Tags : Maroc, Sahel, Mali, Burkina Faso, Tchad, Barkhane, France, terrorisme,
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Tags : Maroc, Espagne, terrorisme, Casa Arabe, Institut Elcano,
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Topics : Turquie, Istanbul, terrorisme, OTAN,
La Turquie a réussi à réduire les attaques terroristes depuis 2017. Il convient de noter qu’un jour avant l’opération, un premier drone a été abattu dans une zone proche d’Al-Hasakah, au nord-est de la Syrie, par l’opposition syrienne, et le ciblage de l’aéroport de Shayrat par les Israéliens, qui a conduit au meurtre de deux officiers syriens
1) Ressusciter les relations Turquie-Golfe-Égypte :
Les relations Turquie-Golfe-Égypte ont connu une amélioration remarquable suite à la baisse de l’intensité de la polarisation dans la région, et la diminution de la tension dans un certain nombre de conflits régionaux qui ont mis la Turquie et le ont mentionné des pays en confrontation les uns avec les autres et ont vidé les parties sans une victoire complète et complète de l’une sur l’autre, en plus de la nécessité des différentes parties de se calmer et d’accroître la coopération commerciale et économique, ce qui est clairement évident dans l’ordre du jour de ses réunions et les domaines couverts par les protocoles d’accord et les accords de coopération. Au niveau des relations bilatérales, il s’agit plutôt de la coopération au niveau régional.
2) Rapprochement turco-syrien
L’été dernier, il y a eu un changement dans la position d’Ankara sur Damas, car la nouvelle position turque a adopté l’amélioration des relations avec la Syrie, et la polémique soulevée par les déclarations du président Erdogan ne s’est pas étendue à la certitude de sa déclaration lors de son retour de la ville ukrainienne de Lviv que son pays ne vise pas à vaincre Bachar al-Assad en Syrie, il a déclaré : « Des mesures avancées doivent être prises avec la Syrie afin de gâcher les plans contre la région », une position qui a fortement agacé les puissances occidentales, en particulier l’Europe, et la considéraient comme une transgression des lignes rouges.
3) Divergences turco-occidentales et rapprochement turco-russe
Le parti turc au pouvoir « Parti de la justice et du développement » a le sentiment que les alliés occidentaux n’ont pas suffisamment soutenu la Turquie sur plusieurs points (la tentative de coup d’État, les Kurdes, démarcation des frontières en Méditerranée orientale), que le président russe Vladimir Poutine a réussi à approfondir l’esprit du président Erdogan et à souligner que les alliés occidentaux d’Erdogan ne sont pas les protecteurs fiables de son régime. Une convergence dans l’histoire moderne, les différences internes restant dans un espace acceptable sur des deux côtés, ce qui a creusé le fossé entre Ankara et ses alliés de l’OTAN, et Washington a été contraint de lancer des menaces et des sanctions contre Ankara à la suite de cet accord en le retirant officiellement du programme de production de F-35, que la Turquie a signé le 26 janvier 2007.
Les sanctions occidentales contre la Turquie, après son invasion du nord de la Syrie en octobre 2019, se sont étendues pour soutenir l’opposition syrienne et ce qu’Ankara a décrit comme la sécurisation de ses frontières et la création d’une zone frontalière sûre de ses intérêts par le pouvoir dur.
Pendant ce temps, la Russie est devenue un fournisseur d’armes et d’équipements de défense dont Ankara a besoin pour maintenir ses programmes de défense nationaux. Les missiles russes ont été un pilier de dimensions profondes dans les relations russo-turques actuelles.
4) Désaccords turco-américains
On peut s’attendre à ce qu’elles se produisent après les déclarations du président Erdogan récemment, dans lesquelles il a vivement critiqué la position des États-Unis, qui rejettent les opérations militaires turques dans le nord de la Syrie, et leur soutien aux séparatistes armés organisations qui mènent une guérilla contre son pays menaçant la sécurité nationale. Et la sécurité de l’unité géographique n’est pas seulement pour la Turquie mais aussi pour son voisin la Syrie, et s’efforce d’assurer la sécurité de ses membres et de les protéger de toute responsabilité.
5) Élections présidentielles
Cependant, ce qui est incontestable, c’est que les chances d’Erdogan et de son parti sont toujours l’otage de l’évolution de la situation économique et financière de la Turquie. La monnaie turque connaît de grandes fluctuations et une inflation dans l’économie, et c’est pourquoi l’opération terroriste dans les plus grands domaines touristiques et de sécurité est venue sonner comme un message pour frapper le cœur de l’économie après que le président turc et ses conseillers ont conçu des politiques correctives pour réduire le niveau de l’inflation d’ici la fin de cette année. L’attentat est aussi opéré pour affecter la campagne d’Erdogan.
Par Dr Oussama Bouchemakh, Universitaire, Pr en géopolitique
L’Express, 16/11/2022
#Turquie #Istanbul #Terrorisme
Tags : Sahel, terrorisme, ONU, Algérie, Panel de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, Mahamadou Issoufou,
La notion du Sahel s’impose dans le débat à propos de la lutte contre le terrorisme et contre la pauvreté. Les Nations Unies et l’Union Africaine se préoccupent de ces situations et cherchent à les enrayer par des réponses adéquates. L’expertise de l’Algérie est sollicitée dans ce cadre ce qui explique la visite président du Panel de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, Mahamadou Issoufou qui est reçu par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. L’exigence impose de réfléchir à des réponses collectives en matière de sécurité et de développement.
La coopération sécuritaire est déjà effective à travers des initiatives des commandements miliaires avec plusieurs pays et où l’échange d’informations revêt une importance particulière pour prévenir les attaques.
Le partage de la prospérité est aussi perçu comme un levier pour éloigner les individus de toute tentation de l’adhésion à des groupes terroristes qui constituent une menace aux frontières. De plus en plus se dégage le concept prônant l’importance de concevoir des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique. L’Armée nationale populaire œuvre sans relâche à la sécurisation des frontières et à la préservation de la souveraineté territoriale au vu du contexte géopolitique régional. La mobilisation de tous les moyens humains et matériels est mise à profit pour réunir toutes les conditions pour le renforcement des capacités du système national de défense.
La lutte contre le terrorisme et le crime organisé, sous toutes ses formes, conduit à la multiplication des opérations dynamiques pour contrer la contrebande et le trafic de drogue ainsi que la migration clandestine, outre la protection des sites névralgiques. Les partenaires dans la bande sahélienne conjuguent leurs efforts pour assumer leur rôle en matière de prévention et de résolution des crises politico-sécuritaires. D’autres défis qui peuvent conduire à la dégradation de la situation sécuritaire sont pris en compte à l’exemple des défis climatique, démographique et de développement économique et social.
La problématique de la sécurité aux frontières est illustrée par la crise libyenne mais d’autres pays limitrophes connaissent aussi des crises qui ne sont sans impact sur cette donne. Une connexion entre terrorisme, crime organisé et immigration clandestine est établie. L’activité terroriste et le trafic de drogue transnationaux sont des éléments créant un contexte d’instabilité. La gestion des frontières dans le contexte de la lutte antiterroriste conduit à une stratégie établie pour répondre à ces menaces. Des trafiquants et des éléments terroristes sont arrêtés ce qui est suivi par des saisies des marchandises de contrebande et des armes. En toute logique, le rôle de l’Algérie dans la région est apprécié et elle a acquis une longue expérience en tant que médiateur de référence pour les différents protagonistes pour faire aboutir un processus de coopération. Tout en respectant le principe de non-intervention dans les affaires intérieures des États.
El Moudjahid, 16/11/2022
#Algérie #Sahel #UnionAfricaine
Tags : Turquie, Istanbul, PKK, jurdes, terrorisme,
ISTANBUL (AP) – L’attaque sur une avenue centrale d’Istanbul au cours du week-end a été un rappel brutal des attentats à la bombe dans les villes turques entre 2015 et 2017.
Ces explosions ont anéanti le sentiment de sécurité du public turc à l’époque et ont également annoncé une nouvelle phase dans la lutte de plusieurs décennies de la Turquie contre les groupes kurdes interdits.
