Étiquette : Soulaiman Raissouni

  • Maroc: L’acharnement contre l’historien Maâti Monjib dénoncé

    Tags : Maroc, Maati Monjib, Nasser Zefzafi, Toufik Bouachrine, Soulaiman Raissouni, Omar Radi,

    Des militants des droits de l’homme marocains ont dénoncé, vendredi, les restrictions imposées par le régime du Makhzen contre l’historien et défenseur des droits de l’homme Maâti Monjib, frappé d’une interdiction de voyager.

    La Commission nationale de soutien aux prisonniers d’opinion et aux victimes de violation de la liberté d’expression au Maroc a indiqué que le militant des droits de l’homme, Maâti Monjib, était « interdit de voyager depuis l’automne 2020 sans aucune justification légale ».

    Dans un communique rendu publique, la commission a souligné que cette mesure constitue « une violation manifeste de ses droits fondamentaux ».

    L’historien et militant des droits de l’homme a déclaré, jeudi, qu’ »il faisait l’objet de persécutions politiques depuis 2015″. Il est visé par un certain nombre de décisions illégales prises à son encontre, dont la dernière en date est sa suspension officielle de son travail de professeur d’université.

    Monjib qui observe depuis mercredi, 8 mars, une grève de la faim d’avertissement et qui se poursuivra jusqu’à ce vendredi, a évoqué aussi la suspension de son salaire et le gel de son compte bancaire.

    Il a averti qu’ »il n’était pas le seul à souffrir de persécutions et a appelé les familles des personnes persécutées à lutter et à ne pas avoir peur des sanctions plus sévères pour leurs enfants, et à rester fermes contre l’usurpation des libertés et l’atteinte aux droits ».

    Le militant a affirmé qu’il était ciblé en raison de ses écrits et activités en matière des droits de l’Homme, et de sa critique des autorités devant les médias internationaux, notamment en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l’Homme.

    A l’origine de cette cabale contre le militant, sa dénonciation de la détention des militants du mouvement de protestation du Rif, de la torture du leader de ce mouvement Nasser Zefzafi et de son intimidation ainsi que de la condamnation des journalistes qui ont dénoncé la corruption et la tyrannie du régime en l’occurrence, Toufik Bouachrine, Soulaiman Raissouni et Omar Radi.

    Le 29 décembre 2020, Monjib est arrêté à Rabat. Après une grève de la faim, il a obtenu une libération conditionnelle le 23 mars 2021.

    Plusieurs groupes et organisations internationales ont dénoncé son arrestation et fait campagne contre le « harcèlement » auquel il était confronté, notamment Amnesty International et le Parlement européen.

    #Maroc #Maati_Monjib

  • Maroc : Un gouvernement faible et inerte-Abdellah Bouanou-

    Maroc : Un gouvernement faible et inerte-Abdellah Bouanou-

    Maroc, gouvernement, PJD, Abdellah Bouanou, Taoufik Bouachrine, Soulaiman Raissouni,

    Maroc : “Le gouvernement est faible et son inertie aggrave la tension dans la rue”

    Le chef du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du développement (PJD), Abdellah Bouanou a indiqué que l’inertie du gouvernement marocain et son absence du débat public “approfondissaient la tension dans la rue”, mettant en cause une “faiblesse” à tous les niveaux.

    Lors d’une réunion du groupe parlementaire du PJD, tenue mercredi, Abdellah Bouanou a affirmé que les problèmes du gouvernement étaient liés à “sa composante”, pointant son incapacité et la faiblesse de ses compétences politiques et managériales ainsi qu’un manque de communication entre ses partis et ses ministres.

    Dans ce contexte, le chef du groupe parlementaire a assuré que le gouvernement “a un problème avec le peuple qui attend de lui qu’il tienne ses promesses électorales”.

    Soulignant, par ailleurs, que son parti pratiquait “une opposition institutionnelle, responsable et citoyenne”, il a déploré le “populisme” de certains responsables marocains, en faisant allusion au comportement indécent du ministre de la Justice qui a ordonné la démolition d’une ancienne bibliothèque au siège de son ministère pour construire un bureau plus spacieux.

    Le chef du groupe parlementaire du PJD a, en outre, dénoncé le fait que certains membres du gouvernement aient fait des déclarations favorables à certains opposants au Maroc avant de se rétracter.

    Il a notamment cité le cas des détenus politiques du Rif que des responsables du gouvernement ont prétendu vouloir libérer et le cas des journalistes Taoufik Bouachrine et Soulaiman Raissouni qu’ils ont promis de défendre avec force avant de les condamner à de lourdes peines de prison.

    Amina Arsouli

    Rencontre.dz, 03 juin 2022

    #Maroc #Gouvernement #PJD #Rif #TaoufikBouachrine #SoulaimanRaissouni

  • Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    Omar Radi tel que je l’ai connu. Témoignage d’un enseignant (1) – Maroc, presse, journalistes, Soulaïman Raïssouni, Taoufik Bouachrine,

    Je ne sais comment Omar s’est lié dans mon entendement aux héros de la mythologie grecque. J’en ai cherché en vain des raisons. Mais cette quête ne serait-t-elle pas tant infructueuse qu’illégitime ?
    Hélas, l’Ecole – cette grande fabrique de jetons pour le système – nous a inculqué la hantise de chasser de notre esprit tt ce qu’elle juge « irrationnel ». En fait la rationalité à son aune se résout en l’aptitude à se faire pignon et trouver sa place dans le géant engrenage de « la vie ». Que faire alors, de la poésie ? De la musique ? De la littérature? De la « politique »??? Pourvu qu’elles servent ce dessein? Cette école, Omar n’en voulait pas. Élève modèle, réceptif, interactif, d’intelligence particulière, gavé de bonnes notes…il n’en voulait pourtant pas, tt en tenant à la ménager. Il était à la fois le poète, le musicien, le rêveur, le politicien, le critique, le chercheur…de sa promotion. Studieux par nature, il n’était cependant guère « alléché » par ce dont tremblent d’envie d’autres: finir dans un bureau de gestionnaire lui assurant un ‘avenir’ enviable.
    Avait-il raison?
    C’est une question minée.
    Selon quelle rationalité aurait-il raison?
    Ne faut-il pas poser la question autrement en se situant du point de vue non individuel mais social?

