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  • Quand Mandela s’indignait de certaines « pratiques » au Maroc

    Tags: Maroc, Nelson Mandela, Touarga, esclaves, racisme, noirs, Madiba, Hassan II – Quand Mandela s’indignait de certaines « pratiques » au Maroc

    Il n’a pas été le seul à s’en indigner, mais il était celui dont l’indignation était la plus sincère. Selon une source proche d’un défunt et connu politicien, lors de sa visite au Maroc en avril 1995, Nelson Mandela aurait appris que les noirs qui servaient directement Hassan II, ses « abids » (esclaves), comme disent encore certains au Maroc, lui baisaient la main. Mais pas de la même manière que le font pratiquement tous les Marocains, mais d’une manière assez spéciale.

    Hassan II obligeait ses « abids » à baiser sa main enveloppée d’une sorte de mouchoir en tissu ou un fichu.

    « Sidna » senior estimait que les lèvres aimantes charnues de ses noirs, dont la plupart vivaient et résident encore à Touarga, le quartier situé à l’intérieur du palais royal de Rabat, étaient indignes d’effleurer sa divine main.

    Mandela, chantre de la lutte contre le racisme anti-noir, en aurait gardé un souvenir amer jusqu’au point de le dire en privé à ce politicien marocain qu’il considérait comme un ami.

    Mais pourquoi cette indignation sélective cher Madiba ? Il y avait pire au Palais. Certains, et pas un petit nombre, noirs et blancs, ne baisaient pas seulement les mains de « Sidna » senior, ils lui baisaient également les pieds.

    Demain Online, 09/12/2013

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    Le Maroc ce pays qui n’aime pas les africains-noirs.

    Au Maroc, les marocains attisent et pratiquent la haine des subsahariens jusqu’à la lie. Samedi dernier, la radio française Rfi a diffusé un élément dans lequel elle a recueilli des témoignages d’africains victimes de racisme et de traitements dégradants de la part de marocains qui les accusent de tous les péchés d’Israël. Un jeune Africain noir a décrit avec amertume le traitement qu’il a subi alors qu’il était régulièrement établi à Tanger, ville du nord du royaume. Il a été expulsé de son immeuble, ses affaires détruites, avant de se retrouver sans aucune ressource dans la rue, essuyant, comme si cette humiliation ne suffisait pas, des jets de pierre.

    Bien avant Rfi, la chaîne de télévision France 24, dans son émission « les observateurs », a montré le calvaire de ces jeunes aventuriers noirs africains traqués par la police marocaine. La chaîne ivoirienne TV2 en 2014 a également diffusé un documentaire sur la misère des réfugiés africains au Maroc. A priori on pourrait croire à un de ces matraquages médiatiques pour discréditer l’image du Maroc comme en ont l’habitude les médias occidentaux. Mais la récurrence des faits et les témoignages d’Ivoiriens qui se sont réfugiés dans ce pays lors de la crise postélectorale, finissent par dissiper tous les doutes sur l’effectivité du racisme au Maroc, un pays africain. Des Africains qui maltraitent d’autres Africains, cela se passe dans le royaume chérifien. Pourtant depuis qu’il a pris le trône, Mohamed VI ne cesse de multiplier les relations avec les pays au sud du Sahara, à coups d’investissements, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Ces dernières années, le roi Mohamed VI en personne a fait le tour des capitales africaines à la conquête de débouchés pour les investisseurs marocains. Banques, Btp, cimenteries, pêche, commerce, de nombreuses entreprises marocaines ont gagné des parts de marché dans ces domaines. Des contrats juteux assortis de signatures d’accord de coopération bilatérale avec à la clé l’établissement de marocains dans ces pays sans la moindre entrave ni de la part des états, ni de la part des populations noires.

    Tel est donc le Maroc dont les ressortissants sont bien accueillis en Afrique Noire mais qui se refuse à toute réciprocité à cause de la différence de peau. Ce qui est écœurant, c’est que cette maltraitance des Africains noirs du Maroc se passe dans la plus grande indifférence des pouvoirs publics. On ferme les yeux là-dessus comme on ferme les yeux sur les drames de la migration vers l’Europe en pirogue à travers la Méditerranée.

    À Tanger, des Noirs africains attaqués à la machette

    Des Noirs africains manifestent dans les rues de Tanger pour dénoncer la violence dont ils sont victimes. Photo de Yassine Lachiri pour Tanja 24.com

    Des attaques sanglantes à l’arme blanche ont eu lieu dans le quartier Boukhalef à Tanger, où vivent majoritairement des Noirs subsahariens sans-papiers, candidats à l’immigration en Europe. Témoignages de migrants sous le choc…

    Les attaques sont survenues vendredi 29 août, dans quartier Boukhalef à la sortie de Tanger, expliquent plusieurs témoins contactés par France 24. Si les assaillants n’ont pas été identifiés, les personnes ciblées sont toutes des Noirs africains, la plupart sans papiers. Quatorze d’entre eux ont été blessés, selon les rapports de la police de Tanger. Un Sénégalais a par ailleurs été retrouvé égorgé à proximité des lieux de l’attaque. Sur une vidéo amateur publiée sur Facebook, on le voit allongé par terre sans vie, dans une flaque de sang.

    « Ils ont brûlé mon argent et mes affaires : je n’ai plus rien et j’ai peur de retourner à Boukhalef »

    Daouda (pseudonyme) est un Ivoirien sans-papiers, qui cherche à partir en Espagne. Il a été blessé à la tête lors de l’attaque de vendredi soir. En convalescence à l’hôpital Mohamed V de Tanger, il a accepté de témoigner.Nous étions dans le quartier Boukhalef avec des amis, lorsqu’on a vu des Noirs courir en notre direction et dire « Barrez vous, les Arabes arrivent ! ». Au loin, on a aperçu des gens avec des djellabas. Certains avaient le visage caché. Ils jetaient des cailloux, mais d’autres étaient armés de machettes et de couteaux. J’ai voulu m’enfuir, mais j’ai reçu une pierre sur la tête et je me suis évanoui. Quand je me suis réveillé, j’étais à l’hôpital. J’ai une grosse entaille sur la tête et j’ai été lacéré dans le dos.J’ai fui la Côte d’Ivoire il y a quatre ans, et ça fait trois mois que je suis à Tanger. Des amis m’avaient proposé de venir habiter à Boukhalef avec eux. Je n’ai pas eu d’alternative : ailleurs, c’était soit trop cher, soit les locataires noirs n’étaient pas les bienvenus.Hier, mes amis m’ont appelé pour me dire que les assaillants étaient entrés chez nous et avaient tout saccagé. Je n’avais pas grand-chose : juste quelques vêtements, des photos et un peu d’argent gagné en faisant des petits boulots de maçon. Tout est parti en fumée. J’ai peur d’y retourner, car je sais que ça va recommencer et que la prochaine fois, ils ne me rateront pas.

