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  • DST au Maroc. Le service de tous les secrets

    DST au Maroc. Le service de tous les secrets

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    Qui n’a jamais entendu parler de la DST ? Qui n’a jamais frémi rien à l’évocation de ce sigle qui renvoie à tant de peurs, de traumatismes, de mystères ? La Direction de la Surveillance du Territoire garde au chaud tous vos secrets. TelQuel a percé le sien.

    Casablanca, le 24 février. Un soir comme les autres. La ville dort, la corniche prolonge les plaisirs de la nuit au service des derniers noctambules. Comme cette poignée d’hommes regroupés autour de leur “chef”, un quadra bon teint, costume sombre et cravate rayée, attablés dans un célèbre cabaret sur la corniche casablancaise. Rien ne les distingue des clients habituels de l’endroit, sauf que les “boys” se sont visiblement donné rendez-vous pour fêter un heureux événement. Un mariage, une naissance, une augmentation de salaire ? Rien de tout cela. “Ils allaient mettre le Maroc à feu et à sang, mais nous les avons arrêtés au bon moment. Il faut que tout le monde le sache”, clame le leader de la bande entre deux gorgées de Whisky.

    La phrase n’échappe pas à la curiosité de quelques clients, médusés. Les plus lucides retiennent l’explication chuchotée par l’un des serveurs du cabaret : “Ne faites pas attention, lui est un commissaire principal de la DST. Il célèbre le démantèlement d’un réseau terroriste”. Le réseau en question est celui de Abdelkader Belliraj, dont le démantèlement venait d’être confirmé, trois jours plus tôt, par le ministère de l’Intérieur lors d’une conférence de presse à Rabat.

    Victoire, donc, pour les services de renseignement marocains, intérieurs et extérieurs. Et victoire, d’abord, pour “le service”, le plus important en hommes comme en moyens, la DST (officiellement DGST, Direction générale de la surveillance du territoire).

    Une date a scellé le petit 1-0 remporté par la DST aux dépens des autres services concurrents, DGED (renseignements extérieurs, le pendant de la DST en dehors des frontières marocaines) en tête : celle du 4 mars. Ce jour-là, à Rabat, la salle de conférences du ministère de l’Intérieur grouille de monde. DST, DGED, DST, DGSN, DAG (renseignements liés au circuit du ministère de l’Intérieur, loin de la Sûreté nationale), FAR, Gendarmerie Royale, Forces auxiliaires : tout le gratin sécuritaire du royaume est venu assister à une cérémonie inédite dans les annales du renseignement marocain. Le roi rend hommage, dans le texte, “à la vigilance et à la fermeté des services de sécurité dans la défense de la stabilité du pays”. Lu par le conseiller royal Mohamed Moâtassim, le message de félicitations cite nommément les services sécuritaires du royaume, DST en tête, à l’exception notable de la DAG ou de la DGED. “C’est sans doute la première fois que le roi évoque la DST aussi clairement dans l’un de ses discours. La DGED, pourtant représentée lors de cette cérémonie, a été désignée par la formule laconique d’organe veillant à la sécurité externe du pays”, remarque un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, présent durant l’événement. Dans le microcosme sécuritaire, la nuance ne passe pas inaperçue. Elle suscite même nombre d’interprétations.

    “Personne n’est dupe, le message royal s’adressait surtout à la DST, qui a joué un rôle de première importance dans le démantèlement du réseau Belliraj. Ce message n’a d’ailleurs fait que rattraper une omission lors de la conférence de presse organisée par le ministère de l’Intérieur, dans laquelle le rôle de la DST avait été totalement occulté”, commente un gradé de la Sûreté nationale. “En citant la DST, le roi ne voulait pas seulement saluer son travail. Il tenait à lui donner une caution publique, officielle, qui lui a souvent fait défaut dans le passé”.

    Ces bruits de couloir attestent au moins de l’intention royale de restaurer définitivement l’image de son premier service de sécurité. Et de lui accorder un léger avantage sur ses nombreux concurrents. Actualité oblige.

    Un œil sur tout ce qui bouge

    Alors, la DST est-elle devenue, par les grâces d’un message royal, une administration comme les autres ? Non, pas vraiment. Son siège central à Témara, niché dans une zone verte à quelques kilomètres de Rabat, est probablement l’un des endroits les mieux gardés de tout le royaume. Nul ne peut s’en approcher. Ses “délégations” régionales, désignées sous le générique de brigades, implantées dans les principaux centres urbains du pays, sont parfaitement anonymes, sans enseigne officielle, sans aucun signe distinctif. Ses agents, quand ils ne célèbrent pas une victoire à la Pyrrhus, sont aussi discrets que nombreux, craints, à la limite intouchables, évités ou courtisés selon les circonstances.

    Que ce soit dans les universités, les établissements publics, les hôtels, les restaurants, les cafés, voire même les hammams et les salles de sport, la DST a la réputation d’être partout et de garder un œil sur tout. Via ses agents bien sûr, mais aussi par le biais de ses innombrables informateurs recrutés aussi bien parmi les petites gens, que dans les classes hautes et moyennes. “Quand on dit informateur, les gens pensent aussitôt au petit indic, au cordonnier, au concierge ou au dealer du coin. Ce qui est un peu vrai. Mais il y a également des professeurs universitaires, des artistes connus ou des hommes d’affaires, et même des figures politiques, parmi nos indics”, se remémore un ancien agent de la DST. “En plus des opposants et personnalités politiques, nous recevions chaque jour des milliers de rapports sur de parfaits anonymes. Et il suffisait parfois d’une blague déplacée sur le roi pour déclencher les opérations…”.

    Car tout mène au roi, invariablement. Hier comme aujourd’hui. Notre source raconte, avec une pointe d’humour : “Un jour, nous avons fini par recevoir quelqu’un qui prétendait détenir des informations très sensibles. Il disait qu’il ne pouvait s’en ouvrir qu’au roi en personne. Pour nous, il n’en était évidemment pas question. Mais notre homme n’en démordait pas, il disait vouloir parler au roi, et rien qu’à lui, puisqu’il était à ses yeux, comme il l’a appelé, le patron. Alors on a fini par trouver un stratagème ; on a amené un portrait grandeur nature du roi, et on a dit à notre client : le roi est là, maintenant tu peux parler. Et il a parlé…”. L’anecdote, qui remonte à l’époque du défunt Hassan II, s’arrête là. Notre source n’a pas pipé mot sur la nature des “informations” en question, ni sur le sort réservé à leur auteur. Mais tous les aveux obtenus par les limiers de la DST ne reposent pas sur des méthodes “douces”, et c’est là où le bât a souvent blessé pour le premier service de sécurité du royaume.

    Bienvenue aux sous-sols du service

    “La DST n’arrête personne, elle enquête et prépare des dossiers, c’est tout”, résume cet officier à la centrale de Témara. L’affirmation est avérée, mais partielle. Elle ne dit pas tout. Théoriquement, les enlèvements et la torture n’existent pas, les arrestations sont du seul ressort de la police judiciaire (PJ ou BNPJ). Mais théoriquement seulement. Depuis sa création, le “service” a toujours disposé de sous-sols dédiés aux séances dites d’examen de situation. Traduisez “interrogatoire et plus, si affinités”. Dans les caves du CAB1, ancêtre de la DST, ou dans les “silounate” du complexe de police de l’Agdal à Rabat, qui a abrité son siège jusqu’à l’édification de la forteresse de Témara dans les années 1990, voire dans les villas et appartements mis à sa disposition, la DST a vu défiler des milliers de pensionnaires malgré eux. Toujours pour les besoins d’“enquêtes” plus ou moins approfondies.

    Certains en sont sortis indemnes, d’autres pas. “On m’a enlevé dans la rue, bandé les yeux, torturé, séquestré, sans jamais me dire que c’était la DST. Mais il n’y avait pas besoin, je savais”, confie cet ancien détenu politique, qui a connu le sous-sol du complexe de l’Agdal dans les années 70. Les années passent, les étiquettes restent. “Ce n’est pas un secret : quand quelqu’un disparaît, on pense d’abord à la DST. Surtout s’il a une quelconque activité politique” est une affirmation qui peut revenir dans la bouche de Monsieur tout le monde.

    Les enlèvements, pratique tout à fait illégale mais bien courante dans les services du monde entier, sont du ressort d’un département bien particulier, celui de “l’action”, anciennement appelé “les opérations techniques”. Ses hommes, choisis parmi les plus “physiques” du service, se servent de rapports de filatures et d’écoutes téléphoniques, avant de jeter leur dévolu sur la cible choisie. Département-clé, il est un peu l’exécutant des basses besognes, au service de la direction la plus importante du service : celle de la contre-subversion. C’est là, précisément, que réside le cœur et la raison d’être de la DST : traquer le renseignement politique, cerner les profils de ses “acteurs”, au besoin anticiper sur un quelconque danger pour la stabilité du royaume.

    Ecoutes, filatures, infiltrations

    “Quand on est missionnés pour filer quelqu’un, on peut guetter le moment où il sort de chez lui des heures durant sans bouger, en ignorant tout ce qui nous entoure”, explique cet agent actif, voué au terrain. La filature, souvent employée en complément aux écoutes téléphoniques, reste le B.A.-BA de l’espion, à l’ancienne comme à la nouvelle école. “Une filature peut être discrète, ou alors voyante. Dans ce dernier cas, elle fait partie d’une guerre psychologique menée contre la cible”. Le même recours à la guerre des nerfs peut affecter les écoutes téléphoniques, dont le but n’est pas seulement de capter les échanges verbaux, mais aussi, au besoin, de les rendre difficiles. Le procédé (bips sonores en pleine conversation téléphonique, fritures sur la ligne, etc.) vise clairement à déstabiliser le quotidien de la “cible” du service. Il est d’autant plus efficace, nous explique-t-on, “qu’il touche à des conversations intimes, personnelles, sans lien avec l’activité (supposée subversive) de la cible”.

