Étiquette : Taoufik Bouachrine

  • Maroc. La liberté de la presse, dans son pire moment

    Maroc, presse, journalistes, Taoufik Bouachrine, Souleiman Raissouni, Omar Radi,

    Le 30 juillet, le Maroc a célébré le 23e anniversaire de l’accession au trône de son monarque, Mohammed VI, lors d’un événement connu sous le nom de « fête du trône ». Reporters sans frontières (RSF) dénonce que la situation des médias dans le pays est la pire depuis que le mandataire est devenu roi en 1999. L’organisation demande aux autorités de libérer les journalistes emprisonnés et d’abandonner toutes les poursuites judiciaires en cours contre eux.

    « Le retour aux pratiques des années les plus sombres du Maroc est inquiétant et inacceptable « , déclare Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord. « Cela contredit l’image respectable que le gouvernement se plaît à donner au monde et, surtout, cela va à l’encontre des aspirations légitimes des Marocains à exercer efficacement leurs libertés, y compris celle de la presse . Nous exigeons des autorités qu’elles libèrent les journalistes emprisonnés, annulent leurs condamnations, notamment celles de Souleiman Raissouni et d’Omar Radi, et abandonnent toutes poursuites judiciaires en cours . »

    La liberté de la presse est plus précaire aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été depuis l’époque la plus oppressive du roi Hassan II. Trois journalistes ( Taoufik Bouachrine , Souleiman Raissouni et Omar Radi ) sont actuellement en prison. Officiellement, ils ont été emprisonnés pour des crimes non politiques, mais la réalité est qu’ils ont été persécutés pour leur travail de journalistes, car le ton indépendant et critique de leur journalisme déplaît aux autorités.

    Le rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Yaoum , désormais fermé , Bouachrine , purge une peine de 15 ans de prison (confirmée par la Cour de cassation en septembre 2021) pour traite des êtres humains, abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de râpé. Il a toujours nié ces accusations, que sa défense a qualifiées de nouvelle tentative de pression sur son journal. Bouachrine avait déjà été poursuivi en 2009 pour une caricature jugée irrespectueuse envers la famille royale et le drapeau marocain ; en 2015 pour un article portant atteinte à « la réputation du Maroc » ; et en 2018 pour « diffamation » de deux ministres.

    Journalistes soutenus par RSF et des ONG de défense des droits humains

    Les cas de Raissouni et de Radi sont les plus emblématiques de la situation dramatique dans laquelle se trouvent les journalistes indépendants au Maroc. Raissouni a été condamné à 5 ans de prison par un tribunal de Casablanca, en juillet 2021, à l’issue d’un procès marqué par des irrégularités flagrantes. Sa condamnation (basée sur une accusation manifestement fausse d’agression sexuelle qu’il a toujours niée) a été confirmée en appel en février 2022. Assisté de RSF et d’autres organisations de défense des droits de l’homme, il attend la décision de son appel devant la Cour de justice.

    Lorsque Raissouni a été soudainement transféré à la prison d’Ain Borja en mai, les gardiens ont déchiré nombre de ses notes et de ses livres et, à son arrivée dans la nouvelle prison, il a été placé à l’isolement. RSF a réagi en condamnant les méthodes qui avaient une nouvelle fois violé les droits d’un journaliste emprisonné.

    Journaliste d’investigation et défenseur des droits humains bien connu qui a déjà purgé deux ans de détention, Radi purge une peine de six ans pour des accusations de viol et d’espionnage qui ont été confirmées en appel le 4 mars. Son collègue, Imad Stitou , a été condamné à 12 mois de prison (dont 6 n’ont pas entraîné son entrée en prison) dans le cadre de l’affaire de viol, mais il a évité la peine en fuyant le Maroc 4 mois avant que la peine ne soit confirmée. Stitou est convaincu que la seule raison pour laquelle il a été condamné est son refus de céder aux pressions policières pour témoigner contre Radi.

    Accaparement des terres et corruption

    Emprisonné une première fois en décembre 2019 pour avoir critiqué la décision d’un juge d’emprisonner des participants aux manifestations dites du « Hirak » dans la région du Rif (nord du Maroc) en 2016 et 2017, Radi est dans le collimateur de la monarchie depuis des années. Selon sa famille et ses collègues, les autorités ne lui ont jamais pardonné ses opinions exposées dans les médias et les réseaux sociaux durant les deux années précédant son arrestation.

    Il a également réalisé des rapports d’enquête sur la confiscation de terrains publics par des spéculateurs et mis au jour le scandale de corruption des soi-disant « serviteurs de l’État » dans lequel une centaine de personnes étaient impliquées, dont des hauts fonctionnaires.

    En décembre 2019, il est libéré quelques jours après avoir été arrêté grâce aux pressions de RSF et de nombreuses autres organisations, et est finalement condamné à 4 mois de prison, ce qui n’entraîne cependant pas son incarcération. Cependant, la persécution ne s’est pas arrêtée. En juin 2020, Amnesty International a signalé que les autorités marocaines avaient utilisé Pegasus, le logiciel espion commercialisé par la société israélienne NSO Group, pour pirater le mobile de Radi et surveiller ses activités. Le mois suivant, le journaliste est allé en prison pour la deuxième fois.

    Une campagne est menée tant au Maroc qu’à l’étranger pour obtenir la libération de Raissouni et Radi , qui ont toujours insisté sur le fait qu’ils étaient persécutés pour leurs opinions et la pratique du journalisme, y compris la couverture des troubles sociaux et de la corruption dans le pays. Dans le cas de Raissouni, il semble que ce soit sa critique de la domination de la monarchie dans l’économie qui ait le plus offensé les autorités.

