Étiquette : Terrorisme

  • Les terroristes, tous originaires du Maroc, les barons de la drogue aussi

    Le terrorisme et le trafic de drogue en Europe partage la caractéristique d’avoir la même origine : Le Maroc. La raison, c’est le fait qu’ils ont le même commanditeur : Le Makhzen. Ce dernier tire profit des profils financiers et politiques : d’une parte, les milliards d’euros du cannabis et de la cocaïne provenant d’Amérique Latine et dans la base de transit se trouve à Dakhla, au Sahara Occidental; et d’autre part, il s’impose comme partenaire incontournable dans la prétendue lutte contre le terrorisme.

    L’OBS apporte une liste détaillée des plus grands barons de la drogue. Voici le texte intégral de l’article:

    Voici la liste des dix plus gros trafiquants de drogues français

    Ils sont en fuite ou derrière les barreaux. Ils ont chacun leur particularité. Mais ils ont tous un point commun : celui de figurer sur la liste des barons de la drogue les plus puissants de France.

    Depuis 2019, l’office des stups dresse un classement de ses cibles prioritaires, surnommé en interne le « top 25 » des trafiquants de drogue français. Sans doute pour ne pas lui donner un caractère trop prestigieux, ce tableau, classé confidentiel, a été, cette année, sobrement rebaptisé « liste nationale ». Pour intégrer ce cercle restreint des principaux narcos français, les prétendants doivent remplir un certain nombre de critères témoignant de leur puissance et de leur dangerosité : implications dans des règlements de comptes, capacité à se projeter à l’étranger, à corrompre des agents publics, des policiers, des douaniers, moyens logistiques, usage des technologies de dissimulation… Voici les dix plus gros trafiquants de cette liste (1) .

    Moufide Bouchibi

    Surnoms : « Poto », « Mouf », « Karim », « le Parisien ».

    Age : 41 ans.

    Originaire de l’Essonne.

    Particularités : Ex-associé puis rival de Sophiane Hambli – l’ancien trafiquant numéro 1 devenu le principal informateur de l’office des stups –, il a dû quitter le Maroc après une série de règlements de comptes en 2013. En contact direct avec les producteurs, il est considéré comme le principal exportateur de résine de cannabis en France (il enverrait 50 tonnes par mois selon les estimations des policiers).

    Situation : Condamné à vingt ans de prison par le tribunal de Bordeaux en 2015, il vient d’être arrêté à Dubaï.

    Reda Abakrim

    Surnoms : « Turbo », « Mourad de Poissy ».

    Age : 38 ans.

    Originaire de Poissy.

    Particularité : En juin 2020, défendu par Eric Dupond-Moretti, il a été condamné à vingt ans de prison en son absence dans une affaire d’enlèvement et de meurtre.

    Situation : En cavale depuis 2007, il a été arrêté le 22 décembre à l’aéroport de Casablanca alors qu’il descendait, sous une fausse identité, d’un avion en provenance de Dubaï.

    Nordine D.

    Surnoms : « Mac Do », « Monsieur N. ».

    Particularité : Jamais condamné pour trafic de stupéfiants, il ne ferait actuellement l’objet d’aucune mise en examen. Selon des sources policières, il aurait récupéré une partie de la clientèle de Djamel Talhi, dit « James Dean », un ancien associé d’Hambli devenu le numéro 2 du trafic derrière Moufide Bouchibi avant d’être arrêté en 2014. Selon le dossier judiciaire, une partie de la marchandise retrouvée lors de la fameuse saisie des Douanes effectuée boulevard Exelmans, Paris 16e, en octobre 2015, lui appartiendrait.

    Situation : Il naviguerait entre l’Espagne, le Maroc, l’Algérie et Dubaï.

    « Ben de Trappes »

    Originaire de Trappes.

    Particularité : Selon une anecdote racontée par Claire Andrieux dans son livre « la Guerre de l’ombre », ce trafiquant de haut vol aurait réussi à importer de grandes quantités de cannabis au Danemark via des camping-cars.

    Situation : Il a été arrêté en France en 2018 dans une affaire d’usurpation d’identité. Il a, depuis lors, pris la fuite et serait possiblement au Maroc.

    Bouchaïb El Kacimi

    Surnoms : « Bouch de Dreux », « R8 ».

    Originaire de Dreux.

    Particularité : En 2014, ce Franco-Marocain a été considéré comme le responsable d’un vaste réseau d’importation de résine de cannabis et condamné à vingt ans de prison. La drogue était stockée dans une ferme d’Eure-et-Loir. D’après un cahier de comptes retrouvé sur place, son équipe avait organisé pas moins de 45 go-fasts depuis l’Espagne en quatorze mois pour importer 50 tonnes de cannabis.

    Situation : En fuite, possiblement au Maroc.

    Kevin Doure

    Surnoms : « El Negro », « Cali », « le Pablo Escobar français »

    Age : 36 ans

    Originaire de Martinique

    Particularité : Lors d’un premier séjour en prison, il noue des relations avec des « Vénez », surnom donné en Martinique aux Vénézuéliens installés sur l’île, représentants des plus gros narcos sud-américains. Au faîte de sa gloire, on estime qu’il expédiait une tonne de cocaïne par mois. Incarcéré depuis 2013, son réseau continuerait ses affaires malgré son incarcération.

