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  • Maroc. Prostitution masculine : Les travailleurs du sexe

    Maroc. Prostitution masculine : Les travailleurs du sexe

    Tags : Maroc, prostitution, pédophilie, pédocriminalité, sida, VIH,

    ABDELHAK NAJIB

    Phénomène urbain qui prend de plus en plus d’envergure, la prostitution au masculin se vit en toute liberté chaque jour à Casablanca et dans d’autres villes du Maroc, comme Marrakech, Tanger, Essaouira ou Agadir. Jeunes adolescents, moins jeunes, homosexuels convaincus ou candidats hétérosexuels aguerris au tapin nocturne sur quelques artères des grandes villes, ils fréquentent aussi les boîtes de nuit, des cabarets, des bars et des hôtels où ils ont leurs entrées. Dans ce milieu, la violence sous toutes ses formes est monnaie courante. Coups, blessures, agressions, abus sexuels, viols, proxénétisme primaire, vengeance… C’est le lot quotidien d’une partie de la jeunesse marocaine livrée à elle-même et à l’insouciance et au je-m’en-foutisme.

    « Il vaut mieux être une pute qu’un homme dans ce pays. Si j’avais de l’argent, je changerais de sexe, je deviendrais une femme, mais surtout je serais riche. Parce qu’ici, il y a deux choses qui marchent : être un grand voleur ou une pute. Moi, je veux être une pute ». Saïd, 19 ans a eu son baccalauréat, haut la main, c’est lui qui le dit. Mais il n’en est pas fier. Il habite Derb El Kabir, quatre frères, une sœur, le père est vivant, la mère aussi, mais lui, il n’aime pas avoir faim. Alors ? : « C’est un ami qui m’a montré cette voie. Il est passé me voir un jour vers quatre heures de l’après-midi et m’a demandé de l’accompagner chez des amis. Une fois chez ses amis, j’ai vite compris, et cela ne m’a pas dérangé. J’étais juste un peu surpris, mais après, je me suis détendu ». Saïd n’est pas offusqué qu’on qualifie ce qu’il fait de prostitution, mais il préfère le mot : « pute, oui je suis une pute, et alors ?» Saïd ne vit plus chez ses parents, mais il loue avec un ami dans l’ancienne médina. « C’est tout près du centre, et moi, je n’aime plus Derb El Kabir, ma famille m’a jeté et là je me sens plus libre ». Son quartier général, ce sont les trottoirs et les passages du boulevard Mohamed V. « Vers minuit, on sort du café derrière vers Driss Lahrizi, on fume de la chicha, et on se met au travail. Parfois, je lève un client en cinq minutes, parfois, cela traîne, mais je me fais ma nuit, coûte que coûte. Parfois, je vais à Aïn Diab dans un cabaret connu et là, je peux me faire plus de sous. C’est connu ». Saïd dit aussi qu’il se fout de ce que les gens peuvent penser : « quoi que tu fasses, on dira toujours du mal de toi. Tu crois que c’est facile de faire le tapin ici tous les soirs et de risquer sa vie ? Non, mon ami, c’est très risqué et dangereux et il faut les avoir bien en place pour faire ce que je fais, alors ceux qui me jugent, je leur dis d’aller se faire voir chez les Grecs ». 19 ans à peine, mais Saïd a le visage marqué de ceux qui ne dorment pas assez ou pas quand il le faut. Lui, il ironise en disant que chez lui tout est à l’envers…

    De quoi manger, de quoi se droguer et le Sida pourquoi pas !

    « Bien sûr que je fume et je bois et je peux prendre tout ce qui peut faire tourner la tête. J’ai besoin de me sentir bien, alors je ne me prive de rien. En plus, c’est bien d’avoir la tête ailleurs quand on fait le tapin, on ne voit pas le temps passer ». Saïd est un cas parmi des milliers d’autres qui sillonnent le Maroc du Nord au Sud à la recherche d’un moyen pour gagner des sous, et pour certains, encore trop crédules, ou irréversiblement naïfs, c’est aussi « un moyen de faire une bonne rencontre pour partir à l’étranger ». Oui, certains croient qu’ils vont tomber sur le touriste sympathique qui va succomber aux charmes des mâles marocains et qui va se décider à les prendre sous sa cape providentielle pour leur offrir le paradis avec vue sur une rue parisienne ou milanaise. « C’est déjà arrivé. Hassan a fait la pute pendant six ans et un jour un type est venu le prendre, ils sont partis à Marrakech, il a passé un week-end avec lui, et l’autre est devenu fou de lui. Alors il a fait des mains et des pieds pour lui débrouiller, un visa. Aujourd’hui, il vit en Italie. Il a une voiture, de l’argent et il ne fait plus la pute ».

