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  • Sahel-Algérie : Confidences d’un responsable français

    Tags : France, Maroc, Algérie, Mali, Sahel, République Centrafricaine, Soudan, Nigeria, Guinéa-Bissau, Congo, Guinée Equatoriale, Sommet France-Afrique,

    Le 9 septembre, le MAE marocain, accompagné du Directeur des affaires africaines rencontrent à Paris Hélène Le Gal et M. Baillard, du département africain au Quai d’Orsay. Dans le compte-rendu de cette réunion :

    L’appréciation des autorités françaises du rôle joué par le Maroc au Sahel

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    – Les responsables français ont tenu à exprimer leur reconnaissance au Maroc d’avoir soutenu la France dans le cadre de l’opération Serval au Mali. Ils ont fait part de leur conviction sur la profondeur historique, culturel et stratégique du Maroc au Sahel et en Afrique et de leur condamnation des manoeuvres visant à exclure notre pays des questions sahéliennes.

    – La partie française a également manifesté ses inquiétudes par rapport à l’évolution de la situation dans cette région. Les éléments d’appréciation dont elle dispose font état d’un déplacement de la menace au Sud de la Libye au Soudan et au Niger.

    – A cet égard, les responsables français ont fait part de la nécessité de trouver un cadre de coopération qui englobe l’ensemble des pays concernés, y compris le Maroc et l’Algérie. Ils ont marqué leur intérêt quant à l’éventualité de l’élargissement de la CENSAD à l’Algerie. Le cadre 5+5 élargi aux pays du Sahel pourrait aussi présenter un intérêt, même s’il est informel.

    – M. Beillard a souhaité voir le Maroc jouer un rôle stabilisateur dans la région sahélienne sur le plan religieux. Il a indiqué que la France accorde un intérêt particulier à la profondeur soufie du Maroc qui pourrait constituer un contrepoids essentiel aux mouvances islamistes extrémistes dans la région.

    La situation au Sahel et en Afrique Centrale

    – Sur la situation au Mali, les responsables français ont exprimé leur satisfaction quant aux déroulements des élections présidentielles. M. Beillard a fait savoir que la France continuera de rester vigilante sur la question du Mali en maintenant une présence militaire (1000 soldats) et en suivant de près la question de la réconciliation nationale.

    Beillard a estimé que le nouveau Président malien entretient de bonnes relations avec l’Algérie. Il s’est interrogé sur l’orientation du nouveau Ministre des Affaires Etrangères en soulignant que pour la France il s’agira pour le gouvernement malien de faire preuve d’équilibre.

    Tout en faisant part du jeu trouble de l’Algérie au Mali et au Sahel (la question touareg, ses relations avec Ansar Dine et avec le Capitaine Sanogo devenu Géneral depuis ), M. Beillard a marqué son inquiétude sur le rôle que jouera l’Algérie notamment après les prochaines élections présidentielles.

    – La situation en République Centre-Africaine a également été abordée. M. Beillard a indiqué que la France ne souhaite pas être en première ligne mais compte plutôt interpeller ses partenaires européens et au Conseil de Sécurité sur la situation « dramatique et dangereuse » dans ce pays, qui peut avoir un impact régional.

    Tout en se félicitant de la décision de l’UA d’envoyer des troupes en RCA, M. Beillard a souligné que la France est en consultation avec les Etats Unis d’Amérique pour examiner la possibilité d’aider au déploiement des troupes africaines. Une nouvelle résolution sera soumise au Conseil de Sécurité pour soutenir l’UA et la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale.

    – Le responsable français a également marqué les inquiétudes de la France au sujet de la situation au Soudan. Tout en soulignant la déception des pays occidentaux, notamment des Etats Unis, par rapport au Soudan du Sud, M. Beillard a fait état d’un rapprochement dangereux entre le Président soudanais, l’Iran et le Hamas ce qui suscite le mécontentement de l’Arabie Saoudite. Il a également fait état d’incursion israélienne dans le territoire soudanais pour stopper la livraison d’armes au Hamas.

    La situation en Afrique de l’Ouest et en Golfe de Guinée

    – Les responsables français ont fait savoir que la piraterie dans le golfe de guinée, d’où proviennent la majorité des importations pétrolières de la France, constitue également une source de préoccupation. La France y a relevé une augmentation considérable des actes de la piraterie en off shore, estime que l’UE pourrait aider les pays africains à lutter contre ce fléau.

