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  • Rapport de la BM et données gouvernementales: Comparaison

    Rapport de la BM et données gouvernementales: Comparaison – Algérie, Banque Mondiale, situation économique,

    Comparaison entre le rapport de la banque mondiale sur l’économie algérienne et les données gouvernementales : les défis pour 2022, urgence de profondes réformes pour relancer l’économie nationale

    Nous n’avons pas attendu le rapport de la banque mondiale pour attirer l’attention sur l’urgence de profondes réformes ( voir nos écrits Abderrahmane Mebtoul www.golgle.com 1980-2021) .La banque mondiale vient de publier un rapport forces et faiblesses sur l’état et les perspectives 2021/2022 de l’économie algérienne et non un rapport dramatique comme rapporté par l’APS. Vouloir opposer la Banque mondiale et le FMI traduit une méconnaissance des enjeux des nouvelles relations internationales. Comme du fait de l’ancienne culture, vouloir relancer l’économie à partir de lois, de codes, de commissions est un leurre, alors qu’ils ‘agit de lever les contraintes bureaucratiques qui paralysent l’épanouissent du savoir et les entreprises créatrices de richesses. L’objet de cette présente contribution est de comparer les données de ce rapport avec celles du gouvernement afin que le lecteur puisse se faire une idée sur des bases objectives, loin de toutes querelles stériles qui n‘apportent aucune valeur ajoutée pour le pays. Le mal est en nous et la solution du seul ressort des algériens où loin de la vision de sinistrose , l’Algérie n’est pas au bord de la faillite. Selon nos calculs reprenant les données du gouverneur de la banque d’Algérie, le montant des réserves de change non compris l’or avoisinerait fin 2021, 41/42 milliards de dollars et les importations de biens et services environ 44 milliards de dollars et non 50 milliards de dollars comme rapporté par la banque mondiale

    1.-Le rapport de la banque mondiale de 2021 sur l’économie algérienne

    Le rapport sur les perspectives économiques mondiales intitulé «Traverser la pandémie, engager des réformes structurelles», est divisé en quatre chapitres. Le chapitre 1 présente les développements macroéconomiques en Algérie au courant de l’année 2021. Le chapitre 2 décrit les perspectives à court et moyen terme de l’économie algérienne. Le chapitre 3 présente l’évolution de la pauvreté non-monétaire en Algérie entre 2013 et 2019. Enfin, le chapitre 4 propose un survol des enjeux liés à la gestion des risques de catastrophe naturelle en Algérie. La Banque mondiale indique que «l’économie mondiale devrait progresser de 4% en 2021, à condition que le déploiement initial des vaccins contre la Covid-19 débouche sur des campagnes massives de vaccination tout au long de l’année». Selon la Banque mondiale, les répercussions de la crise sanitaire et économique ont engendré en Algérie une contraction du produit intérieur brut (PIB) de l’ordre de 6,5% en 2020, mais la croissance du PIB devrait connaître une hausse de 3,8% en 2021 et de 2,1% en 2022. Après une forte reprise au deuxième semestre 2020, portée par le rebond de l’investissement et de l’activité dans le secteur de la construction, le PIB s’est contracté aux premier et deuxième trimestre 2021, suivant l’essoufflement de l’activité dans les secteurs de la construction et des services. Au premier semestre 2021, le PIB et le PIB hors-hydrocarbures demeuraient respectivement, 3,1 % et 3,9 % inférieurs à leur niveau antérieur à la pandémie. Selon les estimations de la Banque mondiale, les importations atteindraient 50 milliards de dollars en 2021 et le déficit budgétaire global devrait, s’être accru pour atteindre 16,4 % du PIB en 2020. Malgré la forte contraction des importations et la dépréciation modérée du taux de change, le déficit du compte des transactions courantes aurait atteint 14,4 % du PIB, tandis que les réserves internationales seraient tombées à 46,9 milliards de dollars à la fin de 2020 (ce qui représente une diminution de 24 % en glissement annuel), soit l’équivalent d’environ 12,8 mois d’importation. Les risques liés aux financements accordés par les banques publiques à des entreprises d’État en difficulté ont considérablement augmenté, les liquidités des banques publiques où sur les six banques publiques, qui détiennent environ 90% du total des dépôts du pays, quatre ont un grand besoin de liquidités.