Après l’explosion de dimanche avec une bombe chargée de TNT qui a tué six personnes et en a blessé des dizaines d’autres, la police turque a appréhendé une femme syrienne accusée d’avoir posé l’engin après avoir traversé illégalement la Syrie. Les autorités ont déclaré qu’elle avait avoué avoir perpétré l’attaque au nom de militants kurdes.
Voici un regard sur les groupes militants, le conflit de près de quatre décennies et ses implications politiques.
LA TURQUIE CONTRE LE PKK
Le Parti des travailleurs du Kurdistan, ou PKK, mène une insurrection armée contre la Turquie depuis 1984 dans le but d’établir un État kurde dans le sud-est de la Turquie, qui s’est depuis transformé en une campagne pour l’autonomie.
Le conflit entre les militants et les forces de l’État a tué des dizaines de milliers de personnes. Le PKK est considéré comme un groupe terroriste par la Turquie, les États-Unis et l’Union européenne.
Un processus de paix fragile et un cessez-le-feu de deux ans et demi avec le PKK se sont effondrés en 2015 lorsque le groupe État islamique a commencé à bombarder des villes turques. Des militants kurdes ont également lancé des attentats à la voiture piégée.
Les batailles de rue entre les forces turques et les combattants kurdes ont transformé les villes du sud-est en zones de conflit où des groupes de défense des droits ont également documenté des morts civiles. L’International Crisis Group indique dans son décompte des morts que 6 264 personnes, dont des forces turques et des combattants du PKK, ont été tuées dans des affrontements ou des attaques depuis 2015.
Le gouvernement turc est souvent très prompt à blâmer le PKK pour les attaques, qui ont traditionnellement ciblé l’armée ou la police turque.
Un attentat à la voiture piégée en 2016, près d’un stade de football et à proximité de l’avenue où la bombe de dimanche a explosé, a tué 38 policiers et huit civils. Le gouvernement a blâmé le PKK.
La Turquie affirme que le PKK était à l’origine de l’attaque du week-end. Mais le groupe a nié toute implication dans une déclaration, affirmant qu’il ne visait pas les civils. Son affilié syrien a également déclaré qu’il n’avait aucun lien avec le suspect ou l’attaque.
Le gouvernement a réprimé la politique pro-kurde en Turquie, emprisonnant les législateurs kurdes, y compris les anciens dirigeants du deuxième plus grand parti d’opposition au parlement. Des milliers de militants et de journalistes ont également été arrêtés. Le pouvoir judiciaire a utilisé les vastes lois antiterroristes de la Turquie, y compris les clauses de propagande terroriste, pour les accuser de liens avec le PKK.
COMBATTRE LES MILITANTS KURDES A L’ETRANGER
La Turquie a lancé sa première opération transfrontalière en Syrie en 2016 pour nettoyer la zone frontalière des militants de l’EI et des Unités de protection du peuple kurde syrien, ou YPG, qu’Ankara considère comme des terroristes.
La Turquie affirme que les YPG sont une filiale directe du PKK et que les groupes suivent le même leader idéologique, qui est emprisonné sur une île turque depuis 1999. Les YPG ont également formé l’épine dorsale des forces dirigées par les États-Unis qui ont combattu l’EI dans le nord-est de la Syrie. Le soutien américain au groupe, malgré leurs liens avec le PKK, a exaspéré la Turquie, un allié de l’OTAN.
Lors de deux autres incursions, les forces d’opposition turques et syriennes alliées ont pris le contrôle de régions du nord de la Syrie après avoir chassé les YPG. La Turquie y frappe également régulièrement les militants avec de l’artillerie.
La Turquie a également bombardé et combattu le PKK dans les régions montagneuses du nord de l’Irak, dans le but de détruire les camps du PKK.
Cet été, Ankara a menacé de lancer une autre incursion en Syrie , affirmant que la présence des YPG ne serait pas tolérée, et de reprendre les efforts turcs pour créer une zone tampon de 30 kilomètres (19 milles) en Syrie.
LA TURQUIE SE DIRIGE AUX ÉLECTIONS
Erdogan est fier des campagnes anti-PKK de son gouvernement en Turquie, en Irak et en Syrie et une majorité de Turcs sont unis dans leur inimitié envers les militants kurdes après des décennies de conflit.
Erdogan a souvent utilisé ce sentiment pour se rassembler pour les votes et il est susceptible de le faire à nouveau à l’approche des élections présidentielles et parlementaires de 2023.
Cette stratégie fonctionnait auparavant. Lorsque les attentats à la bombe ont commencé en 2015, le parti d’Erdogan avait perdu la majorité aux élections législatives, mais après avoir échoué à former un gouvernement de coalition, son parti a remporté de nouvelles élections , faisant campagne sur la nécessité d’un gouvernement fort pour réprimer les groupes militants. Les opérations en Syrie ont également eu lieu avant les élections et ont renforcé les votes nationalistes.
Mais l’emprise d’Erdogan sur le pouvoir pendant plus de deux décennies pourrait être confrontée à son défi le plus sérieux lors des prochaines élections en raison des politiques économiques peu orthodoxes du gouvernement qui ont conduit à une inflation en flèche .
PRESSION TURQUE SUR LES ALLIÉS OCCIDENTAUX
Le gouvernement turc a déclaré à plusieurs reprises au monde que les militants kurdes constituaient une menace pour la sécurité et que l’attaque de dimanche pourrait renforcer sa position.
Les relations avec Washington ont été tendues et le soutien américain continu aux combattants kurdes syriens est l’une des principales raisons. Ankara a fait valoir que les armes fournies aux YPG par les États-Unis et certains pays européens seraient retournées sur le sol turc. Lundi, le ministre de l’Intérieur Suleyman Soylu a snobé un message de condoléances américain.
La Turquie a également retardé les candidatures d’adhésion à l’OTAN de la Suède et de la Finlande pour leur indulgence perçue envers les groupes kurdes. Après qu’Erdogan ait accusé les deux pays nordiques de fermer les yeux sur le terrorisme, les trois pays ont signé un mémorandum conjoint en juin dans lequel la Suède et la Finlande ont déclaré qu’ils « confirmaient » que le PKK était une organisation terroriste et promettaient « de ne pas apporter de soutien » aux YPG. . Ils ont également levé un embargo sur les armes imposé à la Turquie à la suite de l’opération syrienne de 2019 contre les YPG , tout en déclarant qu’ils traiteraient les demandes d’extradition de la Turquie pour les personnes que la Turquie considère comme des terroristes.
Les attaques de dimanche pourraient renouveler les menaces turques d’une opération militaire en Syrie qui nécessiterait un feu vert tacite des États-Unis et de la Russie. La police turque a déclaré que le suspect avait avoué avoir reçu le feu vert pour l’attentat de Kobani, dans le nord de la Syrie, où sont basés les YPG.
Le YPG a déclaré dans un communiqué qu’Erdogan tentait de recueillir un soutien international pour son projet de lancer une nouvelle incursion dans le nord de la Syrie avant les élections de l’année prochaine.
#Turquie #Istanbul #Kurdes #PKK
Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Sahel, terrorisme, trafic de drogue, cannabis, haschich,
Au Sahara Occidental, l‘armée marocaine finance des groupes terroristes au Sahel africain avec du haschisch
L’armée sahraouie lutte désormais contre les narcotrafiquants : les saisies de drogue en provenance du Maroc explosent dans le désert.
C’est le titre du journal Publico.es, dans un travail journalistique réalisé par SANTIAGO F. REVIEJO
Le Polisario y voit une « collusion » entre hauts gradés militaires marocains et trafiquants de drogue pour faire passer des marchandises à travers le plus grand mur défensif du monde qui divise le Sahara en deux avec lequel sont ensuite financés des groupes terroristes djihadistes au Sahel.