    Tout le monde peut être client, la nuit

    Et les exemples fusent. Qui a trouvé un partenaire se prénommant Juan, qui, vit à Barcelone, qui a trouvé un autre, qui porte le nom germanique de Manfred, qui a même pris un ticket pour un pays arabe comme les Emirats, le Koweït et même l’Arabie Saoudite. «Koul wahed ou zahrou (traduisez : chacun sa chance.)» Et les jeunes rêvent de tickets de sortie. Mais le quotidien ne se conjugue pas souvent avec chance. Les cas de Hassan et tous les autres qui ont pu filer en douce sont rares, comparés à ceux qui restent là, sur le boulevard, chaque nuit, à attendre les clients pour quelques dirhams, un gueuleton et peut-être une nuit au chaud dans un plumard miteux, mais un plumard en tout cas. Cela les change des rues, du froid, des courses nocturnes pour éviter la police et de la faim au ventre. Parce que, ce qu’il faut savoir, c’est que le monde de la prostitution masculine est un univers dont les lisières ne sont jamais définies. On y trouve de tout : des homosexuels, des hétérosexuels et surtout des mineurs d’où un autre fléau qui se greffe sur le premier, puisque nous sommes de plein fouet dans la pédophilie la plus basique.

    «Il ne faut pas croire que ce sont des gars pauvres qui viennent ici pour se payer un petit coup dans la rue, le passage ou derrière une porte ! Pas du tout, il y a bien sûr des gens qui payent 20 dhs, mais d’autres peuvent donner même 200 dhs. J’ai couché avec des gars qui travaillent dans des sociétés, des banques, des hommes mariés, des touristes, des vieux, très vieux et parfois, il y a des femmes qui viennent ici pour lever un type tard dans la nuit. » Saïd connaît son milieu mieux que quiconque. Il en parle dans les détails et multiplie les anecdotes. Saïd a trouvé le moyen de tout relativiser : il met ses jugements sur lui-même et sur les autres en suspens et il vit ce qui se présente comme s’il n’avait rien à faire avec hier et demain. « Combien je peux gagner par mois ? Je ne sais pas. Mais parfois, en une nuit, je peux me faire 300 dhs. Des fois, moins. Mais tu sais, il faut manger, payer le loyer, l’eau et l’électricité et surtout acheter des habits. Moi, je vis de ce que je fais, il ne faut pas croire ». Ce qu’il dit aussi sans détours, c’est qu’il aime ces rencontres de la nuit, ces visages différents, ces parties de sexe à la va-vite, ce monde du risque. Saïd sait qu’il vit dangereusement, mais il ajourne le face-à-face avec la peur : « Le sida ? Oui, ça existe, et j’en connais qui l’ont chopé ici sur le boulevard. Mais moi, je me protège ». Tout le monde dit qu’il se protège sur ce boulevard et du côté du parc de la Ligue arabe, un autre haut lieu de rencontres nocturnes à la recherche du plaisir furtif. Pourtant, le Sida fait des ravages dans ce milieu spécialement. À la question si Saïd a déjà fait un dépistage, la réponse est claire : non et il ne le fera jamais. Pourquoi ? « Je ne veux pas savoir ». La véritable autruche qui met la tête dans le sable, sauf que pour lui, c’est tout près des égouts éventrés du passage Sumica, El Glaoui et autres. Qu’il finira droguer, malade, impuissant et seul. « Moi, je ne pense pas à demain. Je pense à aujourd’hui ».

    Il y a une constante dans ce milieu des prostitués masculins de la nuit. La violence. Tous les soirs, une bagarre, du sang qui coule. Tous les soirs, un type qui atterrit aux urgences. Toutes les nuits, un type qui perd ses illusions sur le lendemain qu’il ne veut pas voir. Tous les soirs un plus costaud qui vient prendre ta place et te met un gnon à l’œil et te laisse sans travail à cause d’un œil au beurre noir.

