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  • Maroc: La loi sur le cannabis doit être appliquée plus vite

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    Des mesures sont nécessaires pour fidéliser les agriculteurs et empêcher les trafiquants de blanchir les bénéfices par le biais du marché légal.

    PAR RAOUF FARRAH ET TASNIM ABDERRAHIM

    Le Maroc a longtemps été classé parmi les plus grands producteurs de cannabis au monde. En juin dernier, le Parlement a adopté une loi visant à régulariser la production de la plante à des fins médicales, cosmétiques et industrielles, tandis que la production et la consommation à des fins récréatives restaient strictement interdites.

    La nouvelle législation régit tous les aspects de la régularisation du cannabis, des conditions de culture à l’importation de graines et à l’exportation de produits. Mais les retards dans sa mise en œuvre créent de la frustration et de la méfiance entre les agriculteurs et le gouvernement – ​​et des opportunités pour les trafiquants de poursuivre leur commerce. Cela affectera à la fois le pays et la région.

    Le Maroc fait partie d’un groupe restreint mais croissant de pays africains (Eswatini, Ghana, Lesotho, Malawi, Nigéria, Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe) qui cherchent à se positionner sur un marché international légal du cannabis en plein essor. Le changement de politique intervient dans le sillage des changements mondiaux concernant la production de cannabis. En décembre 2020, par exemple, la Commission des stupéfiants des Nations unies a reclassé le cannabis dans une liste internationale reconnaissant sa valeur médicale. Le Maroc a soutenu cela.

    Cette décision est également l’occasion pour le gouvernement marocain de répondre aux griefs de longue date des communautés de producteurs de cannabis, qui se sentent depuis des années déconnectées du gouvernement central. Ils se sont souvent tournés vers le commerce illégal de cannabis lorsqu’ils étaient confrontés à de sombres perspectives de subsistance dans l’économie licite.

    Les retards dans la mise en œuvre de la loi créent de la frustration et de la méfiance entre les agriculteurs et le gouvernement

    En mars, le gouvernement a identifié Al Hoceima, Chefchaouen et Tétouan comme éligibles à la culture légale du cannabis, avec la possibilité de s’étendre à d’autres provinces une fois que le processus sera mieux établi. Ces trois zones représentent la plus grande production de cannabis du Maroc et sont les sites les plus importants pour la culture illicite. Ils abritent également certaines des communautés les plus pauvres du pays, ce qui montre l’intention du gouvernement de réduire la pauvreté en déplaçant la production vers l’économie licite.

    Cependant, un peu plus d’un an après l’adoption de la loi, l’agence pivot censée réglementer le secteur n’a pas encore été établie. Les retards sont en partie dus aux élections législatives de septembre 2021, qui ont vu les grandes décisions politiques suspendues jusqu’après les élections.

    L’année dernière a également été une année politique mouvementée. Le royaume s’est engagé dans une impasse prolongée sur le statut du Sahara occidental, résolvant plusieurs crises avec ses partenaires européens les plus proches (Espagne et Allemagne) et rompant les relations diplomatiques avec l’Algérie.

    Le professeur Jallal Toufiq, directeur du Centre national marocain de prévention et de recherche sur la toxicomanie, a déclaré lors d’une table ronde en 2021 que la nécessité d’allouer des ressources financières, techniques et humaines à la nouvelle agence a probablement également contribué au retard.

    S’exprimant dans le même panel, Kenza Afsahi, sociologue travaillant sur l’économie du cannabis dans la région du Rif, a déclaré qu’il était crucial de prévoir suffisamment de temps pour jeter les bonnes bases. Il s’agissait notamment de sensibiliser toutes les parties prenantes, y compris la communauté médicale, aux changements et de veiller à ce que les agriculteurs puissent respecter les réglementations de production.

    Le potentiel d’exportation est limité, étant donné que le marché international du cannabis médical semble saturé

    Même en tenant compte de ces facteurs, le taux de mise en œuvre reste lent. Des investisseurs marocains, comme la société CBD Rif, ont publiquement critiqué le retard et sont impatients de participer au marché légal du cannabis.

    L’attente crée de l’incertitude et plusieurs questions clés restent sans réponse. Par exemple, dans quelle mesure le futur marché marocain légal du cannabis – destiné à l’exportation ou à la consommation nationale – peut-il absorber le niveau de production actuel ? L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime estime que la production d’herbes et de résine a dépassé 24 400 tonnes en 2018.

    Le potentiel d’exportation est susceptible d’être limité, étant donné que le marché international du cannabis médical semble être saturé, selon l’expert marocain en drogue Dr Khalid Tinasti. Jusqu’à présent, il existe peu d’informations sur la quantité de cannabis qui sera utilisée à des fins thérapeutiques et pharmaceutiques sur le marché intérieur.

    La transition changera le paysage du cannabis au Maroc, avec des ramifications pour la criminalité en Afrique du Nord

    Et tandis que le Maroc maintiendra une interdiction stricte de la production à des fins récréatives, la demande devrait rester élevée au niveau national et sur les marchés régionaux et européens du royaume. Cela signifie que les opportunités pour les trafiquants persisteront.

    Cela pourrait conduire à une coexistence de cultures légales et illégales, rendant difficile l’application de la loi et permettant aux trafiquants de profiter du chevauchement pour blanchir les produits. Tinasti affirme que « ces groupes sont profondément enracinés dans les communautés locales, ce qui leur garantit un accès régulier et rapide à l’information ».

    Une action décisive pour établir l’agence et donner la priorité à l’engagement avec les parties prenantes et les communautés locales devient maintenant urgente. La lenteur de la mise en œuvre à Rabat alimente l’incertitude et la méfiance des communautés paysannes qui sont vitales dans cette transition. Plus précisément, les petits agriculteurs craignent d’être laissés pour compte, craignant la concurrence d’investisseurs puissants.

    L’absence de progrès suscite également des inquiétudes à l’extérieur du pays, étant donné que le processus de régularisation du Maroc est susceptible d’avoir des implications régionales. La transition changera le paysage de ce bien précieux au Maroc, avec des ramifications pour les activités criminelles en Afrique du Nord, en Méditerranée et en Europe, les réseaux étant obligés de s’adapter. C’est un espace à surveiller.

    Raouf Farrah, analyste principal et Tasnim Abderrahim, analyste, Initiative mondiale contre le crime organisé transnational

    ISS, 06 SEPT. 2022

    #Maroc #Cannabis #Drogue #Trafic

  • Sahel : une géopolitique de l’invisible !

    Sahel : une géopolitique de l’invisible !

    Sahel, Mali, Tchad, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, trafic, contrebande, terrorisme,

    Malgré sa pauvreté manifeste, le Sahel s’érige aujourd’hui en hub énergétique mondial, de plus en plus convoité par les grandes puissances. Zone charnière entre l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, avec ses 80 millions d’habitants, ce vaste territoire de plus de 9 millions de km², difficilement contrôlable, est devenu un sanctuaire dédié à l’insécurité. Écologiquement et économiquement délabré et laissé pour compte, l’immensité du Sahel constitue un véritable Eldorado pour abriter les nouveaux terrorismes franchisés d’Al-Qaïda et des activités illicites et criminelles de tous bords.

    Au sein des pays du Sahel, la position géopolitique et géostratégique de la Mauritanie est d’autant plus cruciale que périlleuse. Longtemps considérée comme trait d’union entre l’Afrique occidentale et le Maghreb, la Mauritanie reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie. Étant le plus grand portail du Sahel sur l’Atlantique avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes sahariens à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays le plus fragile et le moins contrôlable de la région.

    Pourtant, la Mauritanie officielle, au lendemain d’une longue et tumultueuse période d’exception, ne se résigne pas à faire la politique de ses moyens, quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique. Inévitablement, elle devient de plus en plus confrontée, eu égard à sa fragilité structurelle et conjoncturelle, aux menaces d’insécurités tous azimuts.

