Étiquette : Syrie

  • La guerre et la paix américaines (Edito de Ouest Tribune)

    L’administration américaine sous la houlette des démocrates a toujours eu la mauvaise idée de se retirer brusquement de pays envahis par les Républicains avant de donner l’ordre d’envahir elle-même d’autres pays. Barack Obama qui a retiré les troupes US d’Irak, quelques années avant de bombarder la Syrie et la Libye illustre assez bien cette schizophrénie très américaine. Ces derniers jours Joe Biden, qui fut son vice-président en a peut être été l’inspirateur. Et pour cause, quelques mois après sa prise de fonction à la tête de l’empire, il décide de «laisser tomber» l’Afghanistan, envahi en 2000 par le républicain Georges Bush.

    Comme Obama, Biden ne va pas se formaliser. Il ne se souciera pas des Afghans qui ont cru à la démocratie promise et ont combattu les Talibans. Ceux-là, seront les dommages collatéraux d’une guerre qui aura duré 20 ans pour, au final, permettre à une horde d’intégristes sans foi ni loi d’imposer leur diktat aux Afghans.

    Les Américains sont ainsi. Ils parlent de démocratie, mais n’en pensent pas une miette. Toutes les personnes des pays envahis qui ont cru à leurs promesses sont doublement victimes. Pourtant, il faut bien le dire, les citoyens de ces pays ont clairement affiché leur aversion à la version américaine de la démocratie. En 2012, ils avaient mis l’Amérique au banc des accusés. Les manifestations hostiles au pays de l’Oncle Sam avaient fait le tour des pays musulmans. Même la lointaine Indonésie, dont les citoyens sont pourtant peu enclins à des démonstrations de colère avaient joint leur voix à celles des mécontents et donné plus de force à «la tyrannie de la foule». Mme Clinton qui préparait ses propres guerres était à l’origine de cette expression, dont le but était de sauver les meubles américains en terre d’Islam.

    A l’époque, l’Administration Obama disait à qui voulait l’entendre que son objectif était de faire émerger les « révolutionnaires » tolérants. Son vœu a accouché de la plus terrible organisation terroriste de l’Histoire de l’humanité. En réalité, Daesh n’a fait que donner corps à un rêve sioniste, celui de diaboliser l’Islam et les musulmans. En d’autres termes, les Démocrates, comme les Républicains, soustraitent pour l’entité sioniste.

    L’acte de Biden qui consiste à offrir tout un peuple et son pays à la barbarie des Talibans n’est certainement pas mue par des considérations de paix, mais sert, là aussi, un dessein que l’humanité découvrira dans quelques années. Ainsi vont la guerre et la paix américaines.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 18 avr 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Joe Biden, Barack Obama, Afghanistan, Irak, Syrie,

  • L’OMS inquiète pour le ramadan

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) se dit « inquiète » d’une possible aggravation de la pandémie de Covid-19 dans le monde durant les célébrations du ramadan, notamment au Maghreb et au grand Moyen-Orient. Le nombre de cas a augmenté de 22 % et le nombre de décès de 17 % « la semaine dernière [semaine du 5 avril, ndlr] par rapport à la semaine précédente » dans la région, a souligné le Dr Ahmed al-Mandhari, directeur du bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.

    L’expert de l’OMS a estimé que la situation dans cette vaste région qui va du Maroc au Pakistan traduit une « tendance inquiétante », indique l’AFP. « Nous sommes particulièrement inquiets que la situation actuelle puisse s’aggraver durant le ramadan si les gens ne suivent pas » les mesures sanitaires recommandées par l’OMS. Le jeûne du mois de ramadan, durant lequel les musulmans s’abstiennent de manger, boire et fumer entre le lever et le coucher du soleil, a débuté mardi 13 avril.

    L’OMS souhaite que « les pays fassent une évaluation des risques afin de prévenir la dissémination de l’infection », a, de son côté, indiqué le Dr Dalia Samhouri, responsable pour la région de la préparation aux situations d’urgence. Comme ailleurs, un des meilleurs moyens de contenir l’épidémie est la vaccination.

    Ahmed al-Mandhari (OMS) a précisé que l’ensemble des pays de la région avaient reçu des vaccins, mais que ceux qui avaient l’accès le plus limité étaient le Yémen et la Syrie. La région comprend 21 pays et les territoires palestiniens occupés, avec une population de près de 679 millions d’habitants-es.

    Selon lui, « il reste un déséquilibre choquant dans la distribution des vaccins » dans le monde. « C’est particulièrement vrai dans notre région où les soignants-es et les gens vivant dans des conditions de vulnérabilité comme en Syrie et au Yémen, ont l’accès le plus limité aux vaccins ».

    Ainsi, au Yémen, où quelque 14 millions de doses ont été promises via le dispositif Covax, seules 360 000 ont été livrées.

    Etiquettes : OMS, Ramadan, Maghreb, Moyen-Orient, Syrie, Yémen,

  • Un deuxième ramadan en temps de pandémie

    De nombreux pays musulmans entrent, mardi, dans la période du ramadan. La célébration religieuse se fait pour la deuxième année consécutive par temps de pandémie.

    Le mois saint de la religion musulmane se déroulera, à partir de mardi ou de mercredi selon les pays, entre restrictions sanitaires et craintes de nouvelles contaminations, notamment sous l’effet de ses traditionnels repas festifs à la fin de la journée de jeûne.

    Le jeûne du ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam. Durant ce mois, les musulmans doivent notamment s’abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil.

    La célébration, par pays
    Dans le pays le plus peuplé du monde arabe, l’Egypte (plus de 100 millions d’habitants), le ramadan débute ce mardi et, négligeant souvent le port du masque ou la distanciation physique, les Cairotes s’affairaient en nombre lundi à leurs derniers achats.

    En Tunisie, où le dernier ramadan s’est déroulé en plein confinement général, le gouvernement a dû cette année faire marche arrière sur l’allongement du couvre-feu à 19h et revenir ce week-end à un couvre-feu à 22h, face à une levée de boucliers.

    Les pays concernés:

    Au Maroc, des mesures de restriction pour la période (extension du couvre-feu, interdiction de fêtes et de rassemblements, etc…) ont été promulguées récemment.

    En Syrie, où le conflit est entré en mars dans sa dixième année, le ramadan s’annonce morose, dans un pays en plein effondrement économique et en proie à une inflation galopante. Le gouvernement n’a pas annoncé de nouvelles mesures ni de couvre-feu.

    «Ce ramadan n’est pas comme les autres. Il n’y a ni rassemblements familiaux, ni prière à la mosquée après l’iftar (le repas quotidien de rupture du jeûne), ni tentes, ni tables où est disposée la nourriture pour les pauvres comme le veut la tradition», assure Rima Qabalan, une mère de famille de la capitale jordanienne Amman.

    Les autorités saoudiennes ont annoncé début avril que seules les personnes vaccinées contre le Covid-19 seraient autorisées à effectuer la omra, le petit pèlerinage à La Mecque, à partir du début du ramadan. (ats)

    Le Royaume-Uni rouvre ses commerces et ses terrasses

    Watson.ch, 13 avr 2021

    Etiquettes : Ramadan, Islam, Maroc, Syrie, Egypte, religion,

  • Les musulmans s’apprêtent à vivre un deuxième ramadan sous la pandémie

    Nombre de pays musulmans entrent mardi dans la période du ramadan, assombri pour la deuxième année consécutive par la pandémie. Elle a déjà fait un million de morts en Europe.

    Le mois saint de la religion musulmane se déroulera, à partir de mardi ou de mercredi selon les pays, entre restrictions sanitaires et craintes de nouvelles contaminations, notamment sous l’effet de ses traditionnels repas festifs à la fin de la journée de jeûne.

    Le jeûne du ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam. Durant ce mois, les musulmans doivent notamment s’abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil.

    Dans le pays le plus peuplé du monde arabe, l’Égypte (plus de 100 millions d’habitants), le ramadan débute ce mardi et, négligeant souvent le port du masque ou la distanciation physique, les Cairotes s’affairaient en nombre lundi à leurs derniers achats.

    “Ni rassemblements familiaux, ni prières”
    En Tunisie, où le dernier ramadan s’est déroulé en plein confinement général, le gouvernement a dû cette année faire marche arrière sur l’allongement du couvre-feu à 19h et revenir ce week-end à un couvre-feu à 22h, face à une levée de boucliers.

    Au Maroc, des mesures de restriction pour la période (extension du couvre-feu, interdiction de fêtes et de rassemblements etc…) ont été promulguées récemment.

    En Syrie, où le conflit est entré en mars dans sa dixième année, le ramadan s’annonce morose, dans un pays en plein effondrement économique et en proie à une inflation galopante. Le gouvernement n’a pas annoncé de nouvelles mesures ni de couvre-feu

    “Ce ramadan n’est pas comme les autres. Il n’y a ni rassemblements familiaux, ni prière à la mosquée après l’iftar (le repas quotidien de rupture du jeûne, ndlr.), ni tentes, ni tables où est disposée la nourriture pour les pauvres comme le veut la tradition”, assure Rima Qabalan, une mère de famille de la capitale jordanienne Amman.