    Cicatrices et cassage de gueule

    Parce que qui voudrait batifoler avec un individu qui porte encore les stigmates de la violence, ce qui est l’anti-plaisir par excellence ? « On se bagarre souvent, parce que c’est un monde où la plus forte gagne plus d’argent. Il y a des types qui nous agressent, ce sont des drogués qui veulent baiser gratuitement, alors ça éclate et souvent il y a des coups de couteaux et du sang. Souvent la police vient embarquer tout le monde. « On est relâché après, présenté au tribunal pour coups et blessures ». À Oukacha, ils vont purger entre trois et six mois, et ressortent pour retrouver la rue. Ils sont plus coriaces, plus durs à cuire. Et le cycle de la violence monte d’un cran.

    Les jeunes portent des scarifications fruits de plusieurs automutilations, sinon des font tentatives de suicide ou encore de coups infligés par des concurrents de la rue. « Une fois, trois types qui travaillaient dans le parc sont venus ici et m’ont attaqué. Je n’avais pas de problème avec eux, je les connaissais de vue, mais ce soir-là ils sont venus ici exprès pour créer du grabuge. J’ai eu la main droite cassée et j’ai perdu une dent.

    Les services de police luttent contre toute cette violence, mais elle est tapie partout. Et les jeunes qui font le trottoir savent comment se débrouiller dans les méandres de la ville. Ils ont leurs cachettes, leurs raccourcis et leurs couvertures. Le monde de la nuit ayant ses propres règles, il est difficile de savoir qui est qui et qui fait quoi.

    Reste que pour tous ces jeunes qui sont là, tous les soirs, (il suffit de faire un tour en voiture au-delà de minuit pour voir toute cette faune étalée et dans l’expectative), les nuits se suivent et se ressemblent : un client, une moto qui s’arrête, la portière d’une bagnole qui s’ouvre, un coup bas, quelques dirhams, quelques contusions dans l’âme, la mort qui frôle de près et aucun espoir.

    Prostitution et pédophilie : Aucune frontière à l’horizon

    Les associations qui œuvrent sur le terrain dans plusieurs villes au Maroc s’occupant des enfants des rues, des mineurs, et qui tentent de sensibiliser la société civile, savent, grâce à un travail de proximité, que des milliers d’enfants marocains sont victimes d’abus sexuels par des individus plus âgés moyennant quelques dirhams. D’un autre côté, des associations comme l’Alcs, dont le travail de lutte contre le Sida se passe de tout commentaire, ont diagnostiqué aussi les risques liés à la prostitution masculine en rapport avec le virus du sida.

    Sans oublier les réflexions de plusieurs pédo-psychiatres ou psychanalystes qui mesurent les traumatismes qui résultent des abus sexuels, des viols, de la prostitution et de la dégradation de l’image de soi.


    Tout cela pour dire que le problème que pose la prostitution masculine au Maroc diffère à plus d’un titre de sa sœur jumelle la prostitution au féminin, qui, elle, est régie par des codes et des pratiques autres. Dans ce monde exclusivement masculin, les premières victimes sont les enfants des rues. Livrés à eux-mêmes, sans encadrements, n’étaient le travail des associations, ils sont une proie facile.

    Ils sont violés dans les ports où ils trouvent refuge et pour dormir et pour manger, ils sont abusés par plus grand qu’eux dans les passages, la nuit moyennant une protection contre l’agressivité ambiante. Ils sont surtout les victimes de plusieurs pédophiles, dont des touristes qui profitent de leur précarité pour profiter d’eux. C’est simple, et les témoignages à cet égard sont très nombreux et surtout révélateurs du danger qui guette ces gamins, un sandwich, un jus de fruits, un gâteau à la crème dans une laiterie et le gamin est pris dans les filets. Et c’est compréhensible. Comment un gamin de 10 ou 12 ans, le corps noué par la faim et la soif, éreinté par le manque de sommeil et les courses interminables dans les rues, peut-il opposer la moindre résistance à un adulte qui lui fait miroiter un bon sandwich accompagné d’une limonade, avec un jus de fruits panaché pour dessert ? Impossible de dire non, impossible de résister, impossible de rester la faim au ventre. Des fois, les pédophiles leur achètent des sandales chez les Chinois à 30 dhs et un pull ou un jeans à 50 balles et le tour est joué. Souvent, ils atterrissent dans des salles de cinéma où ils sont touchés et se laissent faire, par besoin, par peur, par ignorance, juste comme ça… Dans d’autres cas, ce sont des cireurs, encore des gamins de 10 à 14 ans, qui se font accoster par plus grand qu’eux, marocains ou étrangers, se font cirer les chaussures et se voient proposer un extra, mais ailleurs. Et la suite est prévisible : encore un morceau à se mettre sous la dent, un billet de 20 dhs et le gamin passe à la biroute. Cela, c’est la réalité de la rue. La stricte réalité de milliers de gosses qui ne peuvent rien contre ce qu’ils subissent. Certains iront même jusqu’à penser que ce qu’ils vivent est dans l’ordre des choses parce que personne ne leur a expliqué que c’est un crime et que les pédophiles doivent payer pour leurs agressions. Et surtout, ne comptez pas sur ces enfants pour dénoncer qui que se soit, ni de porter plainte. Ils gardent ce qu’ils subissent pour eux, mais entre eux, dans leur milieu, ils savent tous, que les prédateurs rôdent et que dans cette jungle qui s’appelle la vie, il y a rarement des moyens pour s’en tirer.