    Dans ce contexte particulièrement incertain, l’ampleur des menaces au Sahel, la nécessité de faire une lecture habile de la donne internationale brouillée et le bon sens de voisinage stratégique, appellent les différents acteurs de la région à collaborer autrement. Afin de briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité au Sahel, des actions atypiques, concertées, minutieusement préparées et exécutées sont indispensables. L’instauration de nouveaux termes d’échange en matière de communication, de diplomatie, de coopération, de circulation des informations et des renseignements devient incontournable. Seule une perception partagée des intérêts et des menaces en commun, permettraient de dépasser des stratégies, jusqu’ici, circonscrites, qui se neutralisent ou se disputent, afin de pouvoir coordonner les efforts et ménager les moyens de lutte contre l’insécurité.

    Avec l’émergence de la sécurité humaine au sens élargi du terme, une certaine vision étroite de la notion de sécurité a substantiellement changé. L’exigence de sécurité ne renvoi plus exclusivement à la protection de l’État, de ses symboles, de ses personnages et de sa souveraineté territoriale. Toutefois, l’obligation d’y intégrer convenablement la sécurité humaine passe nécessairement par une profonde reforme du secteur de sécurité. Il s’agit là d’un impératif pour assurer notamment, la protection des personnes et des populations qui ont besoin d’être mises à l’abri de la peur, de la maladie et des autres menaces physiques, morales ou politiques. Autant cette promesse constituerait une planche de secours pour un Sahel inachevé, elle demeure un défi majeur à relever par tous les acteurs de la région.

    Les puzzles de la Seibâ

    La terminologie du Sahel est profusément contrastée. Mot arabe qui signifie littéralement rivage, le Sahel désigne aujourd’hui exactement le contraire de son sens d’origine. A priori, le Sahel serait là où la régularité des conditions de l’écologie et du climat rend à nouveau la vie possible après le franchissement particulièrement pénible de l’immense désert saharien. De nos jours, le Sahel est antinomique de sa propre signification.

    Déjà à l’époque médiévale, les géographes arabes distinguaient, en se référant aux grands empires sahéliens, entre deux notions, celle de « Bilad es Seibâ » ou pays de la dissidence et celle de « Bilad es Silm » ou pays de la paix. Entre ces deux repères géographiques, il y a eu toujours des espaces d’indécision socio-politiques et militaires. Historiquement, la plus grande partie du territoire du Sahel se composait de zones grises qui s’étendent sur plusieurs milliers de kilomètres. Il s’agit d’un espace mouvant où des puzzles de terroirs, pratiquement incernables et indécis, oscillaient selon les dispositions des rapports de forces conjoncturels, entre les différents centres de décision politico-militaires, plus ou moins stables et sédentarisés situés sur les confins de cette région.

    Les modes opératoires de gestion de l’espace sahélien n’avaient pas connu de changements véritables depuis des siècles. Les anciennes revendications territoriales, commerciales ou culturelles, notamment pour l’accès à l’eau, à la terre et aux ressources naturelles, s’imbriquent de nos jours, avec les nouvelles difficultés générées par la mondialisation des flux d’échanges planétaires. Les modes traditionnels d’exercice du pouvoir sur ces espaces charnières, sous-administrés et sous-défendus de tous les temps, se faisaient à travers des droits de passage, de protection et d’usufruits réclamés par les riverains. Affaiblis, voire neutralisés par la nouvelle notion de frontières, introduite par la colonisation, ces modalités s’avèrent aujourd’hui profitables à la pénétration et à la prolifération des groupes criminels avec autant de risques d’insécurité et de conflits dans cette région. En effet , ce fameux territoire du Sahel, vulnérable du fait même de sa géopolitique saharienne propice à la dilution des frontières et à la mobilité des personnes, des montures et des équipements, a été historiquement le théâtre éludé de nombreux flux ambulants : humains, marchands, financiers, culturels, religieux et militaire. Nonobstant, le champ sahélien n’obéit pas à un système de forces homogènes. Il reste incapable de s’autoréguler, de parvenir à une certaine stabilité autour d’un ultime point d’équilibre. Les altercations au Sahel évoquent les dissonances d’un orchestre sans chef. Dans cette vaste région débridée, allant de l’Atlantique à la Somalie et de la Méditerranée au Golfe de Guinée, l’évaluation des enjeux de sécurité à travers le prisme des flux dévoile les parcours transsahariens qui, loin d’être des terroirs hermétiques et compartimentés, se chevauchent et se recoupent pour créer une multitude d’équations géopolitiques intangibles. Il s’agit d’une zone dans laquelle les espaces lacunaires et les angles morts favorisent l’amplitude et l’imbrication des flux criminels de tous bords. Il serait vain alors, d’analyser séparément ces menaces tant elles sont étroitement juxtaposées et solidaires. L’insécurité, la criminalité organisée et le terrorisme ne peuvent être appréhendés sans les envisager comme un tout intégral. Du point de vue stratégique, d’importants changements géopolitiques sont survenus dans la région durant les dernières décennies. Des éléments nouveaux doivent être pris en compte pour mieux apprécier la situation des enjeux de stabilité au Sahel. Cette évolution concerne aussi bien les acteurs de la sécurité, la nature des menaces que la transformation de la notion même de sécurité.

    État post-colonial et facteurs d’instabilité

    La fragilité endogène du Sahel découle d’une profonde vulnérabilité des États post-coloniaux qui en composent le tissu. Espace tampon, mais surtout espace de contacts et d’échanges, le Sahel ne cesse de développer une conflictualité endémique de plus en plus difficilement contrôlable. Dans cette région, les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et variés : la fragilité structurelle et conjoncturelle de ses États, l’extrême pauvreté de ses populations, la sécheresse et la dégradation de son milieu naturel, les luttes internes de pouvoir qui y gangrènent, la militarisation croissante de ses rapports sociopolitiques, la forte pression de sa démographique, les conflits régionaux, l’insécurité généralisée et les velléités étrangères, qui la transforment en espace de confrontation géopolitique permanente.

    Un demi-siècle après leur indépendance, les États post-coloniaux demeurent incapables de parachever leurs autorités sur leurs propres territoires. Cette incapacité des États sahéliens à exercer leur principale fonction régalienne, constitue une problématique fondamentale qui alimente les risques de déstabilisation et de conflits armés dans cette région. Le délitement de tout État fragile le livre potentiellement à ses forces anarchiques intrinsèques et/ou à la domination extérieure. Étant un espace particulièrement sous-administré et mal géré, le Sahel souffre d’une mauvaise gouvernance chronique qui hypothèque dangereusement son avenir.

    Les douze pays qui constituent officiellement la région du Sahel sont pratiquement classés, à un titre ou un autre, comme pays fragiles selon les critères de l’OCDE. Ce classement signifie que les systèmes de sécurité des pays concernés, sont incapables de jouer avec efficience le rôle majeur qui leur est dévolu. Ce rôle qui consiste à assurer la protection de la souveraineté, du territoire, des personnes et des populations des pays en question. Pire encore, dans certains contextes, les crises d’instabilité qui affectent périodiquement et/ou fréquemment ces pays, faisaient apparaître leurs systèmes de sécurité comme étant cause ou partie prenante dans les facteurs d’insécurité et d’instabilité qui menacent la démocratie, l’État de droit et la sécurité humaine dans lesdits pays. Seuls deux pays du Sahel sur douze avaient échappé à un coup d’État militaire en 45 ans ; seuls quatre pays membres de la CEDEAO sur 15 n’ont pas été affectés depuis 30 ans par un conflit violent aux frontières ou à l’intérieur.

    La région du Sahel est souvent soumise à de nombreux soubresauts politiques, à des guerres civiles, des conflits frontaliers (Sénégal, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Somalie) et des coups d’État : (Mauritanie- Août 2005 et Août 2008), (Guinée Bissau- Mars 2009 et Avril 2010) et (Niger- Février 2010). D’autre part, il y a aussi l’hyperstabilité de pouvoir (M. Campaoré au pouvoir depuis Octobre 1987 et M. Déby depuis Février 1991). Paradoxalement, la redistribution du pouvoir est souvent aussi déstabilisatrice et génératrice de frustrations et donc de conflits.