L’armée du Front Polisario, (ALPS, Armée de libération populaire sahraouie) , qui a combattu en armes contre l’armée marocaine pendant 16 ans, a désormais un nouvel ennemi : les trafiquants de drogue qui traversent son désert en transportant des tonnes de drogue -principalement du haschisch-, aux zones des pays du Sahel dominées par des organisations terroristes djihadistes. Le gouvernement sahraoui assure que cette marchandise quitte l’autre côté du mur défensif de 2 700 kilomètres que l’État marocain a construit pendant la guerre pour défendre son territoire, divisant le Sahara occidental en deux après la fin du conflit en 1991.
Les dernières interventions ont eu lieu cette semaine. Les forces armées sahraouies ont saisi lundi 3.775 kilos de haschich à Agüenit, au sud des territoires libérés par le Polisario dans la guerre contre le Maroc. Dans l’opération, quatre personnes ont été arrêtées, dont trois de nationalité étrangère – non sahraouie – sans précision, et des fusils d’assaut, des munitions abondantes et de puissants véhicules tout-terrain ont été saisis. Un jour plus tard, 775 autres kilos ont été confisqués dans la région de Dugej. Des membres de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) étaient présents en tant que témoins lors de l’opération de brûlage de la drogue intervenue.
Avec ces deux interventions, l’armée du Polisario a déjà confisqué un total de 4 550 kilos de drogue au cours du premier semestre 2020, soit près du double de ce qui a été saisi sur l’ensemble de l’année dernière, ont informé Público des sources du gouvernement sahraoui. Et depuis 2015, ils assurent que plus de trente tonnes sont intervenues dans des opérations menées sur la longue route de sable qui, traversant le territoire sahraoui, va du mur défensif gardé par les forces armées marocaines jusqu’aux régions sahéliennes en Mauritanie, au Mali et Niger.
Or, ce que se demande le gouvernement de la République Arabe Sahraouie Démocratique, c’est comment les trafiquants de drogue parviennent à franchir, sans se faire repérer, le mur gardé par entre 80 000 et 100 000 militaires marocains équipés de radars sophistiqués capables de détecter le passage d’une simple fourmi, et puis traverser, sans exploser, un champ de sept millions de mines antipersonnel et antichar qui protègent tout le périmètre de cette barrière défensive. La réponse, selon le porte-parole de la communication du Polisario en Espagne, Jalil Mohamed, est très simple : « La collusion entre les organisations de narcotrafiquants et les hauts gradés militaires marocains » est ce qui rend cet exploit possible.
L’armée du Polisario a réussi à bloquer les voies d’entrée sur son territoire par la partie nord du mur, ce qui a conduit, selon les responsables, les gangs de trafiquants de drogue à détourner l’introduction des cargaisons en territoire sahraoui vers la partie sud de la défense barrière, où ont été effectuées les dernières saisies.
Et cette route du trafic de drogue se termine, de l’avis du gouvernement sahraoui, par le financement des organisations terroristes djihadistes qui dominent diverses zones de la vaste région du Sahel sub-saharien. « Ce trafic sert à déstabiliser la région. Le Maroc utilise ce trafic pour déstabiliser le Sahara et les autres pays de la région et ensuite apparaître comme le sauveur », affirme Jalil Mohamed, qui déplore que dans des sommets comme le Sahel 5, ait assisté à ce semaine en Mauritanie par les présidents des gouvernements espagnol et français, n’aborde pas l’origine du financement des terroristes.
L’ONU se soucie de ses casques bleus dans la zone
Le secrétaire général de l’ONU a déjà mis en garde dans son dernier rapport sur la situation au Sahara occidental, présenté au Conseil de sécurité des Nations unies en octobre dernier, sur le danger que représentent ces gangs qui traversent le territoire sahraoui. Plus précisément, après avoir souligné que « les dénonciations de contrebande et d’autres activités illégales se sont multipliées des deux côtés de la berme » -le mur de défense du Maroc- signalées à la fois par le Front Polisario et l’armée marocaine, il souligne : « Malgré notre pleine confiance dans le engagement des parties à protéger la Minurso, ces groupes armés représentent une menace croissante et imprévisible pour le personnel de la Minurso », la mission internationale chargée depuis près de 30 ans d’assurer la tenue d’un référendum d’autodétermination qui n’a pas encore été convoqué.
Dans un autre point de son rapport, le Secrétaire général de l’ONU précise que « la menace liée aux groupes terroristes et aux activités criminelles dans la région continue d’être un sujet de grande préoccupation en raison de son imprévisibilité et du niveau de risque inconnu, en particulier pour les bases d’opérations situées dans les zones reculées à l’est de la berme (la part prise par le Polisario dans la guerre), des patrouilles terrestres non armées parcourant de longues distances sur tout le Territoire et des convois de ravitaillement ».
« Ils transforment la région en Far West et ce que nous voulons, c’est un Maghreb stable et prospère « , déclare le porte-parole du Polisario en Espagne.
Le gouvernement sahraoui a fait part à plusieurs reprises au Conseil de sécurité des Nations unies de son inquiétude face à l’activité de ces gangs de la drogue sur son territoire, la dernière mercredi dernier, après la saisie de plus de quatre tonnes de haschich lors des deux opérations précitées. Selon les écrits de son représentant auprès de l’ONU, le Polisario tient le Royaume du Maroc pour responsable de ces opérations, qu’il attribue à son statut de premier producteur mondial de résine de cannabis, comme l’indiquent les rapports de l’Office des Nations Unies contre la drogue. et Criminalité.
En octobre 2011, deux humanitaires espagnols et un italien ont été enlevés dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, en Algérie, par un groupe terroriste djihadiste du Sahel. Après neuf mois de captivité, les otages ont été libérés dans le nord du Mali. Depuis, le Polisario a renforcé les mesures de sécurité dans les camps pour protéger, avant tout, les étrangers des organisations humanitaires qui travaillent avec la population locale.
#Maroc #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Sahel #Terrorisme #Haschich #Cannabis
Sahel, Mali, Tchad, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, trafic, contrebande, terrorisme,
Malgré sa pauvreté manifeste, le Sahel s’érige aujourd’hui en hub énergétique mondial, de plus en plus convoité par les grandes puissances. Zone charnière entre l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, avec ses 80 millions d’habitants, ce vaste territoire de plus de 9 millions de km², difficilement contrôlable, est devenu un sanctuaire dédié à l’insécurité. Écologiquement et économiquement délabré et laissé pour compte, l’immensité du Sahel constitue un véritable Eldorado pour abriter les nouveaux terrorismes franchisés d’Al-Qaïda et des activités illicites et criminelles de tous bords.
Au sein des pays du Sahel, la position géopolitique et géostratégique de la Mauritanie est d’autant plus cruciale que périlleuse. Longtemps considérée comme trait d’union entre l’Afrique occidentale et le Maghreb, la Mauritanie reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie. Étant le plus grand portail du Sahel sur l’Atlantique avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes sahariens à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays le plus fragile et le moins contrôlable de la région.
Pourtant, la Mauritanie officielle, au lendemain d’une longue et tumultueuse période d’exception, ne se résigne pas à faire la politique de ses moyens, quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique. Inévitablement, elle devient de plus en plus confrontée, eu égard à sa fragilité structurelle et conjoncturelle, aux menaces d’insécurités tous azimuts.
Dans ce contexte particulièrement incertain, l’ampleur des menaces au Sahel, la nécessité de faire une lecture habile de la donne internationale brouillée et le bon sens de voisinage stratégique, appellent les différents acteurs de la région à collaborer autrement. Afin de briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité au Sahel, des actions atypiques, concertées, minutieusement préparées et exécutées sont indispensables. L’instauration de nouveaux termes d’échange en matière de communication, de diplomatie, de coopération, de circulation des informations et des renseignements devient incontournable. Seule une perception partagée des intérêts et des menaces en commun, permettraient de dépasser des stratégies, jusqu’ici, circonscrites, qui se neutralisent ou se disputent, afin de pouvoir coordonner les efforts et ménager les moyens de lutte contre l’insécurité.
