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  • Maroc: Souleiman Raissouni, le courage face à l’acharnement

    Maroc: Souleiman Raissouni, le courage face à l’acharnement

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    Le journaliste marocain en détention depuis deux ans, et en attente d’une réponse sur son pourvoi en cassation, a été transféré vers une autre prison. Un transfert surprise, durant lequel ses documents et livres ont été déchirés, et après lequel il a été placé à l’isolement. RSF dénonce des méthodes qui consistent une nouvelle fois à violer les droits d’un journaliste en détention.

    Ce mercredi 25 mai, la famille et les proches du journaliste marocain Souleiman Raissouni, en détention depuis deux ans, ont appris avec stupéfaction que celui-ci avait été transféré deux jours auparavant vers la prison de Ain Borja.

    Si le transfert est permis par la loi marocaine après une condamnation en appel – soit la situation dans laquelle se trouve Souleiman Raissouni – les conditions de ce transfert et les actes qui l’ont accompagné, violant les droits du journaliste emprisonné, suscitent l’incompréhension et le désarroi.

    En effet, la loi marocaine conditionne le transfert des détenus au maintien d’une proximité avec la famille, condition qui était remplie par la prison d’Oukacha à Casablanca, dans laquelle était incarcéré Souleiman depuis mai 2020.

    De plus, les autorités judiciaires marocaines ont procédé à ce transfert de manière inattendue. Il a eu lieu le 23 mai, dans la foulée de la rencontre du journaliste avec sa famille au parloir, sans qu’aucun d’eux n’ait été prévenu, laissant la famille repartir apaisée par cette visite. Les autorités marocaines ont attendu deux jours avant d’annoncer le transfert de Souleiman Raissouni à son épouse.

    Durant le transfert, des gardiens de prison ont, en outre, saisi de nombreux documents préparatoires du futur roman qu’écrivait Souleiman Raissouni et ont déchiré plusieurs de ses livres et notes.

    Enfin, Souleiman Raissouni a été placé à l’isolement dès son arrivée sur son nouveau lieu de détention. Alors que la santé physique du journaliste a été entamée par plusieurs grèves de la faim observées entre avril et août 2021, ce placement à l’isolement, que rien ne saurait justifier, constitue une nouvelle atteinte à son état moral.

    RSF dénonce ces méthodes qui consistent une nouvelle fois à violer les droits d’un journaliste en détention. En effet, la loi marocaine offre plusieurs garanties aux détenus : une incarcération à proximité de leur famille, la limitation des placements à l’isolement aux seuls cas qui les justifient, ainsi que le droit de conserver leurs documents en prison.

    Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord, a déclaré : “J’appelle les autorités marocaines à revenir à la raison. Il faut que cesse l’acharnement contre Souleiman Raissouni qui, tout comme Omar Radi, est en prison pour avoir fait son travail de journaliste en toute indépendance. »

    Le journaliste marocain Souleiman Raissouni a été condamné le 24 février dernier par la Cour d’appel de Casablanca à cinq ans de prison à la suite d’un procès entâché d’irrégularités pour agression sexuelle, une accusation que le journaliste a constamment niée. Soutenu par RSF et plusieurs autres organisations de défense des droits de l’Homme, il attend dorénavant le résultat de son pourvoi en cassation.

    RSF, 26 mai 2022

    #Maroc #SoulaimaneRaissouni #Journalistes #Presse #Répression

  • Maroc: Soulaimane Raissouni est en prison depuis 2 ans

    Maroc: Soulaimane Raissouni est en prison depuis 2 ans

    Maroc, Soulaïmane Raïssouni, presse, journalistes, répression, Omar Radi, Tawfiq Bouachrine,

    C’est un bien triste anniversaire que l’on a fêté hier. Cela fait maintenant deux années que Soulaimane Raissouni est en prison. Une opportunité pour revenir sur les circonstances qui m’ont amené à le connaitre, le respecter et l’admirer.

    “Je souhaiterais réaliser un entretien sur l’histoire du Journal Hebdomadaire” C’est par cette requête que j’ai connu Soulaimane Raissouni. Il était encore à Al Massae. J’ai commencé par refuser. Je ne le connaissais pas vraiment, mais son journal, oui. J’avais du mal avec cette presse qui usait de pugnacité avec tout le monde sauf avec ceux qui la méritaient le plus -le complexe de rentiers et de sécuritaires qui tient le pays. Je doutais de sa promesse de publier mes réponses fidèlement. Pour me convaincre de son intérêt, il offrait de se déplacer en Tunisie où je me trouvais pour une conférence.