    D’autres journalistes marocains ont fait preuve d’un grand courage face à un régime qui ne tolère aucun média indépendant. Le dernier bel exemple en date est celui de Hanane Bakour , qui est dans le collimateur du gouvernement depuis un certain temps et qui a reçu une convocation au tribunal le 27 juin, juste après que le parti du Premier ministre Aziz Akhannouch, le RNI, ait porté plainte contre elle pour un post sur Facebook. . La journaliste utilise régulièrement ses réseaux sociaux pour critiquer les décisions économiques du Gouvernement et. à l’aide de hashtags, qualifier d’antisociales les mesures du Premier ministre. RSF a qualifié cette convocation d’intimidation judiciaire inacceptable.

    Processus sans fin

    Deux autres journalistes, Ali Anouzla et Maati Monjib , ont fait l’objet de longues poursuites judiciaires, bien qu’aucun des deux ne soit actuellement en détention. Anouzla est harcelée pour avoir enquêté sur le budget de la monarchie et les dépenses de la famille royale. A la suite de ses posts sur ce sujet tabou, des accusations absurdes de soutien à des « mouvements terroristes » ont été portées contre lui . RSF suit son dossier de près depuis que ses démêlés avec la justice ont repris en 2017 .

    Fondatrice du site d’information Lakome.com, Anouzla a défrayé la chronique en septembre 2013 après avoir mis la monarchie dans l’embarras en révélant que Daniel Galván, un citoyen espagnol condamné et incarcéré au Maroc pour viols d’enfants, avait été libéré au moyen d’une grâce royale. Après le refus initial de connaître la gravité des accusations portées contre Galván, le roi a reculé et a annulé la grâce. Peu de temps après, Anouzla a été arrêtée pour une fausse accusation de terrorisme et a passé cinq semaines en prison.

    En tant que l’un des principaux défenseurs des droits humains au Maroc et chroniqueur respecté, Monjib a également payé cher son rôle dans la défense des droits humains et de la liberté de la presse. En octobre 2015, il a entamé une grève de la faim de 21 jours pour protester contre une interdiction de voyager à l’étranger qui l’empêchait d’assister à des conférences internationales (une restriction imposée parce qu’il était accusé de mettre en danger la sécurité de l’État).

    Après avoir été incarcéré le 20 décembre 2020, Monjib a été condamné à un an de prison et à une amende de 15000 dirhams (1400 €) par un tribunal de Rabat en janvier 2021, pour des accusations non fondées de « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État » . Ses avocats et son comité de soutien ont dénoncé non seulement la peine elle-même, mais aussi le fait qu’elle ait été prononcée lors d’une audience tenue en l’absence de Monjib et que ses avocats n’aient même pas été prévenus que l’audience avait lieu ou n’aient été invités à y assister.

    « Cette condamnation est doublement injuste car ni mes coaccusés ni moi n’avons jamais menacé la ‘sécurité intérieure de l’État’ et n’avons commis aucun autre crime autre que l’exercice de notre droit à la liberté d’expression et d’association », déclare Monjib à RSF.

    Monjib a entamé une grève de la faim pour protester contre la condamnation du 4 mars 2021 et a finalement obtenu une libération provisoire après s’être abstenu de manger pendant 20 jours.

    Le Maroc est classé 135e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF .

    RSF, 02/08/2022

    #Maroc #Presse #Journalistes

  • Maroc : Un gouvernement faible et inerte-Abdellah Bouanou-

    Maroc : Un gouvernement faible et inerte-Abdellah Bouanou-

    Maroc, gouvernement, PJD, Abdellah Bouanou, Taoufik Bouachrine, Soulaiman Raissouni,

    Maroc : “Le gouvernement est faible et son inertie aggrave la tension dans la rue”

    Le chef du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du développement (PJD), Abdellah Bouanou a indiqué que l’inertie du gouvernement marocain et son absence du débat public “approfondissaient la tension dans la rue”, mettant en cause une “faiblesse” à tous les niveaux.

    Lors d’une réunion du groupe parlementaire du PJD, tenue mercredi, Abdellah Bouanou a affirmé que les problèmes du gouvernement étaient liés à “sa composante”, pointant son incapacité et la faiblesse de ses compétences politiques et managériales ainsi qu’un manque de communication entre ses partis et ses ministres.

    Dans ce contexte, le chef du groupe parlementaire a assuré que le gouvernement “a un problème avec le peuple qui attend de lui qu’il tienne ses promesses électorales”.

    Soulignant, par ailleurs, que son parti pratiquait “une opposition institutionnelle, responsable et citoyenne”, il a déploré le “populisme” de certains responsables marocains, en faisant allusion au comportement indécent du ministre de la Justice qui a ordonné la démolition d’une ancienne bibliothèque au siège de son ministère pour construire un bureau plus spacieux.

    Le chef du groupe parlementaire du PJD a, en outre, dénoncé le fait que certains membres du gouvernement aient fait des déclarations favorables à certains opposants au Maroc avant de se rétracter.

    Il a notamment cité le cas des détenus politiques du Rif que des responsables du gouvernement ont prétendu vouloir libérer et le cas des journalistes Taoufik Bouachrine et Soulaiman Raissouni qu’ils ont promis de défendre avec force avant de les condamner à de lourdes peines de prison.