Avec l’émergence de la sécurité humaine au sens élargi du terme, une certaine vision étroite de la notion de sécurité a substantiellement changé. L’exigence de sécurité ne renvoi plus exclusivement à la protection de l’État, de ses symboles, de ses personnages et de sa souveraineté territoriale. Toutefois, l’obligation d’y intégrer convenablement la sécurité humaine passe nécessairement par une profonde reforme du secteur de sécurité. Il s’agit là d’un impératif pour assurer notamment, la protection des personnes et des populations qui ont besoin d’être mises à l’abri de la peur, de la maladie et des autres menaces physiques, morales ou politiques. Autant cette promesse constituerait une planche de secours pour un Sahel inachevé, elle demeure un défi majeur à relever par tous les acteurs de la région.
Les puzzles de la Seibâ
La terminologie du Sahel est profusément contrastée. Mot arabe qui signifie littéralement rivage, le Sahel désigne aujourd’hui exactement le contraire de son sens d’origine. A priori, le Sahel serait là où la régularité des conditions de l’écologie et du climat rend à nouveau la vie possible après le franchissement particulièrement pénible de l’immense désert saharien. De nos jours, le Sahel est antinomique de sa propre signification.
Déjà à l’époque médiévale, les géographes arabes distinguaient, en se référant aux grands empires sahéliens, entre deux notions, celle de « Bilad es Seibâ » ou pays de la dissidence et celle de « Bilad es Silm » ou pays de la paix. Entre ces deux repères géographiques, il y a eu toujours des espaces d’indécision socio-politiques et militaires. Historiquement, la plus grande partie du territoire du Sahel se composait de zones grises qui s’étendent sur plusieurs milliers de kilomètres. Il s’agit d’un espace mouvant où des puzzles de terroirs, pratiquement incernables et indécis, oscillaient selon les dispositions des rapports de forces conjoncturels, entre les différents centres de décision politico-militaires, plus ou moins stables et sédentarisés situés sur les confins de cette région.
Les modes opératoires de gestion de l’espace sahélien n’avaient pas connu de changements véritables depuis des siècles. Les anciennes revendications territoriales, commerciales ou culturelles, notamment pour l’accès à l’eau, à la terre et aux ressources naturelles, s’imbriquent de nos jours, avec les nouvelles difficultés générées par la mondialisation des flux d’échanges planétaires. Les modes traditionnels d’exercice du pouvoir sur ces espaces charnières, sous-administrés et sous-défendus de tous les temps, se faisaient à travers des droits de passage, de protection et d’usufruits réclamés par les riverains. Affaiblis, voire neutralisés par la nouvelle notion de frontières, introduite par la colonisation, ces modalités s’avèrent aujourd’hui profitables à la pénétration et à la prolifération des groupes criminels avec autant de risques d’insécurité et de conflits dans cette région. En effet , ce fameux territoire du Sahel, vulnérable du fait même de sa géopolitique saharienne propice à la dilution des frontières et à la mobilité des personnes, des montures et des équipements, a été historiquement le théâtre éludé de nombreux flux ambulants : humains, marchands, financiers, culturels, religieux et militaire. Nonobstant, le champ sahélien n’obéit pas à un système de forces homogènes. Il reste incapable de s’autoréguler, de parvenir à une certaine stabilité autour d’un ultime point d’équilibre. Les altercations au Sahel évoquent les dissonances d’un orchestre sans chef. Dans cette vaste région débridée, allant de l’Atlantique à la Somalie et de la Méditerranée au Golfe de Guinée, l’évaluation des enjeux de sécurité à travers le prisme des flux dévoile les parcours transsahariens qui, loin d’être des terroirs hermétiques et compartimentés, se chevauchent et se recoupent pour créer une multitude d’équations géopolitiques intangibles. Il s’agit d’une zone dans laquelle les espaces lacunaires et les angles morts favorisent l’amplitude et l’imbrication des flux criminels de tous bords. Il serait vain alors, d’analyser séparément ces menaces tant elles sont étroitement juxtaposées et solidaires. L’insécurité, la criminalité organisée et le terrorisme ne peuvent être appréhendés sans les envisager comme un tout intégral. Du point de vue stratégique, d’importants changements géopolitiques sont survenus dans la région durant les dernières décennies. Des éléments nouveaux doivent être pris en compte pour mieux apprécier la situation des enjeux de stabilité au Sahel. Cette évolution concerne aussi bien les acteurs de la sécurité, la nature des menaces que la transformation de la notion même de sécurité.
État post-colonial et facteurs d’instabilité
La fragilité endogène du Sahel découle d’une profonde vulnérabilité des États post-coloniaux qui en composent le tissu. Espace tampon, mais surtout espace de contacts et d’échanges, le Sahel ne cesse de développer une conflictualité endémique de plus en plus difficilement contrôlable. Dans cette région, les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et variés : la fragilité structurelle et conjoncturelle de ses États, l’extrême pauvreté de ses populations, la sécheresse et la dégradation de son milieu naturel, les luttes internes de pouvoir qui y gangrènent, la militarisation croissante de ses rapports sociopolitiques, la forte pression de sa démographique, les conflits régionaux, l’insécurité généralisée et les velléités étrangères, qui la transforment en espace de confrontation géopolitique permanente.
Un demi-siècle après leur indépendance, les États post-coloniaux demeurent incapables de parachever leurs autorités sur leurs propres territoires. Cette incapacité des États sahéliens à exercer leur principale fonction régalienne, constitue une problématique fondamentale qui alimente les risques de déstabilisation et de conflits armés dans cette région. Le délitement de tout État fragile le livre potentiellement à ses forces anarchiques intrinsèques et/ou à la domination extérieure. Étant un espace particulièrement sous-administré et mal géré, le Sahel souffre d’une mauvaise gouvernance chronique qui hypothèque dangereusement son avenir.
Les douze pays qui constituent officiellement la région du Sahel sont pratiquement classés, à un titre ou un autre, comme pays fragiles selon les critères de l’OCDE. Ce classement signifie que les systèmes de sécurité des pays concernés, sont incapables de jouer avec efficience le rôle majeur qui leur est dévolu. Ce rôle qui consiste à assurer la protection de la souveraineté, du territoire, des personnes et des populations des pays en question. Pire encore, dans certains contextes, les crises d’instabilité qui affectent périodiquement et/ou fréquemment ces pays, faisaient apparaître leurs systèmes de sécurité comme étant cause ou partie prenante dans les facteurs d’insécurité et d’instabilité qui menacent la démocratie, l’État de droit et la sécurité humaine dans lesdits pays. Seuls deux pays du Sahel sur douze avaient échappé à un coup d’État militaire en 45 ans ; seuls quatre pays membres de la CEDEAO sur 15 n’ont pas été affectés depuis 30 ans par un conflit violent aux frontières ou à l’intérieur.
La région du Sahel est souvent soumise à de nombreux soubresauts politiques, à des guerres civiles, des conflits frontaliers (Sénégal, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Somalie) et des coups d’État : (Mauritanie- Août 2005 et Août 2008), (Guinée Bissau- Mars 2009 et Avril 2010) et (Niger- Février 2010). D’autre part, il y a aussi l’hyperstabilité de pouvoir (M. Campaoré au pouvoir depuis Octobre 1987 et M. Déby depuis Février 1991). Paradoxalement, la redistribution du pouvoir est souvent aussi déstabilisatrice et génératrice de frustrations et donc de conflits.
Au Sahel, l’insécurité revêt plusieurs facettes et s’affiche sous différents visages dans une région devenue un véritable Eldorado pour tous les trafics illicites de contrebande. Les flux de la criminalité organisée y ont trouvés largement leur place, soit en s’adossant aux circuits traditionnels des flux d’échange, soit en occupant les espaces laissés vacants par la relâche des États affaiblis. Allant du trafic des migrants clandestins, estimé entre 65.000 à 120.000 par an, à celui des armes légères avec environ 8 millions de pièces qui circulent en Afrique de l’Ouest, dont plus de 100.000 kalachnikovs au Sahel, en passant par celui des drogues, pour finir avec le terrorisme régional et international.