    Les moyens de faire pression sur une “cible” ne se ressemblent pas. Parce que les objectifs, non plus. Mais il y a les classiques du genre, dont l’incontournable “comment faire tomber sa cible (et l’obliger à collaborer) en faisant appel à l’arme du sexe”. Une source proche du service raconte : “Il y a quelques années, la DST a réussi à piéger, en vue de le recruter, l’un des représentants du consulat d’un pays arabe (ndlr : le renseignement collecté auprès des consulats et ambassades accrédités au Maroc relève du service “contre-espionnage” de la DST). L’astuce a été de le mettre dans le lit d’une jolie femme et de le filmer dans des positions compromettantes”. La suite coule de source. Sous la menace de diffuser les images, le diplomate cède au chantage. Il “collabore” mais, pas de chance : les services secrets de son pays ne tardent pas à découvrir son double-jeu. Résultat : il est condamné dans son propre pays à quatre ans de prison ! Ce genre d’opérations “sales” reste monnaie courante, il est un peu intégré dans la rubrique pertes et dégâts collatéraux. Les risques du métier, en quelque sorte.

    À la recherche du point G

    Mais de qui dépend la DST, et à qui rend-elle compte ? Flash-back. La DGST a été créée par Dahir royal, le 12 janvier 1973 en même temps que sa cousine, la DGED. Publiés le même jour sur le Bulletin officiel et contresignés tous les deux par Ahmed Osman, le Premier ministre de l’époque, les Dahirs qui ont créé ces deux directions comportent cependant plusieurs différences. La DGED est rattachée au Conseil suprême de la Défense nationale avec pour mission de “participer” à la protection et à la sauvegarde de la sûreté de l’Etat et de ses institutions. La DGST, elle, est “chargée” de veiller sur la protection et la sauvegarde de l’Etat et de ses institutions, sous la tutelle (bien théorique) du ministère de l’Intérieur. Dès 1974, la DGST perd son “G”, pour devenir DST tout court, et passer du coup de la tutelle directe de l’Intérieur à celle de la Sûreté nationale, ou DGSN.

    Le changement de statut dénote un subtil glissement administratif, rien de plus. “Le seul lien qui existait à l’époque entre la DST et la DGSN était d’ordre budgétaire. Les salaires des agents et les frais de fonctionnement de la DST étaient en effet déduits du budget de la DGSN”, nous explique un gradé de le Sûreté nationale. “Et encore, la DST disposait et dispose toujours de plusieurs caisses noires, qui lui permettent de financer ses nombreuses activités clandestines”, poursuit la même source. En réalité, la mise de la DST sous la tutelle de la DGSN avait pour seul but de lui octroyer une couverture légale pour l’exercice d’opérations… souvent illégales.

    Ce n’est que récemment, sous le nouveau règne, que la DST a regagné son G, sans que l’opération ne soit jamais tirée au clair. S’agit-il d’un nouveau, et simple, glissement administratif ? Ou alors, comme on le prévoyait du temps de Laânigri déjà, de l’amorce d’une réorganisation générale des services spéciaux du royaume ?

    Super-flics, super-primes

    L’anecdote, survenue il y a quelques mois, a pour théâtre le Tribunal de Salé. Une affaire, une de plus, liée au terrorisme. Un témoin raconte : “Le juge a décidé d’évacuer la salle pour réduire l’agitation qui régnait dans les lieux. Les policiers se sont employés à la tâche avec le zèle habituel. Au fond de la salle, deux individus sont restés impassibles, indifférents, comme s’ils étaient rivés au banc. Le juge demande leur évacuation, mais l’un des policiers en faction se précipite vers lui, et lui chuchote quelque chose à l’oreille… Et le juge sourit avec un air entendu, portant la main à son coeur comme dans un geste de soumission, et décide de poursuivre les audiences avec les deux individus du fond comme seul public”. Question : qui sont ces deux mystérieux témoins, qui ont réussi à amadouer l’autorité du sourire ? “Ils n’arrêtaient pas de prendre des notes, ils ne pouvaient être que des agents de la DST !”. Possible, possible. Mais très improbable !

    La consignation des minutes des procès, ainsi que de multiples tâches domestiques, sont souvent confiées aux agents des RG, l’équivalent de la DST propre à la Sûreté nationale. “La RG”, comme on les appelle communément, ratissent large et ramènent tout dans leur filet de pêche, les gros poissons comme les grosses pierres. Les limiers de la DST peuvent, au besoin, récupérer le fruit des investigations de “la RG”, avant de filtrer les renseignements, de les recouper, et de leur donner éventuellement une suite.

    C’est que la DST peut fonctionner en réceptacle du travail non fini émanant d’autres services de renseignements plus classiques. Mais qui sont donc ces hommes, qui sont un peu considérés comme le corps d’élite des enquêteurs ? Qui les recrute, et sur quels critères ? Combien sont-ils ?

    En l’absence de chiffres officiels sur l’étendue de ses effectifs, il reste les estimations dont les plus fiables varient dans une fourchette de 8000 à 10 000 permanents. Sans oublier les “antennes” et les collaborateurs externes, généralement rémunérés par des caisses propres au service.

    “Aujourd’hui et à grade égal, un agent de la DST perçoit un salaire supérieur de deux à cinq mille dirhams par rapport à un fonctionnaire de la DGSN”, nous confie un commissaire de police. La différence de traitement s’explique par la prise de risques, mais aussi par la formation, plus musclée, chez les policiers du “service”. “A la base, un policier reste un policier”, rappelle notre source. Traduisez : un élément de la Sûreté ou du service se présentent au même concours d’accès (à l’Académie de police). Ce n’est que quatre mois avant la fin du cursus que les futurs agents sont repérés dans la masse, et invités à intégrer une autre académie, celle de Témara, où ils poursuivent une formation plus spécialisée.

    Objectif islamistes

    C’est bien connu : la force d’un service du renseignement réside dans sa capacité d’infiltration. La DST a traversé les décennies et changé de “cibles” (hier les gauchistes, aujourd’hui les islamistes). Des agents “barbus” ont donc essaimé parmi les mouvements reliés tant à l’islam politique qu’au terrorisme. Ils fréquentent assidûment les mosquées, là où leurs devanciers écumaient les bars. Et ils infiltrent, ils infiltrent.

    Mais si certaines opérations ont été des succès, expliquant le noyautage, voire le démantèlement de plusieurs réseaux, d’autres ont été de franches déceptions. Qui prêtent parfois au sourire. Exemple de cette anecdote : “La DST a longtemps essayé de déstabiliser un des ténors d’Al Adl Wal Ihsane. Au point que celui-ci a fini, un jour, par découvrir un micro dans son domicile, implanté là par un maçon, recruté (par la DST) à cette fin”, confie ce proche de la Jamaâ de Cheikh Yassine.

    Les “efforts” consentis par le service pour contrer les mouvements islamistes lui ont valu, en retour, de se transformer parfois en cible terroriste. “Rappelez-vous que l’un des kamikazes d’avril 2007 avait cherché désespérément le siège de la brigade de la DST à Casablanca, avant de renoncer et de finir par exploser quelques dizaines de mètres plus loin, mais sans le savoir exactement !”, s’exclame encore notre source.

    Là aussi, cela s’appelle les risques du métier. “Le recours à de nouveaux visages pour infiltrer les mouvements islamistes a malgré tout donné ses fruits”, se réjouit ce responsable sécuritaire. Il pense sans doute aux super-équipements, très hi-tech, dont s’est doté le service, surtout depuis l’ère Laânigri : des armes sophistiquées, un système d’écoutes téléphoniques ultramoderne livré clefs en main par un célèbre opérateur téléphonique, etc. Au point de faire dire à notre source, dans ce qui ressemble à une blague sans en être forcément une : “Avant même l’inauguration du nouveau siège de l’USFP à Hay Riad, à Rabat, la DST avait réservé un local mitoyen pour pouvoir garder à portée de vue (et d’oreille !) les socialistes”. Qui dit mieux ?

    Par Majdoulein El Atouabi et Karim Boukhari avec Lahcen Aouad

    TelQuel, 2008

    #DST #DGST #DGSN #DGED

    Lire aussi : Maroc: Révélations accablantes de l’ex-officier des services secrets marocains

    Lire aussi : Les Belges considèrent les services secrets marocains comme une menace pour leur sécurité

  • Algérie France: Réunion des responsables des  renseignements

    Algérie France: Réunion des responsables des renseignements

    Algérie, France, Emmanuel Macron, services secrets,

    Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé vendredi avec son homologue français, M. Emmanuel Macron, une réunion des responsables des services de sécurité des deux pays, a indiqué un communiqué de la Présidence de la République. « Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé, vendredi 26 août 2022, avec son homologue français, M. Emmanuel Macron, une réunion des responsables des services de sécurité des deux pays », lit-on dans le communiqué.

    Ont pris part à la réunion, du côté algérien, le Général d’Armée Saïd Chanegriha, Chef d’Etat-Major de l’Armée nationale populaire (ANP), le directeur général de la lutte contre la subversion, le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI) et le directeur général de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE).

    Ont participé à la rencontre, du côté français, le ministre des Armées, M. Sébastien Le Cornu, le Chef d’Etat-Major des armées, le Général d’Armée Thierry Burkhard, et le directeur général de la sécurité extérieure, a précisé la même source.

    Cette réunion de coordination est « la première du genre à ce niveau depuis l’indépendance, les deux parties ayant procédé à un échange de vues sur les questions de sécurité d’intérêt pour les deux pays », a souligné le communiqué, ajoutant qu’ »elle vient confirmer la volonté des présidents des deux pays de développer les relations bilatérales dans divers domaines pour les hisser au niveau escompté ».