    Situation : En prison

    Rachid El M.

    Surnoms : « Le Chinois »

    Age : 45 ans

    Originaire de Strasbourg.

    Particularité : Proche de Moufide Bouchibi depuis de longues années, il serait l’un des principaux fournisseurs de cannabis de l’Est de la France. Il disposerait de contacts privilégiés chez les producteurs marocains. Il a été condamné à une peine de sept ans de prison en 2017.

    Situation : En fuite.

    Nasserdine et Abdelrani T.

    Surnoms : « Tic et Tac » , « les Jumeaux ».

    Age : 43 ans.

    Originaires de Marseille.

    Particularité : Ces deux frères, condamnés par le passé pour des affaires de vols, approvisionneraient la région de Marseille en résine de cannabis.

    Situation : Ils ne feraient actuellement pas l’objet de mandats de recherche et seraient installés depuis de longues années dans la région de Malaga, dans le sud de l’Espagne.

    Younès L.

    Surnoms : « le Nantais », « le Grand ».

    Age : 40 ans.

    Originaire de Nantes.

    Particularité : Appartenant à une famille bien connue de la PJ nantaise, ce Franco-Marocain né à Meknès est considéré comme le principal pourvoyeur en résine de cannabis du Grand Ouest. Connu pour des faits de vol commis dès l’âge de 15 ans, il n’a jamais été condamné pour trafic de stupéfiants à ce jour.

    Situation : Possiblement au Maroc.

    Ali et Messaoud Bouchareb

    Surnoms : « Ryan » pour Ali

    Age : 50 ans et 41 ans

    Originaires de Saint-Etienne

    Particularité : Ancien braqueur, Ali est considéré comme le cerveau de l’affaire « Air Cocaïne ». En 2014, il est arrêté en Espagne lors du déchargement de 400 kg de poudre blanche, cachée dans une cargaison de poissons surgelés. Il sera mystérieusement relâché avant d’être de nouveau interpellé deux ans plus tard sur une autoroute française.

    Situation : En prison pour Ali, condamné en 2018 à une peine de dix-huit ans de détention dans l’affaire « Air Cocaïne ». Son frère, Messaoud,, a été arrêté en décembre dernier après plus de dix ans de cavale alors qu’il remontait d’Espagne vers la France pour voir sa famille.

    (1) Liste reconstituée à partir de sources policières, judiciaires et documentaires : « La guerre de l’ombre, le livre noir du trafic de drogue en France », de Claire Andrieux (Denoël)

    L’OBS, 28 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Makhzen, trafic de drogue, cannabis, cocaïne, terrorisme, lutte antiterroriste,

  • Au Niger, après des attaques djihadistes. « Ils veulent déstabiliser la zone » (Morelli, HCR.

    Patrizia Caiffa

    Plus de 200 victimes civiles au Niger, dont des dizaines d’enfants, ont été tuées ces dernières semaines par la violence des groupes terroristes djihadistes opérant dans le centre du Sahel. Depuis Niamey, Alessandra Morelli, représentante du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) s’est confiée à Monsieur : les agences des Nations Unies viennent d’envoyer un convoi dans la province de Tahoua pour suivre les besoins humanitaires. Déjà 600 personnes ont fui vers le Mali.

    Ils attaquent des villages dans le désert occidental du Niger, à la frontière avec le Mali. Ils brûlent les maisons et massacrent sans pitié des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants innocents. La dernière attaque, perpétrée par des mouvements djihadistes, a eu lieu le dimanche 21 mars et a été menée avec une dynamique impitoyable, planifiée dans les moindres détails : des centaines d’hommes à moto ont encerclé les villages d’Intazayene, Bakorate et Wistane dans le département de Tillia, dans la région de Tahoua, au Niger, qui connaît une insécurité croissante. Ils ont ouvert le feu à bout portant sur des nomades touaregs qui vaquaient sereinement à leurs occupations quotidiennes : hommes avec des chameaux, femmes et enfants aux points d’eau. Déjà 137 personnes ont été tuées, dont 22 enfants âgés de 5 à 17 ans. « Ils ont été abattus de manière violente : ils ont ouvert le feu sur des personnes qui travaillaient dans les champs ou près des points d’eau, alors qu’elles s’occupaient des animaux qui buvaient ». C’est Alessandra Morelli, représentante du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui s’adresse à Monsieur depuis Niamey, capitale du Niger : depuis 2017, elle coordonne une équipe de 400 personnes qui aident les personnes déplacées et les réfugiés sur un territoire complexe et stratégique. Leur action s’étend du Niger au Burkina Faso et au Mali, de la Méditerranée centrale et de la Libye au bassin du lac Tchad, qui voit depuis 6 ans des flux de Nigérians du Nord fuyant les attaques de Boko Haram.

    Un terrorisme transfrontalier de matrice djihadiste. Alessandra Morelli a trente ans d’expérience dans les zones de conflit et a survécu à un grave attentat à la voiture piégée à Mogadiscio en février 2014, dont elle porte encore les séquelles. Malgré cela, elle poursuit son travail passionné aux côtés des personnes déplacées et des réfugiés dans les pires crises humanitaires. Depuis quelques années, des milices de la province ouest-africaine de l’État islamique (Iswap), un terrorisme transfrontalier qui se déplace depuis le Mali, semblent également s’être installées dans ces territoires.