    Sans famille

    Ce que nous avons remarqué durant cette enquête, c’est que rares sont les jeunes qui vivent encore avec leurs familles ou qui ont gardé des liens avec les leurs. Pour la plupart, c’est la débrouille, même quand ils sont encore jeunes (18 à 20 ans). Ils vivent chez des amis, entre eux, louent des chambres sur des terrasses, ou dorment parfois dans la rue. « Cela fait trois ans que je n’ai pas vu mes parents ni mes frères. Ils savent ce que je fais et ils ne veulent pas de moi ». Le rejet familial est la première conséquence à prendre au sérieux. Du jour au lendemain, on se retrouve seul, sans soutien, sans personne sur qui compter. On mesure le choc de la solitude et surtout la dureté de la vie dans la rue. Le mot jungle prend ici toute sa valeur. « Moi, mon père a menacé de me ramener les flics si je venais taper chez lui. Et il peut le faire. Il a honte de moi ». D’autres disent avoir été séquestrés par leurs frères, tabassés par leurs pères, menacés de mort même. Alors, pour eux, il n’y a plus de retour en arrière. La famille, c’est fini. Reste le monde de la rue, les faux amis, les coups bas et surtout l’attente de l’irrémédiable qui finira par arriver. Ou la mort ou la prison. Et rien d’autre.

    3 questions à Othmane Mellouk*

    « Travailleur du sexe : c’est aujourd’hui un métier »

    LGM : La prostitution masculine prend de plus en plus d’ampleur dans les grandes villes du Maroc, quelles en sont les raisons ?

    Othmane Mellouk : Vous savez, ce n’est pas un phénomène nouveau. Cela a toujours existé, mais aujourd’hui, ce qui est nouveau, c’est la visibilité, alors qu’avant cela se faisait en cachette pour toutes les raisons sociales, de morale…

    Les temps ont changé et les mentalités aussi, ce qui fait que les hommes osent se montrer plus. C’est dans ce sens que je parle de visibilité. Et c’est vrai que c’est un phénomène très étendu dans les grandes villes. Pour nous, au sein de l’ALCS, nous avons un projet conçu avec le ministère de la Santé et le Fonds mondial de lutte contre le sida, pour la prévention dans des villes comme Casablanca, Marrakech, Tanger, Agadir, Essaouira, El Jadida et d’autres villes.

    C’est vous dire que nous avons conscience de l’importance du phénomène et des risques qui y sont liés. Aussi, je tiens à ajouter que pour nous, on ne parle pas de prostitués masculins, mais de « travailleurs du sexe » pour éviter toute connotation péjorative.

    Sur le terrain, comment évaluez-vous ce phénomène ?

    D’abord, il y a une différence entre les travailleurs du sexe masculins et féminins. Pour les hommes, il n’y a pas d’intermédiaire, donc le gain est plus conséquent. Ce qu’il faut savoir que pour les femmes, les tarifs sur le terrain peuvent descendre jusqu’à 15 dhs voire moins dans les milieux ruraux, comme l’Atlas, mais pour les hommes, le minimum, c’est 50 dhs, et cela peut aller jusqu’à 200 ou 300 dhs par client.