    Le grand économiste Jean Fourastié ( célèbre notamment pour avoir été à l’origine de la division de l’économie en 3 secteurs, et pour avoir initié l’expression les « Trente Glorieuses ») disait que « ceux qui font bien marcher le monde ne sont pas ceux qui le font avancer ».

    Un ancien directeur de l’ISCAE, l’école marocaine de renommée, avait affirmé qu’ils ne forment pas des entrepreneurs, mais des lauréats qui travailleront ds des entreprises. Car, toute création, même un petit projet, est mue par un rêve, une hallucination poétique, un certain refus ou au moins une insatisfaction de ce qui existe, une foi dans la réussite…bref tt ce qui est irrationnel, est donc étranger aux têtes débitrices-creditrices.

    En fait, le rêve, la somnolence, le contre-intuitif, la pure intuition…tellement pourchassés par notre école, se situent néanmoins au sommet de ce qui est la rationalité ar excellence: la science. Ainsi, Norbert Wiener, l’éminent mathématicien, fondateur de la cybernétique choque par sa déclaration que « les clichés ou les lieux communs, par exemple, éclairent moins que les poèmes. »

    C’est alors que nous pouvons concéder que les personnes comme Omar sont de ceux qui font avancer le monde. Ils sont aussi, sinon plus utiles à la société que ceux qui la font bien marcher. Sauf que les premiers n’ont jamais été légion; d’autant plus qu’ils sont souvent persécutés par les seconds. Le système sépare nos enfants en 2 camps.

    C’est la maladie de Crohn au niveau social. Ceux qui sont censés protéger la société, parce que mal initiés, s’attaquent à leurs congénères les plus avancés. Parce que différents d’eux, ils les prennent pour des ennemis étrangers. Et c’est ainsi que le pays perd la semence indispensable à son progrès. C’est le secret de notre stérilité. L’importation est notre mode d’existence: du simple carburant, aux idées, stratégies et lois qui président à notre destinée. Une sélection contre-naturelle favorise l’affairisme et la myopie sociale, et bannit le créatif.

    Ma rencontre avec Omar a été celle de deux générations.
    L’une, trainant derrière elle le fardeau de décennies d’oppression et de défaites, s’efforce de croire observer enfin le bout du tunnel.

    *Témoignage d’un enseignant

    (Suivra)

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes #Pegasus

  • Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi

    Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi

    Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi – presse, répression, Soulaiman Raïssouni, Taoufik Bouachrine

    Le procès en appel du journaliste marocain Omar Radi, condamné à six ans de prison ferme par les autorités marocaines, s’ouvre « ce jeudi à la Cour d’appel de Casablanca devant laquelle un sit-in de solidarité est prévu pour appeler à la libération immédiate du militant et de tous les journalistes emprisonnés dans le pays, a annoncé son père », cité par des médias.

    Condamné arbitrairement Omar Radi, journaliste d’investigation et militant des droits humains a été primé pour ses publications sur l’accaparement de terres publiques par des spéculateurs.

    Il est également à l’origine de l’éclatement du scandale de corruption dit des « serviteurs de l’Etat » qui a éclaboussé près de cent personnes, notamment des officiels de haut rang, qui auraient acquis des terrains publics pour une fraction de leur valeur sur le marché.

    En juillet 2020, il a été arrêté pour une supposée affaire de « viol » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Des accusations que le journaliste de 35 ans ne cesse de réfuter.

    « La détention d’Omar Radi est injuste et contraire à la loi en vigueur, assure la défense. Dans le droit marocain, la détention préventive est une mesure exceptionnelle », selon l’un de ses s avocats.

    La patrie news, 10/12/2021

    #Maroc #Presse #Journalistes #Omar_Radi #Soulaimane_Raissouni #Taoufik_Bouachrine

  • The Intercept : La machine de surveillance du Maroc

    The Intercept : La machine de surveillance du Maroc-L’appareil de renseignement du Makhzen alimente la répression de la dissidence.

    RABAT, MAROC – En février 2020, Fouad Abdelmoumni, militant marocain des droits de l’homme, a reçu une nouvelle effrayante : sa partenaire et lui avaient été filmés en train de faire l’amour dans leur propre maison, et des vidéos de leurs moments intimes circulaient sur WhatsApp.

    Des amis et des membres de la famille ont dit à Fouad Abdelmoumni qu’ils avaient reçu une séquence de sept vidéos d’un numéro inconnu, apparemment filmées depuis des bouches d’aération de la climatisation qui permettaient de voir l’intérieur de la chambre et du salon. Quand Abdelmoumni est allé vérifier lui-même les bouches d’aération, il n’a trouvé aucune caméra. « Je me suis senti violé et triste pour mon pays », a-t-il déclaré dans une interview à The Intercept.

    Cet économiste de 63 ans, qui critique fréquemment la corruption et les abus du makhzen, un terme général utilisé pour décrire les élites dirigeantes du Maroc et leurs alliés, dit qu’il n’a aucun doute sur le fait que les vidéos étaient destinées à des représailles pour son franc-parler. Quelques mois plus tôt, l’activiste, proche de l’Association marocaine des droits de l’homme et membre du conseil d’administration de l’affilié marocain de Transparency International, avait publiquement dénoncé une autre affaire de surveillance.

    En octobre 2019, Abdelmoumni avait été informé par le Citizen Lab, un groupe basé à l’Université de Toronto qui suit la surveillance numérique dans le monde entier, qu’il était apparu, aux côtés de sept autres activistes et journalistes marocains, sur une liste de cibles potentielles d’un logiciel alors peu connu appelé Pegasus. Développé par le groupe NSO, basé en Israël, ce logiciel espion pourrait permettre à des pirates de surveiller les communications et d’autres données du téléphone portable d’Abdelmoumni. Ce dernier a réagi en signant une lettre, à laquelle s’est joint le reste du groupe, adressée aux autorités marocaines chargées de la protection des données, dénonçant la surveillance et demandant au gouvernement d’ouvrir une enquête. (Divulgation complète : L’un des coauteurs de cette histoire, Abdellatif El Hamamouchi, a également été informé à l’époque qu’il avait figuré sur la liste et cosigné cette lettre).