    Les autorités saoudiennes ont annoncé début avril que seules les personnes vaccinées contre la Covid-19 seraient autorisées à effectuer la omra, le petit pèlerinage à La Mecque, à partir du début du ramadan.

    Un million de morts de la Covid-19 en Europe

    L’Europe a franchi lundi la barre du million de morts de la Covid-19, selon un comptage réalisé lundi par l’AFP à partir de bilans fournis par les autorités de santé.

    Les 52 pays et territoires de la région (qui va à l’est jusqu’à l’Azerbaïdjan et la Russie) totalisent au moins 1.000.288 décès (pour 46.496.560 cas), devant l’Amérique latine et les Caraïbes (832.577 décès), les États-Unis/Canada (585.428 décès) et l’Asie (285.824 décès).

    7sur7.be, 13 avr 2021

    Etiquettes : Ramadan, Islam, religion, Maroc, pandémie, coronavirus, covid 19, Egypte, Maroc, Syrie, vouvre-feu,

  • La solidarité arabe est un mythe

    L’emballement de l‘actualité dans le royaume de Jordanie vient rappeler la fragilité des régimes monarchique au Moyen-Orient. Même si dans le royaume hachémite les problèmes se traitent avec bien plus de douceur qu’en Arabie Saoudite ou au Maroc, il n’en demeure pas moins que dans le fond, les situations sont à peu près comparables, à savoir une sourde lutte pour le pouvoir qui se résout par des arrestations, des mises en résidence surveillée et parfois des liquidations physiques discrètes.

    La crise politique en Jordanie a un autre mérite, celui de réveiller les autres pays membres de la Ligue des Etats arabes. L’unanimité de la condamnation de la tentative de putch avortée donne un aperçu assez précis du poids du royaume hachémite au sein de la famille arabe. Mais là s’arrête le constat. En réalité, il n’y en a pas un autre. Et pour cause, la Ligue arabe a toujours été un rassemblement d’Etats égoïstes et désunis. Disons-le franchement, les décisions concernant la région ne se prennent ni au Caire ni à Tunis et encore moins en Arabie Saoudite. Ces capitales appliquent toute honte bue des instructions qui leur viennent de Paris, Londres, Washington et de Tel-Aviv.

    En massacrant l’un des principes fondateurs de la Ligue arabe, les membres de cette constellation en majorité composée de petits roitelets et de présidents sans envergure ont montré toute leur disponibilité à se fondre le moule de la mondialisation aux relents sionistes et ne cherchent qu’à sauver leur peau, ici et aujourd’hui. Exceptons donc l’Algérie, la Syrie et la Tunisie.

    La preuve de l’allégeance honteuse de ces chefs d’Etat de pacotille a été actée avec l’admission de « l’opposition » syrienne en tant que représentant d’un peuple qui souffre et dont personne n’a demandé l’avis, au sien de la Ligue des nations arabe, les souverains de la région ont ouvert une boite de pandore. Ils ont effacé, par ce geste, toute l’histoire de la Syrie indépendante qu’ils ont mis entre parenthèse pour offrir la société syrienne pieds et poing liés aux anciennes puissances coloniales. Lesquels, ce n’est un secret pour personne, sont sous le giron de l’Etat d’Israël qui, a réussi à détourner le besoin de liberté des populations arabes pour en faire un instrument de la ruine des nations.

    Il n’est pas difficile de comprendre qu’une dizaine d’années après la destruction de la capitale des Abbassides, celle des Omeyades a aussi été donnée en offrande à tous les ennemis de l’Islam des lumières. Islamistes et sionistes, même combat. Et il faut croire qu’ils sont parvenus à se faire porter par les vents de la contre-révolution. Celle-ci s’est bien installée dans tous les pays du «printemps arabe », à l’exception de l’Algérie et de la Tunisie. Le prochain sommet de la Ligue arabe aura lieu à Alger. Il sera question de la réadmission de la Syrie authentique au sein de l’organisation panarabe. Les rois seront-ils solidaires, comme ils l’ont été pour la Jordanie?

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 6 avr 2021

    Etiquettes : Jordanie, monarchies arabes, Moyen Orient, Proche Orient, royaume hachémite, Arabie Saoudite, Maroc, Ligue arabe, Algérie, Syrie, Tunisie, Israël,

  • Des soldats du régime syrien rejoignent les forces de Haftar pour de l’argent

    Selon des sources syriennes locales, des soldats affiliés au régime de Bashar Al-Assad ont fui pour rejoindre la milice du maréchal à la retraite Khalifa Haftar en Libye en raison du non-paiement de leurs salaires par le régime.

    Les sources ont déclaré à l’Agence Anadolu que le régime syrien avait du mal à payer les salaires des soldats en raison des défis économiques croissants causés par la guerre en cours dans le pays.

    Les mêmes sources ont ajouté que de nombreux soldats du régime et milices pro-régime dans les gouvernorats de Hama, Homs et Alep cherchent à rejoindre les forces de Haftar en Libye, en raison de l’interruption de leurs salaires.

    Les sources ont également souligné que nombre de ces combattants avaient quitté l’armée pour combattre en Libye en échange d’argent.

    Les sources ont expliqué que la base aérienne russe de Khmeimim dans le gouvernorat de Lattaquié surplombant la mer Méditerranée avait été transformée en centre de recrutement de mercenaires à envoyer en Libye et au Venezuela.

    Les sources ont indiqué que les mercenaires acceptés doivent effectuer un service militaire obligatoire pour être autorisés à quitter la Syrie. Cependant, ceux qui souhaitent gagner de l’argent tentent de contourner cette condition en achetant des cartes d’identité appartenant à des hommes exempts de service militaire.

    Avec l’éclatement de la révolution populaire en 2011 et l’imposition de sanctions économiques au régime , la crise économique qui dure depuis des décennies et qui s’aggrave en Syrie a atteint son apogée.

    Middle East Monitor, 25 mars 2021

    Tags : Libye, Syrie, Mercenaires, Khalifa Haftar,

  • Plainte déposée à Moscou contre le groupe de mercenaires Vagner concernant la torture d’un détenu syrien

    Trois organisations non gouvernementales basées en France, en Syrie et en Russie ont annoncé une action en justice à Moscou contre le groupe Vagner, un entrepreneur militaire russe ayant des liens indirects avec l’élite politique du pays, pour la torture en 2017 d’un détenu en Syrie.

    « Ce litige est la toute première tentative de la famille d’une victime syrienne de tenir les suspects russes pour responsables de crimes graves commis en Syrie », la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, et le Centre des droits de l’homme Memorial, basé à Moscou, a déclaré dans une déclaration commune le 15 mars.

    Ils ont dit que le frère d’un citoyen syrien qui a été « torturé, tué, et avait son cadavre mutilé par six personnes en 2017 à Gouvernorat de Homs » a déposé la plainte pénale devant le Comité d’ enquête de la Russie le 11 Mars

    La plainte, qui a été facilitée par la La FIDH, le SCM et Memorial, « exigent l’ouverture de poursuites pénales sur la base d’un meurtre commis avec une extrême cruauté, en vue d’établir la responsabilité des auteurs présumés de ce crime et d’autres, y compris les crimes de guerre », indique le communiqué.

    L’affaire ne devrait conduire à aucune condamnation puisque le groupe Vagner serait dirigé par l’homme d’affaires russe Evgeny Prigozhin, un proche associé du président Vladimir Poutine.

    Bien que les entreprises militaires privées soient illégales en Russie, les observateurs affirment que Vagner a joué ces dernières années un rôle de plus en plus important pour soutenir les ambitions du Kremlin à l’étranger.

    Le groupe est actif depuis plusieurs années dans des opérations de combat dans différentes régions, notamment en Syrie, en Libye et dans d’autres régions d’Afrique.

    Dans leur déclaration, les trois ONG ont cité «de nombreux rapports faisant état de graves violations des droits humains commises par le groupe contre des civils, parfois avec une extrême cruauté».

    « Le statut juridique ambigu de [Vagner] au regard du droit russe et le déni des liens factuels indiquant sa totale dépendance vis-à-vis des autorités russes, est un moyen pour la Russie de se soustraire à sa responsabilité internationale pour les crimes commis » par les membres de l’entreprise militaire ajoutèrent-ils.

    Le communiqué cite l’un des avocats du plaignant syrien qui déclare que la loi russe « contient une obligation pour l’État d’enquêter sur les crimes commis par des citoyens russes à l’étranger ».

    « Chaîne d’impunité »

    Le comité d’enquête « n’a, à ce jour, ouvert aucune enquête sur le crime en question, même si toutes les informations nécessaires ont été officiellement communiquées aux autorités russes il y a plus d’un an », a déclaré l’avocat Ilya Novikov. .

    le président de Memorial Alexandre Cherkasovdéclaré une plainte déposée par le journal Novaïa Gazeta à Moscou un an était « ignoré. » il y a

    « cela nous a forcé,défenseurs des droitshomme,se tourner versautoritésenquête russes.effet, cela est une répétition de ce Il y a 20 ans, lorsque les disparitions forcées, la torture et les exécutions extrajudiciaires commises pendant le conflit armé dans le Caucase du Nord n’ont pas non plus fait l’objet d’enquêtes. Aujourd’hui, nous voyons un autre maillon dans cette chaîne d’impunité », a ajouté Tcherkasov.