La criminalité organisée, y compris le terrorisme transsaharien, a été érigée en créneau porteur à travers une dynamique capitalistique en plein essor dans un environnement d’extrême pauvreté. Sachant qu’il existe principalement deux couloirs de trafic des drogues prohibées en Afrique, à savoir l’héroïne dans l’Est et la cocaïne dans l’Ouest, il est curieux que 0,2% seulement des quantités des drogues transitant par ce continent soient saisies chaque année. La jonction de ces deux circuits, qui se rejoignent dans le Sahara, permettent au gros lot d’emprunter, grâce aux complicités locales, de nouveaux itinéraires vers l’Europe à travers le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie. L’évolution du trafic de la drogue est impressionnante. Ainsi, entre 2004 et 2007, des saisies de 33 tonnes de cocaïne ont été effectuées en Guinée-Bissau, où résideraient quelques dizaines de narcotrafiquants colombiens. En 2006, des saisies importantes ont été enregistrées : 2 tonnes au Ghana, sur une seule opération, alors qu’en en 2007, 630 et 830 kg de cocaïne ont été saisis en Mauritanie, 5,5 tonnes saisies au Sénégal et, en 2008, 750 kg ont été saisis au Mali. L’évolution des flux des trafics illicites, particulièrement profitables en termes de chiffre d’affaires, est autant plus importante qu’elle reste intimement liée au phénomène de prolifération de la corruption à grande échelle dans les différents pays de la région. Symptôme de dysfonctionnement politique et économique des États sahéliens, cette pratique familière et répandue mine la bonne marche de l’ensemble des institutions des États sahéliens. La connivence entre les réseaux sociaux et familiaux avec les agents d’État affectés au contrôle des frontières, en particuliers policiers, douaniers, gendarmes, gardes-côtes et militaires, est souvent la pierre angulaire qui perpétue ces pratiques et fait prospérer les flux de la criminalité organisée sous toutes ses formes.
L’opacité et l’impunité font de la région du Sahel une zone où la pratique de la corruption pénalise sévèrement la croissance et empêche la redistribution des richesses. Transparency International a publié, en octobre dernier, son rapport 2010 sur la perception de la corruption dans 178 pays dans le monde. Les scores des pays sahéliens dans ce classement sont sans appel. Parmi les plus mauvais élèves de la planète on peut compter : la Mauritanie au 143ème rang, le Tchad 171ème, le Soudan 172ème, le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin et le Mali occupent respectivement les 98ème, 105ème, 110ème et 116ème rangs.
Au-delà de la cruauté des faits, des interprétations iconoclastes des actes dénaturés font ressortir que la corruption n’est pas forcément perçue par l’opinion publique dans cette région comme étant un délit, mais plutôt comme une façon de redistribuer autrement des revenus à large échelle. Les trafics illicites ne sont pas alors considérés comme des infractions majeures mais plutôt, elles deviennent une ressource de rente profitable là où il y a connexion avec des acteurs gouvernementaux.
Ainsi, la subtilité de la corrélation entre sécurité humaine, bonne gouvernance et développement durable n’est plus à démontrer. L’absence de sécurité hypothèque les efforts de développement et, réciproquement la fragilité socio-économique favorise les conflits et l’insécurité. Les crises liées à l’insécurité ont ralenti ou fait échouer les efforts de développement durable dans diverses régions du monde, notamment en Afrique subsaharienne. Au Sahel, où la plupart des pays se trouvent actuellement dans une dynamique de sortie de crise ou dans une situation de stabilisation et de reconstruction post-conflit, la sécurité constitue véritablement un défi majeur et un enjeu pour le développement durable de cette région.
Enjeux énergétiques et conflits d’intérêt
Dans un contexte géopolitique mondial marqué par la hausse continue des cours des hydrocarbures et une forte demande en la matière, les enjeux énergétiques sont plus que jamais au centre des conflits internationaux. Paradoxalement, le Sahel synonyme d’extrême pauvreté et de misère, devient de plus en plus un espace de confrontation géopolitique et géostratégique entre les différentes puissances régionales et internationales pour le contrôle des richesses naturelles, qu’il recèle : pétrole, gaz, or, phosphates, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux, eaux douces, poissons, crustacés, diversité biologique, cheptels de bétails, bois précieux, etc. Les revirements des enjeux énergétiques et les conflits d’intérêt dans la région du Sahel, particulièrement riche d’importantes réserves d’énergies fossiles et de gisements de minerais stratégiques attisent les appétits des puissances étrangères à trouver un prétexte pour s’y déployer. La France y est déjà bien avancée avec des troupes positionnées dans la région du Sahel ou à proximité. Elle dispose de quatre bases militaires permanentes : au Sénégal (1200 hommes), au Tchad (1250), en Côte d’Ivoire (2000), au Gabon (900) et à Djibouti (2900), en plus de sa présence limitée et non permanente dans d’autres pays de la sous région comme au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Centre Afrique.
Concernant les États-Unis, bien que leur présence militaire officielle au Sahel n’existe pas encore, les câbles diplomatiques récemment dévoilés par WikiLeaks révèlent une autorisation « réticente » de survol accordée par les autorités algériennes à l’US Air Force pour des missions au Sahel contre l’Aqmi. Déjà, les États-Unis avaient lancé dès 2002 l’initiative Pan Sahel et organisent régulièrement les exercices militaires de type Flintlock avec les armées des pays du Sahel. En Décembre 2008, la Force tactique en Europe du Sud (SETAF) a été transformée en U.S Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), qui est une composante du Commandement Africa (AfriCom) devenu opérationnel depuis octobre 2009. D’après des officiels US, cette transformation constitue une « nouvelle façon de regarder vers l’Afrique ». Bien que la base de l’U.S Army Africa soit actuellement à Vicence en Italie, ce corps opérera sur le continent africain avec de petits groupes pour conduire des opérations de « réponse aux crises » en se servant de la 173ème Brigade aéroportée. Fruit de la reconnaissance américaine de l’importance stratégique croissante de l’Afrique, l’U.S. Army Africa continuera à s’agrandir dans le cadre de commandement des forces navales AfriCom.
Le commandement du fameux AfriCom ne trouvant pas encore de place pour s’installer en Afrique du Nord, l’US Army Corps of Engineers, vient de lancer en début de ce mois, un intriguant appel d’offres pour la construction d’un terrain d’aviation militaire dans un pays d’Afrique du Nord. Sans préciser le nom du pays dont il s’agit, l’objectif serait d’installer une base militaire aérienne américaine dans la région qui servira aux missions d’espionnage que le Pentagone envisage de lancer, officiellement, pour traquer les membres d’Al Qaïda au Sahel.
La Chine a également fait ses entrées économiques colossales dans la région du Sahel depuis quelques années déjà. La concurrence chinoise avec les autres pays est en expansion. La Chine est actuellement le second partenaire commercial de l’Afrique, après les États-Unis. Les investissements chinois sont en forte croissance même dans les pays traditionnellement liés aux USA. En Éthiopie, la China Exim Bank a investi récemment 170 millions de dollars pour la construction d’un complexe résidentiel de luxe à Addis Ababa, et une autre société chinoise, Setco, a annoncé la construction de la plus grande usine de pvc dans ce pays. Au Liberia, la China Union Investment Company a investi 2,6 milliards de dollars dans les mines de fer. Des sociétés chinoises ont effectué aussi de gros investissements qui dépassent 2 milliards de dollars par pays, dans les secteurs pétroliers au Nigeria et en Angola, jusque là dominés par les compagnies occidentales. Mais la concurrence chinoise aux États-Unis ne se limite pas au plan économique, Pékin soutient aussi certains gouvernements, comme ceux du Zimbabwe et du Soudan. En plus, elle fournit aussi des armes un peu partout en Afrique.
Israël est présente au Sahel elle aussi, l’Iran s’intéresse aux minerais stratégiques du Sahel, l’uranium notamment et, cherche à y réaliser des percées substantielles. La Russie, l’Inde et le Brésil seraient aussi déterminés à être de la partie. L’intensification de la présence économique et militaire des acteurs extérieurs et les conflits d’intérêt qui en découlent, contribuent à déstabiliser davantage les États fragiles et affaiblis dans la région de Sahel.