    La vidéosurveillance du domicile d’Abdelmoumni n’était pas le produit du logiciel espion Pegasus. Il pense plutôt que cette intrusion dans sa vie privée est une forme d’extorsion destinée à le décourager de parler de la corruption. Il a publiquement affirmé que la surveillance avait été menée sur ordre du roi. « M. Abdelmoumni affirme que des dizaines de détracteurs du roi […] ont fait l’objet de campagnes de dénigrement similaires », rapportait The Economist en janvier.

    « On m’a filmé en train d’avoir des relations sexuelles avec mon partenaire pour me faire taire », a déclaré Abdelmoumni à The Intercept. « Je fais face à une pression immense, mais je ne me suis pas soumis et je ne me soumettrai pas à la police politique qui tente de me faire chanter. »

    Abdelmoumni n’est que l’un des nombreux militants, journalistes et critiques du gouvernement pris dans l’appareil de surveillance généralisée du Maroc. Bien que l’État marocain soit souvent considéré comme moins répressif que nombre de ses voisins du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ses détracteurs estiment qu’il est au cœur d’une dangereuse dérive autoritaire. Les récentes révélations sur le logiciel espion Pegasus ont contribué à mettre en lumière une partie seulement de cette machine de surveillance sophistiquée et de grande envergure.

    En juillet, une enquête menée par l’ONG Forbidden Stories, le Security Lab d’Amnesty International et un consortium de reporters internationaux – connue sous le nom de Pegasus Project – a suggéré que le gouvernement marocain est un utilisateur majeur du logiciel de surveillance de NSO Group. Les conclusions, fondées sur une fuite de données, comprenaient une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone qu’Amnesty et Forbidden Stories considéraient comme des cibles potentielles de Pegasus. Environ un cinquième de ces numéros de téléphone étaient basés au Maroc.

    Les médias participant au projet Pegasus ont analysé la liste, et le laboratoire de sécurité d’Amnesty a examiné 67 smartphones, dont 23 avaient été infectés avec succès par des logiciels espions et 14 autres présentaient des signes de tentative d’infiltration. NSO Group a nié toute implication, affirmant que toute surveillance de journalistes, d’activistes ou de politiciens constitue une utilisation abusive de sa technologie.

    La liste des cibles de surveillance possibles s’étendait bien au-delà des frontières marocaines. Selon les archives fournies par Forbidden Stories et Amnesty, les entrées sélectionnées depuis le Maroc comprenaient les numéros de téléphone du président français Emmanuel Macron, de l’éminent journaliste français Edwy Plenel et du diplomate américain et principal négociateur de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, Robert Malley. Mais à l’intérieur du pays, des journalistes indépendants très en vue apparaissaient souvent. Outre les chefs d’État, les activistes et les politiciens figurant parmi les 50 000 entrées, 180 numéros appartenaient à des journalistes de 20 pays différents. Selon The Guardian, 38 d’entre eux se trouvaient au Maroc, parmi lesquels Taoufik Bouachrine, Soulaimane Raissouni et Omar Radi, qui sont tous aujourd’hui en prison.

    Le gouvernement marocain, une monarchie constitutionnelle dont le premier ministre est nommé directement par le puissant roi Mohammed VI, conteste vivement l’exactitude de ces conclusions. En juillet, le procureur général de l’État a annoncé qu’il ouvrait une enquête sur « les fausses allégations et accusations contenues dans des articles de presse publiés par des journaux étrangers », tandis que l’ambassade du pays à Paris a déposé une plainte devant un tribunal français, accusant Histoires interdites et Amnesty de diffamation.

    Mais malgré le tumulte, Pegasus n’est qu’un élément du tableau – l’un des nombreux instruments d’une boîte à outils de surveillance en expansion dont dispose l’État marocain pour réprimer les journalistes, les militants et les critiques du gouvernement. Parfois, disent les défenseurs des droits de l’homme, les renseignements peuvent être déployés dans le but de faire honte ou de faire chanter les cibles – comme dans le cas d’Abdelmoumni. D’autres fois, ils peuvent être mobilisés par les médias pro-gouvernementaux pour attaquer les voix critiques. Ils peuvent même être utilisés pour engager de véritables poursuites pénales contre des dissidents, comme l’ont appris de première main une poignée de journalistes indépendants.

    Selon Maati Monjib, historienne et militante de renom qui a passé trois mois en prison cette année pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État » avant de bénéficier d’une libération provisoire, la surveillance de l’État marocain joue un rôle essentiel dans le maintien du pouvoir du régime. Directeur de Freedom Now, une association qui défend la liberté d’expression et la liberté de la presse, et professeur d’histoire à l’université Mohammed V de Rabat, M. Monjib estime que les objectifs ne se limitent pas à décourager les critiques les plus virulents. Lorsqu’Amnesty a examiné son téléphone, les analystes légistes ont trouvé des preuves de processus suspects qui ont conduit à des domaines d’installation de Pegasus. Son appareil est devenu « instrumental » pour les modèles des analystes, ont écrit les chercheurs du Security Lab.

    « L’objectif général semble être que tout le monde ait le sentiment d’être surveillé, y compris les politiciens qui travaillent pour le régime », a déclaré Monjib à The Intercept quelques semaines avant une audience judiciaire liée à son cas. « Ce sentiment général paralyse une bonne partie de la société marocaine et encourage l’autocensure chez nous. Avant, même les politiciens pro-régime étaient parfois critiques envers le régime lorsqu’ils étaient entre eux ou en dehors du Maroc. Ce n’est plus possible aujourd’hui ».