    Commentant les données annoncées par le Ministère du commerce où les importations, qui représentent une part importante dans les dépenses publiques (évaluées à 34,4 milliards de dollars en 2019), la BM note qu’ elles enregistrent une baisse de 18% en 2020 en comparaison avec l’année 2019. Ainsi, les revenus du pays, qui proviennent essentiellement de l’exportation des hydrocarbures, la hausse récente contribuant à réduire nettement les besoins de financement extérieur, et permettant de stabiliser à court terme les besoins croissants de financement domestique, ont enregistré une baisse de 33% en 2020, évalués à 23,8 milliards de dollars (19,7 milliards d’euros), contre 35,5 milliards de dollars (29,3 milliards d’euros) en 2019. Dans un contexte hautement incertain, du fait de la dépendance du cours des hydrocarbures qui échappent à toute décision interne, l’équilibre des risques affiche une tendance pessimiste, avec d’éventuelles nouvelles vagues d’infections au coronavirus susceptibles de nuire à la reprise économique. En l’absence d’une mise en œuvre rapide de l’agenda de réforme, la reprise sera fragile et les soldes budgétaire et extérieur se détériorent à moyen terme.

    Dans ce contexte, complexe, la Banque mondiale recommande la mise en œuvre d’une stratégie de relance articulée autour d’un modèle économique qui repose sur la diversification économique et sur l’impulsion du secteur privé, conditionnée par la mise en œuvre de réformes structurelles qui consistent dans la réduction des déséquilibres macroéconomiques, dans la relance de la consommation et dans la production et l’exportation des hydrocarbures. Plus concrètement, pour les économies des pays en voie de développement, la Banque mondiale recommande aux gouvernements d’adopter des politiques qui améliorent l’accès à la santé et à l’éducation, de lutter contre la pauvreté et de démocratiser l’accès au numérique et la mise en œuvre d’une stratégie de gouvernance qui intégrerait la lutte contre le changement climatique et favoriserait les investissements de développement durable. La reprise de l’économie se trouve également conditionnée par la maîtrise budgétaire: disponibilité des moyens de financement, stabilité monétaire et préservation du pouvoir d’achat représentent de grands défis pour le gouvernement.

    Concernant la pauvreté, où l’indicateur de la banque mondiale repose sur la pauvreté multidimensionnelle (ipm), variant de 0 à 100, « où 100 , une approche non monétaire permettant de mesurer le niveau de privation en se concentrant sur trois grandes dimensions : la santé, l’éducation et les conditions de vie . Pour la banque mondiale, « le pourcentage de personnes vulnérables à la pauvreté multidimensionnelle a baissé de 5,8 à 3,6 %. le taux de pauvreté multidimensionnelle de l’Algérie , 1,4 % est meilleur que celui de ses voisins régionaux, l’Egypte (5,2 %), l’Irak (8,6 %) et le Maroc (6,1 %), mais plus bas que le taux de pauvreté comparativement faible de la Tunisie (0,8 %) ». Ainsi, pour l’Algérie, il y a eu une nette baisse du taux de pauvreté entre 2013 et 2019 variant considérablement selon les régions de pays, et entre les zones rurales et urbaines et que le taux de pauvreté est quatre fois plus important dans les zones rurales que dans les zones urbaines en 2019. Les hauts plateaux-centre, les hauts plateaux-ouest et la région sud, avec les taux de pauvreté récents de 4,4 %, 2,6 % et 2,3 % ont enregistré une réduction significative de la pauvreté. Mais les lacunes en matière d’éducation contribuent pour près de le moitié à la pauvreté multidimensionnelle globale en 2019 (+2,2 points de pourcentage par rapport à 2013), tandis que le dénuement sur le plan sanitaire contribue à 30 % (+1,3 pp) et de mauvaises conditions de vie de base à 20 % (–3,7 pp)