    APS

    #Algérie #France #Macron

  • Espagne : Conspiration de l’Etat contre le parti Podemos

    Espagne : Conspiration de l’Etat contre le parti Podemos

    Espagne, Podemos, services secrets, José Manuel Villarejo Pablo Iglesias, Antonio García Ferreras,

    Les derniers audios de Villarejo placent Ferreras à l’épicentre des conspirations de l’État contre Podemos
    La fuite de conversations dans lesquelles le journaliste admet au commissaire qu’il a diffusé de fausses informations contre Pablo Iglesias, alors qu’il savait qu’elles n’étaient pas crédibles, déclenche une vague de réactions sur les réseaux.

    C’était la campagne électorale de 2016. Unidas Podemos était bien positionné, et la presse fourmillait d’attaques en tous genres contre le parti violet et ses dirigeants. L’une de ces informations concernait l’existence présumée d’un compte au nom de Pablo Iglesias Turrión dans l’Europacific Bank des îles Grenadines, un paradis fiscal, compte sur lequel, selon le compte d’Inda, le gouvernement de Nicolás Maduro aurait versé des milliers d’euros. La fake news avait tous les éléments nécessaires pour réussir : le nom et le prénom du leader de Podemos, un acte illégal et le financement d’un leader bolivarien.

    Si l’accusation n’a pas été portée devant les tribunaux, elle l’a été dans les médias, étant donné qu’elle disposait d’une importante plateforme médiatique, La Sexta, dirigée par Ferreras et Inda dans El Mundo. Ce qui a été révélé ce week-end par Crónica Libre, un média dirigé par Patricia López, une figure clé dans les fuites des audios de Jose Manuel Villarejo, c’est que le journaliste de La Sexta, qui a fait de « plus de journalisme » sa devise, a donné libre cours à l’histoire, tout en sachant qu’elle était fausse. Une révélation qui a généré un large tumulte sur les réseaux, où des voix de Podemos, de la presse et d’autres personnalités demandent la responsabilité de ce qu’ils considèrent comme une preuve irréfutable de la façon dont les égouts du pouvoir ont orchestré le boycott de la possibilité pour Podemos d’accéder au gouvernement.

    Les affaires des amis

    Ce qui a été révélé par les médias de López, ce sont des conversations privées dans lesquelles, dans une atmosphère détendue et amicale, l’ancien colonel de la Guardia Civil et le journaliste avouent leur amitié et leur affection pour Eduardo Inda. Après avoir été accusé en plaisantant de faciliter la montée de Podemos en leur donnant de l’espace dans ses médias, Ferreras choisit de montrer sa loyauté à l’intérêt commun selon lequel Podemos ne doit pas toucher au gouvernement, en admettant qu’il a donné de l’espace aux « révélations » d’Inda sur le faux compte d’Iglesias, même s’il soupçonnait qu’il s’agissait d’un montage.

    Ont également participé à la conversation, dans un restaurant de Madrid, Mauricio Casals, membre du conseil d’administration d’Atresmedia et président de La Razón, l’homme d’affaires Adrián de la Joya et le commissaire José Luis Olivera Serrano. Devant ce public, Antonio García Ferreras se serait souvenu de sa conversation avec Inda : « Eduardo, c’est très sérieux, je suis en train de le faire, mais c’est très délicat et c’est trop grossier ». Dans les audios, le journaliste explique les raisons de son scepticisme : il est étrange qu’Iglesias ouvre un compte avec toutes ses coordonnées, et que le même jour, Maduro lui verse 200 000 euros. « Putain, ils sont beaucoup plus intelligents que ça », conclut-il. Cependant, malgré tant d’objections, La Sexta a reproduit l’histoire d’Inda et les autres chaînes se sont jointes à la diffusion de la fausse nouvelle.

    Mais les conversations amicales se poursuivent et, dans un autre audio informel, toujours devant Villarejo, Ferreras se vante d’avoir dit à Iglesias, en réponse à la colère de ce dernier face aux papiers d’Inda : « Écoute, je vais te dire la vérité, mon expérience. Ce commissaire dont vous parlez, vous savez ce qu’il m’a dit ? Que ce matériel n’était pas bon ».

    Agitation dans les réseaux

    Plusieurs années plus tard, ces conversations entre le pouvoir de l’ombre et le pouvoir des médias ont été mises en lumière. Pablo Iglesias a écouté les audios en direct hier dans une émission de la télévision publique catalane, et sa réaction, dans laquelle il a répété : « C’est très grossier, je n’y crois pas, mais je le donne. Un vrai journaliste fait ça ?

    De son côté, Ione Belarra a accusé Ferreras d’avoir fait « des dommages irréparables à la démocratie » avec sa « contribution au discrédit de Podemos ». « Nous ne saurons jamais qui aurait gouverné l’Espagne en 2016″, a-t-elle conclu. De son côté, Alberto Garzón a dénoncé les manœuvres d’ »un bloc réactionnaire au sein de l’État (…) pour court-circuiter un projet de modernisation et de progrès pour l’Espagne ». Le ministre de la consommation a mis en cause les autres partis : « Il y a eu des secteurs sociaux et politiques qui ont détourné le regard parce que ceux qui étaient attaqués étaient Pablo Iglesias, Podemos ou les partisans de l’indépendance. Ils se trompent sur deux points : l’attaque vise réellement la démocratie, et le bloc réactionnaire ne laisse pas d’otages ».

    L’écho de la nouvelle a dépassé les frontières, Jean Luc Mélenchon prenant la parole et comparant l’affaire à celle de Raquel Garrido et Alexis Corbière, une affaire de diffamation dans la presse contre deux députés de la France insoumise. D’autre part, la porte-parole de la présidence argentine, Gabriela Cerruti, a souligné : « Quand nous parlons de #FakeNews, nous parlons de processus qui jouent avec la vie et la liberté des gens, comme dans le cas de Lula, mais aussi avec le vote et le droit de prendre des décisions bien informées ».

    M. Ferreras lui-même, dont les programmes seront examinés de près dans la semaine à venir, n’a pas encore répondu. Les programmes d’information de La Sexta d’aujourd’hui n’ont pas non plus fait état des audios publiés par Crónica Libre.

    El Salto diario, 10/07/2022

    #Espagne #Podemos #Cloacas #Services_secrets


  • Espagne : Visite en catimini d’El Hammouchi

    Espagne, Maroc, Abdellatif El Hammouchi, services secrets, Etats-Unis, CNI, DGSN, France, Espionnage, Pegasus, FBI,

    Hammouchi, l’architecte de l’espionnage marocain avec Pegasus, a rencontré le directeur du CNI.
    Le gouvernement espagnol a dissimulé sa visite en Espagne, qui a été diffusée par la presse marocaine, afin de rencontrer Esperanza Casteleiro. « Il est venu pour aplanir les différences », indiquent des sources familières de la réunion.

    Les autorités marocaines ont accepté de donner des explications à l’Espagne sur leur utilisation du programme malveillant Pegasus. Abdellatif Hammouchi, l’homme qui a encouragé l’espionnage depuis le Maroc avec ce programme malveillant de fabrication israélienne, était à Madrid les 16 et 17 juin pour rencontrer Esperanza Casteleiro, la nouvelle directrice du Centre national de renseignement (CNI), selon une source au courant de la réunion. « Il est venu pour aplanir les différences », a-t-il dit.

    Les informations sur sa « visite de travail » à Madrid ont été reprises la semaine dernière par la presse marocaine. Il a rencontré ses homologues de la « sécurité et du renseignement », selon l’hebdomadaire « L’Observateur du Maroc », dirigé par Ahmed Charai, un collaborateur des services secrets extérieurs marocains (DGED), selon plusieurs documents découverts en 2014 et une décision de justice en 2015. Le ministère espagnol de l’Intérieur assure qu’il n’avait pas de rendez-vous à son siège. Au CNI, son nouveau responsable de la communication n’a pas répondu aux appels.

    Si le responsable marocain a donné des explications à Madrid, niant probablement sa culpabilité, il reste maintenant aux autorités israéliennes à le faire. Pegasus est fabriqué par la société israélienne NSO, liée à ses services secrets (Mossad et Shinbet) et, comme il s’agit d’une cyber-arme, le ministère de la défense du pays hébreu doit autoriser son exportation. Le magistrat José Luis Calama, de l’Audiencia Nacional, qui enquête sur le cyberespionnage dont ont été victimes plusieurs membres du gouvernement espagnol, a envoyé une commission rogatoire à Israël et à une autre commission judiciaire, le 7 juin, qu’il dirigera lui-même. Il veut interroger, entre autres, le président de NSO. Il n’a pas encore de date pour sa visite. M. Hammouchi, 56 ans, a fait escale à Madrid en provenance de Washington, où il avait rencontré les directeurs de la CIA, William Burns, et du FBI, Christopher Wray. Au Maroc, il dirige à la fois la Sûreté nationale, qui est la police classique, et la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), l’organe secret qui, outre la lutte contre le djihadisme, poursuit les opposants, dont les journalistes. Jamais auparavant un chef de police n’avait exercé autant de pouvoir au Maroc.

    Forbidden Stories, un consortium de 17 grands médias, a révélé le 18 juillet dernier que quelque 10 000 téléphones portables dans le monde avaient été ciblés en 2019 et peut-être au-delà par les services de renseignement marocains, qui ont utilisé Pegasus pour les espionner. La majorité – quelque 6 000 – étaient algériennes, mais il y avait aussi un millier de françaises – dont celle du président Emmanuel Macron et de 14 de ses ministres – et quatre espagnoles, celle du journaliste marocain Ali Lmrabet, celles de deux Sahraouis, Aminatou Haidar et Brahim Dahane et, la première à apparaître dans l’ordre chronologique, celle de ce journaliste qui écrit. Deux cents autres ont été ciblés par les services secrets marocains, comme l’a rapporté le Guardian le 3 mai, mais la liste n’est pas encore connue. « Aldellatif Hammouchi, l’espion marocain qui met la France en difficulté », titrait l’hebdomadaire parisien « Le Point » le 21 juillet 2021 à sa une, en désignant le haut fonctionnaire de police. « Abdellatif Hammouchi, le super-flic marocain au cœur du scandale Pegasus », affirme le lendemain le quotidien numérique « Mediapart ». « Pégase fait sortir de l’ombre le tout-puissant chef des services de renseignement marocains et remet en cause le rôle de ce haut fonctionnaire du palais que la France redoute désormais », ajoute-t-il.