    – Tout en remerciant le Maroc pour l’aide apportée aux autorités gabonaises en matière de Sécurité, les responsables français ont indiqué que la France ne souhaite pas être en première ligne mais estime nécessaire de sensibiliser les pays de la région, notamment le Nigéria qui dispose d’une marine efficace, sur les dangers de la piraterie.

    – S’agissant de la Guinée Bissau, M. Beillard a indiqué que la France encourage le gouvernement de la Guinée Bissau à plus de transparence et à l’organisation d’élections. Il a confié la réticence du Portugal et de l’Angola de voir une grande implication française dans ce pays. Il a estimé que la situation pourrait évoluer positivement notamment à travers l’implication de la CEDEAO et de la Communauté des pays lusophones.

    – Mme. Le Gal a pour sa part fait savoir que les procédures judicaires dans le cadre des affaires « dites de bien mal acquis » vont suivre leurs cours. Elle a indiqué que le Président français a expressément interdit toute intervention de l’exécutif dans la justice. Mme Le Gal a ajouté que seule la Guinée Equatoriale continue d’effectuer des démarches en France à ce sujet.

    La région des grands Lacs

    – M. Beillard a estimé que la situation dans la région des Grands Lacs évolue positivement. Il a indiqué que la résolution 2098 marque l’émergence d’une nouvelle doctrine au sein des OMP en autorisant le déploiement d’une force musclé. Il a souligné que les efforts se poursuivent avec l’ensemble des acteurs de la région pour substituer le pillage de la RDC à une nouvelle forme de coopération permettant l’exportation des biens à travers l’océan indien au profit de tous les pays de la région.

    – Le responsable français a fait savoir que le Rwanda a oeuvré pour faire échouer ce processus. Les Etats Unis d’Amérique et la Grande Bretagne ont marqué leur mécontentement au sujet des agissements du Rwanda et du M23. Il a indiqué qu’au sein de l’administration américaine seule Mme Susan Rice continue de soutenir ce pays.

    Source :

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  • Macron refuse, encore, de demander des excuses à l’Afrique

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    Le président français Emmanuel Macron a participé, aujourd’hui au sommet Afrique-France, qui s’est tenu à Montpellier. Il a déclaré que la France a une dette envers l’Afrique, « un continent qui fascine le monde entier, qui parfois en effraie d’autres ».

    Emmanuel Macron a défendu ce « nouveau sommet », où il est le seul chef d’État, puisque les dirigeants africains, prévus dans une version initiale du sommet en 2020, n’ont finalement pas été invités. L’Arena de Montpellier accueillait en revanche 3000 invités, dont environ 700 jeunes représentants de la société civile africaine.

    Tout en assumant le passé colonial de la France en Afrique, le président Emmanuel Macron a, toutefois, refusé de présenter les excuses de la France pour ses crimes commis en Afrique.

    « Nous tous dans cette salle, n’avons pas choisi notre histoire et notre géographie ». « Nous sommes les héritiers de tout cela », a développé le président français, en appelant plutôt à choisir « comment bâtir l’avenir ».

    Il est à noter que c’est pour la première fois depuis 1970, soit, le début d’organisation des sommets France-Afrique qu’aucun président africain n’a été convié à cet événement.

    El Khabar, 08/10/2021

  • France-Afrique: « Arrêtez cette pseudo-coopération paternaliste »

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    Invité à participer au sommet France-Afrique de Montpellier, le Président des Africtivistes, Cheikh Fall, a livré un discours musclé et émouvant qui a parfois laissé Emmanuel Macron pantois. Le Sénégalais réclame notamment une reconnaissance des crimes coloniaux et un vrai new deal dans la coopération entre la France et le continent. EMEDIA vous propose l’intégralité de son intervention.

    « Je m’appelle Cheikh Fall. Je suis africain d’origine sénégalaise et je suis à la tête d’une organisation panafricaine de jeunes acteurs de changements qui utilisent le numérique pour impacter leur communauté et pour favoriser de nouvelle dynamique.