    « Les assaillants accusent les Noirs d’être des squatteurs, des alcooliques »

    Konaté (pseudonyme) travaille pour l’association espagnole Caminando Fronteras, qui fournit une aide humanitaire aux migrants à Tanger. Il prenait un thé dans le quartier quand les violences ont éclaté.On m’a dit qu’il fallait que je parte car j’étais noir. Pourtant, j’ai un travail, j’ai mes papiers. Mais ces soirées-là, où ça chauffe, il n’y a aucune distinction. Ce ne sont rien d’autre que des scènes de justice populaire : les assaillants accusent les Noirs d’être des squatteurs, des alcooliques, à l’origine de problèmes d’insécurité dans le quartier [RFI évoque des expéditions commanditées par des promoteurs immobiliers pour pousser au départ les migrants squatteurs NDLR]. Comme ils estiment que les autorités ne prennent pas suffisamment le problème au sérieux, ils ont décidé de les chasser eux-mêmes. Ils font l’amalgame entre « Noir-sans-papier-insécurité », alors qu’il y a beaucoup d’habitants en situation régulière à Boukhalef, qui payent leur loyer.Ce sont des groupes organisés avec un chef qui donne des ordres. Ils sortent le plus souvent le vendredi, après la prière du soir, et visent à la tête, ce qui laisse penser qu’ils veulent blesser mortellement. Ils entonnent des chants racistes en arabe tels que « on ne veut plus voir ces singes ici « ou « c’est notre guerre sainte ! « .
    Le plus grave, c’est que cela se passe souvent sous l’œil des policiers qui n’interviennent pas. Vendredi, le Sénégalais a été tué à quelques mètres du commissariat de Boukhalef. Des personnes dont on a détruit les appartements ou qui ont été blessées ont attendu des heures pour déposer plainte. Tout est fait pour dissuader les Noirs africains de rester ici.

    En réaction à ces attaques, une centaine de Noirs africains ont défilé dans les rues de Tanger pour dénoncer les violences dont ils sont régulièrement victimes, avant d’être dispersés par la police. Ces épisodes haineux se sont multipliés ces six derniers mois. Il y a quinze jours, dans le même quartier, quatre personnes avaient été blessées à l’arme blanche dans une attaque similaire.

    Lundi, une présence policière renforcée était visible dans les rues du quartier Boukhalef. Le parquet de Tanger a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie et affirme avoir arrêté plusieurs personnes dans les deux camps, accusées d’être impliquées dans les violences de vendredi. Contacté par France 24 pour s’exprimer sur le sujet, le conseil régional des droits de l’Homme pour Tanger, organisme étatique du ministère des Affaires étrangères, n’était pas disponible ce lundi.

    La région de Tanger compterait plus d’un millier de migrants subsahariens, dont environ 800 dans le quartier Boukhalef, en attente de passer en Espagne. D’après les chiffres officiels, le Maroc compterait 30 000 sans-papiers sur son territoire.

    Cet article a été rédigé en collaboration avec Alexandre Capron (@alexcapron), journaliste pour les Observateurs de France 24.

    France 24

    #Maroc #Racisme #Noirs #Africains #Subsahariens

  • Quatre pateras arrivent aux Canaries dans les dernières heures

    Espagne, Iles Canaries, Immigration, subsahariens,

    Au total, 208 migrants sont arrivés aux îles Canaries avec l’arrivée d’une troisième et d’une quatrième patera qui a été secourue par le sauvetage maritime dans les heures centrales de ce samedi.

    En premier lieu, ils ont sauvé un bateau pneumatique avec 46 migrants à l’intérieur alors qu’ils naviguaient à 39 milles de Puerto del Rosario. Parmi les occupants se trouvent 27 hommes, 17 femmes et deux mineurs, tous apparemment en bonne santé.

    D’autre part, ils ont secouru un autre bateau avec quelque 56 migrants de sexe masculin et subsahariens alors qu’ils naviguaient à environ 13 milles au sud de Gran Canaria.

    Dans la nuit 102 étaient arrivés, dont 44 femmes et 20 mineurs, ils sont arrivés entre vendredi soir et les premières heures de ce samedi à Gran Canaria et Lanzarote après avoir été secourus par les troupes de sauvetage maritime dans les eaux proches de ces îles.

    Des sources du sauvetage maritime ont indiqué que le premier sauvetage effectué par le Guardamar Talía a eu lieu vers 21h40, après qu’un écho d’un éventuel bateau ait été reçu à 9,6 kilomètres au sud de Maspalomas, et que ses occupants aient été transférés, 61 , selon le 1-1-2 du Gouvernement des îles Canaries, au quai d’Arguineguín.

    Le personnel de la Croix-Rouge s’est occupé de ces personnes (21 hommes, 26 femmes et 14 mineurs) dans le port, bien qu’ils aient dû emmener deux femmes avec leurs deux enfants dans des centres hospitaliers pour évaluation, un homme souffrant de maladies bénignes et l’autre déshydraté. , ont indiqué les sources de 1-1-2.

    Le deuxième bateau, dans lequel voyageaient 45 Africains subsahariens, dont 18 femmes et six mineurs, a été secouru par Salvamar Al Nair après que le 1-1-2 a alerté le Centre de sauvetage maritime de Las Palmas qu’il avait reçu un appel de l’un des ses occupants qui ont indiqué qu’ils étaient près de la côte de Lanzarote.
    Le Salvamar Al Nair est arrivé à sa rencontre vers 03h30 et après avoir secouru les immigrés, dont 18 femmes et six enfants, les a transférés au port de commerce d’Arrecife.