    Comme souvent dans ces circonstances, je recourt à mon père. Son nez pour le makhzénisé ou, plus utile encore, le makzanizable, lui faisait rarement défaut. Je n’ai pas pu finir ma question qu’il me disait d’y aller les yeux fermés. Selon Si Khalid, Soulaimane était un “vrai”.

    Mon admiration pour sa probité et son courage n’ont cessé de grandir depuis. J’en suis venu à le considérer comme le meilleur éditorialiste marocain de ces dernières années. Son travail de militant des droits de l’homme et son expérience de journaliste lui ont forgé la capacité d’analyse et l’intelligence nécessaire pour écrire comme les marocains ont besoin qu’on leur écrive. Avec une plume courageuse et respectueuse de leur intelligence. C’est, je crois, la raison de ces malheurs.

    Contre vents et marées, il a cru qu’une presse indépendante était possible au Maroc. Quand on lance un nouveau média, comme il l’a fait à un moment, et qu’on a les engagements éditoriaux sans compromis comme les siens, c’est qu’on a la foi. Il a été jusqu’au bout de ses convictions. Certains diraient son engagement déraisonnable. Critiquer les puissants lorsque ceux-ci ne rechignent devant rien ou presque pour vous faire taire, n’est ce pas là le signe de l’inconscience ? Peut être. Mais rien n’a jamais changé sans cette inconscience là.

    Soulaimane est-il innocent des crimes dont l’accuse l’Etat? J’en suis persuadé. Mais ma conviction n’a aucune importance. Ce qui en a, c’est le comportement du complexe Judiciaro-Policier à son égard. En l’occurrence, La vindicte de l’Etat n’est pas seulement évidente, elle est ostentatoire.

    Les tenants de notre ordre policier et judiciaire veulent que vous le sachiez : Les principes élémentaires du droit ne vous protégent pas lorsque vous les fâchez. l’injustice décomplexée de l’Etat n’est pas seulement un moyen pour condamner les critiques du régime. Elle en est aussi une fin.

    Le traitement inique des affaires Soulaimane Raissouni, Omar Radi, Nacer Zefzafi est un message en soi.

    S’élever contre le sort fait à ces éclaireurs de la liberté signifie notre rejet de ce message. Notre refus que la Loi soit un outil de répression aux bénéfices des puissants plutôt qu’un instrument de Justice équitable.

    Aboubakr Jamaï

    Source : Facebook, 23 mai 2022

    #Maroc #Presse #Journalistes #Soulaimane_Raissouni

  • L’affaire Omar Radi : histoire belge, sexe et tragédie

    L’affaire Omar Radi : histoire belge, sexe et tragédie – Maroc, répression, presse, journalistes,

    Vendredi 28 mai 2021, 9h30, Aïn Sebaa, quartier périphérique de Casablanca, face à la prison Oukacha. Le léger voile de brume maritime qui recouvrait ce quartier de la côte atlantique, se déchire lentement, par pans, laissant le soleil reprendre droit de cité. La journée s’annonce torride. La température frise déjà les dix-neuf degrés. Sweat noir, pantalon beige clair et baskets blanches, une dame installe un petit campement, pour quelques heures au pied d’un muret de clôture en pierres ocres, sur lequel court un grillage. A ses côtés, son compagnon, Driss Radi. Le blouson de Fatiha Cherribi, c’est son nom, est entrebâillé sur un T-shirt frappé de l’effigie d’Omar Radi, leur fils, journaliste d’investigation, victime de la vindicte du régime, en raison de la pertinence de ses enquêtes, de ses interviews ou de ses déclarations sur les crimes de la mafia au pouvoir.