    Ce qu’il faut savoir aussi, que pour les hommes, il y a deux types de travail, celui qui cache un problème d’ordre psychologique : le type est homosexuel et pour justifier son acte, il le fait pour l’argent, genre : « je ne suis pas homo, je le fais que pour l’argent ». Ce sont là, des jeunes qui peuvent s’en sortir facilement. Mais il y a aussi ceux qui le prennent pour un véritable métier.
    Les jeunes louent des appartements comme c’est le cas à Marrakech où le phénomène est répandu, ils quittent leurs familles par peur, par rejet, parce qu’ils ont été menacés par les leurs et travaillent de façon régulière.

    Comment prévenir les risques liés au travail du sexe chez les hommes ?

    Il y a des programmes de prévention. Au Maroc, cela s’est fait très tôt. Et nous recevons des jeunes qui viennent chercher des préservatifs et faire des tests qui restent secrets et anonymes. Donc, certains sont conscients des risques. Chez nous, nous n’avons pas d’étude dans le milieu masculin, mais pour les femmes, 2% des travailleuses du sexe (prostituées) seraient séropositives. Mais nous sommes en avance par rapports à d’autres pays arabes comme l’Egypte où le pourcentage masculin de séropositifs est de 7%. Alors qu’au Maroc il serait plus bas que celui des femmes. Mais la prévention est importante et des prises en charges doivent être mises en place. Les risques sont bien réels, et le phénomène n’est pas près de disparaître, c’est le contraire qui pourrait avoir lieu.

    *Othmane Mellouk est président de l’ALCS (Association de lutte contre le Sida) de Marrakech

    La Gazette du Maroc, 26 – 03 – 2007

    #Maroc #Prostitution #Pédophilie #Pédocriminalité

  • Conflit entre le Makhzen et la princesse Mathilde de Belgique

    Conflit entre le Makhzen et la princesse Mathilde de Belgique

    Maroc, Makhzen, PJD, Princesse Mathilde de Belgique, UNICEF, Sidaction, sida,

    En avril 2007, le Maroc a annulé la viste de la Princesse Mathilde de Belgique, aujourd’hui règne. Voici quelques articles à ce sujet parus dans la presse belge ainsi que la réponse du PJD aux informations rapportées par la presse de Bruxelles :

    Une mission annulée par crainte de l’islamisme ?

    C’est une « première » dans l’histoire récente de la monarchie : la princesse Mathilde qui devait présider une mission au Maroc comme représentante spéciale de l’Unicef et d’Onusida autour de la problématique « enfants et sida » a dû se rendre à l’évidence qu’elle avait été annulée pour cause de « problème d’agenda » dans le chef des autorités marocaines.
    Christian Laporte
    La Libre.be, 02-05-2007

    C’est une « première » dans l’histoire récente de la monarchie : la princesse Mathilde qui devait présider une mission au Maroc comme représentante spéciale de l’Unicef et d’Onusida autour de la problématique « enfants et sida » a dû se rendre à l’évidence qu’elle avait été annulée pour cause de « problème d’agenda » dans le chef des autorités marocaines. C’est en tout cas ce que l’ambassadeur du Maroc a fait savoir à l’agence Belga. Et il se tiendra à cette unique explication malgré l’insistance pressante de « La Libre ».

    Ce report qui ressemble à s’y méprendre à une annulation sine die ennuie forcément toutes les parties concernées. Du côté du gouvernement « en roue libre », pas question de créer des tensions avec le Maroc; du côté du Palais, on insiste sur les bonnes relations avec la famille royale marocaine qui a été soulignée en 2004 par la visite d’Etat d’Albert et de Paola chez Mohamed VI.

    Chez Unicef-Belgique aussi, on a pris acte de la décision marocaine non sans constater que la mission similaire qui avait été organisée à la mi-février 2006 en Tanzanie s’était passée sans encombre, dans un pays où le fléau de la maladie est bien plus répandu.

    Alors ? Il semble que la campagne de presse lancée par plusieurs journaux marocains contre la visite « non pas de la Princesse, mais de la représentante de l’Unicef et d’Onusida » ait fait réfléchir Rabat sur l’opportunité de la mission. L’on sait que des élections législatives sont programmées cette année dans le royaume chérifien, et dans les milieux du pouvoir, l’on redoute une avancée islamiste. C’est pourquoi on veillerait à ne pas provoquer outre mesure par rapport à une maladie très connotée sur le plan moral.