    L’un des occupants de ce bateau a été référé à l’hôpital Docteur José Molina Orosa lors de la présentation d’une photo de déshydratation, ont indiqué des sources du Consortium d’urgence de Lanzarote, ajoutant que les migrants ont signalé avoir quitté El Aaiún (Sahara) il y a trois jours. Occidental).

    La Provincia, 04/09/2021

  • Ceuta : Le calin qui a secoué la toile

    Est-ce un moment de sympathie ou une menace pour votre existence ?
    La catégorie Imagerie examine comment une image détermine notre perception de la réalité. Cette semaine : L’étreinte d’une bénévole qui est venue la soutenir lors d’attaques racistes.

    À la suite d’un conflit diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, au début de la semaine dernière, neuf mille personnes sont arrivées en l’espace de 36 heures à Ceuta, une enclave espagnole qui borde le Maroc. Ils sont venus à la nage, à pied àa travers un gué dans l’eau ou dans des bateaux en caoutchouc, ils se sont échoués épuisés sur la plage de Tarajal. Cela a dû être accablant, une sorte de pièce de théâtre chaotique avec différents groupes de personnes : les migrants, venant du Maroc et d’Afrique subsaharienne, les policiers, les gardes-frontières, les soldats dans leurs véhicules blindés, les photographes, les journalistes, les travailleurs humanitaires. Rétrospectivement, Luna Reyes dira aux journalistes : « Nous n’avons pas été formés pour voir une telle chose ».

    Elle n’était pas préparée à ce qu’elle a vu. Néanmoins, la volontaire de 20 ans de la Croix-Rouge espagnole – queue de cheval haute, élastiques au poignet, petit tatouage sur le bras – a fait ce qu’on attendait d’elle. Elle a aidé les adolescents qui pleuraient sur les derniers mètres à travers la haute marée, elle s’est assurée que les mères avec leurs enfants étaient en sécurité, elle a distribué de l’eau. Elle a posé sa main sur le cou d’un jeune homme blasé, en maillot de bain rouge, originaire du Sénégal. Il a entouré sa taille de ses bras, a posé sa tête contre son épaule et s’est accroché à elle comme si elle était une bouée de sauvetage.

    Le scène n’est pas passé inaperçue. Elle a été filmée par le photographe espagnol de l’AP, Bernat Armangué (42 ans) qui, provenant de Barcelone, était arrivé sur la plage vers midi. Il s’y promène un moment avant de se concentrer sur le groupe de migrants auquel appartient Abdou du Sénégal. Ce dernier s’est effondré, écrit Armangué, lorsqu’il a cru qu’un de ses amis (qui se révélera plus tard être son frère) était en train de mourir, ce à quoi Luna Reyes a tenté de le réconforter. J’ai réalisé que c’était un moment important : la connexion était authentique, un bref moment d’empathie entre deux personnes qui ne se connaissaient pas ».

    Déchets racistes

    Beaucoup de gens pensaient le contraire. Alors que la photo s’est répandue comme une traînée de poudre sur Internet, Luna Reyes (20 ans, volontaire – je le répète) a été bombardée d’insultes racistes, provenant du coté nationaliste de la droite espagnole et de personnes qui étaient « simplement » contrariées par l’arrivée de tant de migrants. Sous le hashtag #GraciasLuna, un contre-mouvement encore plus important a rapidement émergé, présentant Reyes comme la personnification de tout ce qui est bon en Espagne, mais entre-temps, l’étudiante elle-même avait déjà dû mettre ses comptes de médias sociaux en mode privé. Lorsque la télévision espagnole a rendu visite à Abdou, qui avait entre-temps été renvoyé au Maroc, et l’a réuni avec Reyes par vidéoconférence, celle-ci n’a pas voulu être reconnue à l’écran.

    Le photographe Armangué ne s’attendait pas à ce que sa photo déclenche tout cela. Il se trouvait à Ceuta pour faire un reportage sur une crise humanitaire en cours, dit-il par courriel. Les journalistes doivent informer et les citoyens peuvent ensuite décider s’ils veulent être informés. Les photographies, dit Armangué, peuvent déclencher des sentiments intenses. La façon dont vous réagissez dépend de qui vous êtes, de ce que vous croyez et de l’endroit où vous vous trouvez dans votre vie à ce moment-là.

    Vous n’avez pas votre mot à dire sur ce que les gens voient dans les images – même si, en tant que photographe, vous fournissez des légendes aussi précises et journalistiques. Là où l’un voit dans cette étreinte un moment symbolique de l’humanité, un autre y voit une menace personnelle pour son existence. On ne peut rien y faire. Cette petite phrase de Luna Reyes me hante toujours.

    Nous n’avons pas été formés pour voir quelque chose comme ça. Les photos sont tellement omniprésentes que nous oublions parfois que les regarder n’est pas aussi facile que nous le pensons. Regarder, lire, regarder à nouveau et seulement ensuite ouvrir éventuellement en parler – c’est un métier. Il faut s’entraîner à cela.

    De Volkskrant, 28 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, pression migratoire, détresse, empathie, sympathie, migrants, subsahariens, solidarité, bénévolat, Luna Reyes, racisme, extrême droite, xénophobie,

  • Maroc-Sahara Occidental: arrestations « en pleine nuit » de dizaines de migrants à Laâyoune

    Dans la nuit du 7 au 8 mai, les autorités marocaines ont surgi dans des habitations de Laâyoune, dans le sud du pays, arrêté et déplacé dans une autre ville des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne dont des femmes et des enfants. L’association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH) et le groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants (Gadem) dénoncent une « opération illégale » visant à éloigner les migrants des zones frontalières.

    Arrêtés en pleine nuit. Des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont été arrêtés dans la nuit du 7 au 8 mai à leurs domiciles, à Laâyoune, dans le sud du pays, selon l’association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH). L’opération menée par la police marocaine a eu lieu entre « 23h et 4 h du matin ». Des femmes et des enfants auraient également été embarqués.

    Omar Naji, le vice-président de la section de l’AMDH à Nador, contacté par InfoMigrants, parle d’opérations « illégales », « opérées sans ordre ni contrôle judiciaire ». « Des violations graves ont été commises », poursuit-il. « L’arrestation de femmes enceintes et d’enfants est interdite par la loi et contraire à la Convention Internationale des droits de l’enfant que le Maroc a ratifiée ».