    Au Sahel, l’insécurité revêt plusieurs facettes et s’affiche sous différents visages dans une région devenue un véritable Eldorado pour tous les trafics illicites de contrebande. Les flux de la criminalité organisée y ont trouvés largement leur place, soit en s’adossant aux circuits traditionnels des flux d’échange, soit en occupant les espaces laissés vacants par la relâche des États affaiblis. Allant du trafic des migrants clandestins, estimé entre 65.000 à 120.000 par an, à celui des armes légères avec environ 8 millions de pièces qui circulent en Afrique de l’Ouest, dont plus de 100.000 kalachnikovs au Sahel, en passant par celui des drogues, pour finir avec le terrorisme régional et international.

    La criminalité organisée, y compris le terrorisme transsaharien, a été érigée en créneau porteur à travers une dynamique capitalistique en plein essor dans un environnement d’extrême pauvreté. Sachant qu’il existe principalement deux couloirs de trafic des drogues prohibées en Afrique, à savoir l’héroïne dans l’Est et la cocaïne dans l’Ouest, il est curieux que 0,2% seulement des quantités des drogues transitant par ce continent soient saisies chaque année. La jonction de ces deux circuits, qui se rejoignent dans le Sahara, permettent au gros lot d’emprunter, grâce aux complicités locales, de nouveaux itinéraires vers l’Europe à travers le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie. L’évolution du trafic de la drogue est impressionnante. Ainsi, entre 2004 et 2007, des saisies de 33 tonnes de cocaïne ont été effectuées en Guinée-Bissau, où résideraient quelques dizaines de narcotrafiquants colombiens. En 2006, des saisies importantes ont été enregistrées : 2 tonnes au Ghana, sur une seule opération, alors qu’en en 2007, 630 et 830 kg de cocaïne ont été saisis en Mauritanie, 5,5 tonnes saisies au Sénégal et, en 2008, 750 kg ont été saisis au Mali. L’évolution des flux des trafics illicites, particulièrement profitables en termes de chiffre d’affaires, est autant plus importante qu’elle reste intimement liée au phénomène de prolifération de la corruption à grande échelle dans les différents pays de la région. Symptôme de dysfonctionnement politique et économique des États sahéliens, cette pratique familière et répandue mine la bonne marche de l’ensemble des institutions des États sahéliens. La connivence entre les réseaux sociaux et familiaux avec les agents d’État affectés au contrôle des frontières, en particuliers policiers, douaniers, gendarmes, gardes-côtes et militaires, est souvent la pierre angulaire qui perpétue ces pratiques et fait prospérer les flux de la criminalité organisée sous toutes ses formes.

    L’opacité et l’impunité font de la région du Sahel une zone où la pratique de la corruption pénalise sévèrement la croissance et empêche la redistribution des richesses. Transparency International a publié, en octobre dernier, son rapport 2010 sur la perception de la corruption dans 178 pays dans le monde. Les scores des pays sahéliens dans ce classement sont sans appel. Parmi les plus mauvais élèves de la planète on peut compter : la Mauritanie au 143ème rang, le Tchad 171ème, le Soudan 172ème, le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin et le Mali occupent respectivement les 98ème, 105ème, 110ème et 116ème rangs.

    Au-delà de la cruauté des faits, des interprétations iconoclastes des actes dénaturés font ressortir que la corruption n’est pas forcément perçue par l’opinion publique dans cette région comme étant un délit, mais plutôt comme une façon de redistribuer autrement des revenus à large échelle. Les trafics illicites ne sont pas alors considérés comme des infractions majeures mais plutôt, elles deviennent une ressource de rente profitable là où il y a connexion avec des acteurs gouvernementaux.

    Ainsi, la subtilité de la corrélation entre sécurité humaine, bonne gouvernance et développement durable n’est plus à démontrer. L’absence de sécurité hypothèque les efforts de développement et, réciproquement la fragilité socio-économique favorise les conflits et l’insécurité. Les crises liées à l’insécurité ont ralenti ou fait échouer les efforts de développement durable dans diverses régions du monde, notamment en Afrique subsaharienne. Au Sahel, où la plupart des pays se trouvent actuellement dans une dynamique de sortie de crise ou dans une situation de stabilisation et de reconstruction post-conflit, la sécurité constitue véritablement un défi majeur et un enjeu pour le développement durable de cette région.

    Enjeux énergétiques et conflits d’intérêt

    Dans un contexte géopolitique mondial marqué par la hausse continue des cours des hydrocarbures et une forte demande en la matière, les enjeux énergétiques sont plus que jamais au centre des conflits internationaux. Paradoxalement, le Sahel synonyme d’extrême pauvreté et de misère, devient de plus en plus un espace de confrontation géopolitique et géostratégique entre les différentes puissances régionales et internationales pour le contrôle des richesses naturelles, qu’il recèle : pétrole, gaz, or, phosphates, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux, eaux douces, poissons, crustacés, diversité biologique, cheptels de bétails, bois précieux, etc. Les revirements des enjeux énergétiques et les conflits d’intérêt dans la région du Sahel, particulièrement riche d’importantes réserves d’énergies fossiles et de gisements de minerais stratégiques attisent les appétits des puissances étrangères à trouver un prétexte pour s’y déployer. La France y est déjà bien avancée avec des troupes positionnées dans la région du Sahel ou à proximité. Elle dispose de quatre bases militaires permanentes : au Sénégal (1200 hommes), au Tchad (1250), en Côte d’Ivoire (2000), au Gabon (900) et à Djibouti (2900), en plus de sa présence limitée et non permanente dans d’autres pays de la sous région comme au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Centre Afrique.

    Concernant les États-Unis, bien que leur présence militaire officielle au Sahel n’existe pas encore, les câbles diplomatiques récemment dévoilés par WikiLeaks révèlent une autorisation « réticente » de survol accordée par les autorités algériennes à l’US Air Force pour des missions au Sahel contre l’Aqmi. Déjà, les États-Unis avaient lancé dès 2002 l’initiative Pan Sahel et organisent régulièrement les exercices militaires de type Flintlock avec les armées des pays du Sahel. En Décembre 2008, la Force tactique en Europe du Sud (SETAF) a été transformée en U.S Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), qui est une composante du Commandement Africa (AfriCom) devenu opérationnel depuis octobre 2009. D’après des officiels US, cette transformation constitue une « nouvelle façon de regarder vers l’Afrique ». Bien que la base de l’U.S Army Africa soit actuellement à Vicence en Italie, ce corps opérera sur le continent africain avec de petits groupes pour conduire des opérations de « réponse aux crises » en se servant de la 173ème Brigade aéroportée. Fruit de la reconnaissance américaine de l’importance stratégique croissante de l’Afrique, l’U.S. Army Africa continuera à s’agrandir dans le cadre de commandement des forces navales AfriCom.

    Le commandement du fameux AfriCom ne trouvant pas encore de place pour s’installer en Afrique du Nord, l’US Army Corps of Engineers, vient de lancer en début de ce mois, un intriguant appel d’offres pour la construction d’un terrain d’aviation militaire dans un pays d’Afrique du Nord. Sans préciser le nom du pays dont il s’agit, l’objectif serait d’installer une base militaire aérienne américaine dans la région qui servira aux missions d’espionnage que le Pentagone envisage de lancer, officiellement, pour traquer les membres d’Al Qaïda au Sahel.

    La Chine a également fait ses entrées économiques colossales dans la région du Sahel depuis quelques années déjà. La concurrence chinoise avec les autres pays est en expansion. La Chine est actuellement le second partenaire commercial de l’Afrique, après les États-Unis. Les investissements chinois sont en forte croissance même dans les pays traditionnellement liés aux USA. En Éthiopie, la China Exim Bank a investi récemment 170 millions de dollars pour la construction d’un complexe résidentiel de luxe à Addis Ababa, et une autre société chinoise, Setco, a annoncé la construction de la plus grande usine de pvc dans ce pays. Au Liberia, la China Union Investment Company a investi 2,6 milliards de dollars dans les mines de fer. Des sociétés chinoises ont effectué aussi de gros investissements qui dépassent 2 milliards de dollars par pays, dans les secteurs pétroliers au Nigeria et en Angola, jusque là dominés par les compagnies occidentales. Mais la concurrence chinoise aux États-Unis ne se limite pas au plan économique, Pékin soutient aussi certains gouvernements, comme ceux du Zimbabwe et du Soudan. En plus, elle fournit aussi des armes un peu partout en Afrique.