    Une irrépressible appétence pour le traquenard sexuel

    Le journaliste de 35 ans dort en prison, à l’isolement, depuis le 29 juillet 2020. Il y a rejoint ses collègues Taoufik Bouachrine et Soulaïmane Raïssouni, respectivement incarcérés depuis le 24 février 2018 et le 22 mai 2020. Les journalistes font tous les trois face à des charges similaires. Mais dans le souci de donner du crédit à ses accusations, le parquet les a agrémentées de variations sur le même thème pour lequel il semble avoir désormais, une irrépressible appétence, le sexe : « traite d’êtres humains, abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de viol », pour le cas de Taoufik Bouachrine, « agression sexuelle » sur un militant LGBT pour Soulaimane Raïssouni et enfin « attentat à la pudeur avec violences et viol » pour Omar Radi. Pour ce dernier, le parquet a rajouté une cerise sur le gâteau, avec les charges d’ « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». Rien que ça ! Il faut croire que le logiciel des sécuritaires et du parquet est infecté et pollué par le sexe. Pour s’en convaincre, il faut compulser l’actualité des journalistes, des militants ou des défenseurs des droits de l’homme : Hicham Mansouri, journaliste, arrêté à son domicile, déshabillé et filmé par les policiers est condamné à dix mois de prison pour adultère , le 30 mars 2015; Hajar Raissouni, journaliste, arrêtée en même temps que son fiancé, Rifaat Al Amine, à la sortie du cabinet de son gynécologue et condamnée, le 30 septembre 2019, pour relations sexuelles hors mariage et avortement illégal; Fouad Abdelmoumni, économiste, militant des droits de l’homme et secrétaire général de Transparency Maroc, filmé en février 2020, par une caméra espion avec sa compagne en pleines ébats, dans leur chambre à coucher et la vidéo envoyée à sa belle-famille et ses amis. Maître Mohamed Ziane, ex-bâtonnier de l’ordre des avocats, ex-ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Droits de l’Homme et défenseur de Taoufik Bouachrine, objet, en novembre 2020, d’un montage vidéo montrant un homme nu, lui ressemblant aux côtés d’une de ses clientes, Wahiba Kherchich.

    Devant la prison d’Oukacha, une dizaine de personnes se joignent, en ordre dispersé, aux parents d’Omar Radi. Ils sont venus soutenir la cause des détenus. Embrassades, étreintes et effusions cèdent rapidement le pas à de véhémentes protestations et à d’innombrables quolibets. La veille, après le départ du groupe, les autorités, courroucées par le sit-in continuel des familles et des amis des prisonniers, devant la prison, ont décapité un ibiscus, un yucca et un eucalyptus qui avaient pour tort d’abriter du soleil les protagonistes de ces rassemblements. La nouvelle de l’ignominie et les photos du saccage se répandent immédiatement sur la toile où ils suscitent l’indignation générale.

    1 dîner 2 cons, l’œil du cyclone

    On a tout écrit sur l’affaire Omar Radi. Le journaliste avait pris part au Mouvement du 20 février 2011. Il avait sans doute, l’espace de quelques semaines, été victime de la supercherie grandeur nature, orchestrée par le Palais et ses complices, après l’éclosion du Printemps marocain. Une escroquerie intellectuelle qui a débuté avec le discours du 9 mars 2011 qui promettait, en effet, un peu plus que les revendications de la rue. Si bien que l’on pensait que le Mouvement avait fait plier le roi et l’avait décidé, sinon forcé à s’affranchir des travers caractérisant son régime. Comme bien de ses confrères, Omar pensait donc avoir gagné le droit à la liberté d’enquêter et de communiquer à ses compatriotes, le résultat de ses investigations, en un mot faire son métier de journaliste.

    Le référendum pour une « nouvelle » constitution approuvé à la manière soviétique, à plus de 90% et les élections remportées par les islamistes du Parti de la Justice et du Développement, les affaires pouvaient reprendre pour le palais, au sens propre comme au figuré. Le PJD avait promis de lutter contre la corruption et pour plus de justice sociale. Il se fit défenseur des corrompus et de l’injustice et leur bras séculier pour rattraper tous ceux qui avaient, de près ou de loin, pris part au Printemps marocain, artistes, poètes, chanteurs, journalistes, activistes ou simples citoyens épris de liberté. Omar Radi était de ceux-là, même s’il passa entre les gouttes de la répression immédiate. Bien plus tard, le 25 août 2018, l’homme dira son mot sur la méthode Mohammed VI, lors du sixième épisode de l’émission « 1 dîner 2 cons », diffusé le 25 août 2018. Il dit :

    -«……Carte blanche a été donnée par le roi, dans son discours du trône, aux sécuritaires de transformer le pays qui l’était déjà, en état policier, à l’exemple de la Tunisie de Ben Ali……………….La police et les services de renseignements ont accentué leur emprise sur le pays….. Ils ont accéléré la dépossession des terres collectives. »

    A la minute 17.30, le journaliste explique les raisons profondes de la révolte du Rif, ignorées par les marocains et qui sont la dépossession de trente mille (30.000) hectares de terres entre Ketama et Al Hoceima, pour alimenter l’assiette foncière du projet « Phare de la Méditerranée» (Manarat Al Moutaouassit).