    Monsieur le président, je suis de cette jeunesse africaine engagée et ouverte au monde. Je ne suis pas seul. Nous sommes des milliers, des millions à vouloir porter l’Afrique et être les leaders du monde dans un futur proche.

    Cette jeunesse est présente. Sa voix est audible. Elle est présente dans cette salle. Cette jeunesse engagée mais responsable. Cette jeunesse contestataire mais réfléchie. Cette jeunesse ouverte et connectée au monde : Paul-Joel Kamtchang du Cameroun, Maurice Thantan du Benin, Amina du Maroc, Adam Dicko du Mali, Adèle du Kenya. Elle est diverse et plurielle et est bien représentée dans cette salle. En venant ici, nous avons pris un grand risque que nous assumons. Certains d’entre nous se font en ce moment insultés et critiqués parce qu’ils ont répondu à votre invitation au dialogue. Ce sentiment anti-français est nourri par des vagues de contestations se justifient pour beaucoup d’entre nous.

    • Nos grands-parents nous ont racontés les douleurs et souffrances de la période coloniale.

    • Nos parents nous ont fait comprendre ce qu’a été la fameuse France Afrique de l’après indépendance.

    • Nous, nos frères et sœurs portons, supportons, subissons encore ce lourd passé commun que vous continuez de refuser de porter et d’assumer.

    Aujourd’hui, vous nous interrogez sur ce que devrait être les futurs souhaitables des relations France Afrique.

     » L’Afrique n’a pas besoin de parrains pour progresser »

    Monsieur le Président, moi j’ai envie de vous interroger d’abord sur votre part d’humain. Quelle est votre part d’humanité dans cette relation ? Vous, votre nation, avez fait du tort aux africains. Vous avez fait verser beaucoup de sang. Vous avez déchiré des familles. Vous avez pillé des économies par le capitalisme colonial et vous continuez de le faire par le néo colonialisme et aujourd’hui vous nous invitez à envisager avec vous un futur souhaitable.
    Ce futur commun souhaitable ne peut se construire que si les bourreaux d’hier acceptent leur responsabilité historique et demande symboliquement EXCUSE à cette Afrique.

    Ce serait une chimère que de vouloir envisager un futur souhaitable tout en conservant, nourries, les colères, tristesses et frustrations d’hier.

    Il est évident que l’Afrique n’a pas besoin de se replier sur elle-même quand le monde s’ouvre. Mais l’Afrique n’a pas besoin de parrains pour progresser.

    Certes nous n’avancerons pas au rythme des autres, mais nous avancerons dignement, sur nos valeurs d’abord et sur des principes éthiques de coopération et de partenariat. Nous ne sommes pas des passéistes, nous nous inscrivons dans une logique de se donner de meilleurs outils pour aborder « Un futur ensemble » s’il devait en avoir un et nous pensons que oui.

    Vous sentez certainement beaucoup d’émotions dans mon intervention. C’est normal et j’avoue être ému en parlant de ce passé si actuel et de vouloir envisager une relation future. De l’émotion, je ne suis pas certainement le seul à en avoir actuellement. J’espère seulement que vous vous laisseriez aussi gagné par cette émotion pour prendre des mesures fortes aujourd’hui.

    Vous nous avez invité pour nous écouter dans le but d’écrire ensemble le futur.
    Ecoutez-nous mais surtout entendez notre frustration, nos colères et notre appréciation sur la nature actuelle des relations France Afrique.

    Monsieur le président, je vous invite ce soir, ici chez vous, a un exercice d’humilité, de courage politique, de respect et de rendez-vous avec l’histoire.

    1. Demandez pardon a l’Afrique et aux africains.

    2. Arrêtez de renforcer le pouvoir des dictateurs africains.

    3. Arrêtez cette-pseudo coopération paternaliste.

    4. Programmez un dispositif de retrait progressif et défini de vos bases militaires en Afrique.

    5. Mettons ensemble un mécanisme de collaboration franche afin de renforcer les acquis démocratiques.

    6. Mettez en œuvre vos engagements d’Abidjan de 2019 sur la reforme du Franc CFA et transférez les réserves de fonds vers l’Afrique. »

    Emedia.sn, 08/10/2021

  • Macron refuse de s’excuser pour le colonialisme français en Afrique

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    Le président français Emmanuel Macron a réitéré vendredi son refus de s’excuser pour le passé colonial de son pays en Afrique. Macron s’exprimait lors de sa participation au dernier jour du sommet Afrique-France tenu dans la ville côtière de Montpellier (sud-est), où il a débattu avec un groupe de 11 jeunes du continent noir de diverses questions, dont la démocratie dans leurs pays.