    Amina Arsouli

    Rencontre.dz, 03 juin 2022

    #Maroc #Gouvernement #PJD #Rif #TaoufikBouachrine #SoulaimanRaissouni

  • Escalade de la répression au Maroc

    Escalade de la répression au Maroc

    Escalade de la répression au Maroc – Omar Radi, Taoufik Bouachrine, Souleiman Raïssouni, presse, journalistes,

    ABDELLATIF EL HAMAMOUCHI
    Suite à la répression de la presse indépendante au Maroc, les militants des droits humains sont confrontés à une répression accrue et à des peines de prison prolongées.

    Le 23 mars 2022, les autorités marocaines ont arrêté la blogueuse et défenseuse des droits humains Saida al-Alami pour avoir critiqué sur les réseaux sociaux le gouvernement marocain et les services de sécurité. Al-Alami, une militante bien connue et vocale, a constamment exprimé sa critique des autorités, ainsi que sa solidarité avec les journalistes connus pour leurs opinions critiques, sur Facebook. Le procureur général a accusé Al-Alami d’un certain nombre de violations graves, notamment « d’insulte à un organe réglementé par la loi », « d’insultes à des agents publics dans l’exercice de leurs fonctions », « d’outrage aux décisions judiciaires » et « diffusion et distribution de fausses allégations sans consentement ». .” Finalement, le tribunal de première instance de Casablanca a condamné Al-Alami àdeux ans de prison .

    Quelques jours après l’arrestation d’Al-Alami, le tribunal de première instance d’Al Hoceima (nord) a prononcé une peine de quatre ans de prison contre le blogueur et ancien militant du mouvement Hirak Rif, Rabih al-Ablaq , à la suite de vidéos qu’il a publiées . à Facebook et Youtube qui ont critiqué le roi Mohammed VI et le Premier ministre Aziz Akhenoush et remis en question la source de leur richesse. Le procès d’Al-Ablaq devant le tribunal d’Al Hoceima a débuté le 11 avril et le procureur du roi (le procureur général) l’a accusé d’avoir « violé publiquement le devoir de révérence et de respect de la personne du roi ».

    Cette répression des militants et des blogueurs a mis en lumière l’intolérance croissante des autorités marocaines à l’égard de la presse indépendante, qui devient un « lointain souvenir » selon Eric Goldstein , directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch. Pour mener à bien cette répression, les autorités ont utilisé le modèle qui prévalait sous l’ancien dictateur tunisien Zine El Abidine Ben Ali. Cette stratégie éprouvée vise à faire taire les voix dissidentes en utilisant des allégations d’agression sexuelle et de comportement immoral garantissant la destruction de la réputation de l’accusé.

    Tawfiq Bouachrine , directeur et fondateur du journal le plus indépendant du Maroc, mais aujourd’hui abandonné, Akhbar al-Youm , a été arrêté et condamné à 15 ans de prison pour « traite des êtres humains ». Par la suite, l’ avocat de Bouachrine , Mohamed Zayan, ancien ministre marocain des droits de l’homme, a également été condamné à trois ans de prison à la suite d’une plainte déposée contre lui par le ministère de l’Intérieur . Soulaiman Raissouni , le remplaçant de Bouachrine comme rédacteur en chef d’Akhbar al-Youm, a ensuite été arrêté et inculpé pour agression sexuelle sur un autre homme. Hajar Raissouni , la nièce de Soulaiman, a ensuite été arrêtée pour « relations sexuelles extraconjugales et avortement ». De même, l’année dernière, Omar Radi, un journaliste bien connu, a été accusé « d’espionnage et de viol ». Il a été reconnu coupable et condamné à six ans de prison en mars dernier.

    En fin de compte, en harcelant, intimidant et arrêtant des journalistes indépendants, des militants et des blogueurs influents sur les réseaux sociaux, les autorités marocaines visent à créer une atmosphère de terreur parmi les personnalités éminentes des réseaux sociaux et au sein de la communauté des militants des droits humains. Simultanément, les faiblesses et la fragmentation croissante de l’opposition démocratique – qui semble incapable de surmonter ses conflits idéologiques et sa polarisation intellectuelle – aggravent encore la situation. Leur division sert en fin de compte l’aile autoritaire au sein du régime et lui permet de contrôler davantage la situation.

    L’autoritarisme marocain utilise non seulement le système judiciaire et pénal pour intimider l’opposition et freiner le journalisme indépendant, mais il « arme » également avec succès la diffamation publique par le biais de journaux et de médias ouvertement fidèles au régime. Cette diffamation est principalement utilisée pour discréditer les voix critiques par la publication d’ allégations criminelles infondées et de fausses accusations à leur encontre. Il est également utilisé pour menacer et briser le moral des journalistes en attente d’arrestation ou de procès. Maati Monjib, historien et journaliste, en est un bon exemple. Il a fait l’objet d’une campagne de diffamation menée par les médias diffamatoires des semaines avant son arrestation le 29 décembre 2020 et a ensuite été condamné à un an de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État ».

    Les médias diffamatoires, qui restent sous le contrôle de l’aile autoritaire du régime, cherchent principalement à influencer la rhétorique, les positions, les initiatives et les réactions de la cible envers le gouvernement. Il s’appuie sur des campagnes de diffamation pour menacer ses cibles et contrôler indirectement leurs décisions publiques. Dans le cas des journalistes, ces tactiques visent à influencer la ligne éditoriale de la cible en la poussant à s’autocensurer sur tous les articles, études ou idées qu’elle produit.