    Avec l’Iran, la Russie a fourni un soutien militaire crucial au président syrien Bashar al-Assad pendant la guerre civile en Syrie, qui a commencé par une répression contre les manifestants antigouvernementaux en mars 2011. Plus de 400 000 personnes ont depuis été tuées et des millions déplacées.

    Les États-Unis ont frappé Prigozhin de sanctions pour ingérence dans les élections présidentielles américaines de 2016 et en relation avec le rôle de la Russie dans la guerre civile en Libye.

    Radio Free Europe / Radio Liberty, 15 mars 2021

    Tags : Russie, Syrie, Wagner, torture, Plainte,

  • Point Zéro du printemps arabe est de retour dans les rues. Cette fois, pour boucler la révolution

    La jeunesse tunisienne et de nombreux militants du printemps arabe sont de retour avec les slogans et les pancartes, exigeant la fin de l’Etat policier et la chute du régime. Mais quelque chose est différent cette fois.

    SHREYA PARIKH 31 janvier 2021, 11 h 34 IST

    Raghda Fhoula, 9 ans, est de retour à la manifestation, 10 ans après avoir crié à pleins poumons avec des slogans contre le régime tunisien d’alors au point zéro du mouvement du Printemps arabe. Le 23 janvier 2021, elle était en première ligne dans la capitale Tunis, appelant à la chute du régime de Hichem Mechichi et Rached Ghannouchi, et au «travail, liberté et dignité nationale». Parce que la «révolution» était incomplète.

    La Tunisie en attend toujours un, dit Raghda. «Le système (alors président Zine el-Abidine) Ben Ali n’est pas parti», me dit-elle. Outre elle, de nombreux militants du printemps arabe sont de retour dans les rues après une décennie. Il y a une certaine controverse, cependant, sur la description des manifestations passées. Certains sont d’accord pour appeler cela une «révolution», car elle a entraîné la chute de la dictature; certains l’appelaient la «révolution du jasmin», du nom de la fleur nationale de la Tunisie, qui a été critiquée comme répondant à un «imaginaire exotique» – l’appellent la «révolution de la dignité et de la liberté», ont-ils proposé. D’autres encore l’ont qualifiée de «révolution Facebook», en clin d’œil à l’utilisation populaire des médias sociaux pendant les manifestations. Mais Raghda l’appelle «intifada» – un soulèvement.

    Le 17 décembre 2010, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, à environ 300 km au sud de Tunis, Mohamed Bouazizi, dont la charrette de légumes avait été confisquée par la police, s’est immolé. Son acte désespéré a inspiré des manifestations de masse, qui se sont rapidement répandues dans tout le pays, pour être violemment réprimées. À l’époque, personne n’imaginait que le gouvernement de Ben Ali tomberait ou qu’il quitterait le pays, ce qu’il a fait dans la nuit du 14 janvier 2011, marquant la fin de 23 ans de son régime autoritaire.

    Le visage de Raghda s’illumine alors qu’elle se souvient du moment où elle a entendu la nouvelle. «Nous avions l’impression d’avoir gagné», me dit-elle, une fin heureuse pour elle et ses camarades, depuis 2005, pour organiser des manifestations, des radios alternatives et d’autres actes de résistance.

    Le succès surprenant des Tunisiens dans la chute d’une dictature a inspiré des manifestations de masse similaires dans la région, notamment en Égypte, en Libye, en Syrie et au Yémen. Ensemble, ils sont devenus le printemps arabe. Les slogans de protestation de la Tunisie ont été adaptés et moulés dans les cultures locales, criés ou chantés en musique. Chaque pays a suivi une trajectoire distincte. Alors que la dictature de longue date de l’Égypte prenait fin, la Syrie a connu une augmentation de la répression étatique par des moyens plus violents. Mais à travers tout cela, l’histoire tunisienne de la démocratie a continué d’être saluée comme un « modèle » pour la région, faisant du pays d’Afrique du Nord le point zéro du printemps arabe.

    Le verrouillage imposé par le gouvernement à partir du jour du 10e anniversaire du départ de Ben Ali pour supprimer la célébration de cette date importante, et les affrontements nocturnes qui ont suivi entre jeunes hommes et policiers dans les quartiers populaires des villes tunisiennes remettre en question cette rhétorique de «démocratie modèle». Comme l’ écrit le spécialiste Olfa Lamloum , «les successeurs de Ben Ali ont trahi la promesse de dignité de la révolution. Dans un signe des temps, le terme «révolution» a été remplacé par l’expression «transition démocratique», qui est une manière subtile de nier la légitimité politique à ceux qui ont mené les manifestations. »

    Un état policier
    L’infrastructure de sécurité avec une police toujours présente cherchant à écraser tout acte de résistance a de nouveau fait sortir les Tunisiens de la rue. Alors que l’État policier avait momentanément disparu après 2011, le pays dirigé par le Premier ministre Hichem Mechichi et le président Kaïs Saïed revient lentement aux mêmes formes de régime répressif qui existaient sous Ben Ali.

    Pour Raghda et beaucoup d’autres, qui ont été témoins de violences policières avant et après 2011, peu de choses ont changé. En 2008, alors qu’elle était encore mineure, Raghda a été interrogée par la police pendant plus de quatre heures pour son activisme contre le régime de Ben Ali. En 2016 , elle et son groupe d’amis ont été arrêtés pour avoir joué de la musique dans les rues de Tunis. Les interrogatoires sévères, la violence policière et les arrestations sont courants.

    Il n’est donc pas surprenant que les récentes manifestations appellent à la fin de l’État policier. Environ 23 000 personnes en Tunisie sont actuellement en prison, selon des estimations récentes de l’association Avocats sans frontières. Ces chiffres n’ont pas radicalement changé au fil des ans. L’emprisonnement continue d’être un aspect important dans la vie des Tunisiens à travers le pays, et les transferts fréquents de prison obligent les familles à parcourir de longues distances pour voir leurs proches.

    Depuis le début des affrontements nocturnes du 14 janvier 2021, date qui coïncidait avec le 10e anniversaire de la chute du régime de Ben Ali ainsi que le début d’un verrouillage de quatre jours, plus de 1600 personnes ont été arrêtées, dont des militants. Environ 600 d’entre eux sont des mineurs.

    La violence et la torture sont courantes dans les prisons tunisiennes. Comme Zakia Yaakoubi, mère d’un jeune de 16 ans détenu récemment, a témoigné : «Quand je me suis précipité après [mon fils] au poste de police, il était tout couvert de boue et ils lui donnaient des coups de pied comme une balle.»

    Mais le gouvernement tunisien et son appareil médiatique ne définissent pas les affrontements nocturnes comme des «  manifestations  » et les qualifient plutôt d ‘ les jeunes hommes des quartiers populaires qui «volent» et «vandalisent». Beaucoup de mes amis non tunisiens qui continuent de critiquer le gouvernement qualifient ces affrontements nocturnes d’actes «non structurés» qui ne mèneraient les manifestants «nulle part». Mais ce qui est clair, c’est que, plus que les manifestations dites «pacifiques», ce sont les actes de vol qui retiennent le plus l’attention du gouvernement.

    Jeune et agité
    Les inégalités croissantes et les expériences de perte de dignité sont des histoires que j’entends partout. Raghda dit que même si elle est employée par une institution publique, elle n’a pas de «  contrat  » officiel, ce qui la rend inéligible aux soins de santé gratuits, une précarité qu’elle porte comme un fardeau au milieu de la pandémie de Covid. En tant qu’enseignante auprès d’enfants autistes, Raghda gagne 500 dinars tunisiens par mois (environ Rs 13 500), dont la moitié va à son loyer.

    L’éducation continue d’être saluée comme une voie vers la mobilité sociale. Raghda possède une maîtrise en philosophie et termine un diplôme de premier cycle en musique. Mais les diplômes ne se traduisent plus par des emplois stables. Cela a conduit de nombreux étudiants à perdre la motivation d’étudier, dit Houda (nom changé), professeur d’anglais à Tabarka sur la côte nord de la Tunisie.

    Beaucoup se plaignent que la jeune génération d’aujourd’hui est le problème. Mais Mhamed M., enseignant dans les écoles publiques du gouvernorat de Sidi Bouzid depuis plus de deux décennies, me dit que le système éducatif reste ce qu’il était dans les années 50-60, sans changements structurels pour répondre à l’évolution des besoins du marché du travail. .

    Les histoires de marginalisation correspondent aux conclusions des études quantitatives sur les inégalités économiques et sociales en Tunisie. Aujourd’hui, le chômage dans le pays reste élevé (environ 16% depuis 2013), principalement concentré parmi les jeunes – environ 37% des personnes âgées de 15 à 24 ans étaient au chômage en 2020 (Banque mondiale). Le développement de la Tunisie n’a pas été uniformément réparti géographiquement; la marginalisation des régions du sud et du centre (comme Sidi Bouzid) est importante bien qu’elles soient riches en ressources naturelles.

    Nostalgique du passé
    L’aggravation de la situation économique, notamment à la lumière de la pandémie de Covid, a rendu certaines personnes nostalgiques de l’ère Ben Ali, reflétée également par la montée en puissance de politiciens proches de l’ancien président, comme Abir Moussi. Avec l’augmentation de l’incertitude économique, la règle de Ben Ali a été repensée comme étant «beaucoup plus fiable qu’aujourd’hui», déclare Michaël Bechir Ayari, analyste senior au think tank International Crisis Group.