    Joint sur son numéro personnel via WhatsApp lorsqu’il était en fonction, l’ancien ministre marocain des Droits de l’homme Mustapha Ramid n’a pas répondu aux demandes de commentaires de The Intercept pour cette histoire. L’ancien Premier ministre Saad-Eddine El Othmani n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaires envoyées par son bureau. Depuis le 7 octobre, suite aux élections parlementaires de septembre et à l’approbation du roi, le Maroc a un nouveau gouvernement. Le nouveau premier ministre, Aziz Akhannouch, n’a pas non plus répondu à une demande de commentaire.

    Pegasus : Un outil dans la boîte à outils de la surveillance

    En août 2019, lorsque la police marocaine a arrêté la journaliste Hajar Raissouni, elle pensait être volée. Elle sortait du cabinet de son gynécologue à Rabat avec son fiancé de l’époque, aujourd’hui son mari, lorsqu’un groupe l’a confrontée à des détails intimes et à des accusations.

    « On m’a dit des informations très personnelles que personne n’aurait pu connaître à moins d’avoir écouté mes appels depuis le début », a déclaré Hajar à The Intercept. « Ils m’ont dit qu’à une certaine heure, je devais me rendre chez mon fiancé Rifaat lorsqu’il était en voyage pour sortir les chiens, et ils m’ont mentionné les heures et les jours précis. » Ce mois-là, elle a été arrêtée et accusée d’avortement et de relations sexuelles hors mariage, deux actes illégaux et souvent perçus négativement au Maroc.

    Parmi les nombreuses questions sur lesquelles les journalistes marocains doivent naviguer figurent les fameuses « lignes rouges » explicitement mentionnées dans le code pénal du pays : la place de l’islam, la légitimité de la monarchie et l’intégrité territoriale du pays. (Ce dernier point est particulièrement pertinent pour la revendication contestée du Maroc sur le territoire du Sahara occidental, que l’administration Trump a reconnu en décembre dernier, rompant avec des années de consensus international et facilitant l’établissement de relations diplomatiques entre le Maroc et Israël).

    Hajar se souvient des interrogateurs qui la bombardaient de questions sur ses convictions politiques et sa couverture du mouvement de protestation Hirak El-Rif de 2016, qui a exigé des améliorations socio-économiques dans la région berbérophone du nord du Maroc pendant plusieurs mois – jusqu’à ce que des dizaines de militants soient arrêtés et que les protestations s’estompent. En mai 2019, Hajar avait publié une série d’entretiens avec le père du leader du mouvement, Nasser Zefzafi, réfléchissant à la peine de 20 ans de prison que son fils avait récemment reçue. Elle dit que les interrogateurs l’ont également interrogée sur des membres influents de sa famille, notamment un journaliste et un universitaire, tous deux connus pour être critiques envers les autorités.

    Hajar n’a donc pas été surprise lorsque, environ deux ans plus tard, Forbidden Stories l’a informée que son numéro figurait sur la liste des fuites liée à Pegasus. Elle pense que la surveillance du gouvernement a joué un rôle clé dans son inculpation, pour laquelle elle a finalement passé un mois et demi en prison avant de quitter son pays en exil.

    Selon Forbidden Stories, Hajar a été sélectionnée comme cible par Pegasus en mai 2019.

    À l’époque, les accusations portées contre Hajar ont suscité l’indignation internationale, suscitant la condamnation de groupes comme Human Rights Watch, Front Line Defenders et Amnesty. Cette vague de critiques a permis à Hajar d’éviter une nouvelle peine de prison. Bien qu’un tribunal de Rabat l’ait condamnée à un an de prison en septembre 2019, elle a été libérée le mois suivant après avoir reçu une grâce royale directement du roi Mohammed VI.

    Mais même après avoir été libérée, Hajar dit avoir continué à être suivie par des personnes non identifiées dans les rues de la capitale marocaine. « Je ne pouvais plus aller nulle part », a-t-elle déclaré à The Intercept. « Des agents de police en civil étaient constamment autour de moi ».

    Finalement « fatiguée de tout le harcèlement et du ciblage », Hajar a choisi de quitter le pays au début de 2020, s’installant au Soudan avec son mari.

    Guerre de l’information et diffamation

    À l’instar de la Turquie, de l’Égypte et d’autres États à tendance autoritaire du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, le gouvernement marocain aime garder un contrôle étroit sur le flux d’informations. Bien qu’aucun géant médiatique étatique ne domine le secteur, le paysage médiatique du pays est marqué par un grand nombre de médias privés qui défendent régulièrement les actions du roi Mohammed VI et attaquent ceux qui s’opposent à la ligne officielle de l’État – souvent en citant des sources anonymes sans confirmation et en fouillant dans la vie personnelle des sujets. Dans certains cas, ces médias publient des informations extrêmement précises qui, selon beaucoup, ne peuvent provenir que des services de renseignement de l’État.

    Ces éditeurs, que les militants appellent communément la « presse de la diffamation », comprennent les sites web Cawalisse al-Youm et Barlamane. Ce dernier, par exemple, a publié une vidéo tristement célèbre de Zefzafi, le leader du mouvement de protestation Hirak El-Rif, en prison en 2017. Sur les images, le leader du mouvement Rif se déshabille et expose diverses parties de son corps – une scène vraisemblablement destinée à montrer qu’il n’avait pas été torturé, mais aussi largement interprétée comme une tentative d’embarrasser le militant. Parmi les médias similaires, citons Le360, Aldar, Telexpresse et Anfas Press, mais le leader incontesté du genre est Chouf TV.

    Soulaimane Raissouni, l’ancien rédacteur en chef d’Akhbar al-Yaoum, un quotidien imprimé aujourd’hui disparu, lancé en 2009 et connu pour sa ligne éditoriale indépendante, est en prison depuis mai 2020. Cinq jours avant sa détention, Chouf TV a publié une histoire écrite par « Abou Wael » – un pseudonyme souvent utilisé pour indiquer la proximité avec les responsables des services de renseignement – suggérant qu’il serait bientôt confronté à des problèmes.