    Les autorités marocaines ont ensuite démenti dans un communiqué avoir acheté et utilisé Pégase, mais de hauts responsables français ont confirmé, lors de conversations informelles avec des journalistes rapportées par la presse française, que la cyber-attaque sur les téléphones mobiles provenait du Maroc. Dans une interview accordée au quotidien « Le Monde », publiée le 27 décembre, il a été demandé au ministre israélien des affaires étrangères, Yaïr Lapid, si Israël avait retiré la licence d’exploitation du Pegasus au Maroc. Il n’a pas nié que les services marocains l’avaient. Il a répondu au journal : « C’est une licence très stricte : nous avons exposé tout le matériel dont nous disposions aux autorités françaises ». Israël a donné des explications à la France. La relation France-Israël a ensuite connu un ralentissement, mais celui-ci a été surmonté en mars, lorsque le président français Emmanuel Macron a accompagné son homologue israélien, Yitzhak Herzog, à Toulouse pour honorer la mémoire de plusieurs enfants juifs assassinés il y a dix ans par un terroriste. Les relations de Paris avec Rabat sont toujours entachées par cet épisode d’espionnage. Preuve en est que Mohammed VI n’a pas félicité personnellement Macron pour sa réélection à la présidence. Le monarque est arrivé en vacances dans la capitale française le 1er juin et Macron ne l’a pas encore rencontré. Lors de ses précédentes visites privées à Paris, il a toujours été reçu en audience au palais de l’Élysée.

    Bien qu’il ait promis la « transparence », M. Bolaños n’a pas révélé combien de téléphones portables de hauts fonctionnaires ont été testés positifs lors de l’examen du CCN-CERT. Dans l’atmosphère de « froid polaire » qui caractérise les relations franco-marocaines, comme le décrit la publication « Africa Intelligence », Paris refuse d’accorder des visas Schengen à des cadres marocains de haut rang. Selon la publication, les derniers à avoir été sanctionnés ce mois-ci sont 10 cadres de l’Office Chérifien des Phosphates, la plus grande entreprise publique du Maroc. Ils n’ont pas obtenu le précieux document pour participer à la foire technologique Vivatech dans la capitale française. Les Marocains contournent fréquemment l’obstacle français en demandant des visas aux consulats espagnols au Maroc, selon « Africa Intelligence », information confirmée par des sources diplomatiques espagnoles non officielles.

    L’infiltration par Pegasus des téléphones portables du président Pedro Sánchez et de ses ministres de la défense et de l’intérieur – ainsi que la tentative d’espionnage de celui du ministre de l’agriculture – a eu lieu en mai/juin de l’année dernière, au plus fort de la crise hispano-marocaine, bien qu’elle n’ait été découverte qu’en avril dernier, comme l’a révélé le 2 mai le ministre de la présidence, Félix Bolaños. Bien qu’il ait promis la « transparence », M. Bolaños n’a pas révélé combien d’autres téléphones portables de hauts fonctionnaires, qui ne sont pas ministres, ont été testés positifs lors de l’examen approfondi réalisé au printemps par le Centre national de cryptologie, qui fait partie du CNI.

    Le gouvernement espagnol n’a pas désigné le Maroc comme la puissance à l’origine de l’espionnage – le ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares, l’a même publiquement disculpé – mais il sait qu’il est responsable, et pas seulement en raison des dates auxquelles la cyber-attaque a eu lieu. C’est ce qu’indiquent les rapports confidentiels du CNI. Il a également été indiqué à la ministre des affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, que son téléphone portable avait été analysé en juin de l’année dernière et avait été testé positif aux logiciels malveillants. Dans une interview publiée le 8 juin par « El Periódico de España », l’ancienne ministre a déploré que tout ait été utilisé contre elle « dans la crise avec le Maroc : écoutes, dénonciations et campagnes de presse ». L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), une prestigieuse ONG œcuménique française, a déposé deux plaintes en France contre Hammouchi pour des tortures perpétrées au Maroc, ce qui explique que le super-flic marocain n’ait pas officiellement mis les pieds en France depuis le 20 février 2014. Ce jour-là, un juge d’instruction parisien l’a convoqué lors d’une visite de travail dans la capitale française, et il a fui précipitamment le pays.

    Hammouchi a toujours été choyé par les autorités espagnoles, que le gouvernement soit dirigé par le Parti populaire ou le PSOE. En octobre 2014, huit mois après sa fuite précipitée de France, le ministère de l’Intérieur, alors dirigé par Jorge Fernández Díaz, annonce qu’il a été décoré de la croix honorifique du mérite policier. En septembre 2019, le chef de ce portefeuille, Fernando Grande-Marlaska, a fait approuver par le Conseil des ministres l’attribution de la Grande Croix de l’Ordre du Mérite de la Garde civile, la plus haute décoration de cette institution.

    El Confidencial, 21 juin 2022

    #Maroc #Espagne #EtatsUnis #ElHammouchi #Services_secrets #CNI #FBI #Espionnage #Pegasus

  • Les services secrets infiltrent les médias et les journalistes

    Les services secrets infiltrent les médias et les journalistes

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    Par Nydia Egremy/Mejico Global

    Que ce soit par la corruption ou le harcèlement, les journalistes qui collaborent avec les agences de renseignement diffusent ou taisent des contenus afin de cacher la vérité. Dans ce sale jeu, les communicateurs sans scrupules ne remplissent pas leur fonction sociale de porte-parole du pouvoir : ils ne confirment pas la véracité des faits et détruisent les réputations tout en disqualifiant les gouvernements légitimes. Cette symbiose séculaire vise le contrôle social et ternit le travail des journalistes engagés et critiques qui exposent leur vie en couvrant fidèlement les conflits et les crises.

    Cacher la vérité et entraver l’exercice du droit à l’information, voilà ce qui se cache derrière l’utilisation des journalistes et des médias par les services de renseignement du monde entier pour désorienter, attiser les divergences et déformer les faits. On ne sait pas combien de journalistes sont employés par ces services, quels pays sont les plus pénétrés et quels services ils fournissent aux pouvoirs en place. Ce qui est confirmé, c’est que ce lien s’exprime par des textes et des images trompeurs et biaisés, basés sur des sources douteuses, des chiffres peu fiables et des euphémismes qui déforment la réalité.

    Bien que les gouvernements et les agences nient qu’ils emploient des journalistes et des médias à leur service, il est courant qu’ils versent des pots-de-vin pour diffuser des informations qui leur conviennent. L’opération Mockingbird, par exemple, a été conçue au milieu du siècle dernier par la Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis pour infiltrer la presse écrite et électronique, les journalistes et les écrivains de même sensibilité en échange de pots-de-vin.

    Avant de diriger la CIA, Richard Helms a travaillé comme journaliste à l’United Press International (UPI) et a agi comme agent de renseignement. Grâce à ces réalisations, Zenzontle était si efficace que le copropriétaire du Washington Post, Phillip Graham, a déclaré : « On peut toujours trouver un journaliste moins cher qu’une prostituée de luxe.

    C’est encore vrai aujourd’hui. L’analyste Jason Simpkins rappelle que l’administration de George W. Bush, dans sa guerre contre le terrorisme, a falsifié des données sur le succès supposé de la guerre en Irak et les a diffusées sur 77 chaînes de télévision. C’est un fait qu’au moins 20 agences fédérales, dont le département d’État, produisent et distribuent des informations manipulées aux médias. C’est le triomphe de la propagande sur l’information légitime, conclut Simpkins.

    Journalisme dirigé

    Cette complicité perverse a été analysée par le lauréat du prix Pulitzer Carl Bernstein dans son texte The CIA and the Media, publié en octobre 1977. Dans le sous-titre, Bernstein décrit comment les médias américains les plus puissants ont travaillé, gants en main, avec cette agence et que la mission des journalistes cooptés était de servir d’yeux et d’oreilles à la CIA ; de rapporter ce qu’ils avaient vu ou entendu dans une usine d’Europe de l’Est, lors d’une réception diplomatique à Bonn ou dans le périmètre d’une base militaire au Portugal.

    En d’autres occasions, leur mission était plus complexe : ils semaient subtilement des éléments de désinformation fabriqués par les services secrets, réunissaient des espions étrangers avec des agents américains ou organisaient des déjeuners ou des dîners au cours desquels les journalistes étrangers étaient informés de la propagande qu’ils devaient répéter. Il était également courant de leur fournir des hôtels et des bureaux pour obtenir des informations sensibles, a déclaré Bernstein.

    Alors que cette complicité néfaste semblait appartenir au passé, en novembre 2014, les souvenirs de l’opération Mockingbird ont refait surface, lorsqu’un rapport du Sénat américain a révélé que la CIA avait donné aux médias et aux journalistes des informations manipulées sur les mérites supposés de ses techniques d’interrogatoire sur les suspects de terrorisme pour produire des articles, des livres et des émissions. Ce faisant, l’agence a cherché à détourner les critiques publiques concernant l’échec de son programme de détention et d’interrogatoire, que beaucoup ont qualifié de torture pure et simple.