    Pour les nostalgiques, les événements de 2010-11 ont marqué la chute de la société tunisienne. Abir Jlassi, un étudiant en droit de 27 ans , déclare : «Ce qui s’est passé n’était pas une révolution, ce qui s’est passé était un coup d’État. Le parlementaire Mohammed Krifa du Parti du Destourien Libre a déclaré : «Si vous nous donnez la liberté d’expression et que nous sommes affamés, qu’est-ce que cela signifie?» La liberté d’expression a été saluée comme l’une des plus grandes réalisations de la chute du régime de Ben Ali; le remettre en question remet également en question la signification des événements de 2010-11 et leurs retombées.

    Depuis le départ de Ben Ali, une multitude de partis politiques ont vu le jour en Tunisie, notamment Ennahdha – un « parti islamiste modéré » – dirigé par Rached Ghannouchi, interdit sous Ben Ali mais qui reste aujourd’hui une voix forte. Les résultats des élections indiquent une polarisation croissante entre les partis islamiques et laïques, entraînant une fracture des structures de gouvernement.

    Une révolution pour toujours
    Pour Raghda et d’autres, cependant, la «révolution» continue. Les slogans qui ont marqué les manifestations il y a 10 ans sont revenus, surtout: «Le peuple veut la chute du régime». Alors qu’est-ce qui a changé cette fois? Selon la chercheuse Hela Yousfi , les dix dernières années ont vu la création d’un «nouvel imaginaire politique par les citoyens qui résistent et d’où émergent de nouvelles relations sociales». Ces relations sont basées sur un nouveau concept de pouvoir – autonome, séparé du pouvoir institutionnel classique et qui rejette l’oppression étatique.

    Ce refus de se soumettre aux caprices et aux désirs de l’Etat, c’est ce que je vois en marchant avec la jeunesse tunisienne protestante. Venir sur un site de protestation, en pleine pandémie, en sachant que l’on pourrait subir des violences policières, est un acte de résistance et de rejet du pouvoir de l’État. Des groupes se rassemblent loin du site de manifestation alors que la police tire des gaz lacrymogènes; ils me disent de ne pas utiliser d’eau pour nettoyer mes yeux. Ils partagent des cartons de lait pour se laver le visage et presser des citrons sur leur masque facial. La révolution continue, avec le lait et les citrons.

    L’auteur est un doctorant étudiant la sociologie politique. Ses recherches portent sur l’étude du racisme, de la religion et des contestations d’identité en Tunisie et en France. Elle tweete @shreya_parikh. Les opinions sont personnelles.

    The Print, 31 jan 2021

    Tags : Tunisie, Maroc, Algérie, Libye, Egypte, Syrie, Yémen,

  • Analyse : Dix ans après, le printemps arabe pourrait-il à nouveau fleurir?

    Si vous pensez que vous avez mal en cette saison d’obscurité, de maladie et de division, prenez un moment pour réfléchir à l’agonie des gens du Moyen-Orient.

    Il y a dix ans, la nouvelle année 2011 a suscité de grands espoirs de liberté, de progrès et de vie meilleure pour les populations extrêmement jeunes de la région. En décembre dernier, un jeune vendeur de fruits du nom de Mohamed Bouazizi – marre de l’humiliation de payer des pots-de-vin à des fonctionnaires locaux corrompus pour avoir le privilège de gagner une bouchée de pain pour nourrir sa famille – s’était aspergé de diluant à peinture et s’était brûlé vif dans une ville poussiéreuse. place en Tunisie.

    Son acte désespéré a ouvert une vague de frustration et de colère parmi des millions de ses compatriotes arabes. Ils sont descendus dans les rues en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, à Bahreïn, en Syrie et dans d’autres pays. Ils ont exigé la libération des gouvernements tyranniques, la liberté de la corruption omniprésente, la liberté de vivre leur vie sans peur et sans oppression de la part de l’État ou de la mosquée. Les gouvernements et les dictateurs sont tombés – en Tunisie, puis dans une Egypte bien plus grande, puis en Libye et au Yémen. Un changement de régime semblait également imminent en Syrie, longtemps dirigée par les brutaux Assad.

    Il ne s’agissait pas seulement de jeunes agités, d’étudiants et de pauvres sans emploi; les commerçants, les ouvriers de la classe moyenne et les retraités se sont joints aux demandes de changement. Les plus de 400 millions de personnes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord semblaient enfin disposées à tout risquer pour quelque chose de mieux.

    Évaluer ce qui a changé
    Et qu’ont-ils obtenu pour leurs douleurs?

    Balles et barils bombes en Syrie. Le dictateur Bashar al-Assad continue de mener une guerre d’usure apparemment sans fin, massacrant et terrorisant les civils pour vaincre les groupes insurgés en déclin (certains démocrates, certains djihadistes) parmi eux. Cinq millions de réfugiés ont fui vers les pays voisins et vers l’Europe.

    En Égypte, les puissants Frères musulmans ont profité de la chute du président de longue date Hosni Moubarak en 2011 pour remporter des élections libres. Ils ont commencé à gouverner si mal qu’une grande partie du public a soutenu le coup d’État militaire sanglant qui a suivi en 2013. Aujourd’hui, le général devenu président Abdel Fattah el-Sissi gouverne d’un poing plus dur que Moubarak ne l’a jamais fait. Des milliers de manifestants et de militants pour la démocratie sont morts – ou croupissent en prison.

    La guerre civile en Libye a mis fin à la vie et à la longue tyrannie de Mouammar Kadhafi en 2011, mais le partage chaotique du pouvoir règne désormais dans l’État en faillite. La révolution prometteuse du Yémen a pris fin lorsque les puissances régionales, l’Arabie saoudite et l’Iran, ont commencé à utiliser la nation la plus pauvre du Moyen-Orient comme indicateur de leur lutte. Aujourd’hui, les Yéménites meurent de faim alors que les bombes saoudiennes continuent de pleuvoir sur eux; ils souffrent de ce que les Nations Unies appellent la pire crise humanitaire au monde. Le Liban, envahi par les réfugiés syriens et étranglé par des décennies de régime corrompu, est un autre État qui a failli échouer; la force la plus puissante qui soit est le Hezbollah soutenu par l’Iran. La monarchie fragile de la Jordanie s’accroche pour la vie chère.

    Au niveau régional, les autocrates semblent à nouveau fermement en contrôle. Seule la Tunisie, où le printemps arabe a commencé, a encore une démocratie qui fonctionne – et sa survie est tout sauf assurée. La montée de l’Etat islamique a répandu la terreur dans plusieurs pays ces dernières années a causé des souffrances incalculables à des millions de personnes avant sa défaite militaire éventuelle. Il reste cependant une menace, avec Al-Qaïda et d’autres groupes extrémistes.

    Les États-Unis se sont retirés de l’influence dans la région à la suite de l’aventure ratée de George W. Bush en Irak, de la réticence hésitante de Barack Obama à agir et du refus de Donald Trump d’affronter les tyrans où que ce soit. La Russie et l’Iran sont désormais les acteurs les plus puissants de la région. Le dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed ben Salmane, prétend être un réformateur, mais emprisonne quiconque cherche réellement de nouvelles libertés chez lui. À l’étranger, il se trompe avec empressement dans tout conflit régional qui lui donne une excuse pour affronter l’Iran (voir: Yémen).

    Dans le même ordre d’idées, les musulmans sunnites et les musulmans chiites se méprisent toujours, ce qui explique une grande partie du conflit sous-jacent au Moyen-Orient au-delà de son dysfonctionnement politique perpétuel. Pendant ce temps, la persécution des chrétiens par les musulmans semble être pire presque partout, avec la persistance de certains anciens groupes chrétiens maintenant menacés par les attaques extrémistes en cours.

    Être là
    J’ai couvert le printemps arabe et ses premières conséquences, d’abord à distance, puis sur le terrain en Égypte, en Tunisie, en Jordanie et au Liban. J’ai arpenté les rues de Sidi Bouzid en Tunisie, où Mohamed Bouazizi s’est incendié, et j’ai visité sa tombe à l’extérieur de la ville. J’ai marché sur la place Tahrir du Caire, là où la révolution a commencé. J’ai parlé avec des musulmans et des chrétiens au Caire et à Tunis, à Beyrouth et à Amman, le long des frontières de la Syrie avec la Jordanie et le Liban, dans des appartements délabrés loués à des prix élevés à des réfugiés syriens à Beyrouth et dans l’énorme camp de réfugiés de Zaatari au nord de la Jordanie.

    J’ai été témoin du travail héroïque des chrétiens libanais qui apportent de l’aide et de l’amour du Christ – malgré les objections de certaines de leurs propres congrégations – aux réfugiés musulmans traversant la frontière depuis la Syrie. J’ai vu le ministère désintéressé de Munif *, un pasteur local dans une ville frontalière jordanienne, qui a transformé son église en un centre d’aide polyvalent pour les réfugiés syriens épuisés et terrifiés qui traversaient la ligne. Lui et sa congrégation les ont aidés à trouver de la nourriture, du travail, des lieux de vie et des études pour leurs enfants. (Je lui ai rendu visite à nouveau en 2018, et il y est toujours, soutenu par l’aide de nombreux bénévoles du monde entier).