    Sur les réseaux sociaux, l’AMDH a déploré le cynisme des autorités qui n’ont pas sécurisé la zone. Cette nuit-là, de nombreux vols, pillages et destructions de biens ont eu lieu aux domiciles des personnes arrêtées. « S’introduire à l’intérieur des maisons à 23h et les laisser ouvertes après les arrestations est de la responsabilité des autorités », dénonce encore Omar Naji.

    Ce n’est pas la première fois que les autorités marocaines procèdent à ce genre d’opérations musclées contres des migrants d’Afrique subsaharienne. Elles sont même « assez fréquentes, selon les périodes », souligne de son côté Camille Denis, la directrice du Gadem, une autre association marocaine qui vient en aide aux migrants dans le nord du pays. « Ce qu’il s’est passé à Laâyoune n’est pas étonnant. Cette opération est sûrement en lien avec la situation aux Canaries ».

    « Eloigner les migrants de la zone frontalière »

    Laâyoune est connu pour être l’un des points de sortie du pays pour les migrants voulant rejoindre l’Europe via les Canaries espagnoles – situées à environ 200 km de là. Les arrivées via l’océan sur l’archipel espagnol se sont multipliées depuis la fin 2019. L’an dernier, 23 023 migrants ont atteint les Canaries, soit huit fois plus que l’année précédente, selon le ministère de l’Intérieur espagnol. Depuis, l’Union européenne a haussé le ton contre le Maroc l’exhortant à mieux contrôler ses frontières.

    « Le but de ces opérations marocaines est donc d’éloigner les migrants de la zone frontalière », résume Camille Denis du Gadem. « Mener une opération à Laâyoune n’est pas un hasard, la ville fait partie des routes migratoires les plus utilisées sur la côte marocaine en 2020. »

    Généralement, les opérations des autorités répondent au même procédé : cibler un endroit précis (domiciles, parcs, carrefours…), mener des arrestations de masse et procéder à des déplacements internes forcés. « C’est comme cela que le Maroc essaye de stopper les départs ».

    Les migrants arrêtés à Laâyoune ont effectivement été déplacés vers la ville de Tantane, plus au nord, explique l’AMDH. « Ils auraient pu être déplacés encore plus haut, vers Agadir. On a déjà vu ça », précise encore Camille Denis.

    Des déplacements forcés pour décourager les migrants

    Une fois déplacés, les autorités peuvent procéder à des expulsions forcées, mais aussi à des libérations. Beaucoup de migrants sont ainsi relâchés dans la nature à des centaines de kilomètres de leur lieu de vie. Ce fut le cas lors de l’opération du 8 mai. « Les autorités ont libéré les migrants là-bas [à Tantane, ndlr] et les ont laissés sans ressources […] Ils doivent rentrer chez eux par leurs propres moyens », dénonce l’AMDH. « Ces opérations sont juste là […] pour montrer à l’Union européenne le bon travail de gendarmes marocains ».

    Le procédé des arrestations/déplacements forcés/retour-à-domicile ressemble surtout à une guerre d’usure visant à épuiser les migrants. « Il y a des traumatismes qui naissent de ces opérations. Les déplacements forcés participent à la précarisation des migrants. Ces derniers peuvent perdre leurs emplois, leur bail, leur logement », précise Camille Denis. Il y a aussi le traumatisme moral. « On parle d’arrestations à domicile, de nuit, d’arrestations au faciès, de violences… Tout cela est très compliqué à gérer pour les personnes de peau noire ».

    De nombreux migrants disent être victimes de racisme et de violences policières au Maroc. Outre la capitale Rabat, la police marocaine mène régulièrement des raids dans les forêts situées à proximité de Tanger, où des migrants vivent cachés en attendant de tenter de gagner les côtes espagnoles par le détroit de Gibraltar.

    En juillet 2020, un migrant camerounais avait été tué après que la police avait démantelé un camp illégal dans une forêt, au nord de Tanger.

    Info Migrants, 10 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, migrants, subsahariens, Laayoune, Canaries, Espagne, pateras,

  • Migration : Sauvetage de deux bateaux partis du Maroc vers les Îles Canaries

    Encore une fois deux bateaux pneumatiques avec un total de 124 Africains sauvés de Fuerteventura

    Les conditions météorologiques favorables avec peu de vent et des mers calmes en conséquence garantissent actuellement apparemment que de plus en plus de migrants d’Afrique empruntent la route dangereuse à travers l’Atlantique vers les îles Canaries. Avec une distance de seulement 100 kilomètres, Fuerteventura est la plus proche du continent africain de toutes les Canaries.

    Le soir du 7 mars et au petit matin du 8 mars 2021, deux canots pneumatiques avec respectivement 65 et 59 migrants d’Afrique ont été découverts dans les eaux au large de Fuerteventura.

    Le premier bateau se trouvait à environ 53 kilomètres à l’est de Fuerteventura lorsqu’il a été découvert. Selon les premières informations, il y avait 65 personnes à bord, dont 10 femmes et 1 bébé. Il a été découvert vers 17 heures par un avion SAR de sauvetage en mer.

    La recherche du canot pneumatique avait déjà duré toute la journée après que les autorités de sauvetage en mer ont reçu un appel indiquant qu’un canot pneumatique avait décollé du port de Tarfaya au Maroc pour les îles Canaries.

    Les migrants, qui seraient tous originaires d’Afrique subsaharienne, ont été embarqués sur l’embarcation de sauvetage Salvamar Mizar et emmenés au port de Puerto del Rosario.

    Les migrants semblaient en bonne santé lorsqu’ils sont arrivés à Fuerteventura. Toutes les personnes sont testées pour corona au moyen de PCR à l’arrivée et doivent être mises en quarantaine pendant au moins 10 jours.

    Deuxième bateau à environ 45 kilomètres au sud de Morro Jable

    Un autre canot pneumatique a été trouvé à environ 45 kilomètres au sud de Morro Jable. Il aurait quitté le cap Bojador au Sahara occidental mardi vers 22 heures.