La richesse controversée du Sahel attise les convoitises des puissances étrangères désirant s’en assurer le contrôle. Une véritable géopolitique des tubes, sur fond de rivalités internationales croissantes, commence à se dessiner au Sahel. Les grands États de la planète s’activent depuis quelques années déjà pour organiser progressivement le désenclavement des richesses du Sahel afin de les acheminer ensuite vers les zones de consommation, en Asie via le Soudan, en Amérique via le Golfe de Guinée et vers l’Europe continentale à travers l’Atlantique, le Sahara et le Maghreb.
A partir de 2011, l’Afrique sub-saharienne serait susceptible de devenir pour les États-Unis une source d’énergie aussi importante que le Moyen-Orient, disposant de quelques 60 milliards de barils de réserves pétrolières avérées. Les experts s’attendent à ce que 1 sur 5 barils de pétrole entrant dans le circuit de l’économie mondiale proviendrait du golfe de Guinée, et que la part des importations américaines du pétrole africain passera de 20% en 2010 à 25% en 2015. Les investissements des compagnies pétrolières européennes et américaines sont en constante progression depuis 2000. ELF y puise près de 60% de sa production de pétrole. Total et Gazprom s’apprêtent à financer le projet de gazoduc transsaharien de 4000 km pour relier le Nigeria à l’Algérie d’ici à 2015.
L’attractivité du golfe de Guinée est de plus en plus grandissante depuis la mise en service, en 2003, de l’oléoduc Tchad-Cameroun qui relie les champs pétrolifères de Komé, dans le sud-ouest du Tchad au terminal maritime camerounais de Kribi, sur un parcours de 1.070 km. Ce pipeline qui draine 250.000 barils de pétrole par jour vers l’Atlantique, donnera accès à terme, aux champs pétroliers du Soudan, bien que l’exploitation du pétrole dans ce pays est fortement dominée par la Chine, dont le Soudan ne couvre pourtant que 4,5% de ses besoins en or noir. La China National Petroleum Company (CNPC) est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec quelque 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Depuis 1999, la Chine a investi au moins 15 milliards de dollars au Soudan. Elle possède 50% d’une raffinerie de pétrole, près de Khartoum, en partage avec le gouvernement soudanais. Le schéma des alliances sous régionales se recoupe curieusement avec celui des antagonismes politico-économiques entre la Chine, la France et les États-Unis pour le contrôle des ressources pétrolières dans beaucoup de pays de la région, comme au Soudan, au Tchad, au Niger et au Cameroun notamment. C’est au gré des intérêts croissants des puissances internationales que la tectonique des frontières conflictuelles sera de plus en plus récurrente dans la région du Sahel. La sécession du Sud Soudan apparaît aujourd’hui plus que jamais probable. Très probablement, cette région extrêmement riche en ressources naturelles, pétrole et gaz notamment, accédera à l’indépendance à l’issue du référendum du 9 janvier prochain. Ce résultat ne peut être fortuit, eu égard à l’appui occidental sans précédent qui a été méthodiquement apporté à tous les mouvements séparatistes dans ce pays, durant les quarante de dernières années.
La demande mondiale en pétrole et en gaz naturel étant appelée à doubler dans les vingt prochaines années, le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de fournisseur d’énergie. Sans compter le potentiel d’Algérie en pétrole et en gaz, le Mali est troisième producteur d’or du continent, le Niger avec ses gisements d’uranium, qui le placent au second rang mondial, la récente entrée de la Côte-d’Ivoire, du Ghana, du Tchad et de la Mauritanie dans le groupe des pays producteurs de pétrole, confirme la tendance. La production du champ off-shore ghanéen est estimée à 120.000 barils/jour, celle de Côte-d’Ivoire à 80.000 barils/jour. C’est dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement que se définissent des enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de la zone sahélienne.
Paradoxalement, l’abondance des ressources naturelles et l’importance de la position géostratégique de la région du Sahel vont de paire avec la fragilité de la plupart de ses États eu égard à leur instabilité et insécurité caractéristique. Avec une démographie galopante, qui devrait atteindre 100 millions d’habitants en 2020 et 150 millions en 2040, avec un taux d’illettrisme qui dépasse 54%, une pauvreté endémique qui touche au-delà de 50% des populations, une corruption généralisée, une conflictualité constante, le Sahel ne décolle pas. La conjugaison de l’ensemble de ces problèmes génère souvent des crises politiques et militaires ou des catastrophes alimentaires, des pénuries, des famines et des disettes récurrentes qui engendrent des déplacements massifs de populations en désordre sous formes de réfugiés et/ou de migrants clandestins. Le jeune cinéaste et musicien canadien d’origine sénégalaise Musa Dieng Kala, n’est pas le seul à se demander : « Dieu a-t-il quitté l’Afrique ? ».
En conséquence, une grande partie les populations pauvres du Sahel, dépourvues de leurs droits à la sécurité humaine au sens élargi du terme, incluant la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, l’accès à l’eau potable, etc., se retrouvent souvent contraints de prêter allégeance à des groupes criminels, rebelles et/ou terroristes soit pour bénéficier des retombées des trafics illicites ou pour obtenir une ultime protection. A cela s’ajoutent les effets pervers de la mise en place d’économies parallèles bâties sur la corruption et le racket, et enfin, la sanctuarisation de groupes terroristes délocalisés d’Al Qaida, Aqmi et Cie. Désormais, la connexion opérationnelle de ces réseaux et groupes terroristes est devenue réalité à travers leur alliance au Sahel : le fameux GSPC algérien devenu AQMI à partir de 2006, le Groupe islamique combattant marocain ou GICM, le GICL libyen et GICT tunisien, ainsi que d’autres petits groupuscules terroristes issu de divers pays sahéliens comme celui de Ansarou Allah Al Mourabitoune de Mauritanie, ceux du Mali, du Niger et du Nigeria. Ces groupes terroristes et ces réseaux mafieux sont en quête inlassable pour s’assurer une arrière base territoriale afin de perpétuer leurs activités transnationales.
Terrorismes franchisés et géopolitique des menaces
Au Sahel toutes les menaces d’insécurité s’entremêlent. L’islamisme combattant va de pair avec le terrorisme international, la piraterie et toutes sortes de trafics illicites. Les anciens réseaux et ceux récemment recréés s’imbriquent pour pérenniser et sécuriser le système de la criminalité internationale organisée en s’affranchissant des distances et des frontières. En pleine mutation, ces différents réseaux transfrontaliers bénéficient grandement des recettes des trafics pour acquérir de nouveau les moyens nécessaires pour pouvoir développer et continuer leurs activités criminelles.
C’est pourquoi, il ne peut y avoir de lutte anti-terroriste efficace sans lutte globale contre toutes les autres formes de criminalité, leur interdépendance étant désormais attestée. Il est connu que ces activités se nourrissent les unes des autres au sein d’une alliance objective entre crime organisé et terrorisme sahélien. Guidées principalement par leurs soucis de survivre et leurs intérêts convergents : les organisations criminelles profitent des actions violentes des organisations terroristes et des guérillas ou des rébellions, tandis que ces dernières bénéficient des financements que les activités criminelles sont en mesure de leur fournir. Actuellement, la collaboration entre AQMI et les réseaux mafieux du Sahel se développe plutôt vers une forme de spécialisation de l’entreprise criminelle. Cette tendance a été révélée récemment lors du procès controversé d’Oumar Sahraoui en Mauritanie. Ce malien de souche Maure, ancien du Polisario, reconverti dans le trafic de drogue dans la région du Sahel, était le responsable de l’opération de la prise des otages espagnols en Mauritanie en 2009. Il avait affirmé qu’il agissait pour le compte d’AQMI. Par ailleurs, il existe d’autres hypothèses sur une éventuelle dérive narcotrafiquante signalée depuis quelques temps chez le Front Polisario et aussi chez certains leaders du Front Populaire de Libération de l’Azawad. Cette hypothèse rebondit actuellement dans l’actualité sahélienne, à l’occasion d’une série d’arrestations d’importants groupes de narcotrafiquants, opérées ces dernières semaines par les armées mauritanienne et malienne. Selon l’AFP, les six trafiquants de drogue internationaux sont issus des rangs du Polisario. Le chef du groupe, un certain Sultan Ould Bady, serait à la tête de l’un des trois plus gros réseaux qui organisent le trafic de drogues en direction de l’Europe en passant par la région du Sahel. Ould Bady, qui défraye la chronique présentement, serait également impliqué dans l’enlèvement et la revente de plusieurs ressortissants européens en faveur d’AQMI ces dernières années.