    Les jeunes sélectionnés pour débattre avec Macron ont fustigé l’attitude paternaliste et colonialiste de la France.

    Le chef de l’Etat français a déclaré que « présenter des excuses ne résoudra pas le problème, cependant la reconnaissance permettra de parvenir à la vérité », appelant à la réécriture d’une histoire commune à la lumière de sa position déclarée.

    Le sommet Afrique-France de cette année s’est tenu sans la participation de chefs d’État africains, à l’exception du président français lui-même.

    Macron a choisi le nouveau format du sommet, pour « donner la priorité aux jeunes des pays africains et à ceux qui ont la capacité de changer le continent noir et la France et les écouter», selon le quotidien régional français « Midi Libre ».

    Les déclarations de Macron interviennent dans un contexte très particulier, marqué par de vives tensions entre Paris et Alger, après que le journal « Le Monde », a rapporté les propos du locataire de l’Elysée dans lesquels il conteste l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française du pays en 1830.

    « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? », s’est interrogé le chef de l’Etat français à cet effet.

    Alger a dénoncé les déclarations de Macron, à son encontre, les considérant comme étant « une atteinte inacceptable à la mémoire de plus de 5 millions de résistants tués par la France coloniale ».

    Les autorités algériennes ont répondu par la sanction en interdisant le survol de son espace aérien par l’aviation militaire française, engagée notamment au sein de Barkhane, une décision prise dans la foulée du rappel par Alger de son ambassadeur à Paris « pour consultations ».

    Anadolou

  • Aucun président africain au Sommet France-Afrique

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    Le président français Emmanuel Macron reconnaît le passé colonisateur de la France en Afrique, mais n’engage pas son pays dans un repentir sans équivoques envers les peuples autrefois colonisés.

    C’est en substance, le message qu’il a transmis via les ressortissants du continent noir invités au Sommet France-Afrique, qui se tient aujourd’hui dans la ville de Montpellier sans la participation d’un seul chef d’Etat d’un pays africain.

    « Je ne crois pas en une politique de pardon dans la relation entre la France et l’Afrique, je crois en une politique de reconnaissance » a-t-il répondu au bloguer et cyber activiste sénégalais Cheikh Fall, lequel lui a requis de « prendre ici et maintenant des décisions fortes pour demander pardon au continent africain ».

    Du début du XIXème siècle au milieu du XXème, la présence imposée de la France en Afrique était hégémonique.

    Elle couvrait le Niger, la Haute Volta (actuellement le Burkina Faso), le Dahomey (aujourd’hui le Bénin), le Togo, la Cote D’Ivoire, la Guinée, la Mauritanie, le Soudan, le Sénégal, le Cameroun, le Tchad, le Maroc, la Tunisie et bien entendu l’Algerie.

    C’est particulièrement contre le peuple algérien, qu’elle a colonisé pendant 132 ans, que la France a commis les pires crimes, provoquant des blessures pas tout à fait pansées et les rancœurs jamais totalement transcendées.

    Lors de sa campagne électorale pour la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron avait pourtant, prôné une approche réconciliatrice sur la question du passé commun entre les deux nations.

    Lors d’un déplacement préélectoral à Alger, il est allé au-delà de ses prédécesseur en admettant clairement que « la colonisation est un crime contre l’humanité ».

    A mi-mandat, il a chargé Benjamin Stora de « dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ».

    L’historien lui a remis, il y a quelques mois, un rapport dans lequel il décline 20 propositions, à même d’apaiser les esprits de part et d’autre de la Méditerranée.

    Au lieu d’œuvrer à rapprocher les visions entre Alger et Paris sur le dossier mémoriel, le président français, en quête d’un second quinquennat à l’Elysée, a forcé sur le point d’achoppement : les harkis auxquels il a consenti son pardon, le 20 septembre dernier.

    Il y a quelques jours, il s’est carrément aux symboles de l’Algérie en tentant de déformer une part de son histoire.

    Soulef Biskri