    59 Africains y participaient, dont 41 hommes, 17 femmes et un enfant.

    Étant donné que l’embarcation de sauvetage stationnée à Gran Tarajal sur Fuerteventura avec les occupants du premier canot pneumatique était déjà en route pour Puerto del Rosario, un canot de sauvetage de Gran Canaria a dû venir à la rescousse du deuxième bateau de réfugiés. Il a fallu environ 4 heures à Guardamar Talía pour se rendre au canot pneumatique depuis son port d’origine d’Arguineguín.

    Après avoir embarqué les migrants et remorqué le bateau, le Guardmar Talía est retourné à Gran Canaria.

    Fuerteventura Zeitung, 9 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Iles Canaries, migration, subsahariens, africains,

  • Le corps d’une femme subsaharienne est retrouvé flottant au large des côtes des Canaries

    Le corps d’une femme subsaharienne est retrouvé flottant au large des côtes des Canaries
    Le corps, qui portait un gilet de sauvetage, a été aperçu à une vingtaine de kilomètres au sud de Fuerteventura.

    Le corps sans vie d’une femme d’origine subsaharienne a été retrouvé lundi flottant dans la mer dans les eaux proches de Fuerteventura, a rapporté le Secours maritime.

    Le corps, qui portait un gilet de sauvetage, a été aperçu à environ 20 miles au sud de Fuerteventura par le bateau de pêche La Mairena qui passait dans la zone et a alerté les équipes de secours.

    Après l’alerte, le Guardamar Concepción Arenal est parti à sa recherche et a récupéré le corps de la femme vers 13 heures.

    Le bateau Salvamento Marítimo l’a transférée vers le port de Las Palmas de Gran Canaria, où elle devrait arriver vers 15h30, heure insulaire.

    Il n’y a aucune trace de naufrage récent d’une yole dans les eaux de Fuerteventura ou de Lanzarote, mais le 24 mars dernier, un bateau avec des immigrants a demandé de l’aide après avoir quitté Tarfaya (Maroc), et bien que les secours maritimes aient essayé de le localiser pendant plusieurs jours, il n’a pas été retrouvé.

    Canarias 7, 5 avr 2021

    Etiquettes : Espagne, Iles Canaries, migration, subsahariens,

  • Maroc : 9 subsahariens arrivent à Melilla à la nage

    La délégation du gouvernement à Melilla a signalé qu’au cours des premières heures de vendredi à samedi neuf personnes d’origine subsaharienne et certains d’entre eux ont des symptômes légers de l’hypothermie sont arrivés à l’enclave espagnole.

    Son porte-parole a détaillé que les entrées ont eu lieu en deux tours et que les personnes ont été localisées par des patrouilles de la Garde civile ou dans le centre de la ville et dans les environs de l’infrastructure portuaire.

    Les migrants ont été pris en charge par des patrouilles de la Sécurité citoyenne de la Garde civile, qui ont à leur tour alerté la Croix-Rouge, qui leur a fourni des vêtements secs et des couvertures thermiques.

    Le porte-parole du gouvernement a déclaré que certains présentaient de légers symptômes d’hypothermie. Il a toutefois assuré que tous sont en bonne santé et qu’ils passeront la quarantaine au centre Covid, situé à Altos del Real.

    Gente en Melilla, 27 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Melilla, subsahariens, migration,

  • Algérie / Migrants subsahariens : un problème récurrent !

    par Cherif Ali

    L’on se rappelle encore de cette polémique déclenchée par Ahmed Ouyahia alors directeur de cabinet à la présidence de la République, qui dans une déclaration à vif, avait clairement fait savoir que l’immigration clandestine en Algérie est «source de crimes, de drogue et d’autres fléaux » !

    Ses propos avaient été confortés par le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Abdelkader Messahel qui avait estimé pour sa part que l’immigration clandestine africaine constituait une «menace pour la sécurité nationale » ; il avait ajouté que « le gouvernement était en phase de prendre des mesures urgentes pour faire face aux flux importants de migrants clandestins, derrière lesquels se cachent des réseaux organisés ».

    Ce qui a déclenché des remontrances à l’international, l’Algérie ayant été traité de pays « raciste » et obligé le Premier ministre de ce temps là, Abdelmadjid Tebboune, de rectifier le tir à partir de la tribune de l’APN où il avait déclaré « nous ne sommes pas des racistes, nous sommes des Africains, des Maghrébins et des Méditerranéens. L’Afrique et le monde arabe sont le prolongement naturel de l’Algérie et l’espace dans lequel elle évolue et se développe» !

    Humanité ou fermeté sur les migrants, en l’état le discours officiel est contrasté et pour le moins, il suscite l’inquiétude des associations qui redoutent un durcissement à venir concernant le séjour des migrants, ou ceux parmi leurs adversaires qui y voient un risque d’ « un appel d’air » si l’on venait a décider de les « régulariser » !

    Pour l’heure, notre pays est de plus en plus, assailli par des grappes d’Africains, Maliens et Nigériens majoritairement, qui ont élu domicile dans les rues pour s’adonner à la mendicité.

    A croire que le mouvement migratoire, même s’il a connu des reflux ces deux dernières années, à l’occasion des opérations «onéreuses » de retour enclenchées conjointement par l’Algérie et le Niger, et aussi le Mali avec lesquels nous avons un traité de reconduction des ressortissants, reste malgré tout stable, voire en croissance continue car il s’installe dans la durée.

    Même si on relève que des migrants de 8 nationalités différentes résident de manière clandestine en Algérie, la migration subsaharienne est essentiellement malienne et nigérienne, car les ressortissants de ces deux pays n’ont aucune peine à circuler, librement, dans le grand Sahara.

    Commerçants par le passé, ils s’adonnaient à l’économie frontalière du troc. C’était aussi des saisonniers qui venaient travailler ponctuellement dans les oasis du Sud. On appelait ce genre de déplacement « migration alternante ».

    Dans les années noires, à un moment où l’Algérie était durement frappée par le terrorisme, d’autres mouvements suspects de passeurs d’armes et de contrebandiers, en tous genres, ont commencé à prendre forme ce qui a pour effet de perturber le système du troc frontalier.

    Les refugiés, se laisse-t-on dire, ne sont pas n’importe quels migrants ; ce ne sont pas des migrants économiques mais des femmes et des hommes qui fuient leur pays pour leur liberté ou parce qu’ils sont en guerre. Cela est valable, peut-être, pour les ressortissants maliens dont le pays est secoué par des troubles qui trouvent refuge en Algérie et sont, forcément, bien accueillis.