Infiltrés aussi bien par les services de renseignement des pays riverains comme par les intelligences internationales, la dynamique des réseaux terroristes s’imbrique avec les calculs géopolitiques des rivalités régionales extrêmement sensibles et complexes. Cette attitude alimente l’instrumentalisation de la sécurité comme enjeu majeur dans les rapports de force tout comme dans la gestion des conflits d’intérêts politiques, économiques, et stratégiques à l’échelle régionale. Les cas de figures sont nombreux et diversifiés, allant des subtiles controverses des relations bilatérales entre l’Algérie et la France, fortement marquées par le poids du passé colonial, aux instigations des conflits régionaux ajournés, dont la persistance constitue une source d’inquiétude supplémentaire pour la sécurité de toute la région, notamment, dans les cas du Sahara occidental et celui du mouvement indépendantiste touareg dans le Nord du Mali.
L’implication de la communauté internationale (ONU, G8, UE) dans le renforcement des capacités du système régional de sécurité au Sahel se heurte à plusieurs difficultés. Au delà des problèmes d’encrage juridique, institutionnel et politique, de manque de moyens financiers et logistiques, d’absence de réforme du secteur de sécurité, la coordination des efforts de lutte contre les menaces d’insécurité au Sahel prêtent souvent à une tentation d’internationalisation de la menace Al-Qaïda dans cette région par transposition du modèle afghan. Cette perspective est souvent assimilée à une sordide connivence avec des agendas néo-colonialistes dont les objectifs inavoués visent le contrôle par des puissances occidentales, les Américains et les Européens notamment, de la route de l’ouest des flux énergétiques notamment dans les nouveaux sites et réserves récemment découvert dans cette région, au détriment des autres puissances régionales ou internationales comme les Russes, les Chinois et les Brésiliens, etc. Avec l’émergence de la notion de sécurité humaine, qui a été initiée par la diplomatie canadienne à la fin du siècle dernier et adoptée par les Nations Unies à partir de 2004, la région du Sahel n’a cessé de consigner davantage de contre-performances sur son registre déjà épuisé.
Dans cette perspective, la problématique d’intégration de la sécurité humaine comme dimension incontournable dans toute approche pour contrer les flux d’insécurité au Sahel, devra contribuer utilement à renouveler les conceptions, les approches et les stratégies relatives globalement à la régulation de la sécurité dans la région. Deux catégories de changements s’avèrent alors indispensables à introduire dans ce schéma de réflexion. La première vise à améliorer les relations souvent brouillées et difficiles entre le gouvernement, la société civile et les institutions de sécurité. La seconde a pour objectif la refonte complète des institutions de sécurité en termes d’organisation, de recyclage, d’introduction et de réhabilitation de culture institutionnelle et de relations avec l’autorité civile sur conçues sur la base des valeurs démocratiques et humanistes fondées sur le profond respect des droits de l’Homme, de l’équité et de la justice. Toutefois, les mesures politico-militaires qui ont été décidées par différents pays du Sahel au cours des six derniers mois n’augurent pas de vision positive pour la régulation des problèmes insolubles d’insécurité dans un avenir proche. Grosso modo, le constat objectif fait que ces mesures sous-estiment gravement le poids réel des facteurs d’insécurité et compliqueraient en définitive toute stratégie de lutte commune contre la menace terroriste comme problème majeur d’insécurité dans cette région. Il s’agissait plutôt de démarches désarticulées et sectaires, souvent déterminées par les instincts de subtile méfiance et de sourde défiance qui divisent encore les gouvernements des pays de l’espace sahélien, alors que les sérieuses menaces d’insécurité dictent plutôt un schéma de réflexion collégial, non exclusif et confiant, afin de pouvoir dégager des actions profondément concertées pour être efficaces. Les mesures incohérentes concernent notamment : (a) L’instauration d’un comité d’état-major conjoint contre le terrorisme initié par quatre pays sahéliens qui sont l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et Niger, lors de la réunion de Tamanrasset le 21 avril 2010 en excluant trois autres États nord-africains, (b) L’opération militaire isolée franco-mauritanienne menée le 22 juillet 2010 contre un camp AQMI au Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau et, (c) La réunion de Bamako tenue les 6 et 7 Août 2010 regroupant six États subsahariens à l’exclusion des États du Maghreb.
Sécurité humaine et perspectives d’avenir
En termes de réflexion prospective, la concertation et la coopération entre les différents acteurs sahéliens seraient indispensables pour lutter efficacement contre l’insécurité et pour inviter un développement durable dans la région du Sahel. Sachant qu’il n’y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement et, compte tenu de ses potentialités économiques, le développement durable et la stabilité au Sahel pourraient éventuellement trouver un nouvel élan à moyens termes. Tous les espoirs sont permis, toutefois, la condition sine qua non d’une telle évolution reste la volonté et le courage des décideurs politiques pour dépasser avant tout les pesanteurs locales et les schémas réducteurs de la petite histoire au profit des avantages de la grande géographie de leurs pays, pour mieux appréhender la thématique de la sécurité humaine suivant des paramètres d’intérêts économiques équitablement partagés.
Pour certains optimistes, la perspective d’intégration régionale, notamment le développement d’un marché commun à l’échelle régionale pourrait alors contribuer à atteindre un « Sahel nostrum » (à l’image de la « Mare nostrum » des Romains). La lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel ne saurait se concevoir sans dépasser relativement une certaine vision figée des notions formelles sur l’intangibilité des frontières, le fétichisme de la souveraineté nationale et la non-ingérence, car au-delà des légitimes préoccupations nationales de chaque pays, seules des grandes actions collégialement concertées pourraient éventuellement briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité dans cette ultra fragile région du Sahel. La persistance des conflits de la sous-région au cours des vingt dernières années a empêché les pays de se concentrer sur le développement et détourné les Organisations panafricaines comme l’Union africaine et la CDEAO de leur rôle initial de promotion de l’intégration économique régionale. Ces organisations se trouvent aujourd’hui plongées au cœur des problématiques de sécurité, de la gestion des conflits et du maintien de la paix. Pour mener à bien cette mission délicate, elles avaient développées un certains nombre de Mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dont le schéma a été mis en place depuis la conférence d’Abuja en 1999.
Théoriquement, ces mécanismes permettent à l’UA et à la CEDEAO d’intervenir en cas de risques importants comme les désastres humanitaires, les menaces à la paix et à la sécurité de la sous-région, la lutte contre la circulation illicite des armes et la recrudescence de la criminalité transfrontalière. Toutefois, leur application, qui s’appuie sur un certain nombre de structures officielles comme la Conférence des chefs d’État, le Secrétariat exécutif et le Conseil de sécurité et de Médiation, se heurte souvent à des difficultés. Pour que l’apport, vivement souhaité au Sahel, de ces organisations soit efficace et durable, il aura toujours besoin d’être appuyé par une volonté politique, des moyens nécessaires et une redynamisation permanente.
Mauritanie : espoirs et risques d’enlisement
Dans le cas de la Mauritanie, les menaces d’insécurité au Sahel et leurs incidences directes se conjuguent avec la complexité de la condition géostratégique fragile de ce pays. Le résultat est un véritable engrenage de postures inquiétantes voire dangereuses.