    Malgré les nombreuses critiques sur la détérioration de la situation des droits humains au Maroc, le régime marocain, indifférent à sa réputation internationale, poursuit sans relâche sa répression contre les journalistes et les défenseurs des droits humains. En effet, le 12 avril 2022, le Département d’État américain a publié ses rapports nationaux 2021 sur les pratiques en matière de droits de l’homme . En ce qui concerne le Maroc, le rapport note « la multiplication des arrestations arbitraires de journalistes et de militants de la société civile » et la propagation de campagnes de diffamation dans les médias qui « harcèlent et intimident les journalistes ».

    Il semble peu probable que le régime arrête ces pratiques, d’autant plus qu’il est contraint de faire face aux répercussions de l’inflation et aux séquelles de la pandémie de Covid-19 qui a affecté négativement les classes moyennes et populaires. En fait, comme l’ explique Maati Monjib , les difficultés économiques pourraient en fait inciter le régime à continuer de cibler les militants et les manifestants par le biais de poursuites judiciaires et d’une surveillance communautaire accrue.

    Abdellatif El Hamamouchi est un journaliste d’investigation et chercheur en sciences politiques marocain. Il est membre du Bureau central de l’Association marocaine des droits de l’homme. Il écrit pour The Intercept, Open Democracy et The New Arab. Il est également l’auteur de Moncef Marzouki : His Life and Thought, co-écrit avec Maati Monjib et publié par l’Arab Center for Research and Policy Studies à Doha. Suivez-le sur Twitter : @AHamamouchi .

    Carnegie Endowment for International Peace, 12 mai 2022

  • Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    Omar Radi tel que je l’ai connu. Témoignage d’un enseignant (1) – Maroc, presse, journalistes, Soulaïman Raïssouni, Taoufik Bouachrine,

    Je ne sais comment Omar s’est lié dans mon entendement aux héros de la mythologie grecque. J’en ai cherché en vain des raisons. Mais cette quête ne serait-t-elle pas tant infructueuse qu’illégitime ?
    Hélas, l’Ecole – cette grande fabrique de jetons pour le système – nous a inculqué la hantise de chasser de notre esprit tt ce qu’elle juge « irrationnel ». En fait la rationalité à son aune se résout en l’aptitude à se faire pignon et trouver sa place dans le géant engrenage de « la vie ». Que faire alors, de la poésie ? De la musique ? De la littérature? De la « politique »??? Pourvu qu’elles servent ce dessein? Cette école, Omar n’en voulait pas. Élève modèle, réceptif, interactif, d’intelligence particulière, gavé de bonnes notes…il n’en voulait pourtant pas, tt en tenant à la ménager. Il était à la fois le poète, le musicien, le rêveur, le politicien, le critique, le chercheur…de sa promotion. Studieux par nature, il n’était cependant guère « alléché » par ce dont tremblent d’envie d’autres: finir dans un bureau de gestionnaire lui assurant un ‘avenir’ enviable.
    Avait-il raison?
    C’est une question minée.
    Selon quelle rationalité aurait-il raison?
    Ne faut-il pas poser la question autrement en se situant du point de vue non individuel mais social?

    Le grand économiste Jean Fourastié ( célèbre notamment pour avoir été à l’origine de la division de l’économie en 3 secteurs, et pour avoir initié l’expression les « Trente Glorieuses ») disait que « ceux qui font bien marcher le monde ne sont pas ceux qui le font avancer ».

    Un ancien directeur de l’ISCAE, l’école marocaine de renommée, avait affirmé qu’ils ne forment pas des entrepreneurs, mais des lauréats qui travailleront ds des entreprises. Car, toute création, même un petit projet, est mue par un rêve, une hallucination poétique, un certain refus ou au moins une insatisfaction de ce qui existe, une foi dans la réussite…bref tt ce qui est irrationnel, est donc étranger aux têtes débitrices-creditrices.

    En fait, le rêve, la somnolence, le contre-intuitif, la pure intuition…tellement pourchassés par notre école, se situent néanmoins au sommet de ce qui est la rationalité ar excellence: la science. Ainsi, Norbert Wiener, l’éminent mathématicien, fondateur de la cybernétique choque par sa déclaration que « les clichés ou les lieux communs, par exemple, éclairent moins que les poèmes. »

    C’est alors que nous pouvons concéder que les personnes comme Omar sont de ceux qui font avancer le monde. Ils sont aussi, sinon plus utiles à la société que ceux qui la font bien marcher. Sauf que les premiers n’ont jamais été légion; d’autant plus qu’ils sont souvent persécutés par les seconds. Le système sépare nos enfants en 2 camps.

    C’est la maladie de Crohn au niveau social. Ceux qui sont censés protéger la société, parce que mal initiés, s’attaquent à leurs congénères les plus avancés. Parce que différents d’eux, ils les prennent pour des ennemis étrangers. Et c’est ainsi que le pays perd la semence indispensable à son progrès. C’est le secret de notre stérilité. L’importation est notre mode d’existence: du simple carburant, aux idées, stratégies et lois qui président à notre destinée. Une sélection contre-naturelle favorise l’affairisme et la myopie sociale, et bannit le créatif.

    Ma rencontre avec Omar a été celle de deux générations.
    L’une, trainant derrière elle le fardeau de décennies d’oppression et de défaites, s’efforce de croire observer enfin le bout du tunnel.