    Dans le centre du Sahel, y compris au Niger, la dynamique est celle de « créer des espaces opérationnels en brûlant des villages et en chassant les gens pour continuer à opérer », explique Morelli. L’objectif ?

    « Pour déstabiliser la zone et démontrer que le gouvernement nigérien n’a pas le contrôle du territoire ».

    Cette dernière attaque a eu lieu un mois après l’élection du nouveau président Mohamed Bazoum, candidat du parti au pouvoir et successeur du président sortant Mahamadou Issoufou. Selon le chef de mission du HCR, il s’agit probablement d’un « message au gouvernement ».

    Un convoi de l’ONU est en route pour Tahoua. Les agences des Nations Unies surveillent la situation et les mouvements des personnes qui fuient la région de Tahoua. Un convoi avec des représentants du HCR, de l’UNICEF, du Wfp et du gouvernement vient de partir et fera une première analyse des besoins humanitaires. « Nous effectuons tout avec une extrême délicatesse et attention – précise Morelli – pour éviter de nous retrouver au milieu d’une embuscade ». La région de Tahoua est immense, il y a très peu de routes, il est donc très difficile pour les militaires de traquer les personnes à moto. De plus, « les informations arrivent au compte-gouttes car il s’agit de zones éloignées et isolées, avec des télécommunications très faibles ». Le HCR, cependant, a déjà des nouvelles de plus de 600 personnes ayant traversé la frontière pour chercher un abri au Mali. Les régions nigériennes de Tahoua et de Tillaberi, qui font frontière avec le Burkina Faso et le Mali, abritent actuellement 204 000 réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur du pays.

    Dynamique de répétition. En janvier 2021, des attaques similaires ont eu lieu dans la région occidentale de Tillaberi, à Tchombangou et Zaroumdareye. Deux jours plus tôt, une patrouille des forces militaires nigériennes était passée par là, l’attaque a eu lieu le jour suivant. « La dynamique est la même – dit Morelli – ils observent le mouvement des troupes et quand elles partent, ils attaquent ». C’est le deuxième massacre contre des civils en l’espace d’une semaine. Le 15 mars, des groupes armés ont tué au moins 58 personnes, dont six enfants, qui revenaient du marché dans le département de Banibangou, dans la région de Tillaberi, près de la frontière avec le Mali.

    L’une des pires crises humanitaires. Le Niger, le Burkina Faso et le Mali sont aujourd’hui à l’épicentre de l’une des crises humanitaires qui connaît la croissance la plus rapide. La région accueille déjà près de trois millions de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays en raison des conflits. « Cinquante pour cent sont des réfugiés et les autres cinquante pour cent sont des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, souligne Morelli, ce qui signifie qu’il y a un énorme problème de sécurité. Malgré cela, le gouvernement nigérien continue de faire preuve d’une grande ouverture et d’une grande générosité envers les personnes qui fuient la violence dans les régions du Sahel et du lac Tchad. La présence des principales agences des Nations unies et de nombreuses organisations non gouvernementales en est la preuve.

    L’appel du Pape et la présence de la CEI. Le 24 mars, le pape François a également lancé un appel pour le Niger, priant « pour les victimes, pour leurs familles et pour toute la population », demandant que « la violence subie ne fasse pas perdre la foi dans le chemin de la démocratie, de la justice et de la paix. » Pour ceux qui travaillent sur le terrain « les paroles du Pape ont une immense valeur d’espoir », commente le chef de mission du HCR, qui collabore également avec la Caritas italienne dans la planification des corridors humanitaires. En janvier, elle a rencontré à Niamey l’évêque d’Acireale, Monseigneur Nino Raspanti, vice-président de la CEI, pour vérifier les initiatives lancées ces dernières années, dont un projet de bourses pour les mineurs réalisé en collaboration avec Intersos.

    SIR Agencia Informazione, 26 mars 2021

    Etiquettes : Sahel, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso, terrorisme, JNIM, EIGS, Al Qaïda, Barkhane,

  • Niger. La lutte pour la terre au Sahel agit comme un moteur du djihadisme

    Paolo M. Alfieri

    Dans un monde distrait par le Covid-19, la crise environnementale s’est transformée en crise alimentaire, puis en crise sociale, économique, ethno-religieuse et humanitaire. Et dans le vide du pouvoir, les massacres se multiplient.

    Le 31 mars, après 43 ans d’exploitation, le groupe français Orano, anciennement Areva, abandonnera les activités minières dans une importante mine d’uranium (fondamental pour la production d’énergie nucléaire) dans la ville d’Arlit, au nord du Niger. Après le quasi-épuisement du site d’Akouta – par le biais de la filiale nigérienne Cominak – et la chute du prix de l’uranium sur les marchés mondiaux après des années de profits et de vaches grasses, les Français vont donc cesser leurs activités, laissant plus de 600 jeunes employés, plus 800 autres entrepreneurs et des centaines d’autres induits, sans travail et sans espoir dans l’une des régions les plus pauvres de la planète. Combien de ces jeunes, parmi ceux qui ne tenteront pas d’émigrer directement en Europe, iront grossir les rangs d’un djihadisme qui, jour après jour, étend ses tentacules dans tout le Sahel, à l’heure où la pandémie de coronavirus soustrait l’attention et les ressources au développement et à la coopération coordonnés ? La perte d’un emploi ne transforme pas nécessairement un être humain en un extrémiste violent, mais l’absence d’avenir peut être dévastatrice pour la stabilité personnelle et, en même temps, sociale et régionale.