    Un père et une mère syriens avaient trébuché à travers la frontière avec leurs cinq enfants après avoir survécu à une embuscade de l’armée syrienne. Ils ont dit que leur fils adolescent, Hassan *, avait reçu une balle dans la tête. Alors qu’il saignait dans les bras de sa mère, un soldat s’est approché, son arme pointée. Leur fils de 4 ans, Wafik *, qui parlait rarement, se leva et leva les bras. «Je vous en supplie, mon oncle, ne nous blesse plus. Ayez pitié de nous », a-t-il lancé. Le soldat, apparemment déplacé, a emmené Hassan à l’hôpital. Plus tard, ils ont trouvé des amis à l’église de Munif. Quand je les ai rencontrés, Hassan marchait avec hésitation. Il avait besoin d’une thérapie physique continue.

    Je me demande ce qui est arrivé à cette famille. Ont-ils trouvé une maison permanente en Jordanie? Rentreront-ils un jour chez eux en Syrie?

    Je m’interroge aussi sur Amani *, une jeune femme intelligente et instruite que j’ai interviewée en 2012 dans un quartier à la mode d’Amman, en Jordanie. Au cours d’un cappuccino avec des amis dans un café, elle a parlé avec un peu de chance des nouvelles opportunités que le printemps arabe pourrait lui apporter en tant que femme musulmane. Elle voulait une famille, mais elle voulait aussi une vraie carrière professionnelle et avait travaillé dur pour cela.

    «Au début, c’était un choc, et quand cela a continué, c’était comme si vous regardiez une série à la télévision», a-t-elle déclaré à propos des révolutions arabes qui explosaient autour d’elle. «J’espère que c’est une bonne étape pour obtenir la liberté et avoir un bel avenir, car il y a beaucoup de corruption dans les gouvernements partout au Moyen-Orient. Rien ne peut changer soudainement. Je pense que cela prendra du temps. Combien de temps, je ne sais pas. Cela peut prendre 10 ans, 20 ans, 50 ans, mais c’est la première étape pour changer l’avenir. »

    Le feu la prochaine fois
    Je pense qu’Amani était sur quelque chose. La sagesse conventionnelle est que le printemps arabe a complètement échoué et ne se reproduira pas de sitôt. Mais tout le monde n’est pas d’accord avec cette sombre évaluation.

    D’une part, les récentes manifestations et soulèvements ont secoué ou renversé des régimes en Irak, au Liban, en Algérie et, peut-être plus surprenant, au Soudan, qui a vu le renversement en 2019 du dictateur islamiste brutal Omar el-Béchir. Les manifestants qui ont forcé le changement là-bas étaient des chrétiens soudanais.

    La population du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a augmenté de 70 millions depuis le début du printemps arabe et en ajoutera environ 120 millions de plus d’ici 2030. La pauvreté et le chômage ont augmenté avec lui, car des économies mal gérées ne parviennent pas à fournir des emplois à des vagues de jeunes à la recherche de travail. La répression politique moderne a tendance à ne fonctionner que tant que les gens ont suffisamment à manger.

    «Je ne pense pas que nous verrons une stabilité tant que les dictateurs et les agences de renseignement militaires continueront d’étouffer la société», a averti Fawaz Gerges de la London School of Economics dans une interview au Washington Post . «Le statu quo est intenable et la prochaine explosion sera catastrophique.»

    Alors ne pariez pas que la «rue arabe» reste silencieuse trop longtemps. Les moteurs de l’oppression au Moyen-Orient ne fonctionnent pas aussi efficacement qu’en Chine. Ils n’offrent pas non plus les incitations économiques à se taire comme le fait la Chine.

    «Malgré la nécrologie prématurée et l’héritage sombre du soulèvement arabe, la vague révolutionnaire de 2011 n’a pas été un mirage passager», écrit le politologue Marc Lynch aux Affaires étrangères . «En réalité, ce qui ressemblait à une fin n’était qu’un autre tournant d’un cycle implacable. Les régimes censés offrir la stabilité étaient, en fait, les principales causes de l’instabilité. Ce sont leur corruption, leur autocratie, leur gouvernance défaillante, leur rejet de la démocratie et les violations des droits humains qui ont poussé les gens à se révolter. … D’autres éruptions de manifestations de masse semblent désormais inévitables.

    Signes d’espoir
    C’est la perspective politique. Sous la surface, des courants plus profonds coulent.

    Je me souviens de Shamal *, un Tunisien de 27 ans que j’ai rencontré en Tunisie en 2012. Il est devenu un disciple du Christ après avoir vu le Christ dans une vision, vêtu de blanc. Des milliers de croyants d’origine musulmane racontent des histoires similaires de leur première rencontre avec Jésus. Shamal avait déjà été menacé et emprisonné pour sa foi, mais il ne l’avait pas abandonné. Il était devenu un faiseur de disciples.

    Alors que nous marchions dans les rues de Sidi Bouzid, Shamal a montré une sculpture commémorative de la charrette de fruits du martyr de la liberté Mohamed Bouazizi. Il était orné de ces mots dans les graffitis arabes: «Pour ceux qui aspirent à être libres.»

    «Je ne savais pas ce que c’était d’être libre, parce que je ne l’avais jamais vécu», a déclaré Shamal à propos de sa vie antérieure.

    Maintenant il sait. Personne ne peut enlever cela.

    * Noms modifiés pour protéger les identités

    Ponts Erich
    Ponts Erich

    Eric Bridges , journaliste baptiste depuis plus de 40 ans, a pris sa retraite en 2016 en tant que correspondant mondial pour l’International Mission Board de la Southern Baptist Convention. Il vit à Richmond, en Virginie.

    Baptiste News, 29 jan 2021

    Tags : Tunisie, Algérie, Maroc, Libye, Syrie, Egypte, Printemps Arabe,

  • Une époque de révolution inachevée

    Une époque de révolution inachevée
    10 ANS APRÈS LES RÉVOLUTIONS «ARABES»

    JOSEPH DAHER

    Les révolutions sont les locomotives de l’histoire (Karl Marx , Luttes de classe en France 1848–1850)


    Les révolutions ont été la forme la plus importante de conflit politique et social au XXe siècle, peut-être dans l’histoire de l’humanité, à l’exception peut-être des guerres internationales. Le déclenchement du processus révolutionnaire dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) au cours de la dernière décennie fait partie de ces événements majeurs et révolutionnaires de l’histoire humaine. Il ne fait aucun doute que la première vague de révoltes en 2011 a marqué l’ouverture d’une époque inachevée de révolution et de contre-révolution.

    Un processus révolutionnaire à long terme

    Une révolution est généralement comprise comme un mouvement populaire de masse qui vise un changement radical même s’il n’y parvient pas. Dans le cas des soulèvements de la région MENA en 2011, ils n’ont pas remporté de changements matériels radicaux dans les structures économiques de la région, mais ont renversé les cliques familiales du pouvoir en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, en Algérie et au Soudan, entre autres.

    En d’autres termes, nous avons été témoins de formes de révolution politique limitée plutôt que de révolution sociale, qui auraient entraîné des changements plus fondamentaux dans le régime néolibéral d’accumulation au sein du capitalisme, sinon dans le mode de production lui-même. Il est important de saisir les limites des victoires politiques, car les problèmes de la région ne sont pas seulement politiques mais sont les produits sociaux de sa forme particulière de capitalisme.

    Néanmoins, nous avons assisté à la mobilisation d’un grand nombre de personnes réclamant le renversement des régimes despotiques dans un pays après l’autre. C’est l’un des principaux aspects d’une révolution. Comme l’écrivait le révolutionnaire russe Léon Trotsky:

    La caractéristique la plus indubitable d’une révolution est l’ingérence directe des masses dans les événements historiques. En temps ordinaire, les États, qu’ils soient monarchiques ou démocratiques, s’élèvent au-dessus de la nation, et l’histoire est faite par des spécialistes de ce secteur d’activité – rois ministres, bureaucrates, parlementaires, journalistes. Mais à ces moments cruciaux où l’ancien ordre ne devient plus supportable pour les masses, ils franchissent les barrières qui les excluent de l’arène politique, balaient leurs représentants traditionnels et créent par leur propre ingérence les bases initiales d’un nouveau régime.

    Certains des soulèvements populaires ont abouti à une situation proche du double pouvoir. Ils ont organisé un État alternatif émergent pour contester le régime existant. Un exemple important de cela s’est produit en Syrie au début du soulèvement, lorsque les militants ont créé des comités de coordination et des conseils locaux dans les zones libérées.

    Celles-ci formaient une alternative potentielle au régime d’Assad et au capitalisme syrien. Mais ils ne se sont jamais complètement développés. Il y avait des problèmes avec eux, en particulier la sous-représentation des femmes ainsi que des minorités ethniques et religieuses. Néanmoins, ces organes locaux d’autonomie ont constitué au moins pendant un certain temps une alternative politique susceptible de séduire de larges couches de la population.