    *Témoignage d’un enseignant

    (Suivra)

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes #Pegasus

  • L’affaire Omar Radi : histoire belge, sexe et tragédie

    L’affaire Omar Radi : histoire belge, sexe et tragédie – Maroc, répression, presse, journalistes,

    Vendredi 28 mai 2021, 9h30, Aïn Sebaa, quartier périphérique de Casablanca, face à la prison Oukacha. Le léger voile de brume maritime qui recouvrait ce quartier de la côte atlantique, se déchire lentement, par pans, laissant le soleil reprendre droit de cité. La journée s’annonce torride. La température frise déjà les dix-neuf degrés. Sweat noir, pantalon beige clair et baskets blanches, une dame installe un petit campement, pour quelques heures au pied d’un muret de clôture en pierres ocres, sur lequel court un grillage. A ses côtés, son compagnon, Driss Radi. Le blouson de Fatiha Cherribi, c’est son nom, est entrebâillé sur un T-shirt frappé de l’effigie d’Omar Radi, leur fils, journaliste d’investigation, victime de la vindicte du régime, en raison de la pertinence de ses enquêtes, de ses interviews ou de ses déclarations sur les crimes de la mafia au pouvoir.

    Une irrépressible appétence pour le traquenard sexuel

    Le journaliste de 35 ans dort en prison, à l’isolement, depuis le 29 juillet 2020. Il y a rejoint ses collègues Taoufik Bouachrine et Soulaïmane Raïssouni, respectivement incarcérés depuis le 24 février 2018 et le 22 mai 2020. Les journalistes font tous les trois face à des charges similaires. Mais dans le souci de donner du crédit à ses accusations, le parquet les a agrémentées de variations sur le même thème pour lequel il semble avoir désormais, une irrépressible appétence, le sexe : « traite d’êtres humains, abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de viol », pour le cas de Taoufik Bouachrine, « agression sexuelle » sur un militant LGBT pour Soulaimane Raïssouni et enfin « attentat à la pudeur avec violences et viol » pour Omar Radi. Pour ce dernier, le parquet a rajouté une cerise sur le gâteau, avec les charges d’ « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». Rien que ça ! Il faut croire que le logiciel des sécuritaires et du parquet est infecté et pollué par le sexe. Pour s’en convaincre, il faut compulser l’actualité des journalistes, des militants ou des défenseurs des droits de l’homme : Hicham Mansouri, journaliste, arrêté à son domicile, déshabillé et filmé par les policiers est condamné à dix mois de prison pour adultère , le 30 mars 2015; Hajar Raissouni, journaliste, arrêtée en même temps que son fiancé, Rifaat Al Amine, à la sortie du cabinet de son gynécologue et condamnée, le 30 septembre 2019, pour relations sexuelles hors mariage et avortement illégal; Fouad Abdelmoumni, économiste, militant des droits de l’homme et secrétaire général de Transparency Maroc, filmé en février 2020, par une caméra espion avec sa compagne en pleines ébats, dans leur chambre à coucher et la vidéo envoyée à sa belle-famille et ses amis. Maître Mohamed Ziane, ex-bâtonnier de l’ordre des avocats, ex-ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Droits de l’Homme et défenseur de Taoufik Bouachrine, objet, en novembre 2020, d’un montage vidéo montrant un homme nu, lui ressemblant aux côtés d’une de ses clientes, Wahiba Kherchich.

    Devant la prison d’Oukacha, une dizaine de personnes se joignent, en ordre dispersé, aux parents d’Omar Radi. Ils sont venus soutenir la cause des détenus. Embrassades, étreintes et effusions cèdent rapidement le pas à de véhémentes protestations et à d’innombrables quolibets. La veille, après le départ du groupe, les autorités, courroucées par le sit-in continuel des familles et des amis des prisonniers, devant la prison, ont décapité un ibiscus, un yucca et un eucalyptus qui avaient pour tort d’abriter du soleil les protagonistes de ces rassemblements. La nouvelle de l’ignominie et les photos du saccage se répandent immédiatement sur la toile où ils suscitent l’indignation générale.

    1 dîner 2 cons, l’œil du cyclone

    On a tout écrit sur l’affaire Omar Radi. Le journaliste avait pris part au Mouvement du 20 février 2011. Il avait sans doute, l’espace de quelques semaines, été victime de la supercherie grandeur nature, orchestrée par le Palais et ses complices, après l’éclosion du Printemps marocain. Une escroquerie intellectuelle qui a débuté avec le discours du 9 mars 2011 qui promettait, en effet, un peu plus que les revendications de la rue. Si bien que l’on pensait que le Mouvement avait fait plier le roi et l’avait décidé, sinon forcé à s’affranchir des travers caractérisant son régime. Comme bien de ses confrères, Omar pensait donc avoir gagné le droit à la liberté d’enquêter et de communiquer à ses compatriotes, le résultat de ses investigations, en un mot faire son métier de journaliste.

    Le référendum pour une « nouvelle » constitution approuvé à la manière soviétique, à plus de 90% et les élections remportées par les islamistes du Parti de la Justice et du Développement, les affaires pouvaient reprendre pour le palais, au sens propre comme au figuré. Le PJD avait promis de lutter contre la corruption et pour plus de justice sociale. Il se fit défenseur des corrompus et de l’injustice et leur bras séculier pour rattraper tous ceux qui avaient, de près ou de loin, pris part au Printemps marocain, artistes, poètes, chanteurs, journalistes, activistes ou simples citoyens épris de liberté. Omar Radi était de ceux-là, même s’il passa entre les gouttes de la répression immédiate. Bien plus tard, le 25 août 2018, l’homme dira son mot sur la méthode Mohammed VI, lors du sixième épisode de l’émission « 1 dîner 2 cons », diffusé le 25 août 2018. Il dit :

    -«……Carte blanche a été donnée par le roi, dans son discours du trône, aux sécuritaires de transformer le pays qui l’était déjà, en état policier, à l’exemple de la Tunisie de Ben Ali……………….La police et les services de renseignements ont accentué leur emprise sur le pays….. Ils ont accéléré la dépossession des terres collectives. »

    A la minute 17.30, le journaliste explique les raisons profondes de la révolte du Rif, ignorées par les marocains et qui sont la dépossession de trente mille (30.000) hectares de terres entre Ketama et Al Hoceima, pour alimenter l’assiette foncière du projet « Phare de la Méditerranée» (Manarat Al Moutaouassit).