    La dernière attaque contre des villages, au Niger, remonte à dimanche dernier : 137 civils – dont 22 enfants âgés de cinq à 17 ans – ont été tués et d’autres blessés ou séparés de leurs familles dans la région de Tahoua. Ils étaient en route pour aller chercher de l’eau lorsque les attaques ont eu lieu : les hommes armés ont tiré sur tout ce qui bougeait. « Nous prions pour les victimes, pour leurs familles, pour toute la population, afin que la violence ne fasse pas perdre la foi pour la justice et la paix », a été la pensée adressée aux victimes par le pape François hier à la fin de l’audience générale. Des groupes liés à Daesh, à Al-Qaïda, des milices qui se déplacent sur une base ethnique ou pour prendre le contrôle de la région en vue de faire de sales affaires dans un territoire dévasté par le changement climatique et la lutte pour l’accaparement des ressources. Le Niger, mais aussi le Mali et le Burkina Faso, dans un monde désormais également « distrait » par Covid-19, sont au centre d’une catastrophe humanitaire.

    Rien qu’en 2020, 5 000 personnes sont mortes, 1,4 million ont été déplacées à l’intérieur du pays et 3,7 millions ont été plongées dans l’insécurité alimentaire dans ce triangle tourmenté. Une grande partie de la dynamique des conflits en cours part d’un bien de plus en plus précieux et rare : la terre. La crise environnementale, soulignait également un récent rapport de Caritas, est devenue une crise alimentaire, puis sociale et économique, ethno-religieuse, et enfin humanitaire, devenant ainsi une forme grave de dégradation humaine. Victimes d’attaques terroristes, des centaines de milliers de familles abandonnent leurs foyers et leurs activités dans des régions que les États ne contrôlent plus depuis longtemps. La galaxie djihadiste n’a aucun mal à combler le vide du pouvoir dans ces territoires.

    À partir du 2 avril, le Niger aura un nouveau président, Mohamed Bazoum, 61 ans. Dans le pays qui, avec 7,6 enfants par femme, détient le record planétaire de fécondité, Bazoum devra montrer que les promesses d’avenir lancées lors de la campagne électorale – les enjeux de la famille, l’éducation des jeunes, la croissance de l’économie et la lutte contre l’insécurité imposée par les djihadistes – ne sont pas de vains mots, avec le soutien de la communauté internationale. Le développement et la défense des populations vulnérables, ainsi que la promotion de la cohésion sociale et de la paix, sont des objectifs incontournables et communs également pour les pays voisins, un goulot d’étranglement nécessaire à franchir pour changer le destin d’une région qui doit repenser son avenir.

    Avvenire.it, 25 mars 2021

    Tags : Afrique, Sahel, Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie, France, Barkhane, djihadisme, terrorisme, Al Qaida, JNIM, EIGS,

  • Un clin d’œil pour un avenir africain différent

    Un clin d’œil pour un avenir africain différent
    L’évolution du Niger vers le jugement des militants islamistes laisse entrevoir un abandon de l’approche militaire.

    Par le comité de rédaction du Monitor
    En 2014, cinq pays de la région sahélienne de l’Afrique se sont joints à la France dans un pacte militaire pour contrer les groupes militants islamistes par la force. Les bandes locales s’étaient affiliées à Al-Qaïda. Les communautés ont été attaquées à plusieurs reprises ; leurs enfants kidnappés pour devenir des épouses ou des soldats. Mais au lieu de mettre fin à la menace, la stratégie militaire a aggravé la misère. Les troupes envoyées pour protéger les villages ont elles-mêmes été accusées d’atrocités contre des civils. Des millions de personnes ont été déplacées et des dizaines de milliers ont été tuées.

    Sept ans plus tard, la progression de l’extrémisme dans certaines régions d’Afrique – du Sahel à la Somalie en passant par le Mozambique – a incité à repenser l’approche militaire. Selon un document récent de l’Institut américain pour la paix, il existe un consensus croissant selon lequel « les réponses militarisées au contre-terrorisme qui ont dominé l’ère post-11 septembre échouent, en particulier en Afrique. » Le président français Emmanuel Macron a récemment reconnu ce point. En janvier, il a fait part de son intention de retirer les 5 000 soldats français présents au Sahel. Un mois plus tard, il a exclu un tel départ.

    L’un des partenaires de la France au Sahel, le Niger, a indiqué le 22 mars ce qu’un changement de stratégie pourrait impliquer. Sous le choc de deux attaques meurtrières perpétrées par des djihadistes présumés ces derniers jours, le gouvernement a appelé à trois jours de deuil national et a annoncé l’ouverture d’une enquête « pour trouver les auteurs de ces actes lâches et criminels et les traduire devant les tribunaux ». Ces deux actions mettent en évidence ce qui a fait défaut : une approche de la sécurité qui étend la portée et l’influence des gouvernements nationaux autant par des mesures juridiques et sociales fortes que par la force militaire.