    Israël est présente au Sahel elle aussi, l’Iran s’intéresse aux minerais stratégiques du Sahel, l’uranium notamment et, cherche à y réaliser des percées substantielles. La Russie, l’Inde et le Brésil seraient aussi déterminés à être de la partie. L’intensification de la présence économique et militaire des acteurs extérieurs et les conflits d’intérêt qui en découlent, contribuent à déstabiliser davantage les États fragiles et affaiblis dans la région de Sahel.

    La richesse controversée du Sahel attise les convoitises des puissances étrangères désirant s’en assurer le contrôle. Une véritable géopolitique des tubes, sur fond de rivalités internationales croissantes, commence à se dessiner au Sahel. Les grands États de la planète s’activent depuis quelques années déjà pour organiser progressivement le désenclavement des richesses du Sahel afin de les acheminer ensuite vers les zones de consommation, en Asie via le Soudan, en Amérique via le Golfe de Guinée et vers l’Europe continentale à travers l’Atlantique, le Sahara et le Maghreb.

    A partir de 2011, l’Afrique sub-saharienne serait susceptible de devenir pour les États-Unis une source d’énergie aussi importante que le Moyen-Orient, disposant de quelques 60 milliards de barils de réserves pétrolières avérées. Les experts s’attendent à ce que 1 sur 5 barils de pétrole entrant dans le circuit de l’économie mondiale proviendrait du golfe de Guinée, et que la part des importations américaines du pétrole africain passera de 20% en 2010 à 25% en 2015. Les investissements des compagnies pétrolières européennes et américaines sont en constante progression depuis 2000. ELF y puise près de 60% de sa production de pétrole. Total et Gazprom s’apprêtent à financer le projet de gazoduc transsaharien de 4000 km pour relier le Nigeria à l’Algérie d’ici à 2015.

    L’attractivité du golfe de Guinée est de plus en plus grandissante depuis la mise en service, en 2003, de l’oléoduc Tchad-Cameroun qui relie les champs pétrolifères de Komé, dans le sud-ouest du Tchad au terminal maritime camerounais de Kribi, sur un parcours de 1.070 km. Ce pipeline qui draine 250.000 barils de pétrole par jour vers l’Atlantique, donnera accès à terme, aux champs pétroliers du Soudan, bien que l’exploitation du pétrole dans ce pays est fortement dominée par la Chine, dont le Soudan ne couvre pourtant que 4,5% de ses besoins en or noir. La China National Petroleum Company (CNPC) est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec quelque 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Depuis 1999, la Chine a investi au moins 15 milliards de dollars au Soudan. Elle possède 50% d’une raffinerie de pétrole, près de Khartoum, en partage avec le gouvernement soudanais. Le schéma des alliances sous régionales se recoupe curieusement avec celui des antagonismes politico-économiques entre la Chine, la France et les États-Unis pour le contrôle des ressources pétrolières dans beaucoup de pays de la région, comme au Soudan, au Tchad, au Niger et au Cameroun notamment. C’est au gré des intérêts croissants des puissances internationales que la tectonique des frontières conflictuelles sera de plus en plus récurrente dans la région du Sahel. La sécession du Sud Soudan apparaît aujourd’hui plus que jamais probable. Très probablement, cette région extrêmement riche en ressources naturelles, pétrole et gaz notamment, accédera à l’indépendance à l’issue du référendum du 9 janvier prochain. Ce résultat ne peut être fortuit, eu égard à l’appui occidental sans précédent qui a été méthodiquement apporté à tous les mouvements séparatistes dans ce pays, durant les quarante de dernières années.

    La demande mondiale en pétrole et en gaz naturel étant appelée à doubler dans les vingt prochaines années, le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de fournisseur d’énergie. Sans compter le potentiel d’Algérie en pétrole et en gaz, le Mali est troisième producteur d’or du continent, le Niger avec ses gisements d’uranium, qui le placent au second rang mondial, la récente entrée de la Côte-d’Ivoire, du Ghana, du Tchad et de la Mauritanie dans le groupe des pays producteurs de pétrole, confirme la tendance. La production du champ off-shore ghanéen est estimée à 120.000 barils/jour, celle de Côte-d’Ivoire à 80.000 barils/jour. C’est dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement que se définissent des enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de la zone sahélienne.

    Paradoxalement, l’abondance des ressources naturelles et l’importance de la position géostratégique de la région du Sahel vont de paire avec la fragilité de la plupart de ses États eu égard à leur instabilité et insécurité caractéristique. Avec une démographie galopante, qui devrait atteindre 100 millions d’habitants en 2020 et 150 millions en 2040, avec un taux d’illettrisme qui dépasse 54%, une pauvreté endémique qui touche au-delà de 50% des populations, une corruption généralisée, une conflictualité constante, le Sahel ne décolle pas. La conjugaison de l’ensemble de ces problèmes génère souvent des crises politiques et militaires ou des catastrophes alimentaires, des pénuries, des famines et des disettes récurrentes qui engendrent des déplacements massifs de populations en désordre sous formes de réfugiés et/ou de migrants clandestins. Le jeune cinéaste et musicien canadien d’origine sénégalaise Musa Dieng Kala, n’est pas le seul à se demander : « Dieu a-t-il quitté l’Afrique ? ».

    En conséquence, une grande partie les populations pauvres du Sahel, dépourvues de leurs droits à la sécurité humaine au sens élargi du terme, incluant la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, l’accès à l’eau potable, etc., se retrouvent souvent contraints de prêter allégeance à des groupes criminels, rebelles et/ou terroristes soit pour bénéficier des retombées des trafics illicites ou pour obtenir une ultime protection. A cela s’ajoutent les effets pervers de la mise en place d’économies parallèles bâties sur la corruption et le racket, et enfin, la sanctuarisation de groupes terroristes délocalisés d’Al Qaida, Aqmi et Cie. Désormais, la connexion opérationnelle de ces réseaux et groupes terroristes est devenue réalité à travers leur alliance au Sahel : le fameux GSPC algérien devenu AQMI à partir de 2006, le Groupe islamique combattant marocain ou GICM, le GICL libyen et GICT tunisien, ainsi que d’autres petits groupuscules terroristes issu de divers pays sahéliens comme celui de Ansarou Allah Al Mourabitoune de Mauritanie, ceux du Mali, du Niger et du Nigeria. Ces groupes terroristes et ces réseaux mafieux sont en quête inlassable pour s’assurer une arrière base territoriale afin de perpétuer leurs activités transnationales.

    Terrorismes franchisés et géopolitique des menaces

    Au Sahel toutes les menaces d’insécurité s’entremêlent. L’islamisme combattant va de pair avec le terrorisme international, la piraterie et toutes sortes de trafics illicites. Les anciens réseaux et ceux récemment recréés s’imbriquent pour pérenniser et sécuriser le système de la criminalité internationale organisée en s’affranchissant des distances et des frontières. En pleine mutation, ces différents réseaux transfrontaliers bénéficient grandement des recettes des trafics pour acquérir de nouveau les moyens nécessaires pour pouvoir développer et continuer leurs activités criminelles.