    Pour les autres, notamment les Nigériens, il en va autrement, car là aussi il faut apporter la précision : un migrant climatique, est-ce économique ou politique ?

    Pour l’heure, le gouvernement algérien continue de tolérer cette migration clandestine, entrecoupée d’opérations ponctuelles, d’arrestations et de reconduites aux frontières, signe manifeste qu’il n’est pas disposé à la régulariser.

    Les pouvoirs publics sont dit-on, pour « un règlement global » de l’émigration clandestine à travers, notamment, le développement des économies subsahariennes et le renforcement de la stabilité interne des pays concernés.

    Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, a été chargé de reprendre les choses en main, en l’occurrence recenser les migrants clandestins et établir un fichier.

    La tâche est difficile, il n’existe aucune statistique sur le marché de migrants irréguliers en Algérie !

    Même le Haut Comité aux réfugiés (HCR) n’est pas parvenu à dénombrer ceux qui, parmi eux, ont fui des conflits locaux, au Sierra Léone, au Libéria, en République démocratique du Congo, au Nigéria, en Côte d’Ivoire et surtout au Mali.

    Condamnés aussi à la clandestinité au plan du séjour, interdits d’emploi du fait de la réglementation algérienne, ces migrants subsahariens vivent d’expédients, de mendicité, de trafic de devises et de drogue etc…

    En un mot, en marge de la société allant jusqu’à menacer ses fondements !

    En effet, les services de sécurité, même si cela n’a pas été médiatisé, ont eu à traiter de nombreuses affaires liées à la drogue, la fausse monnaie, la prostitution et même de crimes impliquant les migrants. Des bidonvilles, des « no man’s land » ont été érigés dans toutes les villes d’Algérie du Nord et du Sud ; elles abritent ces populations ce qui exacerbe les populations locales qui y voient un danger pour leur sécurité, celle de leur famille et de leurs biens.

    De nombreux affrontements ont eu lieu ces dernières années dans de nombreux points du territoire avec à la clé des victimes de part et d’autre.

    Le gouvernement et notamment le ministre de l’intérieur, pourront-ils juguler les vagues de plus en plus nombreuses des migrants, notamment pendant cette saison estivale propice aux mouvements migratoires, sans compter la ténacité hors du commun de ces personnes qui, autant de fois refoulées, réussissent souvent, avec femmes et enfants, à forcer les points faibles du dispositif sensé contrôler leur flux ?

    Même les restrictions imposées par la pandémie de la Covid-19 et les risques en découlant, n’ont pas eu raison de leur volonté de passer les frontières algériennes et de s’installer vaille que vaille dans le pays !

    Et aux observateurs de s’interroger :

    1. doit-on continuer d’accueillir les migrants conformément à notre tradition car, ce sont les invités de l’Algérie, comme l’avait affirmé le premier ministre d’alors, et président de la République aujourd’hui ?

    2. Ou se dire qu’on est contre cette politique parce que :

    – ces personnes sont rentrées en Algérie de manière illégale

    – et que le séjour en Algérie doit obéir à des règles.

    3. Autre question, l’Algérie a-t-elle vocation à accueillir toute la misère de l’Afrique ?

    Auquel cas, il faudrait interroger les Algériens dont la patience n’a d’égale que la générosité dont ils font montre à l’égard des migrants clandestins dont 10000 mineurs non accompagnés livrés, faut-il le dire, à eux-mêmes !

    Certes, il y a la nécessité de comprendre ici qu’on a à faire à des êtres qui méritent cet humanisme évident qui fonde l’existence même de notre civilisation ; ces gens-là, pour la plupart, fuient la guerre et l’oppression ; ils recherchent un meilleur avenir économique et tentent simplement d’améliorer leurs conditions, en prenant le risque de laisser leurs vies dans le désert du Sahara.

    Cela devrait rappeler qu’il est dans la caractéristique même de chacun d’entre nous de toujours chercher à améliorer son sort !

    Difficile de reprocher à ces individus, à ces familles, à ces groupes, ce que nous serons les premiers à tenter, ce que nos harragas tentent, d’ailleurs, chaque jour, si nous avions à subir la même situation !

    Il faut aussi rappeler et avec force que la situation de ces migrants est créée au départ par la déstabilisation et l’effondrement politique et économique de leurs pays aux mains de potentats qui refusent l’alternance et s’accrochent au pouvoir, quitte à tout brûler.

    Avec la bénédiction des grandes puissances qui profitent de leurs richesses naturelles !!!

    De ce qui précède, il faut dire que les cohortes des migrants iront croissant au regard de la crise économique et sanitaire qui n’en finit pas de durer et aussi des énormes disparités entre le Nord et le Sud de la planète, de la xénophobie ambiante, du changement climatique, de l’émergence de nouvelles guerres, et aussi du caractère insoluble des vieux conflits qui menacent d’exacerber ce problème de déplacement déjà massif.

    La mauvaise gouvernance et la corruption sévissant notamment en Afrique et dans le monde arabe sont à ajouter à ce constat !!!

    A exiger plus de fermeté au niveau des frontières et demander, à minima, l’expulsion de tous ces Africains en situation irrégulière, il va se trouver, bien évidemment, quelques «humanistes» pour dire qu’il ne faut surtout pas le faire, alors que la grande majorité d’entre ces Subsahariens n’a ni diplôme ni formation encore moins un métier la rendant éligible au séjour régulier dans notre pays.

    A la question fort épineuse que l’Etat et nos gouvernants se posent de savoir que faire de ces migrants clandestins qui s’amassent par paquets et s’essaiment dans tout le territoire national, il a été répondu officiellement que le gouvernement allait prendre des mesures urgentes pour y faire face.

    Il pourrait, toutefois, faire l’effort de «régulariser» tous ceux parmi les migrants qui, qualifiés, expriment le souhait de rester en Algérie pour y travailler, par exemple dans le secteur de l’agriculture et du BTPH qui connaissent d’énormes déficits en matière de main-d’œuvre.

    A charge, néanmoins, pour le gouvernement d’Abdelaziz Djerad de réformer notre réglementation au plan du séjour et de l’emploi des étrangers. Quant à ceux parmi les migrants qui n’ont pas vocation à rester, ils doivent être reconduits aux frontières, car ils constituent une «menace pour la sécurité nationale» !