    Le plus souvent, ce sont les communautés locales qui ont assumé la charge de la prise en charge des victimes d’attaques et des personnes fuyant la violence, et non les gouvernements. Au Mozambique, par exemple, où plus de 570 attaques horribles ont été perpétrées l’année dernière, laissant près d’un million de personnes en proie à la famine, les habitants des régions environnantes non touchées ont « fait preuve d’une solidarité et d’une générosité incroyables envers les personnes déplacées », affirment les Nations unies.

    Donner la priorité aux réponses militaires à l’extrémisme est compréhensible. Il est urgent de protéger les civils. Mais les véritables solutions passent par le renforcement de la confiance dans les gouvernements locaux et nationaux. Le pacte pour le Sahel de 2014 comprend lui-même un cadre pour équilibrer la défense et l’amélioration de la vie quotidienne, comme l’éducation, les soins de santé et l’accès à l’eau potable. Les États-Unis et la France avaient espéré que la formation des forces spéciales africaines pour contenir la menace du terrorisme créerait un espace pour que les gouvernements commencent à répondre à ces besoins. Cela ne s’est pas produit. Les militants islamistes prospèrent dans des régions à prédominance musulmane, appauvries et isolées.

    Il est facile de voter, mais difficile de tricher. Le Kentucky s’efforce de faciliter l’accès aux électeurs.
    La volonté du Niger d’utiliser son système judiciaire pour demander des comptes aux militants est une reconnaissance du fait que le travail plus lent d’amélioration des niveaux de vie et de renforcement de l’État de droit est tout aussi urgent que la protection des vies. Il faut pour cela réorienter une partie des centaines de millions de dollars déjà engagés par les pays occidentaux et du Golfe pour la sécurité au Sahel vers des choses comme les réseaux électriques et les salles de classe.


    Il faudra peut-être aussi s’inspirer de l’approche unique de l’Afrique en matière de justice. Le Nigeria a déjà montré qu’il ne suffit pas de juger les extrémistes devant les tribunaux. Le nombre d’accusés a submergé son système juridique formel et compromis les normes d’équité des procès. Cela menace l’État de droit plus que cela ne le renforce. Les formes traditionnelles de justice réparatrice, telles que celles qui ont aidé la Sierra Leone et le Rwanda à surmonter la haine et les traumatismes de masse, pourraient contribuer à alléger ce fardeau et à soulager les communautés blessées.

    La crise de la violence islamiste en Afrique pointe vers sa solution. Comme l’a déclaré l’International Crisis Group le mois dernier, « la crise de gouvernance qui est à l’origine des problèmes du Sahel suscite une hostilité croissante à l’égard des gouvernements, qu’elle s’exprime par une insurrection rurale ou une protestation urbaine. » Au Niger, l’équilibre entre les armes et le beurre est remis en question. Une société est bien plus soudée par la force de ses idéaux que par la force des armes.

    The Christian Science Monitor, 25 mars 2021

    Tags : Afrique, Sahel, Al Qaïda, JNIM, EIGM, Daech, terrorisme, Niger,

  • La France reconnaît ses fautes en Afrique

    Le président français Emmanuel Macron a reconnu les erreurs de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui a soutenu l’intervention occidentale en Libye, contre le régime de Kadhafi, lors de la rencontre avec les nouveaux dirigeants libyens mardi 23 mars à l’Elysée.

    « Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre. »

    Ainsi le Président de la République française pour la première fois a reconnu officiellement l’implication de son pays dans le chaos que la Libye et une partie de l’Afrique ont connu en dix ans. Les conséquences de cette intervention font toujours des ravages en Libye, au Sahel et dans d’autres pays africains.

    La République centrafricaine ne fait pas l’exception. La mission militaire de l’ONU majoritairement composée l’armée française, conduite en République centrafricaine du 5 décembre 2013 au 31 octobre 2016 n’a pas réussi à restaurer la paix sur le territoire centrafricain. Depuis la fin de cette mission les attaques contre des civils et le terreur de la part des groupes armés toujours présents sur le territoire national se sont poursuivies.

    Néanmoins, le peuple centrafricain attend le moment où le président français dira à la République centrafricaine Mea culpa et admettra les erreurs commises depuis l’indépendance du pays.

    NouvellesPlus, 26 mars 2021

    Tags : France, Afrique, Libye, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, Sahel, terrorisme, armes, trafic,

  • RTBF : Ali Aarrass dénonce les tortures au Maroc : « Avec ces techniques, ils finiront toujours pour avoir gain de cause »

    Ali Aarrass nous a donné rendez-vous dans son petit appartement, à Bruxelles.

    C’est là qu’à 59 ans désormais, l’homme refait petit à petit sa vie, auprès de sa femme Houria, et de sa fille Amina. Une reconstruction pas à pas, après 12 années de privations, d’emprisonnement, et d’épisodes de torture affirme-t-il. Douze années passées à purger sa peine dans les prisons marocaines.

    Hanté par ses souvenirs, Ali Aarrass ressasse encore sa disparition au monde.