    Dans la même séquence, Omar Radi se livre à un réquisitoire en règle contre le bilan de Mohammed VI dont il dit qu’il a poursuivi le sabotage des partis politiques entamé par Hassan II…………..

    Il n’y aura jamais de septième épisode de l’émission. Quelques jours plus tard, l’Association Racines, ayant hébergé le tournage du talkshow, est dissoute par les autorités. Le nœud coulant se resserrait un peu plus autour du cou d’Omar.

    On a également tout éventé du traquenard sexuel tendu au journaliste. Qui oserait, en effet, croire qu’une jeune femme violée n’appelle pas les secours alors qu’à quelques pas de l’agression, se trouve réuni un groupe de personnes ?

    La mauvaise histoire belge

    On a également tout démonté de cette prétendue affaire d’espionnage qui rappelle les histoires belges, l’humour en moins. Il faut, en effet le dire, la pitoyable mise en scène imaginée par le Makhzen est une insulte à tout ce que l’humour gaulois pourrait colporter sur les habitants du plat pays. Un employé de nationalité belge qu’on prend pour un diplomate hollandais et qui serait l’agent traitant d’Omar. C’est le citoyen belge lui-même, Arnaud Simons, qui remettra les pendules à l’heure et apportera un démenti cinglant aux déclarations du parquet dans une lettre où il détaille les relations qui l’ont lié au détenu.

    Il écrit :

    « Le poste que j’ai occupé a fait l’objet d’une offre d’emploi publique avant mon entrée en fonction et après mon départ et aurait pu être occupé par tout autre candidat, indépendamment de sa nationalité. Je ne suis ainsi moi-même pas néerlandais mais belge, ce qui ne fait que mettre en lumière le manque de sérieux des accusations d’atteintes à la sûreté de l’État portées contre Omar. »

    On aurait pu en rire et même se taper sur les cuisses, n’était-ce la tragédie qui emporte la famille Radi !

    Avec beaucoup d’élégance, l’ex-fonctionnaire de l’ambassade des Pays-Bas évoque un manque de sérieux des accusations. Il aurait pu tout aussi légitimement parler d’incompétence ou d’amateurisme, les policiers n’ayant même pas été capables d’orthographier convenablement son nom, transcrivant Simon en lieu et place de Simons. Au cours des auditions à la BNPJ, Omar Radi aura eu beau demander aux officiers de police judiciaire de corriger l’orthographe, s’ils voulaient retrouver l’homme pour le faire témoigner. Rien n’y fit.

    Dans sa lettre, Arnaud Simons bat également en brèche la thèse officielle d’un Omar Radi tentant de nuire à la situation diplomatique du Maroc, au travers de la crise du Rif. Il écrit :

    « J’ai quitté le Maroc à l’été 2015…………….. Les évènements du Rif n’ont débuté que bien après mon départ ……………………… Omar et moi n’avons depuis mon départ plus eu aucun contact téléphonique et lui et moi n’avons jamais discuté des évènements du Rif.

    Il semblerait pourtant que ce soit notamment sur base de cet élément que se fonde l’accusation contre lui d’avoir violé l’article 191 du code pénal, qui punit de cinq ans de prison l’« atteinte à la sûreté extérieure de l’État [en entretenant] avec des agents étrangers des intelligences ayant pour objet de nuire à la situation diplomatique du Maroc ».

    S’il devait s’avérer qu’Omar a effectivement reconnu avoir eu des contacts directs et téléphoniques avec moi coïncidant avec les événements en question, ses aveux poseraient alors plus de questions concernant la nature des séances d’interrogatoire qu’il a subies que sur l’authenticité des faits.»

    L’ibiscus qui refusait de mourir

    Des lignes accablantes en forme de démenti. Elles disent qu’en termes de nuisance à sa diplomatie, le régime marocain n’a nul besoin d’aide. Mohammed VI et ses thuriféraires s’en chargent à merveille, avec leur comportement d’un autre âge ! Car si Mohammed VI avait été ce souverain démocrate modèle, « roi des pauvres », qu’on avait vendu aux marocains à la disparition de son père, et si son régime avait été la monarchie parlementaire exemplaire dont la courtisanerie se gargarise, Omar Radi n’aurait peut-être jamais été journaliste ou à tout le moins pas celui que l’on connaît, auteur de ces enquêtes qui lui valent aujourd’hui la prison. Car vous l’aurez compris, c’est plutôt ailleurs qu’il faut chercher les raisons de l’arrestation du journaliste et sa condamnation. Dans la pertinence des articles et dans la qualité des enquêtes qui ont démasqué Mohammed VI.