    Dans la même séquence, Omar Radi se livre à un réquisitoire en règle contre le bilan de Mohammed VI dont il dit qu’il a poursuivi le sabotage des partis politiques entamé par Hassan II…………..

    Il n’y aura jamais de septième épisode de l’émission. Quelques jours plus tard, l’Association Racines, ayant hébergé le tournage du talkshow, est dissoute par les autorités. Le nœud coulant se resserrait un peu plus autour du cou d’Omar.

    On a également tout éventé du traquenard sexuel tendu au journaliste. Qui oserait, en effet, croire qu’une jeune femme violée n’appelle pas les secours alors qu’à quelques pas de l’agression, se trouve réuni un groupe de personnes ?

    La mauvaise histoire belge

    On a également tout démonté de cette prétendue affaire d’espionnage qui rappelle les histoires belges, l’humour en moins. Il faut, en effet le dire, la pitoyable mise en scène imaginée par le Makhzen est une insulte à tout ce que l’humour gaulois pourrait colporter sur les habitants du plat pays. Un employé de nationalité belge qu’on prend pour un diplomate hollandais et qui serait l’agent traitant d’Omar. C’est le citoyen belge lui-même, Arnaud Simons, qui remettra les pendules à l’heure et apportera un démenti cinglant aux déclarations du parquet dans une lettre où il détaille les relations qui l’ont lié au détenu.

    Il écrit :

    « Le poste que j’ai occupé a fait l’objet d’une offre d’emploi publique avant mon entrée en fonction et après mon départ et aurait pu être occupé par tout autre candidat, indépendamment de sa nationalité. Je ne suis ainsi moi-même pas néerlandais mais belge, ce qui ne fait que mettre en lumière le manque de sérieux des accusations d’atteintes à la sûreté de l’État portées contre Omar. »

    On aurait pu en rire et même se taper sur les cuisses, n’était-ce la tragédie qui emporte la famille Radi !

    Avec beaucoup d’élégance, l’ex-fonctionnaire de l’ambassade des Pays-Bas évoque un manque de sérieux des accusations. Il aurait pu tout aussi légitimement parler d’incompétence ou d’amateurisme, les policiers n’ayant même pas été capables d’orthographier convenablement son nom, transcrivant Simon en lieu et place de Simons. Au cours des auditions à la BNPJ, Omar Radi aura eu beau demander aux officiers de police judiciaire de corriger l’orthographe, s’ils voulaient retrouver l’homme pour le faire témoigner. Rien n’y fit.

    Dans sa lettre, Arnaud Simons bat également en brèche la thèse officielle d’un Omar Radi tentant de nuire à la situation diplomatique du Maroc, au travers de la crise du Rif. Il écrit :

    « J’ai quitté le Maroc à l’été 2015…………….. Les évènements du Rif n’ont débuté que bien après mon départ ……………………… Omar et moi n’avons depuis mon départ plus eu aucun contact téléphonique et lui et moi n’avons jamais discuté des évènements du Rif.

    Il semblerait pourtant que ce soit notamment sur base de cet élément que se fonde l’accusation contre lui d’avoir violé l’article 191 du code pénal, qui punit de cinq ans de prison l’« atteinte à la sûreté extérieure de l’État [en entretenant] avec des agents étrangers des intelligences ayant pour objet de nuire à la situation diplomatique du Maroc ».

    S’il devait s’avérer qu’Omar a effectivement reconnu avoir eu des contacts directs et téléphoniques avec moi coïncidant avec les événements en question, ses aveux poseraient alors plus de questions concernant la nature des séances d’interrogatoire qu’il a subies que sur l’authenticité des faits.»

    L’ibiscus qui refusait de mourir

    Des lignes accablantes en forme de démenti. Elles disent qu’en termes de nuisance à sa diplomatie, le régime marocain n’a nul besoin d’aide. Mohammed VI et ses thuriféraires s’en chargent à merveille, avec leur comportement d’un autre âge ! Car si Mohammed VI avait été ce souverain démocrate modèle, « roi des pauvres », qu’on avait vendu aux marocains à la disparition de son père, et si son régime avait été la monarchie parlementaire exemplaire dont la courtisanerie se gargarise, Omar Radi n’aurait peut-être jamais été journaliste ou à tout le moins pas celui que l’on connaît, auteur de ces enquêtes qui lui valent aujourd’hui la prison. Car vous l’aurez compris, c’est plutôt ailleurs qu’il faut chercher les raisons de l’arrestation du journaliste et sa condamnation. Dans la pertinence des articles et dans la qualité des enquêtes qui ont démasqué Mohammed VI.

    Pas une semaine ne s’écoule depuis son arrestation sans que, tour à tour, Fatiha et Driss Radi, ne se fendent d’une lettre psychanalysant leur peine, leur douleur et leur chagrin de parents. Aucun traducteur, aucun interprète ne saura jamais rendre la charge d’émotion de ces courriers-là.