    « Les conditions de détention en isolement sont très très dures à accepter surtout pour un innocent, dit-il. Et le plus dur, c’est d’être entre ces quatre murs, je vous parle surtout du Maroc, et toutes vos doléances, toutes vos demandes, sont bafouées ; là vous vous sentez abandonné. »

    Car Ali Aarrass clame surtout son innocence, et cela depuis son arrestation en Espagne.

    Son histoire judiciaire débute pour le grand public le 1er avril 2008. En vacances chez son père qui habite dans l’enclave espagnole de Melilla, il est arrêté à la demande des autorités marocaines. Ce Belgo-marocain est accusé de trafic d’armes, pour le compte d’une organisation terroriste djihadiste. Il va être extradé, puis condamné au Maroc 15 ans de prison, ramenés à 12 ans en 2012.

    Extradé, malgré un non-lieu

    Il passera plus d’un an et demi en prison à Madrid. La justice espagnole va enquêter sur ses activités présumées, et le juge Baltasar Garzon va conclure à un non-lieu… Ali Aarrass va tout de même être extradé, les autorités marocaines modifiant leurs charges à son encontre.

    Amer, Ali Aarrass sait bien aujourd’hui que c’est cette décision du gouvernement espagnol de répondre positivement à la demande d’extradition, qui déterminera le reste de sa vie : « S’il y a quelqu’un à qui je devrais en vouloir, c’est le gouvernement espagnol et à José Luis Zapatero (premier ministre socialiste espagnol à cette époque, ndlr), un gouvernement complice avec le Maroc, ajoute Ali Aarrass : « Et quand on parle du Maroc, on parle du Roi Mohamed VI, et le directeur général de la sûreté marocaine, Abdellatif Hammouchi. Ils sont les responsables de ce massacre, et des tortures abjectes qui m’ont été faites. »

    Absence de soins médicaux, de nourriture comestible, « on était dans un zoo », raconte-t-il.

    Mais surtout, Ali Aarrass dénonce : les aveux sur lesquels s’est basée sa condamnation au Maroc, les seuls éléments fournis publiquement, auraient été forcés, obtenus sous la torture.

    Aveux et tortures

    Il raconte avoir subi des maltraitances pendant quatre jours, à son arrivée dans un centre de détention de la DST (Direction générale de la surveillance du territoire) , le centre de Temara. « Ils ont l’habitude de torturer, de massacrer, et ce n’est qu’après qu’ils te posent des questions. Les scènes de tortures sont horribles, abominables, inhumaines. On ne peut pas dire que ce sont des aveux, parce qu’à force de torture, après quatre jours, quand je n’ai pas cessé de leur dire que je n’avais rien à voir avec ces accusations, et ces armes qu’ils cherchaient, je me suis dit il faut que j’invente quelque chose. Ce ne sont pas des aveux… C’est impossible de résister, avec ces techniques, ils finiront toujours pour avoir gain de cause. »

    A ces souvenirs, Ali Aarrass faiblit, ses yeux s’emplissent de larmes. « Temara, c’est un centre secret, un centre pénitentiaire secret qui est là spécialement pour torturer les citoyens et les citoyennes marocaines. Au moment où j’étais sous la torture, j’ai entendu les cris d’une femme… C’était horrible… C’était horrible de voir une femme crier et eux, ils étaient en train de rigoler. Pour moi ils étaient en train de la violer… C’est connu ils font ça avec plein de gens, d’innocent pour en tirer des aveux. Le centre de Témara c’est un centre où l’on torture… Est-ce qu’on peut dire que c’est un Etat de droit, un Etat démocratique ? »

    Plus tard, d’autres éléments vont être interpellants dans ce dossier. Une vidéo montrera Ali Aarras, le dos marqué de coups, dans une cellule de la prison marocaine de Salé 2. Cette vidéo aurait été tournée par un gardien, en 2012, elle sera diffusée par la famille et les avocats d’Ali Aarras en 2015.

    RTBF, 24 mars 2021

    Tags : Maroc, Belgique, Ali Aarrass, torture, terrorisme,

  • L’État islamique tue des centaines de personnes dans des massacres au Sahel

    Des combattants de l’aile locale de l’État islamique, communément appelé État islamique au Grand Sahara (EIGS), auraient perpétré une série de massacres récents au Sahel. On estime que près de 300 personnes ont été tuées dans ces attaques.

    Hier, des militants prétendument appartenant à l’EIGS ont attaqué trois villages distincts dans la région de Tahoua au Niger. Les estimations sur le nombre de morts ont varié, le gouvernement nigérien rapportant officiellement qu’au moins 137 personnes ont été tuées.

    Cependant, des sources locales ont rapporté que pas moins de 176 personnes ont été laissées mortes par les militants. Il est possible que ce nombre continue d’augmenter à mesure que les autorités locales continuent de fouiller la région.

    Selon un responsable local , «des hommes armés sont arrivés à moto et ont tiré sur tout ce qui bougeait».

    Des photos prétendument des villages montrent en outre du bétail et des bâtiments brûlés, indiquant la destruction totale des villages.

    Le 15 mars, des membres présumés de l’EIGS ont attaqué un bus transportant des civils près de la ville de Banibangou dans la région de Tillaberi au Niger. Les djihadistes ont ensuite attaqué un village voisin, tuant davantage de civils et incendiant des greniers.