    Malgré la défaite de la première vague de soulèvements en 2011, le plus horriblement en Syrie, le processus révolutionnaire n’est pas terminé. Comme l’a souligné la décennie suivante de révolte en cours, la région est au milieu d’un processus révolutionnaire à long terme.

    Les racines du processus révolutionnaire

    Ce processus est enraciné dans l’économie politique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Le développement économique de la région est bloqué par son mode de production spécifique, qui est un capitalisme aventureux, spéculatif et commercial caractérisé par une recherche de profit à court terme. En conséquence, les masses de la région ont une confluence de griefs économiques et politiques qui ne peuvent être surmontés que par un changement révolutionnaire.

    Dans cette analyse, les soulèvements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ne sont pas seulement le résultat de la crise économique mondiale de 2008. Certes, la Grande Récession a contribué à les déclencher, mais la région a des problèmes structurels plus profonds par rapport au reste du système mondial. . Ce mode de production capitaliste est axé sur l’extraction de pétrole et de gaz naturel, le sous-développement des secteurs productifs, le surdéveloppement des services et le développement de diverses formes d’investissement spéculatif, en particulier dans l’immobilier.

    Chaque pays a bien sûr ses propres spécificités. Mais tous partagent des caractéristiques générales: les États patrimoniaux et néo-patrimoniaux dominent cette structure économique. Dans les États patrimoniaux classiques comme la Syrie et les monarchies du Golfe, une famille et sa clique président les dictatures, enrichissent une bourgeoisie d’État et se lancent dans une privatisation de copinage. Dans les États néo-patrimoniaux comme l’Égypte, la Tunisie, l’Algérie et le Soudan, les dictateurs supervisent les États contrôlés par l’appareil militaire. Dans les deux cas, le népotisme et la corruption sont monnaie courante.

    Les politiques néolibérales et les mesures d’austérité mises en œuvre au cours des dernières décennies ont exacerbé la politique autoritaire de la région et bloqué le développement économique. Les régimes ont réduit les services publics, supprimé les subventions aux produits de première nécessité comme la nourriture et privatisé l’industrie publique en les vendant souvent à des capitalistes liés aux centres du pouvoir politique.

    Ils ont également ouvert leurs économies aux investissements directs étrangers, développant le secteur des exportations et des services – en particulier le tourisme. Dans le même temps, les États ont maintenu les impôts sur les entreprises étrangères et nationales à un niveau bas et leur ont garanti une main-d’œuvre bon marché. Les appareils répressifs des régimes ont servi d ‘«agent de sécurité» protégeant les intérêts de ces entreprises et sévissant contre les travailleurs, les paysans et les pauvres.

    En conséquence, tous les pays de la région sont caractérisés par une inégalité de classe extrême, des taux de pauvreté élevés et un chômage élevé, en particulier chez les jeunes. Ceux qui ont une éducation et des compétences valorisées quittent leur pays pour des opportunités ailleurs.

    Et, dans le cas des monarchies du Golfe, leurs économies reposent sur des travailleurs migrants temporaires qui constituent la majorité de la population ouvrière et sont privés de droits politiques et civils. Au Koweït, au Qatar, aux Émirats arabes unis et à Oman, les travailleurs migrants représentent plus de 80% de la main-d’œuvre.

    Ces réalités contredisent les affirmations des institutions financières internationales et des États occidentaux, en particulier les États-Unis, selon lesquelles une réforme néolibérale créerait une «classe moyenne» ou une classe capitaliste qui, avec le soutien impérial de la réforme politique, entraînerait la démocratisation. En fait, il a produit le contraire: l’approfondissement de l’autoritarisme néolibéral.

    Ces conditions ont généré une lutte croissante parmi les travailleurs et les personnes opprimées à la veille des soulèvements de 2011. Elle a été chassée d’en bas par des jeunes, des travailleurs et des pauvres désespérés pour la liberté politique et l’égalité économique.

    Lutte et espoir de révolution

    Cela ne veut pas dire que nous devons adopter une perspective économiste, qui réduit tout aux conditions économiques. Il existe bien sûr de nombreux autres facteurs contributifs. Mais le blocage socio-économique combiné aux régimes dictatoriaux de la région a rendu impossible pour les masses populaires de surmonter les inégalités et d’exprimer leurs griefs à travers des processus institutionnels.

    Ces conditions matérielles prédisposaient le peuple à lutter. Mais ces conditions à elles seules n’étaient pas suffisantes pour déclencher les soulèvements. Comme Trotsky l’a fait valoir, les classes populaires se tournent vers l’action révolutionnaire lorsqu’elles voient l’espoir de transformer leur société:

    En réalité, la simple existence de privations ne suffit pas à provoquer une insurrection, si c’était le cas, les masses seraient toujours en révolte. Il faut que la faillite du régime social, révélée de manière concluante, rende ces privations intolérables, et que de nouvelles conditions et de nouvelles idées ouvrent la perspective d’une issue révolutionnaire.

    L’espoir et les nouvelles idées qui ont déclenché les révoltes en 2011 sont venus du fait que des millions de personnes dans les rues en Tunisie et en Égypte réclamaient le renversement de leurs dirigeants. Mais les luttes inspirantes dans ces deux pays ne sont pas venues de nulle part.

    Au cours de la décennie précédant le soulèvement, une lutte ouvrière importante a eu lieu en Tunisie et en Égypte. En Tunisie, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a joué un rôle de premier plan dans l’opposition aux régimes autoritaires, bien qu’elle ait été sérieusement affaiblie par une combinaison de répression, de privatisation des emplois publics et de compromis de la direction syndicale avec le régime .

    En Égypte, le pays a connu son plus grand mouvement social depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des grèves et des occupations de différents secteurs de la société. Les grèves dans les usines de Mahala el Kubra en 2008 ont témoigné de la force du mouvement ouvrier malgré la répression des forces de sécurité. Ces luttes ont progressivement ouvert la voie à la création de syndicats ouvriers indépendants, qui ont joué un rôle décisif dans le renversement de Moubarak (bien que non officiellement reconnu) et les premières années du soulèvement.

    Ainsi, sur la base d’années de lutte, les révoltes en Tunisie et en Egypte ont montré comment la mobilisation de masse pouvait renverser les dictateurs. Leurs victoires, si incomplètes dans le cas de la Tunisie et temporaires dans le cas de l’Égypte, ont inspiré les masses de la région à se soulever contre leurs propres régimes.

    Les révoltes de la région MENA suscitent la résistance mondiale

    La première décennie du nouveau millénaire a commencé avec le lancement de la soi-disant «guerre contre le terrorisme» en 2001 et s’est terminée avec la grande récession de 2008 et la crise mondiale qui a suivi. Les soulèvements populaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont ouvert la prochaine décennie, déclenchant une résistance dans le monde entier contre l’ordre néolibéral et les gouvernements qui l’appliquent.

    Les soulèvements dans la région MENA ont renversé les dictatures de Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak en Égypte, Muammar Khadafi en Libye et Ali Abdallah Saleh au Yémen, qui étaient tous au pouvoir depuis des décennies. Sans aucun doute, la plus grande réussite des soulèvements populaires a été de rappeler à la gauche qu’une révolution dans laquelle des masses de personnes se mobilisent pour refaire la société est possible. Cet ABC de la politique révolutionnaire avait été largement abandonné par de larges sections de la gauche.

    Les soulèvements de la région MENA ont inspiré des révoltes dans le monde entier. Une courte liste comprend le mouvement des Indignados en Espagne, Occupy aux États-Unis, les soulèvements contre la hausse des prix et la répression dans les États d’Afrique subsaharienne comme le Burkina Faso, et des luttes similaires dans de nombreux autres pays.

    La fin de cette décennie de révolte a culminé avec une deuxième vague du processus révolutionnaire dans la région MENA avec des soulèvements éclatant au Soudan, en Algérie, au Liban et en Irak. Deux nouveaux dictateurs – Omar el-Béchir au Soudan et Abdelaziz Bouteflika en Algérie – ont été renversés après 30 ans de règne, tandis que les classes dirigeantes néolibérales sectaires au Liban et en Irak ont ​​été défiées.

    Cette deuxième vague s’est produite au milieu de mobilisations populaires massives croissantes à travers le monde pour les droits politiques et sociaux et l’égalité de Hong Kong et de la Thaïlande à la Catalogne et au Chili. Des grèves et des manifestations féministes massives ont également été organisées pour lutter contre les attaques réactionnaires contre les droits des femmes de la Pologne à l’Argentine. En 2019, les grèves pour le climat ont balayé le monde et la décennie s’est terminée par le soulèvement des Black Lives Matter qui a secoué l’ordre politique et racial aux États-Unis.

    Les mobilisations populaires internationales ont approfondi la radicalisation mondiale contre le système capitaliste qui exploite et opprime l’humanité et détruit l’environnement à des fins lucratives. La pandémie n’a fait qu’aggraver les griefs dans le monde entier et remis en question la légitimité des gouvernements.

    L’offensive contre-révolutionnaire

    Alors que les révoltes de la région MENA ont inspiré des soulèvements similaires dans le monde entier, elles ont également déclenché une offensive contre-révolutionnaire de la part des régimes, des puissances régionales et des États impérialistes. Tout comme la révolution russe de 1917, les soulèvements constituaient une menace pour l’ordre capitaliste, notamment parce que ses réserves d’énergie alimentent l’économie mondiale.