    Le Quotidien d’Oran, 29 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, migration, subsahariens, Mali, Niger,

  • 2020, l’année la plus meurtrière sur la route des Canaries

    De janvier à décembre, un quart de tous les décès enregistrés sur cette route au cours des deux dernières décennies ont péri dans l’Atlantique.

    Le voyage en canot ou en cayuco vers les îles Canaries est le moyen le plus dangereux de rejoindre l’Europe. Pour 26 personnes qui ont réussi à débarquer dans l’archipel en 2020, une est morte ou a disparu lors de la tentative. Les données, calculées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), montrent que les risques de décès sont plus élevés lors de cette traversée que lors de la traversée de la Méditerranée reliant la Libye et l’Italie, traditionnellement la plus meurtrière. Le rapport de l’organisation, qui a été publié vendredi, révèle également que l’année dernière seulement a péri dans l’Atlantique, soit un quart de tous les décès enregistrés sur cette route depuis que le premier naufrage a été enregistré en 1999.


    Dans ce bateau, le premier naufrage, plus de 12 personnes voyageaient. Avant de couler, il naviguait à seulement 300 mètres de la côte de Fuerteventura. Le skipper du bateau a voulu éviter une portion de côte très fréquentée et a fait une embardée. C’est alors que le bateau a heurté un rocher et qu’un homme est tombé dans l’eau. Les autres occupants, tous marocains, se sont penchés par-dessus bord pour tenter de le sauver et la fragile embarcation a chaviré. Neuf personnes sont mortes. Cette tragédie n’a été que le début de deux décennies de décès, selon le rapport de l’OIM sur la migration maritime vers l’Europe. Cette tragédie n’est pas sans rappeler celle qui s’est produite en novembre 2020, lorsqu’un bateau transportant 36 personnes s’est écrasé contre les rochers du brise-lames du port d’Órzola, au nord de Lanzarote. Le bateau a chaviré à quelques mètres de la jetée et huit migrants sont morts. L’année 2021 a également connu un début tragique. Rien que la semaine dernière, trois personnes ont perdu la vie dans trois bateaux qui sont arrivés aux îles Canaries. Parmi eux, le petit Nabody, 24 mois, qui est arrivé au quai d’Arguineguín avec une hypothermie sévère et un arrêt cardio-respiratoire ; un homme qui voyageait dans un autre bateau avec sa femme enceinte ; et un homme dont le corps avait été jeté à la mer alors que le bateau naviguait encore. Le registre des données sur les migrants disparus de l’OIM fait état de 30 décès en Afrique de l’Ouest en mars de cette année.

    L’augmentation des arrivées l’année dernière a entraîné une augmentation du nombre de décès de migrants dans leur tentative d’atteindre les îles Canaries : on en a compté 849 pour la seule année 2020, selon l’OIM. Entre la mi-septembre et le mois de novembre, on dénombre au moins 472 décès, selon le rapport, qui souligne la difficulté de récupérer les corps des personnes qui perdent la vie dans l’océan : seuls 185 ont pu être secourus, dont 69 femmes et six enfants. Quelque 660 personnes ont été perdues en mer. Un an plus tôt, on dénombrait 210 décès et entre 2014 et 2018, moins de 50 chaque année.

    L’année 2020 restera dans l’histoire comme l’année la plus meurtrière pour les migrants qui tentent cette route migratoire, et la deuxième avec le plus d’arrivées dans l’archipel après la crise dite de Cayuco en 2006. Depuis 2009, le nombre d’arrivées est resté relativement faible, notamment grâce aux accords conclus par l’Espagne avec les pays d’origine des migrants. Cependant, l’apparition de la pandémie, le renforcement des contrôles et la fermeture du poste frontière entre le Maroc et l’Espagne à Ceuta et Melilla ont augmenté les tentatives de passage, selon l’analyse de l’organisation. La côte ouest-africaine est devenue une soupape d’échappement qui, au mois de septembre, a enregistré plus de 2 000 arrivées dans l’archipel, pour dépasser les 8 000 en novembre.

    La route vers les îles Canaries est une longue et dangereuse traversée en pleine mer. La plupart des bateaux partent de Dakhla (Sahara occidental), à environ 450 kilomètres ; de Nouadhibou (Mauritanie), à 775 kilomètres ; ou de plus de 1 000, de Saint Louis et Mbour (Sénégal). Le rapport de l’OIM précise que les personnes qui se lancent dans cette odyssée de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines dans les bateaux, avec peu de nourriture et d’eau, sont pour la plupart des pêcheurs et des agriculteurs qui fuient la pauvreté causée par les effets de la pandémie dans leur pays d’origine.

    L’OIM dénonce que les décès sur cette route de l’Atlantique sont bien plus nombreux que les 3 163 qui ont été documentés depuis le premier naufrage en 1999. Le rapport donne comme exemple l’estimation faite par l’ONG Pro Human Rights Association of Andalusia, qui reflète qu’un bateau sur trois a disparu sur la route en 2006, lorsque plus de 30 000 migrants sont arrivés aux îles Canaries. Cette année-là, quelque 206 personnes sont mortes, selon le SER en 2014. En 2020, au moins cinq épaves ont été oubliées dans les données officielles. Étant donné que les opérations de sauvetage sont rarement effectuées dans la région, une grande partie des naufrages de petits bateaux ne figure pas dans le registre. Beaucoup d’entre eux ne sont connus que quelque temps plus tard grâce au contact que les ONG ont avec les personnes qui sont toujours à la recherche d’un parent qui a tenté de traverser la porte mortelle de l’Atlantique en Europe.

    El Pais, 26 mars 2021

    Tags : Espagne, Maroc, Iles Canaries, Migration, subsahariens, Organisation internationale pour les migrations, OIM,

  • En 2020, plus de 23 000 personnes originaires du Maroc et d’Afrique de l’Ouest sont arrivées aux Iles Canaries

    Les migrants des îles Canaries affirment que les camps sont inadaptés.
    Alors que l’Espagne a reproché à l’Europe de ne pas partager ses responsabilités en matière de migration, le pays se retrouve sous le feu des critiques des migrants, des responsables locaux et des groupes de défense des droits de l’homme sur les îles Canaries, où des milliers de personnes ayant effectué une dangereuse traversée en mer depuis l’Afrique se disent bloquées dans des camps inadaptés.