    2. Les données officielles du gouvernement sur l’état de l’économie 2020/2021

    Selon la Banque d’Algérie dans son rapport de décembre 2021, le déficit de la balance commerciale est passé de 10,504 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 1,571 milliard de dollars à fin septembre 2021, ce qui donnerait à la même tendance fin 2021, environ 2,1 milliards de dollars. Ce recul du déficit est dû principalement à la forte hausse du prix du pétrole où, au cours des neuf premiers mois de 2021, le prix moyen a enregistré une hausse de 66,6%, passant de 41,365 dollars/baril, au cours de la même période de l’année écoulée, à 68,917 dollars/baril (les quantités d’hydrocarbures exportées exprimées en Tonne Equivalent Pétrole (TEP), ayant augmenté de 20,9%) permettant de dynamiser les exportations qui sont estimées 26,402 milliards de dollars donnant en tendance fin 2021 35,02 milliards de dollars. La valeur totale des exportations des hydrocarbures est évaluée à 23,387 milliards à fin septembre 2021, ce qui donnerait avec la même tendance fin 2021, 31,1888 milliards de dollars y compris les dérivés. La balance commerciale a une signification limitée devant prendre en compte la balance des paiements qui inclut les services et les mouvements de capitaux.

    Ainsi, les exportations de services ont connu une stagnation estimée à 2,300 milliards de dollars à fin septembre 2021 et les importations de services ayant enregistré un niveau de 5,015 milliards de dollars à fin septembre 2021, ce qui donnerait avec la même tendance fin 2021, 6 ,696 milliards de dollars accusant une forte baisse par rapport aux années 2010/2019 où les transferts de devises fluctuant entre 10/11 milliards de dollars. Le déficit du solde du compte courant est estimé à 5,543 milliards de dollars à fin septembre 2021 donnant en tendance, 7.392 milliards de dollars, avec un solde du compte capital et des opérations financières affiche, à fin septembre 2021, un excédent de 3,104 milliards de dollars soit en tendance annuelle 4,4140 milliards de dollars ayant un impact sur le solde de la balance des paiements. Le solde du compte capital et des opérations financières affiche, à fin septembre 2021, un excédent de 3,104 milliards de dollars. Au total, les exportations de biens et services ont atteint 28,702 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2021, ce qui donnerait en tendance annuelle 38,280 milliards de dollars et en incluant les services, le total des importations de biens et de services est passé de 32,388 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 32,988 milliards de dollars au cours de la période, ce qui donnerait en tendance annuelle 43,992 milliards de dollars de sorties de devises pour fin 2021.

    Les réserves de change, ont atteint 44,724 milliards de dollars à fin septembre 2021 et y compris les réserves d’or (173 tonnes), environ 11 milliards de dollars, sont de 55 milliards de dollars au 30/09/2021. Les réserves de change, dans l’hypothèse du même scénario que les neuf premiers mois de 2021, diminuerait de 6,784 milliards de dollars par rapport à 2020 (48 milliards de dollars) donc fin 2021, nous aurons entre 41/42 milliards de dollars non compris l’or et environ 52/53 milliards de dollars y compris l’or. Le niveau d’inflation est le résultat de la restriction des importations, de la dévaluation du dinar, la faiblesse de l’offre et des émissions monétaires sans contreparties productives, la masse monétaire ayant enregistré une croissance de 12,79% durant les dix premiers mois de l’année en cours 2021. Du fait que plus de 85% des matières premières sont importées, le taux d’intégration faible, tant pour les entreprises publiques et privées, sans compter l’assistance technique étrangère, avec la dévaluation du dinar entre 2022 et 2024, l’inflation sera de longue durée. Comme conséquence de ce processus inflationniste, l’extension des rentes spéculatives avec l’amplification de la sphère informelle et la nécessité de relever d’au moins deux à trois points le taux directeur des banques afin d’éviter leur faillite, freinant par ricochet l’investisseur productif dont la rentabilité est à moyen et long terme.