    C’est pourquoi, il ne peut y avoir de lutte anti-terroriste efficace sans lutte globale contre toutes les autres formes de criminalité, leur interdépendance étant désormais attestée. Il est connu que ces activités se nourrissent les unes des autres au sein d’une alliance objective entre crime organisé et terrorisme sahélien. Guidées principalement par leurs soucis de survivre et leurs intérêts convergents : les organisations criminelles profitent des actions violentes des organisations terroristes et des guérillas ou des rébellions, tandis que ces dernières bénéficient des financements que les activités criminelles sont en mesure de leur fournir. Actuellement, la collaboration entre AQMI et les réseaux mafieux du Sahel se développe plutôt vers une forme de spécialisation de l’entreprise criminelle. Cette tendance a été révélée récemment lors du procès controversé d’Oumar Sahraoui en Mauritanie. Ce malien de souche Maure, ancien du Polisario, reconverti dans le trafic de drogue dans la région du Sahel, était le responsable de l’opération de la prise des otages espagnols en Mauritanie en 2009. Il avait affirmé qu’il agissait pour le compte d’AQMI. Par ailleurs, il existe d’autres hypothèses sur une éventuelle dérive narcotrafiquante signalée depuis quelques temps chez le Front Polisario et aussi chez certains leaders du Front Populaire de Libération de l’Azawad. Cette hypothèse rebondit actuellement dans l’actualité sahélienne, à l’occasion d’une série d’arrestations d’importants groupes de narcotrafiquants, opérées ces dernières semaines par les armées mauritanienne et malienne. Selon l’AFP, les six trafiquants de drogue internationaux sont issus des rangs du Polisario. Le chef du groupe, un certain Sultan Ould Bady, serait à la tête de l’un des trois plus gros réseaux qui organisent le trafic de drogues en direction de l’Europe en passant par la région du Sahel. Ould Bady, qui défraye la chronique présentement, serait également impliqué dans l’enlèvement et la revente de plusieurs ressortissants européens en faveur d’AQMI ces dernières années.

    Infiltrés aussi bien par les services de renseignement des pays riverains comme par les intelligences internationales, la dynamique des réseaux terroristes s’imbrique avec les calculs géopolitiques des rivalités régionales extrêmement sensibles et complexes. Cette attitude alimente l’instrumentalisation de la sécurité comme enjeu majeur dans les rapports de force tout comme dans la gestion des conflits d’intérêts politiques, économiques, et stratégiques à l’échelle régionale. Les cas de figures sont nombreux et diversifiés, allant des subtiles controverses des relations bilatérales entre l’Algérie et la France, fortement marquées par le poids du passé colonial, aux instigations des conflits régionaux ajournés, dont la persistance constitue une source d’inquiétude supplémentaire pour la sécurité de toute la région, notamment, dans les cas du Sahara occidental et celui du mouvement indépendantiste touareg dans le Nord du Mali.

    L’implication de la communauté internationale (ONU, G8, UE) dans le renforcement des capacités du système régional de sécurité au Sahel se heurte à plusieurs difficultés. Au delà des problèmes d’encrage juridique, institutionnel et politique, de manque de moyens financiers et logistiques, d’absence de réforme du secteur de sécurité, la coordination des efforts de lutte contre les menaces d’insécurité au Sahel prêtent souvent à une tentation d’internationalisation de la menace Al-Qaïda dans cette région par transposition du modèle afghan. Cette perspective est souvent assimilée à une sordide connivence avec des agendas néo-colonialistes dont les objectifs inavoués visent le contrôle par des puissances occidentales, les Américains et les Européens notamment, de la route de l’ouest des flux énergétiques notamment dans les nouveaux sites et réserves récemment découvert dans cette région, au détriment des autres puissances régionales ou internationales comme les Russes, les Chinois et les Brésiliens, etc. Avec l’émergence de la notion de sécurité humaine, qui a été initiée par la diplomatie canadienne à la fin du siècle dernier et adoptée par les Nations Unies à partir de 2004, la région du Sahel n’a cessé de consigner davantage de contre-performances sur son registre déjà épuisé.

    Dans cette perspective, la problématique d’intégration de la sécurité humaine comme dimension incontournable dans toute approche pour contrer les flux d’insécurité au Sahel, devra contribuer utilement à renouveler les conceptions, les approches et les stratégies relatives globalement à la régulation de la sécurité dans la région. Deux catégories de changements s’avèrent alors indispensables à introduire dans ce schéma de réflexion. La première vise à améliorer les relations souvent brouillées et difficiles entre le gouvernement, la société civile et les institutions de sécurité. La seconde a pour objectif la refonte complète des institutions de sécurité en termes d’organisation, de recyclage, d’introduction et de réhabilitation de culture institutionnelle et de relations avec l’autorité civile sur conçues sur la base des valeurs démocratiques et humanistes fondées sur le profond respect des droits de l’Homme, de l’équité et de la justice. Toutefois, les mesures politico-militaires qui ont été décidées par différents pays du Sahel au cours des six derniers mois n’augurent pas de vision positive pour la régulation des problèmes insolubles d’insécurité dans un avenir proche. Grosso modo, le constat objectif fait que ces mesures sous-estiment gravement le poids réel des facteurs d’insécurité et compliqueraient en définitive toute stratégie de lutte commune contre la menace terroriste comme problème majeur d’insécurité dans cette région. Il s’agissait plutôt de démarches désarticulées et sectaires, souvent déterminées par les instincts de subtile méfiance et de sourde défiance qui divisent encore les gouvernements des pays de l’espace sahélien, alors que les sérieuses menaces d’insécurité dictent plutôt un schéma de réflexion collégial, non exclusif et confiant, afin de pouvoir dégager des actions profondément concertées pour être efficaces. Les mesures incohérentes concernent notamment : (a) L’instauration d’un comité d’état-major conjoint contre le terrorisme initié par quatre pays sahéliens qui sont l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et Niger, lors de la réunion de Tamanrasset le 21 avril 2010 en excluant trois autres États nord-africains, (b) L’opération militaire isolée franco-mauritanienne menée le 22 juillet 2010 contre un camp AQMI au Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau et, (c) La réunion de Bamako tenue les 6 et 7 Août 2010 regroupant six États subsahariens à l’exclusion des États du Maghreb.

    Sécurité humaine et perspectives d’avenir

    En termes de réflexion prospective, la concertation et la coopération entre les différents acteurs sahéliens seraient indispensables pour lutter efficacement contre l’insécurité et pour inviter un développement durable dans la région du Sahel. Sachant qu’il n’y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement et, compte tenu de ses potentialités économiques, le développement durable et la stabilité au Sahel pourraient éventuellement trouver un nouvel élan à moyens termes. Tous les espoirs sont permis, toutefois, la condition sine qua non d’une telle évolution reste la volonté et le courage des décideurs politiques pour dépasser avant tout les pesanteurs locales et les schémas réducteurs de la petite histoire au profit des avantages de la grande géographie de leurs pays, pour mieux appréhender la thématique de la sécurité humaine suivant des paramètres d’intérêts économiques équitablement partagés.

    Pour certains optimistes, la perspective d’intégration régionale, notamment le développement d’un marché commun à l’échelle régionale pourrait alors contribuer à atteindre un « Sahel nostrum » (à l’image de la « Mare nostrum » des Romains). La lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel ne saurait se concevoir sans dépasser relativement une certaine vision figée des notions formelles sur l’intangibilité des frontières, le fétichisme de la souveraineté nationale et la non-ingérence, car au-delà des légitimes préoccupations nationales de chaque pays, seules des grandes actions collégialement concertées pourraient éventuellement briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité dans cette ultra fragile région du Sahel. La persistance des conflits de la sous-région au cours des vingt dernières années a empêché les pays de se concentrer sur le développement et détourné les Organisations panafricaines comme l’Union africaine et la CDEAO de leur rôle initial de promotion de l’intégration économique régionale. Ces organisations se trouvent aujourd’hui plongées au cœur des problématiques de sécurité, de la gestion des conflits et du maintien de la paix. Pour mener à bien cette mission délicate, elles avaient développées un certains nombre de Mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dont le schéma a été mis en place depuis la conférence d’Abuja en 1999.

    Théoriquement, ces mécanismes permettent à l’UA et à la CEDEAO d’intervenir en cas de risques importants comme les désastres humanitaires, les menaces à la paix et à la sécurité de la sous-région, la lutte contre la circulation illicite des armes et la recrudescence de la criminalité transfrontalière. Toutefois, leur application, qui s’appuie sur un certain nombre de structures officielles comme la Conférence des chefs d’État, le Secrétariat exécutif et le Conseil de sécurité et de Médiation, se heurte souvent à des difficultés. Pour que l’apport, vivement souhaité au Sahel, de ces organisations soit efficace et durable, il aura toujours besoin d’être appuyé par une volonté politique, des moyens nécessaires et une redynamisation permanente.