    Comme le fait valoir David Harvey, «quiconque contrôle le Moyen-Orient contrôle le robinet pétrolier mondial et celui qui contrôle le robinet pétrolier peut contrôler l’économie mondiale, du moins dans un proche avenir. Les monarchies du Golfe détiennent environ 40 à 45% des réserves mondiales de pétrole et 20% de son gaz.

    La volonté d’assurer un flux ordonné de ces réserves explique pourquoi, après une brève période de confusion, les pouvoirs étatiques ont procédé à des contre-révolutions systématiques. Les régimes de la région ont réprimé les manifestations, tué un grand nombre de personnes et arrêté et emprisonné un nombre incalculable de personnes. Par exemple, le régime syrien, avec le soutien de la Russie et de l’Iran, a massacré des centaines de milliers de personnes et dévasté de grandes parties du pays.

    Les révoltes ont également affronté une autre force contre-révolutionnaire: les organisations fondamentalistes islamiques. Ils espéraient détourner les luttes pour imposer leur propre forme de régime néolibéral autoritaire et théocratique, contraire aux aspirations démocratiques et égalitaires du peuple. Les fondamentalistes ont trouvé le soutien de puissances régionales comme les États du Golfe et l’Iran.

    Diverses puissances régionales et impérialistes sont intervenues de manières multiples et diverses pour soutenir les contre-révolutions. Les puissances autres que les États-Unis ont accru leur marge de manœuvre pour le faire en raison du déclin relatif de Washington en puissance et en influence au Moyen-Orient en raison de l’échec de son occupation de l’Irak. La Russie et la Chine dans une moindre mesure mais surtout l’Iran, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Turquie, le Qatar et Israël ont profité de cette situation pour jouer un rôle croissant dans le soutien à la contre-révolution.

    L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar sont d’abord intervenus militairement au Bahreïn et ont lancé une guerre contre le Yémen avec le soutien dans les deux cas des États-Unis. L’Iran et la Russie sont intervenus en Syrie. L’Iran et ses forces mandataires en Irak et au Liban se sont également opposés aux révoltes dans ces pays et n’ont pas hésité à réprimer les manifestants.

    La Turquie et son allié le Qatar ont soutenu les Frères musulmans et d’autres mouvements fondamentalistes islamiques dans divers pays. Ankara est également intervenue sur le territoire syrien contrôlé par le PYD, la branche syrienne du PKK, dans sa guerre en cours contre l’autodétermination kurde.

    Bien que ces rivalités impérialistes et régionales soient évidentes, elles n’empêchent pas les alliances entre ces divisions. Comme l’a noté Karl Marx, les capitalistes et les États capitalistes sont une «bande de frères en guerre». Ainsi, en même temps qu’ils se trouvent en concurrence pour affirmer leur pouvoir géopolitique et accaparer les marchés de leurs entreprises, ils partagent des intérêts de classe, peuvent conclure des accords et souvent collaborer à la répression des soulèvements populaires.

    Le dernier exemple en est la réconciliation du Qatar avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui pourrait ouvrir la voie à un rapprochement entre l’Arabie saoudite et la Turquie. L’administration Trump les a également tous poussés à jeter les Palestiniens sous le bus et à ouvrir des relations diplomatiques officielles avec Israël. L’objectif de Washington est de renforcer Israël, d’isoler la lutte palestinienne pour la libération, de consolider une alliance régionale opposée à l’Iran.

    En assurant cette réconciliation, les États-Unis ont conclu deux accords particulièrement réactionnaires. Tout d’abord, Washington a amené le Maroc à normaliser ses relations avec Israël en échange de la reconnaissance par les États-Unis de l’occupation du Sahara occidental par Rabat et de leur promesse de 3 milliards de dollars d’investissements pour «l’appui financier et technique des projets d’investissement privé».

    Deuxièmement, les États-Unis ont forcé le nouveau gouvernement du Soudan, dans lequel l’armée dirige conjointement avec les représentants du soulèvement populaire, à payer pour ce que l’ancien régime a fait. En échange du retrait de la liste de Washington des États commanditaires du terrorisme, de l’aide à rembourser 60 milliards de dollars de dette envers la Banque mondiale et d’un milliard de dollars d’aide, le Soudan a accepté de rembourser les 335 millions de dollars pour les bombardements d’ambassades africaines et de reconnaître Israël.

    Autoritarisme néolibéral

    Ainsi, les révoltes continuent de faire face à diverses forces contre-révolutionnaires totalement opposées à tout changement démocratique et socio-économique radical. Ils ne se sont pas seulement engagés à rétablir le statu quo ante; ils visent à intensifier l’autoritarisme, les politiques répressives et les réformes néolibérales.

    Ce faisant, les régimes soutenus par les puissances régionales et impériales ont exacerbé toutes les conditions qui ont conduit aux soulèvements. Ils ont utilisé la couverture de la pandémie pour intensifier la répression des mouvements de protestation.

    Ils ont imposé des verrouillages à une grande partie de la population, non pour protéger la santé des classes ouvrières, mais pour les empêcher de s’organiser et de se battre pour un changement politique et social. Ils ont menacé les gens d’amendes pour avoir enfreint les couvre-feux, ont pris pour cible les médias pour avoir critiqué leurs politiques et arrêté des militants qui ont remis en question les informations officielles sur le virus.

    Ils ont également profité de la récession mondiale et de l’effondrement des prix du pétrole pour mettre en œuvre des réformes néolibérales auparavant encore plus profondes, réduisant le rôle de l’État dans l’économie et élargissant la portée du marché dans une arène auparavant intacte. Plusieurs pays ont adopté une législation sur les partenariats public-privé (PPP) afin d’étendre la privatisation des services publics et des infrastructures publiques.

    En Arabie saoudite, les PPP sont devenus un élément fondamental de la stratégie économique et politique de la Vision 2030 promue par le prince Mohammad Bin Salman. Ils placent le capital privé au centre de la future économie saoudienne. Le Financial Times a qualifié ces plans de «thatchérisme saoudien».

    Il a réduit les subventions, supprimé l’indemnité de vie chère et augmenté la TVA de 5 à 15 pour cent. Le gouvernement prévoit d’organiser des PPP pour de nombreux services gouvernementaux, y compris des secteurs tels que l’éducation, le logement et la santé. Pendant ce temps, le fonds souverain du royaume a investi plus de 8 milliards de dollars depuis le début de la pandémie dans des mastodontes de l’économie mondiale tels que Boeing et Facebook.

    De la même manière, le régime syrien a accéléré sa politique néolibérale. Il a adopté une loi PPP en janvier 2016 qui autorise le secteur privé à gérer et à développer les actifs de l’État dans tous les secteurs de l’économie, à l’exception du pétrole. Le régime a imposé davantage de mesures d’austérité et réduit les subventions sur les produits essentiels de 20,2% du PIB en 2011 à 4,9% en 2019.

    Cet autoritarisme néolibéral a encore aggravé les inégalités sociales. Désormais, dans la région MENA, les 1% les plus riches et les 10% les plus riches de la population absorbent respectivement 30% et 64% des revenus, tandis que les 50% les plus pauvres de la population n’en reçoivent que 9,4%.

    Dans l’ensemble de la région, la richesse de ses 37 milliardaires équivaut à la moitié la plus pauvre de la population adulte. En outre, entre 2010 et 2019, le nombre de personnes riches ayant des actifs de 5 millions de dollars ou plus en Égypte, en Jordanie, au Liban et au Maroc a augmenté de 24% et leur richesse combinée a augmenté de 13,27%, passant de 195,5 milliards de dollars à 221,5 milliards de dollars.

    Dans un rapport publié en août 2020 par Oxfam, il a été estimé que la contraction économique causée par la pandémie et la récession jetterait 45 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté dans toute la région. Les conditions des réfugiés et des travailleurs migrants, qui étaient déjà très difficiles, se sont considérablement aggravées et sont devenus la cible de boucs émissaires racistes.

    Les puissances impérialistes ont collaboré avec les régimes dans cet autoritarisme néolibéral. Leurs institutions financières internationales ont utilisé la dette, qui a atteint des proportions astronomiques en Égypte, au Soudan, en Tunisie, au Liban et en Jordanie, pour exiger un nouvel ajustement structurel de leurs économies alors même qu’elles s’enfoncent dans la récession.

    En conséquence, les militants du mouvement augmentent maintenant la demande d’annulation de la dette. La Tunisie est un exemple. La facilité de financement élargie du FMI a imposé plusieurs mesures d’austérité, entraînant la dépréciation du dinar tunisien en 2017, et l’inflation qui en a résulté a appauvri les classes populaires et a fortement augmenté les taux de chômage.

    La dette extérieure du gouvernement représente désormais environ les deux tiers de la dette publique totale en 2020 et les fonds qui seraient autrement affectés au bien-être public sont désormais détournés pour la servir. Les militants s’opposent désormais au paiement de la dette. Ainsi, alors que la Tunisie a gagné une plus grande démocratie, les conditions socio-économiques de la majorité se sont dégradées.