    Le PLF 2022 prévoit 149,3 DA pour un dollar 2022, 156,8 DA/dollar en 2023 et 164,6 DA/dollar en 2024, la cotation officielle avec un écart de plus de 50% sur le marché parallèle, (entre 213/215 dinars un euro cours achat/vente) du dinar étant le 23/12/2021 de 138,8054 dinars un dollar et 157,1277 dinars un euro. Ce dérapage du dinar permet d’atténuer le montant de ce déficit budgétaire Pour plus d’objectivité, quant au niveau des réserves de change, l’on doit tenir compte du nombre de projets bloqués dont la réalisation aurait donné un déficit de la balance commerciale fin 2021 plus important. Si on avait mis en œuvre les 402 projets bloqués, et en prenant en moyenne une sortie de devises pour des projets PMI/PME concurrentiels au niveau du marché mondial, le Premier ministère parle d’un montant d’environ 90 milliards de dollars dont une partie importante en devises avec seulement de 50/70 millions de dollars pour la partie devises, sans compter la partie dinars, et les projets hautement capitalistiques qui fluctuent entre les 2/4 milliards de dollars, auraient été pour les 402 projets entre 20 milliards et 28 milliards de dollars entre 2020/2021, ce qui donnerait fin 2021 entre 13 et 20 milliards de dollars de réserves de change. Quel sera l’impact sur le niveau des réserves de change pour 2022 où selon le gouvernement, il y aura relance de tous ces projets bloqués avec une part importante de sorties de devises, ainsi que de nouveaux projets afin d’éviter de vives tensions sociales sans un afflux conséquent des investisseurs étrangers en nette baisse entre 2019/2021 ? On évoque actuellement la nationalisation des unités des oligarques. Attention de ne pas renouveler les erreurs du passé, puisque selon les données du Premier ministère, des coûts d’assainissement durant les trente dernières années ont coûté au Trésor public environ 250 milliards de dollars et durant les 10 dernières années, selon les fluctuations du taux de change, les réévaluations environ 60/65 milliards de dollars.

    La loi de finances 2022 prévoit une croissance de 3,3% contre 3,4% en 2021 Malgré le dérapage du dinar pour ne pas dire dévaluation de 5 dinars vers les années 1970/1973 de 80 dollars entre 2000/2004 et actuellement entre 138/139 dinars un dollar, cela n’a pas permis de dynamiser les exportations hors hydrocarbures montrant que le bocage est d’ordre systémique avec la dominance du terrorisme bureaucratique qui bloque les énergies créatrices. Les exportations de biens hors hydrocarbures ont atteint 3,015 milliards soit en tendance fin 2021, environ 4 milliards de dollars. Cependant, le bilan officiel de Sonatrach 2020 donne 2 milliards de dollars des dérivés d’hydrocarbures avec une perspective de plus de 2,5 pour 2021 et si l’on ajoute les semi-produits, le montant dépasse les 3 milliards de dollars restants aux produits à valeur ajoutée concurrentiel moins de 1 milliard de dollars fin 2021. En réalité, avec les dérivés d’hydrocarbures les recettes en devises pour 2021 représentent entre 97/98% où en ce mois de décembre 2021, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. Le déficit budgétaire prévu est d’environ 4.175 milliards de dinars au cours de 137 dinars un dollar, au moment de l’élaboration de la loi, soit 30,50 milliards de dollars, 8 milliards de dollars de plus qu’en 2021.

    L’Algérie selon le FMI fonctionne à plus de 137 dollars en 2021 et à plus de 150 pour 2022. Le faible taux de croissance influe sur le taux de chômage, qui, selon le FMI, en 2021 serait de 14,1% et 14,7% en 2022 (plus de 30% pour la catégorie 20/30 ans) incluant les sureffectifs des administrations, entreprises publiques et l’emploi dans la sphère informelle qui contribue à 50-60% au PIB en échappant à toute traçabilité, comptabilité ou fiscalité, canalisant selon le président de la République entre 6.000 et 10.000 milliards de dinars, soit entre 44 et 73 milliards de dollars. Pour éviter des remous sociaux, la loi de finances 2022 prévoit pour les subventions plus de 14 milliards de dollars au cours de 138 dinars un dollar, représentant 19,7% du budget de l’Etat.