    Associated Press Television News

    Alors que l’Espagne a reproché à l’Europe de ne pas partager ses responsabilités en matière de migration, le pays se retrouve sous le feu des critiques des migrants, des responsables locaux et des groupes de défense des droits de l’homme sur les îles Canaries, où des milliers de personnes ayant effectué des traversées maritimes dangereuses depuis l’Afrique se disent bloquées dans des camps inadéquats.

    Plus de 23 000 personnes originaires du Maroc et d’Afrique de l’Ouest sont arrivées sur l’archipel des stations balnéaires au cours de l’année écoulée, les autorités ayant pris des mesures de répression à l’encontre des itinéraires autrefois populaires en Méditerranée. L’Espagne a cherché à empêcher ce qu’elle considère comme des migrants économiques, principalement originaires du Maroc et du Sénégal, de poursuivre leur voyage vers le continent, en les empêchant de monter à bord d’avions et de ferries, tout en transférant les demandeurs d’asile potentiels et les personnes les plus vulnérables d’autres pays, comme le Mali.

    Lorsque les centres d’accueil existants sur les îles se sont remplis, le gouvernement a placé jusqu’à 8 000 personnes dans des hôtels touristiques laissés vides par la pandémie de coronavirus et a construit six grands camps temporaires pour héberger 6 300 personnes. Le plus grand d’entre eux à Tenerife est Las Raices, situé à San Cristobal de La Laguna, au pied d’une montagne de l’île volcanique. Construit avec des fonds de l’Union européenne, il peut accueillir jusqu’à 2 400 personnes dans ses rangées de tentes blanches.

    Depuis son ouverture, le camp a connu des problèmes : on se plaint du froid et de la promiscuité, du manque d’eau chaude et de la nourriture immangeable. La police a arrêté plusieurs résidents ce mois-ci dans le cadre de tensions liées à la nourriture. Certains ont décidé de quitter le camp pour dormir dans des cabanes dans une forêt voisine. Papa Seck, un pêcheur sénégalais qui a été transféré dans le camp il y a un mois, a fui sa ville natale de Joal-Fadiouth en octobre parce qu’il ne pouvait plus gagner sa vie en raison de la surpêche des eaux.

    Sa traversée de deux semaines a été pénible, dit-il, et plusieurs des 140 passagers sont morts de soif et de faim avant d’atterrir sur l’île d’El Hierro, aux Canaries. Quelque 23 000 personnes sont arrivées dans ces îles en 2020, soit une hausse de 750 % par rapport à l’année précédente, et au moins 849 personnes sont mortes ou ont disparu en chemin, selon l’agence des Nations unies pour les migrations. La route de l’Atlantique a regagné en popularité après que les pays d’Afrique du Nord ont renforcé les contrôles aux frontières et les interceptions en Méditerranée avec le soutien de l’UE.

    Lorsque Seck et ceux qui l’accompagnaient ont débarqué, ils ont subi des tests de dépistage du coronavirus et ont été mis en quarantaine avant d’être transférés dans des centres d’accueil ou des hôtels, puis à Las Raices. Bien que rien ne soit comparable à leur dangereuse traversée, Seck a déclaré que la vie dans le camp était difficile et qu’il était frustré de ne pas pouvoir continuer vers l’Europe continentale. Les grandes tentes du camp peuvent accueillir jusqu’à 64 personnes, mais elles sont divisées en sections plus petites, selon Accem, une organisation non gouvernementale chargée par le gouvernement de gérer les installations.

    Le taux d’occupation du camp se situe à un peu plus de 50 % de sa capacité maximale, selon le groupe. Même avec les subdivisions, Seck décrit « vingt-quatre personnes dans une tente », qualifiant cela d’ »horrible ». Mais on s’attend à ce que d’autres personnes soient déplacées dans le camp, ce qui signifie qu’il ne tardera pas à être rempli. José Luis Escrivá, ministre espagnol de l’inclusion, de la sécurité sociale et de la migration, a déclaré que plus de 1 000 migrants qui se trouvent encore dans des hôtels sur l’île seront transférés dans les camps d’ici la fin du mois.

    Pour beaucoup à Las Raíces, il est difficile d’imaginer ce que signifiera l’arrivée d’un plus grand nombre de personnes, surtout si l’on tient compte des heures d’attente à l’aube pour les douches. Les migrants ont déclaré que l’eau chaude devient rapidement froide. Accem a reconnu qu’un des deux chauffe-eau du camp était cassé et était en cours de réparation. La nourriture est la principale plainte. L’ONG Accem a admis que « la qualité et la quantité de la nourriture fournie doivent être améliorées » et en a informé le ministère du gouvernement. Mais Escrivá a nié avec véhémence que les conditions de vie dans les nouveaux camps étaient mauvaises et a rejeté les allégations selon lesquelles la nourriture était insuffisante.

    Dozens of young men mostly from Morocco have moved to the outskirts of Las Raíces, building makeshift shelters of tree branches, cardboard and plastic. Roberto Mesa, a member of a migrant support group in Tenerife, criticised Spain’s decision to hold them on the islands, saying they are kept out of sight of the rest of the population. « These people are not going to leave the Canary Islands (for Europe) and these macro-centres have been prepared… because these places are not very visible to the population, » said Mesa, whose group provides migrants with food, clothes and other services, including legal help for those seeking asylum and Spanish lessons.

    Escrivá, the migration minister, questioned the migrants’ decision to sleep in the streets rather than the camp, saying they were « induced by certain organisations to put up a show, » amid heightened expectations of a better life in Europe, when many of them faced a return to their homelands.

    Spain has bilateral agreements with African nations to eventually return migrants to their countries of origin or those they passed through. Spain, Greece, Italy, Malta and Cyprus have pressed for the new European Migration and Asylum Pact to force other EU members to establish an equitable relocation system and a centralized return mechanism. For Seck, a return to Senegal is not an option. « We prefer to die rather than return, » he said.

    Republic World.com, 25 mars 2021

    Tags : Espagne, Iles Canaries, migration, Maroc, subsahariens,