    Mauritanie : espoirs et risques d’enlisement

    Dans le cas de la Mauritanie, les menaces d’insécurité au Sahel et leurs incidences directes se conjuguent avec la complexité de la condition géostratégique fragile de ce pays. Le résultat est un véritable engrenage de postures inquiétantes voire dangereuses.

    Au lendemain de la sortie d’une longue série de périodes d’exception en cascades, la Mauritanie, qui reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie, se trouve aujourd’hui inopportunément piégée au milieu d’un duel périlleux au Sahel entre les David et Goliath. Au terme d’un demi-siècle d’indépendance, la Mauritanie est de nouveau attrapée dans les feux croisés d’une bataille que se livrent des stratégies internationales et sous-régionales diamétralement opposées quand bien même elles sont subtilement convergentes. Les arrangements tactiques franco-américains conflueraient actuellement pour faire de la Mauritanie une pierre de lance dans leur lutte contre Al-Qaida dans la région du Sahel, alors que ce pays se trouve pleinement visé par la nouvelle stratégie de survie d’AQMI à travers sa descente dans l’espace saharo-sahélien. AQMI cherche obstinément à développer son action plus au Sud dans le cadre d’une approche qui lui permettrait de contrôler des réseaux de trafics illicites afin d’obtenir encore plus de fonds pour financer ses activités et, du coup, se mettre plus à l’abri de la poursuite qui le guète en milieu urbain. Actuellement, le recoupement des données disponibles permet de situer le tarif de base conventionnel pour la libération d’un otage à 5 millions d’euros. Certains spécialistes estiment que les enlèvements d’Occidentaux au Sahel ont rapporté aux terroristes, durant les dernières années, une recette de plus de 50 millions d’euros auxquels s’ajoute un montant de 100 millions d’euros collectés sous diverses formes.

    Depuis plus d’une décennie, le no man’s land mauritanien est devenu un terrain d’accueil privilégié pour le potentiel de nocivité des différents réseaux terroristes et contrebandiers délocalisés dans la région du Sahel. Étant le plus grand portail atlantique du Sahel avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes désertiques à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays sahélien le plus fragile et le moins contrôlable. Désormais, les lisières périphériques du Nord et du Nord-est de la Mauritanie, où les frontières avec ses voisins d’Algérie et du Mali se perdent immuablement dans l’immensité impitoyable du désert, offrent indiscutablement un véritable paradis pour toutes sortes de trafics illicites : armes, cigarettes, carburant, drogues, devises, etc.

    Cependant, la Mauritanie est restée curieusement le maillon le plus faible de la région du Sahel, malgré son potentiel considérable de ressources naturelles, fer, cuivre, pétrole, gaz, or, poissons, crustacés et cheptels de bétail. Les statistiques de GlobalSecurity estiment que le budget annuel de dépenses militaires de la Mauritanie ne dépassait pas le montant de 19 millions de dollars US en 2005, contre 45 millions pour le Niger, 50 millions pour le Mali, 117 millions pour le Sénégal, 2,3 milliards de dollars US pour le Maroc et 3 milliards pour l’Algérie, au titre de la même année.

    Certes la Mauritanie est héritière de l’empire des Almoravides, (en arabe al-Murābitūn), cette dynastie berbère, qui avait constitué le plus grand empire du Sahel, englobant l’Ouest du Sahara, la partie occidentale du Maghreb et une bonne partie de la péninsule Ibérique au XIe et XIIe siècles, après avoir repris Aoudaghost, principal comptoir commercial sahélien de l’empire du Ghana en 1054, fonder Marrakech et conquérir l’Espagne en 1086.

    Durant plusieurs siècles, les anciennes Cités historiques de Mauritanie comme Ouadane, Tinigui, Chinguetti, Azougui, Tichit, Oualata, Combi Saleh etc., avaient brillées par leur inexorable pratique de commerce transsaharien florissant et leurs importantes positions géostratégiques et militaires. Au début du 20éme siècle, la Mauritanie avait attiré la convoitise des Français déjà installés à Saint-Louis, qui y voyaient un haut lieu stratégique pour contrôler les périphéries de leurs colonies en Afrique du Nord et en Afrique occidentale et pour neutraliser les mouvements nationalistes de résistance.

    Toutefois, le statut géopolitique de la Mauritanie actuelle ainsi que son potentiel économique et militaire, ne font plus de la mémoire impériale de ce pays que l’ombre d’elle-même. Confrontée aux menaces d’insécurités tous azimuts, la logique des choses et le bon sens interpellent plutôt la Mauritanie à se résigner inévitablement à faire la politique de ses moyens quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique.

    Nonobstant, l’actuel gouvernement mauritanien semble avoir un autre point de vue sur cette question. Le volontarisme de plus en plus résolu de la Mauritanie pour aller en solo, à la Napoléonienne, dans la lutte contre les réseaux terroristes d’AQMI au Sahel, est autant contesté à l’intérieur comme à l’extérieur. Loin d’être un sujet d’unanimité au niveau national et, moins encore un sujet de concertation avec les pays voisins, l’implication de l’armée mauritanienne dans des opérations militaires en dehors du territoire national, notamment dans des missions conjointes doublées d’un appui de troupes d’élites françaises avec l’assistance de la technologie spatiale de surveillance américaine de l’OTAN, posent énormément de points d’interrogation sur la cohérence d’une telle démarche. Est-il concevable aujourd’hui que les armées africaines acceptent de jouer le rôle des « tirailleurs » comme à l’époque coloniale dans des dispositifs d’intervention rapide en Afrique ? Loin d’être de nature à rassurer sur l’avenir de la stabilité du pays, les récents événements ne font que dresser les axes divergents de ralliement classiques et de positionnement géopolitique dans la région et exacerber davantage les méfiances mutuelles des pays riverains.

    Acteur et victime de l’ambivalence de sa propre politique étrangère, la Mauritanie a été l’un des pays sahéliens qui avaient accueilli des équipes spéciales de la US European Command (EUCOM) en 2004 dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. L’objectif de cette mission portait sur la mise en œuvre des formations et entrainements internes du programme d’assistance de sécurité « Initiative Pan-Sahel », fournis par le département d’État américain à la Défense.

    Cette même Mauritanie qui se permet de bousculer les velléités de l’Algérie voisine comme gendarme du Sahel, abrite plutôt discrètement, depuis plus d’un an, un détachement du Commandement des Opérations Spéciales Françaises (COS). La décision de l’Élysée de dépêcher cette formation d’élite en Mauritanie, qui a été prise apparemment dans la plus grande discrétion, rentre dans le cadre de la mise en place d’un plan d’aide militaire aux pays du Sahel. Le détachement d’une centaine d’hommes environ basé à Atar est chargé de la formation des GSI, ou Groupements spéciaux d’intervention de l’armée Mauritanienne impliqués dans les opérations récentes contre AQMI au Mali. Le détachement aurait participé également en juillet dernier à l’opération militaire franco-mauritanienne dans le Nord du Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau. A en croire certaines sources spécialisées, ce même détachement, qui a été récemment déployé à Ouagadougou, pour une éventuelle action contre AQMI au Mali, à la suite de l’enlèvement des Français au Niger, serait actuellement à pied d’œuvre pour intervenir en Côte d’Ivoire. N’empêche, l’idée de la formation des Groupes Spéciaux d’Intervention (GSI) pour la lutte contre le terrorisme au Sahel serait éventuellement élargie au Mali et au Niger.

    D’un point de vue géostratégique, l’analyse des imbrications des données actuellement disponibles et leurs incidences potentielles sur l’aggravation des menaces d’insécurité et d’instabilité en Mauritanie fait ressortir indiscutablement des risques d’enlisement réels. De part et d’autre, les manœuvres en lice au Sahel, bien que initialement antinomiques, elles convergent néanmoins vers les mêmes objectifs. Épuisés, les réseaux d’AQMI et Cie, qui ont drôlement besoin d’acquérir une nouvelle légitimité symbolique au Sahel, rêvent sans doute d’une internationalisation rapide de la guerre contre eux. Cependant, la diabolisation d’AQMI pourrait aussi en faire l’arbre qui cache la forêt pour voiler les véritables enjeux de la confrontation. La menace terroriste au Sahel ne serait-t-elle pas délibérément amplifiée pour servir d’alibis aux interventions visant à prendre le contrôle exclusif des richesses de la région ?