    En conclusion, chaque pays est souverain dans ses décisions, les hautes autorités du pays étant conscientes des difficultés que traverse le pays. Le véritable patriotisme devant reposer sur un langage de vérité, ni autosatisfaction, ni sinistrose d’où l’urgence de revoir le système d’information qui s’est effrité et la communication de certains responsables évitant des discours contradictoires en déphasage avec la réalité, afin de mobiliser les citoyens. L’Algérie étant un acteur déterminant de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, d’où l’urgence de redresser la situation socio-économique par une nouvelle gouvernance. L’année 2022 sera l’année de tous les défis : relance économique au sein d’une économie ouverte, en symbiose avec une profonde justice sociale ou régression sociale et diplomatique. C’est une question de sécurité nationale. Bonne année Algérie 2022. ademmebtoul@gmail.com

    Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL

    #Algérie #Banque_Mondiale #Situation_économique

  • Où va l’Algérie ? – Entretien avec Akram Belkaïd

    Entretien avec Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique, auteur de la Chronique du Blédard au Quotidien d’Oran.

    Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique, auteur de la Chronique du Blédard au Quotidien d’Oran, répond à nos questions à l’occasion de sa participation aux Internationales de Dijon, le 5 juin 2021:

    – En quoi le Hirak est-il un mouvement représentatif de l’Algérie ? Quel registre le gouvernement utilise-t-il pour le décrédibiliser ?

    – Y a-t-il eu une évolution des revendications entre les émeutes des années 1980 et aujourd’hui ? Le Hirak a-t-il engagé un véritable bouleversement sociétal en Algérie ?

    – Des mouvements féministes font partie du Hirak. Ont-ils un poids conséquent ? Sont-ils acceptés par le reste des contestataires ?

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  • Algérie : Des réponses opportunes

    Dans une longue interview accordée à l’hebdomadaire français Le Point, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a répondu, avec beaucoup de franchise et avec la force de ses convictions, aux nombreuses questions qui lui ont été posées par deux journalistes et écrivains algériens, Kamel Daoud et Adlène Meddi. Situation politique et économique en Algérie, rôle de l’ANP, relation avec la France, questions régionales, en particulier le conflit du Sahara occidental et la situation au Sahel ont constitué les sujets les plus saillants qui furent abordés sans demi-mesure, ni faux-fuyant. Les législatives du 12 juin ont suscité un engouement, notamment de la part des jeunes, qui, auparavant, ne s’inscrivaient même pas sur les listes électorales, a relevé le chef de l’État. C’est une réaction positive qui invalide toutes sortes d’allégations et de propos colportés par les adversaires du scrutin. Autre conviction du Président Tebboune : «Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d’Algériens dans la rue. Ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle (12 décembre 2019). Ce Hirak n’a pas écouté le chant des sirènes.»

    Questionné sur le classement par l’Algérie de Rachad et du MAK comme mouvements terroristes, il a dit qu’ils se sont eux-mêmes déclarés comme tels.

    Il a indiqué également n’avoir pas été le candidat d’un parti politique, mais celui du peuple et de la jeunesse sur lesquels il mise beaucoup. Abdelmadjid Tebboune a dressé une situation pour le moins alarmante avant la présidentielle de décembre 2019.

    «Le pays était au bord du gouffre, il n’y avait plus d’institutions viables, seuls comptaient les intérêts d’un groupe de kleptocrates. On ressemblait de plus en plus à une république bananière. Les institutions étaient devenues purement formelles, à l’exception de l’armée, qui a pu sauvegarder sa stature. Si nous n’avions pas une armée aussi moderne et aussi professionnelle, la situation en Algérie serait pire qu’en Libye», a-t-il affirmé. L’Algérie restera un État social pour toujours, qui saura préserver ses acquis, consacrés dans la Proclamation du 1er Novembre. L’Algérie continuera de combattre la Covid-19, en déployant tous les efforts nécessaires. Le Président a annoncé le lancement de grandes campagnes de sensibilisation pour la vaccination, et réitéré les efforts engagés dans la lutte contre cette pandémie.
    De la France, il a affirmé que les Algériens attendaient une reconnaissance totale de tous les crimes coloniaux commis par ce pays en Algérie, soulignant que le fait de reconnaître ses crimes est en soi une forme de repentance. Il a également plaidé pour une mémoire apaisée, reconnue.