    « Les portes de l’enfer s’étaient ouvertes » sur Soulaimane, affirmait le média, ajoutant que « [sa] politique de la terre brûlée allait le brûler » à la veille de la fête de l’Aïd al-Fitr. Le soir même, Soulaimane, l’oncle de Hajar, a été arrêté devant son domicile, entouré d’un groupe de journalistes de Chouf TV. Le média a diffusé la procédure sur sa chaîne YouTube, qui compte plus de 6 millions d’abonnés.

    « Une vingtaine de jours avant l’arrestation de Soulaimane, une voiture secrète de sécurité ne quittait pas la porte de la maison. Ils nous suivaient partout où nous allions », a déclaré la femme de Soulaimane, Kholoud Mokhtari, à The Intercept. « Certains appels de Soulaimane ont été publiés mot à mot dans des journaux proches des services de sécurité – des conversations portant sur le statut d’Akhbar al-Youm ainsi que sur certaines affaires familiales et très privées. »

    Détenu deux mois seulement après Soulaimane, Omar Radi a également fait l’objet d’attaques fréquentes de la part des médias pro-gouvernementaux – et de Chouf TV en particulier.

    Selon des documents juridiques obtenus par The Intercept, le bureau du procureur a semblé s’appuyer sur Chouf TV pour monter son dossier contre Radi, un journaliste connu pour sa couverture des mouvements sociaux. Le 23 juin 2020, le bureau a envoyé une lettre au chef de la Division nationale de la police judiciaire lui demandant de « mener des recherches préliminaires pour découvrir la vérité sur ce qui a été mentionné dans deux articles publiés » par Chouf TV. Le premier article prétendait que Radi travaillait avec les services de renseignements occidentaux ; le second détaillait les « scandales » d’Omar Radi et accusait l’écrivain de vendre des informations sur les Marocains de l’étranger.

    Alors que l’affaire Radi s’éternisait, un témoin clé nommé Imad Stitou a refusé de coopérer avec l’État. En septembre 2020, l’accusation a transformé Stitou en co-conspirateur présumé. Il a été reconnu coupable de « non-dénonciation d’un crime » et condamné à un an de prison.

    « Je n’étais pas le personnage qu’ils voulaient dans leur roman, et il était nécessaire de faire de moi un exemple », a déclaré Stitou, aujourd’hui libéré en attendant l’appel, à The Intercept. « Ce plan a largement réussi à intimider les autres sympathisants. J’entendais souvent dans mes cercles : « Voulez-vous être l’Imad Stitou ? » « .

    La militarisation de #MeToo

    Soulaimaine et Radi contribuent à illustrer un autre schéma inquiétant qui a émergé au Maroc ces dernières années : Ils font partie d’un trio de journalistes très en vue, connus pour avoir critiqué les autorités de l’État, qui ont tous été envoyés en prison à la suite d’allégations d’agressions sexuelles. Leurs procédures judiciaires respectives ont toutes été critiquées par d’importantes ONG de défense des droits de l’homme pour irrégularités. Reporters sans frontières, qui classe le Maroc au 136e rang sur 180 pays dans son classement de la liberté de la presse, a dénoncé ce qu’elle appelle « l’utilisation d’accusations sexuelles forgées de toutes pièces contre des journalistes ».

    La série d’affaires a commencé avec Taoufik Bouachrine, le fondateur et directeur d’Akhbar al-Yaoum. En février 2018, Bouachrine a été arrêté au siège de son journal à Casablanca. Accusé de viol, de traite des êtres humains et d’ »abus de pouvoir à des fins sexuelles », le journaliste a finalement été condamné à 15 ans de prison en octobre 2019. Tant les conditions de détention de Bouachrine que le procès lui-même ont été condamnés par Amnesty et Human Rights Watch, tandis qu’un rapport du groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur la détention arbitraire a montré comment de multiples victimes présumées ont cherché à prendre leurs distances par rapport à cette affaire.

    Parmi ces victimes figure Afaf Bernani, une ancienne journaliste d’Akhbar al-Yaoum qui affirme que la police a falsifié ses déclarations. D’abord interrogée en tant que témoin d’une agression sexuelle présumée de Bouachrine, elle a finalement été classée comme victime de son ancien patron. Après avoir contesté ce récit au tribunal, Bernani a été accusée d’un crime elle-même – « fausse communication et calomnie » – et condamnée à six mois de prison.

    « Le but de ma condamnation était d’intimider le reste des femmes impliquées dans le procès », a déclaré Bernani à The Intercept.

    Peu de temps après que l’État ait porté des accusations contre elle, Bernani a déclaré que les autorités ont fait monter la pression en l’espionnant. « J’ai été soumise à une étroite surveillance de sécurité dans la rue, où la police secrète était postée devant ma maison et me suivait partout où j’allais », a-t-elle déclaré. « J’étais même suivie lors de mes visites chez le médecin ».

    Finalement, elle a choisi de quitter le pays plutôt que de purger une peine de prison, s’installant en juillet 2019 en Tunisie, où elle se trouve encore aujourd’hui.

    Entre-temps, Soulaimane, l’homme qui a remplacé Bouachrine à la tête d’Akhbar al-Yaoum, a lui-même été arrêté et accusé d’agression sexuelle en mai dernier. Malgré le tollé des ONG et une grève de la faim qui a duré près de 120 jours, Soulaimane a été condamné à cinq ans de prison en juillet dernier.

    Radi, quant à lui, a été détenu l’année dernière et accusé de viol et d’espionnage avant d’être finalement condamné à six ans de prison en juillet.

    Khadija Ryadi, ancienne présidente de l’Association marocaine des droits de l’homme, estime que ces affaires sont loin d’être des victoires pour les droits des femmes ou la cause féministe dans le pays.

