennuyeux. Si prévisible. Et tout le monde a peur de ce qui se passerait s’il allait trop loin », confiait sa fille, Charlotte Gainsbourg, à propos des polémiques que pourrait soulever l’œuvre de son père aujourd’hui, dans les colonnes du site britannique The Guardian.
Provocateur, Serge Gainsbourg l’a toujours été. Déjà, durant son vivant, le chanteur de Lemon Incest, ses textes et quasiment toutes ses apparitions publiques ont fait couler bien de l’encre. Alors en 2021, à l’heure de la libération de la parole, du #Metoo et #Balancetonporc, puis de l’affaire Olivier Duhamel et le flot de témoignages d’inceste, quelles sont les chansons de Serge Gainsbourg qui continuent de faire débat ?
Lemon Incest, Charlotte et Serge Gainsbourg
C’est la chanson polémique par excellence du répertoire de Serge Gainsbourg : Lemon Incest. Sorti en 1984, le titre, qui est selon lui une déclaration d’amour platonique à son enfant de 12 ans, créé un tollé. Serge Gainsbourg devra se défendre des accusations de pédophilie. Son clip est même censuré par MTV et reste toujours aujourd’hui, sujet à débats. « Bien sûr, il joue avec la provocation. Mais il est excessivement sincère et honnête dans son propos. Cette chanson, Lemon Incest, je voudrais la chanter à nouveau et en même temps, c’est vrai aujourd’hui, je comprends que ça soulève….. C’est un sujet tellement choquant que c’est délicat en fait, c’est très délicat », explique en ce sens Charlotte Gainsbourg, sa fille, face à Augustin Trapernard dans Boomerang sur France Inter ce mardi 2 mars. Et d’ajouter : « Je l’aime beaucoup parce que de mon côté, elle est tellement innocente, ça s’entend. »
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=OzYnJO6RAnA&w=560&h=315]Les Sucettes de France Gall et Serge Gainsbourg
Parmi les autres tubes de Serge Gainsbourg à avoir fait polémique à l’époque et qui reposent question aujourd’hui, la chanson écrite en 1966 Les Sucettes, chantée par une France Gall âgée à l’époque de 18 ans. « Annie aime les sucettes, les sucettes à l’anis… », chantait la jeune femme, qui assure à l’époque ne pas avoir saisi le double sens des paroles de cette chanson qui deviendra pourtant l’une de ses plus connues. « Quand il a écrit la petite chanson, je me voyais. C’était l’histoire d’une petite fille qui allait chercher ses sucettes à l’anis. Mais en même temps, je sentais que ce n’était pas clair. C’était Gainsbourg quand même », confiait l’artiste au Parisien en 2015. Et de renchérir : « Je n’en comprenais pas le double sens et je peux vous certifier qu’à l’époque, personne ne comprenait le double sens. »
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=-6VLhNF6zRE&w=560&h=315]Aux armes et cætera et les accusations de racisme
Outre ses amours pour des femmes très jeunes, Serge Gainsbourg a également été accusé de racisme après la chanson Aux armes et cætera, sortie en mars 1979. Une réinterprétation de l’hymne français, La Marseillaise, version reggae. A l’époque, le titre est taxé d’antimilitariste et l’homme à la tête de choux taxé d’antisémitisme par Michel Droit, journaliste au Figaro magazine. Une chanson et un scandale national pour le chanteur, qui se défend en disant que « la Marseillaise est un chant révolutionnaire », comme « le reggae ». La classe politique débat, les conservateurs et les militaires s’émeuvent : on ne touche pas à l’hymne national.
Je t’aime… moi non plus, la censure de Serge Gainsbourg
A l’origine, la chanson Je t’aime… moi non plus aurait dû être chantée par Brigitte Bardot. Mais l’époux de la chanteuse refuse et déjà, le scandale entoure ce titre. C’est finalement à Jane Birkin, 20 ans, que Serge Gainsbourg offrira le morceau, en 1968, début de leur romance. Je t’aime… moi non plus, qui mêle les râles charnels des deux artistes, sera qualifiée d’obscène par le Vatican et boycotté par les radios italiennes, suédoises et espagnoles. Le label Philips refuse de commercialiser la chanson et les radios françaises ne la diffusent pas. « Je vais, je vais et je viens. Entre tes reins. Je vais et je viens. Entre tes reins. Et je me retiens » : le texte, à l’époque, ne passe pas. Qu’en serait-il aujourd’hui ?
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=kZ2bXzlh2WM&w=560&h=315]Love and The Beat, sulfureux Gainsbourg
Si Serge Gainsbourg se plaisait à provoquer son auditoire en écrivant des chansons qui parlent de sexe explicitement, la plus sulfureuse serait peut être Love and The Beat. Après les gémissements de Jane Birkin dans Je t’aime… moi non plus, ce sont les cris de Bambou, sa dernière compagne, que l’on entend derrière la voix de Serge Gainsbourg, qui chante : « D’abord je veux avec ma langue (…) Ma belle enfant écartelée. Là j’ai touché le point sensible. Attends je vais m’y attarder (…) Il est temps de passer aux choses. Sérieuses ma poupée jolie. Tu as envie d’une overdose. De baise voilà je m’introduis. »
Source : L’Internaute, 2 mars 2021
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