    Pas une semaine ne s’écoule depuis son arrestation sans que, tour à tour, Fatiha et Driss Radi, ne se fendent d’une lettre psychanalysant leur peine, leur douleur et leur chagrin de parents. Aucun traducteur, aucun interprète ne saura jamais rendre la charge d’émotion de ces courriers-là.

    Devant la prison d’Oukacha, l’ibiscus étêté par les autorités a repris goût à la vie. Il feuillit de plus belle et bien plus vert qu’auparavant, comme un pied de nez à ses tortionnaires et un clin d’œil d’espoir aux familles d’Omar, de Soulaïmane, de Taoufik et des autres. Au fond de leur cellule, tous ces garçons me font penser à cet arbre magnifique qu’on a voulu tuer et qui revient hanter ses assassins et leur rappeler la tirade de l’apôtre de la non-violence, Mohandas Karamchand Gandhi, à la face de ses tourmenteurs :

    -« Vous pouvez m’enchaîner, vous pouvez me torturer, vous pouvez même détruire ce corps, mais vous n’emprisonnerez jamais mon esprit ! »

    Blog de Salah El Ayoubi, 05/01/2022

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes

  • Maroc-procès de Raïssouni: RSF appelle au respect des délais

    Maroc-procès de Raïssouni: RSF appelle au respect des délais. Respecter les standards internationaux en matière de délai raisonnable de la procédure » liée au procès du journaliste Souleiman Raissouni

    L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a appelé, mercredi, la justice marocaine à respecter les délais raisonnables pour le procès du journaliste Souleiman Raissouni, en prison depuis plusieurs mois, et dont la phase de jugement en appel a commencé.

    Sur sa page Twitter, l’organisation RSF a appelé la justice marocaine à « respecter les standards internationaux en matière de délai raisonnable de la procédure » liée au procès du journaliste Souleiman Raissouni. Auparavant, la cour d’appel de Casablanca a reporté l’audience du journaliste Souleiman Raissouni, pour la deuxième fois consécutive, au 3 novembre.

    La défense a de nouveau déposé une demande de mise en liberté provisoire de son client. Plusieurs organisations de défense des droits humains et acteurs civils et politiques au Maroc et à l’étranger avaient précédemment appelé à la libération de Raissouni et de tous les détenus politiques au Maroc.

    Le rédacteur en chef du quotidien Akhbar al Yaoum (interdit de parution depuis mars 2021), a été condamné en première instance le 10 juillet dernier, à cinq ans de prison ferme après un procès entaché d’ »irrégularités manifestes », selon des juristes et des organisations, Souleiman Raissouni ayant toujours contesté les faits qui lui sont reprochés (séquestration et viol).

    L’été dernier, il avait observé une grève de la faim pendant 122 jours pour protester contre la prolongation de sa détention provisoire pendant plus d’un an. Son action lui a laissé d’importantes séquelles. Les juristes considèrent que l’accusation contre Raissouni est de nature politique, en raison de ses articles critiques envers le pouvoir. Deux autres journalistes marocains sont également dans le collimateur du régime marocain.

    Le journaliste Omar Radi a été condamné à six ans de prison ferme pour « viol » et « espionnage ». Le fondateur du quotidien Akhbar al Yaoum Taoufik Bouachrine a lui aussi été condamné à 15 ans de prison pour des violences sexuelles qu’il a toujours niées.

  • Maroc: le journaliste Omar Radi suspend sa grève de la faim

    Le journaliste marocain engagé dans la défense des droits humains Omar Radi, en détention préventive depuis neuf mois, a suspendu vendredi sa grève de la faim entamée il y a 21 jours pour des raisons de santé, a annoncé sa famille.

    Ce journaliste de 34 ans est poursuivi pour avoir reçu des « financements étrangers », « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » et « viol » pour deux affaires différentes. Son procès a été renvoyé à deux reprises, la prochaine audience est prévue le 18 mai.

    Omar Radi « a décidé de suspendre temporairement sa grève de la faim », à cause de « la détérioration significative de sa santé au cours des deux derniers jours », a écrit vendredi son père Driss Radi sur sa page Facebook.

    Le militant avait entamé son mouvement dans l’espoir d’obtenir sa remise en liberté provisoire, après plusieurs refus de la justice marocaine.

    Malgré la suspension de sa grève de la faim, Omar Radi « continue de défendre son droit constitutionnel à un procès équitable et à des poursuites en état de liberté », a souligné son père.