    Devant la prison d’Oukacha, l’ibiscus étêté par les autorités a repris goût à la vie. Il feuillit de plus belle et bien plus vert qu’auparavant, comme un pied de nez à ses tortionnaires et un clin d’œil d’espoir aux familles d’Omar, de Soulaïmane, de Taoufik et des autres. Au fond de leur cellule, tous ces garçons me font penser à cet arbre magnifique qu’on a voulu tuer et qui revient hanter ses assassins et leur rappeler la tirade de l’apôtre de la non-violence, Mohandas Karamchand Gandhi, à la face de ses tourmenteurs :

    -« Vous pouvez m’enchaîner, vous pouvez me torturer, vous pouvez même détruire ce corps, mais vous n’emprisonnerez jamais mon esprit ! »

    Blog de Salah El Ayoubi, 05/01/2022

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes

  • Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi

    Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi

    Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi – presse, répression, Soulaiman Raïssouni, Taoufik Bouachrine

    Le procès en appel du journaliste marocain Omar Radi, condamné à six ans de prison ferme par les autorités marocaines, s’ouvre « ce jeudi à la Cour d’appel de Casablanca devant laquelle un sit-in de solidarité est prévu pour appeler à la libération immédiate du militant et de tous les journalistes emprisonnés dans le pays, a annoncé son père », cité par des médias.

    Condamné arbitrairement Omar Radi, journaliste d’investigation et militant des droits humains a été primé pour ses publications sur l’accaparement de terres publiques par des spéculateurs.

    Il est également à l’origine de l’éclatement du scandale de corruption dit des « serviteurs de l’Etat » qui a éclaboussé près de cent personnes, notamment des officiels de haut rang, qui auraient acquis des terrains publics pour une fraction de leur valeur sur le marché.

    En juillet 2020, il a été arrêté pour une supposée affaire de « viol » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Des accusations que le journaliste de 35 ans ne cesse de réfuter.

    « La détention d’Omar Radi est injuste et contraire à la loi en vigueur, assure la défense. Dans le droit marocain, la détention préventive est une mesure exceptionnelle », selon l’un de ses s avocats.

    La patrie news, 10/12/2021

    #Maroc #Presse #Journalistes #Omar_Radi #Soulaimane_Raissouni #Taoufik_Bouachrine

  • Média suisse : Le Maroc et les journalistes persécutés

    Tags : Maroc, presse, journalistes, Omar Radi, Soulaiman Raïssouni, Taoufik Bouachrine – Média suise : Le Maroc et les journalistes persécutés

    Alors que la procédure d’appel contre Omar Radi est en cours, de plus en plus de cas de répression de la liberté de la presse sous le règne de Mohammed VI
    La procédure d’appel contre Omar Radi a débuté le 4 novembre à Casablanca . Le journaliste marocain a été condamné à six ans de prison en juillet dernier pour viol et espionnage. Mais sa libération est exigée de plusieurs côtés. Amnesty International a inspecté le téléphone de Radi et a découvert qu’il avait été piraté avec le logiciel espion Pegasus , du groupe israélien Nso.

    D’ailleurs, le sort d’Omar Radi n’est pas du tout rare pour les journalistes au Maroc. Surtout ces dernières années. Maati Monjib, Imad Stitou et Sulaiman Raissouni sont également détenus en ce moment .

    Le Maroc se classe 136e sur 180 pays dans le classement de la liberté de la presse établi chaque année par Reporters Sans Frontières.

    Il y a des dizaines de militants médiatiques derrière les barreaux, du Rif au Sahara occidental. Comme Bashir Khadda, journaliste du groupe Equipo Mediatico, arrêté en 2010, après la manifestation sahraouie de Gdeim Izik. Et comme Salah Lebsir, reporter de la Fondation Nushatta, qui a passé quatre ans en prison avant de se réfugier dans les camps sahraouis près de Tindouf. Aujourd’hui, il raconte le conflit entre le Polisario et le Maroc, depuis le front du désert, un front qui – comme en témoigne le rapport publié par « Le Monde » dimanche dernier 7 novembre – devient de plus en plus incandescent.

    Gilberto Mastromatteo

    RSI, 15/11/2021

    #Maroc #Presse #Journalistes #OmarRadi #SoulaimanRaissouni #TaoufikBouachrine

  • Maroc : Qui est Lalla Anissa, l’épouse du prince Ismaïl ?

    Selon le magazine des têtes royales Adelswelt, son véritable nom est Anika Lehmkuhl et elle appartient à la noblesse allemande.

    « Presque personne ne connaît non plus cette noble allemande », signale le magazine allemand. «Son père, Omar Lehmkuhl, était lieutenant à l’ambassade d’Allemagne au Maroc et s’est converti à l’islam », ajoute-t-il.

    «Pendant ses études, Anika a rencontré son futur mari, le prince Moulay Ismail. En 2009, l’Allemande a épousé le cousin du roi Mohammed VI du Maroc.  Malheureusement, Lalla Anissa est rarement vue en public. Mais sur les photos qui circulent sur les médias sociaux, on la voit comme une épouse et une mère heureuse », affirme la même source.

    Le dessin de Khalid Gueddar

    Leur mariage en 2009 a été accompagné de beaucoup de bruit en raison d’une caricature du prince Ismaïl assis sur une « ammariya » avec l’étoile de David. « C’est une allusion à son origine juive, affirment d’aucuns ». Le dessin a coûté à son auteur, Khalid Gueddar, une condamnation à 4 ans de prison avec sursis et la fermeture temportaire de journal Akhbar Alyoum dont le directeur Taoufik Bouachrine se trouve actuellement en prison.