    Au cours de la prochaine décennie, la géopolitique du Sahel serait déterminante pour l’avenir de la stabilité de l’Afrique et celle de ses voisins Européens et Asiatiques notamment. En panne d’espérances, le Sahel, qui demeure à la croisée des chemins de tous les dangers, restera encore longtemps une zone sensible où se jouera une grande partie de l’avenir du monde.

    Mohamed Saleck

    Agoravox, 21 décembre 2010

    #Sahel #Mali #Tchad #Mauritanie #Niger #Burkina_Faso

  • Espagne: Démantèlement d’un réseau Marocain d’immigration

    Espagne: Démantèlement d’un réseau Marocain d’immigration

    Espagne, Maroc, immigration, trafic,

    La police nationale espagnole a annoncé, jeudi, avoir démantelé un réseau facilitant l’immigration irrégulière depuis le Maroc. Les arrestations ont eu lieu à Algésiras, Murcie et Almería dans le cadre du démantèlement de ce réseau qui est parvenu à introduire 800 personnes en Espagne, rapporte Ceuta TV.

    Au total, quatre personnes ont été arrêtées dans les provinces de Cadix, Murcie et Almería. Le réseau a obtenu plus de 1 200 000 euros de bénéfices, en utilisant «des bateaux précaires de type patera, avec lesquels ils transportaient des migrants sur la côte espagnole», poursuit la même source, précisant que chaque migrant payait en moyenne 1 500 euros.

    Les bateaux effectuaient plusieurs rotations pour transporter plus de migrants en Espagne, alors que le réseau facilitait leur retour au Maroc pour maintenir ce trafic d’êtres humains. Les personnes visées étaient principalement des candidats ayant déjà tenté de migrer de manière irrégulière, parfois cachées dans la cabine d’un camion et même parmi dans les bagages, explique-t-on.

    Les détenus ont été accusés de «crimes d’appartenance à une organisation criminelle et crimes contre les droits des citoyens étrangers», conclut Ceuta TV.

    #Espagne #Maroc #Immigration #Trafic

  • Maroc: vers l’usage a grande échelle du “cannabis”

    Maroc, cannabis, haschich, usage thérapeutique, trafic, drogue,

    Premier producteur mondial de résine de cannabis, le Maroc est sur le point d’autoriser l’usage de cette plante cultivée essentiellement dans le nord du pays en ciblant le marché européen.

    L’Agence marocaine de régulation du cannabis légal a tenu jeudi 2 juin sa première réunion a Rabat, dernière étape avant la mise en œuvre d’une loi légalisant l’usage thérapeutique du cannabis cultivé a grande échelle dans le nord-est du pays.

    Le Maroc, premier producteur mondial de résine de cannabis selon l’ONU, a adopté en 2021 une loi autorisant « les usages licites du cannabis médical, cosmétique et industriel » sous le contrôle d’une agence nationale créée a cet effet, a rapporté Le Monde.

    Pour sa première réunion, sous la présidence du ministre marocain de l’intérieur Abdelouafi Laftit, le conseil d’administration de « l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis » (Anrac) a approuvé son organigramme et son budget au titre de l’année 2022.

    Cette structure publique est chargée de contrôler toutes les étapes de la chaîne de production, depuis l’importation des semences et la certification des plants jusqu’a la commercialisation des produits issus du cannabis. Son plan d’action comprend en particulier le prochain lancement de procédures d’octroi de licences aux opérateurs nationaux et internationaux de l’industrie du cannabis licite.

    Au moins 60 000 familles vivent du « kif »

    L’agence devra également mettre en place les premières coopératives de transformation et de fabrication, composées exclusivement de cultivateurs locaux. Les six derniers arrêtés techniques nécessaires a l’implémentation de la loi ont été publiés jeudi au bulletin officiel, a précisé a l’AFP un porte-parole du ministère de l’intérieur.

    En mars, le gouvernement avait fixé les zones autorisées a la culture, a la production, a l’exploitation du cannabis, soit les provinces d’Al-Hoceima, de Chefchaouen et Taounate, situées dans le Rif, région montagneuse enclavée et déshéritée.

    Traditionnellement cultivé depuis des siècles, autorisé sous le protectorat français, interdit en 1954 mais toléré depuis, le « kif » y fait vivre au moins 60 000 familles sur 55 000 hectares, selon des chiffres officiels de 2019.

    Le Maroc table sur le « développement soutenu » du marché mondial du cannabis médical, avec des prévisions de croissance moyenne annuelle de l’ordre de 60 % en Europe, son « marché cible », selon une note du ministère de l’intérieur publiée en 2021. Les professionnels estiment a un milliard de dollars (0,8 milliard d’euros) le marché du cannabis légal en Europe.

    Echoroukonline, 04 juin 2022

    #Maroc #Cannabis #Haschich #Trafic_de_drogue

  • Maroc : Le docteur Labbas Sbaï tabassée en prison

    Maroc, Labbas Sbaï, corruption, Mhamid El Ghizlane, trafic, frontière algéro-marocaine,

    Le docteur Labbas Sbaï a été victime d’un tabassage dans la prison où il purge une peine de deux mois de prison ferme pour avoir dénoncé les trafics et la corruption endémiques dans la région de Mhamid El Ghizlane. Une pratique habituelle au Maroc visant à punir les prisonniers politiques.

    Labbas Sbaï, un citoyen suisse d’origine marocaine qui a choisi de retourner à son terreau natal, est détenu à Zagora pour avoir dénoncé les multiples activités mafieuses dans la région de M’Hamid, dans le sud du Maroc. Selon Le Temps, le citoyen suisso-marocain avait dénoncé la complicité de notables de sa région avec des trafiquants de chameaux, de cigarettes et de drogues qui sévissent à la frontière algéro-marocaine.

    Pour Amnesty International, Sbaï est clairement un prisonnier politique et un lanceur d’alerte qui dérange le régime.

    #Maroc #Labbas_Sbaï #Corruption #Mhamid_elghizlane



  • Algérie Ferries: Des billets et cabines vendus au marché noir?

    Algérie Ferries: Des billets et cabines vendus au marché noir?

    Algérie Ferries: Des billets et cabines vendus au marché noir? – trafic, réservations,

    Plus d’un mois et demi après la reprise des dessertes maritimes, la compagnie Algérie Ferries est plus que jamais pointée du doigt. Après des débuts chaotiques, aussi bien au niveau des réservations que lors des traversées, on pouvait penser que les choses allaient s’améliorer, surtout après les engagements d’Algérie Ferries et du ministre des Transports. Mais c’est loin d’être le cas. Bien au contraire. A en croire le député de l’émigration Tawfiq Khedim, la situation s’est même aggravée.

    Dans une lettre adressée ce jeudi 16 décembre au ministre des Transports, l’élu rappelle d’abord les débuts chaotiques des traversées maritimes entre l’Algérie, la France et l’Espagne. Il rappelle les chaînes interminables devant les agences Algérie Ferries en France, la panne dans le système de réservation, d’enregistrement des passagers, l’attente interminables et les tensions au port de Marseille avant d’accéder au navire… Ensuite, le député détaille les plaintes reçues de la part des clients et fait état de pratiques scandaleuses aussi bien lors des réservations qu’à bord des navires d’Algérie Ferries. Tawfiq Kheddim cite notamment, en se basant sur des plaintes formulées par des voyageurs : la commercialisation des cabines au noir à bord des navires ; des passagers qui se plaignent de traitements inacceptables de la part du personnel navigant ; des passagers qui se plaignent de mauvais traitements de la part du personnel d’Algérie Ferries au port de Marseille… Le député demande au ministre d’ouvrir une enquête urgente sur ces accusations.