    « Le régime marocain fabrique des affaires criminelles contre des journalistes indépendants liées à de nobles causes comme la lutte contre la violence envers les femmes dans le but de discréditer les cibles et de limiter leur influence dans la société », a-t-elle déclaré à The Intercept. « Heureusement, la majorité des gens savent maintenant qu’il s’agit d’affaires fabriquées de toutes pièces visant à réduire au silence et à aliéner les journalistes qui dérangent les autorités. »

    Samir Bouaziz, responsable du département de plaidoyer pour le bureau Afrique du Nord de Reporters sans frontières, partage cet avis. Selon lui, le régime marocain ajuste sa tactique dans l’espoir de mieux masquer sa répression. « Les autorités ont investi dans #MeToo comme un moyen de confondre l’opinion publique nationale et internationale », a-t-il déclaré.

    Bouaziz voit un schéma lorsqu’il s’agit de ce qu’il considère comme la répression de l’État à l’encontre de Bouachrine, Soulaimane et Radi – chacun d’entre eux figurait également sur la liste révélée par Forbidden Stories des cibles possibles de Pegasus.

    « Les préparatifs pour l’arrestation des journalistes ciblés se font en coordination avec la presse diffamatoire proche des services de sécurité, qui lancent des campagnes contre les cibles avant les arrestations », a déclaré Bouaziz. « C’est le meilleur prélude et le plus efficace pour fabriquer des accusations ».

    Quoi qu’il en soit, la longue liste d’affaires judiciaires pèse sur ceux qui sont prêts à s’exprimer sur le makhzen – et ceux qui l’envisagent – alimentant le sentiment que la surveillance est omniprésente et que les ennuis judiciaires ne sont jamais loin.

    Malgré la vague de répression, Maati Monjib, de Freedom Now, essaie de garder espoir. Soutenant publiquement Radi, Soulaimane et d’autres journalistes emprisonnés, Monjib note que « la diffamation basée sur la surveillance semble être plus décourageante pour la majorité des militants que la répression physique. »

    Monjib lui-même a subi d’innombrables attaques dans la presse marocaine. L’année dernière, il a été accusé de blanchiment d’argent par des médias pro-gouvernementaux, et Chouf TV a publié une photo de lui dans un aéroport parisien, suggérant qu’il fuyait le pays.

    Accusé de « menace à la sécurité de l’État » depuis 2015, Monjib est empêtré dans une affaire apparemment sans fin qui l’a vu purger un séjour en prison et lancer deux grèves de la faim. L’homme de 59 ans est retourné au tribunal le mois dernier, mais il a confié à The Intercept qu’il s’inspire du fait que d’autres écrivains et dissidents continuent de labourer.

    « Des intellectuels et des journalistes courageux défient la diffamation et l’emprisonnement », a déclaré Monjib. « Ils poursuivent leur travail pour la démocratie et la liberté en exposant la corruption de l’élite étatique et ses violations des droits de l’homme. »

    Cole Stangler, Abdellatif El Hamamouchi

    The Intercept, 21/10/2021

  • Maroc: Début du procès en appel de Soulaiman Raissouni

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    Le procès en appel du journaliste marocain, Soulaiman Raissouni, condamné à 5 ans de prison par le Tribunal de première instance de Casablanca, s’ouvre ce mercredi sur fond d’appels incessants à sa libération. En prévision de la première audience du procès, le Comité de soutien aux journalistes et militants marocains Maâti Monjib, Omar Radi et Soulaiman Raissouni, a annoncé la tenue d’un sit-in de solidarité en faveur des détenus d’opinion au Maroc, à partir de 13h, devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca.

    En juillet dernier, la justice marocaine avait condamné le journaliste Soulaimane Raissouni à cinq ans de prison pour ses opinions acerbes à l’encontre du régime marocain, alors qu’il était en grève de la faim depuis 93 jours. Plusieurs ONG ont appelé à la libération de Raissouni sans conditions et sans délai afin qu’il puisse, entre autres, assurer sa défense. Dans un communiqué rendu public lundi, le comité France de soutien à Maâti Monjib, Omar Radi et Soulaiman Raissouni a exprimé toute sa solidarité au journaliste à l’occasion du jugement en appel qui aura lieu ce mercredi.

    « En raison du refus du juge de donner les moyens à Soulaiman Raissouni d’être présent à l’audience de son procès, ce dernier s’est vu condamné à cinq ans de prison ferme sans avoir pu assurer sa défense, ses avocats ayant boycotté l’audience pour protester contre les méthodes de la justice fortement préjudiciables au journaliste », indique le Comité dans un communiqué.

    Il a dit espérer qu »‘après les 122 jours de grève de la faim qu’il a menée pour dénoncer ce procès qu’il qualifie de politique et d’arbitraire, il aura les moyens et la force physique d’assurer sa défense afin de prouver son innocence ».

    Selon le Comité, le journaliste emprisonné depuis plus de seize mois, est détenu dans des conditions de détention cruelles et inhumaines.

    De son coté, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a demandé, que « l’ancien rédacteur en chef emprisonné, encore très affaibli par une longue grève de la faim, puisse bénéficier d’un procès juste et équitable ».

    Dans un communiqué publié mardi, RSF rappelle que le journaliste, accusé d’agression sexuelle qu’il a toujours niée, a été condamné, le 10 juillet, à cinq ans de prison au terme d’un procès de quatre mois, « entaché d’irrégularités manifestes ».

    « Ce nouveau procès est une occasion unique de compenser les nombreuses irrégularités de procédure qui ont été jusqu’à présent constatées », a déclaré Souhaieb Khayati, responsable du bureau Afrique du Nord de RSF.

    « Permettre à Soulaiman Raissouni de bénéficier d’un procès juste et équitable, alors que son état de santé est toujours extrêmement préoccupant, est une nécessité qui s’impose. La place de Soulaiman Raissouni n’est pas en prison », relève Souhaieb Khayati.

    L’ONG rappelle, en outre, que lors de son premier procès « Raissouni n’était pas présent au tribunal pour entendre le jugement parce qu’il était extrêmement faible à cause de sa grève de la faim et qu’il s’est vu refuser sa demande d’être emmené au tribunal dans une ambulance et d’avoir un fauteuil roulant ».