    Le rapport ajoute que depuis 2005, des journalistes et des médias ont accepté de promouvoir la fausse version de la CIA sur l’efficacité de la torture ; l’un d’entre eux était le journaliste Douglas Jehl du New York Times (NYT). En juin de la même année, et grâce au témoignage d’anciens agents, le réseau NBC maintient la fausseté de la version de Jehl ; ce faisant, le réseau ne cherche pas l’intérêt public mais à sauver son image face au rejet croissant du rôle des médias par la société.

    Le rapport ajoute que fin 2002, le vice-président de l’époque, Richard Cheney, et d’autres responsables de la CIA ont convaincu le NYT de censurer dans un article le nom d’un pays (la Thaïlande) qui avait accepté d’accueillir une prison secrète de la CIA. Ces informations ont été révélées grâce au travail de journalistes attachés à la vérité.

    Lire aussi : Maroc, des journalistes français sous influence

    Une confession surprenante

    Le quotidien allemand Frankfurter Allgemaine Zeitug (FAZ) a la plus grande diffusion à l’étranger (148 pays) et sa ligne éditoriale de centre-droit ou libérale-conservatrice est définie par une coopérative de cinq rédacteurs. L’un d’entre eux était Udo Ulfkotte. En octobre dernier, M. Ulfkotte a admis qu’en échange de pots-de-vin, il avait publié des articles rédigés par la CIA et d’autres services de renseignement, notamment allemands, ainsi que ceux de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

    Dans sa confession inédite, Ulfkotte déclare : « J’ai menti, j’ai désinformé, j’ai manipulé la vérité en échange d’argent. L’ancien conseiller du gouvernement allemand explique qu’il l’a fait parce qu’il a été élevé pour mentir, trahir et ne pas dire la vérité au public ; il admet qu’il en a eu assez d’être pro-américain et que l’Allemagne soit une colonie américaine. Et il avoue que la couverture actuelle de la crise ukrainienne par la presse occidentale – et la FAZ – est, en plus d’être biaisée, un « exemple clair de manipulation de l’opinion publique ».

    Il semble que les rédacteurs et les journalistes aient mis des casques insonorisés virtuels pour publier que la Russie préparait une guerre imminente, souligne M. Ulfkotte. Dans son livre Journalistes achetés, il note que, comme lui, de nombreux collègues désinforment sur ordre des agences de renseignement et affirme que le magazine allemand Der Spiegel a publié que le Boeing malaisien abattu au-dessus de l’Ukraine (juillet 2014) l’a été par un missile russe. Une telle affirmation, admet-il, était sous la dictée des services secrets car il n’y avait aucune preuve.

    Avant la confession d’Ulfkotte, les documents divulgués par Edward Snowden en juillet 2013 ont révélé les relations étroites entre la presse d’entreprise et les agences de renseignement. Cependant, dans les trois mois qui ont suivi cette révélation, Robert Vargas, du Telegraph, a demandé : « Pourquoi les médias ignorent-ils la relation entre la National Security Agency (NSA) et les services de renseignement allemands ? Contrairement à l’hypothèse selon laquelle ils seraient désireux d’aborder la question, M. Vargas a souligné que les médias américains, britanniques et allemands n’avaient rien publié.

    Calomnie par slogan

    Depuis le triomphe de la révolution cubaine, les agences de renseignement américaines ont monté des campagnes de distorsion massives contre l’île. À cette offensive systématique des médias américains s’ajoute la récente fuite d’un rapport de cinq pages du Federal Bureau of Investigation (FBI) sur l’ingérence présumée de la Direction cubaine du renseignement (DI) dans le milieu universitaire américain.

    Dans son article Jugando a la noria. Journalismo recalentado y refritos del FBI, le journaliste Miguel Fernández Díaz expliquait en septembre dernier que le chroniqueur de sécurité nationale du Washington Post, Bill Gertz, s’est empressé de le commenter sans en vérifier la véracité et que Fox News a immédiatement reproduit le document, ce qui a exacerbé l’opposition cubaine.

    Le plus grand cas de manipulation des médias par le gouvernement et les agences américaines s’est produit entre 1999 et 2001, lorsque la presse américaine s’est jointe à la campagne acharnée contre les cinq antiterroristes cubains injustement poursuivis pour espionnage. Des documents officiels obtenus par le mécanisme de transparence américain (FOIA) confirment que des journalistes et des médias ont reçu d’importantes sommes d’argent pour influencer le jury et l’opinion publique.

    Parmi ceux qui ont écrit pour le compte de tiers, citons Oficina de Transmisiones Cuba – qui exploite Radio et TV Martí – en échange de 37 millions de dollars par an ; Ariel Remos du Diario Las Américas (qui a reçu quelque 25 000 dollars) ; le journaliste du Miami Herald Wilfredi Cancio Isla (22 000 dollars) ; le rédacteur en chef du Diario Las Américas Herren Fele (5 800 dollars) et l’animateur de Radio Mambí Enrique Espinosa (10 000 dollars).

    Carlos Alberto Montaner a reçu plus de 40 000 dollars pour avoir attaqué les Cinq dans sa colonne du Miami Herald et le journaliste du Nuevo Herald, Pablo Alfonso, a reçu des paiements totalisant 252 325 000 dollars. Tous ont glissé de faux liens entre les accusés et l’espionnage, fait allusion à des preuves fallacieuses, omis des preuves en leur faveur et déformé les faits.

    D’autres cas de médias et de cadres payés par des services de renseignement ont été révélés dans le monde entier. Un câble de WikiLeaks a révélé que le directeur d’Al Jazeera, Wadah Khanfar, a manipulé des informations pour satisfaire l’agence de renseignement de la défense américaine (DIA) et a été contraint de démissionner. Lorsque l’agence a protesté contre la couverture négative de la chaîne, Khanfar a modifié l’information.

    Le hacker Chris Coleman a affirmé que la Direction générale des études et de la documentation (le service de renseignement extérieur du Maroc) payait des journalistes étrangers pour leurs articles et reportages liant le Front Polisario de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) au terrorisme djihadiste. C’est ce que révèle l’article WikiLeaks del maizen : les graves secrets du régime marocain exposés, par le professeur espagnol Carlos Ruiz Miguel.

    Dans son blog Desde el Atlántico, Ruiz cite Coleman qui affirme que l’agence a payé des journalistes tels que Richard Miniter (NYT, The Washington Post et Forbes), ainsi que le journaliste Joseph Braude, qui ont véhiculé dans leurs bureaux la fausse impression que les Sahraouis du Front Polisario étaient liés au terrorisme djihadiste.

    Le journalisme infiltré

    L’avocate Eva Golinger a dénoncé le financement par le département d’État de la presse et des journalistes de l’opposition au Venezuela et a prévenu que des programmes similaires existent dans d’autres pays d’Amérique latine. De son côté, le journaliste américain Jeremy Bigwood affirme que des agences américaines, telles que le très controversé Broadcasting Board of Governors, financent secrètement des médias et des journalistes sous prétexte de soutenir le développement des médias dans plus de 70 pays.

    Entre 1993 et 2005, les services secrets allemands (BND) ont recruté des journalistes pour surveiller leurs collègues : les sujets sur lesquels ils enquêtaient, leurs sources et leur vie privée. Selon l’ancien espion Wilhelm Dielt, qui a travaillé pour le magazine Focus en échange de 380 000 dollars sous le nom de code Dali, d’autres rédactions ont été infiltrées, notamment Der Spiegel, Stern, Berliner Zeitung et Süddeutsche Zeitung.

    En 2012, le journaliste du NYT Mark Mazzett a envoyé une copie d’un article de sa collègue chroniqueuse Maureen Dowd à la porte-parole de la CIA Marie Harf. L’article de M. Dowd portait sur une fuite de l’agence à Hollywood concernant le film Zero Dart Thirty (sur Oussama Ben Laden).

    En août 2013, le rédacteur et éditeur Wayne Madsen a cité le fait que les agents de renseignement opérant sous couvert de la presse prennent des rôles différents et travaillent pour les services de renseignement. Les médias infiltrés comprennent Radio Free Europe, Radio Free Liberty, Radio Free Asia, Alhurra, Radio Sawa, Radio et TV Marti, ainsi que Voice of America. D’autres médias signalés comme étant des façades de la CIA sont le Kyuv Oistm Cambodia Daily et Lidove Noviny à Prague.

    Il existe de nombreux journalistes qui, sous couvert d’être « indépendants », obtiennent des financements et des autorisations pour accompagner l’armée et la marine américaines dans leurs opérations, en échange d’articles bienveillants. Pour Martin Edmonds, analyste britannique au Centre for Defence and Security Studies, cette subordination est inacceptable, car elle affecte leur rôle dans la démocratie et ils perdent toute crédibilité et indépendance, dit-il.

    Correspondants, journalistes indépendants, rédacteurs, directeurs de l’information, chroniqueurs et commentateurs sont désormais dans le collimateur des services de renseignement. Les documents de Snowden confirment que le Centre de communication du gouvernement (GCHQ), l’une des trois principales agences de renseignement britanniques, classe les journalistes d’investigation comme une menace similaire aux terroristes, aux pirates informatiques et aux criminels. En outre, elle et d’autres agences envoient des messages de spam, surveillent les médias sociaux et utilisent des outils sophistiqués pour manipuler les sondages, les statistiques et les chiffres en ligne.

    En conclusion, il convient de souligner que cette relation trouble accroît la méfiance du public à l’égard des médias et que personne n’est tenu pour responsable.