    Un autre journaliste, Soulaimane Raissouni, en détention depuis onze mois et en grève de la faim depuis 23 jours, avec les mêmes revendications que M. Radi, poursuit pour sa part son mouvement.

    Ce rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Yaoum –qui a cessé de paraître mi-mars pour des raisons financières– est poursuivi pour « attentat à la pudeur avec violence » et « séquestration », après une plainte déposée par un militant de la cause LGBT.

    La prochaine audience de son procès, déjà renvoyé trois fois, est également fixée au 18 mai.

    La justice marocaine a refusé à plusieurs reprises la liberté provisoire des deux journalistes, poursuivis dans des affaires distinctes mais toutes deux liées, selon leurs soutiens, à leurs publications critiques.

    Les deux journalistes ont toujours nié les faits reprochés et leurs soutiens affirment qu’il s’agit d’un « procès politique ».

    Les deux plaignants à l’origine des poursuites pour agression sexuelle les visant nient toute « instrumentalisation ». Les autorités marocaines, elles, mettent toujours en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures.

    France24, 30 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Omar Radi, presse, journalistes, répression, Soulaimane Raissouni, Taoufik Bouachrine, grève de la faim,

  • Maroc : Communiqué des détenus d’opinion Soulaïmane Raïssouni et Omar Radi

    Prison locale Oukacha, Casablanca Le 26/03/2021

    Communiqué des détenus d’opinion Soulaïmane Raïssouni et Omar Radi
    C’est avec une extrême satisfaction que nous avons pris connaissance, en notre lieu d’incarcération, de la nouvelle de la libération de notre ami l’historien et militant pour les droits humains, Docteur Maati Monjib. Il avait passé presque 3 mois en détention préventive et engagé une longue grève de la faim en protestation contre son incarcération arbitraire et sa condamnation en son absence dans une autre affaire.

    Nous félicitons notre ami Maati pour avoir recouvré sa liberté et pour son retour dans le giron de sa famille et de ses amis, camarades et collègues, et nous espérons que cette nouvelle soit annonciatrice d’une avancée vers une ouverture réelle, sur les plans politiques et des droits humains dans notre pays. En cette occasion, nous tenons à exprimer ce qui suit :

    • Nous remercions le professeur Maati Monjib pour avoir renouvelé son engagement à nous défendre et sa lutte pour l’équité et la vérité dans les affaires auxquelles nous sommes confrontés, ainsi que pour les autres affaires liées à la détention pour délit d’opinion et la détention politique. Nous affirmons par ailleurs notre fierté pour les positions analogues exprimées par de nombreuses honorables personnalités, toutes tendances intellectuelles confondues.

    • Nous saluons de manière très appuyée nos familles pour ce qu’elles endurent à cause de notre détention et pour leur résistance face à cette situation, tout comme nous saluons chaleureusement les membres de nos collectifs d’avocats qui n’ont eu de cesse de contribuer à notre défense. De même, nous remercions toutes les personnes qui ont exprimé leur solidarité avec nous et l’ensemble des instances de droits humains, politiques et syndicales qui nous ont adoptés et on cru à la légitimité de notre cause en tant que détenus d’opinion dans ces dossiers dont la nature n’échappe heureusement plus à l’opinion publique.

    • Nous renouvelons notre solidarité avec l’ensemble des détenus d’opinion et des détenus politiques dans notre pays. Nous mentionnons en particulier les activistes pour les droits humains, les journalistes, les blogueurs, et les détenus à cause ou à l’occasion des mouvements sociaux et à leur tête les détenus du Hirak du Rif.

    • Nous réaffirmons notre innocence des accusations portées contre nous et notre engagement et disposition à nous en défendre jusqu’à ce que justice soit rendue et que la vérité soit mise en lumière, ce dont nous sommes absolument certains qu’elle émergera tôt ou tard.

    • Nous espérons que la libération de notre ami Maati Monjib, venu corriger un processus mal engagé, constitue l’amorce d’une décrispation humanitaire et politique, avec la libération de l’ensemble des détenus d’opinion et des détenus politiques du pays, en concrétisation des valeurs d’équité et en écho à la voix de la raison et du droit, et afin de permettre l’édification de la patrie à laquelle aspirent nos concitoyennes et concitoyens, sur les valeurs de liberté, de dignité, d’équité et d’égalité

    Source : Free Omar Radi, 26 mars 2021

    Tags : Maroc, Omar Radi, Soulaïmane Raïssouni, Maati Monjib,