    Le gouvernement nigérien a initialement signalé qu’au moins 58 personnes avaient été tuées dans ces attaques. Ce nombre, cependant, est passé à au moins 66 personnes.

    Le même jour, l’EIGS a lancé un assaut coordonné contre une position militaire malienne près de Tessit dans la région nord du pays de Gao.

    Dans la déclaration officielle de l’État islamique concernant cette opération, il a déclaré que ses hommes avaient tué 33 soldats après avoir pris pour cible un convoi militaire près de Tessit. Le Mali a depuis confirmé le numéro de l’État islamique , ajoutant que 14 soldats supplémentaires avaient également été blessés.

    Les autorités maliennes ont en outre contredit le communiqué de l’État islamique en rapportant plutôt que c’était un avant-poste dans la région qui avait effectivement été attaqué par les djihadistes. Al-Jazeera a également rapporté que les djihadistes ont ciblé la base sur des techniques et des motos, une tactique couramment utilisée par les djihadistes sahéliens.

    Les habitants ont cependant signalé à l’époque que les troupes maliennes avaient été prises dans une embuscade alors qu’elles se déplaçaient entre Tessit et un autre village voisin.

    EIGS a été particulièrement actif dans la région de Tessit ces dernières semaines. Cette région a également connu récemment des affrontements entre l’ISGS et la branche locale d’Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), au début du mois.

    Ces récents massacres font suite à des attaques similaires contre deux villages de la région de Tillabéri au Niger en janvier qui ont fait au moins 105 morts. Aucun groupe n’a revendiqué ces agressions, mais ISGS est largement soupçonné.

    Les récents massacres de l’Etat islamique interviennent également un mois à peine après que le président français Emmanuel Macron a déclaré que l’ EIGS «avait perdu son emprise et avait subi de nombreuses pertes» lors de son discours au sommet du G5 Sahel à N’Djaména, au Tchad .

    Et quelques jours à peine avant les massacres, le commandant général de l’opération française Barkhane, le général Marc Conruyt, a également vanté que ses hommes «continuent de porter des coups contre l’EIGS».

    Il est clair, cependant, que même s’il a subi des pertes tactiques, le EIGS a montré sa capacité à résister à la fois à une offensive militaire coordonnée contre lui et aux efforts du JNIM pour le chasser de diverses parties du Sahel.

    Caleb Weiss est un contributeur au Long War Journal de FDD.

    Long War Journal, 22 mars 2021

    Tags : Sahel, Etat Islamique, Al Qaida, Daech, terrorisme, EIGS, JNIM,

  • Terrorisme : La raison du silence de Salah Abdeslam doit être recherché au Maroc

    A l’occasion du 5ème macabre anniversaire des attentats terroristes qui ont secoué le Belgique en 2016, la RTBF, télévision a diffusé un documentaire d’investigation sur la question.

    L’émission a dévoilé que le procès des accusés démarrera probablement en septembre 2022. « Un procès hors norme à plus d’un titre : Neuf mois d’audience sont prévus, 700 parties civiles sont déjà constitutés, 10 accusés sont sur le bond, parmi eux Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, seul terroriste de l’aéroport encore en vie ». Les mêmes hommes seront d’abord jugés une première fois à Paris: Ce sera déjà en septembre prochain dans le cadre des attentats du 13 novembre puisque c’est le même groupe de terroristes qui a commis les deux attentats à Paris.
    Le documentaire s’est replongé sur le parcours de Salah Abdeslam qui est la figure la plus tristement connue de ces attentats. « Comment un petit délinquant est devenue terroriste? »; s’interroge l’émission. Elle est revenu aussi sur son silence depuis 5 ans, lui qui, au départ, collaborait avec les enquêteurs, répodant à leurs questions lors du premier interrogatoire. « Salah Abdeslam sortira-t-il de son silence pour livrer enfin les explications que les victimes attendent? » est la question que les enquêteurs n’ont pas pu répondre.
    Malgré que certains intervenant dans l’émission avancent l’hypothèse selon laquelle, Abdeslam aurait pu être influencé par son compagnon de cellule dans la prison de Bruges, l’assassin des juifs d’Anderlecht.
    Il est très probable que les services de sécurité soient infiltrés par les terroristes puisque la diffusion par la presse des noms des frères Bakraoui ont poussé ces derniers à commettre le massacre de l’aéroport de Zaventem. La deuxième erreur de la police belge était celle de transférer Salah Abdeslam vers la prison de Bruges.
    Il est très probable que le silence soit expliqué par la crainte par sa famille. C’est une pratique très courante au Maroc visant à neutraliser les opposants en s’en prenant à leurs familles au Maroc. Salah, a-t-il été menacé de représailles contre sa famille? En tout cas, l’implication des services secrets marocains dans les attentats terroristes commis en Europe n’est plus un secret pour personne. Du moins, au Maroc.
    Tags : Belgique, terrorisme, Daech, Etat Islamique, ISIS, Salah Abdeslam, Maroc, Frères Bakraoui, 
  • La Belgique commémore les attentats de Bruxelles de 2016

    Cinq ans jour pour jour après les attentats de Bruxelles, un hommage national a été rendu aux victimes. Le roi des Belges Philippe et la reine Mathilde ont d’abord assisté à une cérémonie à l’aéroport de Zaventem, étaient également présents le Premier ministre Alexander De Croo et une poignée de familles de victimes. C’est là qu’une première attaque suicide avait fait seize morts et des dizaines de blessés le 22 mars 2016.