    «La compensation financière serait un rabaissement, nous sommes un peuple fier et nous vénérons nos martyrs.»
    À propos de la question du Sahara occidental, il a estimé que le Maroc devrait s’en tenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international. Il a pointé du doigt la responsabilité du royaume marocain au sujet des conséquences des tensions qui pèsent sur les relations entre les deux pays.

    EL MOUDJAHID, 04 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Situation politique, situation économique, rôle de l’ANP, relation avec la France, questions régionales, Sahara occidental, Sahel, Mali, Hirak,

  • Le FMI met alerte sur la gravité de la situation économique en Algérie

    Le FMI met en garde contre la gravité de la situation économique en Algérie

    Le Fonds monétaire international a publié un rapport sur l’économie algérienne pour l’année 2021. L’entité économique présente une situation sombre pour le pays d’Afrique du Nord. Le FMI s’attend à ce que la dette publique totale de l’Algérie atteigne plus de 63%, contre 53% l’année dernière.

    Selon ce rapport, le FMI s’attend à enregistrer une inflation d’environ 6% au cours de l’année 2021 en Algérie. De même, le déficit budgétaire est estimé à plus de 18%, alors qu’il était de 12% l’année dernière. Les réserves de pétrole de l’Algérie, l’un des principaux producteurs et exportateurs de pétrole, ont diminué ces dernières années. Selon le portail économique Bloomberg, l’Algérie connaît une réduction de ses exportations de pétrole. Le pays africain a vendu 290 000 barils par jour à l’étranger en janvier, soit 36 % de moins qu’en décembre 2020. La demande interne de carburant ayant augmenté, Alger commence à envisager des mesures sur la transformation de l’Algérie en un pays non pétrolier. De même, à Alger, on envisage la sortie éventuelle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

    L’Algérie est également l’un des principaux exportateurs de gaz de la région. Par exemple, elle est le principal fournisseur de l’Espagne, bien que cette année les ventes aient diminué de 11,1 %. D’une manière générale, les exportations algériennes à l’étranger ont diminué d’environ 30 % l’année dernière.

    Face à cette grave situation financière, le gouvernement algérien devra élaborer de nouvelles mesures pour relancer son économie, une économie qui ne dépend pas tant du pétrole. Cependant, il devra travailler dur compte tenu des données sombres présentées par le FMI. La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA) a également évalué la situation du pays. L’organisme onusien a qualifié le niveau du commerce algérien de « faible » par rapport au reste de la communauté économique de la région. Le pays africain, bien que présentant un paysage essentiellement désertique, possède une partie fertile dans le nord où l’agriculture pourrait être développée. Toutefois, le rapport de la CEA indique que le secteur agricole représente 12,2 % du PNB du pays.

    Malgré la situation géographique et le climat de l’Algérie, le tourisme ne fournit pas non plus beaucoup de revenus. Selon l’Organisation mondiale du tourisme, les bénéfices de ce secteur ne dépassent pas 10 % du PIB national.

    Ces perspectives économiques critiques affectent le revenu global par habitant des Algériens. Cette situation a suscité des protestations visant à améliorer les conditions de vie. Les citoyens doivent faire face au prix élevé de l’électricité, des biens de consommation et à la dépréciation de la monnaie locale par rapport aux devises étrangères.

    Pour faire face à ces revendications sociales, le gouvernement algérien a proposé d’augmenter le salaire minimum. Cependant, les syndicats du pays ont assuré que cette mesure ne peut apporter de solutions à la situation tendue que connaît le pays. Non seulement il y a un désaccord entre les syndicats et le gouvernement, mais il y a aussi des désaccords entre les associations de travailleurs. L’Union générale des travailleurs algériens, la principale organisation du pays, a assuré que, pour mener une vie digne, le revenu d’une famille algérienne doit être d’environ 350 dollars. D’autre part, d’autres syndicats indépendants ont déclaré que le revenu ne doit pas descendre en dessous de 600 dollars. Dans le cas contraire, ils préviennent que les familles tomberont dans la pauvreté.