    Miradas encontradas, 25 mars 2015

    LIRE AUSSI : Marocleaks et les journalistes français à la solde du Maroc

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  • France-Maroc : La crainte de nouveaux assassinats politiques

    France-Maroc : La crainte de nouveaux assassinats politiques

    France, Maroc, Israël, Mossad, Ben Barka, diaspora marocaine, services secrets, Georges Malbrunot,

    Même si la France a toujours su dominer et faire marcher à la baguette le Maroc, ses relations avec son ancien protectorat n’a jamais été un long fleuve tranquille. Ce qui ajoute aux troubles et tempêtes dans ces relation tumultueuses et évoluant en dents de scie sous leurs dehors calmes et sereins, c’est cette propension qu’a adopté le Maroc à corrompre pas mal de hauts responsables hexagonaux, à défaut de carrément les faire chanter quand il n’arrive pas à en déterminer le prix. Georges Malbrunot, journaliste français, spécialiste du Moyen-Orient et du conflit israélo-palestinien, grand Reporter au Figaro, lève dans un Tweet un lièvre à la consistance loin d’être négligeable. Il y évoque carrément de possibles réminescence de l’affaire Ben Barka, dont les (mé)faits remontent carrément à la fin de la décennie 1960.

    Selon Georges Malbrunot, qui cite « un agent français, « quelques tensions sont apparues actuellement entre les services de renseignements français et marocains. La DGSI (direction générale de la sécurité extérieure) est remontée ». et pour cause, explique-til encore : « Que des éléments de la diaspora marocaine en France servent de sous-traitants au Mossad israélien, ça ne passera pas », détaille Malbrunot, citant encore sa source. Ce genre de tensions ne sont pas choses nouvelles dans les rapports sulfureux entre Paris et Rabat.

    Lors de son enlèvement à Paris, Mehdi Ben Barka préparait la conférence tricontinentale, qui s’est tenue à La Havane en janvier 1966. C’est cette dimension moins connue de l’activité du dirigeant socialiste marocain que des intervenants tâcheront de mettre en lumière. C’est pour mettre en convergence les mouvements de libération du tiers-monde que Mehdi Ben Barka, au moment de son assassinat, en octobre 1965, préparait la conférence tricontinentale. Eliminer Ben Barka était devenu une exigence majeure dans la répression internationale des insurrections du tiers-monde. Nous consacrerons cette semaine à mettre en lumière la vie de Mehdi Ben Barka et ses combats pour la solidarité entre les peuples opprimés. Les sulfuruses, délictueuses et incestueuses relations entre Paris et Rabat ne sont d’ailleurs pas sans rappeler et invoquer le spectre de l’opposant Mehdi Ben Barka, enlevé et assassiné par des éléments de la DGSI française, non sans la précieuse aide d’agents du Mossad.

    Ben Barka, dont l’aura rayonnait sur la planète entière, était devenu un sérieuse menace pour la monarchie corrompue et prédatrice du défunt Hassan II. C’est le colonel Laânigri, sorte de double d’Abdellatif Hammouchi, qui s’est occupé de torturer Ben Barka dans une villa située en banlieue parisienne, avant que son corps ne soit dissout dans une baignoire remplie d’acide.

    En apprenant la nouvelle de cet odieux assassinat, le général De Gaulle serait entré dans une colère folle. Or, jusqu’à ce jour ce crime d’Etat n’a toujours pas été élucidé. Pis encore, le risque est grand que de pareils assassinats politiques ne soient commis de nouveau en France contre des opposants marocains et sahraouis en vue activant en Hexagone.

    Hassan II, on s’en souvient, avait obtenu l’aide directe des agents du Mossad dans l’assassinat de Ben Barka en échange de la vente-émigration de près de 10.000 juifs marocains. Si bien que cette dernière est désormais la plus importante en Palestine, et est carrément majoritaire dans la ville d’Ashdod.

    Mehdi Ghayeb

    La patrie news, 01 juin 2022

    #Maroc #France #Services_secrets #BenBarka #Mossad



  • Maroc : Qu’est-ce que la DGED?

    Maroc : Qu’est-ce que la DGED?

    Maroc : Qu’est-ce que la DGED? – espionnage, contre-espionnage, Direction Générale des Études et de la Documentation, services secrets, Pegasus,

    La Direction Générale des Études et de la Documentation (DGED), le service marocain de renseignement extérieur et de contre-espionnage, est l’un des plus importants services secrets marocains, fondé en 1973 à la suite des deux coups d’État manqués de 1971 et 1972 sur le modèle du service secret français Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage, en abrégé SDECE. La DGED est une organisation militaire directement sous le contrôle du Roi.

    Depuis sa création, la DGED est dirigée exclusivement par des officiers de l’armée. Le colonel Ahmed Dlimi est considéré comme le fondateur de ce service de renseignement, dont il a été le responsable de 1973 à sa mort en 1983. Le général Abdelhak el Kadiri lui a succédé et est resté en poste jusqu’en 2001, année où il a été remplacé par le général Ahmed El Harchi, originaire du Rif, qui a été le dernier militaire à diriger la DGED. En 2005, le roi a nommé son ancien camarade de classe du Collège royal, Mohamed Yassine Mansour, à la tête de la DGED.

    En principe, la DGED opère à l’extérieur du Maroc et est donc chargée de superviser les activités politiques et économiques des Marocains résidant à l’étranger, ainsi que de collecter des informations pour les différents services de renseignement marocains. Le Maroc compte une quinzaine de services de renseignement au total. La DGED est représentée dans toutes les ambassades ou consulats marocains. En outre, les employés de Maghreb Arabe Presse (le bureau de presse de l’État marocain) sont également chargés d’envoyer des notes confidentielles non censurées à la DGED. Une fois tous les filtres de la hiérarchie passés, les messages de la DGED sont envoyés directement au Palais Royal de Rabat.

    La DGED est composée de trois directions principales : la direction exécutive chargée des opérations de terrain et des opérations d’intervention rapide avec les unités spéciales, la direction de l’anti-espionnage et la direction des communications chargée de la coordination et du contrôle des moyens de communication entre tous les départements du service.

    La DGED coopère avec les services de renseignement étrangers dans le domaine de la sécurité et des questions liées au terrorisme, y compris l’échange d’informations sur des Marocains spécifiques recherchés par les services de renseignement étrangers.

    Le budget de la DGED est estimé à un montant annuel de 1 milliard USD. En outre, le service dispose d’une « boîte noire » ou d’une cagnotte secrète à partir de laquelle les informateurs du service sont payés. Selon un article de blog publié en 2013, la DGED compte 4000 employés et plus de la moitié d’entre eux sont des militaires et 5% sont des femmes. Selon le même article, les unités spéciales de la DGED comptent entre 250 et 300 membres et des centaines d’informateurs travaillent pour le service en Europe.

    Le brigadier Rédouan Lemhaouli, de la police de Rotterdam-Rijnmond, a été licencié par son employeur en 2008 pour « manquement grave au devoir », suite à un rapport officiel des services secrets néerlandais AIVD. Dans la même affaire, Mohamed Zyad a été licencié, il travaillait comme employé de bureau au commissariat de police de La Haye sur une base volontaire.

    Le tribunal de La Haye a condamné Rédouan Lemhaouli à 240 heures de travail d’intérêt général pour avoir transmis des informations secrètes des systèmes de police néerlandais aux services marocains. L’hebdomadaire marocain francophone TelQuel a prêté attention à ce sujet avec un article dans lequel on peut lire qu’il existe une organisation marocaine établie aux Pays-Bas appelée « Voix des démocrates marocains aux Pays-Bas » (SMDN) qui s’occupe de la défense de ces espions marocains.

    En mars 2019, les médias espagnols ont révélé que le Maroc était derrière les attentats terroristes de 2004 à Madrid. Ces attaques terroristes ont tué 191 personnes et blessé 1800 personnes.

    En Allemagne, le nom du service de renseignement marocain est également apparu lors de l’attaque terroriste du 19 décembre 2016, qui a fait 12 morts et 56 blessés lorsqu’un camion a foncé sur des personnes sur un marché de Noël. Selon les médias allemands, le Tunisien Bilel Ben Ammar est un agent des services secrets marocains. Bilel Ben Ammar aurait aidé l’assaillant à s’échapper de la scène de l’acte terroriste.

    En 2018, les autorités belges ont arrêté la Marocaine Kaoutar Fal et l’ont expulsée du pays en raison d’une menace pour la sécurité de l’État belge.

    Rif Time, 04 oct 2019

  • Le site Marocleaks inaccessible en Algérie

    Le site Marocleaks inaccessible en Algérie

    Le site Marocleaks inaccessible en Algérie – Maroc, DGED, hacker Chris Coleman, espionnage, services secrets, diplomatie marocaine,


    Marocleaks, le site spécialisé dans les documents révélés par le hacker Chris Coleman n’est pas accessible en Algérie.

    L’administrateur du site, un sahraoui résident à Bruxelles, se trouve depuis quelques semaines aux camps des réfugiés sahraouis localisés dans la région de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie. A son grand étonnement, il a découvert que son site et bloqué dans le pays allié des sahraouis, le peuple qu’il défend depuis la fondation de ce site en 2017.

    Marocleaks n’a menagé aucun effort en vue de dénoncer les plans concoctés par le Makhzen contre l’Algérie et le Front Polisario. Le dernier en date, un article intitulé « Hervouet permettait l’accès de Charaï au serveur du site TF1 » mettant à nu les complots du journaliste Vincent Hervouet sous la direction d’Ahmed Charaï, un haut responsable de la DGED, le service d’espionnage et contre-espionnage marocain dirigé par Yassine Mansouri, un ami d’enfance du roi Mohammed VI.

    Par conséquent, si le site est bloqué en Algérie, il s’agit, sans aucun doute, d’une erreur dont nous implorons la correction en vue de nous permettre de continuer à illuminer l’opinion publique algérienne avec des articles uniques basées sur la documentation révélée par le hacker Chris Coleman qui s’est avéré un agent des renseignements français qui voulait corriger l’arrogance et l’insolence des autorités marocaines vis-à-vis de leurs maîtres de l’Elysée.