  • Le Comité France exige la libération « immédiate » de Raïssouni

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    Le Comité France de soutien aux journalistes et militants marocains Maâti Monjib, Omar Radi et Souleiman Raissouni, en prison depuis plusieurs mois, a exprimé, lundi, « toute sa solidarité à Souleiman Raissouni à l’occasion de son jugement en appel prévu, mercredi », appelant « la justice et les autorités marocaines à le libérer sans conditions et sans délai afin qu’il puisse assurer sa défense ».

    « Le Comité France espère qu’après les 122 jours de grève de la faim qu’il a menée pour dénoncer ce procès qu’il qualifie de politique et d’arbitraire, il aura les moyens et la force physique d’assurer sa défense afin de prouver son innocence », indique un communiqué rendu public par le comité.

    « Il n’est pas juste qu’il soit poursuivi en étant privé de liberté (emprisonné depuis plus de 16 mois), qui plus est dans des conditions de détention qui s’apparentent, selon les textes internationaux, à un traitement cruel, inhumain et dégradant », déplore le comité.

    Il rappelle qu’ »en raison du refus du juge de donner les moyens à Souleiman Raissouni d’être présent à l’audience de son procès, ce dernier s’est vu condamné à cinq ans de prison ferme sans avoir pu assurer sa défense, ses avocats ayant boycotté l’audience pour protester contre les méthodes de la justice fortement préjudiciables au journaliste ».

    « C’est pourquoi nous enjoignons à la justice et les autorités marocaines de le libérer sans conditions et sans délai, afin qu’il puisse assurer sa défense sans entraves et recevoir les soins nécessaires (sa) santé (s’étant) nettement dégradée », assure le comité.

  • Maroc : Raissouni poursuit sa grève de la faim

    Maroc, Soulaiman Raïssouni, #Maroc,

    Selon Lakome, la famille du journaliste Suleiman Raissouni a confirmé lundi qu’il poursuivait toujours sa grève de la faim, qui a atteint son 124e jour, sans être transféré à l’hôpital.

    Kholoud Al-Mukhtari, l’épouse de Raissouni, a écrit sur sa page Facebook : « La vie de Sulaiman Al-Raissouni est en danger et il n’a pas encore été transféré à l’hôpital. Nous attendons que la correspondance du ministère public soit activée concernant son état grave. « 

    « Le journaliste, Suleiman Raissouni, a été transféré dans sa cellule d’isolement, mais il n’a pas encore bénéficié de son droit aux soins et à l’hospitalisation. Chaque minute qui passe dans la vie de Suleiman signifie beaucoup pour nous, et nous la vivons avec une grande douleur et du chagrin, contrairement à ceux qui manipulent sa vie et s’appliquent à y mettre fin ».

    Elle a déclaré : « C’est le nouveau moyen de torture, pour faciliter la vie d’une personne ayant un besoin urgent de traitement, et non pour lui apporter une assistance alors qu’elle est dans un état grave après plus de 120 jours de grève de la faim », et a exigé que qu’il soit sauvé de « la torture et de l’assassinat systématique».

    De son côté, la journaliste Hajar Raissouni a écrit : « Suleiman est en grève de la faim depuis 124 jours, et attend son transfert à l’hôpital depuis plus d’une semaine, mais on ne sait pas pourquoi il n’a pas été transféré aux soins médicaux pour qu’il puisse reprendre une alimentation normale et surveiller son état de santé. »

    « Au début, ils ont dit qu’ils voulaient qu’il arrête sa grève de la faim, et après qu’il a décidé de l’arrêter, ils ont refusé de l’emmener à l’hôpital », a-t-elle ajouté dans un article de blog.

    D’autre part, Al-Maati Monjib, un militant des droits humains, a écrit : « Il y a plus d’une semaine, le journaliste Suleiman Raissouni a décidé d’arrêter sa grève de la faim sur la base de son transfert à l’hôpital. Cependant, l’administration prétend maintenant que les hôpitaux n’ont pas la capacité de l’accueillir. Par conséquent, Suleiman poursuit sa grève pour protester contre cette nouvelle injustice. « 

    Monjib a ajouté : « Il est maintenant clair que quelqu’un qui veut sa mort et se débarrasse de lui d’une fois pour toutes, et c’est un crime que le peuple marocain ne lui pardonnera pas ».

    Le militant des droits humains a estimé que « si le problème est la capacité d’accueil, pourquoi ils ne laissent pas sa famille le transférer d’urgence dans une clinique ou un hôpital privé, car revenir à la nutrition sans hospitalisation et sans la surveillance médicale nécessaire n’est pas moins dangereux que une grève de la faim.

    Monjib a conclu son message en disant : « Honte à vous, 124 jours de grève de la faim !! Qu’est-ce que vous voulez? La volonté de vengeance devient-elle un meurtre prémédité ? Une injustice et quelle injustice !!

    L’équipe de défense de Raissouni a confirmé mardi dernier que le journaliste arrêté avait exprimé sa volonté d’arrêter sa grève de la faim en échange de son transfert à l’hôpital afin de recevoir des soins, une disposition qu’il a confirmée le 6 août, mais sans trouver de réponse à sa demande et sans transfère à l’hôpital, à un moment où son état de santé s’est encore détérioré.

  • Maroc: Le Makhzen face à ses crimes

    S’il fallait une preuve du peu de cas que le royaume du Maroc accorde à la liberté de la presse, la condamnation d’un journaliste à une peine de 5 années de prison ferme vient répondre à toutes les voix qui tentent de trouver quelque circonstance atténuante à un pays tortionnaire, trafiquant de drogue et colonisateur. 