    Port de Marseille : des passagers humiliés

    Tawfiq Kheddim rapporte également un fait encore plus grave : des billets Marseille – Alger vendus au marché noir entre 300 et 400 € « alors que les agences d’Algérie Ferries et des agences de voyages privées n’ont pas de quotas de billets à commercialiser ». Le député de l’émigration relate par ailleurs les conditions de débarquement des passagers du Badji Mokhtar III, le 30 novembre à Marseille. « Les passagers à pied sont sortis avec les voitures. Ces passagers, dont des enfants, des personnes âgées et des femmes, ont été contraints d’emprunter des escaliers similaires à des escaliers de secours, en portant leurs affaires, par des températures proches de zéro », détaille-t-il. Dans ce contexte, Tawfiq Kheddim demande au ministre des Transports d’intervenir pour mettre fin à cette situation qui porte atteinte à l’image de l’Algérie à l’étranger.

    L’Est Républicain, 18/12/2021

    #Algérie #Ferry #Voyages #Bateau #Billets

  • Maroc: Arrestation d’un baron de la drogue marseillais

    tags : Maroc, drogue, trafic, baron, Marseille, Karim Harrat – Maroc: Arrestation d’un baron de la drogue marseillais

    D’après le Parisien, un baron de la drogue originaire de Marseille, Karim Harrat, a été arrêté au Maroc dimanche 14 novembre. Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen car suspecté d’assassinat

    C’est un potentiel gros trafiquant de drogue qui vient de “tomber”. Karim Harrat, 33 ans, figure montante du “milieu” marseillais, a été appréhendé à l’aéroport de Casablanca (Maroc) par la police locale dimanche 14 novembre, rapporte le Parisien. Cet homme, au casier judiciaire paradoxalement plutôt léger, faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen pour suspicion de participation à un assassinat en bande organisée. En effet, en août 2020, un jeune homme de 19 ans circulant à bord d’une voiture avait été littéralement exécuté dans une fusillade à l’arme de guerre sur l’autoroute A7, au nord de Marseille. La piste du règlement de comptes était alors privilégiée.

    Caïd de la drogue en pleine ascension
    Karim Harrat est connu à Marseille comme un caïd du trafic de stupéfiants, un de ces nouveaux “parrains” de la mafia locale, prêt à tout pour conserver ou acquérir de nouveaux territoires, donnant lieu à de sanglants règlements de comptes qui défrayent régulièrement la chronique marseillaise.

    Spécialisé dans le trafic de résine de cannabis, alimentant ainsi en haschich toutes les Bouches-du-Rhône, Karim Harrat était associé à Hakim Berrebouh, connu dans la pègre sous le surnom de « Marcassin », arrêté à Dubaï il y a quelques mois.

    Plus jeune, Karim Harrat avait déjà fui la justice française en Algérie, avant de revenir et de voir sa peine fortement réduite pour bonne conduite.

    #Maroc #France #Marseille #Baron #Drogue #Trafic

  • GOCI: Trafic du cannabis, crime plus répandu en Afrique du Nord

    Global Organized Crime Index, Maroc, trafic de cannabis, Afrique du nord, crime organisé, #Maroc, #GlobalOrganizedCrimeIndex, #Crime_organisé, #Cannabis, #Trafic,

    Le crime organisé est un fléau qui afflige des pays aux quatre coins du globe, des petits États insulaires aux grandes superpuissances économiques, et est un moteur sous-jacent de nombreux défis géopolitiques majeurs, notamment les conflits, l’instabilité politique et les migrations forcées.

    Cependant, en raison de sa nature clandestine, on sait souvent peu de choses sur le fonctionnement du crime organisé dans chaque pays. Pour combler ce manque de connaissances, le GI-TOC a développé le Global Organized Crime Index, un outil analytique unique basé sur les données qui évalue 193 États membres de l’ONU.

    Dans son rapport correspondant à l’année 2021, Global Organized Crime Index indique que le Maroc, étant « identifié comme l’un des principaux pays producteurs de cannabis au monde, presque tous les pays d’Afrique du Nord sont affectés de manière significative par l’économie du cannabis, qui a été évalué comme étant le marché criminel le plus répandu dans la région, avec un score moyen de 6,92 ».

    Selon la même source, « à l’inverse, et contrairement à toutes les autres régions d’Afrique, le marché criminel de la flore en Afrique du Nord a été décrit comme négligeable (1,92). La région compte très peu de zones forestières, et donc très peu d’activités d’exploitation illégale » .

  • La France reconnaît ses fautes en Afrique

    Le président français Emmanuel Macron a reconnu les erreurs de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui a soutenu l’intervention occidentale en Libye, contre le régime de Kadhafi, lors de la rencontre avec les nouveaux dirigeants libyens mardi 23 mars à l’Elysée.

    « Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre. »

    Ainsi le Président de la République française pour la première fois a reconnu officiellement l’implication de son pays dans le chaos que la Libye et une partie de l’Afrique ont connu en dix ans. Les conséquences de cette intervention font toujours des ravages en Libye, au Sahel et dans d’autres pays africains.

    La République centrafricaine ne fait pas l’exception. La mission militaire de l’ONU majoritairement composée l’armée française, conduite en République centrafricaine du 5 décembre 2013 au 31 octobre 2016 n’a pas réussi à restaurer la paix sur le territoire centrafricain. Depuis la fin de cette mission les attaques contre des civils et le terreur de la part des groupes armés toujours présents sur le territoire national se sont poursuivies.

    Néanmoins, le peuple centrafricain attend le moment où le président français dira à la République centrafricaine Mea culpa et admettra les erreurs commises depuis l’indépendance du pays.

    NouvellesPlus, 26 mars 2021

    Tags : France, Afrique, Libye, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, Sahel, terrorisme, armes, trafic,

  • Maroc-France : un baron du “cannabis marocain” interpellé

    Âgé aujourd’hui de 41 ans, Moufide Bouchibi alias “Mouf”, un des principaux importateurs de cannabis en France a été arrêté à Dubaï après 20 ans de recherches actives.

    Celui qui a appris les ficelles du métier dès ses 20 ans, auprès d’un baron de la drogue en Alsace, gérait un réseau international tentaculaire, assurant l’acheminement vers la France des tonnes de cannabis en provenance du Maroc.

    Moufide Bouchibi alias “Mouf” a été arrêté à Dubaï. L’homme, à la tête d’un trafic tentaculaire de cannabis, doit purger 20 ans de prison en France.

    Il était l’un des hommes les plus recherchés de France: la cible numéro 1 de l’Office Central des Stup’. Moufide Bouchibi alias “Mouf”, 41 ans, considéré comme le principal importateur de cannabis en France, a été interpellé à Dubaï dimanche 21 mars au soir, a rapporté RTL. Les autorités locales assurent qu’il s’agit bien de lui et qu’il voyageait sous une fausse identité. ll devrait être rapidement extradé vers Paris.

    Cela faisait plus de 20 ans que les autorités françaises tentaient de le coincer. Les autorités y ont cru tant de fois qu’aujourd’hui encore elles restent très prudentes. Elles veulent le voir physiquement sur le sol français pour bien s’assurer de son identité.

    Les enquêteurs ont tenté de lui mettre la main dessus à plusieurs reprises. En 2012, il est au Maroc: son interpellation est imminente, mais il disparaît. Il réapparaît ensuite en Algérie.. En 2019, il s’évapore une nouvelle fois alors qu’il est en Tunisie. C’est finalement à Dubaï, où il avait l’habitude de planquer une partie de son magot, qu’il aurait été arrêté.

    Il a été incarcéré plusieurs fois, a tenté de s’évader au moins autant de fois. A sa libération, direction l’étranger d’où il gérait un réseau international tentaculaire. Des tonnes et des tonnes de cannabis en provenance du Maroc, acheminées par go-fast jusqu’en France via l’Espagne.

    On estime que ce trafic lui aurait rapporté jusqu’à 70 millions d’euros par an. Il blanchissait ses sommes vertigineuses en investissant dans l’immobilier sous le nom de ses proches. Il pensait même à se diversifier dans la cocaïne, il aurait pris contact avec les réseaux sud-américains.

    Echourouk Online, 23 mars 2021

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