    Source : Marocleaks, 09 mai 2022

    #Algérie #Marocleaks #Serveur #Maroc #hacker_chris_coleman #DGED


  • La nationalité refusée à des Marocains pour espionnage

    La nationalité refusée à des Marocains pour espionnage

    La nationalité refusée à des Marocains pour espionnage – Espagne, Maroc, services secrets, DGED, DGST,

    La justice ibérique a refusé octroyer la nationalité espagnole à plusieurs citoyens marocains en raison de leurs liaisons avec les services secrets marocains. Dans son édition de vendredi dernier, El País révèle les détails de quelques cas.

    « La première affaire liée aux services secrets marocains remonte au 2 juillet 2013. Ce jour-là, la chambre administrative de l’Audience nationale a rendu une décision refusant la nationalité à un Marocain résidant à Grenade qui en avait fait la demande quatre ans auparavant. Le rapport du CNI, qui accusait ce citoyen d’entretenir « une relation très étroite » avec un membre de la Direction générale de la surveillance du terrorisme (DGST, les services secrets marocains) en poste à Tétouan, a été au cœur du jugement. Le document souligne que cet agent se rend « très fréquemment en Espagne » et que le demandeur de la nationalité lui a fourni une « couverture » pour ses activités d’espionnage », indique El País.

    « Le CNI a ajouté que, depuis son implication avec la DGST, le résident de Grenade avait subi « un changement de comportement, passant d’une personne de confiance à une personne prudente et réticente à donner des détails sur ses activités et ses contacts ». Le rapport, qui souligne également sa « relation très étroite avec le consulat du Maroc à Almeria », note qu’en 2010, ce Marocain a été invité à la Fête du Trône, « un événement utilisé par le régime pour inviter certaines personnalités éminentes vivant à l’étranger pour les services qu’elles rendent au Maroc », ajoute le quotidien espagnol.

    El País précise que « deux ans plus tard, en mars 2015, l’Audiencia Nacional a révélé les activités d’espionnage de Rabat pour confirmer l’expulsion d’Espagne d’un Marocain résidant à Barcelone. Selon l’arrêt, ce citoyen était, depuis 2000, un « collaborateur très pertinent » d’un service de renseignement étranger qu’il n’a pas précisé, pour lequel il a produit « de nombreux rapports périodiques ». Le CNI a affirmé que, « par mandat exprès » de ce service, « il a favorisé la diffusion d’idéologies religieuses extrémistes », pour lesquelles il disposait « d’un réseau de collaborateurs et d’informateurs répartis dans les quatre provinces catalanes ». Il a même affirmé avoir utilisé « ses contacts et sa capacité de mobilisation pour générer des conflits sociaux en liant immigration et religion ». Les services secrets ont conclu qu’il constituait « une menace pour la stabilité » de l’Espagne ».

    En janvier 2020, une décision de justice a détaillé le contenu d’un rapport de la CNI pour refuser la nationalité espagnole à un Marocain résidant à Las Palmas. Le document indiquait qu’il était « lié au renseignement extérieur » de ce pays par l’intermédiaire d’un parent qui, entre juin 2008 et juillet 2016, avait été le chef de la Direction générale des études et de la documentation (DGDE, le service de renseignement extérieur relevant des forces armées marocaines) au consulat du Maroc à Gran Canaria. Au cours de ces huit années, le suspect avait mené « différentes activités contre les intérêts » de l’Espagne.

    Selon la même source, « le dernier arrêt est daté du 30 septembre. Dans ce document, l’Audiencia Nacional a confirmé la décision de ne pas accorder la nationalité à un citoyen marocain qui était arrivé en Espagne en 2002 en se présentant comme un déserteur de l’armée du pays du Maghreb, ce qui lui avait alors valu le statut de réfugié. Le rapport du CNI a révélé qu’en 2013, le service de renseignement d’un pays tiers avait contacté l’Espagne pour signaler que cette personne était, en fait, un agent de la DGST. Cinq ans plus tard, un autre service de renseignement étranger a également indiqué qu’il enquêtait sur lui pour la même raison ».

    #Espagne #Maroc #Nationalité #Espionnage #DGED #DGST

  • Ralph Boussier: avocat et lobbiste du Maroc payé par la DGED

    Ralph Boussier: avocat et lobbiste du Maroc payé par la DGED

    Ralph Boussier: avocat et lobbiste du Maroc payé par la DGED – Joseph Tual, Ben Barka, services secrets, Israël, Mossad,

    Un avocat français au service de l’espionnage marocain

    Le hacker Chris_Coleman24 qui distille depuis octobre dernier via son compte Twitter des documents confidentiels sur la diplomatie marocaine, diffuse aujourd’hui une série de documents concernant Ralph Boussier, un avocat français travaillant pour le compte de la Direction générale des études et de documentation  (DGED), le service marocain du renseignement extérieur dirigé par Yassine Mansouri.

    Dans un mail datant du 23 novembre 2009, Chris_Coleman24 révèle que l’avocat français Ralph Boussier du Cabinet Normand et Associés demande à son officier traitant marocain de transférer « un compte rendu d’audience » à « Monsieur Le directeur Général », qui n’est autre que le patron de la DGED, Yassine Mansouri.

    Le compte rendu concerne une affaire de faux billets bahreinis  imprimés en Argentine et échangés en France pour une valeur de 300 millions d’euros disséminés au Niger, au Tchad, au Liban, en Belgique, en Suisse et en France ! Le mail fait référence à Hicham Mandari, un marocain abattu par balles au sud de l’Espagne en aout 2004 . Selon le mail signé par Aurore Francelle, avocate associée de Ralph Boussier, Mandari aurait effectué la première opération de change d’envergure de ces faux billets à Paris. La présence du nom d’un marocain dans cette affaire aurait-elle à elle seule justifié que la DGED soit mise au parfum?

    Dans un autre document datant du 13 avril 2010, l’avocat rend compte de deux réunions tenues respectivement avec l’ancien ambassadeur de France au Maroc, Bruno Joubert et l’ancien secrétaire marocain d’Etat à l’Intérieur, Saad Hassar où il est question d’organiser les visites au Maroc de Jean François Copé, alors président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale et le Ministre de la Culture de l’époque Fréderic Mitterrand. On apprend dans ce document que Ralph Boussier suggère au patron de la DGED de transformer la « Maison de Lyautey » en musée après l’avoir rénovée, ce qui ressemble à une proposition d’affaire immobilière juteuse qui profiterait évidemment au premier à en avoir  eu l’idée !Dans un autre document datant du 12 août 2010, on apprend qu’une réunion de travail est prévue entre l’avocat et le patron de la DGED. Celle-ci avait été précédée d’autres rencontres avec l’ancien conseiller royal et actuel patron de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT), Fayçal Laraichi et des juristes américains pour tenter de rallier Barbara Lee, congresswoman démocrate de Californie et Keith Ellison, congressman musulman à la cause nationale de la marocanité du Sahara. Dans sa lettre, Ralph Boussier exprime également ses prétentions salariales sur la base « d’un règlement mensuel au temps passé» dans cette mission!
    Le marrant dans l’histoire, c’est que les mails confidentiels sur l’affaire des faux billets bahreinis qu’il recevait de sa collègue avocate comportaient la mention suivante: « ce courrier électronique est envoyé par un cabinet d’avocats et peut contenir des informations personnelles et confidentielles. Si vous n’en êtes pas le destinataire, veuillez en informer l’expéditeur et effacer ce message de votre système ». En violant les règles de confidentialité et en transférant ces courriers à de tierces parties, l’homme de loi ne pensait pas être pris dans son propre jeu quelques années plus tard en voyant son histoire éclater au grand jour par un simple clic !

    Source : Blog de Reda Ben Othman, 6 déc 2014

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    Selon quelques correspondances avec la DGED, les renseignements extérieurs du Maroc, Maître Ralph Boussier a été envoyé aux Etats-Unis en vue

    De : hakim sayah hakim.sa@gmail.com
    À : amine aminee aaamine145@yahoo.fr
    Envoyé le : Sam 18 décembre 2010, 5h 31min 30s
    Objet : Re: Tr : TR: DSCC Swearing-In Breakfast on January 5

    La mobilisation d’une délégation marocaine pour prendre part au petit déjeuner qu’organisent les sénateurs Harry Reid et  Patty Murray ne semble pas constituer une initiative probante.  
     Il s’agit en effet d’un événement considéré comme mineur sur le plan politique et dont le principal objectif est de collecter des fonds. Les sénateurs du Caucus démocrate ne seront d’ailleurs représentés dans leur quasi majorité que par leurs staffeurs.

    Les principaux concernés par cette initiative restent des acteurs locaux (investisseurs, groupes de pression , hommes d’affaires américains …)  qui tablent sur le  Caucus démocrate pour servir leurs propres intérêts et qui suivent dans ce cadre assidument les activités de cette institution.
    La présence d’une délégation étrangère sans projet concret susceptible de capter l’intérêt de leurs convives  pourrait  ainsi paraitre insolite. Le temps pour engager  un début de discutions fructueuses risque en outre d’être trop limité,  la rencontre devant durer moins d’une heure.

    La présence de M l’Ambassadeur et ses diplomates en charge des relations avec le sénat pourrait toutefois être justifiée.  Elle s’inscrit en effet dans la continuité d’un travail de sensibilisation récemment entrepris par son équipe auprès  des sénateurs Herber Kohl, Sherrod Brown, Jesse Francis “Jeff” Bingaman Jr  et Thomas Stewart Udall, tous membres dudit Caucus. Ces derniers qui subissaient l’influence néfaste du sénateur  pro-polisario Patrick Leahy tendent depuis à prendre une position plus équilibrée concernant l’affaire du Sahara. 