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    La mission de la Princesse Mathilde au Maroc reportée

    La mission au Maroc que devait effectuer la Princesse Mathilde, du 2 au 4 mai prochains, en sa qualité de représentante spéciale de UNICEF/UNAIDS pour la problématique « enfants et SIDA », a été reportée, a-t-on appris dimanche auprès du porte-parole du Palais.

    L’Echo.be, 29 avril 2007

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    Mathilde indésirable ?
    N. F.
    La DH, 02-05-2007

    Sa mission au Maroc pour l’Unicef et Onu-Sida est reportée sine die


    BRUXELLES Pas de véritable explication. La décision serait venue du siège de l’Unicef, à Genève, et a été communiquée dimanche après midi : la princesse Mathilde ne se rendrait pas au Maroc comme convenu, pour une mission prévue du 2 au 4 mai. Aucune autre date n’a été avancée.

    Cette mission, pour laquelle le Palais n’a rien organisé (son porte-parole ne peut d’ailleurs fournir d’explications sur les causes du report), devait se dérouler à Rabat et Casablanca. La princesse Mathilde, qui devait notamment y rencontrer les soeurs du roi du Maroc, qui parrainent des associations locales d’aide aux enfants victimes du sida, y assistait en sa qualité de représentante spéciale de l’Unicef et de l’Onu-Sida dans le cadre de leur campagne mondiale conjointe à propos des orphelins et enfants rendus vulnérables par le sida. À ce titre, Mathilde a visité la Tanzanie en 2006. Au Maroc, elle devait être accompagnée du Dr belge Peter Piot, directeur exécutif de l’Onu-Sida.

    Le report inattendu est-il lié à des raisons de sécurité (les récents attentats islamistes survenus à Casablanca ?) ou plutôt aux critiques larvées de la presse marocaine, qui a mal interprété la visite princière ? « La princesse Mathilde est la bienvenue au Maroc mais pas en tant que représentante du Fonds Sida des Nations unies. Elle entend s’enquérir du vécu des malades atteints de sida au Maroc « , rapportait ainsi le quotidien La Gazette du Maroc . « Autant qu’on sache, le royaume n’est, Dieu merci, pas un de ces pays où le fléau du VIH fait des ravages dans la population, et ceux qui en sont atteints reçoivent les soins appropriés « , ajoutait le journal. Qui suggérait dans la foulée que Mathilde ferait mieux de s’intéresser au sort des enfants sidéens dans « les anciennes colonies belges ».

    Pour l’Unicef Belgique, Benoît Melebeck, pour sa part, ne lie pas le report de mission et ce qui s’est dit dans la presse locale, mais explique ne pas pouvoir fournir d’autres motifs. L’ambassade du Maroc n’émet pas d’autres commentaires : elle motive les événements par des contraintes de calendrier. Vague…

    Pourtant, cette attendue mission n’avait pour autre objectif que de mettre en évidence les progrès réalisés au Maroc en matière de riposte au sida, en particulier auprès des jeunes. « Le Maroc a été choisi étant donné son engagement exceptionnel, ses progrès et son expérience en matière de lutte contre le sida », rappelait encore l’Unicef, qui notait une prévalence faible (18.000 séropositifs en 2005) du HIV au Maroc…

    © La Dernière Heure 2007

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    La réaction du PJD a été une mise au point que le parti a demandé de publier en guise de droit de réponse:

    Mise au point

    Dans les colonnes de votre journal du jeudi du 03/04/07, Mr Christian Laporte a rapporté que la Princesse Mathilde a annulé une mission au Maroc en tant que Représentante Spéciale de l’Unicef et d’Onusida.

    Malgré les explications de l’Ambassade du Maroc sur les raisons objectives de ce report, l’auteur de l’article, a cru utile de tenter de forcer la logique des choses –pourtant évidente- en trouvant le moyen de lier ce report à une prétendue crainte que les islamistes exploiteraient cette mission à des fins électoralistes.

    Le PJD se sent concerné par une telle interprétation qui donne une image négative du parti voire de la société marocaine.

    Notre parti s’étonne que l’on tente ainsi de lui faire porter la résponsabilité du report de cette visite. Au demeurant, les deux seuls organes de presse nationaux qui, à ma connaissance, se sont interogés sur l’opportunité de cette visite, ne relèvent ni de près ni de loin de notre sensibilité politique. Vous conviendrez avec moi que c’est bien peu dans la pluralité exeptionnelle du paysage médiatique marocain et je ne vois, en aucune manière non déplaise à l’auteur de l’article, a quel titre notre parti aurait été responsable du report de la visite.