    De plus en plus de Tunisiens fuient leur pays, non pas à cause de la répression politique, mais de la pauvreté. Cinq fois plus de personnes sont parties cette année qu’en 2019. Elles risquent leur vie en traversant la Méditerranée et si elles survivent, elles sont confrontées au régime frontalier brutal de l’UE et à la discrimination raciste dans les pays européens. La région redevient ainsi une poudrière de doléances économiques et politiques.

    Les défis de la gauche: construire un instrument politique de résistance
    L’un des principaux problèmes des vagues de résistance à ces conditions a été l’extrême faiblesse de la gauche radicale et de la classe ouvrière organisée. Ceux-ci ont été incapables d’intervenir en tant que force politique centrale parmi les classes populaires et de participer à leur auto-organisation pour répondre aux revendications économiques et politiques.

    En Égypte, il y a eu au départ de grandes luttes économiques et des syndicats indépendants croissants, mais ils ne se sont jamais cohérents en un véhicule politique de taille suffisante pour articuler les revendications de classe et s’organiser à un niveau de masse. Les seules exceptions à cette situation étaient en Tunisie et au Soudan.

    Dans les deux pays, la présence d’organisations syndicales de masse telles que l’UGTT tunisienne et l’Association professionnelle soudanaise ont été des éléments clés dans l’organisation de luttes de masse réussies. Les femmes ont également bâti de grandes organisations féministes qui continuent de revendiquer progressivement leurs droits.

    Bien entendu, les luttes dans les deux pays ont également atteint les limites d’un simple changement politique. L’UGTT et l’Association professionnelle soudanaise ont joué un rôle central, mais leurs dirigeants ont été tentés de chercher un compromis avec les élites dirigeantes plutôt qu’un changement socio-économique radical.

    Néanmoins, les organisations de masse de la Tunisie et du Soudan restent l’exception dans la région. Ailleurs, les travailleurs et les opprimés n’avaient pas de telles organisations en place, ce qui rendait difficile pour les masses de remplacer les régimes par une alternative progressiste. Dans les années à venir, la gauche doit jouer un rôle central dans la construction et le développement de ces grandes organisations politiques alternatives.

    La gauche a également besoin de développer une stratégie politique qui ne recherche qu’une révolution politique, mais aussi une révolution sociale dans laquelle les structures de la société et le mode de production sont radicalement modifiés. En effet, le seul moyen de garantir une révolution politique est d’en réaliser une sociale.

    La gauche ne devrait pas prôner une stratégie stagiste consistant à effectuer d’abord une révolution interclasse pour la démocratie et à retarder pendant une période indéterminée une révolution sociale complète. Nous avons vu les problèmes avec cette stratégie dans des pays comme l’Afrique du Sud, où l’apartheid a été démantelé, mais les inégalités sociales et de classe se sont aggravées.

    Comme le soutient Daniel Bensaïd,

    Entre les luttes sociales et politiques, il n’y a ni murs chinois ni compartiments étanches. La politique naît et s’invente à l’intérieur du social, dans la résistance à l’oppression, l’énoncé de nouveaux droits qui transforment les victimes en sujets actifs.

    Les socialistes dans ces luttes doivent défendre la libération de tous les opprimés, en soulevant des revendications de droits pour les femmes, les minorités religieuses, les communautés LGBT et les groupes raciaux et ethniques opprimés. Ne pas le faire empêchera la gauche d’unir la classe ouvrière pour une transformation radicale de la société.

    Le récent déclenchement de manifestations en Tunisie à l’occasion du 10e anniversaire du renversement du dictateur Ben Ali démontre la colère de larges secteurs des classes populaires contre les malheurs économiques, les inégalités sociales, le chômage, la corruption politique et toute une série d’autres problèmes.

    De plus, le nouveau gouvernement démocratique a violemment réprimé les manifestations et arrêté plus de 1000 personnes, dont des mineurs. Il a même arrêté des individus qui n’avaient pas participé aux manifestations – simplement parce qu’ils avaient écrit des messages Facebook soutenant le mouvement de protestation.

    Ce scénario indique les limites de la révolution politique sans révolution sociale. Cela souligne également l’importance pour la gauche de développer un projet de classe indépendant visant à faire progresser à la fois la démocratisation et la transformation sociale.

    Le point concernant l’indépendance de la gauche est essentiel, car l’une des erreurs que la gauche a commises surtout lors de la première vague de révolte a été de s’aligner sur l’une des deux forces de la contre-révolution.

    Certains ont collaboré avec les régimes autoritaires contre les fondamentalistes islamiques avec des résultats désastreux. Cela n’a abouti qu’à la contraction de l’espace démocratique des travailleurs et des opprimés pour s’organiser pour la libération. Les régimes restent le premier ennemi des forces révolutionnaires dans la région.

    Dans le même temps, d’autres secteurs de la gauche se sont alliés aux organisations fondamentalistes islamiques contre l’État. Les fondamentalistes islamiques, qu’ils soient au pouvoir ou non, sont des réactionnaires; ils ciblent les travailleurs, les syndicats et les organisations démocratiques, tout en promouvant une économie néolibérale et des politiques sociales réactionnaires. Ils font également partie de la contre-révolution.

    Au lieu de se tourner vers l’une ou l’autre de ces deux forces, la gauche doit construire un front indépendant, démocratique et progressiste qui cherche à promouvoir l’auto-organisation des travailleurs et des opprimés. Dans ce projet, il faut comprendre que les luttes ouvrières à elles seules ne suffiront cependant pas à unir les masses.

    Les socialistes dans ces luttes doivent défendre la libération de tous les opprimés, en soulevant des revendications de droits pour les femmes, les minorités religieuses, les communautés LGBT et les groupes raciaux et ethniques opprimés. Ne pas le faire empêchera la gauche d’unir la classe ouvrière pour une transformation radicale de la société.

    La gauche doit également cultiver une vision régionale et internationaliste, ce qui fait actuellement défaut dans une grande partie du monde. La gauche de la région doit construire des réseaux de collaboration pour construire une alternative progressiste aux forces contre-révolutionnaires locales, régionales et impériales.

    Les classes dirigeantes de la région partagent leurs expériences et leurs leçons pour défendre leur ordre néolibéral autoritaire. La gauche doit faire de même car la lutte est régionale. Une défaite dans un pays est une défaite pour tous, et la victoire dans un pays est une victoire pour tous.

    La gauche de la région doit développer des relations de collaboration avec les forces progressistes au niveau international. Aucune solution socialiste ne peut être trouvée dans un pays ou dans une région, en particulier dans un pays comme le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, qui, en raison de ses réserves énergétiques stratégiques, a été un champ de bataille pour les puissances régionales et impérialistes.

    De nouvelles explosions de colère populaire sont à prévoir car les causes profondes des soulèvements non seulement persistent mais se sont en fait multipliées et intensifiées. Cependant, ces conditions ne se traduisent pas nécessairement directement par des opportunités politiques, en particulier pour les pays qui ont subi des guerres et une crise économique profonde. Mais la lutte nous attend.

    La gauche doit participer à la construction de fronts unis contre l’autocratie, l’exploitation et l’oppression, et en même temps construire une alternative politique parmi les classes populaires. Ce sont les tâches non seulement de la gauche dans la région MENA, mais dans le monde entier.

    Conclusion

    Le processus révolutionnaire de la région MENA fait partie intégrante de la résistance populaire mondiale contre l’ordre capitaliste néolibéral en crise. Mais il a un radicalisme particulier né de sa forme particulière de capitalisme qui a ouvert une époque révolutionnaire à long terme. Contre les affirmations orientalistes d’exceptionnalisme arabe ou islamique, les masses de la région luttent pour les mêmes revendications pour lesquelles les peuples du monde entier se battent, notamment en tant que démocratie, justice sociale, égalité et laïcité. Mais pour gagner, il faut non seulement un changement de gouvernement, mais aussi des révolutions politiques et sociales.

    Il n’y a pas de chemin simple dans ce processus révolutionnaire. Pour gagner, il faudra construire une gauche capable de naviguer dans des combinaisons complexes et dynamiques de luttes politiques et économiques. Comme Lénine l’a déclaré il y a des décennies:

    Imaginer que la révolution sociale est concevable … sans les explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans un mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre l’oppression des propriétaires terriens, de l’Église et de la monarchie , contre l’oppression nationale, etc. – imaginer tout cela, c’est répudier la révolution sociale. Ainsi, une armée s’aligne à un endroit et dit: «Nous sommes pour le socialisme», et une autre, ailleurs, et dit: «Nous sommes pour l’impérialisme», et ce sera une révolution sociale!… Quiconque attend un social «pur» la révolution ne vivra jamais pour le voir. Une telle personne rend hommage à la révolution sans comprendre ce qu’est la révolution.

    Le rôle de la gauche et des progressistes est parfaitement clair: construire une alternative sociale et démocratique inclusive dans la lutte. La région MENA reste au milieu d’un processus révolutionnaire à long terme qui a – et inclura – à la fois la révolution et la contre-révolution.

    Il y a déjà eu de terribles défaites, mais aussi des victoires partielles. Mais ni l’un ni l’autre n’a mis fin au processus. Cela ne fait que commencer…


    Source : Spectre Journal, 26 janvier 2021

    Tags : Printemps Arabe, Maroc, Tunisie, Algérie, Libye, Egypte, Syrie,