    Alors qu’une grande partie de la société frôle la pauvreté, d’autres citoyens qui travaillent dans certains secteurs comme la banque ou l’industrie pétrolière ont un salaire de plus de 10 000 dollars. Ce revenu peut être comparé aux 200 $ gagnés par les employés des secteurs de l’agriculture, de la construction ou de la protection civile.

    Récemment, des membres de la Protection Civile et des pompiers ont manifesté dans la capitale pour demander des améliorations de leur emploi, en plus de réclamer la reconnaissance de l’effort qu’ils fournissent. Ces travailleurs sont ceux qui doivent faire face à la pandémie de coronavirus, qui a déjà infecté plus de 122 000 Algériens.

    Ce fossé économique entraîne la disparition de la classe moyenne, comme le souligne le sociologue Nasser Jabi. « Les déséquilibres dans la répartition des richesses dans le pays ces dernières années vont dans le sens de la dissolution de la classe moyenne », affirme Jabi. Ces différences créent également une classe étroite de riches et une large classe de pauvres. Pour le sociologue, ce problème est « le reflet des politiques économiques et sociales des gouvernements algériens successifs ».

    Market Research Telecast, 30 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, FMI, situation économique, économie, Fonds monétaire international, l’économie algérienne pour l’année 2021, dette publique, inflation, déficit budgétaire, réserves pétrolières, exportations de pétrole,

  • Algérie/ Un terrain boueux (Edito du Quotidien d’Oran)

    par Abdou BENABBOU

    La giclée des revendications salariales émanant en même temps de plusieurs secteurs d’activités de la vie nationale met le gouvernement dans une situation embarrassante. Son inconfort et ses préoccupations risquent de s’étaler dans la durée car à l’horizon les clignotants n’annoncent pas des jours meilleurs. On observera que les remous dus à l’exigence d’une amélioration salariale parviennent surtout de la fonction publique et ses assimilés. Le reste, niches de revendications éparses, provient d’un secteur productif privé et public, s’en tient à la réclamation des impayés de salaires et n’en est pas à la demande de leur augmentation.

    Les deux approches différentes indiquent on ne peut mieux la difficulté pour les autorités gouvernementales d’atténuer la colère de la rue ne pouvant qu’appeler à la sagesse et à la pondération. Les syndicats sont dans leur rôle revendicatif et on ne peut leur reprocher de faire de la politique quand ils n’en font pas en développant leur impatience sans ménagement et sans tenir compte de la complexité de la situation économique du pays.

    L’actuelle sécheresse du monde productif, que l’alliance des crises économiques et sanitaires ont imposée, rend l’équation présente difficile à résoudre. Qui se nourrirait de qui quand le cordon qui liait le monde productif et censé lui servir de compagnon de route obligatoire est coupé ? Lequel est nourricier de l’autre et tant qu’à faire, quand le pétrole sera tari de quoi le Trésor public sera alimenté ?

    En chutant de façon spectaculaire, le dinar n’arrête pas de livrer des effets corrosifs sur une population qui pense à tort que le remède à son impossibilité à vivre décemment se résume à une histoire de salaires. Car personne n’est dupe. Quand on parle de meilleures conditions de travail, il s’agirait d’abord d’améliorer la fiche de paie. On ne se rend cependant pas compte de la mue profonde qui s’opère dans la société algérienne. L’enseignement se privatise de plus en plus, la santé aussi et il n’est pas écarté que la fonction publique change de veste pour se plier à une privatisation qui viendra s’installer pour se mettre à l’air du temps déjà annoncé.

    Si les enseignants, les médicaux, les postiers et un pan important de la fonction publique semblent occulter les très sérieuses contraintes de l’heure, pour le gouvernement il doit être question de priorités. Sauver les entreprises de production en grande difficulté presque toutes à l’arrêt, faire face au poids des retraites et satisfaire difficilement les émoluments du plus du million de fonctionnaires, est en tout point de vue un exercice pénible dans un terrain boueux.

    Le Quotidien d’Oran, 09 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, salaires, situation économique, grogne sociale, revendications, syndicats, partenaires sociaux, chute du dinar, conditions de travail, fiche de paie,