    Le sida n’est pas un tabou au Maroc et nous sommes mobilisés, contre ce fléau et ouverts à toutes formes de coopération en la matière. Je vous informe, au demeurant que nous avons participé l’année dernière, tout autant que les acteurs nationaux concernés, à l’opération collective réalisée à l’echelle nationale « SIDACTION ».

    Nous vous prions d’avoir l’amabilité de publier cette mise au point.

    Daoudi

    #Maroc #Makhzen #PJD #Islamisme #Princesse_Mathilde #Sidaction #UNICEF

  • Variole du singe, un nouveau SIDA ?

    Variole du singe, un nouveau SIDA ?

    Variole du singe, sida, OMS, monkeypox, homosexualité, bisexualité

    L’Organisation mondiale de la santé a tenu une réunion d’urgence sur l’épidémie de monkeypox, qui a commencé à se propager dans plusieurs pays, tandis que l’Agence britannique de sécurité sanitaire a révélé que la propagation de la maladie concernait sensiblement les « homosexuels et bisexuels » au Royaume-Uni et en Europe.

    Et le ministère espagnol de la Santé a annoncé, hier vendredi, que le nombre total de personnes infectées par la maladie en Espagne a atteint 39, qui est le pays avec le plus grand nombre de cas de la maladie au monde.

    …Dans les bains sauna…

    Le conseiller à la santé du gouvernement régional de Madrid, Enrique Ruiz Escudero, a révélé que les procédures de suivi des cas menées par la direction de la santé publique du gouvernement régional de Madrid ont révélé que la majorité des cas de la maladie étaient liés à un bain « sauna » fréquenté par les homosexuels.

    Des cas ont également été surveillés en Grande-Bretagne et au Portugal, tandis qu’une infection a été enregistrée dans l’État américain du Massachusetts.

    Des experts britanniques ont déclaré qu’elles soupçonnaient que le monkeypox avait été infecté par des relations sexuelles entre personnes de même sexe.

    La conseillère médicale en chef de l’Agence britannique de sécurité sanitaire, Susan Hopkins, a révélé qu’une proportion importante des cas récents de patients atteints de monkeypox au Royaume-Uni et en Europe ont été enregistrés chez des homosexuels.

    Elle a ajouté que la Grande-Bretagne s’attendait à découvrir davantage de cas dans les prochains jours, appelant les professionnels de la santé à « augmenter la vigilance ».

    Auparavant, le ministère britannique de la Santé avait confirmé que 20 cas de monkeypox avaient été détectés, dont 11 annoncés vendredi.

    Transmission par la salive, les transmissions nasales et les serviettes, draps, etc

    Et 11 pays d’Europe et d’Amérique du Nord ont annoncé avoir détecté des infections à monkeypox, dont l’Italie, le Portugal, la Suède, la France, ainsi que l’Allemagne, la Belgique, le Canada et les États-Unis.

    L’American Society of Tropical Medicine a déclaré à propos de la propagation du monkeypox qu’il n’y avait « aucune raison de paniquer », mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a traité l’épidémie avec plus de prudence.

    Vendredi matin, l’Australie a confirmé le premier cas de monkeypox à Victoria, tandis qu’un autre cas fait toujours l’objet d’une enquête à Sydney.

    La maladie se transmet par la salive, les sécrétions nasales et les éruptions cutanées qui en résultent, ainsi que par l’utilisation d’objets courants tels que la literie et les serviettes, ainsi que par les relations sexuelles, en particulier celles entre personnes du même sexe.

    LSA, 21-05-2022

  • Le virus du SIDA utilisé en thérapie génique pour soigner la maladie du « bébé bulle ».

    Une thérapie génique faisant appel à un auxiliaire improbable, le virus du sida, a permis de redonner un système immunitaire fonctionnel à 48 bébés et jeunes enfants qui en étaient dépourvus à la naissance, ont rapporté des médecins mardi.

    Les résultats montrent que tous les enfants, à l’exception de deux d’entre eux, qui ont reçu la thérapie expérimentale dans le cadre d’une étude, ont désormais des capacités saines de lutte contre les germes.

    « Nous prenons ce qui aurait été une maladie mortelle et guérissons la plupart de ces enfants avec un seul traitement, a déclaré le Dr Donald Kohn de l’hôpital pour enfants Mattel de l’UCLA, qui a dirigé l’étude.