    Quant à l’implication de maitre Boussier, la  contribution du consultant Tobby Moffet semble plus appropriée. Il s’agit en effet d’un produit du terroir qui en tant qu’ancien congressman, connait le langage à tenir devant ses comparses politiques du sénat. En outre, la notoriété et l’estime que lui vouent plusieurs représentants démocrates font de lui une source d’intérêt crédible et appréciée des sénateurs et staffeurs.

    A la lumière de ce qui précède , en termes de rentabilité tant sur le plan financier qu’opérationnel , la présence d’une délégation composée de  M l’Ambassadeur, son équipe de diplomates en charge des relations parlementaires,  du  lobbyiste Tobby Moffet et de son Vice Président for International Business auprès du groupe Moffett,  Talal Belghiti, suffirait amplement pour effecteur le travail de promotion nécessaire auprès des staffeurs et autres personnalités  qui assisteront à cet évènement.

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    De : « rboussier@galilex.com » rboussier@galilex.com
    À : Aminee AMINE aaamine145@yahoo.fr
    Envoyé le : Mer 2 mars 2011, 19h 26min 34s
    Objet : Tr: U.S. Under Sec. of State Says U.S.-Morocco Partnership ‘More Important’ Than Ever, Reiterates… — WASHINGTON, March 1, 2011 /PRNewswire-USNewswire/ —

    Pour information.
    Cordialement.
    ——Message d’origine——
    De: M. Thomas M. WOLF
    À: M. Ralph BOUSSIER
    Objet: U.S. Under Sec. of State Says U.S.-Morocco Partnership ‘More Important’ Than Ever, Reiterates… — WASHINGTON, March 1, 2011 /PRNewswire-USNewswire/ —
    Envoyé: 2 mar 2011 16:57

    http://www.prnewswire.com/news-releases/us-under-sec-of-state-says-us-morocco-partnership-more-important-than-ever-reiterates-support-for-western-sahara-autonomy-plan-cites-moroccan-reforms-117190463.html

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    RALPH BOUSSIER
    Avocat à la Cour
    SCP Normand & Associés
    7, place de Valois-75001 PARIS

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    BEN BARKA : UN JOURNALISTE DE FRANCE 3 DANS LE VISEUR DU RENSEIGNEMENT MAROCAIN ?
    Wikileaks marocain : de nouveaux documents fuitent

    49 ans après l’enlèvement du principal opposant au roi Hassan II à Paris, en 1965, l’affaire Ben Barka continue d’occuper la justice française et les services de renseignement marocains. Ce mardi 16 décembre 2014, le tribunal correctionnel de Paris examinait la plainte déposée par un journaliste de France 3 à l’encontre du magazine Maroc Hebdo. L’affaire remonte à 2007 : au lendemain d’un reportage de France 3 à propos d’un nouveau rebondissement judiciaire dans l’affaire Ben Barka, l’auteur du reportage, Joseph Tual, a fait l’objet de nombreuses attaques de la presse marocaine. Des tentatives de déstabilisation de la part du Maroc ? Une thèse validée par la publication de nouveaux documents de la part de @chris_coleman24, à l’origine du Wikileaks marocain.
    Ce mardi 16 décembre 2014, au tribunal correctionnel de Paris, il était question d’une affaire qui remonte à sept ans, en marge d’une affaire qui date… de 1965. Cette année-là, Mehdi Ben Barka, principal opposant au roi du Maroc, Hassan II, est enlevé en plein Paris. Par qui ? Où se trouve son corps ? C’est tout l’enjeu de l’enquête judiciaire, toujours en cours en France.

    Les 22 et 23 octobre 2007, alors que Nicolas Sarkozy est en voyage officiel au Maroc, France 3 fait le point sur l’enquête Ben Barka. Et révèle que le juge d’instruction français en charge du dossier, Patrick Ramaël, a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre de cinq dignitaires marocains, dont le général Benslimane, chef de la gendarmerie royale, et un certain Miloud Tounzi, identifié comme étant le fameux Larbi Chtouki, le principal organisateur de l’enlèvement de Ben Barka, condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité en 1966 lors d’un procès à Paris.

    Le journaliste de France 3, Joseph Tual, qui enquête sur l’affaire Ben Barka depuis plus de vinqt ans, rappelle dans les deux sujets l’existence d’une ancienne prison secrète à Rabat, baptisée PF3. Ce serait là que Ben Barka pourrait être enterré, ainsi que près de 250 opposants au régime, notamment des étudiants de grandes familles marocaines. Selon nos informations, la justice française aurait même demandé une surveillance satellitaire afin de s’assurer que le terrain vague d’aujourd’hui, propriété de la gendarmerie royale marocaine, reste en l’état, à défaut pour la justice française de pouvoir se rendre sur place pour faire des fouilles. Un sujet très sensible. La preuve ? Pour avoir filmé ce centre de détention secret, Tual est désormais indésirable sur le sol marocain.

    « La prison PF3, c’est le tabou absolu, assure Tual, contacté par Arrêt sur images. Tous mes ennuis partent de là ». Des ennuis ? Au lendemain de la diffusion de ses deux reportages, le journaliste fait l’objet de nombreuses attaques de la presse marocaine, comme l’a rappelé Le Point. Le quotidien Assabah le qualifie d’ »agent des services secrets algériens ». Tual le fera condamner pour diffamation. Maroc Hebdo International va plus loin et publie un article intitulé « profession fouille-merde », dans lequel on peut lire des retranscriptions d’une conversation entre Tual et l’un des cinq Marocains sous mandat d’arrêt, Miloud Tounzi. D’après les retranscriptions de cette conversation téléphonique qui s’est tenue le 19 octobre 2007, Tual prévient Tounzi qu’il va faire l’objet d’un mandat d’arrêt dans quelques jours et il lui suggère de quitter le territoire marocain car sa vie serait en danger. Un extrait de la conversation pour le moins gênant pour le journaliste de France 3 : cela sous-entend qu’il est de mèche avec le juge d’instruction français.

    A la suite de la publication de cet article, Tual dépose plusieurs plaintes. En 2008, le directeur de la publication de Maroc Hebdo, Mohamed Selhami, est condamné pour injure publique. En 2009, Tual porte également plainte pour « atteinte au secret des correspondances » et « atteinte à l’intimité de la vie privée », la conversation n’ayant pas vocation être rendue publique. A l’époque, Tual assure à l’AFP que cette conversation a été « tronquée » et que ses propos ont été « dénaturés afin de manipuler l’opinion ». C’est ce volet de l’affaire qui vient d’être examiné par le tribunal correctionnel de Paris.

    Une nouvelle étape judiciaire qui s’inscrit dans une longue liste de procès opposant Tual et Tounzi, lequel a lui aussi porté plainte contre le journaliste, notamment pour atteinte à la présomption d’innocence et injure publique. Jusqu’à présent, Tual a gagné tous ces procès.

    L’AVOCAT DE MAROC HEBDO, PAYÉ PAR LES RENSEIGNEMENTS MAROCAINS ?
    Ces procès auraient un objectif bien précis : « Le but du jeu est de me déstabiliser, de me mettre la pression », nous assure Tual. Qui précisément ? Des documents diffusés dans le cadre du Wikileaks marocain, dont Arrêt sur images a déjà parlé, apportent peut-être un début de réponse. Celui qui se fait appeler Chris Coleman a publié des documents attestant que l’avocat de Maroc Hebdo est payé par… les services de renseignement marocains, visiblement bien décidés à mener la vie dure au journaliste de France 3.

    Parmi ces documents figure notamment une note de frais d’avocat en date du 27 décembre 2011, adressée par le cabinet d’avocats Normand & Associés à Yassine Mansouri, directeur de la DGED, les services secrets marocains. Ces frais d’avocat s’élèvent à 3 900 euros et mentionnent une « facture de Me Bosselut ». Bosselut ? C’est précisément l’avocat de Maroc Hebdo dans l’affaire contre Tual, déjà en cours d’instruction en 2011.

    Le document est-il authentique ? Après vérification des données du fichier PDF, il semble que ce document n’ait pas été trafiqué. En revanche, plusieurs interrogations demeurent : pourquoi le cabinet d’avocat Normand & Associés aurait-il édité une telle facture alors qu’aucun de ses avocats n’a travaillé pour Maroc Hebdo dans les multiples affaires judiciaires qui opposent Tual, Maroc Hebdo et Tounzi ? Pourquoi Me Bosselut apparaît-il sur ses factures alors qu’il ne travaille pas pour le compte de Normand & Associés ? Le cabinet Normand & Associés sert-il ici de paravent pour brouiller les pistes afin de masquer les liens entre Bosselut et les renseignements marocains ?

    Détail supplémentaire : l’avocat Ralph Boussier, dont la signature figure au bas de la note d’honoraires de Normand & Associé, est « l’un des membres du collectif d’avocats franco-marocains qui représentent le royaume chérifien », dixit RFI. C’est lui qui est monté au créneau en début d’année, au nom du patron de la Direction générale de la surveillance du territoire marocain (DGST), Abdellatif Hammouchi. Accusé de tortures, notamment par un militant sahraoui qui a reçu le soutien d’une ONG française, Hammouchi a mandaté Boussier pour porter plainte pour dénonciation calomnieuse en France. Voilà pour la connexion Boussier-Maroc. De là à considérer que le document Normand & Associés est crédible et n’est pas un faux…

    Contacté par ASI pour savoir si ce document était authentique, le cabinet Normand & Associés a vérifié le numéro de dossier (20071097) figurant sur la note d’honoraires. « A priori, ça ne vient pas de chez nous », nous a-t-on dit au bout de quelques minutes. L’avocat Ralph Boussier, dont la signature figure au bas de cette note d’honoraires, n’était pas disponible à l’heure où nous publions cet article. Tout comme Me Rodolphe Bosselut, l’avocat de Maroc Hebdo.

    Arrêt sur image, 18/12/2014

    #Maroc #RalphBoussier #DGED #Lobbying #BenBarka #Joseph_Tual