Au lendemain de la sortie d’une longue série de périodes d’exception en cascades, la Mauritanie, qui reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie, se trouve aujourd’hui inopportunément piégée au milieu d’un duel périlleux au Sahel entre les David et Goliath. Au terme d’un demi-siècle d’indépendance, la Mauritanie est de nouveau attrapée dans les feux croisés d’une bataille que se livrent des stratégies internationales et sous-régionales diamétralement opposées quand bien même elles sont subtilement convergentes. Les arrangements tactiques franco-américains conflueraient actuellement pour faire de la Mauritanie une pierre de lance dans leur lutte contre Al-Qaida dans la région du Sahel, alors que ce pays se trouve pleinement visé par la nouvelle stratégie de survie d’AQMI à travers sa descente dans l’espace saharo-sahélien. AQMI cherche obstinément à développer son action plus au Sud dans le cadre d’une approche qui lui permettrait de contrôler des réseaux de trafics illicites afin d’obtenir encore plus de fonds pour financer ses activités et, du coup, se mettre plus à l’abri de la poursuite qui le guète en milieu urbain. Actuellement, le recoupement des données disponibles permet de situer le tarif de base conventionnel pour la libération d’un otage à 5 millions d’euros. Certains spécialistes estiment que les enlèvements d’Occidentaux au Sahel ont rapporté aux terroristes, durant les dernières années, une recette de plus de 50 millions d’euros auxquels s’ajoute un montant de 100 millions d’euros collectés sous diverses formes.
Depuis plus d’une décennie, le no man’s land mauritanien est devenu un terrain d’accueil privilégié pour le potentiel de nocivité des différents réseaux terroristes et contrebandiers délocalisés dans la région du Sahel. Étant le plus grand portail atlantique du Sahel avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes désertiques à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays sahélien le plus fragile et le moins contrôlable. Désormais, les lisières périphériques du Nord et du Nord-est de la Mauritanie, où les frontières avec ses voisins d’Algérie et du Mali se perdent immuablement dans l’immensité impitoyable du désert, offrent indiscutablement un véritable paradis pour toutes sortes de trafics illicites : armes, cigarettes, carburant, drogues, devises, etc.
Cependant, la Mauritanie est restée curieusement le maillon le plus faible de la région du Sahel, malgré son potentiel considérable de ressources naturelles, fer, cuivre, pétrole, gaz, or, poissons, crustacés et cheptels de bétail. Les statistiques de GlobalSecurity estiment que le budget annuel de dépenses militaires de la Mauritanie ne dépassait pas le montant de 19 millions de dollars US en 2005, contre 45 millions pour le Niger, 50 millions pour le Mali, 117 millions pour le Sénégal, 2,3 milliards de dollars US pour le Maroc et 3 milliards pour l’Algérie, au titre de la même année.
Certes la Mauritanie est héritière de l’empire des Almoravides, (en arabe al-Murābitūn), cette dynastie berbère, qui avait constitué le plus grand empire du Sahel, englobant l’Ouest du Sahara, la partie occidentale du Maghreb et une bonne partie de la péninsule Ibérique au XIe et XIIe siècles, après avoir repris Aoudaghost, principal comptoir commercial sahélien de l’empire du Ghana en 1054, fonder Marrakech et conquérir l’Espagne en 1086.
Durant plusieurs siècles, les anciennes Cités historiques de Mauritanie comme Ouadane, Tinigui, Chinguetti, Azougui, Tichit, Oualata, Combi Saleh etc., avaient brillées par leur inexorable pratique de commerce transsaharien florissant et leurs importantes positions géostratégiques et militaires. Au début du 20éme siècle, la Mauritanie avait attiré la convoitise des Français déjà installés à Saint-Louis, qui y voyaient un haut lieu stratégique pour contrôler les périphéries de leurs colonies en Afrique du Nord et en Afrique occidentale et pour neutraliser les mouvements nationalistes de résistance.
Toutefois, le statut géopolitique de la Mauritanie actuelle ainsi que son potentiel économique et militaire, ne font plus de la mémoire impériale de ce pays que l’ombre d’elle-même. Confrontée aux menaces d’insécurités tous azimuts, la logique des choses et le bon sens interpellent plutôt la Mauritanie à se résigner inévitablement à faire la politique de ses moyens quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique.
Nonobstant, l’actuel gouvernement mauritanien semble avoir un autre point de vue sur cette question. Le volontarisme de plus en plus résolu de la Mauritanie pour aller en solo, à la Napoléonienne, dans la lutte contre les réseaux terroristes d’AQMI au Sahel, est autant contesté à l’intérieur comme à l’extérieur. Loin d’être un sujet d’unanimité au niveau national et, moins encore un sujet de concertation avec les pays voisins, l’implication de l’armée mauritanienne dans des opérations militaires en dehors du territoire national, notamment dans des missions conjointes doublées d’un appui de troupes d’élites françaises avec l’assistance de la technologie spatiale de surveillance américaine de l’OTAN, posent énormément de points d’interrogation sur la cohérence d’une telle démarche. Est-il concevable aujourd’hui que les armées africaines acceptent de jouer le rôle des « tirailleurs » comme à l’époque coloniale dans des dispositifs d’intervention rapide en Afrique ? Loin d’être de nature à rassurer sur l’avenir de la stabilité du pays, les récents événements ne font que dresser les axes divergents de ralliement classiques et de positionnement géopolitique dans la région et exacerber davantage les méfiances mutuelles des pays riverains.
Acteur et victime de l’ambivalence de sa propre politique étrangère, la Mauritanie a été l’un des pays sahéliens qui avaient accueilli des équipes spéciales de la US European Command (EUCOM) en 2004 dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. L’objectif de cette mission portait sur la mise en œuvre des formations et entrainements internes du programme d’assistance de sécurité « Initiative Pan-Sahel », fournis par le département d’État américain à la Défense.
Cette même Mauritanie qui se permet de bousculer les velléités de l’Algérie voisine comme gendarme du Sahel, abrite plutôt discrètement, depuis plus d’un an, un détachement du Commandement des Opérations Spéciales Françaises (COS). La décision de l’Élysée de dépêcher cette formation d’élite en Mauritanie, qui a été prise apparemment dans la plus grande discrétion, rentre dans le cadre de la mise en place d’un plan d’aide militaire aux pays du Sahel. Le détachement d’une centaine d’hommes environ basé à Atar est chargé de la formation des GSI, ou Groupements spéciaux d’intervention de l’armée Mauritanienne impliqués dans les opérations récentes contre AQMI au Mali. Le détachement aurait participé également en juillet dernier à l’opération militaire franco-mauritanienne dans le Nord du Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau. A en croire certaines sources spécialisées, ce même détachement, qui a été récemment déployé à Ouagadougou, pour une éventuelle action contre AQMI au Mali, à la suite de l’enlèvement des Français au Niger, serait actuellement à pied d’œuvre pour intervenir en Côte d’Ivoire. N’empêche, l’idée de la formation des Groupes Spéciaux d’Intervention (GSI) pour la lutte contre le terrorisme au Sahel serait éventuellement élargie au Mali et au Niger.
D’un point de vue géostratégique, l’analyse des imbrications des données actuellement disponibles et leurs incidences potentielles sur l’aggravation des menaces d’insécurité et d’instabilité en Mauritanie fait ressortir indiscutablement des risques d’enlisement réels. De part et d’autre, les manœuvres en lice au Sahel, bien que initialement antinomiques, elles convergent néanmoins vers les mêmes objectifs. Épuisés, les réseaux d’AQMI et Cie, qui ont drôlement besoin d’acquérir une nouvelle légitimité symbolique au Sahel, rêvent sans doute d’une internationalisation rapide de la guerre contre eux. Cependant, la diabolisation d’AQMI pourrait aussi en faire l’arbre qui cache la forêt pour voiler les véritables enjeux de la confrontation. La menace terroriste au Sahel ne serait-t-elle pas délibérément amplifiée pour servir d’alibis aux interventions visant à prendre le contrôle exclusif des richesses de la région ?
Au cours de la prochaine décennie, la géopolitique du Sahel serait déterminante pour l’avenir de la stabilité de l’Afrique et celle de ses voisins Européens et Asiatiques notamment. En panne d’espérances, le Sahel, qui demeure à la croisée des chemins de tous les dangers, restera encore longtemps une zone sensible où se jouera une grande partie de l’avenir du monde.
Mohamed Saleck
Agoravox, 21 décembre 2010
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