    Gueddar est le premier dessinateur marocain à avoir osé caricaturer le roi Mohamed VI dans une bande dessinée publiée sur le site satirique français Bakchich sous le titre de « Mohammed VI, le prince qui ne voulait pas être roi ».

    Etiquettes : Maroc, Prince Ismaïl, Lalla Anissa, Anita Lehmkuhl, Mohammed VI, Taoufik Bouachrine, Khalid Gueddar, caricature,

  • Maroc : Une campagne pour la libération d’un journaliste en grève de la faim

    – Soulaiman Raissouni est en détention « provisoire » depuis un an

    AA/ Rabat / Khaled Majdoub

    Des activistes et des journalistes marocains ont lancé une campagne électronique pour obtenir la libération du journaliste Soulaiman Raissouni, en grève de la faim depuis 45 jours en protestation contre sa détention « provisoire » qui dure depuis un an.

    Les activistes ont lancé sur les réseaux sociaux des hashtag dont notamment #SoulaimanRaissouniEnDanger, #SoulaimanRaissouniMeurtLentement, ou encore #LaVieDeSoulaimanEstNotreResponsabilité.

    Les autorités marocaines n’ont, pour l’heure, pas émis de commentaire sur la campagne.

    La journaliste Sarah Talbi a, pour sa part, écrit sur son compte twitter : « Soulaiman agonise … Nous espérons que ce cauchemar prenne fin et que la voix de la sagesse l’emporte parce que la patrie n’a nullement besoin d’un nouveau drame ».

    De son côté, le militant des droits de l’homme, Abdellatif Hamamouchi a publié le tweet suivant : « Le journaliste d’investigation, Soulaiman Raissouni, risque de nous quitter à tout moment … Il est mourant … Il est en grève de la faim depuis 45 jours … Je suis infiniment triste pour le frère et ami Soulaimane … Je ne sais pas quoi faire pour éviter la catastrophe ».

    Le mois dernier, la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (Gouvernementale) avait annoncé que la grève de la faim de Raissouni  » n’était pas liée aux conditions de détention, comme il l’a lui-même confirmé ».

    « L’objectif (du journaliste) est sa mise en liberté … Par conséquent, la Délégation n’est nullement responsable des éventuelles répercussions de la grève de la faim sur son état de santé », avait-on ajouté.

    Les autorités marocaines avaient arrêté Soulaiman Raissouni, rédacteur en chef du journal « Akhbar Al Yaoum » (Privé), en mai 2020, suite à une plainte déposée par un jeune, l’accusant « d’agression sexuelle ».

    Raissouni fait partie des journalistes connus au Maroc pour leurs articles critiquant les autorités.

    Agence Anadolou, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, presse, journalistes, Soulaiman Raïssouni, répression, Omar Radi, Taoufik Bouachrine,

  • Soutien aux deux journalistes marocains Omar Radi, et Soulaiman Raïssouni

    Les syndicats du Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes (RSISL) expriment leur soutien aux deux journalistes marocains Omar Radi, et Soulaiman Raïssouni, en détention provisoire depuis de longs mois, en isolement, et dans un état de santé très critique en raison de leur grève de la faim entamée depuis début avril. Aucun d’eux n’est hospitalisé et ne bénéficie de soins médicaux adaptés. Nous exigeons leur libération immédiate.

    Nous dénonçons les conditions de musellement et l’acharnement répressif que vivent aujourd’hui les journalistes au Maroc, que ce soit leur surveillance quotidienne, les intimidations, les menaces physiques, les diffamations dans les médias du pouvoir, ainsi que les poursuites judiciaires, et l’instrumentalisation des questions de mœurs ou sexuelles à des fins politiques pour décrédibiliser leur personne. Comme ont été accusés Radi et Raïssouni. Ils travaillaient sur des sujets très sensibles au Maroc, la corruption du régime, et la dépossession des terres collectives.

    Nous exprimons toute notre solidarité aux combats des journalistes indépendants pour être libres de s’exprimer au Maroc : ils sont poursuivis, condamnés, enfermés, voire exilés en raison de leur travail.

    Nous nous alarmons en particulier de la situation du rédacteur en chef du journal Al-Khabar Elyoum, Soulaiman Raïssouni en grève de la faim depuis le 8 avril dernier, plus de 30 jours, en isolement depuis un an et qui demande sa liberté provisoire dans l’attente toujours de son procès. Son état de santé est très critique, et il a perdu plus de 25kg.

    Omar Radi était en grève de la faim depuis le 9 avril dernier, grève suspendue temporairement le 30 avril dernier à son 22ème jour, pour des raisons graves de santé. En isolement depuis neuf mois, il demande aussi sa liberté provisoire dans l’attente de son procès.
    Les deux journalistes ont leur audience prévue le 18 mai prochain.

    Les arrestations concernent aussi désormais les personnes qui osent simplement publier sur réseaux sociaux leur avis sur la situation au Maroc, à l’image du youtubeur Chafik Omerani, arrêté en février 2021, et libéré le 6 mai après une longue grève de la faim (près de 90 jours) qui l’a laissé dans un état critique.

    Nous dénonçons également la répression qui s’accentue depuis plus d’une décennie et qui vise toute contestation, luttes et mouvements sociaux au Maroc faisant plusieurs centaines de prisonnier.e.s politiques pour qui nous demandons la libération immédiate !
    Nous appelons à rejoindre toutes les actions de solidarité qui seront menées.
    Liberté pour tous-tes les prisonnier-ère-s politiques au Maroc !
    #FreeKoulchi

    Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes, 11 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, presse, journalites, Omar Radim Souleiman Raïssouni, Taoufik Bouachrine,