    Un second hommage s’est ensuite déroulé à la station de métro Maelbeek, où une heure plus tard, une autre explosion avait également fait seize morts. Ces attentats perpétrés par trois kamikazes avaient été revendiquées par l’organisation Etat islamique. Outre les 32 morts, plus de 340 personnes ont été blessées.

    « Une multitude d’existences furent bouleversées à jamais », a relevé le Premier ministre Alexander De Croo lors d’une troisième cérémonie, entrecoupée de musique, poésie et dépôts de fleurs, dans le quartier européen.

    Ces attaques sont les pires qu’ait connu la Belgique depuis la Seconde guerre mondiale. Si le pays est uni dans le recueillement, ces hommages interviennent aussi sur fond de critiques en raison des lenteurs de l’administration et des assurances pour prendre en charge les préjudices des attaques.

    Euronews, 22 mars 2021

    Tags : Belgique, Bruxelles, terrorisme,

  • Le Maroc face à la question du rapatriement de 1 137 djihadistes et leur famille présents en Syrie

    Le chef de l’antiterrorisme marocain Habboub Cherkaoui a déclaré qu’il y avait encore 1 137 citoyens de son pays détenus en Syrie et que leur rapatriement constituait «un défi sécuritaire majeur». En mars 2019, le Maroc avait rapatrié 8 djihadistes.

    Dans un entretien accordé à l’agence espagnole EFE le 19 mars 2021, Habboub Cherkaoui, qui dirige le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), estime qu’il y a encore 1 137 citoyens marocains en Syrie. Pour la plupart, ces djihadistes sont détenus dans des camps, accompagnés de leurs femmes et enfants.

    Interrogé au sujet d’un éventuel rapatriement de ces ressortissants engagés en faveur du «califat», le chef du BCIJ a souligné que cette question était une décision politique qui devait être prise «dans le cadre de la coalition internationale existante», faisant référence à l’alliance militaire menée par les Etats-Unis, dont la France, la Grande-Bretagne, l’Arabie saoudite ou le Maroc sont membres.

    Pour le chef de l’antiterrorisme marocain, le retour de ces citoyens constitue «un défi sécuritaire majeur» pour le Maroc comme pour les autres pays. «Pour nous, ces personnes représentent un danger, car elles ont accumulé une formation et une expérience dans la guerre des gangs, le maniement des armes, la fabrication d’explosifs et de voitures piégées, ainsi que la propagande et l’endoctrinement», a-t-il expliqué.

    L’ONG marocaine Observatoire du Nord des droits de l’Homme a exhorté en février dernier le gouvernement marocain à intervenir pour rapatrier les femmes et les enfants détenus dans ces camps, tout en dénonçant les conditions «dures et inhumaines» dans lesquelles ils vivent, compte tenu du manque de nourriture et d’eau potable, ainsi que de l’insécurité qui règne dans la région. Le Parlement marocain a aussi formé une commission chargée d’étudier le cas des parents et orphelins des djihadistes de Syrie et d’Irak, ainsi que les possibilités de leur rapatriement.

    Huit citoyens marocains rapatriés en mars 2019

    Selon les chiffres du BCIJ – créé en 2015 –, un total de 1 654 combattants ont quitté le Maroc pour la zone syro-irakienne afin de combattre dans les rangs de divers groupes djihadistes, dont 1 060 au sein de Daesh. Sur tous ces combattants, 745 sont morts et 270 sont retournés dans leur pays d’origine. La plupart d’entre eux sont jugés grâce à une réforme du Code pénal approuvée en 2015 pour punir l’action de «rejoindre des zones de conflit pour pratiquer le djihad» par des peines allant de cinq à dix ans de prison. Avec ces djihadistes ont voyagé 288 femmes marocaines, dont la plupart ont eu des enfants une fois arrivées sur place. Les autorités estiment que 189 femmes et 309 enfants se trouvent toujours dans des camps de détention en Syrie.

    Le dernier rapatriement de citoyens marocains engagés en Syrie a eu lieu en mars 2019 en coordination avec les Etats-Unis, alliés des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui avaient alors vaincu Daesh et anéanti le dernier bastion du groupe dans la ville syrienne d’Al Baguz. A l’époque, huit d’entre eux avaient été rapatriés au pays. Habboub Cherkaoui a précisé que les personnes qui ont choisi de revenir ont d’abord fait l’objet d’une enquête de sécurité et bénéficient désormais de programmes socio-économiques visant à faciliter leur réintégration sociale et celle de leurs enfants.

    En Syrie, toutes nationalités confondues, on estime que 22 000 mineurs étrangers et 45 000 femmes sont internés dans le seul camp d’Al Hol (nord-est de la Syrie). Jusqu’à présent, les pays occidentaux n’ont accepté de libérer qu’un nombre très limité de ces détenus, tous faisant face à la délicate question de leur rapatriement eu égard à la nécessité de préserver la sécurité du public.

    RT, 21 mars 2021

    Tags : Maroc, ISIS, Etat Islamique, Daech, terrorisme,