    « Ils sont en liberté, vont à l’école, font des choses normales, sans craindre qu’une infection ne mette leur vie en danger, a-t-il ajouté.

    Les deux autres enfants qui n’ont pas bénéficié de la thérapie génique ont ensuite subi avec succès une greffe de moelle osseuse. Les médecins disent qu’il faudra plus de temps pour savoir si l’un des 50 enfants est guéri, mais ils semblent aller bien jusqu’à présent.

    Les enfants étaient atteints du syndrome d’immunodéficience combinée sévère, ou SCID, qui est causé par un défaut génétique héréditaire qui empêche la moelle osseuse de produire des versions saines des cellules sanguines qui forment le système immunitaire. Sans traitement, cette maladie est souvent mortelle au cours de la première ou des deux premières années de vie.

    Elle est devenue connue sous le nom de « maladie du garçon bulle » en raison d’un cas survenu dans les années 1970 impliquant un garçon du Texas qui a vécu pendant 12 ans dans une bulle de plastique protectrice pour l’isoler des microbes. On l’appelle maintenant « maladie des bébés bulles » parce qu’une vingtaine de défauts génétiques différents, dont certains affectent aussi bien les filles que les garçons, peuvent la provoquer.

    Une greffe de moelle osseuse d’un frère ou d’une sœur génétiquement compatible peut guérir la maladie, mais la plupart des enfants n’ont pas de donneur compatible et le traitement est risqué – le garçon texan est mort après une greffe.

    Les patients sont maintenant traités par des doses bihebdomadaires d’antibiotiques et d’anticorps qui combattent les germes, mais ce n’est pas une solution permanente.

    Les médecins pensent que la thérapie génique pourrait l’être. Ils prélèvent une partie des cellules sanguines du patient, utilisent un virus du sida désactivé pour insérer une version saine du gène dont les enfants ont besoin, puis renvoient les cellules par voie intraveineuse.

    Josselyn Kish, aujourd’hui âgée de 11 ans et vivant à Las Vegas, a subi cette thérapie à l’UCLA lorsqu’elle avait 3 ans. Lorsqu’elle était bébé, elle souffrait d’éruptions cutanées, d’un zona douloureux et de diarrhées fréquentes, a déclaré sa mère, Kim Carter. « La crèche m’appelait plusieurs fois par semaine pour que je vienne la chercher parce qu’elle avait toujours de la fièvre ».

    Après la thérapie génique, « elle a tout de suite été mieux », a déclaré Mme Carter. Aujourd’hui, « elle tombe rarement, rarement malade » et a pu se rétablir chaque fois qu’elle l’a fait. Cet espoir s’étend à la nouvelle infection de Josselyn – on vient de lui diagnostiquer le COVID-19 et jusqu’à présent, elle ne présente que des symptômes très légers.

    Au total, 27 enfants ont été traités à l’hôpital de Los Angeles, trois aux Instituts nationaux de la santé des États-Unis près de Washington et 20 au Great Ormond Street Hospital de Londres. Le fait que le traitement semble sûr dans plusieurs hôpitaux qui le pratiquent rend l’étude « très puissante », a déclaré le Dr Stephen Gottschalk du St. Jude Children’s Research Hospital à Memphis.

    Il n’a joué aucun rôle dans la nouvelle étude, mais lui et ses collègues ont réalisé une thérapie génique similaire sur 17 autres enfants atteints de SCID.

    « Les gens nous demandent si c’est un remède. Qui sait à long terme, mais au moins jusqu’à trois ans, ces enfants se portent bien », a déclaré Gottschalk. « La fonction immunitaire semble stable dans le temps, donc je pense que c’est très, très encourageant ».

    Les résultats de l’étude dirigée par UCLA ont été publiés mardi par le New England Journal of Medicine et présentés lors d’une conférence en ligne de l’American Society of Gene & Cell Therapy. Les travaux ont été financés par des subventions des agences sanitaires des gouvernements américain et britannique et par l’Institut californien de médecine régénérative, financé par les impôts. Kohn est un inventeur du traitement et un conseiller de la société qui le développe actuellement, Orchard Therapeutics, basée à Londres.

    Le département santé et sciences de l’Associated Press reçoit le soutien du département d’éducation scientifique du Howard Hughes Medical Institute. L’AP est seul responsable de tout le contenu.

    Associated Press, 11 mai 2021

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