    L’épisode du procès démasque Rabat devant la communauté internationale. Mais dire qu’une condamnation par l’Onu et autres institutions officielles suffit à avoir bonne conscience se serait mentir à l’opinion internationale. Et pour cause, Mohamed VI pourrait libérer le journaliste injustement condamné pour racheter une nouvelle virginité. 
    Aussi, il faut dire haut et fort que les exactions du Makhzen à l’endroit de la presse n’est que l’écume des violations systématique des droits de l’Homme qu’il pratique à l’endroit du peuple Sahraoui. En effet, son activisme « débordant » visant à annuler la dimension droit de l’homme dans la mission de la Minurso doit aussi être dénoncé. L’Onu et ses « dépendances» savent ce qui se passe au Sahara occidental, ils connaissent le véritable visage d’un royaume colonialiste et très peu regardant sur les droits de l’homme, lorsqu’il s’agit des populations sahraouies. Les gesticulations du palais royale, dans une tentative désespérée de maintenir le couvercle démocratique, auront un jour ou un autre un effet contraire.
    L’erreur du Maroc a été de compter exclusivement sur la « compréhension » franco-américaine, au point d’être totalement isolé au plan africain et Méditerranéen. Mohamed VI, comme son père Hassan II, s’est cru plus proche des occidentaux que des «indigènes» d’Afrique et d’ailleurs. Son comportement, depuis son accession au pouvoir, donnait la nette impression d’une volonté de se dissocier de ses racines pour s’offrir à l’occident. Pour se faire, il n’a pas hésité à faire concession sur concession. Jusqu’à en perdre son identité, en pactisant avec l’entité sioniste.
    Le deal était simple. Aux dirigeants occidentaux de flatter l’égo du roi et mettre sous silence le sous-développement caractérisé de ses sujets. En contre partie, le roi laisse les grands de ce monde se comporter comme chez eux dans les limites territoriales de son royaume. Mais il a oublié que les occidentaux, et à leur tête Israël, n’ont que faire des largesses royales. Le jour viendra où ils lui feront ce qu’ils ont fait au système de l’Apartheid, en Afrique du sud.
    Par Nabil G.
    Ouest Tribune, 15/07/2021
    Etiquettes : Maroc, Makhzen, droits de l’homme, violations, Soulaiman Raïssouni, Omar Radi, presse, 
  • Droit de l'Homme : Le Département d'Etat, RSF et Euromed accablent le Maroc

    Les violations des droits de l’Homme au Maroc continuent de susciter les inquiétudes des organisations à travers le monde et plus récemment du département d’Etat des Etats-Unis qui accable le Royaume qui persiste dans ses pratiques répressives dans le but de faire taire les voix critiques envers le régime en place.

    Le département d’Etat s’est dit lundi « déçu » par le verdict de 5 ans de prison prononcé vendredi dernier à l’encontre de Souleiman Raissouni, rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum (qui a cessé de paraître en mai dernier après 14 ans d’existence). « Nous pensons que le processus judiciaire qui a conduit à son verdict contredit la promesse fondamentale du système marocain de procès équitables pour les personnes accusées de crimes, et il est incompatible avec la promesse de la constitution de 2011 et le programme de réforme » engagé dans le pays, a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, exprimant les préoccupations de son département par « l’impact négatif de l’affaire sur la liberté d’expression et la liberté d’association au Maroc ». « La liberté de la presse est fondamentale pour des sociétés prospères et sûres, et les gouvernements doivent veiller à ce que les journalistes puissent exercer en toute sécurité leurs rôles essentiels sans crainte de détention injuste, de violence ou de menaces », a-t-il poursuivi. 
    En effet, ce n’est pas la première fois, pour cette année, que le département d’Etat interpelle les autorités marocaines sur les droits de l’Homme. Dans un rapport publié début avril, il avait déjà pointé une situation peu reluisante au Maroc, et dévoilé des cas de torture, disparitions forcées, et graves restrictions à la liberté d’expression dans lesquels seraient impliqués des membres des forces de sécurité. Un mois après, soit le début mai, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, invitera les autorités marocaines à réaffirmer leur engagement en faveur de la protection et de la promotion des droits de l’Homme.
    Le régime marocain « étouffe » la société
    Dans ce contexte, l’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme, a déclaré, dans un rapport détaillé publié lundi, que les autorités marocaines ont « sévèrement restreint », depuis des années, la liberté d’opinion et d’expression et la liberté de la presse, et ont utilisé des méthodes « illégales » pour détenir, poursuivre et diffamer des activistes et des journalistes. Selon l’organisme, les autorités du Maroc détiennent ou poursuivent toujours 21 journalistes et militants des droits civils et humains pour avoir exprimé leurs opinions à travers les médias ou les réseaux sociaux. Durant les deux dernières années et au cours de cette année, des suivis judiciaires contre des journalistes et des activistes ont été prononcés, et certains d’entre eux ont été condamnés à de lourdes peines, d’après le rapport. Selon Euro-Med Monitor, l’absence de garanties constitutionnelles et légales suffisantes pour protéger le droit fondamental à la liberté d’opinion, d’expression et de travail journalistique a conduit à l’exacerbation des violations officielles et des abus envers l’exercice de ces libertés. 
    Le rapport de l’Observatoire Euro-Méditerranéen, intitulé « Le Maroc… étouffe les autres opinions « , s’est basé sur les témoignages de 15 journalistes et militants marocains ou de leurs familles, qui ont fait l’objet de mesures de persécution, de détention ou de diffamation, en raison de leurs activités journalistiques et politiques, et de l’expression de leurs opinions sur un certain nombre d’incidents au Maroc. Aussi, le rapport a souligné que les opposants et les journalistes sont visés par des campagnes de diffamation et de déformation dans les médias visuels, les réseaux sociaux et les sites web, afin de les empêcher de critiquer les politiques du Royaume.
    De son coté, Reporters sans frontières (RSF) particulièrement préoccupé par la condamnation arbitraire de Souleiman Raissouni, a signalé que ce dernier n’était pas au tribunal lorsque le juge a annoncé sa condamnation à cinq ans de prison pour « agression sexuelle », des faits qu’il a toujours contesté. La condamnation de Souleiman Raissouni a été prononcée après 4 mois d’une procédure émaillée par de multiples irrégularités. Le parquet avait requis la peine maximale, soit 10 ans de prison ferme au prétexte que notamment que les déclarations du journaliste étaient « contradictoires » tandis que celles du plaignant étaient « concordantes et cohérentes », selon RSF.
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, droits de l’homme, Soulaiman Raïssouni, Omar Radi, presse, journalistes,